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ANNEXE VIII: RAPPORT NATIONAL SUR LE SECTEUR FORESTIER (Cont.)

SENEGAL

par

Amadou Nam Diop

Clément Diedhiou

CONTEXTE

Economie et politique économique

Le produit intérieur brut du Sénégal considéré comme un pays à revenu intermédiaire était estimé en 1990 à 1 490 milliards de F CFA. Une part importante de PIB (23%) provenait du secteur agricole essentiellement dominé par la culture arachidière depuis plus d'un quart de siècle. Mais, le secteur agricole qui fournit des revenus à la majorité de la population se trouve confronté à une déstabilisation de sa base de production du fait des bouleversements écologiques (sécheresse, désertification) et des stratégies de développement inappropriées.

Cette crise a entrainé une baisse sensible des revenues du pays qui ont chuté d'environ 40% entre 1970 et 1980, ce qui tend à accentuer les flux d'exode vers les villes.

La part de l'industrie et des mines représente 18% du PIB en 1990. L'industrie (notamment les huileries) a été sensiblement affectée par la crise agricole. Le secteur secondaire dans son ensemble a subi les contrecoups de la crise pétrolière intervenue en 1973.

La mise en oeuvre de la nouvelle politique industrielle n'a pas permis d'améliorer de façon significative la compétitivité des entreprises.

En dépit d'une croissance qui reste relativement faible (1,7%), le secteur tertiaire connait depuis le début des années 1980 des frémissements annonciateurs du redressement souhaité. Globalement, l'économie sénégalaise est caractérisée par des déséquilibres structurels qui ont motivé l'adoption de programmes d'ajustement. Dans le cadre de ces programmes, les subventions à l'agriculture ont été réduites, voire supprimées. Parallèlement, l'Etat a procédé à la privatisation de la plupart des sociétés publiques et parapubliques ainsi qu'à la réduction de ses interventions dans le secteur social.

Selon les proposition du IXème plan, l'économie devrait renouer avec la croissance au cours des six prochaines années (1995-2001). Le taux de croissance passerait de 4,5% à 6,3% en 2001. Pour arriver à cet objectif, les actions et mesures suivantes sont préconisées:

créer un environnement efficace et favorable au développement du secteur privé;

améliorer la gestion de la politique budgétaire;

mettre en oeuvre les traités de coopération et d'intégration économiques;

développer les entreprises, les investissement et les exportations;

développer les micro-entreprises;

renforcer l'efficience du système bancaire et financier;

privatiser et améliorer la gestion des entreprises publiques;

renforcer les capacités techniques et de gestion;

développer les ressources humaines;

renforcer l'efficacité du système national d'information et de communication;

combattre la pauvreté et le chômage et l'exclusion;

améliorer la gestion des ressources humaines.

Cette reprise économique devrait permettre de lutte plus efficacement contre la pauvreté et les inégatités sociales qui se sont accrues durant la période de l'ajustement structurel. Des effet bénéfiques de cette reprise sont attendues sur la base d'une mise en valeur rationnelle des ressources.

L'objectif de croissance assigné aux différents secteurs dans le IXème plan devrait conduire à une augmentation du taux d'investissement de 17,2% à 23,1% du PIB durant la période 1996/2000, le revenu réel par habitant passant de 1,7 à 3,7%.

La réalisation de ces objectifs devrait dépendre pour une large part de la contribution des secteurs secondaire et tertiaire. Le secteur primaire en pleine restructuration pourrait connaître une croissance appréciable, mais il ne serait plus la locomotive du développement national.

Situation sociale

La dynamique démographique a contribué à mettre en évidence les faiblesses structurelles de l'économie nationale et sa vulnérabilité face aux conditions climatiques et aux contraintes extérieures. Confrontée à une compétition internationale de plus en plus rude et à un tissu industriel incapable d'infléchir les mauvaises performances du secteur agricole, la politique en matière de couverture des besoins sociaux n'a pu inverser la tendance persistante à la détérioration des conditions de vie des populations.

Le rétablissement des équilibres macro-économiques, grâce à la mise en oeuvre des politiques d'ajustement risque d'être fragile en raison d'une demande sociale de plus en plus forte résultant de la dynamique démographique dont l'infléchissement s'inscrit dans le long terme. Par conséquent, les demandes en matière d'alimentation et de nutrition, d'accès à l'eau potable, de santé, d'habitat, d'éducation vont continuer à peser sur les ressources nationales, notamment celles de l'Etat et nécessitent des solutions urgentes afin d'inverser rapidement la tendance.

Il est à noter que le Sénégal n'échappe pas au phénomène de macrocéphalie, caractéristique de l'urbanisation de l'Afrique fortement influencée par un exode rural massif en direction principalement de la capitale. Dakar connait un taux de croissance moyen de l'ordre de 3,9% par an et abrite 21,6% de la population totale. Cette ville se développe sur fond d'urbanisation rapide et spontanée avec une hypertrophie de sa périphérie par des bidonvilies.

Le Sénégal a le plus fort taux d'urbanisation de la région sahélienne, 39% de la population vivent en zone urbaine contre 61% en zone rurale. En 1960, le Sénégal comptait à peine 3 millions d'habitant. Aujourd'hui, la population du pays avoisine 9 millions d'habitants, avec un taux d'accroissement moyen de 2,9%. Les actifs représentant 40% de la population total. Les femmes représentent 51,4% et les enfants de moins de 15 ans 30% de la population.

Contexte social du secteur forestier

Dans la vie quotidienne et notamment en milieu rural les produits forestiers jouent un rôle important. Le bois est utilisé comme combustible, matériel de construction ou pour la fabrication des ustensiles. Des fruits, fleurs, feuilles, racines et écorces entre dans la nourriture ou la pharmacopée.

Quoique dans la plupart des cas, les paysans ont le droit d'usage; la propriété des arbres reviennent à l'Etat qui les vend aux exploitants de bois pour des montants plus ou moins symboliques. Ceci ne reflète pas la valeur des arbres pour la société et, si la propriété des arbres serait privatisée, les prix actuels ne permettraient pas aux paysans de vivre de l'exploitation forestière.

Les combustibles ligneux représente encore 60% des ressources d'énergie des ménages du Sénégal. Cette dépendance élevée par rapport aux ligneux est due à l'utilisation de grandes quantités de charbon de bois. Pour freiner la dégradation des ressources forestiers, les actions ont été nombreuses et ont été orientées principalement dans deux directions:

la reforestation;

les programmes d'économie et d'utilisation d'énergies alternatives.

Les actions de reforestation ont porté sur le reboisement et la régénération naturelle:

fixation des dunes avec Casuarina equisetifolia (169 841 ha);

reboisement en régie;

installation de bois de village;

institution d'une journée nationale de l'arbre;

opérations de régénération naturelle par la mise en défens du domaine classé près de 6 300 000 ha soit approximativement 213 massifs forestiers.

Des efforts ont été développés parallèlement à la reforestation et aux stratégies de classement à savoir:

la vulgarisation de foyers améliorés et de la meule casamançaise;

la diffusion de l'emploi du gaz butane dans les centres urbains;

promotion de l'énergie solaire et de l'énergie éolienne;

promotion des réchauds à kérosène.

Ce qui mérite d'être retenu concernant ces programmes d'énergie alternative, c'est que le coût des investissements de base et de leur exploitation sont relativement élevés, ce qui rend leur accès et leur utilisation à grande échelle difficile pour les populations.

Ce potentiel est largement exploité pour des besoins d'énergie. L'essentiel de l'énergie utilisée au Sénégal est produite à partir de l'expioitation des ligneux (54%). Les produits pétroliers (40%) et les autre sources d'énergie occupent une place moins importante.

La consommation annuelle de combustible ligneux a été estimée à 3,5 millions de m3 équivalent rondin soit environ 1,3 millions de Tonne Equivalent Pétrole (Tep); ce qui représente 94% de l'énergie domestique. Le potentiel ligneux accessible étant de 3,1 millions de m3/an, il en résulte un déficit plus ou moins important. Si cette tendance se poursuit dans un contexte de croissance démographìque forte (de l'ordre de 3%), l'écart entre le potentiel accessible et la demande nationale sera de 4,4 millions de m3 en 2010.

Selon les indications de la DRPFIISRA, le rythme de déboisement annuel pour l'utilisation du bois de combustible est deux fois plus élevé que celui de la reforestation même dans les régions de Tambacounda, Kolda et Ziguinchor qui étaient excédentaires jusqu'à une période récente.

LE FONCIER

L'évolution du foncier

L'administration coloniale dans sa logique de gestion foncière avait institué un mode d'appropriation privée. C'est ainsi que dès 1904 par divers textes juridiques le colon a essayé de gérer le foncier.

La réglementation coloniale, bien qu'intéressant l'ensemble du territoire sénégalais, n'était appliquée que sur 1% des terres. C'est dans cette situation d'absence de véritable législation foncière adaptée aux réalités socio-économiques, conjuguée avec l'évolution des systèmes traditionnels de production, que devait intervenir, après l'indépendance, la loi sur le domaine national.

Le 17 juin 1964, le Sénégal adoptait la loi 64-46 appelé loi sur le domaine national. Elle devait marquer l'égalité pour tous pour un accès à la terre, en restaurant leur dimension communautaire traditionnelle.

Désormais le seul droit reconnu sur les terre est le droit d'usage.

L'immatriculation est réservée uniquement à l'Etat et en toute exclusivité. En effet, dans son principe, la loi indique que les terres appartiennent désormais à la nation sénégalaise, leur gestion est dévolue à l'Etat.

La décentralisation

La décentralisation de la gestion des ressources naturelles était déjà, en filigrane dans les choix politiques, annoncée dans les textes législatifs portant sur le domaine national. Elle est mise en application dans les lois portant réforme administrative territoriale et locale (loi 72-02) et dans la loi portant création des communautés rurales (loi 7225).

Les communautés rurales sont constituées chacune par un certain nombre de villages appartenant au méme terroir, unis par une solidarité résultant du voisinage, possédant des intérêts communs et capables de trouver et de gérer collectivement les ressources nécessaires à leur développement. Elles sont placées sous l'autorité d'un conseil rural.

La loi 72 - 25 du 19 avril 1972 conférait au début de son application de larges prérogatives aux présidents des conseils ruraux qui seuls, après avis du conseil, avait eu le pouvoir de décision pour l'affectation et la désaffectation des terres avec un contrôle de tutelle à posteriori. Mais au constat d'errements de la part de certains présidents, un transfert des pouvoirs vers le conseil rural a été opéré par le décret 80-107 du 14 octobre 1980. Une autre innovation majeure est intervenue par la suite: elle substituait le contrôle à priori par le sous- préfet. Car ce dernier, trop proche des conseillers, pouvait facilement influencer les décisions du conseil ou être influencé par celui-ci. En conséquence, ce contrôle fut transféré au préfet supposé plus neutre. C'est par le décret no 86 - 445 du 10 avril 1986 qu'est intervenu un tel changement

Quant au conseil rural, il délibère en toute matière pour laquelle compétence lui est donnée par les lois et notamment en matière de gestion de ressources naturelles. Cette compétence de délibérer porte entre autres sur:

l'affectation et la désaffectation des terres du domaine national;

l'aménagement et l'exploitation de tous les produits végétaux, de cueillette et des coupes de bois;

le respect des espèces végétales arborées dites espèces protégées sur les terres de cultures.

Utilisation des terres

Le domaine national qui couvre près de 95% du territoire national est subdivisé comme suit:

les terres des zones urbaines constituées par les terres situées sur le territoire des communes et des groupements d'urbanisme;

les zones classées, constituée par les zones à vocation forestière ou des zones de protection ayant fait l'objet d'un classement pour des motifs de restauration et de conservation des formations forestières des écosystèmes fragiles. Ces terres sont administrées par l'Etat;

les zones pionnières, constituées par les terres que l'Etat se réserve pour une éventuelle mise en valeur des projets d'aménagements, de production et de recherche intéressant plusieurs circonscriptions administratives.

les zones de terroirs qui correspondent, en principe, aux terres régulièrement exploitées pour l'habitat rural, la culture, l'élevage et la foresterie villageoise.

Les zones classées sont répartie en forêts classées, aires protégées et zones d'intérét cynégétique:

les forêts classées au nombre de 213 couvrent une superficie de 6 237 648 ha et le domaine protégé, une superficie de 67 500 000 ha;

les aires protégées couvrent 2 200 000 ha et offrent des perspectives prometteuses en matière écotourisme (Parc de Niokolo Koba, Djoud etc.)

33 zones d'intérêt cynégétique ont été crées et couvrent 3 270 000 ha.

LES RESSOURCES FORESTIERES NATURELLES

Les formations végétales forestières du Sénégal, à l'instar du climat, vont du type guinéen à l'extréme Sud, au type sahélien à la pointe Nord. Entre ces deux extrêmes, se rencontrent toutes les variantes de peuplements de type soudanien.

Par ailleurs, la vallée du fleuve Sénégal, avec ses cycles périodiques d'inondations, présente un type assez particulier de formations denses sèches dans la zone sahélienne. On note le même particularisme avec les mangroves des estuaires, notamment ceux de la Casamance et du Saloum.

A l'exception de la mangrove, toutes les formations forestières sont dites sèches. En fait les forêts sèches denses au Sud-Est laissent place, dans le Nord, à la steppe arbusive avec la présence de la savane arborée à l'Est et dans une partie du Centre.

On note une prédominance des épineux dans toute la partie Nord du pays (Acacia, Balanites) avec dans le Ferlo, la présence de l'ébénier du Sénégal (Dalbergia), de Pourpartia sp, de Lannea, etc. Ailleurs, il se trouve les grandes légumineuses comme le Parkia, le Pterocalus, l'Albizzia, l'Entanda ainsi que de nombreuses Combretacés du genre Combretum, Anogeissus auquelles s'ajoutent les Moracées et le Khaya du Sénégal.

De grands palmiers du genre Borassus se rencontrent surtout le long des vallées notamment au Centre-Ouest, au Sud-Est, à l'Est alors que le palmier à huile (Elaeis guineensis), qui occupait jadis toute la zone des Niayes, se confine maintenant dans les formations de Casamance. Le Raphia (Raphanus sudanica) quant à lui est en voie de disparition.

Superficie et volume

En 1980, la superficie totale des formations ligneuses couvrait 12 722 500 ha et se répartissait comme suit:

steppe arbustive: 2 160 400 ha

steppe arborée: 3 203 900 ha

savane arbustive: 452 600 ha

savane arborée: 4 624 400 ha

forêts clairs: 4 241 700 ha

forêts galeries et denses: 39 500 ha

D'après le plan d'action forestier volume II (PDDF-1981), l'évaluation des ressources forestières donne les résultats suivants:

Bois sur pied: 331 300 000 m3

Production potentielle: 8 600 000 m3/an

Volume accessible: 3 100 000 m3

Changement de superficie et de volume au cours du temps

L'hypothèse d'évolution des superficies des formations ligneuses pour la période 1980-1990 (hors parcs nationaux) serait d'un taux de régression de 9.2%. En appliquant ce taux, on obtient:

En 1980: 12 723 000 ha

En 1985: 12 380 000 ha

En 1990: 11 963 000 ha

Ainsi le couvert végétal a connu une réduction considérable au cours des trois dernières décennies. Les principales causes sont l'avancée des fronts agricoles et des charbonniers, dont les effets sont renforcés par la sécheresse contemporaine. Entre 1981 et 1990, le potentiel ligneux a ainsi connu une baisse de 18 millions de m3.

RESSOURCES FORESTIERES PLANTEES

A partir des années 1970, les épisodes de sécheresse ont connu une constance plus marquée révélant les faiblesses du système de gestion et de conservation des ressources forestières dans le cadre de l'aménagement des terroirs villageois pour permettre la participation effective et la responsabilisation des collectivités locales.

Au cours de cette période, le reboisement constituait l'une des stratégies dominantes de lutte contre la déforestation. Cette opération a été pendant longtemps du ressort exclusif de l'Etat appuyé par l'aide internationale.

Entre 1981 et 1997, une superficie de 414 372 ha a été plantée (moyenne annuelle de 60 000 ha environ). Elle se répartit comme suit:

plantations en régis 57 738 ha

plantations communautaires: 158 582 ha

plantations de conservation / restauration: 28 211 ha

fixation des dunes: 169 841 ha

Toutefois les résultats mitigés ont conduit les pouvoirs publics à réviser les stratégies d'intervention et le code forestier dans le sens de la promotion d'une foresterie rurale dans le cadre d'un développement intégré.

PRODUCTION, COMMERCE ET CONSOMMATION DES PRODUITS FORESTIERS

Les statistiques habituellement établies au Sénégal pour les produits forestiers sont celles de l'exploitation, à usage commercial, opérée dans les forêts, les pépinières de reboisement de l'Etat ou du domaine forestier non classé.

Aucune distinction n'est encore faite entre ces différents types de formation en ce qui concerne les quantités de produits qu'elles fournissent. Il en est de même pour les produits provenant des forêts naturelles et des plantations.

Consommation de produits forestiers

L'effort d'analyse des différentes données statistiques collectées sur la consommation énergétique a permis d'établir le bilan offre/consommation en 1985; la demande annuelle s'élèverait à 3,5 millions de m3. Par conséquent le bilan énergétique se trouve globalement déficitaire. Les actions menées pour résoudre le problème portent essentiellement sur l'augmentation de l'offre, sur la limitation de la demande et sur la substitution.

Au niveau de l'offre, il a été mis au point une politique de gestion rationnelle des ressources ligneuses qui se traduit par une stricte réglementation de l'expioitation forestière. En effet, seuls les détenteurs de cartes professionnelles sont autorisés à exploiter et à commercialiser les combustibles ligneux sur la base des quotas définis pour chaque région en fonction des potentialités écologiques. Le contrôle de ces quotas est effectué au niveau des postes installés sur les principaux axes routiers du pays.

En outre, il est mis en oeuvre divers projets forestiers. Mais le rythme de reboisement reste en deça de celui de la déforestation et les projets sont en baisse depuis 1994.

Le bois d'oeuvre

On estime que les besoins natíonaux en bois d'oeuvre, beaucoup plus importante dans les grandes agglomérations urbaines comme Dakar, augmentent de 3 à 6% par an. L'approvisionnement par la production locale ne couvre que 5% des besoins alors que le potentiel de production de bois d'oeuvre du Sénégal est assez restreint. Par conséquent, une augmentation de la contribution du bois local à la satisfaction des besoins nationaux pourrait entrainer une diminution plus accélérée des ressources forestières.

Il est à noter que la production nationale en bois d'oeuvre en 1998 est de: 2 118 pieds

Les industries forestières

Les industries forestières existantes au Sénégal développent des activités qui ne concernent que le bois d'oeuvre destiné aux scieries et qui alimentent la construction, la menuiserie et la fabrication de pirogues.

D'une manière générale, il faut constater que les unités de transformation, majoritairement de petite taille, éprouvent de plus en plus de difficultés à cause de l'insuffisance du volume de bois traité et de la concurrence des produits de substitution (comme l'aluminium et, surtout, le plastique qui est en plein essor ces dernières années).

Le commerce des produits forestiers

En résumé les principaux mouvements économiques peuvent se résumer avec les deux tableaux suivants:

Importation 1998

Nature produits

Quantites (kg)

Valeurs (F.CFA)°

Sciage

Papier et Carton

Gomme

Charbon

25 259 861

29 081 035

628 555

33 886 505

4 668 216 793

7 526 255 273

2 758 877 325

20 304 146 330

(source: Direction Nationale de la Douane)

Exportation 1998

Nature produits

Quantites (kg)

Valeurs (F.CFA)°

Sciage

Papier et Carton

Gomme

Charbon

691 225

4 034 163

927 416

53 300

181 255 565

4 118 897 126

1 209 978 715

2 400 000

(source: Direction Nationale de la Douane)

AUTRES PRODUITS DU SECTEUR FORESTIER ET LEUR ROLE

Le bois de service

Les dernières estimations des disponibilités nationales en bois de service (plan directeur de Développement forestier) indiquent un potentiel de 49 millions de m3 dont 1 225 000 annuellement accessibles à l'expioitation. Ni la consommation, ni la quantité produite annuellement ne peuvent être estimées, faute de données statistiques.

Les perspectives de développement des bois de service portent notamment sur:

la protection intégrale du rônier qui est en voie de disparition, avec des efforts déjà consentis pour sa régénération artificielle par semis dans les régions de Thiès et Fatick;

la production de poteaux dans les endroits favorables (aménagement et plantation d'Eucalyptus et de Casuarina).

Les produits de cueillette

Le seul cas critique à noter ici est celui de la gomme arabique dont la production nationale, qui représentait 7% de la production mondiale, a nettement régressé depuis le début des années 70, suite à la grande sécheresse qui a fortement affecté les écosystèmes sahéliens. Cependant, le pays posséde encore un important potentiel de gommier (Acacia senegal) dans la moitié Nord où des actions de régénérations sont actuellement menées par des projets de développement forestier.

Par ailleurs, en 1998, la production nationale de produits forestiers se répartie comme suit:

Charbon de bois 466 369 quintaux

Bois de chauffe 137 539 stères

Produits non-ligneux 3 662 660 kg (s'y ajoutent 839 741 litres d'huile et de vin de palme)

POLITIQUE, LEGISLATION ET INSTITUTIONS FORESTIERES

Mesures législatives et réglementaires en vigueur relatives à la bio-diversité

Les ressources naturelles du Sénégal sont limitées et soumises à des facteurs adverses importants comme la sécheresse et la désertification ainsi que l'exploitation excessive par une population croissante et fortement dépendante de la consommation de ces ressources. Face à une telle situation, les pouvoirs publics ont mis en place un ensemble de textes législatifs et réglementaires dont l'efficacité et le suivi ne sont pas encore satisfaisants.

Après le sommet de Rio, de 1992, le cadre juridique qui détermine l'implication des populations et des coliectivités locales dans la gestion rationnelle des ressources naturelles, en général, et des ressources forestières, en particulier, a subi d'importantes mutations.

Ainsi des innovations ont été apportées par la loi no 93-06 du 4 février 1993 portant code forestier et son décret d'application no 95-357 du 11 avril 95. Il s'agit notamment de:

la reconnaissance d'un droit de propriété des personnes privées sur leurs formations forestières;

la faculté pour l'Etat de concéder la gestion d'une partie du domaine forestier à des collectivités locales sur la base d'un plan d'aménagement;

l'obligation pour tout propriétaire ou usufruitier de gérer de façon rationnelle lesressources ligneuses, sur la base de techniques sylvicoles rendant obligatoire le reboisement;

la possibilité d'accorder aux collectivités locales des subventions sur le fonds forestier national, selon des modalités fixé par décret.

Par ailleurs, ce cadre juridique a été sensiblement renforcé avec l'entrée en vigueur des nouveaux textes sur la décentralisation. Ainsi, il a été établi la loi no 96- 06 du 22 mars 1996 portant code des collectivités tandis que la loi no 96- 07 du 22 mars 1996 consacre le transfert d'importantes compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales en matière forestière.

Cette réforme institutionnelle rend nécessaire une modification du code forestier. Cette modification vise, d'abord, à consacre le pouvoir de gestion des collectivités locales sur les forêts situées hors du domaine forestier de l'Etat (il est à remarquer que ce dernier a aussi la faculté de confier à une collectivité locale, sur la base d'un protocole d'accord, la gestion d'une partie de son domaine forestier).

Ensuite, les collectivités locales, au même titre que l'Etat, peuvent passer des contrats avec des personnes physiques ou morales sur le dornaine forestier dont elles ont la gestion. Enfin, les collectivités locales, peuvent procéder au recrutement d'agents forestiers pour la surveillance des forêts relevant de leur compétence. Toutefois, les droits d'exploitation reconnus aux collectivités s'exercent dans le respect des prescriptions des plans d'aménagement approuvés par l'Etat.

Cadre lnstitutionnel de gestion des ressources naturelles de l'environnement

La création d'un Ministère chargé de l'Environnement de la Protection de la Nature qui comprend en son sein trois directions techniques (Environnement, Eaux et Forêts, et Parcs nationaux) devrait permettre de mieux maîtriser la dispersion des structures et des compétences environnementales.

La mise en place du CONSERE placé sous l'égide de la Prémature répond au souci de doter le pays de mécanismes de coordination plus efficace des activités environnementales en vue de renforcer la cohérence des politiques et programmes mis en oeuvre.

Le Plan d'Action Forestier

Le succès limité du PDDF ainsi que la nécessité de mieux insérer les efforts nationaux dans le contexte sous-régional de lutte contre la désertification ont incité les autorités à réviser le PDDF. Il a ainsi été décidé d'actualiser le PDDF sous forme d'un Plan d'Action Forestier (PAFS).

Ce plan se distingue du PDDF sur plusieurs points dont un des plus importants est "l'accent mis particulièrement sur l'implication des populations à tous les niveaux du processus et leur responsabilisation pleine et entière".

Les principaux objectifs assignés au PAFS concernent:

la conservation du potentiel forestier et des équilibres socio- cologique;

la satisfaction des besoins des populations en produits forestiers

la responsabilisation des populations dans la gestion des ressources forestières.

Eléments de stratégie et programme d'actions du PNAE

Dans le cadre de la mise en oeuvre du PNAE, la stratégie en matière d'exploitation forestière s'articulera autour de deux composantes majeures:

une composante qui s'inspire largement des lignes directrices PAFS et

une composante opérationnelle ayant pour objectifs de:

réduire, puis arrêter la déforestation et la désertification

restaurer les forêts et formations dégradées en tenant compte des objectifs indiqués dans le PAFS;

consolider et développer les zones d'équilibre pour la satisfaction des besoins des populations.

Les probèmes à caractère stratégique peuvent être ramenés par ordre d'importance aux suivants:

la recherche de nouvelles terres de culture qui conduit à des défrichements de forêts;

la production de charbon de bois pour satisfaire les besoins des populations, notamment urbaines dont la demande est déjà supérieure à l'offre malgré les 25 000 hectares de formations ligneuses qui sont exploités chaque année;

la production de bois d'énergie, notamment dans les zones rurales pour la cuisson des aliments avec un rendement médiocre (95% de perte énergétique);

la production de bois de service et d'oeuvre qui menace les espèces nobles exploitées (généralement les ligneux à bois dur et à croissance lente);

la production de bois d'oeuvre qui se fait actuellement par un écrémage des essences de valeur de plus en plus menacées d'extinction

l'extraction de produits de cueillette qui menace certaines espèces (Saba senegalensis, Landoiphia heudeloti) qui ont une mauvaise régénération à cause de l'exportation de leurs diaspores.

Pour ces problèmes, il existe des solutions sectorielles qui ne peuvent étre durables que si elles s'articulent aux orientations stratégiques définies par:

le Plan d'Action Forestier du Sénégal

le Programme d'Aetion National de lutte contre la Désertification (PAN);

la Stratégie Nationale pour la Conservation de la Bio-diversité.

L'analyse du programme d'action du PAFS, des éléments de stratégie d'intervention par zone éco-géographique du PAN et des éléments de stratégie pour la conservatíon de la bio-diversité, montre que certaines actions à caractère général sont envisagées dans ces trois plans. Mais d'autres actions, plus spécifiques sont à considérer dans le cadre propre à chaque plan.

Le PNAE qui a une envergure plus large et plus globale (avec un rôle fédérateur et de coordination) offre le contexte approprié d'impulsion et de synergie afin de renforcer l'efficacité des actions prévues. Cette coordination devra se faire d'abord au plan national et ensuite au plan régional.

Par ailleurs, la mise en oeuvre des actions communes devrait être assurée par un comité de pilotage comprenant des acteurs du PAFS, du PNAE et de la bio-diversité et en ayant le PNAE comme principal tableau de bord. Les actions suivantes sont envisagées:

formation, éducation et sensibilisation sur l'environnement avec, notamment, le recours aux canaux de concertation traditionnels et l'utilisation des langues nationales (pour contourner les difficultés réelles de communication avec les populations à la base);

poursuite de la politique d'implication des populations dans la gestion des ressources naturelles;

évaluation des programmes de reboisement et mise en oeuvre de stratégies appropriées;

soutien à la politique de butanisation

poursuite des programmes d'enrichissement des formations naturelles

développement des techniques d'exploitation des bio-ressources;

protection des forêts, notamment par la lutte contre les feux de brousse;

promotion des énergies alternatives et des foyers améliorés;

protection des sols;

contrôle plus strict de l'exploitation forestière dans le cadre d'une politique de régénération et de protection de certaines espèces comme le bois de vène;

évaluation plus précise de l'impact sur l'environnement de la cueillette de produits destinés à la pharmacopée;

amélioration des connaissances sur les ressources naturelles, leur stock et leur dynamique.

CHASSE ET GESTION DE LA FAUNE

La détérioration des habitats de la faune apparait comme l'une des principales manifestations de la dégradation des écosystèmes. En effet, le pays est actuellement confronté à une réduction drastique des aires de peuplement. Dans le même temps, on constate que la dynamique de reconstitution des populations animales est profondément perturbée.

Dans son principe, la politique en matière de gestion de la faune vise la satisfaction des besoins des populations dans le cadre d'une exploitation qui ne compromet pas la dynamique et la durabilité des aires peuplées.

Sur le plan institutionnel, c'est le Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature qui est chargé d'impulser et de coordonner la politique et conservation de la nature et de gestion des ressources fauniques à travers trois Directions nationales:

la Direction des Eaux, Forêts, Chasses et de la Conservation des Sols est chargée de la gestion de la faune et du développement du tourisme cynégétique en dehors des parcs nationaux;

la Direction des Parcs nationaux est chargée de la sauvegarde des échantillons représentatifs des écosystèmes naturels du pays, d'assurer la protection de la faune et le développement du tourisme de vision dans les aires protégées;

la Direction de l'Environnement est chargée essentiellement de lutter contre toutes les formes de pollutions et de nuisances pouvant porter préjudice à la qualité de l'environnement.

Sur le plan juridique, la gestion de la faune et de son habitat est régie par le code de la chasse et de la protectíon de la faune. Ce texte d'ordre légisiatif et réglementaire, est renforcé à l'occasion, par des arrêtés organisant la saison de chasse. Il faut noter que le code forestier complète harmonieusement le code de la chasse, partìculièrement en ce qui concerne la protection et l'aménagement de l'habitat de la faune.

Il convient de rappeler que le Sénégal a adhéré à piusieurs conventions internationates parmi lesquelles:

la convention africaine pour la conservation de la nature et des ressources naturelles adoptée à Alger en 1968, ratifiée en 1972;

la convention relative aux zones hurnides d'importance internationale, particulièrement cornnne habitat des oiseaux d'eau (PAMSAR, 1971), ratifiée en 1977;

la convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, dite convention de l'UNESCO de 1972, ratifiée en 1975;

la convention sur le cornmerce international des espèces de faune et de flore menacées d'extinction (CITES), dite convention de Washington de 1973, ratifiés en 1977;

la convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, dite convention de Bonn de 1979, ratifiée en 1983;

la convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, dite convention de Berne de 1979, ratifiée en 1987.

Il faut noter, par ailleurs, que la Direction des Eaux et Forêts entretient des relations de travail avec des institutions internationales telles que l'Union Mondiale pour la Nature (UICN) et le Conseil lntemational de la Chasse (CIC).

CONCLUSION

Les statistiques forestières constituent une base utile à l'orientation des politiques et à la planification de la gestion des ressources forestières.

Au Sénégal, un effort a été réalisé en matière de collecte de données aussi bien sur les produits forestiers que sur l'exploitation cynégétique, le reboisement et la lutte contre les feux.

Ce résultat pourrait être renforcé par l'application du programme de collecte de données élaboré par la Direction des Eaux et Forêts (MASEFOR). La connaissance réelle du potentiel forestier et des besoins des populations en vue d'une gestion durable des ressources forestières seraient ainsi renforcés.

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