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ANNEXES

1. Classification des pays et des produits

Liste des pays en développement de l'étude

Afrique subsaharienneAmérique latine et CaraïbesProche-Orient Afrique du NordAsie du Sud
• AngolaArgentineAfghanistan• Bangladesh
• Bénin• BolivieAlgérie• Inde
• Botswana• BrésilArabie saoudite• Népal
• Burkina FasoChiliEgypte• Pakistan
• Burundi• ColombieIran• Sri Lanka
• Cameroun• Costa RicaIraq 
• Congo• CubaJordanie 
• Côte d'Ivoire• El SalvadorLiban 
• Ethiopie (RPD)1• EquateurLibye 
• Gabon• Guatemala• MarocAsie de l'Est
• GambieF GuyanaSyrie 
• GhanaF HaïtiTunisie• Cambodge
• Guinée• HondurasTurquieChine
• Kenya• JamaïqueYémenCorée (RPD)
Lesotho• Mexique Corée, Rép.
• Libéria• Nicaragua • Indonésie
• Madagascar• Panama • Laos
• MalawiF Paraguay • Malaisie
F Mali• Pérou • Myanmar
Maurice• Rép. dominicaine • Philippines
F Mauritanie• Suriname • Thaïlande
• Mozambique• Trinité-et- Tobago • Viet Nam
• NamibieUruguay  
• Niger• Venezuela  
• Nigéria   
• Ouganda   
• Rép. centrafricaine   
• Rwanda   
• Sénégal   
• Sierra Leone   
F Somalie   
• Soudan   
Swaziland   
• Tanzanie   
• Tchad   
• Togo   
• Zaire   
• Zambie   
• Zimbabwe   

Note: On dispose de données sur les terres à potentiel de production agricole pluviale ainsi que sur les assolements des terresexploitées, par catégorie agro-écologique, pour tous les pays sauf la Chine et la Namibie. En outre, pour les pays tropicauxmarqués d'un astérisque, on dispose de données sur les zones forestières et sur les zones protégées. Pour ceux qui sont précédés d'un F, on dispose de données sur les zones forestières mais pas sur les zones protégées (voir chapitre 4).L'Evaluation des ressources forestières de 1990 pour le monde tropical (FRA 1990) a aussi des données sur les zones forestières de quelques autres pays tropicaux qui ne sont pas compris dans les 93 pays en développement de cette étude.


1 Ancienne République populaire démocratique d'Ethiopie.

Liste des pays développés de l'étude

CEAutres pays d'Europe occidentaleEurope orientale et ex-URSS
AllemagneAutricheAlbanie
BelgiqueFinlandeBulgarie
DanemarkIslandeHongrie
EspagneMaltePologne
FranceNorvègeEx-Tchécoslovaquie
GrèceSuèdeRoumanie
IrlandeSuisseEx-URSS
ItalieYougoslavie (RFS)1 
Luxembourg  
Pays-Bas  
Portugal  
Royaume-Uni  
Amérique du NordOcéanieAutres pays développés
CanadaAustralieAfrique du Sud
Etats-UnisNouvelle-ZélandeIsraël
  Japon

1 Ancienne République fédérative socialiste de Yougoslavie.

Liste des produits de l'étude

CulturesElevage
BléLégumineusesViande de bœuf, de veau et de buffle
Riz (paddy)LégumesViande de mouton, d'agneau
MaïsBananeset de caprin
OrgeAgrumesViande de porc
MilletAutres fruitsViande de volaille
SorghoHuiles végétales et oléagineuxLait et produits laitiers
Autres céréales(en équivalent d'huile végétale)2(en équivalent lait entier)
Pommes de terreFèves de cacaoŒufs
Patates, ignamesCafé 
ManiocThé 
Autres racinesTabac 
PlantainsCoton fibre3 
Sucre, en équivalentJute et fibres dures 
de sucre brut1Caoutchouc 

1 Pour la production des pays en développement (Chine non comprise), le sucre de canne et le sucre de betterave sont analysés séparément.

2 La production d'huile végétale des pays en développement (Chine non comprise) est étudiée séparément pour 7 catégories (soja, arachides, sésame, noix de coco, tournesol, huile de palme/palmiste et autres oléagineux).

3 Coton à graines pour l'analyse de la production. L'équivalent en huile des graines de coton est compris aux huilesvégétales.

Note sur les produits

Sauf indication contraire, toutes les statistiques et projections concernant les produits s'entendent en équivalent de produits primaires. On dispose de séries chronologiques de bilans disponsibilités/utilisation (CDU) pour environ 160 produits agricoles primaires et pour 170 produits agricoles transformés. Faute de pouvoir travailler sur un aussi grand nombre de produits, on a converti toutes les données des CDU pour arriver à la liste des produits ci-dessus (on a exclu les sous-produits pour éviter un double comptage : par exemple, la farine de blé est convertie en blé et le son n'est pas compté). De cette manière, un unique bilan disponibilités/utilisation en unités homogènes a été établi pour chacun des produits visés par l'étude. Par production de viande, on entend la production des animaux abattus, plus l'équivalent en viande des animaux exportés sur pied, moins l'équivalent en viande des animaux importés sur pied. Les chiffres concernant la demande et les échanges de céréales incluent l'équivalent en grain de la bière.

Des bilans disponibilités/utilisation ont été établis pour les 26 produits végétaux et les 6 produits animaux qui figurent dans la liste ci-dessus. Toutefois pour les calculs relatifs à la production des pays en développement (Chine non comprise, voir chapitres 3, 4), on a pris en compte 33 produits végétaux car la production de sucre et d'huiles végétales est étudiée séparément pour les neuf cultures indiquées dans la note figurant au bas de la liste.

2. Analyse quantitative et projections : la méthodologie

Ventilation par produit et par pays

Tant pour l'analyse quantitative que pour les projections, on a utilisé des données très finement ventilées afin de pouvoir formuler des énoncés souvent porteurs d'implications en matière de politiques, au sujet a) de produits et groupes de produits ainsi que de l'agriculture dans son ensemble et b) de n'importe quel groupe de pays. D'où la nécessité d'étudier individuellement a) un nombre de produits aussi grand que possible et suffisant pour représenter une forte proportion de la production agricole totale et b) un nombre maximum de pays. Une bonne partie des analyses et projections présentées ici porte sur des régions. Mais il est aussi apparu nécessaire dans bien des cas d'étudier des zones géographiques moins vastes ou des groupes de pays définis selon des critères fonctionnels, qui chevauchent en partie les limites des régions et qui se chevauchent entre eux ; les critères peuvent être par exemple le revenu, la part de l'agriculture dans le PNB et l'emploi, la participation à des programmes de coopération économique, etc.

Grâce à cette ventilation par pays et par produit, les résultats de l'étude peuvent être utilisés pour s'attaquer aux problèmes au niveau de ventilation géographique et par produit le plus pertinent : par exemple l'avenir du secteur alimentaire et agricole d'un pays dont l'économie dépend beaucoup du sucre tel que Cuba ne peut guère être étudié sans tenir compte du secteur sucrier en tant que tel ; il en va de même du cacao pour le Ghana et la Côte d'Ivoire, du tabac pour le Zimbabwe et le Malawi, du caoutchouc et de l'huile de palme pour la Malaisie, etc. Une étude portant seulement sur les céréales, par exemple, au niveau de grands groupes de pays, ne serait guère pertinente pour analyser des problèmes de ce genre.

Une ventilation assez fine est nécessaire pour deux autres raisons encore : premièrement un thème central de l'Etude est l'utilisation des ressources naturelles nécessaires à l'agriculture, à savoir la terre et l'eau. Or, il est impossible d'établir des bilans et des projections de l'utilisation des terres et des eaux sans tenir compte de la totalité des principales cultures. En effet, les céréales, par exemple, ne représentent qu'environ 50 pour cent de la superficie récoltée dans les pays en développement (Chine non comprise). Une analyse limitée au seul secteur céréalier ne fournirait pas une base suffisante pour étudier le problème de la pénurie de terres et des possibilités d'extension future.

La deuxième raison tient au caractère interdisciplinaire de l'Etude et au fait qu'elle repose en grande partie sur les apports fournis par des spécialistes de différentes disciplines. Ces apports ne peuvent s'exprimer que quand les problèmes sont délimités de façon suffisamment détailléee. Par exemple, des spécialistes de la production, de pays ou du commerce international ne peuvent pas nous apprendre grand-chose d'utile au sujet d'un groupe de produits (céréales secondaires ou fruits) à l'échelle d'une région. Il est plus fécond d'obtenir des évaluations portant sur des pays particuliers et des produits déterminés (mais, orge, millet et sorgho et non pas céréales secondaires; bananes et agrumes et non pas fruits, etc.). Dans le même esprit, pour évaluer les possibilités futures de production, il faut une ventilation sur la base de zones agro-écologiques ; en effet, quand il s'agit d'étudier les possibilités d'accroître les rendements, l'orge irrigué peut être considéré comme un produit différent de l'orge pluvial des zones semi-arides (cette question est étudiée dans la section suivante).

L'Annexe I donne la liste des pays et des produits étudiés séparément. On a distingué 26 produits végétaux et 6 produits animaux pour calculer les bilans de l'offre et de la demande. Dans ce calcul, on a considéré tous les oléagineux comme un seul produit (équivalent huile) ; il en va de même pour le sucre et le lait. Mais au niveau de la production, ce ne sont pas là des produits homogènes. Pour l'analyse de la production, le produit « huile végétale » est représenté par 7 cultures oléagineuses (ou 8 si l'on compte la graine de coton), le sucre par deux cultures sucrières (canne et betterave) et le lait par deux catégories (lait de vache et lait d'ovins et de caprins) ; on a ainsi au total 33 cultures et 7 produits animaux. Le critère utilisé pour déterminer les produits à étudier séparément a été leur importance pour les pays en développement pris comme un tout; mais inévitablement, certains produits présentant une importance particulière pour certains pays ne sont pas traités séparément ; c'est le cas par exemple de la graine de colza (importante dans les pays d'Asie du Sud-Est) et de la graine de carthame (Inde, Mexique, Ethiopie), qui sont regroupées dans la catégorie « autres graines oléagineuses ».

En ce qui concerne la ventilation par pays, on a étudié séparément 127 pays dont 93 pays en développement (représentant 98,5 pour cent de la population de ce groupe de pays) et 34 pays développés (la presque totalité de la population des pays développés). Les projections relatives aux pays en développement sont plus détaillées et ont nécessité plus de données et plus de temps que celles qui concernent les pays développés, pour lesquels on a procédé de façon plus sommaire sans distinguer les zones agro-écologiques ni tenir compte des contraintes foncières (voir à ce sujet l'Avant-propos). Chaque pays en développement a donc demandé beaucoup plus de travail que chaque pays développé.

Préparation des données

Des projections ont été établies pour les variables suivantes : a) la demande (les différentes utilisations finales et intermédiaires), la production et la balance commerciale de tous les produits et tous les pays, et b) pour les pays en développement seulement, les paramètres agronomiques fondamentaux à savoir superficies, rendements et production par pays, par culture et par zone agro-écologique (classe de terre) pour la production végétale ainsi que le cheptel et rendement par tête pour les produits animaux. Une partie importante du travail a été consacrée à l'établissement d'une série homogène de données rétrospectives et de données relatives à la période de base des projections. Pour l'étude de l'offre et de la demande, le cadre des projections quantitatives est celui des bilans ressources-utilisation. Ces bilans sont des identités comptables faisant apparaître pour chaque année l'origine et la destination des produits agricoles en unité physique homogène comme suit :

Alimentation humaine (directe) + Utilisations industrielles non alimentaires + Alimentation du bétail + Semences + Pertes = Utilisation intérieure totale = Production + (Importations - Exportations) + (Stocks d'ouverture - Stocks de clôture)

La base de données contient un Bilan ressources-utilisation pour chaque produit pris en compte dans l'étude de l'offre et de la demande, pour chaque pays et pour chaque année (de 1961 à 1990 au moment où l'Etude a été entreprise). La préparation des données nécessaires à l'étude de l'offre et de la demande a consisté à convertir les données primaires (statistiques de la production, de l'utilisation et des échanges) dont on disposait pour environ 330 produits, en chiffres correspondants pour les 32 produits retenus pour l'Etude, tout en respectant les identités des bilans ressources-utilisation.

Cela a demandé un travail considérable car les relations comptables entre les produits, si elles peuvent dans certains cas être relativement simples (par exemple lorsqu'il s'agit de convertir les quantités de pâtes ou de farine de blé apparaissant dans les statistiques de la consommation et du commerce en équivalent blé - ce qui d'ailleurs peut présenter certaines complexités s'il faut tenir compte des différences de rendement à la mouture entre pays importateurs et pays exportateurs -), elles peuvent dans d'autres cas être extraordinairement complexes (par exemple lorsqu'il faut convertir les importations de margarine en équivalent huile végétale et les confronter avec l'équivalent huile végétale des graines oléagineuses de production nationale, ou convertir le jus d'orange en équivalent fruit frais). Malheureusement, ce cadre comptable contient encore des points faibles. La FAO travaille actuellement à l'améliorer et prépare une publication sur la question.

Les agrégats - groupes de produits et « production agricole totale » - ont été pondérés par la moyenne mondiale des prix à la production en 1979–81 exprimée en « dollars internationaux » calculés selon la formule de Geary-Khamis décrite par Rao (1993). Ce sont les coefficients de pondération utilisés pour construire les indices de la production de la FAO (formule de Laspeyres). Led taux de croissance des divers groupes hétérogènes de produits et de la production agricole totale figurant dans la présente étude ont été calculés à partir des agrégats-en valeur ainsi obtenus. La mesure des variations des agrégats pondérés par les prix est sujette à caution pour certaines utilisations, par exemple lorsqu'il s'agit d'en tirer des conclusions au sujet des pressions sur les ressources naturelles qu'entraîne un accroissement donné de la production (voir Chapitre 3, note 17). Il faut aussi rappeler que les mêmes coefficients de pondération sont utilisés pour tous les pays, c'est-à-dire qu'on s'est fondé sur une série unique de prix relatifs pour constituer les agrégats de production de tous les pays. Les taux de croissance de la production, de la consommation, etc. ainsi calculés ne sont donc pas nécessairement les mêmes que ceux que l'on aurait obtenus avec des coefficients de pondération basés sur les prix relatifs propres à chaque pays. D'un autre côté, c'est grâce à ces coefficients uniformes que les taux de croissance calculés pour tous les pays sont comparables.

La désagrégation de l'élément production des bilans ressources-utilisation en ses parties constituantes - superficies, rendements et production - nécessaire pour établir les projections de la production, a constitué une partie importante du travail de préparation des données, qui toutefois n'a été entreprise que pour les pays en développement et uniquement pour la période de base, en l'occurrence la moyenne des trois années 1988/1990. Pour la production végétale, les bilans ressources-utilisation contiennent aussi pour la plupart des cultures les superficies récoltées et le rendement moyen pour chaque culture et pour chaque pays. Mais les agronomes considèrent que ces moyennes nationales ne fournissent pas une base suffisante pour les projections parce que chaque culture peut être cultivée dans des conditions agro-écologiques très différentes, même pays. En d'autres termes, on ne peut rien dire de l'évolution future des rendements sans savoir si par exemple l'orge est cultivé en irrigué ou en pluvial, et avec quel rendement. De même pour l'orge pluvial, il faut savoir s'il est cultivé sur des terres suffisamment arrosées et des sols de bonne qualité ou dans des conditions semi-arides sur des sols médiocres. C'est pourquoi il a été décidé de ventiler autant que possible les chiffres de production de la période de base et de distinguer cinq catégories de production pluviale et une de production irriguée au lieu d'envisager seulement la superficie totale portant une culture donnée et le rendement moyen. Ces catégories (classes de terre) sont décrites en détail au Chapitre 4 de sorte que l'on ne s'étendra pas sur la question ici. Malheureusement, les bases de données habituelles ne contiennent généralement pas de chiffres aussi détaillés. Il a donc fallu les reconstituer à partir de données fragmentaires, provenant en partie de publications où apparaissaient par exemple les superficies et les rendements des cultures irriguées et pluviales ou des données au niveau des circonscriptions administratives, et en partie de documents non publiés. Dans bien des cas, il a fallu compléter ces données par des estimations raisonnées. Le résultat de l'opération a été une matrice de 33 × 15, avec une rangée pour chaque culture, une colonne pour les superficies et une pour les rendements pour chaque classe de terre (2 × 6) et 3 colonnes pour les totaux de contrôle (superficie récoltée, rendement, production à l'échelle nationale, soit respectivement SR, R et P, en respectant pour chaque pays les égalités suivantes (i= classes de terre 1…6, j = cultures 1 …33).

(la somme des superficies récoltées de la culture j dans chaque classe de terre i est égale à la superficie récoltée totale de la culture j figurant dans la colonne des totaux de contrôle des superficies récoltées de chaque culture)
(la somme des superficies récoltées de chaque culture j est égale à la superficie récoltée totale du pays considéré)
(la somme de la production de la culture j dans chaque classe de terre est égale à la production totale de la culture j qui figure dans la colonne des totaux de contrôle de la production de chaque culture)

En principe, il n'y a pas de total de contrôle de SR dans les séries courantes de données, mais on peut l'obtenir en faisant la somme des superficies récoltées indiquées pour les différentes cultures. Toutefois, on connaît le chiffre des terres arables (TA) utilisées pour l'agriculture (il s'agit de la superficie effective sur le terrain et non pas de la superficie récoltée; c'est ce qui dans les statistiques est appelé « terres arables et terres sous cultures permanentes ». On ne sait pas si la SR totale, qui est la somme des SR de chaque culture, est compatible avec le chiffre des TA. Cette compatibilité peut être évaluée indirectement en calculant le ratio superficie récoltée/terres arables, c'est-àdire l'intensité de culture (IC). L'IC est un paramètre important qui peut aider à détecter des erreurs des données sur l'utilisation des terres. Pour plusieurs pays, l'intensité de culture ainsi calculée semble impossible. En tel cas, on a retenu le chiffre de la superficie récoltée calculé à partir des statistiques des cultures, estimant qu'il était le plus fiable des deux, et l'on a ajusté le chiffre des superficies cultivées en accord avec les spécialistes du pays et de l'utilisation des terres. On a ainsi pu disposer de statistiques des superficies récoltées et de l'utilisation des terres qui, de l'avis des spécialistes, sont plus crédibles, plus compatibles entre elles et plus représentatives de la situation réelle dans les pays que les données figurant dans les sources courantes. Cet ajustement des données a été facilité par le fait que l'IC devait être calculée pour chacune des six classes de terre et non pas pour l'ensemble du pays. En effet, des IC de plus de 0,8 et pouvant même dépasser 2,0 peuvent être raisonnables pour les zones irriguées si cela est compatible avec ce que l'on sait du climat, des pénuries d'eau, des doubles récoltes, des systèmes agricoles, etc. du pays considéré. En revanche, dans les zones pluviales semi-arides et dans la plupart des classes de terres pluviales dans les pays où l'agriculture itinérante est importante, l'IC est en règle générale inférieure à 0,5. Ces problèmes sont examinés au Chapitre 4 où l'on pourra aussi comparer les données originales et les données ajustées.

Après cette ventilation des chiffres relatifs à l'utilisation des terres, l'égalité ci-après doit être satisfaite :

(la somme des terres arables de chaque catégorie de terres i est égale à la superficie totale des terres arables, c'est-à-dire au total de contrôle ajusté)

Projections

L'établissement des projections consiste essentiellement : a) à élaborer les bilans ressources-utilisation (par produit et par pays) pour l'an 2010 : b) à désagréger le poste « production » des bilans ressources-utilisation en ses composantes de superficie et de rendement pour les divers types de conditions agro-écologiques (classes de terre), dont le nombre peut atteindre six, et c) à établir les bilans de l'utilisation des terres par classe de terre, y compris les terres irriguées.

Les projections des bilans ressources-utilisation pour tous les pays ont été établies pour les céréales, les produits animaux et les produits oléagineux en utilisant essentiellement le modèle formel à plusieurs produits et plusieurs pays et à prix ajustables qui sert pour les projections à moyen terme de la FAO (FAO World Food Model (WFM)). On trouvera une description détaillée du modèle et des paramètres qu'il fait intervenir dans FAO (1993i). Il suffira ici d'indiquer a) que ce modèle fournit pour chaque année des solutions d'équilibre mondial par les prix pour tous les produits pris en compte; b) qu'il comporte des équations de demande (pour l'alimentation humaine, l'alimentation animale et les autres utilisations) et d'offre (superficie, rendement, cheptel, etc). pour chaque pays ; c) que la solution pour chaque pays est influencée par celles de tous les autres pays en raison des importations et des exportations, qui s'équilibrent à l'échelle mondiale sous l'effet des variations des prix ; d) que la mesure dans laquelle les variations de prix sont transmises à chaque pays dépend des écarts entre prix intérieurs et prix mondiaux. Ces écarts dépendent des politiques suivies et on peut les faire varier pour étudier les résultats de différentes politiques commerciales; et enfin e) que ces projections sont soumises à de nombreux ajustements successifs à la suite des vérifications effectuées par les spécialistes sur la base des critères décrits ci-après. Ces ajustements sont pris en compte par le modèle au moyen d'une adaptation des paramètres et coefficients (en général les coefficients de tendance). Toutefois le modèle ne fait pas intervenir les contraintes liées aux ressources naturelles (terre et eau) et ne produit pas de bilans ni de paramètres pour les terres arables, les intensités de culture, etc. En conclusion, les résultats obtenus avec ce modèle ne sont qu'un élément important parmi les nombreux paramètres pris en compte pour établir les projections utilisées dans la présente Etude: en tout état de cause, ils n'interviennent que pour les céréales, les produites animaux et les oléagineux (les produits du WFM). Pour certains autres produits (sucre, caoutchouc, coton, jute, etc.), on a utilisé des modèles à un seul produit pour obtenir des projections initiales qui par la suite ont été soumises à plusieurs séries de vérifications et d'ajustements successifs.

Pour ces mêmes produits ainsi que pour tous les autres, on a établi des projections parallèles pour chaque élément des bilans ressources-utilisation, à savoir :

Pour l'élément alimentation humaine (directe), sous la forme utilisée dans les bilans ressources-utilisation (c'est-à-dire les disponibilitées d'aliments pour la consommation humaine directe)1, des projections par habitant ont été établies à partir des données de l'année de référence, d'un ensemble de fonctions estimées de la demande alimentaire (courbes de Engel2) pour jusqu'à 52 produits dans chaque pays et des hypothèses relatives à la croissance du PIB par habitant. Les résultats ont ensuite été examinés par des spécialistes des produits et de la nutrition et ajustés en fonction de toutes les connaissances et informations pertinentes, et notamment de l'évolution historique de la demande par habitant et des habitudes alimentaires dans le pays examiné. Enfin, on a projeté la demande totale de produits pour l'alimentation humaine (directe) en multipliant les projections par habitant par le chiffre projeté de la population. Cette ultime projection a parfois été ultérieurement révisée lors de l'établissement des projections des autres éléments des bilans ressources-utilisation, notamment de la production et des importations nettes (voir ci-après):

La projection de la demande de produits agricoles à des fins non alimentaires est une fonction des taux de croissance du PIB retenus et/ou des projections de la population, ajustée ultérieurement lors de l'examen des résultats. Ce poste n'est important que pour un petit nombre de pays et de produits, par exemple pour le sucre au Brésil ou le maïs aux Etats-Unis, qui tous deux sont utilisés comme matière première dans la production de combustible. Les données historiques laissent beaucoup à désirer et sont souvent réduites à un chiffre résiduel (différence entre les disponibilités et la somme des autres utilisations prises en compte dans les bilans ressources-utilisation).

La demande de céréales pour l'alimentation animale est calculée en même temps que les projections relatives aux produits animaux à partir des relations existant entre ces variables dans la solution du modèle WFM cité plus haut ; les chiffres sont ensuite contrôlés en multipliant la production projetéee de chaque produit animal par des coefficients intrants/extrants spécifiques à chaque pays (représentant les rations du bétail en termes d'énergie métabolisable fournie par les céréales et les sons). On a soustrait l'énergie qui peut être fournie par la production nationale de son; le reste représente la demande de céréales fourragères. La demande de protéines d'oléagineux pour l'alimentation animale (calculée pour commencer en termes d'équivalent protéines brutes) est essentiellement tirée des relations projetées dans le World Food Model. L'utilisation pour l'alimentation animale d'autres produits pour lesquels une utilisation fourragère figure dans les données historiques des bilans ressources-utilisation a été obtenue par des méthodes ad hoc (le plus souvent en postulant une proportion donnée de la production ou de la demande totales). On notera que ces projections de l'utilisation pour l'alimentation animale ne rendent pas pleinement compte du rapport entre production animale et ressources fourragères de tous types de chaque pays, car on ne dispose pas de données systématiques pour établir des bilans complets de toutes les ressources fourragères, y compris les aliments non concentrés (fourrages cultivés, herbages naturels, sous-produits autres que les sons, etc.).

La projection de la consommation sous forme de semences est une fonction de la production (taux d'ensemencement à l'hectare). La projections des pertes (entre la récolte et la vente au détail) est une proportion des disponibilités totales (production plus importations).

1. Les termes demande, consommation, disponibilité et disponibilités alimentaires par habitant sont utilisés indifféremment pour désigner l'élément alimentation humaine (directe) des bilans ressources-utilisation.

2. On trouvera dans FAO (1989d) des exemples d'estimations de l'élasticité provenant des enquêtes sur les budgets de ménages ou sur la consommation alimentaire.

Contrairement à ce qui a été fait dans le modèle WFM, cette méthode parallèle ne fait pas intervenir de projections des variations des stocks en l'an 2010. Cela ne signifie pas que l'on ait postulé que les stocks resteront constants; mais les variations permettant d'obtenir le niveau des stocks nécessaires en l'an 2010 peuvent se produire n'importe quelle année entre la période de base (1988/90) et 2010. Leur impact sur la production ne constituera qu'une ou des déviation(s) temporaire(s) par rapport à la tendance régulière représentée par une courbe joignant le niveau de production de la période de base à celui de l'an 2010. L'inclusion dans les chiffres de production de l'an 2010 d'une quantité représentant la variation «normale» des stocks (c'est-à-dire la variation nécessaire pour maintenir les stocks au niveau correspondant au pourcentage voulu de la consommation, et qui aurait déjà été atteint avant 2010) n'aurait guère d'effet sur le taux moyen de croissance de la production entre 1988/90 et 2010 si l'on ne tient pas compte des fluctuations par rapport au taux de croissance constant dans l'intervalle.

Les projections de la production et des échanges de chaque pays ont nécessité une série de calculs et d'ajustements répétés. La solution du WFM donne les niveaux initiaux pour les céréales, les produits animaux et les cultures oléagineuses. Pour tous les produits, les projections ont été établies et ajustés par itération sur la base des critères ci-après :

  1. Produits importés lors de la période de base (pays en développement seulement) : on a établi un niveau «d'objectif» pour l'année 2010 compte tenu de la demande projetée, des possibilités de croissance de la production (lesquels sont évalués de façon plus détaillée au cours d'étapes ultérieures de l'analyse, voir 7 ciaprès) ainsi que des valeurs préliminaires des taux d'autosuffisance projetés. Ces derniers sont utilisés seulement comme paramètres pour calculer les chiffres préliminaires des «objectifs» de production à évaluer au cours d'étapes ultérieures et ne traduisent aucun parti pris en faveur de l'augmentation des taux d'autosuffisance ; toutefois ils reflètent tout ce que l'on sait des objectifs d'autosuffisance que se sont fixés les divers pays et qui influencent leurs politiques. La question plus générale de la validité des objectifs d'autosuffisance est examinée au Chapitre 7.

  2. Produits exportés dans le passé et pendant la période de base (pays en développement seulement). On a postulé que les exportations continueront et que leur volume dépendra de la possibilité qu'a chaque pays d'accroître la production, du chiffre estimatif préliminaire de la demande d'importation de l'ensemble des autres pays ayant un déficit du produit considéré et de la part du marché mondial que le pays pourra avoir, compte tenu de tout ce que l'on sait des politiques et des autres facteurs qui influent sur sa compétitivité (voir par exemple le cas du caoutchouc naturel, présenté au Chapitre 3). Comme à l'échelle mondiale, la somme des déficits des pays importateurs doit être égale à celle des excédents des pays exportateurs, il y a une certaine simultanéité dans la détermination de la production de tous les produits dans tous les pays. Cet élément de simultanéité est pleinement pris en compte dans la solution du WFM, mais seulement pour les produits considérés dans ce modèle (céréales, produits animaux, cultures oléagineuses). Pour tous les autres produits, la solution a été obtenue non au moyen d'un modèle formel, mais par itérations successives, sur la base essentiellement d'une estimation raisonnée des parts de marché et d'évaluations un peu moins intuitives des possibilités de production (voir ci-après). On a ainsi déterminé des «objectifs» préliminaires de production (demande intérieure plus estimation préliminaire des exportations) des produits qu'exporte chaque pays en développement. Une fois déterminés ces objectifs préliminaires pour tous les produits, les derniers éléments du volet demande du bilan ressources-utilisation qui dépendent du niveau de la production (alimentation animale, semences et pertes) peuvent être calculés.

On a alors tous les chiffres préliminaires des bilans ressources-utilisation en 2010 pour tous les produits et tous les pays en développement (c'est-à-dire toutes les composantes de la demande ainsi que la production de chaque produit pour chaque pays). La différence entre la demande intérieure totale (consommation apparente) et la production donne le chiffre préliminaire de la balance commerciale (importations ou exportations nettes). L'étape suivante consistera à construire les bilans ressources-utilisation projetés pour les pays développés dont les soldes commerciaux nets globaux doivent être égaux à ceux des pays en développement, mais de signe opposé.3

  1. Les projections de la demande figurant dans les bilans ressources-utilisation des pays développés sont établis de la même façon que pour les pays en développement, si ce n'est que les critères utilisés pour les évaluer et les ajuster sont différents. On notera que l'évolution future des principaux paramètres des secteurs alimentaires et agricoles des économies anciennement planifiées d'Europe (ex-ECP) est très incertaine et que des facteurs spécifiques sont à prendre en considération (voir Chapitre 3).

  2. Pour les produits tels que le thé, le cacao, les bananes, le caoutchouc naturel, le jute, le manioc, que les pays développés ne produisent pas ou ne produisent qu'en quantité minime, la presque totalité de la demande de ces pays se traduit par des besoins d'importation. Ces besoins, plus les besoins d'importation des pays en développement déficitaires représentent le marché d'exportation ouvert aux pays en développement exportateurs. Pour ces derniers, les chiffres provisoires de la production et des exportations calculés comme indiqué ci-dessuqs ont été ajustés sur la base de jugements raisonnés de façon que leur somme soit égale à celle des besoins d'importation.

  3. D'autres produits exclus du WFM sont ceux dont tant les pays développés que les pays en développement produisent des quantités importantes mais dont les pays en développement ont traditionnellement des exportations nettes considérables (il s'agit essentiellement du sucre, des agrumes, du tabac et du coton). La façon dont ces produits ont été traités dans les projections est décrite au Chapitre 3. On a en particulier postulé que les échanges de sucre ne connaîtront guère de modifications dues à la libéralisation des régimes commerciaux mais seront influencés par l'évolution du commerce du sucre entre les ex-ECP et Cuba ; que les échanges de coton brut seront influencés par la part croissante des pays en développement dans les exportations mondiales de coton transformé et que l'évolution de la production et des échanges de tabac sera essentiellement déterminée par la baisse de la consommation par habitant dans les pays de l'OCDE et son accroissement dans le reste du monde.

  4. Dernier groupe de produits : ceux qui sont importés en grandes quantités par les pays en développement et à l'heure actuelle aussi par les ex-ECP, en provenance principalement des pays développés (essentiellement blé, céréales secondaires, lait). Pour ces produits, on a pris comme valeur initiale les projections résultant du modèle WFM, que l'on a ensuite ajustées par itérations successives comme suit : les chiffres initiaux de la production et du solde des échanges des ex-ECP ont été ajustés en fonction des critères présentés au Chapitre 3, à savoir la perspective d'une baisse de la demande et d'une reprise de la production par rapport à l'année de référence d'où, dans un premier temps, la substitution des importations, puis des exportations nettes. Ajouté au solde du commerce des pays en développement calculé précédemment, celui des ex-ECP définit les exportations nettes totales que doivent fournir les autres pays développés. Cette demande extérieure et la croissance projetée des besoins intérieurs de ces pays définira à son tour les niveaux de production futurs. Dans l'ensemble, la croissance nécessaire de la production de ce groupe de pays est modeste. Par exemple pour les trois principales régions exportatrices (Amérique du Nord, Europe occidentale et Océanie), la production future de céréales devra être de 680 millions de tonnes, ce qui suppose d'ici 2010 un taux de croissance de 0,7 pour cent par an (à partir de la moyenne 1991–92, qui s'établissait à595 millions de tonnes). Un tel taux est tout à fait réalisable compte tenu du potentiel collectif d'accroissement de la production de ces pays ; on n'a donc pas jugé nécessaire d'évaluer le réalisme de ces projections de production du point de vue des ressources naturelles et des possibilités d'accroissement des rendements (voir Avant-propos).

Un problème plus épineux est celui de la répartition de cet accroissement de la production et des exportations entre les trois grandes régions exportatrices. Au moment où a été faite la présente analyse, seule une partie des réformes des politiques nationales était connue. Quant aux résultats de l'Uruguay Round, on ne connaissait alors que des textes de négociation provisoires. Les mesures proposées concrètement par les pays pour donner suite à l'accord sur l'agriculture issu de l'Uruguay Round n'ont été publiées qu'après avril 1994. C'est pourquoi les projections de la production et des échanges nets figurant au Chapitre 3 ont été établies à l'échelle de l'ensemble des grandes régions exportatrices (Tableau 3.17 et Tableau de l'Annexe du Chapitre 3). Certains des facteurs susceptibles d'influencer la production et le solde des échanges des diverses régions sont examinés au Chapitre 3, notamment la possibilité que les exportations nettes de céréales de l'Europe occidentale ne dépassent pas le niveau de l'année de référence en raison de l'engagement de réduire les exportations subventionnées et de permettre un accès minimum au marché européen. Si cette éventualité se concrétise, tout le surcroît des exportations devra provenir d'Amérique du Nord et d'Océanie. Mais ce sont là des conclusions provisoires, assorties de toutes les réserves qui s'appliquent aux modèles sur lesquels elles sont basées. La FAO effectuera, pour les produits pris en compte dans le modèle WFM et pour certains autres produits, une évaluation plus concrète sur la base des listes présentées par les différents pays pour la mise en œuvre de l'Accord issu de l'Uruguay Round.

  1. A ce stade, les projections de la demande de la production et des échanges sont complètes : on dispose d'un Bilan ressources-utilisation projeté pour chaque pays et pour chaque produit (mais seulement d'un bilan complet pour l'ensemble les grandes régions développées exportatrices) et les importations mondiales sont égales aux exportations mondiales. Toutefois ces projections sont encore provisoires dans l'attente d'une évaluation plus détaillée du réalisme des projections de la production des pays en développement du point de vue de l'utilisation des terres et des eaux et de l'accroissement des rendements. Cette évaluation se fondera sur a) les données détaillées construites pour l'année de base lors de la phase de préparation des données décrite plus haut (matrice des superficies et des rendements de l'année de référence par culture et par classe de terres), et b) les connaissances et le raisonnement des spécialistes des produits, des pays et des différentes disciplines agronomiques. Cette opération vise principalement à vérifier le réalisme des projections préliminaires de la production de chaque pays en développement en construisant pour l'année 2010 la matrice 33 × 15 des superficies et des rendements par classe de terres correspondant à celle qui a été construite, comme on l'a vu plus haut, pour l'année de référence. Pour des raisons exposées aux Chapitres 3 et 4, la Chine n'est pas prise en compte dans cet exercice.

Pour évaluer les projections de la production végétale, on a tenu compte de tout ce que les spécialistes des pays, des produits et des disciplines savaient au sujet des conditions agronomiques locales, des plans nationaux, etc. pertinents pour chaque culture et chaque pays, notamment : a) une éventuelle tendance à utiliser davantage les variétés hybrides de riz ou au contraire à revenir aux variétés traditionnelles plus appréciées (car c'est là un élément très important pour formuler un jugement informé sur les perspectives du secteur rizicole) ; b) les plans nationaux en cours ou en préparation en matière par exemple d'irrigation ou de plantation de palmiers à huile, d'hévéas, etc. ; c) les arrangements de commerce préférentiel susceptibles d'influer sur l'évolution de la production, par exemple sur la banane ou le sucre, etc..

Les ressources en terre de chaque pays et leur classement selon l'aptitude à la production des cultures pluviales (voir Chapitre 4) sont des paramètres importants pour déterminer les combinaisons possibles superficie récoltée-rendement par classe de terre. On a commencé par postuler pour chaque classe agro-écologique des taux réalistes d'expansion des superficies cultivées (par mise en culture de nouvelles terres ou par accroissement des intensités de culture, y compris au moyen d'une expansion de l'irrigation). On a de même établi des hypothèses pour l'accroissement des rendements et des superficies consacrées à chaque culture. Compte tenu du grand nombre d'hypothèses détaillées et de disciplines techniques mises en jeu, il a fallu procéder à beaucoup d'itérations pour obtenir des résultats qui respectent les contraintes fondamentales (disponbilités de terre et rendements théoriques maximums pour l'an 2010, par pays et par classe de terre). A l'issue de cette opération, l'objectif de production initial pouvait être affiné et accepté ou, au contraire, révisé à la baisse pour certaines cultures à cause de l'insuffisance des ressources en terre (ou dans certains cas des ressources en terre de la classe voulue) ou parce que cet objectif impliquait un accroissement de rendement que les spécialistes estimaient irréaliste pour l'an 2010, même en admettant une amélioratiom plausible des politiques.

  1. Une analyse analogue a été faite pour la production animale, en utilisant comme paramètres les effectifs et le rendement du cheptel (taux d'exploitation, poids carcasse, rendement en lait, nombre d'œufs par poule pondeuse, etc.). On a utilisé ce que l'on savait des ressources fourragères des divers pays pour évaluer les perspectives de la production.

  2. Compte tenu des résultats des étapes 7 et 8 ci-dessus, des ajustements finaux ont été apportés aux autres postes des bilans ressources-utilisation pour lesquels les « objectifs » provisoires de production avaient été modifiés à l'issue du test de faisabilité. Si la modification du chiffre projeté de la production s'est traduite par un accroissement des besoins d'importation jugé « excessif » pour certains pays, la projection de la demande a parfois été révisée à la baisse, de façon à compenser totalement ou en partie le déficit. Enfin, une dernière itération a été opérée pour ajuster les bilans de la production et des échanges des autres pays de façon à compenser ce déficit de production et à satisfaire le surcroît de besoins d'importation des pays en développement pour lesquels il avait fallu réviser à la baisse les « objectifs » provisoires de production.

On dispose ainsi de projections complètes de la demande, de la production et des échanges à l'échelle mondiale, reposant sur une évaluation chiffrée pour tous les pays en développement des bilans des ressources en terre et en eau, des combinaisons superficie récoltée-rendement (par culture et par classe de terre) et des paramètres pertinents de la production animale.

  1. Dans une dernière étape, on a projeté la consommation d'engrais. Pour cela, on a commencé par multiplier des coefficients d'apport d'engrais, spécifiques pour chaque culture, chaque classe de terre et chaque niveau de rendement, par le chiffre projeté des superficies récoltées. Ces coefficients ont été construits par les agronomes sur la base de toutes les données disponibles (par exemple FAO 1989c, et FAO/IFA/IFDC, 1992) interprétées à la lumière de leur expérience et des normes agronomiques. Comme ces coefficients sont différents pour chaque niveau de rendement, cette méthode équivaut à l'utilisation de fonctions de réponse aux engrais pour chaque classe de terre et chaque culture. Les coefficients sont initialement les mêmes pour tous les pays mais sont par la suite calibrés pour chaque pays au moyen du multiplicateur nécessaire pour reproduire le chiffre de contrôle de l'utilisation totale d'engrais dans le pays pendant l'année de référence, qui est disponible dans les sources de données existantes. On trouvera plus de détails sur cette méthode dans Bruinsma et al (1983).

3. Pour ces projections, l'équipe a bénéficié de la coopération de chercheurs du Centre de développement agricole et rural de la Iowa State University, Etats-Unis (S. Johnson et W. Meyers) ainsi que de l'Institut für Agrarpolitik de l'Université de Bonn, Allemagne (K. Frohberg).

Evaluation sommaire de la méthodologie

Les principales caractéristiques de la méthodologie peuvent être récapitulées comme suit : a) l'analyse est très détaillée (par produit, par pays, par classe de terre, etc.) ; b) les paramètres de comportement ne sont utilisés explicitement dans les projections que pour les produits pris en compte dans le modèle WFM (et pour tous les produits dans les projections de la demande alimentaire) ; c) les prix n'interviennent explicitement pour équilibrer la demande et l'offre que pour les produits du modèle WFM, et seulement au stade des projections initiales qui ont par la suite fait l'objet d'un grand nombre de vérifications et d'ajustements successifs ; d) les relations entre l'agriculture et le reste de l'économie ne sont pas prises en compte si ce n'est l'influence de la croissance des revenus sur la demande alimentaire : e) la méthode donne des bilans très détaillés de l'utilisation des terres (par classe agro-écologique et en faisant la distinction entre superficies récoltées et terres arables) et permet de contrôler si elles sont réalistes du point de vue des disponibilités de terres, et f) la méthode fait appel à des sources de données très diverses ainsi qu'aux connaissances et au jugement de différents spécialistes de toutes sortes de pays et de disciplines.

La méthode présente des avantages et des inconvénients. Un de ses avantages est que, grâce au caractère très détaillée de l'analyse, les projections et conclusions présentées pour des groupes de pays, des régions ou le monde entier ainsi que pour les grands agrégats de produits et l'ensemble du secteur agricole reposent sur des évaluations chiffrées détaillées par pays et par produit. En pratique, tous les bilans mondiaux sont la somme des bilans par pays ou par produit et peuvent être reventilés pour obtenir les bilans d'origine par pays ou par produit. La présente étude se différencie en cela de la plupart des évaluations mondiales pour lesquelles les analyses sont généralement effectuées au niveau des grands pays et/ou régions et souvent seulement pour les produits les plus importants agrégés en grands groupes.

Le rôle important confié à des équipes multidisciplinaires est en grande partie indissociable de ce caractère très détaillé de l'analyse : en effet les spécialistes ne peuvent fournir un apport utile qu'au niveau de détail auquel s'appliquent leurs connaissances spécialisées. Ces dernières comprennent généralement une connaissance des conditions locales dans des pays très divers, ce qui est le deuxième grand avantage de la méthode.

Les principales faiblesses de la méthode tiennent aux mêmes facteurs que ses qualités : le détail très poussé de l'analyse et le rôle important des experts. Les apports de ces derniers sont évidemment gérés par un vaste système de traitement des données qui, après un grand nombre d'itérations, produit un ensemble de projections compatibles entre elles. Mais cette cohérence est uniquement d'ordre comptable. Les projections fondées sur le jugement des experts souffrent du fait que les critères et postulats de base et les mécanismes implicites de décision ne peuvent être formalisés et peuvent varier d'une personne à l'autre et d'un moment à l'autre. Les projections ne sont donc pas strictement reproductibles, pas même pour construire d'autres scénarios en faisant varier seulement certains postulats, ce qui aurait été possible avec un modèle plus formalisé.

L'utilisation de modèles formalisés pour ce type de travail présente des avantages et des inconvénients (Alexandratos, 1976). En ce qui concerne la présente étude, il était impossible d'effectuer l'analyse dans le détail voulu avec un unique modèle représentant le comportement des différents acteurs (producteurs, consommateurs, gouvernements) et avec des mécanismes de compensation actionnés par les prix. En effet, une bonne partie des données qui seraient nécessaires à cela ne sont pas disponibles. Avec un tel modèle, il aurait fallu soit a) se contenter d'un modèle beaucoup moins détaillé, qu'il s'agisse du nombre des produits, des pays ou de l'utilisation des terres, soit b) construire un modèle énorme, sans renoncer au détail, mais en se contentant pour l'essentiel de valeurs des paramètres et des coefficients estimées par les experts au lieu de données solides. La première option n'aurait évidemment pas permis l'évaluation multidisciplinaire des résultats par des experts. En outre l'étude n'aurait guère permis de tirer des conclusions à des niveaux très divers faute de détails par pays et par produit.

La deuxième option (modèle énorme, paramètres estimés sur la base de l'opinion informée des experts) n'est en fait qu'une variante de la méthode utilisée ici, la différence étant que l'opinion des experts interviendrait au niveau de l'estimation des valeurs des paramètres et coefficients de départ. Cette option serait préférable au parti qui a été pris dans la présente étude parce que l'utilisation de l'opinion des experts serait disciplinée par la nécessité de maintenir les valeurs des paramètres et coefficients dans certaines limites acceptables. Les itérations et dialogues seraient grandement facilités, il serait possible de construire des scénarios multiples et la transparence serait meilleure. Toutefois la préparation d'un tel modèle demanderait énormément de ressources et de temps, en particulier pour la construction des algorithmes. Cette tâche pourrait être écrasante dans le cas d'un modèle mondial qui prendrait en compte une centaine de pays échangeant plus de 35 produits, jusqu'à six types de conditions agro-écologiques par culture, etc. Ce modèle risquerait d'absorber une part disproportionnée des ressources disponibles pour l'étude sans pour autant donner l'assurance que le produit final soit satisfaisant.

En conclusion, les améliorations futures de la méthodologie devraient viser à lui conférer certains des avantages des modèles formalisés, à savoir un énoncé explicite des hypothèses de comportement et leur confrontation avec les données réelles, des résultats reproductibles et la possibilité de construire plusieurs scénarios sur des bases cohérentes. En tout état de cause, il importe de conserver les avantages de la méthode utiliséee ici, à savoir la ventilation poussée par pays, par produit et par condition agro-écologique et la possibilité qui en découle de faire intervenir des apports multi-disciplinaires et de tirer parti de sources très diverses de connaissances et d'expérience. Il est peu probable que ces avantages puissent être maintenus dans un modèle formalisé sans sacrifier le caractère détaillé de la présente étude, du moins avec des ressources et dans des délais raisonnables. Une utilisation plus productive de ces ressources consisterait à se concentrer sur l'amélioration de certains aspects de la méthodologie, ainsi que cela a été fait avec le WFM, qui a été construit pour appréhender les interdépendances entre les sous-secteurs céréaliers, oléagineux et zootechniques. Pour les travaux ultérieurs sur l'agriculture et l'environnement, il faudrait développer des méthodes d'analyse permettant de lier les données géoréférencées sur les ressources agricoles à l'évaluation des perspectives de production.


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