Page précédente Table des matières Page suivante


Nouvelles du monde


Généralités
Science pure
Sylviculture
Protection des forêts
Dendrométrie et inventaire
Aménagement forestier
Industrie et commerce
Les produits forestiers et leurs utilisations
Politique forestière

Les articles qui paraissent ici sont des résumés de nouvelles choisies parmi celles qui peuvent intéresser les lecteurs de UNASYLVA. Ils sont classés par pays suivant l'ordre alphabétique sous les rubriques utilisées par la Division des Forêts. L'éditeur serait heureux de recevoir directement de ses lecteurs des articles intéressants et nouveaux pour cette partie de la Revue.

Généralités

CHYPRE

· Depuis l'ouverture, l'année passée, du nouveau Collège forestier de Prodhomos, à Chypre, cette île peut prétendre à devenir le centre de la foresterie du Moyen-Orient. Les Nations Unies y ont envoyé quelques-uns des bénéficiaires de ses bourses d'étude; plusieurs des gouvernements voisins ont agi de même.

Les premiers cours ont commencé le 1er octobre 1951, et parmi les étudiants inscrits, trois viennent de Jordanie, quatre de Syrie, deux de Tripolitaine, et deux d'Irak. On espère qu'ultérieurement s'y joindront des étudiants du Kenya, de l'Ouganda, de la Cyrénaïque et du Liban. Quinze sur les 36 places qu'offrent le Collège sont réservées aux étudiants d'Outre-Mer. Dix-huit Cypriotes sont inscrits à cette première série de cours, tous membres du Service forestier de Chypre.

Le cycle des cours dure deux ans et a pour but de préparer les étudiants aux postes de forestier ou d'agent technique. Le programme englobe d'une part toutes les sciences fondamentales que le forestier doit connaître pour remplir ses fonctions, telles que botanique, géologie, climatologie et écologie; et d'autre part, les matières spécifiques de la foresterie, tels que la sylviculture, estimations, protection, utilisation, inventaires et travaux d'art.

CUBA

· La Section des Jeunes de l'Association cubaine des Nations Unies patronne l'établissement de forêts des Nations Unies à Cuba. Les cercles gouvernementaux ont manifesté beaucoup d'intérêt pour ce projet, et la première forêt a été créée à Cacahual, aux portes de La Havane, l'un des points des plus visités de Cuba, car c'est là que se trouve la tombe du Général Antonio Maceo et de son assistant Panchito Gomez Toro. Une journée, désignée sous le nom de «El Dia del Arbol» (17 avril) fut spécialement réservée lorsque les premiers arbres furent plantés, et deux enfants de chaque école urbaine ou rurale de chaque commune de Cuba, ainsi que des élèves des Universités, des Ecoles Normales et autres établissements d'enseignement de la République vinrent à La Havane afin de se joindre aux enfants des écoles de la capitale pour l'inauguration de la première forêt.

FRANCE

· Une Association Internationale Technique des Bois Tropicaux dont le siège est 16 rue de la Paix, Paris, 8ème, a les buts suivants: a) Susciter et maintenir des contacts permanents entre ses membres; b) Définir, protéger, et coordonner leurs intérêts professionnels dans tous les pays; c) Faire connaître aux Gouvernements, et aux organisations nationales et internationales les vœux et résolutions adoptées par l'Association, et appuyer ces vœux et résolutions par tous les moyens possibles; d) Etudier tous les problèmes, commerciaux, techniques, fiscaux, sociaux, économiques, etc. ayant trait à la production, au transport, à l'importation, au commerce, courtage et procédés de transformation, afin d'encourager l'utilisation des bois tropicaux; e) Recueillir et communiquer à tous les membres de l'Association toute la documentation qui s'y rapporte; f) Adopter tous les moyens permettant de développer la production et l'utilisation des bois tropicaux, et g) dans ce but, prendre une part active à la publication et à la diffusion des connaissances en ce qui concerne les bois tropicaux.

L'Association a créé les différents groupes d'études suivants:

1) Etudes des voies et moyens pour a) faire de la publicité en vue d'encourager l'utilisation des bois tropicaux, b) réunir, aussi rapidement que possible toute une documentation sur les possibilités d'exportation et de consommation des différentes essences.

2) Etudes des mesures à prendre pour la normalisation des statistiques et la diffusion rapide des renseignements recueillis parmi les importateurs et les exportateurs.

3) Etude des questions de fret et droits de douane à l'échelle internationale.

4) Etude de quelques contrats types. Codification des coutumes et méthodes d'arbitrage

5) Etude des problèmes de conditionnement des bois commerciaux.

MALAISIE

· Le Ministère des Forêts de Malaisie a célébré l'année dernière son 50ème anniversaire. En 1901, lorsque fut nommé le premier chef du Service forestier, il n'y avait pas de Code forestier, pas de réserves forestières constituées, pas de recherches ni de sylviculture, pas de scieries, et il n'y avait qu'un personnel technique et subalterne très peu important. Aujourd'hui, chaque état membre de la Fédération de Malaisie possède un Code forestier bien conçu, les réserves forestières couvrent environ 23 pour cent de la superficie totale, il existe un excellent Institut de recherches forestières, et le seul Laboratoire de recherches du bois des territoires britanniques n'ayant pas leur gouvernement propre.

Le système de sylviculture de Malaisie. dans les rain-forests tropicales est basé sur un système de coupes d'amélioration et de régénération, le plus moderne de ce genre, et qui est adopté en beaucoup d'autres parties du Commonwealth. Il existe 228 scieries dont la capacité de production est de plus de ½ million de tons par an. Toute exploitation est strictement basée sur une production soutenue. Le revenu est d'environ $ 5.375.000 par an. Il existe un personnel bien entraîné de 66 ingénieurs, un personnel subalterne de 750 membres, et 40 assistants techniques. Il existe une Ecole Forestière qui reçoit annuellement 50 élèves.

Ce progrès est probablement le plus remarquable de toutes les colonies britanniques. Il est dû à la qualité et à l'élan du personnel au Service forestier et aux généreuses subventions accordées au Service forestier par le Gouvernement.

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

· Le 17e Congrès Nord-Américain de Faunistique a réuni 1.000 spécialistes de la conservation, administrateurs de la chasse, biologistes et chasseurs, y compris des représentants du canada, de l'Alaska et du Mexique ainsi que de tous les états des Etats-Unis. L'intérêt porté à la coordination de l'aménagement des ressources a dominé les travaux de la Conférence qui a adopté une politique nationale des ressources naturelles, politique comprenant l'aménagement et la restauration de toutes les ressources naturelles renouvelables y compris les sols, les eaux, les forêts et la faune. En outre, on examina les pratiques ou projets néfastes pour la conservation de ces ressources renouvelables, en particulier les lois minières désuètes.

Un grand nombre de communications techniques traitant de divers aspects de l'aménagement de la pêche et de la chasse ont exposé les dernières découvertes et les techniques les plus récentes mises au point par les spécialistes de la technique et de l'aménagement.

Science pure

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

· Depuis plus de 40 ans, des études systématiques se poursuivent sur les effets du pacage sur les terrains de parcours des bassins de réception de haute montagne dans la Région de Montagne des Forêts Nationales de l'ouest Etats-Unis. D'après ces études, un manuel a été publié, qui permettra à l'exploitant d'un pâturage de juger de l'état et de la tendance évolutive de son terrain.

«L'état», c'est le caractère du couvert végétal et du sol par rapport à ce qu'il devrait être. La «tendance évolutive», c'est le changement d'état, soit vers l'amélioration, soit vers la dégradation. Les divers éléments de diagnostic, permettant de juger de l'état et de la tendance évolutive d'un terrain, sont appelés «indicateurs». Le jugement est basé sur l'état normal, c'est-à-dire l'état non perturbé, dans lequel on trouve le maximum de stabilité du sol et le stade d'évolution de la végétation le plus avancé, comportant des plantes vivaces plutôt que des plantes annuelles. Les zones reliques doivent être recherchées pour identifier les «associations normales», parmi les nombreux types complexes de pâturages, dont chacun résulte de combinaison distinctes de facteurs - animaux, plantes, sol, climat et topographie.

En 1948, un projet fut également mis en application par le Service forestier des Etats-Unis pour mettre au point une méthode simplifiée permettant de déceler la tendance évolutive des pâturages. La méthode actuellement mise au point comprend trois phases principales:

1. L'établissement de parcelles permanentes groupées pour obtenir un échantillonnage de parties choisies représentatives des pâturages, et destinées à des observations répétées les années suivantes. Il faut procéder avec soin à cet échantillonnage, en évitant les endroits situés trop près des clôtures ou des points d'eau, ou, à moins que le but primordial ne soit de déterminer les effets du climat, les zones trop écartées où le pacage est insignifiant ou même totalement absent. Un anneau de ¾ d'inch de diamètre est utilisé pour déterminer l'état en des points éloignés l'un de l'autre de un foot le long de chaque ligne séparative. La détermination initiale de la végétation et des conditions édaphiques ainsi pratiquée aura plus de chances de succès si elle est effectuée au début de la saison, lorsque le développement de la végétation rend la détermination des espèces plus facile.

2. La deuxième phase comporte le résumé et l'analyse des données pour chaque groupe de parcelles. La végétation est classée en espèces de graminées précieuses, en grande partie vivaces, en espèces de peu de valeur, comprenant pour une grande partie des espèces envahissantes qui s'installent après l'élimination des plantes vivaces et un groupe intermédiaire. Le pourcentage de sol dénudé est, de même, déterminé par l'analyse d'échantillons réduits. La classification des états et des tendances évolutives dépend donc des proportions relatives de différents groupes de végétation, des proportions différentes de sols couverts et nus, et de la vigueur d'espèces précieuses plus importantes, le tout étant résumé dans un indice d'état et de tendances probables.

3. La phase finale consiste à établir certains points permanents où des photographies seront prises montrant l'ensemble de chaque parcelle, et le détail d'une petite surface déterminée de cette parcelle.

Pour appliquer cette méthode, il est indispensable que le technicien puisse identifier les espèces croissant dans le pâturage, ce qui ne paraît pas impossible puisque, pour tout pâturage, le nombre en est généralement restreint. Autrement, la méthode n'exige simplement qu'un plan bien établi, de l'ordre et de la précision pour noter les principales observations.

A titre d'essai, cette méthode a été appliquée avec succès dans des parcelles-échantillons prises dans les pâturages, après que chaque parcelle ait été délimitée dans des régions parcourues ou non parcourues par les animaux, et de plus, dans des zones principales fournissant beaucoup de fourrage, puis dans des zones secondaires n'en fournissant qu'une quantité relativement peu importante. Ces essais ont également montré que le personnel administratif auquel on a enseigné l'identification des plantes et la technique d'échantillonnage, peut appliquer la méthode avec efficacité.

NIGERIA

· Le Service forestier de Nigeria a réservé une parcelle de 80 acres (32 ha.) afin de conserver à l'état nature une région typique de la forêt Nigérienne. D'après l'aspect de la parcelle, il semble que cette zone ait été cultivée il y a un peu plus de 150 à 200 ans. Cette parcelle ne sera ouverte qu'à d'assez longs intervalles à des botanistes qualifiés pour leur permettre d'étudier l'évolution écologique. Sur la superficie totale de 80 acres, un inventaire détaillé a été pratiqué sur une parcelle de 19,4 acres (8 ha.) qui a été établies comme parcelle d'étude permanente. Celle-ci comporte 13,8 acres (5,6 ha.) de futaie, le restant étant une forêt ouverte, coupée de broussailles et de clairières, de places de chablis, etc. La topographie, la géologie et les sols ont été étudiés à l'aide de forages. Environ 60 récoltes botaniques ont été effectuées, et les espèces ont été identifiées et classées en étage dominant, étage supérieur, étage inférieur, strate herbacée, végétation grimpante et lianes, et épiphytes.

Sylviculture

CHILI

· Un chargé de mission de l'assistance technique de la FAO au Chili écrit que la partie de la cordillera côtière qui s'étend entre le Rio Valdivia et le Rio Bueno, étendue montagneuse qui atteint 3.300 feet (1.000 m) au-dessus du niveau de la mer, sur environ 20 miles (32 km) du nord au sud, et sur la même distance d'ouest en est, comporte un certain nombre de propriétés particulières boisées et trois massifs domaniaux. L'essence la plus précieuse est l'alerce (Fitzroya cupressoides) et ce bois est exploité depuis 35 ans. A part ces exploitations, cette région n'a pratiquement pas été mise en valeur, et elle est presqu'inhabitée.

Les peuplements sont caractérisés par des changements soudains dans la composition et la qualité; il existe cinq associations forestières principales, dont deux sont en majeure partie composées de Fitzroya cupressoides, et trois qui sont surtout des associations mélangées, ne comportant pas du tout de cupressoides, ou seulement quelques individus isolés. Dans le cas des associations à Fitzroya, qui sont particulièrement intéressantes, les trois principales essences associées sont trois autres conifères, Pilgerodendron uviforum, Saxegothaca conspicua et Podocarpus nubigenus, dont le premier se rencontre surtout dans les localités humides, et dont la croissance en hauteur est médiocre; les deux autres se rencontrent surtout dans les localités où Fitzroya est de qualité supérieure.

On trouve, dans les endroits abrités, à haute altitude, des peuplements d'alerce de qualité moyenne à supérieure, et dont certains arbres atteignent 120 feet (37 m) de hauteur. Sur les versants exposés, sur les sommets plats et les plateaux de haute altitude, la végétation arborescente est très rabougrie, haute parfois de quelques décimètres seulement, mais l'alerce semble être la seule essence capable de résister aux conditions édaphiques et climatiques particulières qui y règnent: sol pauvre et superficiel, dérivé du micaschiste et du gneiss sous-jacents, généralement saturé d'humidité et quelquefois couvert d'une couche spongieuse de mousses, telles que des sphagnum, vents d'ouest violents et précipitations élevées. Le mode de répartition des associations à Fitzroya, associé au grand âge des grands arbres, indique qu'elles constituent des associations climatiques dans la station.

Malheureusement, ces climax ont été très affectés par les incendies et, dans le cas des peuplements de qualité supérieure, par l'exploitation, Il existe peu de forêts d'alerce qui n'aient souffert des incendies. Particulièrement dans le voisinage des anciennes scieries, et sur les hauts plateaux, il se trouve de grandes étendues de forêts incendiées, qui ont dû autrefois être couvertes de peuplements denses d'alerce si l'on en juge par le grand nombre de troncs morts encore debout. Les dommages causés à ces forêts d'alerce par les incendies sont particulièrement désastreux, étant donné que les arbres morts étaient âgés de plusieurs siècles d'après les observations pratiquées dans les régions actuellement exploitées.

Les exploitations pratiquées dans le passé, quoique faites sur une grande échelle, semblent n'avoir eu pour but que d'abattre les arbres les plus beaux et de meilleure qualité. Dans cette région, les troncs de nombreux arbres morts mesurent de 6 à 9 feet (1,8 à 2,7 m) de tour à hauteur d'homme. Etant donné que l'alerce et le cyprès (Pilgerodendron) sont tous deux des bois durables, il est probable qu'une importante quantité de bois utilisable et précieux pourrait être récupérée à partir des arbres morts encore sur pied. Un échantillon de Pilgerodendron uviforum a été prélevé sur une perche qui avait été tuée par le feu il y trente ans, et qui, par la suite, était tombée sur le sol. A part une mince couche superficielle d'aubier endommagé, la perche était parfaitement saine.

Les quelques alerce et cyprès encore vivants dans les régions incendiées sont d'une grande importance en tant que porte-graines possibles, quoique, heureusement, dans la plupart des régions incendiées, la régénération naturelle de ces essences soit suffisante, et, en certains points, surabondante, allant jusqu'à dix plants par square yard.

A part les forêts de haute altitude où la végétation est rabougrie, une des caractéristiques des forêts de cette région est le sous-étage exubérant de Chusquea quila, qui rend la marche en forêt extrêmement difficile, particulièrement en l'absence de pistes tracées soit par les hommes, soit par le gibier. Ce sous-étage, heureusement, ne semble pas empêcher la régénération naturelle des essence d'ombre, en particulier Saxegothaca conspicua, Podocarpus nubigenus, Drimys winteri, et Laurelia serrata.

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

· Depuis 1948, l'Etat de Pennsylvanie, par son Administration des Eaux et Forêts, le Service des Forêts des Etats-Unis, par la Station Expérimentale Forestière du Nord-Est, et le U. S. Geological Survey (Service de la Carte Géologique des Etats-Unis) ont poursuivi conjointement l'application d'un projet de recherches soigneusement étudié sur les Eaux et les Forêts. Le but général est de déterminer les méthodes permettant d'établir des peuplements de bois commerciaux sur les terres actuellement couvertes de broussailles résultant de coupes et d'exploitations minières répétées, d'étudier les effets de telles conversions sur le rendement en eau, d'évaluer les relations existant entre la croissance de la végétation et la répartition des précipitations, de régénérer ou de remplacer le châtaignier détruit par le chancre, et de poursuivre des études hydrologiques approfondies sur les bassins de réception de très faible étendue.

Des études sur les plantations et les semis directs, y compris différentes méthodes de préparation du sol, ont été entreprises, en insistant particulièrement sur la destruction des espèces nuisibles par le poisons, étant donné que ce procédé entraîne moins de perturbations dans les horizons superficiels que les procédés mécaniques. La régénération naturelle est encouragée. La géologie et les sols des 2.000 acres (809 ha.) de la série expérimentale ont été étudiés en détail. Des appareils enregistreurs ont été installés afin d'évaluer tous les éléments de gain ou de perte d'eau des bassins de réception, et les variations des réserves d'eau de cette zone. Le niveau phréatique dans le puits d'observation, l'interception des précipitations suivant, les différentes densités et les différents types de végétation la qualité de l'eau et la congélation du sol seront déterminés en même temps que les éléments habituels des données climatiques.

Les résultats de ces différentes études sont rapidement analysés et tenus à jour, et les résultats recueillis seront publiés tous les deux ans évitant ainsi les délais habituels de publication des résultats de telles études.

INDONÉSIE

· Les forêts de teck d'Indonésie sont presque complètement pures, contrairement à celles du Thaïlande, de Birmanie et de l'Inde. La croyance populaire est que le teck a été introduit de l'Inde par les Hindous il y a quelque dix siècles, ce qui explique la pureté du peuplement. Il est également curieux de noter que, avec la différence de répartition des précipitations, c'est-à-dire de novembre à juin en Indonésie, au lieu de juin à octobre dans les autres pays producteurs du teck, les époques de floraison et de fructification se sont adaptées à ce cycle. Le teck fleurit de mai à juin dans l'Inde, alors qu'il ne commence à fleurir qu'à partir de mai à juin en Indonésie. Des expériences pratiquées avec quelques graines de teck Indien montrent que la croissance des plants provenant de graines des zones humides est très supérieure à celle fournit par les graines provenant des zones sèches, ou, en d'autres termes, en ce qui concerne la croissance, le caractère héréditaire s'est maintenu, même hors de la station d'origine. Un autre fait intéressant concerne Dalbergia latifolia et une espèce de Casuarina Ces deux espèces, lorsqu'on les fait passer du nord au sud de l'Equateur, perdent leurs facultés de reproduction. Le Casuarina, que l'on suppose avoir été introduit du Thaïlande et qui est maintenant abondamment planté, ne produit aucune fleur femelle en Indonésie. De même, Dalbergia latifolia (Bois de rose) amené des Indes, ne produit aucun fruit en Indonésie, et les plantations ne sont effectuées qu'à l'aide de drageons d'arbres plus âgés.

En ce qui concerne le teck, le système d'aménagement est très poussé, et la méthode de régénération est la coupe à blanc, suivie par le taungya. A la différence de l'Inde et de la Birmanie, on préfère le semis à la plantation. On sème en même temps Leucaena glauca, pour former un sous-étage destiné à protéger le sol, ce qui, accessoirement, couvre les besoins en bois de chauffage, et fournit les produits intermédiaires. La révolution est de 80 ans, ce qui est considéré comme un compromis entre une révolution basée sur le revenu financier et une révolution correspondant à la production en volume maxima. Le rendement actuel des coupes définitives est d'environ 115 m³ à l'hectare. Des coupes d'éclaircie sont pratiquées à intervalles réguliers; et presque tous leurs produits peuvent être vendus. L'accroissement annuel est estimé à 2,5 m³ par hectare, y compris les bois de petite dimension.

Les forêts de protection couvrant les sommets et le haut des versants contiennent des essences économiquement peu importantes. Pour satisfaire aux besoins croissants du pays, une partie de ces forêts est convertie en forêts productives, et les pentes inférieures sont coupées à blanc, puis boisées en Pinus merkusii, Eucalyptus salignam et Altingia excella. Ces plantations, bien qu'elles n'aient pas encore atteint leur plein développement, produisent déjà un revenu appréciable, provenant des coupes d'éclaircie, dont les produits sont vendus comme bois de chauffage. Les jeunes plantations de Pinus merkusii peuvent déjà être gemmées, et la térébenthine est distillée sous le contrôle du département. Les usines de distillation sont très désuètes, mais quels que soient leurs produits, ils trouvent un marché tout prêt et satisfont à la demande intérieure.

Dans les zones extrêmement sèches, les plantations de Melaleuca sont étendues sur une assez vaste échelle et on extrait l'huile essentielle de ses feuilles par un procédé rudimentaire, mais il semble toutefois que ce soit une entreprise profitable. De nombreuses recherches sont encore nécessaires pour déterminer la saison la plus favorable à la récolte des feuilles et à l'émondage.

On est étonné de constater que le Service forestier peut maintenant appliquer un programme de plantation sur environ 40.000 hectares annuellement, contre 12.000 hectares pendant la période d'avant-guerre. Naturellement, ce programme a été rendu nécessaire par le fait que, pendant l'occupation japonaise, de vastes zones boisées ont été dévastées. Une grande étendue de forêts de teck a été soumise à l'annélation dans le cadre de la campagne «grow more food» (produire plus de nourriture). Les arbres morts datent actuellement de 7 à 8 ans, et leur enlèvement est urgent. Ce vaste programme de reboisement n'est possible que dans les conditions qui règnent à Java, où il existe un besoin aigu de terre et où de grandes superficies peuvent être affectées à des plantations dans le cadre du système taungya. Le sol semble être fertile, et peut être cultivé d'une manière continue pendant 2 à 3 ans. Les produits de consommation tirés de ces zones, sous le régime des plantations taungya sont évalués à environ 50.000 tons par an.

Il est surprenant de constater que les forêts de teck de ce pays ne souffrent pas beaucoup de dégâts d'insectes phyllophages ou xylophages. de plus, ces régions ne sont pas ravagées par les incendies, ce qui a sauvé tous ces precieux tecks, annelés quelques années auparavant. On aurait pu s'attendre à une détérioration du sol, après qu'il soit resté exposé si longtemps, mais en fait elle ne s'est pas produite, car la plupart des arbres annelés ont émis des rejets, qui, avec la végétation arbustive ayant échappé aux incendies, ont assuré au sol un couvert suffisant.

Protection des forêts

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

· Un brevet a été accordé aux Etats-Unis à «un appareil permettant d'allumer et d'éteindre les contre-feux». L'engin, prévu pour être remorqué par un camion ou tout autre véhicule, peut allumer et éteindre des contrefeux à une vitesse allant jusqu'à 8 miles à l'heure (13 km), à l'aide de combustibles légers. Les contre-feux sont généralement allumés pour détruire toute végétation devant un incendie qu'on ne peut maîtriser; lorsque l'incendie atteint les zones déjà brûlées, il s'éteint faute de combustible.

Cet instrument a soulevé un intérêt considérable dans les organismes d'aménagement des terres, où la protection de vastes étendues de graminées, sur des terrains relativement faciles d'accès, est un problème primordial. Le procédé consistant à brûler plutôt qu'à labourer la ligne d'arrêt du feu laisse le sol intact, réduisant ainsi beaucoup les possibilités d'érosion, ce qui est particulièrement souhaitable le long des parefeux, des grand routes et des voies ferrées.

Un des éléments de cet engin de lutte contre les incendies par contrefeux ressemble à un lance-flammes. L'autre élément important consiste en une série de becs par lesquels l'eau est pulvérisée pour éteindre l'incendie à l'extérieur de la ligne. Le contrefeux mord ensuite en sens inverse, dans la voie suivie par l'incendie.

· Un long métrage, en technicolor, «Red skies of Montana» (Ciel Rouge de Montana), mettant en relief le travail des parachutistes du feu du Service forestier des Etats-Unis, vient récemment d'être présenté par les producteurs de la Twentieth Century-Fox. Le Service forestier s'efforce d'attirer l'attention sur la projection dans les salles publiques de ce film qui montre avec beaucoup d'exactitude le rôle joué par les parachutistes dans la lutte contre les incendies. Des ingénieurs forestiers qualifiés furent appelés comme conseillers techniques alors que l'on tournait ce film.

· En Pennsylvanie, les premiers programmes de lutte contre les incendies, appliqués il y a environ 40 ans, se heurtèrent à une insouciance générale, et à une utilisation intense et inconsidérée du feu. Entre 1911 et 1915, la moyenne annuelle des pertes était d'environ 2 ½ pour cent des surfaces protégées contre 0,1 pour cent, moyenne actuellement considérée comme l'objectif normal. L'attention se concentra d'abord sur le vaste problème de la prévention, à la fois par un effort d'éducation et de propagande, et par des mesures matérielles, telles que les mesures tendant à neutraliser le danger des voies ferrées, qui étaient l'une des principales causes d'incendie.

A mesure que les expériences s'accumulaient, et que furent localisées les points d'origine des incendies dûes à l'action de l'homme, on constata que 48 des 1.600 communes de l'Etat, ne comprenant cependant que 5 pour cent de la superficie totale des forêts, avaient à leur actif 35 pour cent de l'ensemble des incendies. Un effort spécial pour la prévention fut donc déployé dans ces communes sous la forme de nominations d'ingénieurs forestiers spécialement chargés de la prévention, de distribution de documents de propagande, et par d'autres moyens. Il s'ensuivit que pendant ces quinze dernières années, le nombre de ces incendies dans ces «communes-problèmes» a été réduit à un quart du nombre des incendies qui sévirent pendant les années qui suivirent immédiatement 1930. Ailleurs des méthodes moins sévères de prévention ont été uniformément appliquées. Plus récemment, le nombre des incendies par commune, pris comme base d'évaluation de «l'état du problème», a été réduit, et un effort particulier a été consacré aux communes ainsi identifiées. Dans l'ensemble, le nombre des incendies a atteint le point culminant de 3.700 par an dans la période 1931-35 et a depuis été réduit à 1.400.

La généralisation des programmes d'extinction des incendies a réduit l'étendue moyenne des incendies de 340 acres (138 ha.) dans la période 1911-15 à 26 acres (10 ha.) pendant ces cinq dernières années. La superficie totale des zones incendiées à été réduite à un dixième des 360.000 acres (145.000 ha.) autrefois parcourus annuellement, et la superficie des terres boisées incendiées est tombée à 0,25 pour cent. La méthode d'analyse continue ou périodique des résultats a été l'une des caractéristiques constantes de ce programme pendant cette période de 40 ans, et a manifestement permis de diagnostiquer avec exactitude les localités exigeant une attention particulière, et les modes d'action ayant le plus de chances de réussir.

· Les incendies, dans les régions peuplées de pins du sud, s'étendaient. généralement avec une grande rapidité, et il fut vite évident que la lutte manuelle seule était insuffisante pour prévenir des pertes sévères, en particulier dans les cas où le succès de la lutte contre l'incendie devait se traduire par un volume plus important de matériaux combustible subsistant sur le terrain.

Pendant ces 15 dernières années, des progrès importants ont donc été réalisés vers la solution de ce problème, parmi lesquels l'utilisation systématique d'appareils permettant la mesure des dangers d'incendie, le perfectionnement de la radio et de son utilisation, le perfectionnement et l'utilisation d'un équipement mécanique pour la ligne d'arrêt du feu, qui, avec une équipe de 3 à 4 hommes, établit une ligne d'arrêt aussi rapidement que ne le feraient une quarantaine, ou plus, d'hommes entraînes et frais utilisant des outils à main et réduit les zones incendiées à 20 pour cent de ce qu'elles seraient avec une main d'oeuvre humaine. De plus le budget de lutte contre les incendies de plusieurs états s'est accru de plus de quatre fois ce qu'if 'étais depuis quelques dizaines d'années; et le personnel chargé de la lutte contre les incendies est maintenant soumis à une formation beaucoup plus efficace grâce aux programmes coordonnées des différents organismes de protection fédéraux et des états. Les écobuages sont largement utilisés dans le Sud comme technique sylvicole et ont eu comme principal résultat, en ce qui concerne la lutte contre les incendies, de faire mieux connaître le comportement du feu dans des circonstances variées, et de servir d'entrainement pratique aux ingénieurs forestiers chargés de la lutte contre les incendies.

Ces deux expériences montrent clairement l'importance cruciale des programmes de prévention spécialement dirigés contre les façons d'agir et les coutumes particulières à certaines zones ou régions définies, l'importance cruciale d'une analyse constante des résultats acquis, la nécessité de déployer de l'imagination et de l'ingéniosité pour trouver de nouvelles méthodes en ce qui concerne la prévention et la lutte, lorsque l'expérience a prouvé que les méthodes anciennes ne sont pas suffisamment efficaces. La principale conclusion est que, dans ces conditions, des progrès constants peuvent être réalisés, conduisant à des mesures réellement efficaces de lutte contre les incendies, si grave et si désespérée qu'ait pu paraître la situation au début.

Les progrès réalisés dans la mécanisation de types de matériels variés continuent à être rapides. Parmi ceux présentant un intérêt général est la pratique de plus en plus répandue qui consiste à munir les camps des piquets d'incendie, de tasses, d'assiettes, couteaux, fourchettes et cuillières à jeter après usage afin de gagner du temps, d'épargner de la main d'œuvre, et de réduire les frais causés par le bris du matériel. On expérimente actuellement dans les camps l'utilisation de sacs de couchage en papier kraft ondulé, l'essai d'une nouvelle scie mécanique pour couper les broussailles, pesant 26 lbs., l'essai d'une nouvelle machine à moteur pour établir les lignes d'arrêt du feu, pesant 265 lbs. et qui pourra être utilisée sur terrain inégal et sur une pente de 58 pour cent.

MEXIQUE

· Une enquête pratiquée par les délégués de l'assistance technique de la FAO sur le taux élevé de la mortalité chez les semis de Cedrela odorata dans les plantations commerciales de la Province du Yucatan a révélé que la principale cause en était les coups de soleil (chaleur solaire excessive sur les tissus encore tendres des jeunes plants). Une attaque par des Buprestides s'est ensuite déclenchée dans les tissus lésés de la zone brûlée par le soleil, et les forages de l'insecte se sont étendus rapidement aux tissus sains en association avec un champignon non identifié. La mort du plant est dûe à une combinaison de ces trois facteurs, mais la brûlure par le soleil est le facteur principal qui devrait être évité. Plusieurs des arbres survivants de cette zone présentent d'anciennes lésions semblables à celles déterminées par des chancres, sur la partie inférieure de leur tronc, et qui sont probablement dûes à ce même facteur.

Dendrométrie et inventaire

CANADA

· La Division des recherches du Service forestier de la Colombie Britannique a mis au point des tables de volume par stations, afin d'aider aux estimations du volume de grumes et de la qualité du bois des peuplements sur pied de sapin de Douglas, de pruche de l'ouest et de genévrier de Virginie. Jusqu'à ces derniers temps, l'estimation sur le terrain était un don personnel, possédé par un nombre relativement restreint de spécialistes expérimentés de l'estimation à vue. Les résultats de leurs estimations ne pouvaient être vérifiés que par l'évaluation du volume du bois après exploitation, et cette sorte d'estimation visuelle ne pouvait être enseignée aux employés temporaires qui doivent faire la plupart de leurs tournées sur des terres appartenant à la Couronne. La nouvelle méthode, au contraire, peut être enseignée à des estimateurs tout-à-fait inexpérimentés.

Aménagement forestier

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

· Pendant la dernière année fiscale, les 73 millions d'acres (29.500.000 ha.) de forêts domaniales productives, produisirent en bois une recette brute de 65 millions de dollars, tandis que les frais d'administration, y compris la ristourne de 25 pour cent sur la recette brute aux gouvernements locaux, s'élevait à 53 millions de dollars laissant un profit net de 12 millions de dollars au Trésor Fédéral. De grandes étendues de forêts domaniales d'une superficie d'environ 108 millions d'acres (43.700.000 ha.) ont été mises en réserve et aménagées avant tout dans des buts autres que la production de bois d'œuvre, et en particulier pour la protection des versants. L'aménagement de ces terres entraîne chaque année une dépense de 26 millions de dollars par an, y compris la part qui revient aux gouvernements locaux, quoique la valeur de ces forêts et des services qu'elles rendent n'entraînent pas de rentrées directes pour le Trésor.

L'augmentation de valeur du capital représenté par ces forêts, basée sur la récente et fantastique montée des prix de vente du bois sur pied, a été extrêmement importante. L'accroissement spectaculaire des revenus financiers provenant de ces domaines publics, peut inciter les autorités responsables de la répartition des fonds à permettre la réalisation de moyens de protection nécessaires, la mise en valeur et l'aménagement, toutes choses que l'on avait jamais pu obtenir pendant la longue période pendant laquelle les forêts domaniales avaient été déficitaires.

· Une des zones de pâturages ayant fait l'objet de contestations entre le Service forestier et les industries de l'élevage est située dans la Roosevelt National Forest, dans l'état de Colorado. Ces biens nationaux avaient été classés comme forêts domaniales en 1917, après un demi-siècle d'abus, résultant de pacage excessif, d'incendies et de cultures sur les versants, et se trouvaient à cette époque dans un état déplorable. Des mesures d'aménagement furent appliquées, mais entre 1935 et 1940, des études démontrèrent que la dégradation des versants et des pâturages se poursuivait. A partir de 1940, des restrictions furent apportées et donnèrent lieu à de grandes controverses. A la suite de ces événements, on demanda au National Forest Advisory Council (Conseil Consultatif National des Forêts), en 1949, d'étudier ces questions et d'établir un rapport sur les terrains de parcours; ce Conseil recommanda que fût attribué aux différents usages de ces terres l'ordre de priorités suivant: 1) Protection des versants; 2) Loisirs; 3) Pacage, et 4) Production de bois.

L'année suivante, des techniciens du Service forestier des Etats-Unis, firent une étude approfondie de deux sections choisies dans des pâturages pour évaluer l'efficacité des changements actuellement introduits dans le nombre d'animaux, afin de déterminer quelles nouvelles modifications ou autres mesures pourraient être nécessaires en vue d'obtenir l'amélioration désirable des terrains de parcours et des versants.

On constata que 96 pour cent des terrains de parcours utilisables étaient en mauvais état, mais que la situation, en ce qui concerne l'herbe, laissait paraître une tendance à l'amélioration sur 78 pour cent de la superficie, semblant ainsi indiquer qu'il serait probablement souhaitable de maintenir le niveau actuel du cheptel, à la fois pour la production de l'herbe et l'amélioration de l'état des versants, spécialement en ce qui concerne l'infiltration, la capacité de rétention du sol, et la lutte contre l'érosion. L'application d'un programme modéré de mesures supplémentaires de lutte contre l'érosion est proposée, afin de hâter la stabilisation des rigoles, qui sont actuellement l'un des principaux facteurs de l'érosion. De plus, une meilleure répartition du bétail sur les pâturages est nécessaire, et il faudrait étudier le moyen d'évaluer l'importance des hardes de gros gibier.

· L'un des principaux buts des inventaires de forêts des Etats-Unis d'Amérique est de rassembler des données sur les forêts et ressources forestières, et en combinant ces documents avec d'autres données économiques, de préparer une base aux études et projets dans les services administratifs locaux, d'état ou nationaux. Les analyses fournies par chaque comté sont maintenant rédigées sous forme d'une étroite combinaison de données fournies par les inventaires forestiers sur la superficie des forêts leurs associations végétales, leur densité, les classes d'âge et la qualité de la station, avec quelques données sur le régime de propriété des terres boisées, à la fois en ce qui concerne la catégorie de la propriété, le caractère et l'étendue de la propriété.

Des exemples récents de ce genre de rapport, provenant de deux comtés de Californie, font ressortir les grandes différences qui existent et qui devront être prises en considération dans tous les efforts ultérieurs tendant à assurer un aménagement forestier convenable. Parmi les difficultés rencontrées lorsqu'il s'agit d'obtenir une utilisation rationnelle des terrés, se trouvent toujours les proportions variables des superficies des forêts de rapport, publiques ou privés, le fait qu'une étendue appréciable de propriétés privées est considérée comme consacrée aux loisirs, ou comme partie accessoire d'un domaine agricole, et que leurs propriétaires s'intéressent peu à leur aménagement au point de vue purement forestier et le fait que, par leur grand nombre, les petites propriétés forment au total la majeure partie des forêts commerciales. Le fait d'avoir obtenu ces renseignements fondamentaux constitue, pour le moins, un solide point de départ pour des efforts intelligents vers une conservation bien comprise des forêts.

PAKISTAN

· La «Revue Forestière du Pakistan»(Pakistan Journal of Forestry) rapporte que, compte tenu de la difficulté de persuader aux particuliers de permettre au Service forestier d'aménager leurs propriétés, il est très vraisemblable que, dans la Province frontière du Nord-Ouest, 50.000 acres environ (20.000 ha.) de ces propriétés ont pu être prises en charge.

De plus, plusieurs autres terres domaniales vacantes, et quelques rakhs civils, ont également pu être soumis à l'aménagement du Service forestier. La plus vaste de ces régions est le fameux Rakh Shaikh Budin, dans le district de Dera Ismaïl Khan, dont la superficie est d'environ 45.000 acres (18.000 ha.). Un projet de boisement progressif a été approuvé, et sera financé conjointement par le Gouvernement central et la Province. On a déjà commencé à mettre ce projet à exécution.

Un autre des nombreux projets utiles, et qui mérite d'être mentionné, est la plantation d'Acacia catechu (Khair) dans les maquis de la Province. Cet arbre est spontané dans ces forêts, mais n'y est pas abondant, et l'on s'en souciait peu autrefois. La demande, et de là le prix d'Acacia catechu, ont atteint un niveau astronomique, et l'on s'attend à ce qu'ils s'y maintiennent d'une façon plus ou moins permanente. Il s'agit donc de réaliser les plantations avant tout, et, dans cette Province, on plante annuellement environ 500 acres (200 ha.).

Industrie et commerce

CHILI

· Le manque de coopération entre les différentes industries du bois et leurs techniciens explique en partie le niveau relativement bas et le caractère sporadique des activités des industries forestières de ce pays. Il semble d'après certains signes, que les techniciens du bois reconnaissent l'importance du travail en coopération. La «Revista Forestal Chilena», revue forestière chilienne, dont les débuts remontent à deux ans, signale que la première association forestière locale de ce pays (Association de Madereros de Villarrica) a été fondée dans la province de Cautin en janvier 1952. Ce sera probablement le point de départ de l'organisation d'associations semblables en d'autres centres forestiers. Cette revue technique s'efforce de créer une association forestière nationale «Sociedad Nacional de Forestadores y Madereros», et il faut espérer que ses efforts seront couronnés de succès. Une telle association pourrait rendre de grands services en ce qui concerne l'amélioration des industries du bois du Chili, et particulièrement les scieries.

PANAMA

· Une compagnie a été créée, à l'aide de capitaux étrangers, mais utilisant une main d'œuvre locale, en vue d'exploiter sur une large échelle l'écorce du palétuvier. La compagnie a l'intention de traiter annuellement environ 200.000 tons d'écorce, d'une valeur d'environ $ 27,50 par ton. L'écorce réduite en pâte par un procédé breveté, doit être utilisée comme agent humidifiant pour le traitement de sédiments pétrolifères.

Les produits forestiers et leurs utilisations

AUSTRALIE

· On a constaté que Pinus Caribaea et P. taeda, essences introduites provenant de plantations datant de 20 ans, dans la Province de Queensland, Australie, sont tous deux doués de propriétés semblables, Pinus Caribaea étant légèrement supérieur. Toutefois, on a constaté que leurs qualités étaient inférieures à celles des mêmes essences ayant crû dans leur station naturelle, aux Etats-Unis d'Amérique, ou dans des plantations du Honduras Britannique. Ils sont comparables à Pinus radiata, d'Australie du Sud, élevé en plantations, mais sont légèrement inférieurs au Hoop pine du même état.

BORNÉO

· L'extrait suivant a été emprunté à «White Man Returns», le dernier livre d'Agnès Keith, femme de H. G. Keith, chargé de mission de l'assistance technique de la FAO dirigeant le Mechanical Logging Training Center (Centre d'instruction pour l'exploitation mécanique des Philippines). «Aujourd'hui, la principale source de revenus, à la fois pour les indigènes et pour le Gouvernement, est la récolte, la vente et l'exportation vers la Chine, des nids d'oiseaux provenant de quinze fameux groupes de grottes situées au nord de Bornéo, qui sont proverbiales partout où l'on déguste de la soupe aux nids d'oiseaux. Actuellement, l'industrie des nids d'oiseaux rapporte annuellement à ce pays presque 100.000 dollars, plus une somme appréciable pour les droits d'exportation, le tout acquis uniquement aux dépens des oiseaux.

L'ingrédient vital de la soupe aux nids d'oiseaux n'est ni les plumes, ni les bâtons, branchettes ou herbes - mais, ainsi que le savent les gourmets, la salive épaissie des martinets adultes. C'est une sécrétion de la glande salivaire de certaines martinets, avec laquelle ils font leurs nids. Cette salive se durcit à l'air et forme une substance semblable à de la colle de poisson, et tel est l'ingrédient comestible des nids d'oiseaux.

Les nids sont fixés à une grande hauteur, dans des endroits inaccessibles à l'intérieur de ces sombres grottes calcaires, par les petits martinets au plumage sombre et aux ventres blancs, lorsque vient la saison des nids.

Dans le nord de Bornéo, les nids d'oiseaux sont classés comme produits forestiers, et, dans la plupart des cas, ces grottes font partie des Réserves Forestières. Pour cette raison, la récolte, le revenu, la responsabilité et le maintien de cette Industrie, excepté en ce qui concerne quelques grottes appartenant à des indigènes, sont dans les mains du Service forestier».

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

· Des études sur l'écorgage chimique des essences papetières sont pratiquées dans l'Etat de Washington, suivant les méthodes utilisées dans d'autres régions forestières. Le but principal de ces études est de faciliter l'enlèvement de l'écorce à n'importe quelle époque de l'année, particulièrement sur les arbres jeunes, de petites dimensions et à croissance rapide, qui ne peuvent être efficacement traités par la méthode d'écorçage hydraulique habituelle. Un but secondaire est de réduire le poids du bois, permettant ainsi des chargements plus importants, pour des débardage à plus grande distance. Au cours de ces expériences, de l'arseniate de sodium a été appliqué dans des incisions circulaires pratiquées à la hache. Aujourd'hui, la pruche de l'ouest, les sapins, le peuplier noir, et le genévrier de Virginie ont réagi très favorablement, tandis que chez l'aulne rouge, on n'a constaté aucune séparation de l'écorce, et que le sapin de Douglas n'a donné aucun résultat encourageant. Le travail est poursuivi et étendu à d'autres essences, et à l'étude des aspects économiques du procédé.

NATIONS-UNIES

· Le Bâtiment de l'Assemblée Générale, dans le centre de la section qui abrite le siège central permanent des Nations-Unies à New York, sera achevé en septembre 1952. Dans sa rotonde, environ 25.000 board feet (59 ma) de bois traité au moyen de sels furent installés et des bois ayant subis un traitement semblable furent utilisés dans les deux appentis abritant la machinerie des ascenseurs, situés au nord du Dôme. Les parois consistent en planches de 1 inch (25 mm) d'épicea de l'ouest traité par pression avec 0,35 lbs de sel Wolman par cubic foot (5,6 Kgs par m³), formant une base convenable, permettant de fixer le revêtement de cuivre qui couvre le dôme et les tympans de ce bâtiment.

PAKISTAN

· Dans l'est du Pakistan, la principale source de bois est la forêt naturelle des Chittagong Hill Tracts. Ces régions sont inaccessibles et leur mise en valeur exige la création d'un système routier, qui servirait également à développer lés possibilités agricoles des réserves appartenant aux tribus, et situées sur ces collines, où est pratiquée la culture nomade. Un conseiller technique de la FAO a dressé un inventaire de toutes les ressources en puissance dans cette zone, et a conclu qu'il y existait réellement de grandes richesses forestières, mais que, du fait qu'il n'y avait pas d'industries forestières, on ne pouvait actuellement pratiquer aucune exploitation d'essences secondaires. Beaucoup de ces essences ont semblé pouvoir être utilisées comme matières premières pour la fabrication du contre-plaqué, d'allumettes, de panneaux de copeaux ou de fibre, tous produits actuellement importés à grands frais. Etant donné que les incidents mécaniques sont fréquents dans toutes les exploitations tropicales, ce technicien ne recommanda pas l'extension exploitations mécaniques, à quelque degré que ce soit, tant que ne serait pas assuré un service convenable de réparation et d'entretien. La création d'un système routier serait le premier pas vers l'utilisation des feuillus secondaires et pourrait probablement permettre de doubler la production forestière.

L'utilisation est facilitée par un expert du sciage de la FAO, qui a prévu la réorganisation et l'aménagement d'une scierie dans la région de Chittagong. Ce spécialiste (F. Cermak, France), a également conseillé de remplacer dans les forêts la scie à main par des scieries mobiles, telle que la scie à ruban horizontale française, «La Forestière», ou la scie à chaîne horizontale allemande, «Dolmar». Actuellement, la production moyenne journalière de planches de 1 inch par sciage à la main est de 1,5 à 2 cubic foot par homme, coûtant 1½ à 2 rupees ($ 0,45 à 0,60) par cubic foot. Des équipes de 2 à 8 hommes débitent en forêt les grumes en plateaux et débits équarris, et ceux-ci son ensuite flottés jusqu'aux centres de consommation pour être resciés.

Les scieries mobiles ne peuvent pas produire économiquement de bois de qualités supérieures, non plus que les scieries permanentes, à moins que ne soient introduites des méthodes de sciages spéciales. Le sciage sur quartier, qui donne les meilleurs résultats, quant à la qualité, est trop coûteux. Les méthodes employées en Afrique Occidentale, et qui ont donné de bons résultats, sont recommandées.

TRINIDAD

· Une comparaison des propriétés des bois de teck (Tectona grandis) provenant des forêts de Trinidad et de Birmanie, a fait l'objet d'un rapport rédigé par l'Institut impérial forestier d'Oxford (Imperial Forestry Institute). Les essais ont porté sur leur flexion statique, la résilience, la compression parallèle aux fibres, la dureté, la traction parallèle aux fibres, et les propriétés mécaniques qui en découlent. Dans tous les cas, la valeur moyenne de l'une quelconque de chaque propriété a été plus élevée dans le cas du bois provenant de Trinidad que dans le bois originaire de Birmanie. Le bois de teck de Trinidad pesait 1 pound par cubic foot (16,02 Kgs par m³) de plus que le bois de teck de Birmanie, mais cette différence n'explique pas entièrement les chiffres donnés pour la résistance. La conclusion est que les techniques sylvicoles actuelles de Trinidad sont satisfaisantes pour la production de bois supérieur en résistance au teck naturel de Birmanie.

Politique forestière

BRÉSIL

· En décembre 1950, le Ministre de l'Agriculture du Brésil a constitué une Commission pour l'étude des problèmes d'approvisionnement en bois de chauffage et charbon de bois qui se posent pour les usines sidérurgiques de l'Etat de Minas Gerais. Ces usines, alimentées principalement par des minerais d'hématite très riche en fer, utilisent en effet presqu'exclusivement du bois et du charbon de bois pour le chauffage et la réduction des minerais. Comparés à la consommation totale de bois de chauffage du Brésil, qui représente plus de 93 pour cent de sa consommation globale de bois, les besoins des usines sidérurgiques n'en représentent qu'une faible partie. Cependant, d'après les relevés établis par la Commission, les 13 usines de l'Etat ont absorbé en 1950: 1.121.690 m³ de charbon de bois, 82.978 stères de bois de chauffage et 21.427 ma de bois d'industrie pour le traitement d'environ 510.000 tonnes de minerai.

Pour faire face à ces besoins, presque toutes les compagnies sidérurgiques possèdent d'importances surfaces de forêts naturelles (la plus importante possède 149.890 hectares), qu'elles exploitent elles-mêmes en principe à une révolution de l'ordre de 25 ans et elles achètent en outre des quantités élevées de charbon de bois à des producteurs particuliers.

Si l'on tient compte de ce que, dans son ensemble, l'Etat a exploité en 1948 environ 35 millions de m³ de bois pour une surface forestière qui était évaluée, en 1933, à quelque 15 millions d'hectares, dont de vastes étendues sont parcourues chaque année par le feu, on voit que les ressources en bois ne sont pas indéfinies Pour les usines sidérurgiques elles-mêmes, les réserves dont elles disposent sur leurs forêts naturelles particulières ne dépassent pas bien souvent 4 à 5 ans de consommation. Même pour les plus favorisées d'entre elles la difficulté des communications et les distances de transport toujours plus grandes rendent les frais d'approvisionnement en bois et charbon de bois de plus en plus élevés.

Dans ces conditions, il est apparu à la Commission que la solution de cette difficile question devait être recherchée par le reboisement en eucalyptus, suivant l'exemple donné par la Compagnie des Chemins-de-Fer de Sao Paulo. Le rendement de ces plantations, à l'âge de 7 à 8 ans, est de l'ordre de 250 m³ à l'hectare. Sur cette base, la Commission a établi des plans pour chacune des Compagnies, visant à l'établissement en 10 ans de plantations couvrant une surface totale de 93.000 hectares. Certaines usines sont d'ailleurs déjà entrées dans cette voie, et la plus importante possède un service forestier bien organisé, avec des installations très complètes pour ses travailleurs en forêt. Le prix des plantations, à raison de 2.500 plants à l'hectare, semble devoir varier dans de larges limites, suivant les disponibilités de la main d'œuvre, entre 2.500 et 7.500 cruzeiros (entre $125 et $ 375).

Un plan de reboisement en eucalyptus est également proposé par la Commission pour le ravitaillement en combustibles des diverses Compagnies de Chemin de Fer de l'Etat.

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

· Le Chef du Service forestier des Etats-Unis a annoncé, ainsi que nous l'avons signalé dans le dernier numéro d'Unasylva, un inventaire complet des ressources forestières des Etats-Unis, qui doit être terminé d'ici deux ans. Le dernier inventaire de ce genre était basé sur des données antérieures à 1945, et les sévères exploitations forestières pratiquées depuis rendaient indispensable ce nouvel inventaire. Il prévoit la mise à jour de toutes les données concernant les ressources en bois, une nouvelle analyse des besoins futurs, des ressources et de l'accroissement, l'estimation critique des programmes actuels de conservation des forêts et la préparation d'un nouveau programme concernant la foresterie américaine. On demandera conseil et assistance à tous les organismes compétents, à toutes les industries et tous les programmes de conservation.

La récente publication de rapports sur les inventaires forestiers, pour chaque état ou région, souligne l'importance de ce travail actuellement en projet, véritablement complet et étendu à tout le pays. Ceci sera particulièrement vrai lorsque ces nouveaux inventaires seront terminés à intervalles de 12 à 15 ans, jalonnant ainsi deux points dans le temps, et indiquant la tendance des situations locales Par exemple, de telles ré-estimations viennent d'être établies pour deux états du Sud, le Mississipi et la Caroline du Sud, pays dans lesquels les forêts ont une importance primordiale, à la fois du point de vue régional et du point de vue national. Dans le Mississipi par exemple, il ressort que les industries des produits forestiers prennent place immédiatement après l'agriculture, en tant que facteur important de l'économie nationale, que, malgré un accroissement de 2 pour cent de la superficie de la zoné boisée entre les deux inventaires le volume du bois, sa qualité et ses dimensions ont diminué, le volume total ayant baissé de 10 pour cent et le volume des grumes de sciage davantage encore; une utilisation excessive des forêts se poursuit en raison d'exploitations abusives, de l'emploi d'arbres et d'essences de moindres dimensions, de qualité inférieure et autrefois moins recherchés et d'une production accrue de produits secondaires; dans l'ensemble, l'aménagement de 90 pour cent des forêts particulières est médiocre, bien qu'il existe de bons aménagements dans les propriétés plus importantes appartenant à l'industrie, les pronostics actuels semblent indiquer un ralentissement d'activité des principales industries utilisant le bois comme matière première, à moins que l'aménagement ne soit rapidement amélioré; un meilleur aménagement peut dans l'avenir créer suffisamment pour pouvoir répondre à tous les besoins prévisibles de bois, et l'amélioration des méthodes d'abattage, d'utilisation, de protection contre les incendies et le pacage est un facteur essentiel de l'amélioration de l'aménagement.

Dans la Caroline du Sud, dont 62 pour cent de la superficie totale sont boisés, le nouvel inventaire montre que la situation est en grande partie semblable. Le volume total de bois a décru de 5 pour cent, et le volume du bois de sciage de 10 pour cent et même davantage en certaines régions; l'utilisation du bois pour la pâte et le bois de sciage, le placage et autres produits s'est considérablement accrue; les exploitations abusives, particulièrement en ce qui concerne les meilleurs bois, mais aussi en ce qui concerne les bois de petites dimensions, ont également pris de plus grandes proportions; l'accroissement de la population et des revenus ne laisse prévoir aucune réduction de l'appel fait aux ressources forestières; l'accroissement est loin de ce qu'il pourrait être, et les mesures nécessaires pour l'amélioration? dans le Mississipi ou ailleurs, sont partout les mêmes.

ÎLES FIDJI

· Un Comité officiel de politique forestière a récemment établi un plan d'action pour la foresterie dans les Fidji. Les deux objectifs principaux sont d'élever le niveau des prévisions de crédit jusqu'à un chiffre permettant de tenter de créer une foresterie efficace, et d'étudier une série de buts précis pour la politique forestière. Auparavant, au moins du côté non officiel, l'atmosphère a été hostile à la foresterie, et les tentatives précédentes tendant à faire quelques progrès, son restées sans succès. La tâche à accomplir est loin d'être simple. La moitié environ de la superficie est située dans la zone de rain-forest tropicale; la plus grande partie en est inaccessible, et le reste en a été très dégradé par de continuelles exploitations; on n'a pu parvenir à des techniques de régénération satisfaisantes. Dans les zones sèches, la culture, et plus encore les incendies, ont détruit la forêt, et le sol est couvert de graminées ou de mauvaises herbes. La restauration du couvert arborescent devra être obtenue par des plantations. Pendant ce dernier demisiècle, un tiers au moins des besoins en bois ont dûs être couverts par des importations. Pour que les Fidji puissent se suffire à la longue, d'importants capitaux devraient être investis en plantations, qu'il faudrait ensuite soigner. Le plan actuel prévoit la plantation de 2.000 acres (800 ha.) par an. On prévoit l'augmentation de l'effectif des cadres supérieurs, la création d'un centre de formation, et l'achat de matériel. La superficie des réserves actuellement constituées n'est que de 1,8 pour cent de la superficie totale, et, si toutes les zones dont le classement est déjà décidé ou encore en discussion, étaient définitivement classées, il n'y aurait cependant encore que 6,2 pour cent de réserves classées. Aucune de ces réserves n'a encore été délimitée sur le terrain, et les exploitations ou les cultures nomades y font de perpétuels empiètements.

HAÏTI

· On rencontre beaucoup d'exemples de plans d'irrigation dans lesquels un barrage est construit pour maintenir une masse d'eau, mais où rien n'est prévu pour stabiliser le sol ou réduire la quantité de sédiments charriés par la rivière. En pareil cas, après quelques années, la capacité du barrage est réduite par un alluvionnement considérable. A Haïti, le Gouvernement a très sagement pris l'initiative d'un programme de boisement de lutte contre l'érosion, et de culture conservatrice dans le bassin de réception avant que le barrage ne soit même commencé. De cette façon, le Gouvernement espère avoir réduit le dépôt d'alluvions charrié par la rivière Artibonite, estimé à dix millions de mètres cubes par an, à un chiffre moins imposant et moins menaçant pour la capacité du barrage.

INDE

· L'Inde avait, dès 1894, officiellement énoncé les bases de sa politique forestière. Mais une politique forestière n'est pas un ensemble de principes immuables. Dans le cas de l'Inde, la révision s'en imposait, non seulement en raison des conditions politiques différentes, mais aussi pour tenir compte des enseignements du passé et pour en faire un instrument plus efficace du développement futur du pays.

Grâce à la coopération de tous les Etats, une nouvelle résolution a été adoptée le 12 mai 1952, qui énonce les principes de la nouvelle politique forestière de l'Inde. C'est là un événement dont l'importance, non seulement pour l'Inde, mais aussi pour tous les pays de l'Extrême-Orient, et même pour le monde entier, n'échappera à aucun des lecteurs d'Unasylva.

Dans un prochain numéro, Unasylva publiera une analyse détaillée de cet important document.

· Le Grand désert du Rajputana, qui occupe une surface de près de 21 millions d'hectares (80.000 sq. miles) s'étend en direction Nord-Ouest vers les fertiles plaines du Gange, à - la vitesse d'environ 800 mètres par an et sur un front sinueux d'une largeur totale de 160 kilomètres. Un Comité institué par le Ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture de l'Inde, sous la présidence de M. Chaturvedi, Inspecteur Général des Forêts, a récemment examiné ce problème, et l'Institut National des Sciences de l'Inde a étudie comment le reboisement a déjà permis de protéger les terres agricoles et d'arrêter la progression du désert.

La Commission a recommandé la création d'une Station de recherches à Jodhpur, sous la tutelle de l'Institut de recherches forestières de Dehra Dun. Cette station aurait la responsabilité de la création de diverses plantations, en vue d'assurer à la population environnante des ressources en terrains de parcours, bois de chauffage et petits bois d'œuvre, et de créer des brise-vents. En particulier, une ceinture forestière de 8 kms de large et de 640 kms de longueur devra être établie en 10 ans le long de la frontière Ouest du Rajasthan.

Tandis que ces travaux seraient sous la responsabilité du Gouvernement fédéral, la Commission a également recommandé au Gouvernement de cet Etat une augmentation importante des surfaces réservées à la forêt, la création de brise-vents et bandes de protections accessoires.

Parmi les essences susceptibles d'être utilisées aux plantations dans les conditions particulièrement difficiles de ce désert, on cite notamment Prosopis juliflora, Azadirachta indica, Ailanthus altissima et Albizzia lebbeck.

KENYA

· La plantation de conifères exotiques à l'échelle commerciale débuta au Kenya très peu de temps après 1920, et se poursuit actuellement à un rythme de plus de 6.000 acres (2.400 ha.) par an. Cupressus macroscarda, C. lusitanica, Pinus radiata et P. patula sont les essences qui réussissent le mieux, croissant rapidement, et, avec une révolution de 35 ans, produisent un peuplement exploitable mesurant environ 20 inches (51 cm) à 1m 30 du sol. Les arbres réservés pour la coupe définitive sont élagués afin de produire du bois sans nœuds; les coupes d'éclaircie sont importantes et leurs produits sont absorbés par le marché. Le prix de revient des plantations est trè bas, étant pratiqué dans le cadre du système «shamba», qui exige que les cultivateurs plantent des arbres et les soignent jusqu'à se que la culture émigre vers un autre emplacement taungya.

La Direction des Forêts essaie de créer dans chaque district une forêt de 5 à 10.000 acres (2 à 4.000 ha.), et de faire de chacune d'elles une forêt «normale», comportant une série complète de classes d'âge. Une forêt de ce type, d'une superficie d'environ 7.000 acres (3.000 ha.) fournirait annuellement environ 1.400.000 cubic feet (40.000 m³) y compris les produits des coupes d'éclaircie et alimenterait une importante scierie fonctionnant d'une manière permanente et qui pourrait, par conséquent, être organisée d'une manière efficace. Si le bois sur pied est vendu à un taux raisonnable, les capitaux investis dans la plantation pourraient rapporter, suivant les estimations, de 8 à 10 pour cent d'intérêts composés, taux supérieur à celui auquel pourrait être emprunté le capital.

Le programme actuel prévoit le boisement de 210.000 acres (85.000 ha.) en 35 ans, et sur ce total 45.000 acres (18.000 ha.) étaient déjà plantés à la fin de 1949. La création d'une forêt «normale» dans chaque district exigerait beaucoup plus de 35 ans.

Il n'a jamais été établi d'inventaire complet du domaine forestier et le besoin s'en fait fortement sentir. Un travail partiel et préliminaire indique que, dans une seule circonscription on peut trouver jusqu'à 235.000 acres (95.000 ha.) qui pourraient être avec profit être plantés d'essences commerciales et, dans les Forêts de la Couronne, la superficie totale des terres propres à ce genre de plantations pourrait atteindre 1 million d'acres (400.000 ha.).

En dehors des plantations commerciales de conifères, les forêts domaniales ont été divisées en: a) Forêts indigènes de rapport, fournissant le gros des ressources commerciales actuelles; b) Forêts indigènes de type non-commercial, ayant un rôle de protection, et qui doivent être sauvegardées, conformément à la politique forestière adoptée; c) Plantations d'essences propres à fournir du bois de chauffage, en majeure partie des eucalyptus; d? Réserves de forêts naturelles. Les réserves naturelles sont gérées à perte, et comme le sont les forêts de protection, et quelques unes des plantations de bois de chauffage sont maintenant superflues.

LIBÉRIA

· La Mission économique des Etats-Unis au Libéria, qui a commencé ses travaux en 1944, a entrepris un inventaire des ressources forestières, qui sont les moins connues et les plus médiocrement décrites de l'Afrique Occidentale. Pendant deux ans, on travailla à déterminer approximativement l'âge, le volume, la composition, la qualité, la répartition et les possibilités d'exploitation des forêts et à établir un programme de protection, de mise en valeur et d'utilisation rationnelle. Des photographies aériennes reproduisant presque toute l'étendue du pays furent utilisées pour établir le programme de travail sur le terrain, mais ces photographies ne présentaient qu'un intérêt restreint, le couvert épais des futaies limitant les données que l'on espérait pouvoir en tirer. Toutefois, les principaux bassins fluviaux purent aisément être délimités d'après ces photographies. Les zones forestières furent classées en: a) Brousse, comprenant des régions récemment cultivées, sans réel couvert d'arbres et peuplées d'une brousse impénétrable; à b) Brousse clairièrée, y compris des zones où l'étage dominant était discontinu, et où le volume approximatif de bois exploitable était de 5.000 board feet ou moins par acre (56 m³ par ha.); c) La futaie, comprenant des régions de couvert dense et complet, et dont le volume dépasse 5.000 board feet par acre (56 m³ par ha.), ce dernier subdivisé en classes de 5.000 feet.

Dans le travail sur le terrain, des parcelles d'un acre, larges de 33 feet (0,4 ha. sur 10 m de largeur) furent délimitées de chaque côté de la piste, et des parcelles échantillons furent choisies dans les belles futaies. Les arbres exploitables furent définis comme ayant un diamètre minimum de 2 feet (61 cm) sous écorce au-dessus de l'empattement et pouvant fournir au moins une grume marchande. Les volumes furent estimés d'après le barême international ¼ inch log.

Il fut nécessaire d'entreprendre des travaux de dendrologie, et 235 entrences furent identifiées et vérifiées le cas échéant par comparaison avec les collections de référence les plus importantes, telle que l'herbier de Kew, Royaume-Uni. Ce travail enrichit considérablement les connaissances acquises sur les forêts et les arbres du Libéria.

Les précipitations sont un facteur déterminant de la végétation. Dans la zone côtière, recevant annuellement plus de 125 inches (3 m) de pluie, on trouve des rain-forests à feuilles persistantes typiques; plus à l'intérieur, dans une zone recevant de 75 à 125 inches (2 à 3 m) se trouvent des forêts à feuilles caduques; et dans les régions septentrionales, avec moins de 75 inches, se trouvent des forêts de savanes, entrecoupées de prairies.

Il était nécessaire de procéder à un recensement de la population et, à cet effet, on compta les huttes, et l'on établit approximativement, la moyenne des occupants. Ces opérations, quoique ne fournissant qu'une base précaire, indiquèrent une population totale de 1 million à 1.100.000 habitants. Le chiffre global de la population mâle adulte et valide ne dépasse sans doute pas 150.000, et l'on ne pourrait probablement pas en distraire plus d'un tiers des travaux agricoles vitaux.

Les moyens de transport de toute espèce font sérieusement défaut. Les routes carrossables n'atteignent qu'une partie infime des zones boisées et la plupart d'entre elles ne sont pas suffisamment bonnes pour permettre le débardage de grumes ou de bois de sciage par tracteurs. Le système de routes pratiquables ne dessert pas plus de 5 pour cent de la zone de futaie exploitable. Un port en eau profonde, récemment ouvert au trafic, pourrait favoriser la mise en valeur des forêts et le commerce du bois. Actuellement, les sentiers, et les charges portées sur la tête, constituent les courants vitaux de la Libéria intérieure, les charges pesant en moyenne 50 pounds (23 Kgs) et le parcours journalier moyen 25 miles (40 Km, 225).

Il n'y a jamais eu d'industrie du bois à proprement parler. Des grumes furent exportées dès le 19ème siècle, et une utilisation limitée du bois d'œuvre dans la région côtière immédiate s'est poursuivie au siècle actuel. Il n'existe que quelques petites scieries à scies circulaires, fonctionnant par intermittence. Les exportations de bois ne sont évaluées qu'à un sixième des 75.000 dollars payés pour les importations. La consommation annuelle de bois de chauffage est de 45 millions de cubic feet (1.270.000 m³) dont 95 pour cent sont le produit d'arbres morts, ou mourants, provenant de défrichements pratiqués pour la culture; les emplois secondaires absorbent annuellement 2 millions de cubic feet (56.600 m³) de bois, et une grande variété de menus-produits, utilisés comme nourriture, médicaments, ou à des usages domestiques, proviennent des forêts. Le marché intérieur est peu important.

Il existe un volume considérable de matières premières pour une vaste exploitation commerciale des forêts. Les essais actuellement effectués dans le Royaume-Uni et en France sur des bois provenant d'Afrique Occidentale font mieux connaître les essences provenant du Libéria et peuvent éventuellement faire accepter sur le marché des essences qui ne sont pas encore utilisées.

Primitivement, de 90 à 95 pour cent de la superficie totale du pays étaient couverts de futaies. Actuellement, les futaies ne couvrent que 38 pour cent de la superficie totale, la brousse mélangée 20 pour cent, la brousse 22 pour cent, et les zones non boisées, qui comprennent des zones défrichées et cultivées et les plans d'eau intérieurs, 20 pour cent.

Il n'existe pas de système simple et facilement applicable de classification des associations forestières, mais les grandes zones de végétation peuvent être utilisées pour diviser le pays en forêts côtières et mangrove, 2 pour cent; rain-forests à feuilles persistantes, 47 pour cent; forêts de transition, 10 pour cent; forêts à feuilles caduques, 40 pour cent, savanes et forêts-parcs, 1 pour cent.

Les problèmes de conservation comprennent la soumission d'un domaine forestier, l'organisation de la sylviculture et de l'aménagement, le contrôle de l'utilisation des terres par l'agriculture, la répression des incendies volontaires utilisés pour des fins agricoles, et autres facteurs de moindre importance.

L'exploitation commerciale dépend en grande partie de la construction de routes ou autres voies de communication, et la mise sur le marché de bois actuellement inconnus ou d'importance secondaire. D'autres ressources viennent encore s'adjoindre et s'associer aux précédentes: eau, chasse, pêche, qui peuvent devenir précieuses pour la population de ce pays.


Page précédente Début de page Page suivante