Production de semences et fourniture d'espèces d'origine locale pour les programmes de reboisement


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La diversité des espèces au sein de chaque groupe écologique et leur densité au sein de la forêt naturelle devraient servir de guide pour les plantations de protection constituées d'espèces mélangées; ceci étant directement lié aux programmes de production de semences de ces espèces.

Même si les études réalisées sur la forêt tropicale à une grande échelle (plus d'une œntaine d'hectares) demeurent encore relativement insuffisantes, en tenant compte des données existantes, on peut en déduire que les différents groupes écologiques ont des modèles de distribution spatiale différents pour leurs espéces individuelles, ayant tendance à être soit plus fréquentes soit plus rares au sein même de leur population.

Tableau 1: Resultats d'association des espèces d'origine locale en proportion de la succesion secondaire en São Paulo, Brésil

Groupes
écologiques
Traitements Hauteur (m) Diamètre de la cine (m)
Pionnères (P)








Moyenne
FTreat
CVExp %
Pur
P + E
P + L
P + C
P + E + L
P + E + C
P + L + C
P + E + L + C
4.51a
4.20a
4.15a
4.16a
4.12a
4.04a
4.51a
4.33a
4.27
0.76ns
7.94
1.71a
1.60a
1.80a
1.76a
1.71a
1.78a
1.59a
1.95a
1.72
0.36ns
13.94
Secondaires
précoces (E)







Moyenne
FTreat
CVExp %
Pur
E + P
E + L
E + C
E + P + L
E+P+C
E + L + C
E + P + L + C
2.58abc
1.87d
2.83a
2.72ab
1.99cd
2.11bcd
2.56abc
2.02cd
2.34
8.10**
11.22
1.74ab
0.60c
2.02c
1.53ab
0.69c
0.87c
1.53ab
0.73c
1.18
22.21**
17.79
Secondaires
tardives (L)







Moyenne
FTreat
CVExp %
Pur
L + P
L + E
L + C
L + P + E
L+P+C
L + E + C
L + P + E + C
1.57b
1.09c
1.90a
1.52b
1.07c
1.04c
1.61ab
1.11c
1.37
26.84**
8.71
0.66a
0.36b
0.82a
0.67a
0 39b
0.32b
0.73b
0.34b
0.54
14.67**
19.31
Climacique (C)








Moyenne
FTreat
CVExp %
Pur
C + P
C + E
C + L
C + P + E
C + P + L
C + E + L
C + P + E + L
1.94a
1.58a
1.91a
1.66a
1.60a
1.50a
1.85a
1.56a
1.73
2.50*
18.13
1.58a
0.90a
1.30ab
1.59a
0.86bc
0.58d
1.46ab
0.75cd
1.12
10.65**
22.18

Pionnière: Croton floribundus Secondaire précoce Lonchacarpus spp. Secondaire tardive:Paratecoma peroba. Climacique: Myroxylun peruiferum. Source: Adapté de KAGEYAMA et al. 1992.

Parmi les espèces sylvicoles les plus fréquentes, celles du stade initial de la succession, les espèces pionnières, ainsi que celles du stade final de la succession, les espèces en apogée (ou tolérantes), prédominent. Il est nécessaire d'insister sur le fait que les espèces pionnières sont fréquentes dans de larges espaces tandis que les espèces en apogée sont fréquentes sur les sites sylvicoles mûrs, considérant de ce fait la forêt tropicale comme étant une mosaique d'espèces à divers stades de la succession. D'autre part, les espèces, qui sont rares dans la forêt, sont constituées par les espèces secondaire (ou opportunistes) qui n'ont fait l'objet que de peu d'études et à l'encontre desquelles on a fait preuve que de peu d'attention, tout simplement parce qu'elles sont rares ou difficiles à collecter pour constituer des échantillons (KAGEYAMA, NAMKOONG et ROBERTS 1992).

De ce fait, les espèces pionnières et en apogée peuvent être trouvées dans la forêt en nombre moins important et en grande densité et nécessitent un nombre important de semences par espèces et par unité plantée; les espèces secondaires peuvent être trouvées en grand nombre et il arrive qu'on trouve une espèce rare dans la forêt, nécessitant un petit nombre de semences par espèces.

De cette manière, en suivant les modèles qui caractérisent la probabilité naturelle de trouver des espèces sylvicoles dans les forêts tropicales, il est possible de créer des modèles de reboisement destinés à la protection et composés d'espèces mélangées, pour lesquelles le nombre de semences par espèce et par hectare est moins important et différencié selon le groupe d'espèces.

Par exemple, sur une zone d'un hectare, 1000 individus d'espèces pionnières, caractérisés par un nombre peu élevé d'espèces (de I à 5), 300 individus d'espèces secondaires parmi un grand nombre d'espèces (de 20 à 60) et 300 individus d'espèces en apogée appartenant à un nombre peu élevé d'espèces (de 5 à 15) peuvent être plantés ensemble, comme le suggèrent KAGEYAMA, SOUSA et VIANA (1992).

Cette stratégie de production de semences, en tenant compte des espèces dans leur ensemble, séparées par groupes d'espèces ayant des caractéristiques communes, laisse présumer que la commercialisation des semences ainsi que celle des jeunes plants devraient être réalisées sous forme de groupement de technologie, incluant les espèces fréquentes, nécessitant un nombre important de semences ou de plants par espèce ainsi que les espèces rares, requérant un nombre plus petit de semences par espèce. La raison appuyant œtte thèse est que la production d'espèces rares est bien plus difficile et complexe que celle des espèces fréquentes comme expliqué ci-dessus.

En associant les groupes écologiques des espèces sylvicoles tropicales aux caractéristiques techniques de leurs semences, KAGEYAMA et VIANA (1991) ont élaborés des priorités de recherche pour les espèces sylvicoles locales, complétées par des informations supplémentaires:

  1. La priorité doit être donnée à la compréhension des facteurs limitant la germination de leurs semences; le stockage n'est que de peu d'importance étant donné la durée de vie importante des semences; la production nécessite une moindre priorité étant donné que les espèces sont prolifiques et produisent des fruits dès leur plus jeune âge et ceci durant une longue période tout au long de l'année.
  2. Les espèces sylvicoles secondaires ont montré, à l'occasion des contrôles qui ont été effectués, de bonnes perspectives de stockage de leurs semences; la germination des semences ne présente aucun retard, elles germent sans difficulté; la collecte des semences d'espèces composant ce groupe est relativement difficile étant donné la rareté de ces espèces dans les forêts naturelles; la hauteur de leurs arbres (beaucoup n'arrêtent pas de pousser) est à considérer ainsi que la floraison qui n'est pas régulière d'une année sur l'autre.
  3. Les espèces sylvicoles appartenant au groupe des espèces en apogée ont présenté des problèmes de stockage pour leurs semences, en particulier pour celles qui étaient récalcitrantes; de nombreuses espèces ont présenté des problèmes de germination associé à un retard pour certaines semences; la production de semence pour ces espèces est d'autant plus facile que ces espèces sont fréquentes dans les forêts naturelles.

Même si de nombreuses généralisations ont été faites, on peut conclure que, d'une façon générale, les principaux problèmes rencontrés dans la production de semences ont trait aux espèces secondaires rares, qui constituent le groupe le plus présent au sein des forêts tropicales et, peut de ce fait être extrapolé pour les plantations de protection mixtes. Cependant, si on considère les besoins de semences par espèce individuelle, le groupe secondaire rare est celui qui présente le nombre de semences le plus faible.

En tenant compte de l'exemple figurant ci-dessus se rapportant au plantations mélangées au sein des zones dégradées, en utilisant 1000, 300 et 300 arbres par hectare pour les groupes respectifs d'espèce pionnière, secondaire et climacique, avec une moyenne de 3, 40 et 10 espèces pour chacun des trois groupes respectivement, on aura besoin de 344 plants par hectare pour chacune des espèces pionnières, seulement 8 plants par hectare pour les espèces secondaires et 30 plants par hectare pour chacune des espèces en apogée (Tableau 2).

Tableau 2: Semences et semis necessitées pour la plantation des espèces sylvicoles d'origine locale suivant de la succession

Groupes
écologiques
Nombre des
arbres/ha
Nombre des
espèces/ha
Nombre des
semis
/espèce/ha
Semences/kg Germination
pourcentage
/espèce/ha
Pionnière 1000 5 200 50000 50.0
Secondaire 300 30 10 15000 3.3
Climacique 300 10 30 5000 30.0

Source: Adapté de KAGEYAMA, SOUZA et VIANA (1992).

Afin d'illustrer combien cette stratégie de production de semences et de jeunes plants et combien la fourniture d'espèces sylvicoles d'origine locale, comprenant toutes les espèces plantées dans une zone déterminée, ont des implications importantes en particulier en ce qui concerne les espèces rares, il est possible de faire référence à l'exemple ci-après qui entre dans le cadre de notre étude Le Chorisia speciosa, une des espèces extrèmement rares au sein des forêts naturelles de l'Etat de Sao Paulo (un arbre pour 5 hectares boisés), donne environ 100 fruits par an pour un arbre, avec 150 semences par fruits, soit un total de 15000 semences par arbre. En tenant compte d'un taux d'utilisation des semences de 20%, nous serions en mesure d'obtenir 3000 jeunes plants pour un seul arbre planté, semences qui seraient en nombre suffisant pour planter quelques deux hectares sous forme de plantation traditionnelle et environ 380 hectares sous forme de plantations composées d espèces mélangées, en séparant les espèces en groupes selon leur succession. Il est clair que ceci implique la commercialisation d'un groupe de 40 espèces secondaires qui seraient plantées dans une zone déterminée.