COMOROS - COMORES - COMORAS

Son Excellence Monsieur Tadjiddine Ben Said Massonde, Premier Ministre de la République fédérale islamique des Comores


Permettez-moi tout d'abord de vous adresser, Monsieur le Président, les sincères félicitations de la délégation comorienne pour votre élection à la présidence du premier Sommet mondial de l'alimentation. Le choix de votre pays pour abriter ce Sommet constitue un hommage unanime de la communauté internationale à l'endroit de votre si grand pays, l'Italie, terre européenne d'hospitalité, de générosité et de civilisation millénaire. Je voudrais, à ce titre, exprimer notre profonde reconnaissance à sa Sainteté le Pape Jean-Paul II d'avoir bien voulu honorer de sa présence la cérémonie d'ouverture de notre Sommet; son allocution constitue une source d'inspiration pour nos travaux. Je tiens également à adresser les plus vifs remerciements de la délégation comorienne au Gouvernement et au peuple italiens pour l'accueil chaleureux et les facilités qui nous sont accordées depuis notre arrivée dans cette ville éternelle de Rome. Je voudrais enfin joindre ma voix à celle des orateurs qui m'ont précédé pour rendre un hommage mérité à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et à son Directeur général, M. Jacques Diouf, ce fils de l'Afrique qui mène un combat inlassable contre la pauvreté, la faim et la malnutrition.

La richesse, l'émotion et la clarté des interventions faites le premier jour de ce Sommet mondial de l'alimentation ont suffi pour secouer notre conscience collective sur l'ampleur des dangers que représentent la pauvreté, la faim et la malnutrition. Les différentes conférences régionales préparatoires de ce Sommet ont permis également d'examiner la situation de la nourriture et de l'eau dans chaque région, sinon dans chaque pays. C'est dire qu'aujourd'hui à Rome, la communauté internationale est appelée à prendre ses responsabilités devant ces millions d'enfants aux visages décharnés et rongés par la faim et la malnutrition.

Oui, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, dont la mission première consiste à libérer l'humanité du spectre de la faim, a eu raison de nous inviter à un examen de conscience sur l'état du monde et son devenir. A l'aube du troisième millénaire, il est dramatique et inconcevable que plus de 800 millions d'hommes, de femmes et d'enfants n'aient pas assez à manger malgré l'interdépendance des nations, malgré la mondialisation des économies et malgré les progrès enregistrés dans les domaines des sciences et des technologies. Il nous revient, ici et maintenant, de proclamer un objectif ambitieux capable de mobiliser toutes les énergies afin de garantir aux générations futures un monde sans ventres vides ou mal- nourris. Ce combat est aussi noble que celui de la paix et celui de la démocratie. Le droit à la vie place la sécurité alimentaire devant toute autre préoccupation de la communauté internationale. C'est dans cet élan de solidarité et de coeur qu'il convient de saluer les efforts de l'Organisation des Nations Unies et de ses institutions spécialisées, dont la FAO. En effet, dans sa quête permanente pour contribuer à l'instauration d'un nouvel ordre économique planétaire et à l'avènement d'un monde sans conflits, sans guerres, sans famine, notre Organisation a, ces cinq dernières années, tenu plusieurs conférences mondiales thématiques, dont le présent Sommet de Rome. Mais force est de constater que les moyens font toujours défaut à l'ONU parce que les égoïsmes l'emportent encore malheureusement sur la solidarité et la justice économique. Nous voudrions, du haut de cette tribune, lancer un cri de détresse pour que la Déclaration de Rome et son Plan d'action bénéficient davantage de moyens pour entreprendre des actions concrètes afin de faire renaître le réconfort et l'espérance, car il en va de la dignité humaine.

L'éradication de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition est l'affaire de l'homme car toutes les études confirment que les guerres, les conflits, les systèmes sociaux et politiques tuent plus que les calamités naturelles. La révolution verte, réalisée dans certaines régions et qui a permis la croissance de la production agricole, atteste que la recherche agronomique renforcée pourrait contribuer grandement à l'élimination de la pauvreté.

En République fédérale islamique des Comores, nous ne connaissons pas de ventres affamés, mais la ration alimentaire reste inférieure au minimum requis pour entretenir une vie saine, équilibrée et productive. Aussi la capacité du pays à couvrir ses besoins alimentaires par la production interne se réduit d'année en année, occasionnant ainsi l'augmentation des importations alimentaires. Petit Etat insulaire et moins avancé, mon pays connaît une stagnation de la production due à la dégradation des terres et à l'accroissement démographique dans un contexte macro-économique caractérisé par la détérioration des termes de l'échange et la rigueur des mesures d'ajustement structurel. C'est dans ces circonstances difficiles que le nouveau chef de l'Etat, S.E. Excellence Mohamed Taki Abdoul-Karim, démocratiquement élu le 16 mars dernier, a pris en charge les destinées du pays. Sans attendre, il a aussitôt lancé un vaste programme d'assainissement et d'utilisation rationnelle des finances publiques, accordé une place de choix à l'initiative privée et à la gestion transparente des affaires publiques avec la participation de toutes les composantes de la société comorienne à l'oeuvre du développement national. La nouvelle constitution, adoptée le 20 octobre dernier par plus de 80 pour cent du peuple comorien, fait du droit à la nourriture, au bien-être et à l'instruction la pierre angulaire de l'action gouvernementale.

Pour terminer, je voudrais renouveler notre foi en l'ONU, en la FAO, dans les institutions financières internationales et dans les ONG. Chacun de nous sait que les efforts et les sacrifices de nos peuples respectifs ne peuvent, à eux seuls, éliminer la pauvreté et la faim sans l'aide et l'appui de la communauté internationale.


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