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ANNEXE VIII: RAPPORT NATIONAL SUR LE SECTEUR FORESTIER (Cont.)

COTE D'IVOIRE

par

Koidiané Jean Armand & al.

INTRODUCTION

Contexte

D'une surface de 32 246 000 hectares, la Côte d'Ivoire peut être divisée en deux grandes aires:

Au Sud, la bande de forêt dense humide avec des précipitations annuelles moyennes de 1 400 à 2 500 mm et une saison sèche bi-annuelle ne dépassant pas au total trois à cinq mois,

Au nord, zone plus sèche.

La population de la Côte d'Ivoire est passée de 5 000 000 d'habitants en 1970 à près de 14 000 000 en 1995. Le taux annuel de croissance, 3,7% en 1991, est l'un des plus forts d'Afrique de l'Ouest.

Au cours des trente dernières années, le pays a connu une relative stabilité politique. Il a aujourd'hui l'une des meilleures infrastructures et l'un des PNB par habitant les plus élevés d'Afrique occidentale. Mais cette politique a été largement réalisée aux dépens de la forêt.

Les politiques gouvernementales des 25 dernières années ont encouragé les habitants à quitter les régions rurales densément peuplées pour se fixer dans des régions relativement peu peuplées afin de les développer, en y créant de nouvelles plantations de café et de cacao. L'installation désordonnée d'un grand nombre d'immigrants du Sahel a provoqué un déboisement important et une occupation anarchique des terres des régions prévues pour des plantations industrielles et des réserves forestières.

Actuellement, environ 55% de la population vivent encore en milieu rural; mais la tendance générale à la migration vers les zones urbaines va probablement continuer, d'autant que les conditions économiques des agriculteurs se fragilisent avec la chute des prix du cacao et du café.

Propriété des terres

L'Etat ivoirien a repris à son compte les dispositions de l'article ler du décret du 15 novembre 1935 portant sur la réglementation domaniale en Afrique Occidentale Française. D'après ce texte, les terres vacantes et sans maître appartiennent à l'Etat.

En fait, la notion de terre vacante et sans maître étant assez équivoque, le Gouvernement ivoirien prend soin de préciser que l'Etat est propriétaire des terres non immatriculées. Désormais, seule l'immatriculation est susceptible de transférer la propriété de la terre au profit des particuliers. Mais, en pratique, force est de reconnaître que les détenteurs coutumiers ignorent délibérément le principe de l'appartenance des terres non immatriculées à l'Etat. Mieux, ils estiment que la terre leur appartient.

RESSOURCES FORESTIERES NATURELLES

Répartition du domaine forestier

Le pays est en gros divise en deux domaines principaux:

le domaine forestier permanent de l'Etat, composé par les forêts classées, les parcs et réserves;

le domaine forestier rural, constituant une réserve de terres pour les différents programmes et opérations de développement.

Il faut constater que le domaine forestier permanent a subi de sérieux reculs face à l'installation des plantations de rente et la pression d'une agriculture itinérante.

Superficie

Il est difficile d'établir une estimation exacte et actualisée de l'ensemble de la couverture de forêt dense subsistant en Côte d'Ivoire en raison du déboisement important et du peu de données disponibles.

Des estimations, basées sur le taux de régression de la couverture forestière au cours des 30 dernières années, indiquent une superficie restante totale de 3 100 000 hectares (10% du territorial national). Cependant, seulement 1 300 000 ha sont constitués par des forêts denses. Les 1 800 000 ha restants sont des forêts claires en zone de savane, dont la plus grande partie est fragmentée et appauvrie en espèces de bois d'_uvre.

Ainsi les informations collectées dans les tableaux 1, 2, 3 et 4 indiquent avec éloquence l'ambiguïté qui existe sur l'estimation de la ressource et la nécessité de conduire des études exhaustives et pertinentes sur l'ensemble du territoire.

Tableau 1: Découpage des surfaces de forêt par faciès en fonction des premiers inventaires nationaux

 

Zone de forêt dense humide sempervirente

Zone de savane

Surface totale

Surface totale

13 222

19 014

32 236

Total estimé du couvert forestier

(1966)1

8 615

8 866

17 481

(1980)2

4 458

5 376

9 834

(1987)3

2 195

2 472

4 667

(1990)4

1 300

1 800

3 100

Domaine forestier permanent (avant 1978: forêts classées)

(1956)

4 300

2 500

6 800

(1966)

2 784

2 534

5 318

(1974)

2 899

1 300

4 199

(1978)

2 404

1 222

3 626

(1987)

1 600

1 300

2 900

Parcs nationaux

(1974)6

548

1 175

1 723

(1982)7

572

1 367

1 939

(superficies en milliers d'ha)

Guillaumet J.L. et Adjanohoun, E. (1966) végétation de la Côte d'Ivoire. Cartographie (1/50 000) d'après des photographies aériennes datant de 1965.

FAO/PNUE (1981)

Ministère des eaux et forêts (1988.Plan Directeur Forestier1988-2015. annexe 2 (surveillance aérienne 1986) et tableau 1.

estimation par extrapolation du degré moyen de déforestation évalué à 300 000 ha par an pour la forêt humide et à 200 000 ha pour la savane.

Arnoud et Sournia (1980), pp.69-70 NB: «forêts classées" de 1966 et 1966 inclut les parcs nationaux et les réserves de faune.

Domaine forestier permanent, publié le 15 mars1978.

Yamoussoukro (1982). Document de travail, conférence intitulée «la forêt au service du développement».

Tableau 2: surfaces forestières de Côte d'Ivoire (Béligne V., Flamboyant n° 29 mars, 1994)

Surfaces(hectares)

Domaine forestier permanent

Domaine rural

total

 

Forêts classées

Parcs et réserves

   

SUD

Forêts

1 175 000

600 000

700 000

2 675 000 (c)

 

Plantations forestières ou agro-forestières

75 000

 

600 000 (hévéa)

135 000 (e)

 

Cultures et jachères

1 000 000

50 000

12 140 000

13 190 000

Sous total sud

3 100 000 (a)

12 900 000

16 000 000

NORD

Formations denses

248 000

260 000

1 927 000

2 435 000 (d)

 

Plantations forestières

12 000

 

3 000

15 000 (f)

 

Formations ouvertes (savanes)

600 000

1 040 000

7 160 000

9 000 000

 

Cultures et jachères

140 000

 

4 410 000

 

Sous total nord

2 300 000 (b)

   

soit

5 400 000 ha pour le domaine forestier permanent de l'Etat (a+b)

 

5 260 000 ha de formation forestière dense naturelle (c+d) et plantées (e+b)

 

Et environ 9 000 000 ha de formation de savane plus ou moins naturelle

Tableau 3: MINAGRA, SARA 99 Occupation des terres:(d'après données CCT 1987-1990)

Tableau 4: zone de forêt dense-zone forestière non touchée par l'agriculture (MINAGRA, SARA 99) d'après étude bilan forêt DCGTx, 1993

Volume

La production annuelle moyenne en provenance des forêts naturelles classées (84 000 m3/an) ajoutée à celle des plantations (69 000 m3/an) est de 153 000 m3/an au cours de la période de 1998 à 2007. Pour la période 2008-2012, la production totale escomptée atteint 700 000 m3/an.

L'administration forestière de Côte d'Ivoire a déterminé un accroissement annuel moyen pour l'ensemble des périmètres forestiers du pays. Cet accroissement, estimé à 0,25 m3/ha/an, a été évalué à partir de diverses sources d'informations dont les données historiques de prélèvement de grumes dans les PTE, les résultats de travaux de recherche dans les forêts naturelles par la SODEFOR et L'IDEFOR-DFO, l'expérience des industriels, etc.

Lorsque cet accroissement est appliqué à la superficie totale des périmètres forestiers déjà attribués de même qu'à la superficie des périmètres non attribués en zone tampon, on obtient le volume annuel exploitable peut être présenté comme suit:

Tableau 5:Sommaire des superficies et volumes exploitables des périmètres forestiers

 

Superficie (ha)

Accroissement (m3/ha/an)

Volume annuel exploitable (ha)

Périmètre attribué

10 818 030

0,25

2 704 500

Périmètre non attribué

1 946 780

0,25

486 700

Total

12 764 810

 

3 191 200

Le volume annuel exploitable, estimé par l'administration forestière pour les périmètres forestiers déjà attribués, est d'environ 3,2 millions m3 (volume fût). S'il est possible de considérer qu'un volume d'environ 0,5 millions m3 serait disponible pour les périmètres non encore attribués, le volume annuel total serait de 3,2 millions m3.

Il est à noter que la somme des superficies des périmètres attribuées et non attribués, soit grossièrement 12,8 millions ha, représente en pratique toutes les superficies qui peuvent être exploitables.

Aucun inventaire d'aménagement général n'existe pour confirmer cette évaluation du volume annuel exploitable.

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