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L'expérience de l'AIF en Afrique

Par Jean-Pierre Lamonde - Responsable de la radio locale à l'AIF, Agence Intergouvernementale de la Francophonie, Paris, France

Ma communication s'adresse essentiellement à nos collègues américains présents à l'Atelier. Il s'agit de leur expliquer nos réalisations en Afrique. Je suis un de vos voisins, étant originaire du Québec, et j'ai toujours travaillé dans le domaine des médias communautaires, essentiellement à la radio et à la télévision. J'ai travaillé pendant dix ans avec les Indiens d'Amérique et avec les populations esquimaudes. J'ai toujours été salarié plutôt que producteur de programmes radio. J'ai toujours été fonctionnaire, et j'ai aidé à produire des émissions destinées à des communautés dans le domaine de la communication pour le développement.

Je travaille depuis une trentaine d'années avec les pays africains francophones et nous avons des systèmes de radios rurales qui fonctionnent depuis un certain temps. A l'époque, la plupart des radios rurales dans ces pays étaient des services faisant partie de radios nationales. Cette situation existe encore lorsqu'un système central radiodiffuse à l'échelle locale ou régionale.

Les Allemands, les Canadiens et les Hollandais ont participé à de telles opérations et nous avons énormément collaboré avec l'étranger pendant toutes ces années.

Cependant, deux phénomènes ont changé, peut-être en partie avec la décentralisation. Les Africains eux-mêmes ont remarqué que les réseaux de radio sont souvent trop éloignés du milieu rural pour connaître vraiment les préoccupations des paysans, et que les services de radiodiffusion ont consacré trop peu de temps aux problèmes rencontrés par les différents groupes ethniques.

Après tout, il existe plus de 250 langues ou dialectes différents dans certains de ces pays. Hier, il a été question de la Guinée où il existe peut-être quatre ou cinq langues fédérales, mais dans d'autres pays, le nombre de langues locales est si grand que l'on ne peut diffuser des émissions radios que quelques minutes par semaine.

Nos collègues africains étaient très enthousiastes à l'idée de créer une radio plus proche des populations locales, et se concentrant sur une plus petite zone. Ceci conduit au concept de radio locale, rurale, avec comme valeur ajoutée la promotion des langues locales.

La situation a évolué quand les étrangers qui avaient été actifs dans certains pays ont commencé à partir. Ce fut le cas au Burkina Faso par exemple quand le contingent de reporters et de techniciens allemands ayant produit d'excellents programmes de radio rurale partit, passant le relais aux populations locales. Il est clair qu'il est très difficile pour un groupe local de «prendre le relais» sur un projet créé et préparé par une organisation étrangère. Ayant observé les premières expériences de radios rurales locales, des groupes étrangers de coopération choisirent de soutenir des petits projets plus proches des populations locales plutôt que de financer de grands programmes nécessitant d'importantes ressources humaines et financières. Un tel choix encouragea les populations locales à contribuer au bon fonctionnement de ces radios, en termes de personnels et de mobilisation de fonds.

Il existe donc actuellement de nombreux projets de collaboration de cette nature, tous se concentrant sur les radios rurales locales. Plusieurs de ces projets concernent la formation de populations locales, d'autres visent le renforcement des capacités, fournissant des programmes susceptibles d'être échangés. A l'heure actuelle, je suis responsable d'un projet de mise en œuvre d'une cinquantaine de radios locales.

Je suis toujours désolé d'entendre les critiques des radios jugées très pauvres, avec un personnel insuffisamment formé et des programmes médiocres. Bien sûr, il y a eu de réels problèmes, mais ceci est une vision partielle. Beaucoup de radios ont réussi, au Mali par exemple.

Il est clair que les communautés locales ont besoin de ces radios et de ces émissions, et la pression est importante pour les personnes qui y travaillent.

 

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