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3.1 Méthodes d'échantillonnage pour les statistiques de pêche et d'effort de pêche


3.1.1 Statistiques nécessaires
3.1.2 Définitions de la population et choix de l'unité d'échantillonnage
3.1.3 Estimation de la pêche totale
3.1.4 Estimation des quantités rejetées
3.1.5 Statistiques d'effort


3.1.1 Statistiques nécessaires

Le premier point dans l'étude d'une pêcherie est de connaître ce que la pêche prend. Trop souvent, les statistiques de pêche sont inexistantes ou manquent de renseignements essentiels, par exemple division de la pêche totale par espèce ou catégorie de poissons. Plus souvent même, il n'y a aucune donnée sur l'effort de pêche, même sous la forme la plus grossière, telle que nombre de bateaux ou nombre de pêcheurs. Pêche, effort de pêche et leur rapport, la pêche par unité d'effort, qui donne l'indication la plus simple sur l'abondance du stock, sont les bases de l'étude d'une pêcherie quelle qu'elle soit. Une fois que deux quelconques de ces facteurs sont déterminés, le troisième s'en déduit immédiatement. Ainsi, la pêche par unité d'effort ne doit pas nécessairement être déterminée à partir des deux autres. On peut plutôt parfois déterminer la pêche et la pêche par unité d'effort et en déduire alors l'effort, ou bien la pêche est déduite des données sur l'effort de pêche et la pêche par unité d'effort. Pour cette raison, il n'est pas possible de discuter d'échantillonnage de pêche et d'effort de pêche comme de problèmes isolés.

Mesures de l'effort de pêche

Les utilisations variées des données de l'effort de pêche et les unités nécessaires pour chacune d'entre elles doivent être clairement établies. Un économiste peut considérer l'effort comme une mesure du travail partie de l'économie et la pêche par unité d'effort comme une mesure de la réussite ou de l'efficacité de la pêche. Un biologiste regarde l'effort comme une mesure de la mortalité causée par la pêche et la pêche par unité d'effort comme une mesure de l'abondance ou de la densité du stock de poisson. Ainsi, ils peuvent exiger des unités différentes d'effort de pêche et, en particulier, les unités employées changeront, avec le temps, de différentes manières. Par exemple, supposons que des moteurs hors-bord soient introduits dans une flotte de pêche qui n'avait utilisé jusqu'à maintenant que des canots à pagaies. Pour un économiste, les bases économiques ont peu changé - les facteurs principaux, nombre d'hommes ou de canots, restent les mêmes - et la pêche par unité d'effort augmentera. Pour le biologiste, le stock est inchangé et la pêche par unité d'effort pourrait rester aussi inchangée, mais l'effort de la pêche augmentera, c'est-à-dire que l'unité d'effort de l'économiste pourrait être le canot ou le pêcheur; mais le biologiste prendra des unités de canots non motorisés, un canot à moteur étant compté, mettons, comme deux unités de canots non motorisés.

Ces complications - qui tendent à augmenter à mesure que se généralisent l'emploi d'équipements accessoires ainsi que les modifications et l'amélioration du matériel de pêche - nous indiquent que les données sur l'effort de la pêche sont souvent plus facilement rassemblées en deux étapes. Premièrement, une mesure relativement simple de l'effort total, telle que le nombre de bateaux ou le nombre de voyages, est obtenue peut-être par échantillonnage, souvent étroitement lié à la collecte des renseignements sur la pêche totale. Ensuite, des renseignements plus détaillés (dimensions des bateaux, engins ou tout autre équipement) peuvent être obtenus sur une partie de la flotte de pêche pour convertir la simple mesure de l'effort de pêche en une mesure plus précise nécessaire à un usage particulier. L'information de détail peut être recueillie sur un échantillon annuel de la pêche, mais l'échantillonnage peut aussi être effectué en fonction du temps; par exemple la Commission internationale des pêches du nord-ouest de l'Atlantique (CIPAN) recueille des informations de détail (dimension des bateaux, engins de pêche) sur tous les bateaux travaillant sur sa zone de pêche, mais seulement à intervalles de plusieurs années.

3.1.2 Définitions de la population et choix de l'unité d'échantillonnage


Exemple 3.1.2.1


Comme dans n'importe quel problème d'échantillonnage, le point essentiel est de définir la population à échantillonner et de choisir une unité d'échantillonnage appropriée. Pour cela, il est presque toujours plus facile de considérer l'endroit où le poisson est débarqué ou bien où il est possible de le peser ou de l'enregistrer plutôt que le lieu où les opérations réelles de pêche ont lieu. Plus simplement, la pêcherie peut être basée sur un nombre de points distincts de débarquement, chacun pouvant être considéré comme une unité. Dans une situation plus complexe, les lieux de débarquement peuvent se situer n'importe où sur une ligne - une ligne côtière ou une rivière - et l'unité naturelle est alors une certaine longueur de ligne côtière ou de rivière. La meilleure dimension de l'unité est une dimension suffisamment petite pour qu'un homme puisse la parcourir en un jour, mais les limites peuvent en être élargies quand l'activité de la pêche est très éparpillée. Enfin, quelques pêcheries, habituellement primitives, peuvent couvrir toute une surface, par exemple des marais ou des canaux d'irrigation, le poisson étant alors consommé sur place ou envoyé au marché par petits lots. Ici, l'unité peut être une surface de terrain. Ces sortes d'unités peuvent être combinées, si bien qu'une bande côtière peut être divisée en un certain nombre de points de débarquement distincts et de longueurs côtières entre ces points.

Le premier pas à faire serait d'exécuter une certaine stratification en divisant les unités (points de débarquement, bandes côtières) suivant l'ordre de grandeur de leurs pêcheries. Ceci exige une certaine étude préliminaire de la pêcherie et, pour les pêcheries sans lieu de débarquement déterminé, la possibilité de certaines études géographiques préalables pour délimiter avec précision les unités. Là où les divisions entre les unités doivent être tracées assez arbitrairement sur une bande côtière assez uniforme, le mieux est de tracer des divisions en vue de faire des prises en unités de la même classe aussi égales que possible. Ceci réduit la variance entre les strates au minimum et, dès lors, augmente la précision de n'importe quelle estimation finale d'une prise totale, etc., pour un total donné d'échantillonnages. La division en, disons, grand, moyen et petit, peut changer durant l'année pour une saison de pêche, si bien qu'une place de débarquement ou une étendue de côte, classée comme «grande» pendant la saison principale de pêche, pourrait être classée comme «petite» pour le reste du temps.

L'intensité de l'échantillonnage variera suivant l'importance de l'unité. Il peut être possible de réunir des informations complètes sur de grandes unités, mais échantillonner seulement 1 pour cent des petites unités en une fois.

A l'intérieur d'une unité de population simple comme elle vient d'être définie, par exemple une seule place de débarquement, d'autres stratifications peuvent être recherchées. Comme on l'a suggéré précédemment, une stratification pourrait se faire avec le temps. Par exemple, une longueur de côte peut avoir été divisée en huit unités (par exemple huit points de débarquement) et on dispose d'une main-d'œuvre suffisante pour échantillonner environ 1/10 du temps à chaque point. Alors les débarquements mensuels à chaque place pourraient être considérés comme une stratification séparée avec des débarquements qui seraient échantillonnés 3 jours par mois. Les désignations de ces trois jours par mois dépendraient de circonstances telles que la facilité du voyage entre les points de débarquement. S'il n'y a pas de difficulté ou de dépense importante en inscrivant le point A pour le lundi, B pour le mardi, etc., il serait préférable d'espacer les trois jours d'échantillonnage approximativement à dix jours d'intervalle dans le mois (les voyages entre les points de débarquement seraient aussi plus faciles si les débarquements, au lieu d'être faits durant toute la journée, avaient seulement lieu le matin, laissant les après-midi libres pour un voyage éventuel). Réciproquement, si le voyage était difficile, les trois jours d'échantillonnage devraient être pris ensemble même au prix d'une certaine perte de précision due à la corrélation probable entre débarquements à des jours successifs.

On peut faire une seconde stratification, spécialement dans les grands centres, par catégorie de bateaux ou d'engins de pêche. Même un jour où les statistiques ont été enregistrées à un lieu de débarquement, il peut ne pas être possible d'enregistrer les détails de tous les débarquements, et les détails de prise et d'effort de pêche devront s'obtenir à partir d'un sous-échantillonnage de l'ensemble. Les estimations résultantes seront plus précises si les différentes catégories de bateaux (soit en taille, soit en engins utilisés: lignes, filets maillants, etc.) sont échantillonnées et analysées séparément. Ceci naturellement exige un certain recensement du nombre total de chaque catégorie de bateaux débarquant leur pêche ce jour-là, y compris ceux dont la pêche n'a pas été échantillonnée.

Exemple 3.1.2.1

Seize bateaux ont débarqué leur pêche à un certain port. Les pêches de deux cordiers et de deux bateaux à filets maillants ont été examinées et comprenaient respectivement 45, 55, 75 et 105 kilogrammes de poissons. a) Quelle est l'estimation du total du poisson débarqué? b) Si l'on sait que six bateaux utilisaient des cordes et dix étaient équipés de filets maillants, quelle serait la meilleure estimation, 1120 ou 1200 kilogrammes?

3.1.3 Estimation de la pêche totale


Exemple 3.1.3.1
Exemple 3.1.3.2


La quantité de poisson d'une pêche ne peut pas normalement être mesurée directement une fois la pêche terminée, et les données statistiques de base doivent être recueillies à un certain point intermédiaire entre le pêcheur et le consommateur. Habituellement, cela se fait quand le poisson est débarqué, souvent à un marché, où il est pesé et vendu à un grossiste. Ces quantités ne coïncident pas nécessairement avec la pêche puisqu'on sont exclus, d'une part, le poisson invendable (espèces non appréciées des consommateurs, poissons trop petits, etc.) et, d'autre part, le poisson gardé par le pêcheur pour sa propre consommation. On doit toujours examiner la possibilité de telles pertes et, si elles ne sont pas insignifiantes, on doit les estimer à l'aide d'un des systèmes d'échantillonnage décrits plus loin (3.1.4). De même, si on relève les statistiques de base à un moment ultérieur au premier débarquement, on doit tenir compte des pertes intermédiaires.

Par exemple, en Zambie, il y a une pêche importante sur le lac Mweru avec son marché principal à Copper Belt, à une distance de 250 milles. Le poisson envoyé à ce marché doit passer par la douane où un procès-verbal complet de ces exportations doit être dressé. L'enregistrement complet de tout le poisson débarqué n'est pas si facile à relever, mais il est possible, en partant d'observations sur des échantillons, d'établir quelle est la proportion exportée de la pêche totale, et, ensuite, estimer la pêche totale à partir de la quantité exportée.

Des facteurs de conversion seront également utilisés si le poisson doit subir des opérations diverses avant d'être débarqué, si bien que le poids au débarquement est différent du poids à la pêche. L'exemple le plus fréquent est naturellement le vidage et le nettoyage du poisson, où on peut facilement déterminer le facteur de conversion qui est petit, mais le poisson peut aussi être séché ou salé avant d'être présenté au marché. Un cas particulier important de l'utilisation de tels facteurs de conversion se produit quand les chiffres de statistiques nominales de pêche sont recueillis pour des buts ou des opérations extérieurs aux pêches. Ces chiffres sont alors très incomplets, soit parce qu'ils sont recueillis dans l'intention de connaître un seul aspect de la pêche, par exemple le poisson destiné au marché, soit à cause d'une falsification délibérée. Cette dernière provient du fait de baser le système statistique sur les formulaires remplis par les pêcheurs pour l'établissement de taxes fiscales. Dans ce cas, l'établissement d'un facteur de conversion digne de confiance (la proportion de la pêche non déclarée aux autorités) peut présenter quelque difficulté. Il peut être préférable, dans le cas d'études biologiques, d'abandonner toute utilisation de vastes statistiques de pêche nominales et d'utiliser de préférence des estimations complètement indépendantes obtenues par un quelconque système d'échantillonnage.

Des échantillonnages supplémentaires peuvent être nécessaires pour déterminer les prises à l'intérieur de l'unité de population primaire - un lieu de débarquement ou une ligne côtière, pendant l'espace de temps nécessaire - peut-être un jour. Quelquefois, il sera possible de relever toutes les pêches débarquées. Par exemple, tous les poissons péchés peuvent être mis dans des caisses pour être vendus aux enchères et les quantités peuvent être facilement pointées. A d'autres endroits, l'unité d'échantillonnage peut couvrir une longueur de côte considérable, avec peut-être plusieurs bateaux débarquant en même temps et il est impossible d'enregistrer les détails de tous les bateaux. En ce cas, on estimera normalement les prises d'après le nombre total des mises à quai et la prise par mise à quai. Ceci suppose que, tandis qu'on relève les points de détail d'une mise à quai, il est possible tout au moins de pointer le nombre exact mettant à quai. Dans le cas le plus défavorable, cela n'est pas possible et un autre système est utilisé tel que l'estimation du nombre de débarquements par heure sur une partie de la journée seulement. Alors la personne qui enregistre divisera le jour en une partie (disons n heures) où elle pointera le nombre total de débarquements (soit N) et une autre partie (m heures) où elle relèvera les détails de quelques débarquements (soit k débarquements) survenus pendant ce temps.

Alors, la pêche moyenne par débarquement = wi est la pêche du ie débarquement dont on mesure la pêche,

et le nombre total de débarquements de la journée = (m + n) N/n la pêche totale =

La répartition du temps de cette journée entre le pointage du nombre des débarquements et le pointage de la pêche par débarquement dépend de la variance relative de ces deux grandeurs. La pêche par débarquement est probablement la moins variable et exigera un échantillonnage plus réduit. Les débarquements par heure sont plus variables et probablement varieront systématiquement pendant la journée. Il est donc préférable d'étaler le temps passé au pointage du taux de débarquement sur toute la journée; une répartition valable est par exemple de relever pendant une heure et demie le nombre de débarquements et pendant une demi-heure les quantités par débarquement, et ceci répété pendant toute la journée.

Dès qu'on dispose d'une estimation des pêches aux endroits et jours de mises à quai où elles ont été faites, les pêches totales à tous les points et jours de mises à quai peuvent s'évaluer de plusieurs manières. D'abord, si on ne dispose d'aucune information supplémentaire, les lieux échantillonnés peuvent être considérés comme représentatifs de tous les autres, les pêches relevées peuvent être multipliées par un facteur égal à N est le nombre total de points de débarquement, T le nombre de jours de la période considérée et n le nombre de jours de débarquement pendant lesquels on a fait les observations (n == m × t si les observations ont été faites à m places sur chaque type de t jours).

Exemple 3.1.3.1

Des observations d'échantillons ont été effectuées à chacun des six points de débarquement ci-dessus sur une bande côtière pendant quatre jours d'avril, et les débarquements ont été de:

(a)

350

480

320

350

kg

(b)

180

170

250

300

kg

(c)

280

310

200

210

kg

(d)

370

230

250

250

kg

(e)

280

350

370

400

kg

(f)

400

430

380

390

kg

Quelle est l'estimation du total des débarquements sur la côte entière pour le mois, sachant qu'il y a 25 points de débarquement?

Souvent des renseignements supplémentaires peuvent être obtenus sur l'importance relative des points de débarquement où aucune observation directe en ce qui concerne la quantité de poisson débarqué n'a été faite.

Par exemple, des données sur le nombre de pêcheurs ou sur le nombre de bateaux peuvent être relevées comme faisant partie des statistiques de la pêcherie, ou pour quelque autre raison, telle que l'imposition de taxes par exemple. De tels renseignements se réfèrent probablement à une période dont la durée doit autant que possible donner des conditions raisonnablement constantes, une année peut-être dans une pêcherie à rendement stable, mais un mois ou une semaine même, si la pêcherie présente des fluctuations considérables.

Dès lors, les renseignements sur les lieux de débarquement où on observe directement les pêches donneront une prise moyenne par bateau (ou par homme) et cette moyenne, multipliée par le nombre total de bateaux (ou d'hommes), pour toute l'étendue, donnera la pêche totale.

Exemple 3.1.3.2

Dans l'exemple 3.1.3.1, le nombre de bateaux aux six emplacements de débarquement échantillonnés était respectivement de 20, 12, 15, 18, 20 et 25 (total 110). Aux autres 19 endroits, il y avait, au début du mois, 250 bateaux. Quelle est l'estimation de la pêche totale, en utilisant l'information supplémentaire du nombre de bateaux (pêche par bateau par jour pêche totale = 17,045 × 360 × 30= 184086 kg)?

Remarquons que ceci est inférieur à l'estimation prévue parce que le nombre moyen de bateaux aux points de débarquement échantillonnés est plus élevé que partout ailleurs. Ceci peut bien arriver en pratique quand on n'a pas employé un système adéquat d'échantillonnage. Il peut donc être préférable d'effectuer les bases des relevés aux points de débarquement les plus importants.

3.1.4 Estimation des quantités rejetées


Exemple 3.1.4.1


Les statistiques de pêches et de débarquements sont souvent traitées comme étant synonymes (sauf dans la nécessité de convertir le poids débarqué de poisson vidé ou salé en poids de poisson frais capturé, de l'ensemble du poisson vif). Souvent, particulièrement dans le nord de l'Europe et en Amérique, les pêcheurs rejettent à la mer en quantités considérables des espèces invendables et des spécimens généralement trop petits donc invendables d'espèces commerciales. Des observations à terre, telles que celles décrites dans le chapitre précédent, fourniront seulement des données sur la quantité débarquée. Pour certains buts, particulièrement quand on veut fixer l'effet de la pêche sur le stock, on doit avoir des renseignements sur les pêches. Généralement, on peut supposer que le poisson pris et rejeté est mort et par conséquent enlevé du stock. Si certains poissons survivent, la quantité significative est alors la quantité de poissons rejetés qui sont morts; l'estimation des poissons rejetés morts exige une collecte supplémentaire de renseignements (par exemple par des observateurs sur des bateaux de commerce ou par des expériences spéciales).

Seule, une personne se trouvant sur le bateau de pêche saura combien il y a eu de poissons rejetés, mais généralement les pêcheurs sont trop occupés pour noter régulièrement la quantité rejetée. Donc, les statistiques complètes des quantités rejetées s'obtiennent difficilement et, quand elles sont obtenues, sont probablement inexactes. Une étude d'échantillonnage, soit en envoyant des observateurs spéciaux sur les bateaux de pêche, soit en obtenant des pêcheurs une coopération à l'échantillonnage, est probablement nécessaire dès qu'il est probable qu'une quantité appréciable a été rejetée. Les pêcheurs seront prêts à relever les renseignements exacts sur le poisson rejeté, disons un voyage sur vingt, mais ne le feront pas à chaque voyage. Des observateurs spéciaux, à bord de bateaux de commerce, assureront des renseignements exacts sur la quantité et le type de poisson rejeté. Cependant, ils seront souvent insuffisants en ce sens que le bateau sur lequel ils se trouvent peut continuer à pêcher pendant quelque temps sur une zone donnée, en rejetant la même proportion de poisson, cette proportion étant différente de celle des autres zones de pêche. Dès lors, la variance de l'estimation de la proportion moyenne rejetée dans l'ensemble de la pêcherie sera plutôt élevée par rapport au temps passé à dénombrer les rejets. Si l'observateur spécial peut en même temps examiner la prise par taille, l'âge, la nourriture, etc., la répétition de telles estimations de quantités rejetées devient inutile et la quantité rejetée peut être estimée exactement et efficacement.

La proportion rejetée varie habituellement d'une façon très marquée à la fois avec la saison et avec le lieu de pêche, si bien que des stratifications sont désirables. Dans une strate, sur le même lieu et pendant la même saison par exemple, la proportion rejetée est probablement assez constante quoique avec des variantes possibles d'une année à l'autre, par exemple grande quand une abondante classe d'âge de poissons se trouve juste en dessous de la taille commerciale. Dès lors, la précision obtenue est probablement élevée, même avec peu d'échantillons - une demi-douzaine d'échantillons dans chaque strate donneront des renseignements d'une exactitude utilisable. Comme d'habitude, l'intensité des échantillonnages sera fonction des quantités que l'on s'attend à voir rejetées. A l'extrême, il peut y avoir certaines saisons Ou certains lieux, particulièrement les frayères, connus pour n'avoir qu'un rejet nul ou négligeable. Ils peuvent donc être dispensés d'échantillonnages, ce qui permettrait une plus grande intensité d'échantillonnage à d'autres saisons ou à d'autres endroits.

Exemple 3.1.4.1

Pendant quatre voyages effectués en été, on a observé que cinq tonnes de petits poissons ont été rejetées et 40 tonnes débarquées; pendant un seul voyage d'hiver, 0,1 tonne seulement a été rejetée et 11 débarquées. Quelle est l'estimation du poids rejeté pour toute la pêcherie si le total des débarquements a été de 4000 tonnes en été et de 5500 tonnes en hiver (500+50= 550)?

Si l'information a été obtenue par les renseignements fournis par les pêcheurs plutôt que par des observateurs spécialisés, deux procédés sont possibles: soit un échantillon prélevé par les pêcheurs qui donnera des renseignements complets sur tous ou sur la plupart de leurs voyages, soit des renseignements de tous les pêcheurs, chacun ne donnant des renseignements que sur une petite partie de ses voyages.

Le premier système, qui est probablement le plus facile à appliquer, aurait l'inconvénient de n'être en aucune manière un échantillonnage au hasard, ne comprenant que les pêcheurs les plus coopératifs. Par exemple, il est probable que les pêcheurs qui utilisent des filets à petites mailles (et prennent ainsi une forte proportion de petits poissons) auraient moins de chance d'être appelés à relever leurs observations. Donc, l'échantillonnage serait dévié et la proportion de la portion rejetée trop petite. Avant d'accepter comme non biaisée l'estimation obtenue à partir des données reçues, il est important qu'un certain contrôle soit fait pour savoir comment le rejet moyen pourrait dévier par rapport à celui des bateaux échantillonnés, par exemple en considérant l'abondance de la plus petite taille des poissons débarqués, etc.

Un problème assez similaire à celui du rejet est celui de la transformation industrielle, par exemple la fabrication de farine de poisson en mer, où il est impossible de déterminer la composition de la pêche par espèces par un examen lors du débarquement. De même, comme pour le cas du rejet, le problème le plus important est de déterminer la quantité de petits spécimens en dessous de la taille des espèces commerciales transformées, plutôt que celle de toutes les espèces. Des renseignements peuvent être obtenus soit par des observateurs spécialisés, soit d'après les relevés des pêcheurs. Il sera probablement plus commode d'obtenir la proportion de chaque espèce importante sur la quantité traitée industriellement (parce que ce total sera connu par les relevés de mises à quai) plutôt que sur l'ensemble de la pêche.

3.1.5 Statistiques d'effort

Des statistiques d'effort simples, par exemple sous la forme du nombre de pêcheurs, ou du nombre de bateaux, sont assez faciles à rassembler, habituellement sans système d'échantillonnage, et en fait peuvent être utilisées (comme à la section 3.1.3), en tant qu'étape intermédiaire pour estimer la pêche totale. De telles statistiques cependant ne sont probablement pas assez bonnes - par exemple ne donnent pas d'assez près l'intensité réelle de la pêche sur le stock ou les stocks - pour tous les buts biologiques, en particulier pour une pêcherie en cours de développement. Des mesures plus complexes d'effort de pêche sont probablement nécessaires, comprenant des mesures plus précises du temps passé à la pêche, la dimension des bateaux, le nombre ou la taille des filets, etc.

Les unités d'effort les plus adéquates, en biologie, peuvent n'être même pas connues au moment où les données des statistiques sont relevées. Ainsi, pour un poisson pélagique vivant en bancs, tel que l'anchois, la prise par coup de filet d'une seine coulissante est probablement, si elle est ramenée à une dimension standard du filet, une bonne mesure de la densité, ou de la taille, du banc de poisson particulier sur lequel le filet a été lancé. L'abondance réelle du stock entier peut, cependant, être plus étroitement liée au nombre de bancs ou à leurs distances respectives, plutôt qu'à la dimension des bancs pris séparément laquelle peut rester sensiblement la même pour des stocks d'abondances différentes. Le nombre de bancs sera estimé d'après le temps que devront passer les pêcheurs à chercher le poisson avant de lancer le filet. Des corrections seront faites en fonction des divers procédés qui aideront les pêcheurs à trouver plus vite le poisson, par exemple bateaux plus rapides, radiocommunications entre les navires, échosondeurs, etc. L'expression finale pour l'indice estimé de la densité du stock, afin de déterminer la pêche par unité d'effort de pêche corrigé, sera une combinaison peut-être compliquée de temps de recherche et de prise par coup de filet, et une expression dont la forme pourra bien être modifiée plusieurs fois sur la base de recherches ultérieures. Cependant, le problème est surtout un problème de recherches de pêche, à condition que toutes les données qui s'y rapportent aient été relevées.

La plupart des renseignements de détail seront relevés par une quelconque méthode d'échantillonnage. Ainsi, une information complète pourrait être relevée sur le nombre de débarquements - quoique celui-ci pourrait être obtenu par un autre système d'échantillonnage comme indiqué précédemment pour les statistiques de pêche. D'une proportion de débarquements - disons un sur sept, de tous les bateaux débarqués un jour de chaque semaine - on recueille des renseignements plus complets, disons sur le temps total passé hors du port, partagé en temps pour aller aux endroits de pêche, en temps pour chercher le poisson, et en temps de pêche véritable, et sur le nombre de coups de filet. On peut peut-être même distinguer entre les coups de filet réussis et ceux qui n'ont pris aucun poisson. Des renseignements pourraient aussi être recueillis pendant ces interviews d'échantillonnages sur d'autres points tels que la taille des filets, l'équipement radio et les échosondeurs, etc. Ceux-ci cependant ne changeront pas, sauf occasionnellement, et on obtiendrait des renseignements plus exacts par des enquêtes complètes, de temps en temps, en les combinant, dans la mesure du possible, avec l'enregistrement annuel, etc.


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