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Le rôle de la radio dans le développement agricole et rural. - Traduire pour les auditeurs ruraux les résultats de la recherche agronomique

Par Sylvia Biraahwa Nakabugu - Chef des programmes agricoles et environnementaux à Radio Ouganda

Biographie

Diplômée en sciences politiques, en français et en journalisme, Sylvia Biraahwa a été Responsable des programmes au sein de Radio Ouganda entre 1992 et 1995, avant de devenir Chef du service de l'information et Responsable du département agricole et rural.

Sylvia Biraahwa supervise les programmes destinés aux agriculteurs et aux auditeurs ruraux, en anglais et dans 21 langues locales. Membre dirigeant de l'Association des femmes journalistes d'Ouganda, Sylvia Biraahwa élabore actuellement une radio communautaire pour les femmes et coordonne un programme de développement de la radio en milieu rural, qui a mis en place 30 groupes d'auditeurs dans 10 districts. Sylvia Biraahwa est également membre dirigeant d'une nouvelle ONG appelée Association des journalistes environnementaux d'Ouganda, qui se consacre à la promotion de la communication sur l'Environnement. Elle a participé à de nombreux ateliers sur la radio rurale et la radio communautaire, parfois en tant qu'animatrice. Sylvia Biraahwa est âgée de 31 ans, mariée et mère de cinq enfants.

Résumé de la communication

La radio est un moyen complémentaire pour promouvoir l'agriculture et le développement rural.

Il existe un débat sur la question de savoir si la radio est vraiment un agent de changement. La radio a montré qu'elle était le média le plus efficace pour la promotion de l'agriculture et du développement rural dans les zones rurales.

Toutefois, si la radio était utilisée correctement en combinaison avec d'autres outils de promotion de l'agriculture et du développement rural, son action serait plus efficace.

La présentation met également en évidence les liens existants entre radio, agriculture et développement rural, ainsi que les différents moyens de transmettre les données de la recherche à travers la communication radiophonique. Des recommandations pratiques sont proposées.


Introduction

QU'EST-CE QUE LA RADIO RURALE?

RELATIONS ENTRE LA RADIO RURALE ET LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL

ROLE DE LA RADIO RURALE DANS LA DIFFUSION DES RESULTATS DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE EN AGRICULTURE

EN OUGANDA, LA RADIO AU SERVICE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE

Traduire la recherche agricole en messages pour les auditoires ruraux

RECOMMANDATIONS

CONCLUSION

LECTURES RECOMMANDEES


INTRODUCTION

Plus de deux milliards de personnes vivent dans les zones rurales des pays en développement. En Afrique, la plupart des communautés d'agriculteurs vivent dans les zones rurales. Dans ces zones, le lien entre agriculture et développement rural est vital dans la mesure où l'essentiel de la population dépend de l'agriculture pour vivre.

Ces zones rurales, parce qu'elles sont si peuplées, constituent souvent le point de départ de tendances ou d'événements qui vont ensuite avoir un impact majeur sur les zones urbaines. Par exemple l'essentiel de la nourriture est produite dans ces zones pour nourrir toute la population et les effets des sécheresses, des maladies et des épidémies les affectent en premier. Les recherches destinées à améliorer les pratiques de production agricole sont expérimentées dans ces zones. Il y a donc une nécessité absolue d'informer les communautés rurales sur ce qui se passe dans leur milieu et autour de leurs activités afin qu'elles puissent s'adapter à des situations nouvelles.

Dans le même esprit, la radio s'est toujours définie comme un outil majeur de dialogue, de réponse aux attentes des auditeurs et un infatigable médiateur. Le lien entre la radio, les communautés rurales et le développement agricole et rural est plus qu'évident.

La plupart des communautés rurales vivent en économie de subsistance. Les besoins de base, nourriture, logement, habillement sont principalement tirés de l'agriculture. Le développement des zones rurales doit donc s'appuyer d'abord sur le développement de l'agriculture. Et c'est là que la radio va jouer un rôle déterminant.

L'exposé s'appuie sur l'exemple de l'Ouganda, qui est un pays confronté à une série de défis en matière de développement. Mais le défi majeur reste celui de la sécurité alimentaire, en raison de l'accroissement démographique et cela ne peut être atteint qu'à travers la promotion de l'agriculture et du développement rural.

L'approche ougandaise en matière de développement agricole s'articule sur un plan de modernisation de l'agriculture qui propose une mutation d'une agriculture traditionnelle vers une agriculture basée sur les progrès de la technologie. Il s'agit aussi de diversifier le secteur des cultures de rente et d'assurer la sécurité alimentaire. Un des principaux éléments de ce défi repose sur la communication qui doit être considérée comme le dénominateur commun du changement. Il faut donc définir des approches de communication qui s'adressent aux communautés et les associent à l'effort commun. La radio rurale en est une composante.

QU'EST-CE QUE LA RADIO RURALE?

La radio rurale est un processus interactif qui s'appuie sur des échanges entre différentes sources et s'adapte aux besoins des communautés. Elle permet aux auditeurs d'avoir accès à l'information, à l'éducation et au divertissement et leur offre l'opportunité de participer activement à des débats comme producteurs, planificateurs et acteurs. C'est davantage l'outil d'expression de la communauté que pour la communauté. Elle est différente de la radio urbaine en ce qu'elle s'adresse directement aux paysans et traite spécifiquement leurs besoins d'information.

Les premiers programmes de radio rurale sont apparus en Afrique à la fin des années 60 en Europe, au Canada et aux USA. Le mouvement des forums radio, dans les années 40 à 60 au Canada, constitue un exemple significatif de l'évolution de la radio.

La méthodologie de la radio rurale a ainsi progressivement évolué vers plus d'interactivité et de participation.

"La participation des communautés est une caractéristique fondamentale de la radio rurale. Des émissions publiques villageoises, des débats au sein des communautés, une participation accrue à la gestion des stations de radio en sont l'illustration. Cette approche renforce la participation de la population rurale au dialogue et aux décisions. La population peut ainsi mieux contrôler son environnement économique, social et culturel et jouer un rôle actif dans le processus de développement1.

LA RADIO RURALE ADOPTE DIVERSES FORMES

  1. Radio visant une communauté particulière, installée au sein de cette communauté et gérée par elle
  2. Radio qui diffuse des programmes pour un groupe spécifique, la radio appartenant à ce groupe et étant gérée par ses soins
  3. Diffusion par cassette vers des groupes d'écoute
  4. Diffusion par cassette à la demande.

RELATIONS ENTRE LA RADIO RURALE ET LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL

QU'EST-CE QUE LE DEVELOPPEMENT RURAL?

Selon Lele Uma, "le développement rural a pour but d'augmenter la production et la productivité agricoles. Toutefois, la sécurité alimentaire, l'amélioration du statut nutritionnel des familles et des services de base comme la santé et l'éducation ont une influence directe non seulement sur leur bien-être physique mais aussi sur leur productivité et leur participation à l'économie nationale".

Dans le même temps, Julius K. Nyerere déclare: "Le développement rural consiste en la participation de la population à une expérience d'éducation mutuelle, qui associe les populations, leurs ressources locales, les agents de changement extérieurs, les ressources extérieures. On ne peut pas développer les gens, ils ne peuvent que se développer eux-mêmes en participant aux décisions et aux activités communautaires en rapport avec leur bien-être. Les gens ne se développeront pas si on les conduit, comme du bétail, dans des directions nouvelles".

Il est évident que le développement est synonyme de changement et que le premier changement est celui qui affecte les comportements de ceux qui sont les premiers intéressés, c'est à dire les agriculteurs et les communautés rurales. Pour y parvenir, il faut d'abord réformer l'approche de l'agriculture et le rythme d'adoption des nouvelles technologies, des nouvelles formes de gestion et des nouvelles pratiques culturales. Tous ces changements ne seront possibles que si les agriculteurs et les communautés rurales sont informés de l'importance qu'il y a à les adopter.

Les tentatives effectuées par les vulgarisateurs à travers les fermes pilotes et le travail qu'ils ont accompli au sein des communautés n'ont pas été suffisants pour déclencher des changements d'attitudes. La radio a souvent été utilisée pour accompagner le travail des vulgarisateurs. Toutefois, il faut admettre que la radio, lorsqu'elle est utilisée comme moyen de communication de masse diffusé à l'échelle nationale, présente quelques limites, comme la faiblesse du signal, l'impossibilité de couvrir certaines zones, une approche quelquefois trop directive, une place insuffisante pour les programmes ruraux sur la grille des programmes ou des émissions peu adaptées aux besoins des auditeurs. Tout ceci a conduit la radio à évoluer, d'une forte centralisation vers des radios basées sur les besoins des communautés comme nous l'avons déjà indiqué dans cette communication.

Si l'on revient aux différentes formes de radio évoquées précédemment, on constate que la radio rurale:

Tous ces aspects peuvent être mis en œuvre au bénéfice du récepteur (l'agriculteur), s'il est associé à la programmation et à la réalisation des programmes de la radio.

Les communautés se sentent parties prenantes de la radio, en raison de sa nature participative. Des informations ou des savoirs peuvent être recueillis auprès des communautés grâce à la proximité des programmes diffusés. La population s'identifie plus facilement aux participants à ces programmes, elle est plus encline à écouter ces interlocuteurs familiers que des présentateurs anonymes dans des cités éloignées. Ce phénomène a été vérifié dans plusieurs secteurs de la société et a contribué au développement de certaines régions. En 1991-1992, par exemple, au Tchad, la radio était utilisée pour lutter contre les feux de brousse volontaires. Ces feux étaient utilisés par les agriculteurs pour nettoyer les champs, mais cette méthode dégradait les sols et les feux gagnaient quelquefois les réserves forestières qui étaient incendiées. Grâce à la radio rurale, les agriculteurs ont été invités à suggérer leurs propres solutions à ce problème et l'année suivante, les incendies de forêts avaient diminué de 90 %.

ROLE DE LA RADIO RURALE DANS LA DIFFUSION DES RESULTATS DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE EN AGRICULTURE

Il existe un fossé entre les chercheurs scientifiques ou agricoles et les agriculteurs. De très nombreuses découvertes faites par les institutions et les laboratoires de recherche n'ont pu être utilisées par les agriculteurs. Toutes sortes d'informations intéressantes, sur les semences améliorées, les techniques culturales, la conservation des récoltes, la commercialisation sont demeurées inexploitées, car ces données ne sont pas parvenues jusqu'aux agriculteurs ou sont parvenues dans des termes inexploitables. Le fossé entre les chercheurs et les paysans illettrés est encore plus grand. D'autres obstacles, comme la langue et la diversité des cultures rendent également difficile la transmission des résultats de la recherche vers les agriculteurs.

La radio rurale peut être mobilisée pour diffuser les résultats de la recherche de la manière suivante.

LES CONTRAINTES

En résumé, on peut dire que la radio rurale aide à:

EN OUGANDA, LA RADIO AU SERVICE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE

Radio Ouganda, le plus ancien et le seul radiodiffuseur public, diffuse dans toutes les régions du pays. La diffusion se fait dans 25 des 52 langues parlées au niveau national. Les questions relatives au monde rural sont abordées largement et en profondeur. Les programmes agricoles sont produits par le Ministère de l'agriculture et de l'environnement, en anglais et dans 20 langues locales, à partir d'informations recueillies auprès du gouvernement, des ONG, des autorités locales, des institutions de recherche, des institutions de formation et des agriculteurs.

Les éléments sonores pour les programmes sont collectés au cours de visites sur le terrain, d'observations, de reportages et d'interventions de spécialistes en studio. Ils sont traduits en émissions de débats, de commentaires, de reportages, d'interviews et de magazines. Au moins 15 minutes de programmes par langue sont produits et diffusés chaque semaine. Les principales difficultés que rencontre la station concerne: le manque de matériel de reportage de terrain approprié, l'éloignement des auditeurs et les horaires inappropriés de certains programmes qui ne peuvent toucher les agriculteurs car ils sont dans leurs champs aux heures de diffusion.

Depuis que le gouvernement a libéralisé les ondes, une vingtaine de stations commerciales ont été créée en Ouganda. Elles s'adressent à des auditoires urbains et semi-urbains. Quelques-unes sont basées en province. En tout état de cause, la programmation de ces radios est dominée par de la musique et quelques débats, surtout sur des sujets politiques. Les questions agricoles sont rarement abordées et quand un reportage est organisé c'est le plus souvent sur des sujets controversés. Les quelques émissions agricoles produites par ces stations sont financées par des partenaires de développement.

Au cours des dernières années, les décideurs politiques ont été sollicités de plus en plus souvent pour favoriser la mise en place de radios communautaires dans les zones rurales, afin de promouvoir et d'accélérer le processus de développement. La première radio communautaire a été implantée le 20 juillet 1999 dans le district de Kibaale, appelé Kagadi. La radio communautaire de Kibaale (KKCR) est une initiative du projet de formation au développement rural de l'URDT. Elle diffuse ses programmes dans les principales langues de la région. Cette station est fondamentalement différente des radios publiques ou commerciales basées en zones rurales, en ce qu'elle appartient totalement aux villageois de Kagali, dans le district de Kibaale dans l'ouest de l'Ouganda. Les villageois ont désigné un comité représentatif des différents intérêts et groupes d'acteurs pour assurer la gestion de la station.

Un des principaux thèmes abordés par la radio concerne la transition vers une agriculture de rente pour améliorer les budget des familles rurales.

D'autres institutions, comme l'Association des femmes d'Ouganda (UMWA), Méthodes de recherche agricole appliquée en Afrique orientale et australe (FARMESA) et l'Association nationale des agriculteurs d'Ouganda (UNFA) ont adopté des approches spécifiques pour utiliser la radio au service de l'agriculture et du développement rural.

L'Association des femmes d'Ouganda (UMWA) a été créée pour promouvoir la sensibilité au genre et plus d'équité dans la société, par des reportages équilibrés. L'UMWA a identifié deux publics stratégiques:

1) les femmes rurales qui souffrent d'un manque sérieux d'information

2) l'ensemble des femmes du pays qui sont marginalisées sur les stations de radio existantes.

Pour satisfaire les besoins de son public, l'UMWA a produit une série d'émissions, mis en place des clubs d'auditeurs dans 15 districts et envisage maintenant de créer ses propres stations de radio consacrées aux femmes. Pour le moment elle rencontre des difficultés pour obtenir des temps d'antenne sur les radios publiques et commerciales. Les clubs d'auditeurs sont financés par des partenaires extérieurs; leur durabilité n'est donc pas assurée. Il faut noter toutefois que ces clubs ont réussi à populariser les principales questions du développement rural.

L'association nationale des agriculteurs d'Ouganda (UNFA) est une organisation de paysans ougandais et dispose d'organisations membres dans tous les districts du pays. Elle permet aux agriculteurs de s'unir pour résoudre collectivement leurs difficultés. L'UNFA assure l'information et la formation de ses membres et non-membres, afin d'améliorer les compétences des agriculteurs. Elle établit un dialogue interactif avec les organisations membres.

Pour permettre aux agriculteurs d'échanger leurs expériences, de se former, de trouver l'information dont ils ont besoin auprès des sources techniques appropriées ou pour obtenir l'information sur le marché des productions agricoles, l'UNFA s'appuie sur les radios car elle pense que c'est l'outil le plus adapté. Elle a d'abord produit des programmes sur Radio Ouganda dans les six principales langues du pays. Puis elle s'est rendu compte que les agriculteurs souhaitaient être associés le plus possible au processus de communication. Elle a donc adopté une approche différente et a maintenant mis en place des clubs d'auditeurs (RLGS), constitués à partir des groupes d'intérêt commun déjà constitués (SIGS). Ces groupes sont formés par des agriculteurs qui partagent les mêmes préoccupations. Les programmes sont produits par des professionnels de la radio et distribués au SIGS à la demande. Cette approche a montré qu'elle était la plus efficace et la plus participative, apportant aux agriculteurs exactement ce qu'ils demandent. La réponse a été énorme.

Méthodes de recherche agricole appliquée en Afrique orientale et australe (FARMESA) est un projet régional qui couvre le Zimbabwe, la Zambie, la Tanzanie, le Kenya et l'Ouganda. Il a démarré en Ouganda en 1998 comme projet pilote dans les deux districts de Mukono et Kumi. Le projet s'appuie sur le fait que ce sont les agriculteurs qui identifient les problèmes qu'ils jugent prioritaires et ils les soumettent aux chercheurs dont ils recherchent l'assistance. Le projet intervient surtout en formant les agriculteurs dans leur propre contexte de production (dans leurs champs). On appelle cela "l'école des champs".

Le projet est divisé en plusieurs mini-projets identifiés par les agriculteurs sur des sujets prioritaires. Un mini-projet d'information et de communication a également été mis en place pour assurer la promotion et la diffusion des activités de FARMESA à travers tous les sites des mini-projets et au-delà, mais aussi pour mettre en place un réseau avec les autres pays du projet. La structure d'information et de communication a également pour objectif de faire circuler l'information à l'intérieur de FARMESA et de tenir les communautés informées des nouveaux développements.

Cette structure a permis de former les agriculteurs des mini-projets aux techniques de communication de base, comme la rédaction de nouvelles ou de récits, la production de lettres d'information, la photographie élémentaire, la mise en place de bibliothèques communautaires, la création de groupes d'auditeurs. Ainsi, ont été créés une lettre d'information trimestrielle (dans les deux districts) et des clubs d'auditeurs. Des programmes enregistrés sont distribués aux agriculteurs ainsi que des postes de radio et des piles. Des guides de discussions pour exploiter les programmes enregistrés ont été élaborés, testés et adoptés par les agriculteurs avant d'être distribués. Ces guides sont également utilisés pour évaluer les programmes radio et pour juger de l'utilité des groupes d'auditeurs comme approche méthodologique. Les programmes radio sont reconnus très utiles par la lettre d'information.

RESUME

Si l'on prend en compte les tendances actuelles de la radiodiffusion en Ouganda, les observations suivantes peuvent être faites.

TRADUIRE LA RECHERCHE AGRICOLE EN MESSAGES POUR LES AUDITOIRES RURAUX

La faiblesse des liens entre les agriculteurs, les vulgarisateurs et les chercheurs repose sur trois aspects:

Etablir des passerelles entre les agriculteurs, les chercheurs et les vulgarisateurs constitue un énorme défi. La communication et l'information sont un outil essentiel pour abolir les fossés entre ces trois catégories d'acteurs.

«La réalité d'aujourd'hui est que les technologies de communication existent et qu'elles évoluent rapidement en termes de disponibilité, de diminution des coûts, particulièrement pour les technologies de télécommunication. Le défi consiste à mettre cette information, ces technologies et ces médias au service effectif de l'agriculture et du développement rural durable, ce qui implique souvent l'utilisation d'une batterie de médias, depuis la communication traditionnelle ou populaire (conteurs, chants, danse, théâtre villageois), la vidéo éducative, les cassettes audio, jusqu'aux nouvelles technologies d'information et de communication (e-mail, Internet) 2.

Comment les résultats de la recherche ont-ils été élaborés et diffusés aux publics ruraux en Ouganda?

Dans le passé, les résultats de la recherche ont été diffusés aux publics ruraux de diverses manières: visites dans les exploitations, conseils sur le terrain, "Barazas" (assemblées villageoises) d'information et de démonstrations, programmes radio dans différentes langues, programmes TV en anglais fondamental, brochures illustrées dans les trois principales langues locales (Luo, Luganda-Runyoro, Rutoro-Runyankole-Rukiga), films bien documentés et illustrés, affiches, centres de formation agricole de districts, livres de poche, etc.3

Actuellement l'information provenant de la recherche est diffusée de la façon suivante:

L'information est alors distribuée dans les magazines pour agriculteurs, via presse, affichage, livret, manuel, radio, télévision, films et vidéo.

L'Organisation de recherche agricole nationale (NARO) est chargée de la coordination du développement des technologies agricoles adaptées aux besoins des agriculteurs et de leur large diffusion pour un impact optimum. A travers son programme de diffusion, le NARO renforce son système de recherche et de technologie de terrain avec les agriculteurs, vulgarisateurs, organisations communautaires, ONG et autres acteurs du monde rural.

Le système inclut les 12 Centres de recherche et de développement (ARDC), avec un ARDC par zone agroécologique. Ces centres constituent le principal lien entre le NARO et les autres organisations de recherche et groupes d'agriculteurs. La principale fonction des équipes des ARDC sera de mener des recherches appliquées dans les exploitations agricoles, avec la participation des agriculteurs, et des vulgarisateurs. Les services des ARDC seront aussi utilisables par les ONG et les sociétés agricoles présentes dans les zones.

La transformation de l'agriculture se fait dans le cadre du Plan de Modernisation de l'agriculture (PMA), qui vise l'augmentation de la production et de la productivité agricoles pour contribuer à la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire, tout en préservant l'environnement. Cinq programmes ont été identifiés par le PMA. Le programme relatif à la stratégie de vulgarisation s'appelle le Service national de conseils agricoles, National Agricultural Advisory Services (NAADS).

Le programme NAADS vise à développer un système de conseils agricoles, fondé sur la demande, et orienté vers ses utilisateurs et les besoins de ses clients agriculteurs. Pour une mise en place efficace, les agriculteurs sont présents à tous les niveaux du NAADS (national, district, sous-comté, exploitation). Plusieurs acteurs du monde rural sont également associés en qualité de partenaires.

L'objectif du NAADS est "d'améliorer l'accès des agriculteurs à l'information, au savoir et à la technologie à travers un système de vulgarisation efficace, pertinent, durable et décentralisé associant de plus en plus le secteur privé dans le cadre de la politique gouvernementale ". Un canevas institutionnel pour la mise en place d'un système national d'information et de savoir agricoles, National Agricultural and Rural Knowledge and Information System (NARKIS) a été proposé. On pourra trouver des informations complémentaires dans un document intitulé: "National Agricultural and Rural Knowledge and Information System (NARKIS), a proposed component of the Uganda National Agricultural advisory service (NAADS)", préparé par L. Van Crowder, Francois Fortier et Remigio Achia en mars 2000.

Toutes ces dispositions ont été prises pour assurer que le produit final destiné aux agriculteurs réponde à leurs exigences et leur permette d'améliorer leur niveau de vie.

RECOMMANDATIONS

CONCLUSION

Les programmes radio ne peuvent pas faire pousser les récoltes. Cependant la combinaison de campagnes radiophoniques avec conseils en face-à-face, vulgarisation, appuis administratifs et financiers adéquats, peut informer les cultivateurs, les distraire, favoriser leur unité et ainsi contribuer aux changements nécessaires.

Il est important de ne pas surestimer le rôle de la radio - ou d'un programme d'information sur cassette - dans le processus de développement. Il convient d'être conscient des limites de la radio comme outil de transmission des connaissances et des savoirs.

La radio est davantage un outil pour sensibiliser, faire prendre conscience des difficultés et motiver à l'action. Ensuite, pour parvenir à des résultats positifs, le relais doit être pris par les vulgarisateurs des partenaires au développement.

Si ces deux éléments peuvent intervenir de façon combinée, ils constitueront un solide outil au service du développement agricole et rural.

LECTURES RECOMMANDEES

  1. "Rural Broadcasting" septembre 1993 par Wolfram Fromlet et Noshir Bathena
  2. "National Agricultural and Rural Knowledge and Information System (NARKIS), a proposed component of the Uganda National Agricultural Advisory service (NAADS)", préparé par L.Van Crowder (Communication pour le Développement, SDRE, de la FAO), François Fortier (Spécialiste de la gestion de l'information, WAICENT, FAO) et Remigio Achia (de la FAO en Ouganda)
  3. "Communication and Non-Formal Education in Uganda" de Harden Vansen
  4. "National Agricultural Advisory Services (NAADS). Programme, document de la mission conjointe du groupe de travail et du donateur», août 2000, Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche (MAAIF) et Ministère des finances, du Plan et du développement économique (MFPED).

 


1 Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO): «Communication pour le développement, savoir et information pour la sécurité alimentaire en Afrique: des médias traditionnels à Internet»
2 L. Van Crowder et al: "Système d'information et de connaissances agricoles et rurales (NARKIS), une composante du service national d'appui agricole (NAADS)", 17 mars 2000
3 NARO et CABI: "Diffusion électronique de l'information agricole au niveau de base en Ouganda. Electronic delivery of agricultural information to grassroots level in Uganda", septembre 1999.


 

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