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CHAPITRE 3 (contd.)

Tableau 3.7 - Superficie, rendement et production par grande culture céréalière, pays en développement (à l'exclusion de la Chine)
 1969/711988/902010Pourcentage annuel de croissance
1970–901988/90–2010
Production (millions de tonnes)     
Blé671322053,82,1
Riz (paddy)1773034593,02,0
Maïs701121962,72,7
Autres céréales secondaires68851341,32,2
Total*3225318422,82,2
Rendements (kg/ha)     
Blé1150190026602,81,6
• irrigué (49%)** 24703320  
• sub-humide (23%) 17002140  
• autre culture pluviale (28%) 12601810  
Riz (paddy)1855277538102,31,5
• irrigué (44%) 36905165  
• naturellement inondé (27%) 24153125  
• autre culture pluviale (29%) 17451950  
Maïs1300179024701,81,5
• irrigué (12%) 36904550  
• sub-humide (48%) 18202570  
• humide (24%) 12801735  
Autres céréales secondaires73094012101,31,2
• semi-aride sec (27%) 480660  
• semi-aride humide (29%) 8101045  
• sub-humide (23%) 12101600  
• humide (9%) 8601085  
• irrigué (9%) 22202750  
Total1270191025602,21,4
Superficie (récoltée, millions d'ha)     
Blé5870770,90,5
Riz (paddy)951091200,80,5
Maïs5463800,91,2
Autres céréales secondaires939011101,0
Total3003313890,60,8

* Dans la production totale de céréales, le riz est inclus sous sa forme usinée.

** Les chiffres entre parenthèses désignent la superficie dans chaque zone agro-écologique en pourcentage de la superficie récoltée totale en 1988/90.

Comme on l'a noté (tableau 3.6), la consommation des céréales servant directement à l'alimentation humaine devrait augmenter à un taux juste supérieur à celui de la croissance démographique et n'enregistrer que des augmentations marginales par rapport au niveau actuel d'environ 170 kg par habitant pour l'ensemble des pays en développement. Les perspectives des différentes régions diffèrent entre elles et diffèrent aussi souvent de leur expérience passée. L'Afrique subsaharienne pourrait obtenir une modeste augmentation de sa consommation par habitant, qui resterait toutefois très insuffisante pour améliorer la nutrition de la population. Cela constituerait néanmoins un progrès après deux décennies de stagnation, voire de baisse, de la consommation par habitant. Ce résultat « optimiste » pour la région dépend essentiellement des chances qu'a la production intérieure de céréales (principalement de céréales secondaires) de progresser, au cours des 20 prochaines années, au rythme de 3,4 pour cent par an, soit à un rythme bien supérieur à celui des 20 dernières années (2,1 pour cent) mais égal à celui des années 80. De même, la croissance de la consommation par habitant dans la région Amérique latine et Caraïbes pourrait reprendre après la décennie de stagnation des années 80. L'Asie du Sud et l'Asie de l'Est (à l'exclusion de la Chine) pourraient poursuivre la croissance de plus en plus lente de leur consommation directe de céréales par habitant bien que pour des raisons différentes, comme nous l'avons vu. L'effet de saturation/diversification dominera probablement l'évolution en Asie de l'Est alors que la faiblesse des revenus jouera un rôle plus décisif en Asie du Sud.

Le résultat final est que la demande de céréales servant directement à l'alimentation pourrait augmenter de 1,9 pour cent par an seulement alors que la demande de céréales servant à l'alimentation animale pourrait progresser presque deux fois plus vite (de 3,7 pour cent par an). On verra plus loin, dans l'analyse prospective de la production et de la consommation de produits de l'élevage, les raisons pour lesquelles l'utilisation des céréales fourragères devrait progresser à ce rythme relativement rapide. Notons toutefois que ce rythme est inférieur à celui de périodes antérieures, où l'utilisation de céréales dans l'alimentation animale, partie d'une base faible, avait atteint des taux de croissance sans précédent de 7,2 pour cent par an dans les années 70 avant de ralentir à 3,6 pour cent par an dans les années 80.

Il n'en reste pas moins que, en 2010, l'utilisation de céréales dans l'alimentation animale pourrait représenter quelque 22 pour cent de la consommation totale, au lieu de 17 pour cent aujourd'hui et 11 pour cent seulement il y a 20 ans. Cette perspective de voir augmenter sans cesse le pourcentage des disponibilités céréalières servant à l'alimentation animale pourrait être jugée préoccupante alors que de nombreux pays et de nombreux groupes de population sont encore loin de satisfaire leurs besoins de consommation directe de céréales. Cette préoccupation est plus ou moins justifiée selon que l'on considère que l'utilisation de céréales dans l'alimentation animale détourne des approvisionnements qui auraient autrement été accessibles aux pauvres. La réponse à cette question est moins simple qu'il n'y paraît à première vue. La demande accrue de céréales pour l'alimentation animale a traditionnellement été le fait des pays à revenu moyen et élevé où la consommation de céréales a progressé à la fois dans l'alimentation animale et dans l'alimentation humaine et où cette dernière a atteint des niveaux « satisfaisants », mais pas pour tous les groupes de population. Au contraire, la nécessité d'accroître la consommation directe de céréales par habitant concerne principalement les pays à faible revenu, où l'utilisation des céréales dans l'alimentation animale ne représente qu'une part infime des disponibilités totales.

Dans ces conditions, c'est au premier chef par le biais des marchés mondiaux que pourraient s'établir des liens entre les deux catégories de demande, qui sont souvent séparées par la géographie, (demande de céréales pour l'alimentation humaine et animale dans les pays à revenu moyen et demande de céréales pour la consommation directe dans les pays pauvres) et éventuellement que les approvisionnements pourraient être détournés des seconds au profit des premiers. Mais les conditions à remplir pour que cela se passe sont assez strictes; il faut que: a) les disponibilités globales soient quasiment constantes, auquel cas la demande supplémentaire pour l'alimentation animale porterait les prix à un niveau trop élevé pour qu'une partie de la demande de consommation directe des pauvres soit assurée, ou que: b) les disponibilités ne puissent être accrues qu'à des prix supérieurs à ceux qui seraient autrement pratiqués.

Si l'on examine ce qui s'est passé sur les marchés mondiaux, on constate que l'offre a été accrue pour répondre à une augmentation de la demande (attribuable en partie au secteur de l'alimentation animale) à des prix réels qui non seulement n'étaient pas plus élevés mais même étaient plus bas, à l'exception de chocs occasionnels à court terme. Il semble donc à première vue que l'augmentation de la demande de céréales fourragères n'a pas entraîné de hausse permanente des cours mondiaux des céréales. La question clé est évidemment de savoir si les prix auraient été encore plus bas sans cette demande et il est plus difficile de répondre avec certitude à cette question. Notons toutefois que l'un des facteurs clés sur lesquels repose la baisse ou l'absence de hausse des prix réels en présence d'un accroissement de la demande est la réduction des coûts de production à la suite de la diffusion de technologies qui permettent d'accroître la productivité. Il est possible que ce progrès technique soit partiellement lié à l'expansion de la demande de céréales pour l'alimentation animale.

Ces considérations semblent indiquer que, au niveau mondial, la demande supplémentaire de céréales pour l'alimentation animale a très probablement été satisfaite par une augmentation de l'offre à des prix qui n'étaient pas sensiblement supérieurs à ceux qui auraient autrement été pratiqués. On peut toutefois avoir des raisons de penser que, au niveau de pays donnés ou de régions d'un pays, cette concurrence entre l'alimentation humaine et animale peut contribuer sensiblement à détourner des approvisionnements des pauvres. Tel serait le cas des pays dont la production se heurte à de graves limitations et qui n'ont pas beaucoup de possibilitiés d'accroître leur approvisionnement en important des céréales; ou des régions d'un pays qui sont dans une situation analogue en raison des limitations de la production locale, de faibles revenus ou de goulets d'étranglement dans les transports. Ces cas présentent des caractéristiques qui ressemblent de près à celles du paradigme de l'''économie fermée ». Dans ces cas-là, une augmentation de la demande de céréales pour l'alimentation animale aurait pour effet de relever les prix plutôt que la production et de réduire la consommation directe de céréales des pauvres.

La question clé est évidemment de savoir si, dans de telles conditions, ce processus intervient réellement dans les pays pauvres. Notons que dans les régions à faible revenu de l'Asie du Sud et de l'Afrique subsaharienne, l'utilisation de céréales dans l'alimentation animale ne représente encore qu'une part minuscule de la consommation totale. En outre, selon les projections, cette situation ne changera pas beaucoup à l'avenir, puisque les augmentations de la demande de céréales seront entièrement consacrées à l'alimentation humaine. Il semblerait donc à première vue que la concurrence entre l'alimentation humaine et animale ne contribue pas dans une mesure significative à empêcher une progression de la consommation directe par habitant de céréales dans les nombreux pays où cette consommation est encore inadéquate. Au contraire, l'évolution historique de la consommation céréalière des pays à revenu moyen démontre que la demande de céréales fourragères a augmenté parallèlement à la consommation par habitant de céréales servant directement à l'alimentation humaine. Le facteur fondamental a été la croissance des revenus par habitant conjuguée à la croissance de la production nationale de céréales et/ou à des améliorations de la capacité d'importation. C'est l'absence de ces conditions qui empêche beaucoup de pays à faible revenu d'accroître leur consommation directe par habitant plutôt que l'augmentation éventuelle de la demande de céréales fourragères dans les pays à revenus moyen et élevé.

Validité des projections antérieures

Figure 3.3

Figure 3.3 - Disponibilités de céréales pour l'alimentation humaine directe, kg/habitant/an

Figure 3.4

Figure 3.4 - Disponibilités alimentaires pour la consommation humaine directe, tous produits, calories/habitant/jour

Figure 3.5

Figure 3.5 - Importations nettes de céréales, millions de tonnes

Comparaison de l'évolution observée jusqu'en 1992 et les projections faites en 1985–861), pays en développement

1) Projections 1982/84–2000, d'après Alexandratos (1989), p. 8, 75, 125

La méthode utilisée ici pour projeter l'évolution probable des principaux paramètres du secteur alimentaire et agricole est fondamentalement la même que celle qui a été utilisée en 1985–1986 pour faire des projections analogues à l'horizon 2000 (Alexandratos, 1989). On peut comparer les projections faites alors des disponibilités alimentaires (en termes de calories) et des céréales (alimentation humaine directe, importations nettes) dans les pays en développement à l'horizon 2000, la période de base ayant été la moyenne triennale 1982/84, avec les valeurs observées jusqu'en 1992, c'est-à-dire au milieu de la période de 17 ans sur laquelle portent ces projections faites il y a huit ans. Cette comparaison est faite aux figures 3.3 à 3.5. Le chapitre 4 présente des comparaisons analogues pour les superficies, les rendements et la production des cultures céréalières. Dans l'ensemble, l'évolution observée est très proche de la trajectoire des projections de ces variables pour I'ensemble des pays en développement. Cette comparaison n'est toutefois pas une preuve de la validité de la méthode utilisée; elle vise simplement à donner une réponse à ceux qui se demandent dans quelle mesure les projections antérieures ont été confirmées par l'évolution réelle.

Produits de l'élevage dans les pays en développement

La structure de la consommation alimentaire des pays en développement continuera d'évoluer au profit des produits de l'élevage, la consommation de viande par habitant étant appelée à augmenter sensiblement dans toutes les régions à l'exception de l'Asie du Sud et de l'Afrique subsaharienne (voir tableau 3.3).

Tableau 3.8 - Production et consommation de viande, 93 pays en développement
 69/7179/8188/902010Pourcentage annuel de croissance
70–9088/90–2010
Consommation/demande      
Total (millions de tonnes)27,042,264,01434,83,9
Par habitant (kg)10,513,016,4252,62,0
Production (millions de tonnes)28,542,664,81434,63,8
Par espèces (millions de tonnes)      
Bovins12,114,618,6322,22,7
Ovins/caprins3,03,64,9102,83,1
Porcs9,716,828,3646,14,0
Volaille3,77,612,9377,05,1

Note : La viande est en poids de carcasse, à Il'exclusion des abats. Il s'agit de la production indigène de viande, les exportations d'animaux vivants étant comptées comme production intérieure de viande et les importations d'animaux vivants comme importations de viande, en équivalent du poids de leur carcasse.

Toutefois, leur consommation par habitant de ces produits6 sera encore très inférieure à celle des pays à revenu élevé. Dans certains pays en développement, la consommation de produits animaux pourrait ne pas progresser, même à long terme, au point de rattraper la consommation des pays développés, pour diverses raisons, dont certaines sont d'ordre écologique et culturel. Notons toutefois que, dans certains pays en développement à revenu élevé, mais pas tous, la consommation de viande est comparable ou très peu inférieure à celle des régions développées, par exemple à Taiwan (province de la Chine), Singapour, Hong-kong, aux Emirats arabes unis et au Koweït. Un autre facteur à considérer dans I'évolution du secteur de l'élevage est que dans certains pays en développement, y compris des pays très pauvres, les produits animaux, et surtout le lait, sont des denrées de première nécessité et non des produits de luxe, par exemple dans les sociétés essentiellement nomades du Sahel.

Dans le cas de la viande, il pourrait y avoir ralentissement de la croissance de la demande par habitant (qui tomberait de 2,6 pour cent par an en 1970–90 à 2,0 pour cent par an en 1988/90– 2010), de la demande totale (qui baisserait de 4,8 à 3,9 pour cent) et de la production (qui reculerait de 4,6 à 3,8 pour cent). On trouvera les chiffres utiles au tableau 3.8. Ce ralentissement interviendrait dans les régions du Proche-Orient/Afrique du Nord et de l'Asie de l'Est. Ce qui se passera en Chine a une influence décisive sur le résultat global du fait que ce pays représente 40 pour cent de la consommation totale de viande des pays en développement7. Pour les pays en développement à l'exclusion de la Chine, le taux de croissance de la consommation de viande par habitant se mantiendra probablement à 1,1 pour cent par an, alors que la croissance de leur demande et de leur production totales sera légèrement moindre que dans le passé par suite du ralentissement de leur croissance démographique. En outre, il pourrait y avoir des importations nettes d'environ 1 million de tonnes, traduisant principalement une augmentation des importations nettes de la région Proche-Orient/Afrique du Nord, qui sera en partie compensée par la hausse des exportations nettes de l'Amérique latine.

En ce qui concerne le secteur du lait, le taux de croissance de la consommation risque de subir un ralentissement considérable. Contrairement à l'évolution prévue du secteur de la viande, ce ralentissement est généralisé et toutes les régions pourraient être touchées. Ces projections reposent sur diverses raisons tenant à la conjonction d'obstacles à la production et de réduction des exportations disponibles à des prix fortement subventionnés (y compris de l'aide alimentaire) en provenance des grands pays développés exportateurs. Il ressort des données historiques figurant au tableau 3.9 que le ralentissement était déjà amorcé dans les années 80. Pendant la décennie des années 70, le quart de l'augmentation de la consommation était attribuable à la croissance des importations nettes. Au contraire, les importations nettes n'ont pas progressé pendant les années 80 et elles ne devraient s'accroître que lentement au cours des 20 prochaines années.

6. II ne s'agit ici que de la viande, du lait et des œufs. Les autres produits de l'élevage ne sont pas analysés séparément dans l'étude, comme la laine, les cuirs et les peaux et les graisses animales, bien que ces dernières soient comprises dans l'analyse de la demande alimentaire et de la nutrition.

7. Le ralentissement projeté en Chine s'explique par diverses raisons. D'abord, la consommation de viande par habitant a rapidement augmenté pendant la période historique considérée à partir des niveaux très bas d'il y a 30 ans (4,5 kg en 1961/63) et elle a encore été stimulée après des réformes de la fin des années 70, pour atteindre 23,5 kg en 1988/90. Elle a ainsi progressé de 5,7 pour cent par an de 1970 à 1990. Si la croissance devait se poursuivre selon cette tendance, la consommation atteindrait 75 kg en 2010. Ce chiffre correspond presque au niveau européen et est improbable pour un pays au niveau de développement que la Chine pourrait atteindre d'ici 2010. En outre, si les tendances de la consommation de viande se poursuivaient au même rythme qu'au cours des 20 dernières années, cela imposerait des pressions intolérables aux secteurs des céréales et des oléagineux, la demande d'aliments du bétail se traduisant par de gros besoins d'importations. L'alimentation animale absorbe actuellement 55–60 millions de tonnes de céréales en Chine, soit 17–18 pour cent de la consommation totale (blé, riz usiné, céréales sécondaires). La consommation de viande par habitant prévue dans la présente étude atteindrait le chiffre assez élevé de 49 kg par habitant en 2010, ce qui implique un taux de croissance de la production de 4,6 pour cent par an.

Tableau 3.9 - Production et consommation de lait, 93 pays en développement
 69/7179/8188/902010Pourcentage annuel de croissance
70–9088/90–2010
Consommation/demande      
Total (millions de tonnes)84,7122,8164,02733,72,5
Consommation par habitant (kg)27,432,135,9421,70,7
Production (millions de tonnes)78,0107,3147,32483,52,5
Commerce net (millions de tonnes)-6,8-16,2-16,2-265,82,2

Note: Toutes les données et projections concernent l'ensemble du lait et des produits laitiers en équivalent de lait entier liquide. La consommation et le commerce du beurre ne sont pas inclus dans les produits laitiers mais dans les graisses animales. Cela signifie par exemple qu'un pays qui importe ou consomme du lait en poudre ou du fromage figure comme s'il importait ou consommait l'équivalent en lait entier liquide; mais s'il n'importe/ n'exporte que du beurre, il ne figure pas comme pays importateur/exportateur de lait ou de produits laitiers.

L'évolution du commerce sera probablement dominée par a) la réduction des possibilités de production et d'exportations subventionnées par les pays développés exportateurs, tendance qui se poursuivra vraisemblablement à l'avenir et sera renforcée, après l'Accord sur l'agriculture consecutif aux négociations de l'Uruguay, avec pour conséquence une poussée à la hausse des cours mondiaux et b) la capacité restreinte d'importation, déjà apparente dans les années 80, des pays qui ont alimenté la croissance de la consommation et des importations dans les années 70. Par example, dans la région Proche-Orient/Afrique du Nord, la croissance des importations dans les années 70 a contribué pour 55 pour cent à la croissance de la consommation et la région a représenté près de 40 pour cent de l'augmentation des importations totales des pays en développement.

Le ralentissement de croissance de la consommation et du commerce du lait s'explique aussi par le fait que, dans la région ayant la croissance économique la plus rapide, l'Asie de l'Est, la consommation de lait n'augmentera pas aussi vite que celle d'autres produits en raison des habitudes alimentaires de la population (qui consomme actuellement 6,5 kg de lait par habitant contre 55 kg dans les autres pays en développement). Enfin, il est particulièrement préoccupant de penser qu'en raison des obstacles à la production la croissance de la consommation par habitant sera faible dans les régions où le lait est une denrée de base pour de vastes couches pauvres de la population, comme les sociétés pastorales de l'Afrique subsaharienne et dans une moindre mesure de l'Asie du Sud.

Conséquences pour le secteur des céréales fourragères

Comme on l'a noté dans la section précédente, l'utilisation des céréales pour l'alimentation animale dans les pays en développement devient un élément de plus en plus important de la demande totale de céréales. Cette utilisation a progressé de 5,6 pour cent par an depuis 20 ans (7,2 pour cent par an au cours des années 70, 3,6 pour cent par an dans les années 80), soit près du double du taux de croissance de l'utilisation directe des céréales pour l'alimentation humaine. Cette croissance de l'utilisation de céréales fourragères a été l'un des principaux facteurs responsables de l'augmentation rapide des importations nettes de céréales des pays en développement, particulièrement dans les années 70. A l'exception de la Chine, ce sont les pays en développement à revenu moyen qui utilisent le plus gros des céréales fourragères, ce qui est évidemment lié à leur consommation supérieure à la moyenne de produits de l'élevage. La Chine partage cette caractéristique bien qu'elle appartienne au groupe des pays à faible revenu. Garnaut et Ma (1993) estiment que les statistiques sur la consommation alimentaire en Chine indiquent, pour ce pays, un revenu par habitant très supérieur à celui qui ressort de la comptabilité nationale officielle.8

Le mécanisme général qui préside à la croissance du secteur des céréales fourragères peut s'exprimer par une formule très simple: la hausse des revenus augmente la demande de produits de l'élevage. Celle-ci fait monter la production, le gros de cette augmentation provenant, dans la plupart des pays, des secteurs du porc et de la volaille, comme on l'a vu dans la section précédente. Or, contrairement à l'élevage de ruminants, dans les pays en développement, une forte augmentation de la production de porcs et de volaille repose dans une grande mesure sur l'expansion des systèmes intensifs et semi-intensifs d'alimentation (voir Chapitre 4). Il en résulterait que l'utilisation de céréales fourragères augmenterait plus vite que la production animale. Parallèlement toutefois, cette tendance serait atténuée par les gains de productivité de l'utilisation des céréales fourragères. En outre, elle est moins prononcée ou totalement absente dans les pays (développés ou non) où les bovins et ovins contribuent pour un fort pourcentage à la croissance de l'élevage et qui disposent de pâturages suffisants et d'autres ressources en fourrages autres que les céréales.

Au cours des 20 dernières années, les taux de croissance historiques comparatifs de la consommation de céréales fourragères et de la production animale (tableau 3.10) ont été en gros conformes à l'analyse qui précède. En Afrique subsaharienne comme en Asie du Sud et dans une moindre mesure en Amérique latine, la consommation de céréales fourragères a progressé à un rythme égal ou inférieur à celui de la production animale totale, cette dernière étant mesurée en totalisant les différents produits de l'élevage avec des pondérations représentant les différences d'intensité d'utilisation de céréales fourragères (voir note au tableau 3.10). A l'autre extrême, les pays du Proche-Orient/Afrique du Nord et de l'Asie de l'Est (à l'exclusion de la Chine) semblent avoir eu tendance à intensifier leur consommation de céréales fourragères dans leur secteur de l'élevage, bien qu'à des rythmes différents à différentes périodes.

A l'avenir, dans l'ensemble et sauf circonstances spécifiques aux pays, il est probable que l'utilisation de céréales fourragères progressera à peu près au même rythme que la production animale totale, cette dernière étant mesurée de la manière décrite dans la note au bas du tableau 3.10. Ce schéma pourra dans certains cas différer des rapports historiques qui ont souvent été instables. Par exemple, il ressort des données relatives à l'Asie de l'Est que l'utilisation de céréales fourragères a augmenté deux fois plus vite que la production animale pendant les années 70 mais deux fois moins vite dans les années 80. En outre, les statistiques historiques sur l'emploi de céréales fourragères ne sont pas assez fiables pour prévoir l'avenir dans beaucoup de pays en développement.

8. Sur la base de l'évaluation récente par la Banque mondiale des revenus par habitant en fonction du pouvoir d'achat des monnaies, l'estimation « conventionnelle » pour la Chine de 370 $ en 1991 (PNB par habitant, mèthode Altas Banque mondiale) passe à 2040 $ (PIB par habitant), soit un coefficient de 5,5. Ce coefficient est sensiblement inférieur pour les pays à revenu moyen - 1,4 pour le Brésil, 2,2 pour la Turquie et 2,5 pour le Chili (Banque mondiale, 1993, tableaux 1,30).

Tableau 3.10 - Utilisation de céréales et de protéines oléagineuses pour l'alimentation animale, pays en développement
  Taux de croissanceRapports des taux de croissance
Céréales fourragères ou protéines oléagineusesProduction animale1 
69/7179/8188/90201070–9088/90–201070–9088/90–201070–9088/90–2010
millions de tonnesPourcentage annuel  
Ensemble pays en développement
Ensemble des céréales56114160 5,6     
Maïs3474104 5,9     
Autres céréales secondaires162836 4,5     
Ensemble des céréales
93 pays en développement551101543275,53,75,33,71,01,0
Afrique subsaharienne1,31,61,841,34,23,23,50,41,2
Proche-Orient/ Afrique du Nord10,018,631,6647,23,54,63,71,60,9
Asie de l'Est20,649,873,51766,54,16,94,30,91,0
Asie du Sud1,21,82,443,22,74,53,20,70,8
Amérique latine et Caraïbes21,837,744,6793,82,83,82,81,01,0
Autres (non inclus dans l'étude)1,24,05,7       
Protéines oléagineuses2
93 pays en développement5914396,05,05,33,71,21,3

1 Taux de croissance calculés à partir d'un indice spécial du volume de la production animale en fonction des céréales consommées, compte tenu du fait que, dans les pays en développement, unegrande partie de la production de viande de boeuf, de mouton et du lait vient d'animaux non nourris aux céréales alors que la viande de porc, la volaille et les oeufs viennent principalement desystèmes de production utilisant le grain (on trouvera des données à ce sujet dans Tyers et Anderson, 1992, p. 386). L'indice de production animale pondéré de l'intensité des céréales consomméesest calculé de la maniére suivante: 0,3 (viande de boeuf et de mouton) + 0,1 (lait) + ,0 (porc, volailles et oeufs).

2 Oléagineux et leurs produits utilisés pour l'alimentation animale en équivalent de 100 pour cent de protéine brute, par exemple conversion de soja à un taux de 35,6%, des tourteaux de soja à 45%,des graines de coton à 21, 1% et de leurs tourteaux à 40%, etc.

Le tableau 3.10 donne les projections de l'utilisation de céréales fourragères et de la production animale. Un taux de croissance de 3,7 pour cent par an pour les 20 prochaines années est trèes est inférieur à celui des 20 dernières années (5,5 pour cent par an en 1970–90) mais égal à celui des années 80. Néanmoins, la demande de céréales fourragères restera l'élément dynamique de la consommation totale de céréales dans les pays en développement. Sa part de la demande totale augmentera encore, atteignant quelque 22 pour cent d'ici 2010 contre 17 pour cent à présent et 11 pour cent seulement il y a 20 ans. Signalons enfin que les céréales fourragères ne représentent qu'un élément seulement, et dans beaucoup de pays en développement un élément mineur, des bilans complets (mais mal connus) de toutes les ressources fourragères, y compris les aliments non concentrés (fourrages cultivés, herbages naturels, sous-produits, etc. - voir aussi Chapitre 4) et la production animale.

Utilisation des protéines oléagineuses dans le secteur de l'élevage

Les 93 pays en développement de cette étude utilisent environ 14 millions de tonnes de protéines oléagineuses dans la production animale, plus quelque 1,2 million de tonnes de farine de poisson. Cette consommation a progressé rapidement depuis 20 ans à un rythme supérieur à celui de la production animale (voir tableau 3.10) bien que cette croissance ait ralenti dans les années 80. Un petit nombre de pays en développement représentent les deux tiers de la consommation totale (Chine, inde, Mexique, Turquie, Pakistan).

Les projections de la production animale présentées ici impliquent que la consommation de protéines tirées des graines oléagineuses pour l'alimentation animale continuera d'augmenter à un rythme légèrement supérieur à celui de la production animale totale. On peut en conclure que, d'ici 2010, les pays en développement dans leur ensemble auront un excédent net exportable de protéines de farines oléagineuses inférieur à ce qu'il est aujourd'hui. Leur production actuelle de graines oléagineuses, déduction faite des emplois qui ne contribuent pas aux disponibilités réelles ou potentielles de protéines pour l'alimentation animale (par exemple oléagineux utilisés directement comme aliments humains, semences, etc), se chiffre à environ 24 millions de tonnes, c'est-à-dire qu'elle dépasse leur consommation pour l'alimentation animale d'environ 10 millions de tonnes, en équivalent de protéine brute. D'ici 2010, cette production (analysée plus loin dans le présent chapitre) atteindrait quelque 46 millions de tonnes, ce qui laisserait un excédent net exportable de quelque 6 millions de tonnes. L'Amérique latine resterait le plus gros exportateur net mais, en même temps, les besoins d'importations des autres régions, particulièrement l'Asie de l'Est et le Proche-Orient/Afrique du Nord, progresseraient rapidement, ce qui réduirait les disponibilités exportables nettes de l'ensemble des pays en développement.

Autres produits vivriers de base (racines, tubercules, plantains, légumes secs)

- Racines, tubercules, plantains

Cette catégorie de denrées de première nécessité comprend divers produits, dont les principaux sont le manioc, la patate douce, la pomme de terre, l'igname, le taro et le plantain (ci-après dénommés « féculents »). La production et la consommation apparente de certains d'entre eux ont essentiellement lieu au niveau de subsistance. En outre, ils sont surtout produits et consommés dans des pays ayant des services statistiques médiocres et sont sujets à des taux de déchet/pertes après moisson supérieurs à la moyenne. C'est pourquoi les données relatives à la production et à la consommation apparente de ces produits sont soumises à des marges d'erreur sans doute beaucoup plus larges que d'autres produits alimentaires9.

Il y a deux aspects de l'économie des féculents qui semblent dominer tous les autres lorsqu'on examine l'évolution de ce secteur: l'écologie et les revenus par habitants. En d'autres termes, ces produits forment la base de l'alimentation des pauvres dans les pays où les conditions écologiques (principalement les zones forestières des tropiques humides) en font les principales cultures de subsistance. C'est précisément dans les pays qui combinent ces deux caractéristiques et qui ont aussi de très faibles disponibilités alimentaires globales par habitant que l'on trouve cette consommation apparente très élevée de racines par habitant. Il y a 15 pays d'Afrique subsaharienne dans le groupe des pays qui consomment beaucoup de racines (voir tableau 3.11), soit plus de 200 kg par habitant (en poids de produit frais), certains consommant jusqu'à 350 à 400 kg (Ghana, Gabon, Congo, Ouganda) et d'autres plus de 400 kg (Zaïre). Ensemble ces pays représentent 55 pour cent de la population de l'Afrique subsaharienne et ils tirent 40 pour cent de leur ration calorique des féculents. Des groupes moins nombreux de pays d'Afrique subsaharienne et d'Amérique latine/Caraïbes ont une dépendance « moyenne » à l'égard des racines (100 à 200 kg par habitant) et tous les autres pays en développement en font une consommation bien inférieure à 100 kg (40 kg en moyenne), dont certains une consommation très faible (en général 5 kg) en Afrique subsaharienne même, par exemple le Mali ou la Somalie.

Comme dans certains des pays les plus pauvres ayant un fort pourcentage de sousalimentés, le régime de la population repose fortement sur ces produits, ils ont manifestement un rôle primordial à jouer dans toute évaluation des perspectives de la nutrition et des moyens de l'ameliorer. Cela nous rappelle aussi que l'analyse des questions de sécurité alimentaire, de pauvreté et de sous-alimentation ne devraient pas se limiter indûment aux céréales. En même temps, comme les données relatives à cette source très importante d'énergie sont peu fiables, il est difficile d'analyser le problème alimentaire et de prédire l'avenir avec précision pour certains des pays où le problème est le plus aigu. Le rôle que joueront les féculents dans la consommation alimentaire est donc présenté ici pour les pays qui en sont lourdement tributaires, à côté des céréales et de l'ensemble des vivres (tableau 3.11)

On prévoit que la consommation de féculents par habitant continuera de baisser, en partie par suite de l'urbanisation (son effet étant toutefois limité au manioc et à l'igname), mais dans les pays africains, il ne faut pas s'attendre à voir de modification radicale du régime ni de réduction de la dépendance à l'égard de ces produits. Comme les revenus par habitant progresseront peu et qu'il sera difficile d'accroître les disponibilites en céréales, il ne sera guère possible d'améliorer la ration alimentaire totale et la population de ces pays continuera de manger de grandes quantités de féculents. En définitive, des pays représentant plus de la moitié de la population de l'Afrique subsaharienne tireront encore quelque 36 pour cent de leur ration calorique des féculents. Cela suppose que la production pourra augmenter à un rythme légèrement supérieur à celui des vingt dernières années, ce qui est jugé faisable. Au total toutefois, on prévoit que la production de l'ensemble de ce groupe de denrées dans les pays en développement progressera à un taux inférieur à celui de la population, tendance qui est historiquement bien établie. Cela tient essentiellement au changement de régimes régimes résultant de l'urbanisation qui a tendance à favoriser les denrées (comme les céréales) qui sont souvent moins chères et plus commodes à préparer et à consommer en milieu urbain que les nourritures rurales. Etant donné le potentiel d'augmentation de la production, des mesures de stimulation de la consommation pourraient jouer un rôle important pour améliorer la nutrition. Elles pourraient comprendre des recherches visant à élaborer de nouveaux produits alimentaires à base de racines, tels que farines composées, pâtes alimentaires, chips, produits déshydratés, etc.

9. L'inclusion des plantains dans ce groupe pose notamment des problèmes. Elle vise à capter les similarités des plantains avec les racines et tubercules dans la consommation alimentaire et la nutrition de plusieurs pays des tropiques humides, mais il n'est pas toujours facile d'etablir une distinction entre le rôle que jouent les plantains dans la consommation et la nutrition de celui des bananes à proprement parler consommées comme fruit. Aux fins de consommation alimentaire, on peut considérer que les plantains sont des bananes qui sont cueillies vertes et qui sont cuites avant d'étre mangées (voir FAO, 1979; 1990b). Plusieurs pays, notamment d'Amérique centrale, auraient une consommation par habitant de bananes assez élevée (40 à 50 kg). La chose se complique encore du fait que bananes et plantains sont consommés après fermentation sous forme de boissons alcoolisées.

Tableau 3.11 - Racines, tubercules et plantains (féculents) dans les pays en développement
 Groupes ayant une consommation élevée/moyenne de féculentsAutres pays en développement93
pays en développement
AfriqueAmérique latine
Elevée1Moyennne2Moyenne2
Ration de féculents par habitant (kg)
1969/713362051626280
1988/903321741354063
20103131711253664
Ration de céréales par habitant (kg)
1969/718812188150145
1988/908711996179170
201096121112183173
Ration alimentaire par habitant (calories/jour)
1988/9021602190228025002470
Pourcentage venant de féculents40211346
Pourcentage venant de céréales3449366361
201022302240254027902730
Pourcentage venant de féculents36201136
Pourcentage venant de céréales3547385856
Taux de croissance de la production de féculents
1970–90 pourcentage annuel2,41,81,71,01,4
1988/90–2010 pourcentage annuel2,83,31,90,91,6
Population (millions d'habitants)
1988/90262338835223905
20105096513250515758

1 Plus de 200 kg par habitant en 1988/90 (poids de produit frais): Bénin, Ghana, Côte d'Ivoire, Nigéria, Togo, Angola, République centrafricaine, Congo, Gabon, Zaïre, Burundi, Mozambique, Rwanda, Tanzanie,Ouganda.

2 100–200 kg par habitant, Afrique: Guinée, Libéria, Cameroun, Madagascar, Namibie; Amérique latine/Caraïbes: République dominicaine, Haïti, Bolivie, Colombie, Equateur, Paraguay, Pérou.

Aucune analyse du secteur des racines amylacées dans les pays en développement ne serait compléte sans un bref examen des futures exportations de manioc, principalement vers l'Europe pour l'alimentation des animaux. Ces exportations, presque toutes en provenance de la Thaïlande et dans une moindre mesure de l'Indonésie, ont connu une croissance phénoménale dans le passé, passant de 5 millions de tonnes en 1969/71 à 24 millions de tonnes en 1988/90 en termes nets (équivalent en produit frais du manioc séché), niveau auquel elles ont plafonné à la fin des années 80, à la suite notamment d'accords commerciaux visant à restreindre leur croissance. Les raisons de cette évolution sont bien connues: les importations de manioc et de farines d'oléagineux ont capté une part croissante du marché européen de l'alimentation animale où elles se sont substituées aux céréales dont le prix, soutenu par des subventions internes, n'était pas compétitif. Il est probable que la situation change à l'avenir si l'Europe entreprend des réformes qui abaisseraient le prix des céréales fourragères. Il est donc possible que les exportations nettes de manioc en provenance des pays en développement tomberont à un niveau inférieur aux 24 millions de tonnes actuels. Toutefois, les prix à l'exportation du manioc peuvent encore faire l'objet d'ajustements visant à maintenir la compétitivité de ce produit par rapport aux céréales, dont les cours sont appelés à baisser sur le marché européen.

- Légumes secs

Ce groupe de denrées de base, souvent incluses dans les statistiques avec les céréales dans le groupe des céréales alimentaires, comprend divers produits (haricots, pois, pois chiches, lentilles, etc.; le soja et l'arachide étant classés avec les oléagineux dans la présente étude et non avec les légumineuses) qui forment un élément important du régime, particulièrement des groupes de population à faible revenu de nombreux pays en développement (FAO, 1981). La consommation alimentaire apparente moyenne de légumineuses dans l'ensemble des pays en développement est de l'ordre de 7,5 kg par habitant et elle est en baisse (elle atteignait 12 kg au début des années 60). Il y a toutefois encore de nombreux pays qui en font une assez forte consommation (10 à 20 kg), comme le Burkina Faso, l'Ouganda, l'Inde, le Nicaragua, le Brésil, etc. et quelques uns qui en consomment de très grandes quantités, comme le Rwanda et le Burundi. A de rares exceptions près (comme le Brésil ou le Mexique), ces pays ont de faibles disponibilités alimentaires par personne, surtout en produits animaux. Les légumineuses constituent donc une source importante de protéine, notamment dans les pays qui consomment peu de poisson ou de produits animaux. Ainsi, elles représentent 45 pour cent de la ration en protéine au Rwanda et au Burundi, 25 pour cent en Ouganda, 20 pour cent en Haïti et 14 pour cent en Inde.

La tendance à la baisse de la consommation par habitant des pays en développement dans leur ensemble a été stoppée dans les années 80, particulièrement si l'on exclut la Chine du total. A l'avenir, on estime que la consommation alimentaire par habitant restera approximativement à ses niveaux actuels (9,0–9,5 kg en moyenne, ou 7,5–8,0 kg si l'on inclut la Chine). En pratique, cela revient à dire qu'au cours des 20 prochaines années les résultats seront probablement plus proches de ceux des années 80 que ceux de la période historique plus longue. Les pays susmentionnés continueront à tirer un pourcentage relativement élevé de leur ration en protéines des légumineuses. Les taux de croissance de la demande totale (tous usages) et de la production sont présentés au tableau 3.12.

Tableau 3.12 - Légumes secs dans les pays en développement: taux de croissance de la production et de la demande (pourcentage annuel)
 1970–801980–901988/90–2010
Demande (tous usages)   
Pays en développement0,41,82,1
Pays en développement (Chine exclue)0,42,82,2
Production   
Pays en développement0,21,62,0
Pays en développement (Chine exclue)0,22,42,2

- Oléagineux

En 1988/90, la production mondiale d'oléagineux correspondait à environ 71 millions de tonnes d'huile. La production effective d'huile végétale est toutefois moindre, à 60 millions de tonnes, parce que certains oléagineux servent aussi à d'autres fins que l'extraction d'huile, dans l'alimentation humaine, l'alimentation animale, comme semences, etc. Ce dernier chiffre comprend quelque 2 millions de tonnes d'huile végétale venant de cultures (maïs) et de résidus (son de riz) qui ne font pas partie des oléagineux.

Au cours des 20 dernières années, le secteur a connu une croissance de la production supérieure à la moyenne (4,0 pour cent par an) et un changement structurel radical pour ce qui est de la part que représentent des oléagineux donnés ou des régions précises dans la production totale. Les signes les plus caractéristiques de cette importante évolution ont été l'expansion rapide des produits du palmier à huile en Asie de l'Est, du soja en Amérique du Sud et du tournesol et du colza en Europe de l'Ouest et, dans une moindre mesure, en Amérique du Nord. Au cours de la même période, certains oléagineux traditionnels (principalement l'arachide, la noix de coco, le sésame et le coton-graine) ont reculé comme sources importantes de production mondiale d'huiles végétales (leur part, en équivalent d'huile, est tombée de 38 pour cent en 1969/71 à 26 pour cent en 1988/90).

Diverses caractéristiques du secteur des oléagineux rendent complexes l'analyse et l'évaluation de ses perspectives d'avenir. Du côté de la production, il y a à la fois des cultures arboricoles (palmier à huile, cocotier, olivier) dont l'offre réagit lentement aux changements des conditions du marché et des cultures annuelles qui peuvent facilement se substituer à d'autres cultures annuelles (le soja pour le maïs par exemple) et dont l'offre s'adapte plus aisément aux conditions du marché. Ensuite, le coton-graine est en fait un produit dérivé de la production de coton-fibre, dont la production n'est que peu influencée par les conditions du marché des oléagineux. En outre, la plupart des oléagineux produisent à la fois de l'huile et des farines protéiques pour animaux.

La demande est caractérisée par le fait que ces produits conjoints sont fortement substituables dans la consommation. En outre, l'utilisation d'huiles végétales à des fins industrielles non alimentaires (peintures, détergents), où elles font concurrence aux produits pétroliers ainsi que sur les marchés alimentaires où elles font concurrence aux graisses animales complique encore le tableau, comme le fait aussi la concurrence des farines d'oléagineux avec la farine de poisson et autres produits protéiques utilisés dans le secteur de l'alimentation animale. Avec l'évolution de la technologie, la possibilité de substituer un produit à un autre dans la consommation s'est accrue au fil des ans. En pratique donc, les forces du marché garantissent que le prix des différentes huiles évolue à l'unison, de mêms que les prix des différentes farines de tourteau. En même temps, les prix des produits conjoints d'un oléagineux donné (par exemple l'huile et le tourteau de soja) peuvent suivre des trajectoires divergentes (Banque mondiale, 1993c).

Les huiles et graisses sont des produits alimentaires à forte élasticité de la demande par rapport aux revenus dans les pays en développement. Ces derniers ne consomment que 8 kg par habitant d'huiles végétales (y compris l'huile proprement dite et l'équivalent en huile des oléagineux consommés sous des formes autres que l'huile, comme l'arachide en tant que légumineuse) contre 16 kg dans les pays développés. La consommation a donc une forte marge d'expansion mais on peut s'attendre à ce qu'elle progresse plus lentement que pendant les 20 derniéres années où les pays en développement étaient partis de niveaux très bas. Les projections à ce sujet figurent au tableau 3.13.

Tableau 3.13 - Huiles végétales: résumé des données et projections,93 pays en développement
(oléagineux et leurs produits en équivalents d'huile)
 DemandeProductionSolde netPourcentage annuel de croissance
Alimentation humaineUtilisation totalePériode DemandeProduction
Par habitant (kg)Total 
(millions de tonnes)
93 pays en développement
1969/714,712,315,818,82,4   
1988/908,231,839,944,83,71970–905,34,8
201011,364,980,886,96,288/90–20103,43,2

La demande des pays en développement en protéines oléagineuses, produit conjoint des oléagineux, devrait progresser plus vite que celle des huiles végétales, en raison de la croissance rapide du secteur de l'élevage, comme nous l'avons vu plus haut. L'écart enregistré dans le passé entre les deux taux de croissance persistera donc et se creusera davantage, comme suit (en pourcentage annuel):

 1970–901988/90–2010
Huiles végétales5,33,4
Protéines oléagineuses6,05,0

Comme on l'a vu dans la section sur les produits de l'élevage, il est probable, par suite de cette évolution, que les pays en développement continueront d'exporter de grandes quantités - et des quantités croissantes - d'huiles végétales (huiles plus l'équivalent en huile des exportations nettes de graines oléagineuses) mais que leur excédent net de protéines oléagineuses (provenant de farine de tourteau et de l'équivalent en farine de tourteau des graines oléagineuses) diminuera. Selon ces prévisions, l'Amérique latine restera un gros exportateur net mais comme l'Asie de l'Est et le Proche-Orient/Afrique du Nord verront grossir leurs déficits nets, les exportations nettes de protéines oléagineuses venant de l'ensemble des pays en développement seront réduites. Il est aussi probable que les produits du palmier (qui ne donne que peu de farine sous forme de tourteau de palmiste) continueront d'accroître leur part de la production totale d'oléagineux dans les pays en développement.

Le tableau 3.14 illustre le changement structurel qui pourrait intervenir à l'avenir dans le secteur des oléagineux des pays en développement. Le soja cesserait d'accroître aussi rapidement que par le passé sa part du secteur mais la production totale de soja doublerait tout de même, alors qu'au cours de 20 dernières années, elle a été multipliée par 12, étant partie d'une base très faible et ayant connu une expansion rapide en Amérique du Sud. Il est probable que le secteur de la noix de coco n'enregistrera qu'une faible croissance (1,3 pour cent, projection qui est sans doute trop optimiste), en partie par suite de la concurrence croissante de l'huile de palmiste sur le marché des huiles lauriques. La plupart des autres oléagineux maintiendraient leur part du marché aux niveaux actuels, après la baisse qu'ils ont connue dans le passé sous l'effet de l'expansion rapide des secteurs de l'huile de palme et du soja.

Bref aperçu des principaux produits agricoles exportables des pays en développement

-Sucre

Les pays en développement dans leur ensemble consomment encore beaucoup moins de sucre que les pays développés, respectivement 18 et 37 kg par habitant10. Parmi les pays en développement, ce sont les régions de l'Amérique latine/Caraïbes et du Moyen-Orient/Afrique du Nord qui consomment le plus de sucre (43 kg et 29 kg respectivement) et l'Afrique subsaharienne et l'Asie de l'Est qui en consomment le moins (8–9 kg). Dans cette derniére région et surtout en Chine, des produits de remplacement représentent une bonne part de la consommation totale d'édulcorants. Il est prévu que la consommation de sucre par habitant des pays en développement augmentera d'environ 1 kg tous les dix ans pour atteindre environ 20 kg en 2010, les écarts entre les régions restant prononcés mais un peu moins qu'à présent. Dans l'ensemble, le taux de croissance de la consommation alimentaire de sucre des pays en développement serait plus lent que par le passé (2, 5 pour cent par an de 1988/90 à 2010, contre 4, 1 pour cent par an dans les années 70 et 2, 8 pour cent par an dans les années 80).

10. La consommation par habitant des pays développés de l'OCDE a traversé une phase de déclin. Pour des raisons de santé et par suite des politiques de prix élevés du sucre adoptées par de nombreux pays, la demande s'est déplacée vers d'autres édulcorants, comme l'isoglugose aux Etats-Unis et les édulcorants sans calories dans la plupart des pays. Selon les prévisions, cette phase de déclin tire à sa fin et la consommation par habitant des pays développés dans leur ensemble se stabiliserait aux environs des niveaux actuels de 37 kg. Les projections les plus récentes concernant les Etats-Unis indiquent une augmentation de l'utilisation par habitant d'environ une livre d'ici 2000 (USDA, 1993a).

Tableau 3.14 - Production d'oléagineux: 92 pays en développement (à l'exclusion de la Chine)

(milliers de tonnes d'équivalent en huile)

Tableau 3.14 - Production d'oléagineux: 92 pays en développement (à l'exclusion de la Chine)

(milliers de tonnes d'équivalent en huile)

Par grand oléagineuxPar régionPourcentage par oléagineux
Afrique (subsaharienne)Proche-Orient/ Afrique du NordAsie de l'Est (Chine exclue)Asie du SudAmérique latine et CaraïbesTotal
Huile de palme + huile de palmiste1969/711 487 745 2702 50216
1988/901 951 8 990280611 74932
20103 370 22 020901 64027 12038
Soja1969/7116318143725744
1988/9046664753145 9596 85919
201012020075050012 79014 36020
Arachide1969/711 562333941 745401413627
1988/901 377516172 5802284 85213
20102 1201001 4304 8305809 06013
Tournesol 1969/7112173 174256274
1988/9058499582121 4412 2686
20101301 020803702 0703 6705
Sésame1969/7123547702171557255
1988/9020757118326827902
20103201003006402201 5802
Noix de coco1969/71138 1 8149122503 11420
1988/90207 3 0151 2623354 82013
2010410 3 3901 8604806 1409
Graines de coton1969/71225385134934401 55610
1988/90273369191 0094702 1506
2010560700502 3105804 2006
Divers1969/71192341459926412 21114
1988/90226549812 1044503 4099
20102808801203 6309605 8708
Total1969/713 8679823 2634 3772 95415 445100
1988/904 3451 59113 3837 8089 77136 900100
20107 3103 00028 14014 23019 32072 000100
Pourcentage par région1969/71256212919100 
1988/90124362126100 
2010104392027100 

Le sucre est un grand produit d'exportation de nombreux pays en développement. Dans l'ensemble, les pays en développement en sont exportateurs nets de volumes importants; ces exportations sont toutefois en baisse, ce qui tient en partie aux politiques de soutien et de protection pratiquées par la plupart des pays développés (voir Borrell et Duncan, 1992) et en partie au fait que de nombreux pays en développement sont maintenant importateurs nets de volumes croissants de sucre. Les deux phénomènes ne sont évidemment pas indépendants l'un de l'autre. La baisse des cours mondiaux résultant des restrictions d'accès aux marchés des grands importateurs nets de l'OCDE, y compris l'émergence de la CE comme l'un des plus gros exportateurs nets, a probablement contribué à accroître les importations des pays en développement. Les données figurant au tableau 3.15 donnent une idée de cette évolution.

Selon les prévisions, la forte croissance des besoins d'importation des pays en développement importateurs se poursuivra alors que globalement, les pays de l'OCDE resteront exportateurs nets à moins que leurs politiques ne subissent un changement radical11. Les événements qui interviendront dans les pays d'Europe à économie anciennement planifiée restreindront la croissance de leur consommation et de leur demande d'importations. Leur consommation par habitant pourrait baisser pendant quelque temps avant de se redresser. Il est probable qu'à l'avenir une plus grande partie de leur consommation sera satisfaite par leur production interne. Cela signifie que, bien que les pays en développement exportateurs puissent continuer d'accroître leurs exportations, les pays en développement dans leur ensemble verront sans doute diminuer leurs exportations nettes à destination des pays développés.

Le secteur du sucre ne donne qu'un exemple du rôle croissant que jouent les pays en développement sur les marchés mondiaux des produits de base, autrefois dominés par la demande d'importations des pays développés. Si, de l'avis de certains, il faut y voir une évolution positive, elle résulte néanmoins de facteurs regrettables, à savoir le protectionnisme des pays développés et dans une certaine mesure les limitations à la production de certains pays en développement qui n'ont pas les moyens d'importer du sucre, comme certains pays d'Afrique subsaharienne. Mais cette évolution contient bien des éléments positifs dans la mesure où la croissance des besoins d'importation des pays en développement traduit une amélioration de leurs revenus, une consommation accrue de sucre et un avantage comparatif des pays exportateurs par rapport aux pays importateurs.

11. Les perpectives du secteur du sucre analysées ici reposent essentiellement sur les travaux de la FAO et de l'Organisation internationale du sucre et ne supposent aucun grand changement de politique vers une libéralisation du commerce (voir FAO, 1992b). Si les grands pays de l'OCDE réduisent le soutien et la protection qu'ils accordent au secteur sucrier, on peut s'attendre que la production et les exportations des pays qui peuvent produire à faible coût (les pays en développement mais aussi l'Australie et l'Afrique du Sud) se substituent en partie à la production des marchés fortement protégés. En l'occurrence, la mise en oeuvre des dispositions des accords de l'Uruguay Round n'auront sans doute guère d'influence sur les flux commerciaux du sucre dans les principaux pays de l'OCDE. Si des réformes modifiaient les modalités d'accès préférentiel aux marchés (par exemple dans le cadre de l'accord conclu entre la CE et les pays ACP ou de l'Initiative américaine pour le bassin des Caraïbes), certains pays bénéficiaires seraient touchés (voir Borrel et Duncan, 1992; Lord et Barry, 1990; Alexandratos et al., 1994).

Tableau 3.15 - Sucre : positions commerciales nettes, moyennes quinquennales

(millions de tonnes,équivalent de sucre brut)

 1967/711977/811987/91
Pays en développement9,38,53,7
Exportateurs nets (en 87/91)12,117,015.3
• Cuba5,56,76,8
• Brésil1,12,41,7
• Thaïlande0,11,12,5
• Maurice0,60,60,6
• République dominicaine0,70,90,4
• Divers4,15,33,3
Importateurs nets (en 87/91)-2,8-8,5-11,6
• Chine-0,2-1,0-1,4
• Algérie-0,2-0,5-0,9
• Egypte -0,4-0,7
• Iran-0,1-0,6-0,6
• Iraq-0,3-0,5-0,5
• Corée, Rép.-0,2-0,4-0,8
• Malaisie-0,3-0,4-0,6
• Divers-1,5-4,7-6,1
Pays développés-9,1-7,6-2,8
• 12 CE-2,31,73,1
• Autres Europe de l'Ouest-0,8-0,4-0,3
• Europe de l'Est + ex-URSS-0,6-4,7-4,2
• Etats-Unis-4,5-4,0-1,1
• Canada-0,9-0,9-0,8
• Japon-2,0-2,3-1,8
• Australie1,72,32,7
• Autres0,30,7-0,4

Pour ce qui est de la production de canne à sucre et de betterave dans les pays en développement, son taux de croissance (en équivalent de sucre brut) sera sans doute bien inférieur à ce qu'il était dans le passé, peut-être de 2,2 pour cent par an jusqu'en 2010 au lieu de 3,5 pour cent par an au cours des 20 dernières années. Ce fléchissement est en partie attribuable au ralentisement de la croissance de leur propre consommation de sucre et à la persistance probable du recul de leurs exportations nettes vers les pays développés. Mais il tient aussi au fait que la croissance rapide de la production de canne à sucre enregistrée dans le passé était liée à l'augmentation considérable de la production de canne à sucre destinée à la production d'éthanol au Brésil, le plus gros producteur mondial de canne à sucre12. Il est peu probable que cette utilisation continue de progresser à un rythme proche de celui qu'elle a connu dans le passé, à partir d'une base proche de zéro. Il est plus probable qu'elle cessera d'augmenter ou même qu'elle connaîtra un léger recul.

- Boissons tropicales (café, cacao, thé)

Parmi ces trois grands produits d'exportation des pays en développement, le café et le cacao présentent, comme d'autres produits (le caoutchouc par exemple), la caractéristique de provenir exclusivement des pays en développement et d'être consommés principalement dans les pays développés. Ces derniers contribuent pour 71 pour cent à la consommation mondiale de café (même pourcentage qu'il y a 20 ans) et pour 83 pour cent à celle du cacao (contre 87 pour cent en 1969/71). Le thé est différent en ce que les pays en développement représentent 70 pour cent de la consommation mondiale et ce pourcentage a sensiblement augmenté alors que leur part de la consommation mondiale de cacao n'a enregistré qu'une modeste progression et celle de la consommation mondiale de café n'a pas avancé du tout.

Il s'ensuit que, pour le café et le cacao, les perspectives de production et d'exportation resteront longtemps déterminées par l'évolution de la consommation des pays développés. Selon les projections, la consommation par habitant de café et de cacao n'augmentera qu'à un rythme modeste sur les principaux marchés des pays développés et celle de thé pas du tout, sauf dans les pays à économie anciennement planifiée (tableau 3.16). En paralléle, la récession prolongée et les pénuries de devises en Europe de l'Est et dans l'ex-URSS ne laissent pas espérer de croissance de la consommation par habitant, bien qu'elle soit généralement trés basse et ait un fort potentiel d'augmentation. Dans ces conditions, la production et les exportations des pays en développement progresseront sans doute très lentement. Les choses pourraient toutefois prendre une tournure différente si les réformes devaient mener un fort pourcentage de la population à adopter des schémas de consommation très proches de ceux de l'Europe de l'Ouest. Il est donc possible que la consommation projetée pour ces pays soit sous-estimée même s'ils doivent ne se remettre que lentement des baisses récentes.

Il ressort de l'analyse précédente que la croissance de la production et des exportations de thé, café et cacao des pays en développement sera probablement lente et inférieure à celle des 20 dernières années. Notons toutefois que s'ils produisaient et exportaient davantage de ces denrées, de café et de cacao surtout, ils n'amélioreraient pas d'autant leurs recettes d'exportation et leur bien-être si les cours continuaient à tomber. En fait, les événements des dernières années ont largement prouvé qu'une baisse des cours entraînait une réduction désastreuse de la valeur réelle des recettes d'exportation. Il y a eu des périodes où une augmentation des exportations n'a pas apporté d'avantages aux pays exportateurs dans leur ensemble même si certains pays en ont profité au détriment de certains autres. La concurrence entre pays exportateurs s'est révélée être pour eux un jeu à somme négative (voir Panagariya et Schiff, 1990; Mabbs-Zeno et Krissoff, 1990).

12. Actuellement, un tiers seulement de la production brésilienne de canne à sucre sert à la production de sucre. On trouvera une analyse de la situation dans Borrell et Duncan (1992) et Buzzanell (1993).


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