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4. Le stockage dans le système de commercialisation

Assurer la viabilité économique

4.1 Le stockage correspond à plusieurs fonctions mais toutes supposent de faire durer les produits, qu’il s’agisse de nourrir les familles d’agriculteurs au-delà de la période de récolte, de constituer des réserves alimentaires nationales en cas d’urgence ou encore d’approvisionner à longueur d’année les consommateurs aisés en aliments exotiques. Comme pour toutes les autres activités après-récolte, chaque décision de stockage doit obéir à l’impératif de la viabilité économique, sauf pour des raisons de sécurité alimentaire. Autrement dit, les prix après stockage devront amplement compenser le coût du stockage.

Encadré 4: CONSÉQUENCES DES PROGRAMMES D’AJUSTEMENT STRUCTUREL

Toute modification des mécanismes de commercialisation des cultures de base (à la suite de programmes d’ajustement structurel par exemple) risque d’entraîner des changements dans les besoins de manutention après-récolte. En Afrique orientale et australe, du fait de la diminution du rôle des offices de commercialisation, les agriculteurs n’ont souvent plus de débouché assuré. Autrefois, on comptait sur les organismes semi-publics pour la collecte et le stockage de la récolte, avant le début de la saison des pluies, même si le paiement n’était pas toujours immédiat. L’agriculteur n’avait pas à se soucier du stockage. Dans un système libéralisé, il est possible que le secteur privé, à terme, développe une capacité de stockage long. Ces changements signifient pour de nombreux pays qu’il faudra dans l’immédiat une plus grande capacité de stockage sur l’exploitation, même s’il est probable que les agriculteurs subissent des pressions pour vendre immédiatement après la récolte afin de payer leurs impôts, les frais de scolarité, etc. Les exploitants auront peut-être besoin d’être formés correctement aux techniques de séchage et de stockage; il faudra en outre leur fournir des insecticides. Il faut également prévoir un programme d’éducation pour les agriculteurs, car bon nombre d’entre eux, autrefois pris en charge par les structures d’Etat, ne savent pas encore s’adapter à la demande du marché ou repérer des débouchés pour leurs produits.

Dans les pays où des organismes de commercialisation contrôlaient autrefois en grande partie la commercialisation des céréales, il n’était guère besoin de disposer de marchés publics des céréales et autres produits de base. Dans ces pays, ces marchés concernaient les fruits et légumes, le bétail et la viande. Cependant, avec la libéralisation du commerce, il faut désormais mettre en place des marchés de gros où les négociants de céréales pourront facilement écouler leurs produits et où les détaillants pourront s’approvisionner à moindres coûts.


4.2 Il sera important à l’avenir de bien comprendre les répercussions du processus de libéralisation en cours sur la question du stockage. Les gouvernements, les donateurs et les organismes d’assistance technique ont tous un rôle à jouer dans l’analyse en profondeur du fonctionnement du système de commercialisation pour proposer des améliorations efficaces aux méthodes de manutention et de stockage10. Qui plus est, à une époque où la commercialisation subit des modifications rapides du fait de changements d’orientation et de l’urbanisation, ces analyses se doivent d’être dynamiques et non statiques dans leur démarche. Suite aux mesures imposées dans le cadre des programmes d’ajustement structurel (voir encadré 4) dans de nombreux pays en développement, les installations de stockage et de distribution, anciennement aux mains d’organismes semi-publics, sont devenues en grande partie superflues ou encore sont utilisées à des fins auxquelles elles n’étaient pas destinées à l’origine.

Cependant, on continue à construire des installations de stockage qui ne correspondent ni aux besoins existants, ni aux impératifs qui seront probablement ceux du gouvernement ou des secteurs commerciaux une fois achevée la libéralisation du marché.

Évolution des besoins en matière de stockage

4.3 Si certains entrepôts relevant autrefois des offices de commercialisation peuvent être nécessaires comme réserves de sécurité alimentaire, sans doute gérées dans un premier temps par les pouvoirs publics, d’autres seront probablement inutilisés. Les négociants pourraient prendre en main le stockage intersaisonnier assuré autrefois par les organismes de commercialisation des céréales, mais ils sont le plus souvent handicapés par un manque de capitaux, et auront donc le plus grand mal à financer les stocks. Une solution pour les négociants consisterait à placer leurs stocks dans des entrepôts sûrs et de négocier un crédit en utilisant les stocks comme garantie11. Il semblerait également que des entreprises spécialisées puissent avoir leur place; il pourrait s’agir d’entreprises privées reprenant les entrepôts des offices de commercialisation, ou encore d’anciennes agences de commercialisation cherchant à se diversifier. Les gouvernements peuvent faciliter cette nouvelle orientation en adoptant des lois sur l’entreposage et en donnant des conseils sur les normes de qualité requises.

4.4 Bon nombre des vastes entrepôts utilisés par les organismes de distribution des fruits et légumes dans les anciens pays à économie planifiée ne conviennent pas aux nouvelles entreprises en gros qui commencent à se créer. Dans beaucoup de pays, le secteur privé a repris ces grosses installations mais les utilise pour entreposer toute sorte de produits de consommation, et pas uniquement des produits frais. Souvent, les entrepôts frigorifiques ont été mal conçus et sont tellement vastes et mal entretenus que le secteur privé est incapable de les gérer de manière rentable. L’effondrement de l’ancien système de distribution a souvent obligé les agriculteurs à assumer la responsabilité de la commercialisation de leurs propres produits. On peut penser qu’à terme, des grossistes utilisant des techniques modernes de manutention de fruits et légumes vont apparaître. Cependant, ils investiront probablement dans leurs propres installations de stockage, plutôt que de continuer d’utiliser l’infrastructure de l’ancien système.

4.5 Notamment pour les produits horticoles après-récolte, on peut utiliser de nouvelles technologies améliorées. Par exemple, la durée de l’entreposage peut être prolongée par une meilleure maîtrise des températures et du degré d’humidité, ainsi que par l’atmosphère contrôlée (Harris, 1986; FAO, 1989; Kader, 1992). De manière générale, on évite désormais de chercher des solutions purement techniques aux problèmes qui se posent dans le secteur après-récolte12. Souvent, il suffit de tenir compte des aspects économiques, sociaux et de gestion pour trouver des solutions peu coûteuses et mieux adaptées. A l’époque de l’intervention systématique de l’Etat dans la commercialisation, de nombreux entrepôts frigorifiques, construits dans les marchés de gros pour stocker les produits locaux, n’ont servi qu’à stocker des fruits importés du fait que le stockage de cultures périssables produites sur place était incompatible avec la vente au quotidien de produits frais dès livraison.


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