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Aperçu général des travaux de Marianské-Lazné

Marianské-Lazné, Tchécoslovaquie - un cadre forestier pour la Conférence internationale du bois

LA Conférence internationale du bois de construction a eu lieu à Marianské-Lazné, en Tchécoslovaquie, du 28 avril au 10 mai 1947. Plus de 140 personnes y prirent part, y compris les délégués et les observateurs, leurs conseillers et leurs services, sans compter le secrétariat, organisé par les soins de la FAO et du gouvernement tchécoslovaque. Vingt-et-un Etats Membres de la FAO y avaient envoyé des représentants, ainsi que cinq Etats non membres, les zones française et américaine d'occupation en Allemagne et cinq organisations inter-gouvernementales. Les Etats et organisations intergouvernementales représentés étaient des suivants:

ETATS MEMBRES DE LA FAO

Belgique
Brésil
Canada
Chili
Danemark
Egypte
Etats-Unis d'Amérique
France
Grèce
Hongrie
Italie
Luxembourg
Mexique
Norvège
Pays-Bas
Pologne
Royaume-Uni
Suisse
Syrie
Tchécoslovaquie
Yougoslavie

ETATS NON MEMBRES DE LA FAO

Autriche
Bulgarie
Finlande
Roumanie
Suède

ORGANISATIONS INTERGOUVERNEMENTALES

Banque internationale pour la reconstruction et le développement
Comité économique provisoire pour l'Europe (ECCE) Nations Unies
Organisation européenne du charbon
Organisation internationale du commerce (commission préparatoire)

Deux organisations internationales non gouvernementales (la Fédération syndicale mondiale et la Fédération internationale des travailleurs sur bois et du bâtiment), v ont aussi envoyé des représentants.

La séance plénière d'ouverture

Les travaux de la conférence ont été inaugurés par Son Excellence M. Jan Masaryk, Ministre tchécoslovaque des Affairs étrangères, dans le salon du Casino de Marianské-Lazné, en présence de tous les délégués et d'une foule de spectateurs.

M. Masaryk attira l'attention sur les deux raisons qui faisaient de la Conférence une étape importante dans les relations économiques internationales.

D'une part, en effet, ce congrès était la première réunion européenne internationale qui suivit la création de la Commission économique européenne (ECE). Son succès, ou son échec, serait peut-être le gage du succès ou de l'échec des délibérations de cette Commission. Sans doute l'Europe s'est-elle déjà relevée le crises graves mais si l'on peut espérer qu'elle se relèvera encore de celle-ci, cet espoir ne peut être fondé que sur la collaboration de tous les pays réunis au sein de cette Commission, examinant en toute franchise les difficultés de la situation actuelle et mettant tous leurs efforts en commun pour y apporter les remèdes nécessaires. Si donc le problème du bois pouvait être résolu par la Conférence de Marianské-Lazné, une base d'accord pourrait sans doute être trouvée pour tous les autres problèmes dont cette Commission va devoir s'occuper.

D'autre part, l'objet même de la Conférence était d'une importance primordiale pour des pays d'Europe. M. Masaryk rappela à ce propos la détresse des populations sans abri et la nécessité de procurer aux industries du bâtiment les sciages qui leur sont indispensables pour assurer l'exécution des vastes programmes le construction auxquels toutes les nations européennes ont actuellement le devoir de faire face.

Enfin, après avoir évoqué quelques-uns des facteurs que la Conférence pourrait avoir à examiner, notamment celui des prix, M. Masaryk, expliquant que ses fonctions de Ministre des Affaires étrangères ne lui permettraient pas d'assister à tous les travaux de la Conférence, exprima ses meilleurs vœux aux délegués et leur souhaita un bon séjour en Tchécoslovaquie. «C'est un beau pays,» dit-il en conclusion, «c'est un pays démocratique qui a su conserver les précieuses traditions européennes. Que Dieu vous bénisse tous.»

Le Ministre, au nom de son gouvernement, souhaita la bienvenue aux représentants des pays qui avaient accepté l'invitation de la FAO et du gouvernement tchécoslovaque. Il souligna l'importance exceptionelle de cette conférence dont le succès, s'il aboutit à des résultats vraiment tangibles, serait de fort bon augure. Son souhait le plus ardent était de voir l'Europe rétablie le plus vite possible, mais, ajouta-t-il, cela ne peut se faire que si les pays européens, unissant leurs efforts, examinent honnêtement la situation à laquelle ils doivent faire face.

Après lecture du message envoyé à la Conférence par Sir John Boyd Orr, Directeur général de la FAO, M. Marcel Leloup, Directeur de la Division des Forêts et produits forestiers de cette organisation, fit un exposé dont on trouvera la texte par ailleurs.

A M. Leloup succédèrent le Professeur Kavina, Président de la Commission tchécoslovaque de liaison avec la FAO et M. H. J. Hutchinson, Chef de la délégation du Royaume-Uni. Ce dernier exprima la foi et la confiance de son pays dans la FAO, considérée là-bas comme organisme international le mieux outillé pour améliorer le sort de l'humanité. Il exprima aussi l'espoir de son pays de voir la Conférence poser les fondements d'une coopération internationale qui aboutira à une politique commune visant à la conservation et au remplacement systématique des ressources forestières en Europe.

La première séance plénière de la Conférence se termina par l'élection du Président, en la personne de M. Kolowrat-Krakovsky, Chef de la délégation tchécoslovaque.

Les bureaux de la Conférence ont été aménagés dans l'Hôtel Roi d'Angleterre ainsi nommé en l'honneur de Sa Majesté britannique le Roi Edouard VII, qui y avait toujours séjourné au cours de ses visites annuelles à la vieille Marienbad.

Le Secrétariat de la Conférence fut constitué comme suit:

Président:

J. Kolowrat-Krakovsky (Tchécoslovaquie)

Vice-Présidents:

H. J. Hutchinson (Royaume-Uni)


V. Ropelewski (Pologne)

Co-Rapporteurs:

D. Roe (Canada)


B. Dufay (France)

Représentant du Directeur général de la FAO:

M. Leloup (FAO)

Secrétaire général:

E. Glesinger (FAO)

Assistant:

L. J. Vernell (FAO)

Secrétaire exécutif:

J. V. Hyka (Tchécoslovaquie)

Secrétaires administratifs:

M. Greene (FAO)


J. Sobota (Tchécoslovaquie)

M. T. Kolowrat-Krakovsky (Tchécoslovaquie), Président de la Conférence

Un projet d'ordre du jour de la Conférence avait été préparé par la FAO. Il avait été conçu à dessein de façon très large de manière à permettre l'examen éventuel de tous les aspects du problème du bois en Europe. Toutefois la Conférence, soucieuse d'utiliser le court délai de dix jours dont elle disposait de la façon la plus efficace possible, décida finalement d'organiser son travail au mieux sans s'en tenir strictement à l'ordre du jour, celui-ci servant cependant de cadre général des discussions.

C'est ainsi que la Conférence distribua ses travaux parmi trois comités. Le premier comité s'occupa des problèmes à brève échéance, le second étudia la politique forestière à long terme, tandis que le troisième comité, composé des chefs des différentes délégations, examina mode d'application des mesures recommandées par les deux comités précédents ainsi que la forme de l'organisation internationale qui devrait les mettre en pratique. Ce troisième comité fonctionnait en même temps comme comité de direction et de coordination, et, à ce titre, combina les efforts de la Conférence dans son ensemble.

La composition des ces comités était la suivante:

COMITÉ I

Président:

G. Cerf (EECE)

Président du Sous-Comité

J. Campredon (France) technique:

Rapporteur:

E. Loebl (Tchécoslovaquie)

Secrétaire:

B. Pauphilet (EECE)

Secrétaire-Adjoint:

V. Hausek (Tchécoslovaquie)

COMITÉ II

Président:

E. Saari (Finlande)

Rapporteur:

A. Schlatter (Suisse)

Secrétaire:

R. Fontaine (FAO)

Secrétaire-Adjoint:

V. Sehnal (Tchécoslovaquie)

COMITÉ III.

Président:

G. Lange (Suède)

Vice-Président:

A. Ceschi (Autriche)

Co-Rapporteurs:

D. Roe (Canada)

Secrétaire:

J. V. Hyka (Tchécoslovaquie)

Secrétaire-Adjoint:

P. Février (France)

Les deux premiers comités se réunirent régulièrement du 29 avril au 8 mai, avec les seules exceptions du premier mai, fête nationale, et des jours de fin de semaine, au cours desquels les délégués ont pu faire des excursions intéressantes aux environs de Marianské-Lazné. Les deux comités avaient aussi nommé des sous-comités pour l'étude de certains problèmes particuliers. En outre, de petits comités de rédaction ont été aussi formés pour l'élaboration des textes définitifs des résolutions et des recommandations votées au cours des séances.

Les séances du troisième comité se tenaient de façon à éviter que ses sessions ne coincidassent avec celles des deux autres comités. Au cours de sa dernière réunion tenue le soir du 9 mai, il approuva le texte du rapport général de la Conférence devant être mis au vote à la session plénière de clôture.

Le rapport de la Conférence internationale du bois de construction1 se borne à rendre compte des seuls résultats, fruits d'un travail laborieux de dix jours, et à mettre en relief les points saillants sur lesquels les délégués sont tombés d'accord dans de nombreux domaines essentiels. Cependant ce n'est pas sans controverses et parfois sans discussions serrées que beaucoup de ces points furent débattus. En fait, certains de ces débats reflétaient un réel conflit d'intérêts; mais la raison d'être de la Conférence était précisément de mettre en plein jour les différentes opinions existantes sur les divers problèmes considérés, d'offrir la possibilité de les discuter, et, en dernier lieu, d'arriver à leur solution grâce à des concessions mutuelles.

1FAO, Rapport de la Conférence internationale du bois de construction, Washington, juin 1947.

La proposition d'augmenter les coupes de 10% ou l'alternative de diminuer la consommation du bois en conséquence, rencontra une très sérieuse opposition. Ceci est tout naturel, si l'on considère que la surexploitation des forêts se trouve en opposition avec tous les principes sains d'une administration rationnelle des ressources forestières et qu'aucun gouvernement ne peut accepter à la légère de nouvelles et de plus sévères restrictions dans l'emploi du bois. Finalement, cette proposition fut acceptée, non sans que l'on ait fait observer qu'elle représentait un gros sacrifice volontairement accepté pour assurer la reconstruction de l'Europe.

La situation en Allemagne et la façon de garantir une distribution satisfaisante des disponibilités en bois ont aussi donné lieu à de sérieuses controverses. Il n'était pas possible d'arriver sur ces points à des solutions satisfaisant toutes les parties en cause, et la Conférence dut se limiter à exprimer les points de vue de ses; membres sous forme de recommandations générales.

Une autre question fortement discutée fut celle de l'application générale à toutes les forêts, fussent-elles privées ou domaniales, de méthodes d'exploitation rationalisées. Aucune décision définitive ne put être obtenue a ce sujet mais il fut décidé de recommander la création, dans le cadre de la FAO, d'un Comité européen des forêts et produits forestiers, qui serait chargé d'assurer la coordination des politiques forestières des pays européens, dans ce domaine aussi bien que dans ceux qui s'y rattachent.

Tout compte fait, la Conférence a abouti a des résultats tangibles. En premier lieu, elle a fourni des renseignements clairs sur la portée et la nature du déficit du bois en Europe. Elle a pu aboutir aussi à certains accords de longue portée sur une série de mesures envisagées pour combler l'excédent de la demande sur l'approvisionnement en bois pendant 1948 et 1949. Et enfin, elle admit le principe suivant, à savoir qu'en Europe les problèmes de la forêt et des produits forestiers doivent être considérés dans une vaste perspective d'ensemble, effaçant toutes les frontières nationales. Elle a aussi démontré que la FAO était l'organisation adéquate pour amener à leur solution, non seulement les problèmes de la sylviculture, mais aussi les questions concernant les sciages et des produits forestiers.

L'esprit de collaboration qui se manifesta au cours des travaux de la Conférence se fit clairement sentir dans les discours prononcés au cours de la session plénière de clôture du 10 mai, et plus précisément dans ceux de M. B. Dufay, rapporteur général de la Conférence, de M. D. Kennedy, Chef de la délégation des Etats-Unis, et de M. Georges Cerf, Président du Sous-Comité du Bois de l'EECE. En contribuant à réduire le déficit des sciages, la Conférence pouvait faire sien ce vœu, exprimé par M. Cerf: «que l'Europe puisse enfin trouver, avec davantage de bois, un peu plus de ce bien-être, dont les hommes ont grand besoin après les épreuves qu'ils viennent de surmonter victorieusement.»

Les délégués quittèrent Marianské-Lazné après la fin de la Conférence. Toutefois, avant leur départ, fils ont eu l'insigne honneur d'être reçus par M. Edouard Benes, Président de la République tchécoslovaque, au Château Hradschin à Prague. Le Président, dans son discours, releva le succès de la Conférence internationale du bois. Nous devons ajouter que ce succès a été dû pour une part non négligeable à l'atmosphère toute d'hospitalité et d'accueil chaleureux de la Tchécoslovaquie.


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