Page précédente Table des matières Page suivante


CHAPITRE 5. EXEMPLES


5.1 Généralités
5.2 Catégories d'utilisation et qualités des terres au Brésil
5.3 Culture du palmier à huile sur des petites exploitations au Surinam
5.4 Catégories d'utilisation des terres au Kenya
5.5 Facteur situation: qualité d'une terre

5.1 Généralités

Le présent chapitre a pour objet d'illustrer certaines des notions et procédures traitées dans les chapitres précédents.

Rares sont les évaluations d'aptitude des terres menées a bonnes fins qui, jusqu'à présent, ont suivi la gamme complète des recommandations énoncées dans le projet du cadre (FAO 1973), mais plusieurs pays ont adopté et incorporé de nouvelles procédures. Ci-après, quelques résultats provenant du Brésil, du Surinam et du Kenya, illustrant les caractéristiques importantes du cadre. Les exemples comprennent:

- la description plus ou moins détaillée de catégories d'utilisation des terres;

- la description de la structure et de la composition des qualités des terres;

- des tableaux de classification d'aptitude des terres à une utilisation donnée à partir de niveaux bien définis de qualités ou de propriétés constituantes mesurables ou estimables des terres; et

- la description d'une unité cartographique des terres, assortie de classifications d'aptitude à différentes utilisations.

A noter que, bien que ces exemples puissent être appliqués à d'autres zones et dans d'autres circonstances, on ne peut pas transférer les données et les classifications effectives à d'autres milieux écologiques ou a d'autres catégories d'utilisation. Il faut les élaborer en fonction de telle ou telle zone climatique, contexte socio-économique et utilisation de la terre.

Au Brésil, on s'est efforcé de couvrir les principaux types de cultures annuelles et pérennes au moyen de la description succincte de six catégories d'utilisation. Les principales qualités des terres (qualifiées de conditions du sol dans le rapport initial) sont décrites et classées, plus ou moins isolément des utilisations, en termes de degrés de limitation. On établit ensuite, séparément, la classification d'aptitude d'une terre a chaque catégorie d'utilisation sur la base des degrés de limitation des qualités de ladite terre.

L'exemple ci-après de cette procédure est adapté, sous forme sommaire, de Beek, Bennema et Camargo (1964). Par la suite, plusieurs autres pays ont appliqué la même méthode en classant les qualités des terres indépendamment d'une utilisation donnée. Au Soudan, par exemple, de nombreuses qualités sont classées en détail, pour être ensuite utilisées à des fins de classification d'aptitude à une vaste gamme d'utilisations brièvement décrites (Van der Kavie, 1976).

Au Surinam, on décrit les catégories d'utilisation d'une façon un peu plus détaillée, et on inclut le contexte socio-économique, en sus des spécifications techniques. Les catégories d'utilisation sont conçues de manière à explorer un nombre restreint de possibilités de rechange avantageuses dans une zone à mettre en valeur, et non pas à donner une estimation globale de l'aptitude des terres à toutes les catégories principales d'utilisation offertes par des régions très étendues.

Sur la base des données agronomiques et socio-économiques limitées disponibles, on énumère les qualités d'une terre exigées par telle ou telle utilisation, on analyse leur composition, et on les classe ensuite pour déterminer l'aptitude de ladite terre à l'utilisation en question en termes de propriétés mesurables et estimables.

L'exemple ci-après de cette procédure a été traduit et adapté du rapport du Groupe de travail sur l'évaluation des terres (1975). La partie concernant le contexte socio-économique est fondée sur le manuscrit rédigé par M. von Romondt et J. H. Kolader.

Au Kenya, la caractérisation des catégories d'utilisation des terres a fait l'objet d'une étude spéciale qui a mené à une description plus détaillée que de coutume de plusieurs catégories d'utilisation importantes; ci-après, un exemple adapté de Luning, 1973. On trouvera au tableau 10, à la fin du présent chapitre, des facteurs quantifiables des descriptions de toutes les catégories d'utilisation des terres.

5.2 Catégories d'utilisation et qualités des terres au Brésil


5.2.1 Description des catégories d'utilisation des terres
5.2.2 Exemples de qualités des terres : limitations à la mécanisation
5.2.3 Description de l'aptitude d'une unité cartographique des terres

Les classifications d'aptitude des terres dont on a tiré les exemples ci-après sont conçues de façon à donner une vue d'ensemble de l'aptitude des terres aux catégories d'utilisation les plus importantes et les plus répandues sur de vastes zones au Brésil et, par conséquent, leur description est très générale.

5.2.1 Description des catégories d'utilisation des terres

Au Brésil, comme dans maints pays tropicaux et subtropicaux, les conditions socio-économiques et techniques sont tellement variées qu'on y trouve presque toutes les formes de pratiques d'aménagement possibles. Il ne faut pas oublier que plusieurs niveaux de développement technique existent en même temps pendant longtemps. On a groupé les pratiques agricoles brésiliennes actuelles en six catégories d'utilisation des terres, selon leur rapport précis avec les qualités de ces dernières. Chacune de ces catégories dépend d'une façon fondamentalement différente des qualités des terres; chacune présente des besoins différents et, par conséquent, des limitations différentes qui les empêchent de donner une production optimale, mais offre aussi diverses possibilités d'améliorer les qualités des terres pour répondre à tels ou tels besoins.

Ces catégories d'utilisation comportent, en outre, des différences de nature socio-économique, mais, aux fins de la présente étude, on n'a pris en considération que les seuls aspects techniques. Les six catégories décrites ci-après ne se rapportent qu'à la production de cultures et non pas à la sylviculture et à l'élevage.

i) Catégorie principale des terres produisant surtout des cultures annuelles. Elle demande un fort coefficient de capital et un niveau élevé de technologie; les pratiques d'aménagement font appel à la mécanisation; elles comprennent des ouvrages de drainage importants, des mesures de lutte contre l'érosion très poussées et l'application intensive d'engrais, s'il y a lieu; les autres pratiques font appel à des machines soit automotrices, soit à tracteur (labourage, ensemencement, plantation, sarclage, récoltes, transport, battage, une partie de la transformation, etc.).

ii) Catégorie d'utilisation des terres au moyen de techniques intermédiaires (par opposition à l'agriculture primitive) produisant principalement des cultures annuelles ; le coefficient de capital est limité et le niveau de la technologie est raisonnable; pour l'énergie on fait appel à des animaux de trait; les outils sont simples et légers, mais comprennent des modèles récents de fabrication en série: cultivateurs, charrues en acier, herses, épandeuses d'engrais, semoirs, moissonneuses, appareils pour façons culturales et batteuses. Outre les cultures annuelles pratiquées au moyen du matériel susmentionné, les méthodes d'aménagement prévoient des ouvrages de drainage simples, ainsi que l'épandage d'engrais, bien que dans une mesure moindre qu'il n'est possible pour la catégorie de l'alinéa i.

Normalement, on défriche la végétation en la brûlant, sans enlever les racines.

iii) Utilisation primitive des terres, produisant surtout des cultures annuelles au moyen d'animaux de trait. Aucun capital n'est investi dans l'aménagement et l'amélioration du sol et le niveau de la technologie est faible. Le matériel agricole est des plus simples et fait appel à l'énergie animale: charrue en bois avec coutre en fer; peu d'outils en acier ou en fer. Les pratiques agricoles sont fondées sur le savoir traditionnel. On ne prévoit que des mesures de drainages des plus simples, s'il y a lieu, et on n'utilise aucun engrais. La végétation est défrichée en la brûlant, sans arracher les racines. L'utilisation des terres est rarement permanente, vu qu'on abandonne ces dernières lorsque les rendements commencent à baisser sensiblement.

iv) Utilisation très primitive des terres produisant surtout des cultures annuelles et faisant appel au travail manuel uniquement; aucun capital n'est investi dans l'aménagement des exploitations ou du sol. Le niveau de la technologie est faible et les pratiques agricoles font appel au savoir traditionnel. Le matériel ne comprend que quelques outils à main: pelles, pioches, machettes, couteaux et, parfois, faucilles.

Vu l'énergie disponible (travail manuel uniquement), la superficie que peut cultiver chaque agriculteur est très restreinte. De temps à autre, on établit quelques dispositifs de drainage très rudimentaires.

La végétation naturelle est défrichée en la brûlant, souvent partiellement seulement, en laissant les arbres les plus grands et les souches. L'utilisation des terres est rarement permanente (cultures itinérantes).

v) Utilisation des terres faisant appel à des techniques avancées (arboriculture) et à un fort coefficient de capital; niveau de technologie très élevé; nombre restreint de machines agricoles, vu que seules les opérations de défrichement, de pulvérisation d'insecticides, de transport et, dans certains cas, de transformation, demandent un matériel mécanisé léger. La lutte contre l'érosion est plus aisée que dans le cas des cultures annuelles. Par contre, des mesures pour prévenir les inondations sont indispensables. On utilise couramment les engrais.

Dans certains cas, une partie de la végétation naturelle est conservée pour protéger les sols et les cultures, ou, sinon, on plante des arbres et autres plantes à cette même fin. Cette pratique peut s'inscrire dans la présente catégorie d'utilisation, à condition que le reste des méthodes employées cadre aussi avec cette description.

vi) Catégorie d'utilisation primitive des terres, produisant des cultures arboricoles. Aucun capital n'est investi dans l'aménagement et l'amélioration du sol; niveau de technologie faible et pratiques d'aménagement traditionnelles ; outillage agricole très limité: pelles, pioches, machettes et couteaux.

On ne défriche pas toujours la terre, en général, partiellement seulement. On intercale couramment des arbres avec la végétation forestière. L'agriculture dépend de la fertilité naturelle du sol et la terre est abandonnée lorsqu'elle ne produit plus ou que les rendements deviennent trop faibles.

5.2.2 Exemples de qualités des terres : limitations à la mécanisation

Au Brésil, ces limitations (qui gênent l'utilisation de certaines machines agricoles) dépendent de la pente; de la présence ou de l'absence de pierres et de roches; de la présence ou de l'absence de sols d'une extrême superficialité, ou du moins de sols fondés sur un matériau compact ou se prêtant mal au labour; d'un drainage pauvre; et d'une texture extrême du matériau pédologique, telle que texture argileuse avec présence de couches d'argile et de silice à raison de 2:1 (souvent associée à un drainage pauvre), ou de matériau organique ou sableux lâche. Le microrelief peut constituer parfois un obstacle supplémentaire (fourmilières ou termitières fréquentes, ou encore nombreuses ravelines dues à l'érosion). Toute zone ne présentant aucun obstacle à la mécanisation doit être plus ] étendue que la superficie minimum à prendre normalement en considération. On peut passer outre les petites superficies qui n'offrent aucun obstacle à la mécanisation, mais qui sont dispersées parmi d'autres zones qui, elles, en présentent.

Les degrés de limitation à la mécanisation sont définis comme suit :

i) Nul. Terres dont la plus grande partie se prête à l'emploi de machines agricoles sans difficultés pendant toute l'année. Le taux d'utilisation des tracteurs (c'est-à-dire, le nombre d'heures pendant lesquelles ils sont effectivement utilisés) est supérieur à 90 pour cent. Il s'agit d'une terre à topographie plane, avec des pentes de moins de huit pour cent et ne présentant pas d'autres obstacles à la mécanisation.

ii) Faible. Terres dont la plus grande partie se prête à l'emploi de machines agricoles sans ou avec très peu de difficultés. Le taux d'utilisation des tracteurs est de 60-90 pour cent. Elles comprennent des terres ayant:

- des pentes de 8-20 pour cent, avec topographie légèrement ondulée ou parfois accidentée, ne présentant aucun obstacle plus grave. Cette classe permet encore l'utilisation de matériel motorisé (tracteurs); ces terres exigent une culture selon les courbes de niveau;

- une topographie plane, présentant de légers obstacles dus à la présence de pierres (0,5-1 pour cent), de roches (2-10 pour cent) ou de manque de profondeur;

- une topographie plane, présentant des faibles obstacles dus à la texture sableuse ou argileuse du sol, avec présence d'argiles montmorillonitiques et illitiques. Les sols à texture lourde peuvent aussi présenter un faible obstacle dû à l'absence de drainage ou au drainage irrégulier (sols compacts, à faible perméabilité, qui deviennent très indurés pendant la saison sèche).

iii) Modéré. Terres dont la plus grande partie ne se prête qu'à l'emploi de machines légères, pendant une partie de l'année seulement, dans certains cas; l'énergie est fournie par des animaux de trait; lorsqu'on utilise des tracteurs, leur taux d'utilisation est inférieur à 60 pour cent; elles comprennent des terres ayant:
- des pentes de 20-40 pour cent, avec une topographie généralement accidentée, sans autres obstacles plus graves à la mécanisation. Sous l'angle de l'agriculture, ces terres peuvent présenter un obstacle sous forme de rigoles d'érosion fréquentes et profondes;

- des pentes de moins de 20 pour cent, présentant des obstacles modérés dus à la pierrosité (1-15 pour cent), aux affleurements rocheux (10-25 pour cent) ou au manque de profondeur;

- topographie plane présentant des obstacles modérés dus à la texture sableuse ou argileuse des sols avec présence d'argiles montmorillonitiques et illitiques. Les sols à texture lourde peuvent aussi présenter un faible obstacle du à l'absence de drainage ou au drainage irrégulier (sols compacts, à faible perméabilité, qui deviennent très indurés pendant la saison sèche).

iv) Sérieux. Terres dont la plus grande partie ne peut être cultivée qu'au moyen d'outils à main. Elles comprennent des terres ayant:
- des pentes de 40-70 pour cent, avec topographie montagneuse ou partiellement accidentée. Sous l'angle de l'agriculture, ces terres peuvent présenter un obstacle sérieux à l'emploi de machines agricoles sous forme de ravelines superficielles et profondes.

- pentes de moins de 40 pour cent présentant des obstacles sérieux dus à la pierrosité (15-40 pour cent), aux affleurements rocheux (25-70 pour cent) ou au manque de profondeur.

v) Très sérieux. Terres qui ne se prêtent pas, ou très mal, à l'agriculture et sur lesquelles il est impossible d'employer de l'outillage tracté, voire de l'outillage à main; elles comprennent des terres ayant:
- des pentes de plus de 70 pour cent, avec topographie montagneuse et escarpements;

- des pentes de moins de 70 pour cent, mais présentant des obstacles importants dus à la pierrosité (plus de 40 pour cent), aux affleurements rocheux (plus de 70 pour cent) ou au manque de profondeur, ou encore, sous l'angle de l'agriculture, à un réseau de ravelines superficielles ou profondes fréquentes.

Tableau 4

DEGRES DE LIMITATION A LA MECANISATION
(UTILISATION D'OUTILS AGRICOLES) AU BRESIL

Classe d'aptitude

Catégorie d'utilisation des terres

1

2

3

4

5

6

S1 (Bonne)

nul

faible

faible

modéré

faible (modéré) 1

modéré (sérieux) 1

S2 (moyenne)

faible

modéré

modéré

mod./ser.

modéré (sérieux) 1

sérieux

S3 (médiocre)

modéré

modéré

modéré

sérieux

sérieux

sérieux

N (inapte)

limitations plus sérieuses que celles de la classe S3

1 Dans le cas d'obstacles dus à la pierrosité ou aux affleurements rocheux.

5.2.3 Description de l'aptitude d'une unité cartographique des terres

Rhodie ferralsols phase "Cerrado" (Savane)
Région de Furnas, Etat de Minas Gerais
Degrés de limitation: fertilité - sérieux; manque d'eau - faible; excès en eau - nul; érosion -faible; obstacles à la mécanisation - nul. Aptitude aux catégories d'utilisation 1, 2 et 5 : S2; 3, 4 et 6: N; aptes aux pâturages extensifs.

La principale limitation est constituée par le faible degré de fertilité, que l'on peut corriger dans les utilisations 1, 2 et 5. Cette correction suppose beaucoup de savoir si elle doit être totale, mais elle est plus facile si elle ne doit être que partielle. Grâce aux progrès de la recherche et aux services de vulgarisation, on pourra classer ces terres à l'avenir comme étant S1 pour les utilisations 1, 2 et 5.

Le degré de limitation due a la faible fertilité est sérieux ce qui implique que normalement on ne peut pas pratiquer l'agriculture sans l'apport d'engrais (utilisations 3, 4 et 6). La végétation naturelle se prête, néanmoins, au pâturage extensif et, le cas échéant, à la création de pâturages artificiels.

Cet exemple est typique de nombreux Ferralsols avec végétation "cerrado" (savane) au Brésil. Parfois, le manque d'eau est modéré au lieu de faible, ou encore le degré de limitation présenté par la faible fertilité est très sérieux. Cette différence dans le manque d'eau n'affecte pas la classification des terres pour le moment, mais si, grâce aux progrès de la recherche et à la vulgarisation, il devient facile d'améliorer la fertilité, les sols présentant un degré de limitation modéré du au manque d'eau continueront d'être classés S2, en général, et ne passeront pas à S1, comme dans l'exemple précité.

5.3 Culture du palmier à huile sur des petites exploitations au Surinam


5.3.1 Description de l'utilisation des terres (données et hypothèses)
5.3.2 Contexte socio-économique
5.3.3 Qualités des terres
5.3.4 Composition des principales qualités des terres
5.3.5 Classification de l'aptitude des terres

(Description et critères d'aptitude pour les qualités des terres)

On a établi cette classification d'aptitude actuelle qualitative pour faciliter la planification de la mise en valeur agricole de terres actuellement inutilisées, sur la base d'informations limitées fournies par quelques exploitations pilotes. On l'a appliquée, de pair avec plusieurs classifications parallèles d'aptitude à d'autres utilisations prometteuses, pour le développement rapide de certaines zones. Des classifications d'aptitude relativement simples de ce genre peuvent être établies rapidement. Elles facilitent la planification et permettent de relever les critères d'importance particulière demandant à être étudiés plus avant.

5.3.1 Description de l'utilisation des terres (données et hypothèses)

Le palmier à huile est cultivé sur des petites exploitations familiales. Les exploitants sont indépendants et jouissent de droits à long terme sur la terre. La production est écoulée par régimes ; les arbres en âge de produire donnent en moyenne 20 tonnes de régimes (4 tonnes d'huile) par hectare et par an. La densité de plantation est de 150 arbres, environ, par hectare.

Il n'y a pas d'irrigation et pour ainsi dire pas de drainage. Les pratiques de fumure consistent à mettre des solutions de démarrage d'engrais (MPK et Mg) dans les paquets, et à épandre l'engrais autour des arbres pendant les premières années, en le distribuant de manière que les concentrations locales restent inférieures à 100 grammes d'éléments nutritifs par mètre carré (pour éviter les petites auréoles d'engrais). Pour la couverture végétale, on cultive le kudzu (Pueraria phaseoloides), traité au moyen d'engrais phosphatés. A partir de la troisième ou de la quatrième année, on applique du K pour compenser les pertes considérables de cet élément dans le produit. Des mesures phytosanitaires sont prises lorsqu'il y a lieu. Les façons culturales sont partiellement mécanisées; énergie humaine, animale et (ou) tracteurs légers (à deux roues); on emploie des petites machines, tandis que le transport à longue distance des produits, engrais, etc., est motorisé et se fait sur des routes tous-temps.

Tous les travaux de défrichement nécessaires sont faits à la machine, combinée à du travail manuel. Cette opération est, si possible, précédée ou accompagnée de l'extraction de bois d'oeuvre, aux fins, par exemple, de production de charbon de bois.

5.3.2 Contexte socio-économique

Les petits exploitants consacrent la plupart de leur temps et tirent la plus grande partie de leur revenu de la culture du palmier à huile. Le Ministère de l'agriculture du Surinam estime que leur revenu minimum se monte à quelque 2 500 dollars E.-U. par an pour une exploitation de 5 à 10 hectares, sur la base de 40 dollars par tonne de régimes et des rendements précités.

Les usines de transformation doivent être desservies par des routes tous-temps et se situer à des distances raisonnables de Paramaribo, qui est le port principal, ainsi qu'à proximité des exploitations, vu que les régimes doivent être pressés peu après la récolte, de préférence dans les 24 heures.

L'exploitant doit être tributaire des circuits commerciaux extérieurs, mais il est mal informé sur les exigences de la commercialisation et de la gestion du palmier à huile. Un service consultatif actif et une bonne organisation des agriculteurs s'imposent pour répondre aux exigences de qualité, de protection et de fumure du produit, ainsi que pour assurer le financement des investissements relativement élevés requis et pour fournir l'aide nécessaire aux exploitants pendant la longue période (quatre ans) allant des premières plantations à la première production.

La politique du Ministère vise à établir des centres pour desservir les exploitants. La concentration des activités de développement agricole, et autres formes de développement, autour de ces centres permet d'améliorer les conditions de vie en milieu rural, et c'est pourquoi tous les services, y compris ceux afférents à la production sont centralises pour permettre a des groupes plus larges que les agriculteurs seulement, ou les seuls employés de telle ou telle entreprise, d'en tirer des prestations optimales.

5.3.3 Qualités des terres

Le tableau 5 donne certaines des qualités nécessaires a la croissance des cultures, ainsi qu'à l'aménagement et à l'amélioration des terres pour différentes utilisations au Surinam. Les qualités des terres influant sur la croissance du palmier à huile comprennent la disponibilité en eau, en oxygène et en éléments nutritifs. La toxicité (salinité, sulfates acides) ne constitue pas un obstacle à cette culture sur les terres qui se prêtent, à d'autres égards, à cette utilisation.

Les qualités influant sur l'aménagement comprennent la facilité de déplacement et l'accessibilité, y compris la facilité d'entretien (et de construction, le cas échéant) de routes d'accès aux exploitations ou de routes locales. La situation par rapport aux marchés et aux centres d'approvisionnement s'inscrit dans le contexte socio-économique, vu que cette qualité est virtuellement constante dans les zones à mettre en valeur au Surinam. Le degré de résistance à l'érosion est en général suffisant pour cette catégorie d'utilisation sur les terres qui sont aptes du point de vue facilité de déplacement. La durée des périodes sèches pour les récoltes et les travaux d'entretien n'entre pas en jeu pour la culture du palmier à huile. Le remembrement n'a pas davantage beaucoup d'importance pour ces petites exploitations.

Parmi les qualités influant sur l'amélioration des terres, seule la facilité de défrichement est prise en considération. La végétation naturelle dans presque toutes les zones aptes à la culture du palmier à huile est constituée par des forêts ombrophiles.

Tableau 5

QUELQUES QUALITES IMPORTANTES DES TERRES AU SURINAM

Qualités des terres

Code

Concernant la croissance des cultures:



Disponibilité en eau

m

Disponibilité en oxygène dans la zone radiculaire

o

Disponibilité en éléments nutritifs

n

Absence de toxicité

t

Concernant l'aménagement :



Résistance à l'érosion

e

Facilité de déplacement et accessibilité

a

Durée des périodes sèches pour les récoltes et la préparation de la terre
(facteurs climatiques)

h

Morcellement (et remembrement) des parcelles

p

Résistance au tassement

c

Concernant l'amélioration des terres:



Facilité de nivellement et de façonnement des terres

l

Facilité de défrichement de la végétation

v

Facilité de construction d'ouvrages pour la domestication des eaux
(irrigation et drainage)

i


5.3.4 Composition des principales qualités des terres

i) La disponibilité en eau (tableau 6) est déterminée dans une grande mesure par le déficit hydrique. Dans les climats comportant plusieurs mois de sécheresse extrême, les dégâts que risquent de subir les palmiers ne font qu'aggraver les effets d'un certain manque d'eau et, par conséquent, les limitations dues à ce dernier sont classées séparement pour les climats avec ou sans mois de sécheresse extrême. On estime le déficit hydrique à partir de celui accusé par les précipitations pendant la saison sèche et de la capacité de rétention d'eau de la zone radiculaire. Pour les classifications générales d'aptitude des terres, on peut calculer le déficit des précipitations d'après les zones climatiques (Groupe de travail sur l'évaluation des terres, 1975, A, annexe 1). Pour estimer l'aptitude de zones restreintes, on peut faire appel à la station météorologique la plus proche pour obtenir des données plus précises.

On peut estimer, grosso modo, la disponibilité en eau à partir de la végétation naturelle et de données climatiques générales.

Les terres naturellement humides (dues, par exemple, à la nappe phréatique peu profonde), ne sont pas considérées, car elles sont inaptes à cause de l'approvisionnement insuffisant en oxygène.

ii) La disponibilité en oxygène dans la zone radiculaire (tableau 7) dépend, en principe, uniquement de l'absence de saturation. La mesure de base utilisée pour établir les limitations dues au manque d'oxygène est constituée par la durée des périodes ininterrompues durant lesquelles des conditions de réduction sont présentes dans la zone radiculaire pour des raisons de saturation. Un potentiel d'oxydo-réduction (Eh) inférieur à 200 mV sert de critère pour les conditions de réduction. Autres critères pertinents, mais de moins en moins directs, sont les périodes de saturation de la couche superficielle, la couleur et les panachures du sol, la classe de drainage et la végétation naturelle.

iii) La disponibilité en éléments nutritifs (tableau 8) est déterminée en partie par le degré de fertilité naturelle du sol, avec le faible apport d'engrais que suppose cette utilisation. Elle est également affectée par la capacité de rétention des engrais. La disponibilité en oligo-éléments ou la fixation du phosphate ne sont pas prises en considération, vu que le palmier à huile, étant une plante pérenne à racines profondes, a des besoins assez faibles en ce qui concerne l'activité nutritive. La teneur totale en K2O et en P2O5 ou les K et P échangeables (Bray) servent de critères indicatifs du niveau de fertilité naturelle, puisqu'on ne dispose pas d'autres données. La C.E.C. réelle (capacité d'échange cationique mesurée au pH du sol) sert de critère pour établir la capacité de rétention des engrais. Le niveau de fertilité naturelle et la capacité de rétention n'agissent pas fortement l'un sur l'autre dans leur influence sur les cultures et sont donc traités en tant qu'éléments séparés de la qualité d'une terre.

iv) La facilité de déplacement et l'accessibilité (tableau 9) peuvent être considérées comme des qualités distinctes n'ayant qu'une faible action réciproque. Le degré de facilité de déplacement que présente la zone sous cultures pour les ouvriers et les tracteurs légers dépend surtout des pentes et des conditions de drainage. Ces dernières sont estimées d'après la classe de drainage ou la végétation naturelle.

L'accessibilité, ou la facilité de construction et d'entretien d'un réseau de routes rurales, est déterminée en grande partie par les pentes et la proportion de terres marécageuses ou inondées (le long des ruisseaux, par exemple).

Tableau 6

CRITERES ET CLASSIFICATION POUR LA DISPONIBILITE EN EAU - PALMIER A HUILE AU SURINAM

Critère 1

Pénurie d'eau pour la culture pendant la période de sécheresse

Zone climatique 2 et capacité de rétention d'eau au niveau de la racine (0-150 cm)

Zone climatique et végétation naturelle

Climats sans périodes de sécheresse extrême 3

Climats avec périodes de sécheresse extrême 3

Degré de
limitation





nulle à faible

< 200 mm

< 150 mm

Surinam septentrional >100 mm

Surinam septentrional:

Surinam méridional >250 mm

Forêt ombrophile à couvert (modérément) grossier

modérée

200 - 400 mm

150 - 300 mm

Littoral: >200 mm

Tout le Surinam méridional.

Surinam septentrional: <100 mm

Surinam septentrional:

Surinam méridional: 100-250 mm

Forêt ombrophile à couvert fin et végétation plus sèche

sérieuse

400 - 600 mm

300 - 450 mm

Littoral: <200 mm

Littoral

Surinam méridional: <100 mm


1 La pénurie d'eau est le critère de base; les critères de rechange, a savoir, capacité de rétention d'eau et végétation naturelle, tous deux dans des zones climatiques données, sont moins directs et donc plus généraux.

2 La bande littorale est large d'environ 10 km; le Surinam septentrional est séparé du Surinam méridional par une ligne à environ 4°30' latitude nord. La bande littorale a un déficit pluvial annuel de quelque 600 mm et le Surinam septentrional et méridional de 300 et 400 mm, environ, respectivement.

3 Seul le Surinam méridional a des mois d'extrême sécheresse.

Tableau 7

CRITERES ET CLASSIFICATION DES DISPONIBILITES EN OXYGENE DANS LA ZONE RADICULAIRE. - PALMIER A HUILE, SURINAM

Critère 1

Périodes continues avec Eh < 200 mV dans la couche superficielle (0-30 cm) semaines

Périodes continues de saturation en eau dans la couche superficielle (0-30 cm) semaines

Couleurs et panachures du sous-sol

Drainage du sol

Végétation naturelle

Degré de limitation






nul à faible

< 1

< 3

pas de couleur de réduction 2 jusqu'à 120 cm de profondeur et pas de panachure évidente 3 jusqu'à 30 cm de profondeur

modérément bien drainé (au moins)

végétation xérophyte

modéré

1 - 2

3 - 4

pas de couleur de réduction jusqu'à 50 cm de profondeur

imparfaitement


sérieux

2 - 4

4 - 6

couleur de réduction jusqu'à une profondeur de 50 cm

mal drainé

végétation marécageuse

très sérieux

4 - 8

6 - 10

couleur de réduction dominante jusqu'à 50 cm de profondeur



extrême

> 8

> 10;
ou 2 semaines d'inondation

réduction complète jusqu'à 50 cm de profondeur

très mal drainé

végétation aquatique

1 Les critères deviennent moins spécifiques et successivement plus généraux de la gauche vers la droite.

2 Couleurs de valeur 2 ou moins en raison de la réduction.

3 Somme des différences de nuance, valeur et couleur entre tes panachures et la matrice >2.

Tableau 8

CRITERES ET CLASSIFICATIONS POUR LA DISPONIBILITE EN ELEMENTS NUTRITIFS - PALMIER A HUILE, SURINAM

Constituant de la qualité de la terre:
Critère:

Niveau de fertilité naturelle

Capacité de rétention des éléments nutritifs

total K2O

total P2O5

échange K

P (Bray)

C.E.C. réelle dans les horizons superficiels

%

%

mEq/100g

ppm

(0-50 cm)

Limitation (degré) 1






nulle à faible

> 0,5

> 0,125

> 0,06

> 3

>3 mEq/100 g sol

modérée

< 0,5

< 0,125

< 0,06

< 3

1 - 3 mEq/100 g sol

sérieuse

-

-

-

-

< 1 mEq/100 g sol

1 La classification la plus faible pour tout critère détermine le degré de limitation d'une qualité des terres. On peut se servir des données concernant le total de K2O et de P2O5 soit les K et P échangeables (Bray)
Tableau 9

CRITERES ET DEGRES DE FACILITE DE DEPLACEMENT ET D'ACCESSIBILITE

Qualité de la terre:
Critère 1:

Facilité de déplacement

Accessibilité (facilité de construction et d'entretien des routes)

pente %

drainage du sol

pente %

proportion de terres marécageuses ou inondées

Limitation (degré)






nulle à faible

< 15

(modérément) bonne

< 15


< 20

modérée

15 - 30

imparfaite

15 - 30

ou

20 - 50





(non les deux)


sérieuse

< 30

mauvaise

15 - 30

et

20 - 50

très sérieuse

> 30

-

> 30


> 50

absolue

-

très mauvaise

-


-

1 Pour chaque critère, la notation la plus faible détermine le degré de limitation de la qualité d'une terre, à l'exception des indications données sous "Accessibilité" pour limitation modérée et sérieuse.
Tableau 10

PARAMETRES QUANTIFIABLES POUR CHAQUE TYPE D'UTILISATION DES TERRES DANS LA PROVINCE ORIENTALE DU KENYA

Catégorie d'utilisation

Produits

Coefficient de capital dollars E.- U/ha

Coefficient de main-d'oeuvre, mois/homme par hectare

Energie agricole

Niveau de technologie

Taille de l'exploitation ha/ménage

Régime foncier

Revenus: valeur ajoutée (approx.) dollars E. - U/ha

Petits exploitants; cultures non irriguées; techniques traditionnelles

Cultures pérennes résistantes à la sécheresse élevage

Investissement: main-d'oeuvre propre; coûts 1,2-1,8 éventuellement boeufs

c.5

Main-d'oeuvre éventuellement boeufs

Faible

Effectivement cultivées: 1 - 2, superficie brute y compris les terres en jachères 4 - 15

Contrainte constituée par l'adjudication des terres

35

- Idem -
technologie intermédiaire

Addition de coton, maïs, sorgho davantage cultivés

Investissement: main-d'oeuvre propre (défrichement) et outils, boeufs, dépenses renouvelables 6-9

c.8

Main-d'oeuvre, énergie animale, mécanisation limitée

Faible; vulgarisation nécessaire

Sous cultures 1 - 2 superficie brute y compris jachères 4 - 10

n.d.

60

- Idem -
technologie moderne

Tabac

Investissement: 60 dépensés agricoles: 150

10 - 15

- Idem -
les rendements permettent les coûts de mécanisation

Faible actuellement; vulgarisation et crédits nécessaires

0,4

Groupement des terres souhaitable à proximité des barrages

350

Domaines sous cultures

Sisal

Investissement: inconnu dépenses agricoles: 200

12 - 15

Main-d'oeuvre et mécanisation

Moyen

1200 ha. (ou 1500 tonnes de fibres) au moins par unité de transformation

L'adjudication des terres constitue un obstacle; le domaine est un noyau nécessaire

180 - 240

Petite exploitation irriguée

Légumes mixtes

Investissement: 150 dépenses agricoles: 210

20

Main-d'oeuvre, houes rotatives

Faible ; contraintes: vulgarisation, crédits, commercialisation

0,5 - 1

La location risque de présenter des inconvénients

350

Irrigation à grande échelle contrôlée

Coton, arachides, cultures vivrières

Investissement: 1 700 c coûts d'entretien: 38 + frais de gestion

15 - 20

Tracteur et outils

Elevée

0,8 - 1.6

Location proposée en vertu des réglementations du conservatoire des terres et des eaux (périmètre irrigués)

Données détaillées dans les rapports de faisabilité

Aménagement extensif des parcours

Viande bovine

3,5 - 6

moins de 0,3

n.d.

Faible, manque de données sur l'alimentation animale

Ranch d'au moins 16 000 ha pour une économie d'échelle

Ranches groupés: l'adjudication des terres pose des difficultés

1,2 - 2, 4

Sylviculture

Combustible

Relativement élevé

Négligeable

n.d.

n.d.

n.d.

Conservatoire des terres

Négligeable

Faune sauvage

Tourisme, chasse, exploitation du gibier

Relativement élevé, faible, Inconnu

Faible négligeable faible

n.d.
n.d.
n.d.

n.d.
n.d.
niveau élevé exigé

n.d.
n.d.
n.d.

n.d.
n.d.
n.d.

2,4 - 10
0,2 - 0,35
0,35 - 0,6

Production de charbon de bois

Charbon de bois

Négligeable

Moyen

n.d.

Faible

n.d.

n.d.

6 - 24 par décennie

Apiculture

Miel

Investissement 1,2 - 2,4 entretien souvent négligeable

Négligeable

n.d.

Faible à moyen

n.d.

n.d.

3,5 - 7


5.3.5 Classification de l'aptitude des terres

L'aptitude de différents types de terres à la culture du palmier à huile par des petits exploitants est estimée à l'aide des critères établis pour les qualités des terres. Le degré le plus sérieux de limitation d'une qualité des terres détermine ordinairement la classe d'aptitude de ces dernières, et la nature de cette qualité, la sous-classe. La distinction entre une limitation sérieuse et une limitation très sérieuse sert à établir l'ordre S (aptes) et l'ordre N (inaptes).

5.4 Catégories d'utilisation des terres au Kenya


5.4.1 Petites exploitations d'agriculture non irriguée - techniques traditionnelles

Ci-après la description détaillée d'une catégorie d'utilisation des terres qui peut aussi servir de liste de contrôle. Dans maints cas, un nombre plus restreint de détails peut suffire, ou encore certains aspects peuvent ne pas être pertinents. La présente description tient également compte du contexte socio-économique.

On trouvera au tableau 10 la liste de toutes les catégories d'utilisation pour les zones à potentiel moyen de la Province orientale du Kenya.

5.4.1 Petites exploitations d'agriculture non irriguée - techniques traditionnelles

Cette catégorie d'utilisation se limite aux zones où des qualités majeures des terres, se rapportant à la croissance et à la production des cultures, sont défavorables. La disponibilité en inputs modernes n'entre pas en jeu, vu que des facteurs primordiaux gênent leur application. Cette catégorie d'utilisation comprend les cultures itinérantes. Le principal obstacle est constitué par le caractère incertain des précipitations, aussi bien pendant la saison pluvieuse courte que. longue. On peut aussi rencontrer des sols peu profonds et pierreux, qui rendent l'utilisation de l'énergie animale techniquement et économiquement impossible, ou encore des pentes, qui augmentent les risques d'érosion en nappe ou par ravelines, compte tenu, notamment, de l'intensité des pluies. (L'utilisation des tracteurs est, en fait, hors de question). Ce genre d'agriculture se pratique généralement par poches en même temps que d'autres utilisations (aménagement des parcours, sylviculture, etc.). Les ravageurs (y compris la faune sauvage) abondent et présentent un risque probable de réduction des rendements.

i) La production peut être spécifiée moyennant la description des schémas agricoles. L'agriculture est essentiellement mixte et ne comporte pas, par conséquent, l'assolement, mais les cultures associées varient d'une année à l'autre et finissent donc par mener à des pratiques d'assolement. Elles comprennent entre autres: le maïs, le sorgho, le millet à chandelle (Pennisetum typhoideum), les cajans, les pois chiches (Cicer arietum) et divers types de haricots, les doliques (Vigna sp.), le manioc (Manihot utilissima), le ricin pérenne (Ricinus communis). Si les précipitations sont bonnes, les haricots constituent la principale culture de rapport, ainsi que le ricin qui est semi-sauvage. Lorsqu'on établit des blocs de ricins, les ravageurs prolifèrent. Outre l'agriculture mixte, comme moyen de réduire les risques, on fait appel à deux autres méthodes pour lutter contre les conditions naturelles défavorables à l'agriculture. La première consiste à placer l'accent sur le développement des plantes pérennes plutôt qu'annuelles, comme le ricin qui est déjà bien établi, les pois cajans, le manioc, le manguier (notamment sur les contreforts ou les cultures bénéficient d'infiltrations souterraines). Sur la base d'observations faites sur le terrain, il semble que la culture de l'anacardier mérite une attention particulière. Le coton pérenne ne peut sans doute pas concurrencer l'anacardier ou le manguier. La deuxième méthode consiste à accorder davantage d'importance aux cultures céréalières résistantes à la sécheresse, comme le sorgho et le millet à chandelle. Les principaux avantages sont les suivante: vu la pression démographique, il faut pratiquer davantage de cultures intensives dans les zones à faibles précipitations; les rendements des cultures traditionnelles (maïs et haricots) voient baisser leurs rendements au bout de quelques années, et comme l'apport d'engrais est trop risqué, il faut passer à la culture du manioc et du sorgho. On aurait besoin de moins d'argent pour soulager la famine si l'on passait, comme il serait sage de le faire, à ces cultures résistantes à la sécheresse. Selon des preuves empiriques démontrant les rendements de maïs et de sorgho en régime de pluviosité variable, la vigueur hybride du sorgho donne, toute proportion gardée, le rendement le plus élevé; les variétés à maturation rapide plantées au début de la saison des pluies peuvent parfois germer avant la saison tardive de sécheresse; et la structure radiculaire profonde et diffuse de cette plante lui permet de tolérer les contraintes hydriques, aussi bien pendant la saison très sèche que très humide. Les résultats de recherches en cours appuient fortement la théorie selon laquelle le meilleur sorgho disponible donne des rendements substantiellement plus élevés que le meilleur maïs disponible en régime de faible pluviosité. Les inconvénients de la culture de sorgho tiennent à sa couleur et à son goût (variétés améliorées noires et amères jusqu'à présent); à ce que les ravages causés par les oiseaux sont plus graves que ceux que subit le maïs; à ce que sa préparation culinaire demande davantage de travail; et à sa commercialisation. Elle pose aussi, de toute évidence, des problèmes de main-d'oeuvre. En outre, le faible prix de soutien accordé au sorgho, à savoir 70 pour cent de celui du maïs, incite les agriculteurs à attribuer leurs ressources à la culture de ce dernier.

Vu les faibles profits qu'elle rapporte et les besoins intermittents en main-d'oeuvre, il faut associer cette catégorie d'utilisation des terres à d'autres activités, comme la production de charbon de bois ou l'apiculture. L'aménagement extensif des parcours, notamment pour les caprins dans les zones très sèches et pour les bovins dans les zones plus humides ayant une végétation moins dense, représente également une source importante de revenu. Les produits sont écoulés sur les marchés principalement à des fins de subsistance, avec une quantité limitée de ventes de produits excédentaires.

ii) L'utilisation de techniques traditionnelles entraîne forcément un faible coefficient de capital. Les investissements actuels et futurs se bornent au défrichement de la végétation naturelle à des fins agricoles. On emploie en outre quelques outils à main rudimentaires, mais aucun engrais. Les opérations de défrichement demandent entre 100 et 200 jours/homme par hectare, selon le type et la densité de la végétation. Les semences constituent l'unique input renouvelable ayant une certaine importance. Seuls quelques agriculteurs font appel à des boeufs. Sur la base des cultures mixtes précitées et à des niveaux de production faibles, le coût des semences se monte à environ 1,20 -1,80 dollar E.-U. par hectare.

Etant donné les informations disponibles actuellement et les qualités inhérentes à la plus grande partie des terres, on ne pense pas que des améliorations et autres investissements soient possibles en général.

iii) Le coefficient de main-d'oeuvre est lié au mode d'exploitation actuel, au niveau des inputs et des outputs, au caractère plus ou moins saisonnier de l'agriculture et à la pénurie relative de terres et de main-d'oeuvre. Des données sur les inputs de main-d'oeuvre sont disponibles en fonction du type de culture. En supposant qu'une culture sur deux donnera des rendements raisonnables (sur la base de précipitations probables), et qu'il s'agit des cultures mixtes susmentionnées, on estime qu'il faudra utiliser cinq mois/homme par hectare et par an sur une période de huit mois. Une grande partie du travail est, en effet, effectuée par les femmes et les enfants.

iv) La source d'énergie est constituée presque uniquement par la main-d'oeuvre. On prévoit peu de possibilités de développer la traction animale en raison de plusieurs facteurs combinés: la mouche tsé-tsé, la pénurie de fourrage, les sols pierreux et les pentes.

v) Le niveau de la technologie est faible. Ceci ne représente pas un obstacle, toutefois, vu que les recherches agricoles n'ont permis d'apporter que très peu d'améliorations au système existant. Il semblerait qu'il faille, en l'occurrence, développer davantage les cultures pérennes et les cultures céréalières plus résistantes à la sécheresse. Par conséquent, les techniques employées se limitent seulement a des travaux agricoles manuels, à des variétés de semences locales, à des engrais organiques et à des races animales locales non améliorées.

vi) Les infrastructures nécessaires à cette utilisation sont très limitées, du fait que les cultures sont transformées selon les procédés indigènes.

La taille des exploitations varie énormément et, bien qu'on ne dispose d'aucune information précise, on estime qu'elles couvrent entre 4 et 20 hectares par famille; à l'heure actuelle. Sur la base d'un accroissement démographique annuel hypothétique de huit pour cent, la superficie brute des exploitations aura diminué de moitié dans une vingtaine d'années. La superficie effectivement cultivée n'est que de 0,8-2,0 hectares par famille, selon la main-d'oeuvre dont elle dispose, et ceci constitue la principale contrainte. Toutefois, cette catégorie d'utilisation se rapporte à des cultures itinérantes qui supposent qu'on laisse les terres en jachères pendant un certain temps après 2-4 ans d'exploitation. De plus, comme on l'a déjà signalé plus haut, ce type de culture itinérante ne se prête pas à l'intensification en raison du climat variable, des facteurs pédologiques, etc. L'exemple ci-après illustre la capacité portante maximum des terres aux fins de l'utilisation en question. On commence par supposer que 30 pour cent des terres se prêtent à l'agriculture, que le rapport cultures/jachères est de 1:2 et que les besoins alimentaires peuvent être satisfaits grâce à l'exploitation de 0,25 ha par personne et par an avec une bonne campagne agricole sur deux. Sur la base de cette hypothèse, la capacité portante maximum des terres est de 40 personnes par km2 (7-8 familles). Les familles doivent donc recourir à d'autres sources de revenu pour couvrir les dépenses, en sus des denrées de base (production de charbon de bois, élevage, etc.).

Il ne semble pas que les systèmes traditionnels de régime foncier constituent un obstacle au développement de cette catégorie d'utilisation des terres, sauf si les membres de clans ont besoin d'une superficie supérieure à la superficie que requiert la poursuite normale de la culture itinérante. L'actuel système d'adjudication des terres, cependant, gêne sérieusement cette culture. Autrefois, les membres des clans pouvaient se déplacer plus ou moins librement a l'intérieur des limites des terres du clan ou du sous clan. Désormais, le système d'adjudication des terres les enferme dans un "domaine" limité. Il est fort probable que ce système risque de détruire plus vite la pratique de l'agriculture itinérante, mais il faut, par ailleurs, se rendre compte qu'il n'y a pas d'autre moyen, pour le moment, d'utiliser la terre à des fins d'agriculture sédentaire.

vii) Niveaux des revenus. Toute estimation du revenu agricole brut que peut rapporter cette catégorie d'utilisation est forcément approximative. Avec la culture du maïs/sorgho/millet associée à celle des haricot/pois, aux prix en vigueur au niveau de l'exploitation et sur la base d'une bonne campagne agricole sur deux, la valeur ajoutée est d'environ 35-45 dollars E.-U. par an et par hectare effectivement cultivé, a quoi s'ajoute le revenu obtenu grâce à l'élevage de quelques animaux domestiques. Les demandes maximums de main-d'oeuvre limitent la superficie pouvant être cultivée à deux hectares au plus par famille en moyenne. Par ailleurs, l'expansion de la superficie moyennant la mécanisation est trop risquée en raison de l'incertitude des profits. On peut donc en conclure que cette utilisation des terres ne peut généralement pas donner le revenu familial total estimé à 120-180 dollars des E.-U. par an, y compris la valeur des cultures de subsistance; il faut donc allier cette utilisation à l'aménagement extensif des parcours, à la migration saisonnière ou semi-permanente de la main-d'oeuvre (masculine), ou à d'autres sources de revenu non agricoles.

5.5 Facteur situation: qualité d'une terre

La situation par rapport aux marchés et aux centres d'approvisionnements en biens de production est souvent laissée de côté dans l'évaluation des terres ou traitée de façon succincte en raison du manque de données. Selon la classification qualitative (étude de reconnaissance) des terres de la Guyane (FAO 1966), par exemple, l'apport d'engrais n'est rentable et possible que le long d'une bande longeant le massif du Pakaraima, à 200 km environ de la côte.

Dans les classifications quantitatives de l'aptitude des terres on peut déterminer de façon plus précise la situation par rapport aux marchés en calculant les différences dans la valeur du produit et le coût des inputs au niveau de l'exploitation, en fonction de la localisation. Une étude japonaise, par exemple, (récapitulée par Fukui, 1976) établit la classification de cette qualité en confrontant le coût du transport depuis divers produits de la terre avec la valeur commerciale de différents types de produits. Ci-après les principales étapes de cette étude.

On détermine le coût par tonne et par km en se fondant principalement sur le type de véhicule qui peut être utilisé, sur sa capacité de charge sur une route ou un terrain donnés et sur sa vitesse moyenne. Ces trois facteurs sont limités par la largeur, le type de revêtement et la pente de la route, le volume de la circulation, les limites de vitesse, les charges maximums permises par les ponts et autres ouvrages et les risques naturels, comme un fort enneigement. On trouvera au tableau 11 une classification des routes, des véhicules les plus économiques pouvant être utilisés sur chacune d'elles et, pour finir, un indice du coût de transport, qui est le coût relatif de transport comparé à celui par tonne et par km d'un cinq tonnes sur une bonne route en macadam à deux voies. On établit ensuite une carte indiquant les "distances moyennes" séparant les terres des principaux marchés. La distance moyenne est la somme des distances sur des routes de différentes qualités, après avoir multiplié la distance de chacune d'elles par son indice de coût de transport.

Pour chaque produit pris en considération, on calcule la différence entre sa valeur au niveau de l'exploitation et sa valeur au centre commercial ou terminus ferroviaire en fonction de la distance moyenne. Cette différence comprend le coût du transport, les pertes (notamment pour les produits juteux) et les frais de manutention au centre commercial. Sur la base de cette différence, on classe ensuite la distance moyenne séparant les terres des marchés de la même manière que les autres qualités des terres qui influent sur les coûts ou sur les niveaux de rendement.

L'étude ne prend pas en considération le coût du transport des inputs. On pourrait en tenir compte au moyen d'un coefficient de correction, ou encore les calculer séparément lorsqu'ils sont suffisamment importants par rapport au coût du transport des produits.

Lorsque les données concernant une région sont très limitées (par exemple, lorsqu'on ne peut tirer des données disponibles que le seul coût tonne/km sur une route standard), on peut tout de même estimer les coûts de transport depuis différents points des terres en recourant à l'indice susmentionné (tableau 11) pour les divers types de routes.

Tableau 11

CLASSIFICATION DES ROUTES ET INDICE DU COUT DU TRANSPORT AU JAPON
(Adapté de Fukui, 1976)

Route

Véhicule

Indice du
coût de transport

Type et largeur

Surface

Type et coût
Yen/jour

Charge tonnes

Vitesse moyenne km/h

Capacité de transport

t km/h

Plane, en côte, urbaine 1



1

h

u 1

1

h

u

1

h

u

A double voie de plus de 5,5 mètres

macadam

cinq tonnes 6045

5

50

30

25

250

150

125

1,0

1,7

2,0

gravier

5

36

21

18

180

105

90

1,4

2,4

2,8

terre

4

28

17

14

112

68

56

2,2

3,7

4,5

Voie unique 3,5-5,5 m

macadam

cinq tonnes 6045

5

42

25

21

210

125

105

1,2

2,0

2,4

gravier 2

5

30

18

15

150

90

75

1,7

2,9

2,3

gravier 3

5

29

17

14

145

85

70

1,7

3,1

3,6

terre

4

23

14

12

92

56

48

2,7

4,5

5,2

A voie unique, raide ou avec virages aigus 4 3,5 m

macadam

deux tonnes 3995

2

42

20

15

84

40

30

2,0

4,2

5,5

gravier

2

32

14

11

64

28

22

2,6

6,0

7,5

terre

2

25

11

8

50

22

16

3,3

7,5

10

Pistes à charrettes en mauvaises conditions 1,5-2,5 m

gravier

charrette tirée par des animaux 1500

1,5
(1,2 en côte)

5

4


7,5

4,8


8,4

13


terre

1,2
(1,0 en côte)

4,5

4


5,4

4,0


11

15


piste étroite 1,5-2,5 m

petit tracteur 1000

0,3

8

8


2,4

2,4


14

14


Téléphérage forestier

téléférique 5640

0,6


16



9,6



24


Piste de moins de 1,5 ou pas de piste

cheval 1200

0,1

5

5


0,5

0,5


100

100


1 1 - plane; h - ondulée: avec tronçons de plus de 80 mètres en montée et en descente par kilomètre (pentes moyennes de plus de 8%); u - urbaine avec limites de vitesse modérées.

2 Routes avec service d'autobus régulier.

3 Routes sans service d'autobus régulier, généralement moins bien entrenues que 2.

4 Routes avec pentes de plus de 15% ou avec virages de moins de 10 mètres de rayon, jugées impraticables par les cinq tonnes.


Page précédente Début de page Page suivante