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ANNEXE VIII: RAPPORT NATIONAL SUR LE SECTEUR FORESTIER (Cont.)

MALI

par

Gaoussou Konate

Gakou Mamadou

CONTEXTE

Contexte social du secteur forestier

Le Mali, couvre une superficie de 1 241 238 km2 dont près de 29% sont occupés par des forêts. Elles se répartissent selon la législation actuellement en vigueur (loi n°95.004) en trois domaines: le domaine forestier de l'Etat, le domaine forestier des collectivités décentralisées et le domaine des particuliers.

La population est essentiellement rurale (près de 72,1%) dont 80% dépendent du secteur primaire. La gestion des forêts, et plus généralement des ressources naturelles, était jusqu'à présent exclusivement réservée à l'Etat au moyen d'une législation assez coercitive (code forestier, code domanial). Cette forme de gestion n'a pas réussi à enrayer le processus de dégradation des ressources naturelles à cause du déséquilibre entre les besoins toujours croissants des populations et les potentialités existantes de plus en plus réduites, et ce malgré les efforts énormes consentis à travers différents projets forestiers. Cette dégradation est également due à la détérioration des conditions climatiques. Les raisons de la pression humaine sur les ressources de la forêt sont d'ordre social (démographie croissante), et surtout économique. En effet, la filière bois énergie à elle seule représente un chiffre d'affaires annuel de 10 à 14 milliards de FCFA car les ressources énergétiques domestiques du Mali sont constituées à 90% par le bois énergie. Aussi, la part du secteur forestier dans le PIB national est estimée à 5% en terme monétaire.

Economie et politique économique

D'une manière générale, l'agriculture et l'élevage jouent un rôle central dans l'économie malienne.

La stratégie de développement pour la période 1999-2002 vise la consolidation de la stabilisation macro-économique et notamment le renforcement et l'approfondissement des réformes structurelles et sectorielles. L'objectif principal du Gouvernement est d'atteindre une croissance économique durable et soutenue en vue de lutter contre la pauvreté et le chômage et d'assurer la viabilité financière à moyen terme. Cette stratégie est basée en particulier sur la mise en _uvre de la politique de décentralisation (mise en place effective de collectivités territoriales), et elle s'inscrit dans le cadre de l'intégration régionale, notamment au sein de l'UEMOA et de la CEDEAO. Les efforts du Gouvernement continueront de porter sur la consolidation du rééquilibrage budgétaire, assorti d'un désengagement rapide de l'Etat des activités productives et commerciales. Les interventions de l'Etat seront alors surtout axées sur l'instauration d'un environnement judiciaire et réglementaire fiable et transparent, favorisant l'accroissement des investissements privés nationaux et étrangers, ainsi que sur les investissements dans les infrastructures publiques et le développement des ressources humaines. Une telle réorientation sera assortie de politiques financières destinées à renforcer la stabilité macro-économique, gage de la confiance pour un plus grand dynamisme du secteur privé.

RESSOURCES FORESTIERES

Propriété des terres

La réforme de 1986 a consacré l'Etat comme propriétaire des terres, y compris celles qui ne sont pas immatriculées. La quasi-totalité des terres de culture et des zones de parcours sur lesquelles les populations se reconnaissent des droits se trouvent ainsi incorporée dans le domaine de l'Etat.

De 1991 à 1994, une série de séminaires et rencontres a été organisée par le Ministère des finances à tous les échelons administratifs de l'Etat et impliquant la Société civile en vue de l'adaptation du Code foncier aux réalités nouvelles et à la décentralisation. Ces séminaires tenus au niveau des cercles, des régions et à Bamako pour le niveau national, ont regroupé tous les partenaires intervenant dans la gestion du foncier: les paysans et éleveurs, les chefs coutumiers, les maires, les magistrats, les professions libérales intéressées (notaires, géomètres, avocats, banques) et les représentants des départements ministériels.

Le séminaire national de synthèse, tenu en octobre 1994 à Bamako, a posé les principes sur la base desquels devait intervenir la relecture du code domanial et foncier:

la prééminence de l'Etat sur les terres, notamment celles qui ne sont pas encore immatriculées, en vue de permettre une meilleure maîtrise du foncier et en assurer une meilleure mise en valeur sur l'ensemble du territoire national;

le contrôle des opérations immobilières;

le maintien et renforcement de la cohésion nationale;

la responsabilisation des populations et des collectivités territoriales nouvelles dans la gestion du foncier, qui doit se traduire par une plus grande souplesse dans l'attribution des terrains aux collectivités territoriales;

la maîtrise de la situation des propriétés bâties de l'Etat et des collectivités territoriales;

la mise en place des cadastres urbains et ruraux;

une gestion nouvelle du patrimoine mobilier de l'Etat à côté de celui immobilier et responsabilisation accrue du service des domaines à cet égard;

la sécurisation des droits coutumiers.

Dans le cadre de la décentralisation, la loi N° 96-05% du 16 octobre 1996, stipule en son article 1er «le domaine des collectivités territoriales comprend un domaine public et un domaine privé; le domaine des collectivités territoriales se compose de l'ensemble des biens meubles et immeubles acquis à titre onéreux ou gratuit par les dites collectivités. Le domaine des collectivités territoriales se compose d'un domaine public naturel et d'un domaine public artificiel». L'article 7 précise que le domaine public national des collectivités territoriales comprend toutes les dépendances du domaine public de l'Etat telles que définies par les législations en vigueur, situées sur le territoire des dites collectivités territoriales et dont l'Etat a transféré la conservation et la gestion à celles-ci: les cours d'eau, les mares, lacs et étangs, les nappes d'eau souterraines, les périmètres de protection etles sites naturels déclassés domaine public par la Loi.

Ressources en sol et utilisation des terres

Selon les études du Projet Inventaire des Ressources Terrestres, la superficie des terres possédant une aptitude (même limitée) pour l'agriculture au Sud de la zone saharienne couvre 23,8% des terres, soit environ 30 millions d'ha, dont 1 million d'ha irrigables. Sur ce total, les terres cultivées (cultures et jachères) représentent 37%, soit 11,4 millions d'ha (PIRL, 1991). Selon la DNSI, la superficie mise sous culture chaque année couvre actuellement entre 3 et 3,5 millions d'ha.

D'une manière générale, les différents sols présentent plusieurs contraintes importantes du point de vue agronomique qui limitent encore le potentiel cultivable. Diverses études, dont Bishop et Allen (1989), ont montré des pertes annuelles moyennes en terres arables du fait de l'érosion de l'ordre de 6,5 tonnes/ha/an, variant de 1 tonne au Nord à plus de 10 tonnes au Sud. Des chiffres de 31 tonnes ont été enregistrés du côté de Sikasso.

Par ailleurs, la pression agricole sur les ressources a progressivement augmenté selon la Direction Nationale de la Statistique et de l'Informatique. En effet, la superficie des terres cultivées chaque année est passée de 1 967 000 ha en 1970/71 à 3 472 000 ha en 1994/95, soit une augmentation de 15%. Cette augmentation des superficies n'a pas été accompagnée d'une augmentation des rendements des cultures vivrières qui sont restés faibles, avec une moyenne 750 KG/ha toutes productions confondues (Coulibaly, 1998).

Selon plusieurs études (dont MDRE, 1998), cette pression s'est traduite globalement par une dégradation importante des ressources naturelles (sol, couvert végétal). Dans plusieurs régions où la pression démographique est forte sur des terres marginales et/ou forestières, on observe une diminution conjointe de la durée des temps de jachères et de la fertilité ainsi qu'une accentuation du phénomène de l'érosion.

Ressources forestières naturelles: superficie, volume et évolution

L'inventaire des ressources ligneuses (réalisé dans le cadre du PIRL entre 1985 et 1991) a exclut les zones pastorales et désertiques. Il montre que l'essentiel des ressources ligneuses du domaine forestier national, généralement estimé à 100 millions d'ha, concerne en fait 32,4 millions d'ha, soit environ 26% de la superficie du pays, dont 1,3 millions d'ha de forêts classées et 3,9 millions d'aires protégées (1,5 millions d'ha à Mopti et 1,75 à Gao). A ce résultat, il faut ajouter les formations végétales agricoles ou anthropiques (cultures et jachères), estimées à 15,7 millions d'ha (DNRFFH, 1995). Les peuplements naturels productifs se localisent principalement au Sud du pays dans les zones humides soudano-guinéennes et guinéennes. Ils se composent de forêt claires et de savanes arborées à arbustives où dominent Isoberlina doka, Daniela oliveri, Vitellaria paradoxa, Detarium parinari curatelefolia, Afzelia africana, Pterocarpus erinaceus, Khaya senegalensis.

Les volumes sur pied selon ce même inventaire sont estimés globalement à 520 millions m3, avec de fortes variations du Nord au Sud et par zone éco-climatique. Ces volumes sont de moins de 10m3/ha pour les savanes arbustives du Nord, de 20 à 40 m3/ha pour la brousse tigrée, de 50 à 80 m3/ha pour les forêts de la zone soudano-guinéenne, de plus de 100m3/ha pour certaines forêts galeries et forêts du Sud-Ouest du pays. La productivité moyenne varie de 1 à 1,5 m3/ha/an en zone soudano-guinéenne et de 0,3 et 0,05 m3/ha/an en zone sahélienne et en zone saharienne.

Dans de nombreuses zones, on peut déjà observer une surexploitation du potentiel ligneux sur pied (DNRFFH, 1995). Ces formations naturelles ont subit de profondes modifications, dues essentiellement à l'aridité du climat, aux sécheresses successives et surtout aux activités anthropiques (défrichements agricoles, bois de chauffe, surpâturage et émondage, feux de brousse). Selon la DNRFFH, plus de 100 000 ha de forêts disparaissent chaque année. Les seuls prélèvements pour le bois de chauffe et charbon de bois (principale source d'énergie domestique) sont estimés globalement à 5 millions de tonnes par an (soit une exploitation de 400 000 ha) et devraient atteindre ou dépasser 7 millions de tonnes en l'an 2000 (560 000 ha). Le potentiel de régénération est quant à lui estimé à 7 millions de tonnes par an.

Bien que le bilan production/consommation soit actuellement satisfaisant, ces chiffres ne mettent pas en évidence les disparités régionales, avec des zones encore excédentaires au Sud et des zones présentant d'importants déficits notamment vers le Nord (régions de Koulikoro, Gao, Mopti, Tombouctou, Kidal). Dans les zones sahéliennes, le processus de désertification a tendance à s'étendre de manière alarmante sous l'effet conjoint des changements climatiques (périodes de sécheresse successives) et de la pression anthropique.

Par ailleurs, les pressions sur le potentiel ligneux sont plus particulièrement marquées autour des centres urbains (Bamako, Ségou, Koulikoro, Koutiala, Kayes, Nioro, Mopti, Nara, Kolokani) où l'approvisionnement en bois de chauffe est déjà ou risque d'être critique à court et moyen termes. Selon des estimations récentes de la DES/Volet Offre, près de 600 000 tonnes d'équivalent bois (330 000 tonnes de bois de chauffe et 40 000 tonnes de charbon de bois) ont été acheminées à Bamako en 1994 en provenance de régions situées dans un rayon de 200 km autour de la capitale. Cette activité a généré plus de 10 milliards de FCFA et de nombreux emplois en milieu rural et urbain, ce qui démontre son importance du point de vue socio-économique. Entre 1994 et 1997, selon des études de consommation, le pourcentage de foyers utilisant le charbon de bois à Bamako serait passé de 18 à 45%. Dans le bassin d'approvisionnement, certains arrondissements sont nettement déficitaires en bois et charbon de bois du fait de la surexploitation forestière pour l'approvisionnement de Bamako.

Les ressources forestières jouent également d'autres rôles importants, notamment pour la fourniture de bois d'_uvre et de service, pour l'élevage (fourrage herbacé et aérien), dans l'alimentation et la pharmacopée traditionnelle (produits de cueillette), voire pour l'exportation (80 000 tonnes de noix de karité, gomme arabique). Leur dégradation par surexploitation ou exploitation non rationnelle à diverses fins, voire leur disparition, a donc des répercussions multiples sur les écosystèmes, mais aussi des impacts socio-économiques importants. La déforestation accentue également la sensibilité des sols à l'érosion éolienne et hydrique et est à l'origine de la disparition de nombreux habitats sauvages, entraînant à son tour une forte diminution de la diversité biologique.

Ressources forestières plantées: superficie, volume et évolution

Les reboisements les plus anciens semblent dater des années 30. Ils ont été effectués généralement dans les forêts classées et en zone périurbaine. Plusieurs milliers d'hectares furent plantés entre 1942 et 1960. De 1960 à 1970, 2 100 ha furent plantés principalement en anacardiers, gmelina, teck et neem. De 1970 à 1978, les reboisements ont été cantonnés en majeure partie aux environs de Bamako.

Depuis 1980, l'apport de financements extérieurs a permis une reprise des plantations dans tout le pays. En 1981, 600 ha de plantations industrielles ont été réalisés et des plants ont été distribués aux villageois permettant de couvrir 300 ha.

En 1982, les plantations étaient estimées à 3 000 ha. De 1982 à 1998, les différents rapports annuels de la Direction Nationale des Eaux et Forêts donnent un cumul de 54 212 ha avec 863 531,67 ml de plantation d'alignement, de haie vive etc. La surface `totale couverte par les plantations au Mali en 1998 est estimée entre 57 000 et 60 000.

PRODUCTION, COMMERCE ET CONSOMMATION DES PRODUITS FORESTIERS

Au Mali, les ressources forestières, fauniques et halieutiques sont d'une grande importance, du point de vue de leur contribution au développement socio-économique et culturel et de leur impact sur l'équilibre des écosystèmes. Les formations ligneuses couvrent une superficie qui est estimée à 100 millions d'ha, avec un volume sur pied de 520 millions de m3.

En plus des ressources forestières ligneuses traditionnelles (bois-énergie, bois de service, bois d'_uvre), les formations ligneuses fournissent divers produits comme les fourrages herbacés et aériens, les produits de pharmacopée, l'amande de karité (80 000t/an), la gomme arabique (21 000t/an), le miel (1 956 t/an), etc.

La faune sauvage est riche et variée. Elle est composée d'environ 70 espèces de grands et moyens mammifères dont la majeure partie vit dans les savanes soudaniennes occidentales du Pays. On rencontre également environ 640 espèces d'oiseaux dont un nombre impressionnant d'oiseaux migrateurs vivant ou séjournant dans le Delta Central du Niger.

Les aires de protection de la faune couvrent une superficie d'environ 3,5 millions d'ha soit 3,3% du territoire national.

La faune piscicole est aussi riche et variée. Il a été inventorié environ 138 espèces répartis en 62 genres, appartenant à 26 familles. La production moyenne annuelle est importante et est estimée à 60 100 000 tonnes. Cette importance de la production est due à la densité et à la richesse trophique du réseau hydrographique en général et aux spécificités du Delta Central du Niger en particulier.

Les ressources forestières, fauniques et halieutiques sont l'objet d'intenses activités économiques qui induisent des flux monétaires importants. La valeur ajoutée brute générée par les différentes ressources, à travers diverses filières de production, s'élève à plus de 55 milliards de FCFA/an, répartis comme suit:

- bois-énergie

18

milliards

- bois de service

0,10

milliards

- faune/chasse

0,25

milliards

- pêche

30

milliards

- gomme arabique

2,50

milliards

- amande de Karité

5

milliards.

POLITIQUES, LEGISLATION ET INSTITUTIONS FORESTIERES

Politique de gestion des ressources naturelles

Objectif fondamental: La politique nationale de gestion des ressources naturelles est partie intégrante de la politique nationale de développement économique et social. Elle s'inscrit dans le cadre de la politique de décentralisation et contribue à réaliser les orientations du schéma directeur et les thèmes prioritaires du Plan d'action en ce qui concerne la gestion des ressources forestières, fauniques et halieutiques.

Objectifs spécifiques: La Politique nationale de gestion des ressources naturelles s'articule autour de trois objectifs spécifiques à savoir, un objectifs social, un objectif économique et un objectif écologique:

L'objectif social de la Politique nationale de gestion des ressources naturelles vise à responsabiliser les ruraux pour une gestion durable des ressources forestières, fauniques et halieutiques. La politique nationale de gestion des ressources naturelles vise à déléguer, de façon durable, la gestion des ressources sur des espaces bien définis, aux entités villageoises qui en feraient la demande.

L'objectif économique de la politique nationale de gestion des ressources naturelles vise à favoriser et à garantir l'investissement foncier d'une part et l'investissement dans les filières forestières, fauniques et halieutiques d'autre part.

La politique nationale de gestion des ressources naturelles vise d'une part à préserver la diversité biologique dans ses composantes diversité génétique, diversité des produits et diversité des paysages, et d'autre part, à restaurer les écosystèmes dans le cadre de la lutte contre la désertification et l'avancée du désert.

Axes stratégiques: La politique nationale de gestion des ressources naturelles s'articule autour de six axes stratégiques dont la mise en _uvre contribue à réaliser les trois objectifs spécifiques précités:

Favoriser l'initiative et le partenariat.

Préciser le mode de gestion des ressources aux différentes échelles.

Améliorer les capacités d'intervention des différents partenaires par un dispositif d'appui-formation-conseil efficace.

Favoriser l'investissement aux différentes étapes des filières.

Articuler la gestion des ressources aux différentes échelles spatiales et organisationnelles.

Conserver la diversité biologique et restaurer les écosystèmes.

Législation

La relecture des textes forestiers a aboutit, après un long processus, à leur adoption au cours du premier trimestre de 1995. Il s'agissait de quatre textes de loi appelés lois d'orientation dont deux notamment concernent les ressources forestières:

Loi n° 95-004 du 18 janvier 1995 portant organisation de l'exploitation, du transport et du commerce du bois.

Loi n° 95-003 du 18 janvier 1995 fixant les conditions de gestion des ressources forestières.

Les innovations importantes qui caractérisent ces lois sont:

l'organisation de l'exploitation forestière selon trois types: incontrôlé, orienté et contrôlé.

la répartition du domaine forestier (classé et protégé) entre trois propriétaires: Etat, collectivité territoriale, particuliers.

la participation des populations à la gestion rationnelle des ressources forestières.

Le plan d'investissement

Le plan d'investissement est constitué de cinq programmes nationaux et de quatre mesures d'accompagnement. Les programmes nationaux sont les suivants:

le programme «ressources naturelles forestières et utilisation des terres»;

le programme «aménagement des ressources forestières, fauniques et halieutiques»;

le programme «protection de la nature, restauration des ecosystèmes et conservation de la diversité biologique»;

le programme «formation»;

le programme «développement des filières».

Les mesures d'accompagnement sont:

le renforcement institutionnel: un important effort de renforcement des moyens et des compétences des structures responsables de la mise en _uvre de la Politique nationale de gestion des ressources naturelles sera fourni dans le cadre de projets d'appui institutionnel;

l'information, l'animation et la vulgarisation: cette mesure vise à initier un programme conséquent pour obtenir l'adhésion et l'implication effective des différents acteurs et partenaires à la réalisation des objectifs de la Politique nationale de gestion des ressources naturelles, ceci conformément à la stratégie de communication du Ministère du Développement Rural et de l'Environnement;

la législation/fiscalité: cette mesure vise à créer les conditions législatives pour faciliter la mise en _uvre de la Politique nationale de gestion des ressources naturelles;

la recherche: cette mesure vise à capitaliser les résultats de recherche (diagnostic permanent, observatoire du foncier, recherche sur les espèces etc.) pour rendre efficace la mise en _uvre des programmes.

Le renforcement institutionnel

Le renforcement institutionnel, premier volet des mesures d'accompagnement de la Politique Forestière Nationale vise les objectifs ci-après:

mise en _uvre efficiente de la nouvelle PFN;

accompagner l'administration forestière dans la mise en _uvre de la PFN;

renforcer les capacités professionnelles des cadres forestiers d'une part et de tous les autres acteurs intervenant dans les productions forestières, fauniques et halieutiques d'autre part;

les modalités de recouvrement et de répartition des taxes perçues à l'occasion de l'exploitation du bois dans le domaine forestier de l'Etat.

Les sujets environnementaux

Ils se résument aux points ci - après:

dégradation de l'environnement urbain;

qualité de vie et pollution en milieu rural (utilisation croissant d'engrais et de pesticide);

incendies de forêts (14,5 millions d'ha par an représentant globalement 5 millions de tonnes de biomasse détruite, CNRST, 1997).

TAXATION 

Le Décret 98-402 P.RM du 17 décembre 1998 fixe les taux de recouvrement et de répartition des taxes perçues à l'occasion de l'occasion de l'exploitation du bois dans le domaine forestier de l'Etat.

Les innovations par rapport aux textes réglementaires précédents sont:

la taxation du bois en fonction de leur zone d'exploitation (contrôlée, et incontrôlée);

taxation des produits issus des plantations forestières;

taxation des bois d'_uvre en fonction de leur classe de diamètre dans le domaine contrôlé;

la clé de répartition des recettes intéresse: l'Etat, les travaux d'aménagement, le contrôle forestier, les communautés, les chambres régionales d'agriculture, les agents forestiers;

augmentation du taux de la taxe du bois-énergie;

création d'un fonds d'aménagement.

PERSPECTIVES POUR LES RESSOURCES FORESTIERES (5-10 PROCHAINES ANNEES)

Les études les plus récentes dans ce cadre ont été menées par le service chargé de la Stratégie Energie domestique. En effet, l'évolution de la demande et de l'exploitation des essences ligneuses combustibles a été traitée dans les Schémas Directeurs d'Aménagement de quatre grandes zones d'approvisionnement en bois (Bamako, Koutiala, Mopti et Ségou).

Les formations forestières rencontrées dans ces zones d'approvisionnement sont du Sud au Nord, des savanes boisées et des savanes arborées avec en moyenne 15 à 20 m3 de volume ligneux/ha.

a) Les hypothèses choisies pour réaliser la projection du bilan jusqu'en 2005/2010 de la zone de Bamako sont les suivantes:

On admet pour la période 1997-2005 un taux de croissance annuel de 2,3% en moyenne pour les populations rurales et de 4,5% par an pour la ville de Bamako (estimations D.N.S.I) .

Les tendances d'évolution de la consommation de Bamako sont issues des enquêtes sur la consommation des ménages (C.E.D., 1997). Suivant ces hypothèses, le charbon deviendrait dès 2001 le combustible principal de 80% des ménages de Bamako.

On fait l'hypothèse d'une baisse de 1% par an de la production ligneuse globale. Cette baisse est la conséquence de la diminution des durées des temps de jachère et des défrichements causés par la croissance démographique rurale et le développement des cultures de rente (coton).

Suivant ces hypothèses, la consommation rurale atteindrait 1,8 millions de tonnes en 2005. La consommation de Bamako devrait plus que doubler et atteindre près de 1,4 millions de tonnes (équivalent bois), dont 85% dus à la consommation de charbon.

Le bilan production-prélèvement de bois passerait de 2,7 millions de tonnes en 1994 à 0,8 millions de tonnes en 2005 pour l'ensemble du bassin d'approvisionnement.

Le bilan ressources ligneuses-prélèvements qui vient d'être présenté montre que la ressource ligneuse dans l'ensemble du bassin d'approvisionnement de Bamako devrait pouvoir assurer largement les besoins de combustibles urbains et ruraux. Mais il faut souligner:

La mauvaise distribution géographique des prélèvements urbains. Ces prélèvements sont concentrés sur une très faible surface où le capital forestier est en voie de diminution rapide.

L'augmentation rapide de la demande urbaine de combustibles ligneux: Cet accroissement est dû d'une part à la croissance démographique de Bamako et d'autre part à la consommation de plus en plus fréquente de charbon de bois par les ménages urbains. Il entraîne une pression accrue sur les arrondissements déjà fortement déficitaires de la proximité de Bamako, et une mise en exploitation des zones périphériques des axes Sénou, Sébénikoro et Yirimadio.

Par ailleurs, du fait de la croissance de la population rurale, la pression sur les ressources ligneuses s'accentue dans les cercles de Barouéli, Banamba, Kati et certains arrondissements des cercles de Kolokani et Koulikoro. Dans ces zones à fortes densités démographiques, on peut prévoir une extension des défrichements et une consommation de bois accrue.

b). Les hypothèses pour réaliser la projection du bilan de prélèvement du bois sur l'an 2010 dans la zone de Koutiala sont:

taux de croissance annuel 2,5% en moyenne pour les populations rurales jusqu'en 2005 puis de 2%;

taux de croissance de 6% par an de la consommation globale de combustibles ligneux de Koutiala. On suppose une stabilisation de la consommation de charbon liée aux difficultés d'approvisionnement.

diminution de 3,5% par an de la productivité ligneuse due aux défrichements agricoles et à la surexploitation locale de la ressource (augmentation de 7% des superficies cultivées dans les régions - CMDT de Koutiala, San et Sikasso entre 1990 et 1996: rapport annuel CMDT, 1997).

Suivant ces hypothèses, la consommation de Koutiala devrait atteindre près de 160 000 tonnes en 2010. Cette augmentation est essentiellement due à l'augmentation très forte de la population, Koutiala est le centre de plusieurs usines avec une main d'_uvre importante.

La consommation rurale atteindrait près de neuf cent mille tonnes en 2010. Le total des prélèvements urbains et ruraux (1 million de tonnes/an) est supérieur à la capacité de production de la ressource (0,7 millions de tonnes/an).

Evolution de bilan ressources-prélèvements: Globalement, le bilan global productions-prélèvements de bois est positif jusqu'en 2002. Par la suite, le déficit s'amplifiera d'année en année. Le nombre d'arrondissements déficitaires devrait doubler en 2010. Le déficit tend à s'accroître sur les arrondissements actuellement surexploités à la périphérie de Koutiala et le long de la route Koutiala-Ségou. La production ligneuse est en régression, la consommation rurale augmente, la consommation de la ville de Koutiala progresse peu et la conséquence finale de ces 3 évolutions entraîne une rapide détérioration du bilan final.

c) Les hypothèses choisies pour les projections du bilan de prélèvement du bois sur l'an 2010 dans la zone de Ségou sur l'an 2010 sont les suivantes:

un taux de croissance annuel 2% jusqu'à 2005 puis de 1,5 pour les populations rurales;

un taux de croissance de 6%par an de la consommation globale de combustibles ligneux de Ségou. On suppose une stabilisation de la consommation de bois et une croissance de la consommation de charbon, qui devient le combustible principal de la majorité de la population;

une croissance continue des prélèvements de Bamako sur le bassin de Ségou (4% par an);

une diminution de 1% par an de la production forestière actuelle. Cette diminution tient compte des défrichements dus à la croissance de la population rurale et de l'extension des cultures de rente.

d) Les hypothèses choisies pour les projections du bilan de prélèvement du bois sur l'an 2010 dans la zone de Mopti sur l'an 2010 sont les suivantes:

taux de croissance annuel 1,4%, en moyenne pour les populations rurales;

taux de croissance de 5% par an de la consommation globale de combustibles ligneux de Mopti. on suppose une stabilisation de la consommation de bois et une croissance de la consommation de charbon de 20% par an;

diminution de 0,5% par an de la productivité ligneuse due aux défrichements agricoles et à la surexploitation locale de la ressource;

un taux de perte de 5% par an du stock de bois mort (par dégradation naturelle, attaques de termites, etc.).

Evolution de la demande de combustibles: Suivant ces hypothèses, la consommation de Mopti devrait atteindre près de 200 000 tonnes en 2005. Cette forte augmentation est essentiellement due à l'utilisation croissante du charbon de bois, qui deviendrait le combustible principal de la majorité de la population. La consommation rurale atteindrait 1,4 millions de tonnes en 2005. Le total des prélèvements urbains et ruraux (1,6 millions de tonnes/an) se rapproche de la capacité de production de la ressource (1,7 millions de tonnes/an).

e) Evolution générale du bilan ressources-prélèvements

Globalement, le bilan productions-prélèvements de bois (bilan «bois vert») devrait diminuer de 1,4 millions de tonnes à moins de 100 000 tonnes en 2005. Cette chute brutale est due à l'épuisement progressif des stocks de bois morts et à la croissance de la consommation urbaine (5% par an) et rurale (1,4% par an).

Le nombre d'arrondissements déficitaires devrait doubler pour atteindre 39 en 2005. Le déficit tend à s'accroître sur les arrondissements déjà actuellement surexploités à la périphérie de Mopti et le long de la route Mopti-Ségou. La zone déficitaire autour du pays dogon s'élargit. La zone Boré Douentza devient également déficitaire.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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