Page précédente Table des matières Page suivante


4. RESUME DES CONCLUSIONS

4.1 Conclusions par continent

Les diverses études, enquêtes et informations qui ont été présentées et discutées au cours de cet atelier concernaient l'Amérique latine, l'Asie, l'Afrique et l'Europe. Les flottilles et unités de pêche enquêtées comprenaient les principaux types de bateaux de taille moyenne et de grande taille que l'on trouve dans ces pays. Les embarcations utilisées par la petite pêche artisanale ont été traitées uniquement pour le Ghana, le Sénégal, la France, l'Indonésie, la Malaisie et dans une certaine mesure pour l'Inde.

Les études de cas portant sur des unités de pêche en Amérique latine, en Afrique, en Europe et en Asie semblent indiquer que, dans la plupart des cas, malgré une forte exploitation et parfois une surexploitation de la ressource, les pêches maritimes constituent encore une activité économiquement et financièrement viable qui génère suffisamment de chiffre d'affaires pour couvrir l'amortissement et le coût d'opportunité du capital* et dégager des fonds suffisants pour assurer le réinvestissement, des emplois, des revenus ainsi que des rentrées de devises. On a noté qu'en Asie et en Amérique, on manque d'informations sur les performances économiques de la pêche artisanale et de la petite pêche côtière.

Bien qu'une documentation limitée ait été collectée sur les services financiers accessibles au secteur de la pêche, y compris les programmes de crédit institutionnels et les subventions qu'ils prévoient, on ne peut déterminer dans quelle mesure les performances économiques des unités de pêche enquêtées ont été influencées par les transferts financiers macro-économiques, notamment des subventions indirectes (exemption de taxe sur les moyens de production, etc.). Les profits et coûts externes éventuels (coûts découlant de la détérioration de l'environnement, par exemple) n'ont pas été pris en considération.

On a aussi fait remarquer que, dans de nombreux cas, l'information dont on disposait dans le cadre national sur le niveau d'exploitation des ressources halieutiques ciblées par des flottilles spécifiques manquait de fiabilité. La collecte et l'analyse des statistiques nationales pour le secteur de la pêche ont besoin d'être améliorées. Ce problème a été abordé par les groupes de travail constitués à la fin de la réunion interrégionale pour passer en revue les conclusions des études présentées. Leurs recommandations sont résumées dans le présent rapport.

Pour ce qui est des liens entre viabilité économique et pérennité des pêches maritimes, les débats qui ont eu lieu au sein des groupes de travail semblent indiquer qu'il s'agit là d'une relation plutôt complexe du fait que de nombreux facteurs sont en cause. Des recommandations spécifiques ont été émises sur la façon d'étudier plus en détail cet aspect.

* Revenu virtuel attendu d'un capital identique placé aux conditions courantes du marché

Tout compte fait, il faut considérer les études et les conclusions citées dans ce rapport comme un premier pas, un premier effort de collecte et de présentation de données relatives aux performances économiques des pêches maritimes. On a beaucoup besoin de ce type d'information. Parmi les recommandations exprimées par les groupes de travail, et que l'on trouvera ci-dessous, il y a un certain nombre de suggestions intéressantes sur la façon de compléter la documentation pour ce qui est du rôle des facteurs macro-économiques, notamment les transferts financiers, les renseignements sur l'écoulement des captures, la transformation, la commercialisation, etc.

Plus précisément, les conclusions font apparaître les points suivants:

Conclusions relatives au Ghana et au Sénégal

La petite pêche au filet maillant encerclant et le chalutage qui ciblent poissons et crevettes au large du Sénégal sont les seuls métiers à avoir enregistré un résultat net négatif. Tous les autres types de pêche (petite pêche à la ligne de fond, au filet dérivant, au filet maillant calé, à la senne de plage, à la senne coulissante, pratiques mixtes, gros et moyens chalutages semi-industriels ou industriels ciblant poissons et crevettes, pêche à la canne) ont produit un excédent net d'exploitation.

Conclusions relatives au Pérou et à l'Argentine

Si les gros chalutiers péruviens présentaient un résultat net négatif, les senneurs de ces deux pays et les chalutiers argentins enregistraient un excédent net d'exploitation.

Conclusions relatives à l'Asie

Toutes les unités de pêche qui ont été enquêtées en République de Corée, à Taiwan, Province de Chine et en Malaisie ont généré un excédent net d'exploitation, comme l'ont fait également cinq des sept bateaux chinois de moyenne et grande taille typiques et sept des huit bateaux indonésiens typiques. Les unités qui parvenaient à dégager un excédent net d'exploitation utilisaient des engins de pêche très divers : senne coulissante, chalut de fond et pélagique, chalut-bœuf, turlutte, filet à l'étalage, filet fixe, senne, ligne à main pour le thon, pêche à la canne et à la palangre. En Indonésie les petites unités utilisant le filet maillant enregistraient un résultat net négatif, de même que les petits bateaux chinois travaillant au chalut de fond en bœuf et avec des chaluts à l'étalage.

Si les trois types de bateaux de moyenne et grande taille qui ont été enquêtés en Inde (thoniers-palangriers, senneurs et chalutiers) dégageaient un excédent net d'exploitation, deux des trois petites unités (senne ou ligne à main) arrivaient tout juste à équilibrer les comptes ou présentaient un résultat net négatif.

Conclusions relatives à la France et à l'Espagne

Sur les 23 types de bateaux de pêche de petite, moyenne et grande taille étudiés en France et en Espagne, seulement deux types de chalutiers français hauturiers enregistraient un résultat net négatif. Les 21 autres types (ligne à main, filet maillant, senne, pêche à la canne, palangre, chalutiers côtiers ou pêchant au large) présentaient tous un excédent net d'exploitation.

En Afrique de l'Ouest on n'a pas observé de différence significative entre les performances de la petite pêche et celles des bateaux de taille moyenne et de grande taille. Au Ghana et au Sénégal, le secteur de la petite pêche obtient généralement de bons résultats, à l'exception des unités sénégalaises travaillant au filet maillant encerclant. En Indonésie et en Inde, la pêche artisanale et la petite pêche littorale semblaient souffrir des activités des senneurs et chalutiers de moyenne et grande taille qui opèrent aussi bien près des côtes qu'au large. En France et en Allemagne, la petite pêche paraissait plutôt bien s'en sortir. On n'a pas pu disposer d'informations pour l'Espagne.

Pirogue de pêche, Sénégal

Pirogue de pêche, Ghana

Bateau de pêche, Ghana

On a fait remarquer que dans les pays en développement, les aides et subventions ont récemment beaucoup diminué. Actuellement, là où elles existent, elles concernent uniquement quelques secteurs de la pêche au large, de la pêche artisanale, des coopératives et des opérations de pêche dans des secteurs éloignés et sous-exploités. Elles prennent surtout la forme d'aide à l'investissement et de détaxe sur les carburants. Mais là aussi les subventions diminuent.

On a également noté que, par rapport aux pays en de développement, les aides diverses accordées au secteur de la pêche étaient bien plus importantes dans l'Union Européenne : aide à l'investissement, détaxe sur les carburants, indemnisation des arrêts de pêche, prix minimum, etc.

4.2 Performances économiques de certains «métiers» par région

Dans ce chapitre, on a comparé les performances économiques et financières d'un certain nombre de métiers par région. Pour plus de détails, on se reportera à l'annexe II. Les indicateurs suivants ont été utilisés :

Afrique :

Dans les deux pays étudiés, le Ghana et le Sénégal, c'est la petite pêche maritime traditionnelle qui affiche le meilleur score économique :

Pêche pélagique (%) :

Pirogues avec senne coulissante :   
 Ghana Sénégal
RN / RT (%)10,6 17,0
RI21,1 44,8
Senne de plage    
 pirogues sans moteur pirogues à moteur 
RN / RT (%)25,2 10,6 
RI48,0 16,5 
  Ghana Sénégal
Filet maillant dérivant:    
RN / RT (%)    7,9  
RI 19,5  
Pêche démersale:    
Filet maillant de fond :    
RN / RT (%) 21,3  
RI 45,5  
Pirogues polyvalentes :    
RN / RT (%)   16,2
RI   30,6
Ligne de fond :    
RN / RT (%) 11,5  2,0
RI 51,5  8,6

Les bateaux semi-industriels qui opèrent près des côtes sont économiquement moins efficaces et même non performants. Les chalutiers et senneurs semi-industriels du Ghana, par exemple, conservent un résultat net positif, mais pour les chalutiers sénégalais de ce type, le résultat net s'avère négatif.

Les bateaux industriels qui ciblent le thon et la crevette au large du Ghana obtiennent des résultats économiques et financiers très favorables, comme on peut le voir ci-dessous :

 Thoniers-canneurs
RN / RT (%)
21,0
RI
21,4
 Crevettiers (chaluts de fond)
RN / RT (%)
21,7
RI
22,2

Amérique latine

Les senneurs du Pérou et les chalutiers qui pêchent le merlu en Argentine semblent avoir une bonne rentabilité qui augmente avec la taille du bateau.

Les cours du poisson diffèrent considérablement entre les chalutiers qui ciblent le merlu suivant qu'ils sont au Pérou ou en Argentine. L'étude argentine citait le chiffre de 310 dollars EU la tonne pour le Merluccius hubbsi tandis que la documentation fournie par INFOPESCA indiquait pour le Merluccius Gayi produit par les bateaux péruviens un prix pratiquement moitié moindre, autour de 155 dollars la tonne.

Chalutier, Argentine

Pêche pélagique:Senneurs péruviens
     
Dimension    
de la cale (m3)35180270350
RN/RT (%)15,719,32237,2
RI7,611,313,626
   
Pêche démersale: Chalutiers argentins
     
Longueur du bateau (m) 253035
RN / RT (%) 12,420,224,8
RI 13,617,724,1
 
Chalutiers péruviens (cours réévalué du poisson: 155 $EU/tonne)
     
Dimension de la cale (m3) 80140220
RN / RT (%) 45,840,47,7

Asie de l'Est

Pêche pélagique : On fait état de bonnes performances économiques et financières pour les senneurs en Chine, les thoniers senneurs à Taiwan, Province de Chine et pour les chalutiers pélagiques en République de Corée.

 Senneurs
Chine
Thoniers senneurs
Taiwan, Province de Chine
   
RN /RT (%)35,815
RI14,7   12,3
   
 Chalutiers pélagiques (anchois)  
République de Corée
 
   
RN / RT (%) 10,2 
RI 14,4

Pêche démersale: On fait état de bonnes performances pour les bateaux sud-coréens utilisant la senne danoise et pour les chalutiers opérant en solo, pour les chalutiers chinois et sud-coréens pêchant en bœuf au chalut de fond, pour les bateaux chinois travaillant au filet fixe. Les performances restaient moyennes pour les bateaux pêchant à la turlutte (Jigging) tandis qu'elles n'étaient pas bonnes pour ceux qui utilisaient le chalut à l'étalage aussi bien en Chine qu'en République de Corée.

Chalutier - pêche-arrière, Chine

Dragueurs, Chine

Senne danoise
République de Corée

 Gros bateauMoyen (Ouest Mer mérid.)Moyen (Mer orient.)
RN / RT (%)
27,2
15
4,2
RI
81,6
15,5
6,0
   
 
Chalut-bœuf de fond
 
 
Chine
République de Corée
 
    
RN / RT (%)
16,3
9,9
 
RI
14,9
19,1
 
   
 
Chalut de fond (en solo)
 
 
Chine
République de Corée
 
    
RN / RT (%)
2,1
33
 
RI
2,7
36,9
 
    
 
Filet-piège fixe
 
 
Chine
  
    
RN / RT (%)
21,5
  
RI
93,7
  
    
 
Turlutte (Jigging)
 
 
Chine
République de Corée
 
RN / RT (%)
18,3
11,6
 
RI
6,2
11,1
 

Asie du Sud et du Sud-Est

Seuls les bateaux semi-industriels et industriels ont fait l'objet d'une enquête en Inde et en Indonésie. Les performances économiques et financières des senneurs, palangriers et canneurs ciblant le thon sont comparées ci-dessous:

Pêche pélagique:

 Senneurs
Inde
MalaisieIndonésie 
Longueur
ou taille
13 m30/40 TJB17 m25,6 m
     
RN / RT (%)21,710256,4
RI16,215,9194,8

Ces chiffres indiquent que la rentabilité est bien meilleure pour les petits senneurs de 13 ou 17 m. Les bateaux de 25,6 m ont des coûts d'exploitation plus élevés (amortissements, consommation de carburant…). Il y a peut-être une autre raison : les cours des petits pélagiques sont plutôt bas en Asie du Sud-Est de sorte que les gros senneurs ont du mal à réaliser suffisamment de profits.

La situation est toute différente pour les thoniers palangriers car les plus grands sont aussi les plus rentables économiquement et financièrement.

 Thoniers-palangriers :
 IndeIndonésie
Longueur
du bateau (m)
3623,4
   
RN / RT (%)236
RI20,52,3

Les palangriers de taille moyenne sont moins performants que les grands peut-être parce qu'ils n'ont pas un rayon d'action suffisant, ce qui est un facteur important quand on pêche le thon à la palangre.

En Indonésie, les deux tailles de bateaux qui ont été enquêtées ont affiché de bonnes performances financières et économiques pour les thoniers canneurs.

 Thoniers-canneurs
 Indonésie
TJB1030
RN / RT (%)16,420,4
RI29,620,4

Les résultats des chalutiers pêche-arrière étaient bons en Inde, moins bons en Malaisie, sans doute parce que les stocks démersaux sont surexploités.

Pêche démersale :Chalutiers pêche-arrière
 IndeMalaisie
   
RN / RT (%)19,17,5
RI245,7

Parmi les méthodes traditionnelles utilisées pour la pêche démersale en Malaisie, la ligne à main se révélait la plus rentable économiquement et financièrement. La pêche au filet maillant dérivant ne dégage qu'un Résultat net positif marginal qui permet tout juste d'atteindre le seuil de rentabilité, peut-être à cause de la concurrence des chalutiers, des senneurs et aussi d'une forte exploitation de la ressource.

 Ligne à mainPiège mobile
 Malaisie
   
RN / RT (%)25,29,3
RI22,34,8

Senneur, Malaisie

Chalutier, Malaisie

Europe

En France, en Allemagne et en Espagne les pêches maritimes sont généralement confrontés à une situation préoccupante, pour deux raisons :

France : Pour les raisons indiquées plus haut, les types de bateaux les plus rentables sont les petits côtiers.

Pêche pélagique :Senneurs côtiers (Atlantique)
  
Longueur du bateau (m)15
  
RN / RT (%)12,4
RI29
  
Pêche démersale :Ligne de fond (Atlantique)
  
Longueur du bateau (m)8–10
  
RN / RT (%)25,2
RI29,9

Ces bonnes performances sont obtenues grâce à des coûts d'exploitation modérés (notamment pour le poste carburant). Compte tenu du fait que de nombreux bateaux artisans ont plus de 25 ans, les provisions pour amortissement sont également peu importantes.

D'autres types de bateaux plus grands obtiennent des résultats moins favorables qui restent cependant positifs :

 Filet maillant de fond
  
Longueur du bateau (m)12–20
  
RN / RT (%)2,8
RI1,3
  
 Chalutiers hauturiers
  
Longueur du bateau (m)19–20,5
  
RN / RT (%)4,6
RI3,1

Allemagne: Les quelques chalutiers-congélateurs qui subsistent dans les eaux septentrionales ont une faible rentabilité mais réussissent quand même à obtenir des résultats positifs.

RN / RT (%)1,7
RI1,2

Comme c'est le cas pour la France, les petits crevettiers et petits chalutiers de pêche fraîche très spécialisés («cotres») obtiennent d'assez bons résultats grâce à des coûts d'exploitation et d'amortissement peu élevés, comme il apparaît ci-dessous :

Cotres:CrevettiersChalutiers de pêche fraîche
  Mer du Nord et BaltiqueSassnitz
RN / RT (%)26,414,223,2
RI18,210,818,4

Espagne: L'Espagne possède une plus grande variété de bateaux de pêche et de zones de pêche, surtout si l'on inclut les chalutiers-usines qui pratiquent la pêche hauturière ou lointaine. La situation économique diffère complètement selon qu'il s'agit de la pêche côtière ou de la pêche hauturière ou lointaine. C'est la pêche côtière qui obtient les meilleurs résultats.

Pêche pélagique :

 Pêche côtère  
    
 Canneurs
(Atlantique)
Senneurs côtiers
(Méditerranée)
Senneurs côtiers
(Atlantique)
Longueur du bateau (m) 24 24 17
RN / RT (%)10,618,5  6,7
RI26,531,113,1
 Pêche lointaine  

Les senneurs qui pratiquent la pêche au thon tropical ont obtenu des résultats médiocres en 1994 à cause de la faiblesse du dollar. La situation s'est améliorée en 1996 et on estime que les perspectives à long terme sont plutôt satisfaisantes.

Pêche démersale :

 Pêche côtère 
   
 Chalutiers côtiers
(Méditerranée)
Chalutiers côtiers
(Atlantique)
   
Longueur du bateau (m)1818
   
RN / RT (%)12,25,7
RI15,57,4

Pour interpréter les différences entre les performances économiques et financières des chalutiers qui opèrent en Méditerranée et ceux qui sont dans l'Atlantique, il faut se rappeler que sur la façade méditerranéenne le prix du poisson frais est bien plus élevé que celui que peuvent espérer les chalutiers de l'Atlantique.

Voici les résultats des types de bateaux hauturiers espagnols qui ont été enquêtés :

 Chalutiers hauturiers
  
Longueur du bateau (m)23
  
RN / RT (%)8,6
RI7,3
  
 Palangriers
  
Longueur du bateau (m)20
  
RN / RT (%)8,3
RI16
  
 Pêche lointaine (Atlantique Sud-Est)
  
Longueur du bateau (m)57
  
RN / RT (%)17,9
RI12,1

Les conclusions ci-dessus donnent, semble-t-il, une image un peu différente de cclle qui avait été projetée dans le chapitre spécial «Pêches maritimes et droit de la mer : 10 ans de mutations» qui était paru dans le document de la FAO «La situation mondiale de l'alimentation et l'agriculture 1992». A partir des données de 1989, il laissait entendre que les pêches maritimes mondiales enregistraient des pertes considérables, notamment à cause des coûts d'exploitation.

On peut attribuer ces différences à un certain nombre de facteurs. Tout d'abord, les estimations précédentes indiquées dans «La situation mondiale de l'alimentation et l'agriculture» avaient été obtenues à l'aide d'analyses macro-économiques, d'interprétations et d'extrapolations à partir de données secondaires. Par contre, les études présentées dans ce rapport proposent des conclusions plus récentes basées sur des analyses micro-économiques et la collecte de données primaires. Il ne serait donc pas justifié d'établir des comparaisons directes entre les conclusions de ces deux études.

D'autre part, le scénario présenté dans le document de 1992 était étayé par des calculs entachés de certaines faiblesses méthodologiques On surestimait les coûts des opérations de pêche en prenant pour les amortissements une provision annuelle de 10 pour cent du coût de remplacement d'un bateau de pêche, ce qui conduisait aussi à des estimations hautes pour les charges annuelles d'entretien et de réparation. Habituellement les études des coûts et revenus retiennent une durée de vie de 25 ans pour les bateaux de moyenne et grande taille.

Senneur, France

Chalutier — pêche-arrière, France

Quand on considère les différences entre les conclusions des études présentées dans ce rapport et les conclusions du document FAO de 1992, il ne faut pas oublier que ces études portent essentiellement sur des pays en développement de l'Asie et, à un degré moindre, de l'Afrique de l'Ouest et d'Amérique latine, auxquels s'ajoutent quelques pays européens : Espagne, France et Allemagne. Les prévisions précédentes avaient un caractère mondial et comprenaient donc aussi l'Amérique du Nord, l'ex URSS et l'Océanie.

Comme les coûts d'exploitation des bateaux asiatiques, africains ou latino-américains qui ont fait l'objet d'études récentes sont bien moins élevés que ceux des Etats-Unis, du Japon ou d'Europe du Nord, qui étaient inclus dans les estimations de 1992, et comme les opérations des entreprises de pêche d'état de l'URSS, également incluses dans ces estimations, n'étaient peut-être pas gérées aussi efficacement qu'avec des opérateurs privés, il n'est pas surprenant que la récente étude fasse apparaître une image plus positive en terme d'efficacité économique et de viabilité.

Les subventions n'ont que peu d'impact sur les conclusions de l'étude. Dans la plupart des pays en développement d'Asie, d'Afrique de l'Ouest et d'Amérique latine, il n'existe plus guère de subventions, et on n'en a pas tenu compte dans le calcul des coûts et revenus. Pour ce qui est des bateaux des pays européens enquêtés (Espagne, France, Allemagne), il n'est pas impossible que les subventions aient pu avoir une certaine incidence sur le calcul de leur viabilité économique.

La validité des conclusions de l'étude micro-économique présentée dans ce rapport peut aussi être corroborée par d'autres enquêtes empiriques sur les coûts et revenus des pêches maritimes qui ont été réalisées récemment dans certains des pays enquêtés, la France et les pays d'Afrique de l'Ouest par exemple. Les résultats de ces enquêtes correspondent à ceux enregistrés par les études coordonnées par la FAO et qui sont exposées dans le présent rapport. Il s'agit notamment de l'étude menée par quatre grands instituts européens de recherche halieutique : l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER), la British Sea Fish Authority (SFIA), L'Institut danois de recherche sur l'économie des pêches (DIFER) et l'Institut néerlandais de recherche économique pour l'agriculture (LEI-DLO). Cette étude a pour titre «Costs and earnings of fishing fleets in four EC countries». Il y a également l'étude sur les besoins en capitaux et leur disponibilité dans la pêche artisanale en Afrique de l'Ouest, qui a été publiée sous la référence Document technique DIPA/FAO no 65, Cotonou, Bénin, 1994.


Page précédente Début de page Page suivante