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Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), la radio rurale et la science agricole

Par Helen Hambly Odame - Chercheur au Service international pour la recherche nationale agricole (ISNAR)

Biographie

Docteur en études environnementales, Helen Hambly a rejoint le Service international pour la recherche nationale agricole (ISNAR) en 1995. Responsable de recherche, Helen assure la responsabilité du développement et de l'évaluation des projets, ainsi que l'évaluation de la formation et le renforcement des compétences. Elle est également responsable du projet Genre et recherche agricole de l'ISNAR. Helen Hambly a fait partie de l'équipe de coordination chargée du programme extérieur et du bilan de la gestion du centre en 1996, et a assuré le secrétariat du Conseil d'administration de l'ISNAR de 1997 à 2000. Canadienne de naissance et kenyane par son mariage, Helen Hambly, avant de s'installer aux Pays-Bas, était spécialiste de l'environnement au sein du bureau régional pour l'Afrique orientale et australe du Centre de recherche pour le développement international (CRDI), à Nairobi. Helen Hambly a travaillé précédemment dans le secteur privé ou pour des ONG au Canada, Maroc, Kenya et Pérou.


Introduction

Le CGIAR : Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale

L'ISNAR et la radio rurale

Conclusions


INTRODUCTION

Cette communication présente une nouvelle initiative du service international pour la recherche agricole nationale (ISNAR), un des 16 centres du Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale, le CGIAR.

Il s'agit du premier projet du CGIAR visant à lier la recherche agricole et la radio diffusion afin de développer la collaboration de ces deux secteurs pour identifier les besoins et y répondre en termes de formation.

Le projet, qui s'intitule "Accès aux connaissances du CGIAR à travers la radio et Internet" est opérationnel depuis octobre 2000.

Il a été lancé en partenariat avec l'ISNAR, l'Université de Guelph (Canada) et une ONG basée au Canada, le Réseau des radios rurales des pays en développement (DCFRN).

La phase pilote de ce projet est financée par l'Agence canadienne de développement international.

Des chercheurs agricoles et des radiodiffuseurs de 4 pays africains - Ghana, Cameroun, Mali et Ouganda - sont associés au projet.

LE CGIAR : GROUPE CONSULTATIF SUR LA RECHERCHE AGRICOLE INTERNATIONALE

La mission du CGIAR est de contribuer à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement à travers la recherche, les partenariats, le renforcement des compétences et le soutien en matière de politiques. Le CGIAR conduit des programmes de recherche pour la gestion durable des ressources naturelles.

Créé en 1971, le CGIAR est une association informelle de 88 institutions membres provenant du secteur public et privé qui soutiennent un réseau de seize centres internationaux de recherche agricole. La Banque mondiale, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) soutiennent le CGIAR. Le budget du CGIAR pour 2001 est de 340 millions de dollars américains.

C'est à travers la recherche que le savoir mondial en matière d'agriculture s'accroît et se renforce. La recherche agricole est cruciale pour le progrès de l'humanité car ses résultats permettent aux plus pauvres d'apporter des améliorations durables à leur existence.

Les centres du CGIAR mènent leurs programmes de recherche en collaboration avec une série de partenaires dans un système mondial de recherche agricole en gestation. La productivité alimentaire dans les pays en développement a augmenté en adoptant des technologies mises au point grâce à la recherche. Elle a également permis la réduction du prix de la nourriture, l'amélioration de la nutrition, des politiques plus rationnelles et des institutions plus fortes.

Le CGIAR développe ses activités dans cinq champs principaux :

Augmentation de la productivité. Le CGIAR renforce la productivité de l'agriculture par des améliorations génétiques sur des végétaux, du bétail, des poissons et des arbres, et grâce à des pratiques de gestion plus efficaces. Dans le domaine de la productivité, le travail du CGIAR inclut le renforcement de la résistance des végétaux aux attaques des insectes et aux maladies afin d'éviter autant que possible l'utilisation de produits chimiques. Ainsi, la production agricole rejoint un autre objectif du CGIAR, la protection de l'environnement.

Protection de l'environnement. Une meilleure gestion des ressources naturelles - notamment des sols - et une réduction des effets négatifs de l'agriculture sur l'environnement sont également à l'ordre du jour des programmes de recherche du CGIAR. Une approche innovante est développée à travers de nouveaux projets de gestion intégrée des ressources naturelles, entrepris avec une stratégie plus largement environnementale.

Sauvegarde de la biodiversité. Le CGIAR est une des principales organisations dans le monde en matière de ressources génétiques végétales ex situ. Les centres du CGIAR sont constitués en banque génétique mondiale avec plus de 500 000 acquisitions de plus de 3 000 espèces végétales, de fourrages, et d'espèces agro forestières, au bénéfice de la communauté mondiale. Le travail des centres accorde également une priorité à la conservation des végétaux et des espèces animales les plus utiles aux agriculteurs les plus pauvres, aujourd'hui et dans l'avenir.

Améliorer les politiques. Les pratiques agricoles et la recherche sont sous-tendues par les politiques nationales et internationales. La stratégie du CGIAR consiste à renforcer les politiques qui soutiennent avec force la mise au point et la diffusion de nouvelles technologies et le développement de meilleures pratiques de gestion des ressources naturelles, humaines et financières au service de l'agriculture.

Renforcer les systèmes nationaux de recherche. Le CGIAR ne peut qu'entretenir des partenariats stratégiques avec les systèmes nationaux de recherche. Les centres CG collaborent avec les programmes nationaux et avec les associations sous régionales. La formation joue un rôle très important dans les programmes du CGIAR, s'agissant notamment du développement des compétences techniques, des attitudes et des connaissances dans le domaine de la recherche agricole et en matière de ressources naturelles.

L'ISNAR ET LA RADIO RURALE

Au sein du CGIAR, l'ISNAR est le seul centre qui se consacre spécifiquement au développement institutionnel et au renforcement de la recherche au niveau national. La mission de l'ISNAR est actuellement en cours de reformulation, compte tenu de l'apparition de nouveaux acteurs dans le processus d'innovation.

L'ISNAR est sensibilisé aux défis et aux opportunités, actuels et à venir, pour les systèmes nationaux de recherche. Les évolutions en matière d'études génétiques et de biotechnologie ainsi que les nouvelles technologies de l'information sont entrain de changer la face de l'agriculture.

Dans le même temps, dans de nombreux pays pauvres, de petits agriculteurs essaient de vivre de leur métier, mais les besoins de la plupart d'entre eux sont hors du champ des institutions de recherche. Ils sont pourtant concernés par les décisions prises par les institutions dominantes, s'agissant des politiques agricoles en matière d'importation et d'exportation de denrées alimentaires, des systèmes de distribution des semences et des marchés. Ces agriculteurs possèdent le savoir nécessaire relatif à leur environnement et adoptent les technologies en faisant preuve d'innovation et en sachant les adapter à leurs besoins.

Le CGIAR est de plus en plus conscient de l'importance d'un travail en collaboration avec la population, au niveau local.

Pourquoi la radio rurale ?

On peut se poser la question de savoir si la recherche agricole a contribué de façon suffisante au bien être de la population pauvre dans le monde. La recherche agricole a pour but de générer du savoir et de veiller à son utilisation. Les innovations ne sont pas seulement conçues dans les laboratoires, mais aussi dans les champs avec des hommes, des femmes et des jeunes paysans en créant, échangeant et négociant les savoirs et les savoir-faire. Le savoir scientifique comme le savoir local peuvent contribuer à des progrès en cherchant à résoudre des problèmes sociaux, économiques et environnementaux.

Le savoir et plus généralement l'information peuvent permettre aux agriculteurs d'améliorer leurs activités agricoles et leur environnement, mais aussi de créer de nouvelles opportunités d'emploi et de revenus. Toutefois, les autoroutes de l'information présentent quelques nids de poule, notamment la question du type et de la quantité d'information qui circule autour du monde à une vitesse effarante. L'information n'est pas seulement une source de pouvoir, elle peut aussi s'en emparer ou le laisser à l'extérieur. Dans de telles circonstances, l'information pertinente existe, mais elle n'est pas accessible.

Il y a donc lieu d'être plus attentif à la façon dont l'information est convoyée et à son accessibilité. L'expérience de la communication rurale montre que la radio est un média pratique et créatif pour faciliter l'éducation et l'émancipation des plus pauvres, y compris des femmes et des jeunes (Balit, 1999). En Afrique sub-saharienne, la radio a montré qu'elle était un média efficace pour véhiculer des informations agricoles, à de grandes distances et dans les langues parlées par les paysans. Pendant de nombreuses années, des plans globaux d'action, développés avec l'appui d'agences comme la FAO et la Banque Mondiale, ont souligné l'importance de la radio rurale.

La radio s'associe aussi avec d'autres médias et notamment deux des plus populaires dans certains pays, le téléphone mobile et Internet. Le CGIAR a saisi cette nouvelle vague de technologie de l'information, bien que certains outils, comme la radio rurale ne soient pas si nouveaux. Certaines institutions comme l'Institut International de Recherche sur le Riz (IIRR) aux Philippines ont développé des programmes de radio avec succès. Toutefois, les ondes qui intéressent le plus un centre comme l'ISNAR sont celles qui permettent à la radio d'établir de nouveaux liens destinés à améliorer la recherche agricole au bénéfice des ruraux les plus pauvres.

L'approche du projet de radio rurale de l'ISNAR

L'ISNAR, l'Université de Guelph au Canada et le RRRPD se sont alliés pour produire, à partir des données provenant de centres internationaux comme l'ISNAR et de programmes nationaux de recherche, des informations utiles et plus accessibles aux producteurs de radio et aux auditeurs. Cette approche permet de renforcer la collaboration entre les chercheurs et les radiodiffuseurs.

Notre projet pilote triennal a été conçu en collaboration avec des chercheurs agricoles et des radiodiffuseurs de quatre pays africains (Ghana, Cameroun, Mali et Ouganda). Ces pays ont été sélectionnés sur la base des réseaux existants avec des partenaires entretenant déjà des relations avec l'ISNAR, l'Université de Guelph et le RRRPD.

L'ISNAR s'appuie sur la méthodologie du cycle de formation pour identifier précisément les besoins des radiodiffuseurs et des chercheurs agricoles engagés à produire une meilleure information aux auditeurs ruraux et y apporter les réponses adéquates. (Schéma 1).

Schéma 1 : Le cycle de formation

La formation de l'ISNAR comprend la formation d'individus et le renforcement des compétences dans les institutions ou entre elles. Elle est conçue selon une stratégie bien précise et respecte chacune des sept étapes du cycle :

  1. évaluation des besoins en formation et des contraintes organisationnelles
  2. élaboration du plan et du programme de formation
  3. planification et conception des modules et outils de formation
  4. formation des formateurs
  5. production et diffusion des modules et outils de formation
  6. suivi de la mise en œuvre des activités de formation par les formateurs nationaux
  7. évaluation et post-évaluation à toutes les étapes du cycle de formation.

L'approche de formation de l'ISNAR est fondée sur la théorie de la formation expérimentée. Elle est conçue comme participative. Elle part des besoins de l'apprenant et s'appuie sur les savoirs déjà acquis et les expériences existantes. Les apprenants s'engagent dans un processus de bilan, de réflexion et de mise en pratique des nouveaux savoirs, compétences et comportements. Les méthodes participatives permettent de s'assurer que les apprenants restent actifs pendant tout le processus de formation.

L'ISNAR a choisi cette approche de formation pour améliorer les transferts de compétences, pour favoriser le développement des attitudes conceptuelles et pour encourager les changements de comportements appropriés chez les participants. Cette approche est indispensable pour provoquer des changements organisationnels et pour mettre en place de nouvelles méthodes de travail, notamment pour développer des liens entre des partenaires non conventionnels comme les chercheurs et les radiodiffuseurs.

Notre projet a deux objectifs.

Objectif 1

Identifier et mettre en œuvre les opportunités d'échanges d'information dans deux champs : les partenariats de recherche agricole et la gestion des projets.

Objectif 2

Renforcer les méthodologies de formation et de recherche pour le développement de la radio rurale, à travers notamment l'utilisation de l'information disponible dans les centres internationaux de recherche agricole, sur Internet ou par courrier électronique, pour l'écriture des émissions.

Les principales activités du projet visent à renforcer les compétences pour améliorer la collaboration entre les chercheurs agricoles et les producteurs de radio. Ces activités comprennent :

  1. l'évaluation des besoins des producteurs radio et une aide pour qu'ils puissent mieux identifier les besoins des communautés rurales ;
  2. une attention accrue (a) au renforcement des partenariats entre la recherche, la vulgarisation, le secteur privé, les ONG, les usagers des technologies et (b) aux questions essentielles en matière de gestion de projets pour les agriculteurs et leurs organisations. Ces éléments doivent s'appuyer sur les recherches déjà entreprises par l'ISNAR. Des données pertinentes provenant d'autres centres internationaux et de programmes généraux devront également être identifiées et mises à disposition pour faciliter le travail d'écriture des programmes radiophoniques ;
  3. la mise au point d'un module de formation pour l'organisation d'ateliers portant sur le développement des compétences des producteurs de radio en matière d'écriture d'émissions, de collecte d'information sur Internet et d'adaptation de cette information au langage radiophonique. Ce module de formation sera testé à l'occasion d'un atelier qui regroupera des chercheurs et des producteurs de radio. La formation fera l'objet d'un suivi intégré à notre plan d'action et à nos rapports d'activités.

Les résultats attendus par le projet sont de nouvelles émissions de radio et de nouveaux liens de travail entre les chercheurs et les radiodiffuseurs afin de rendre ces partenaires capables de mieux identifier les besoins des agriculteurs et d'y répondre en produisant des messages plus pertinents.

Ce projet pilote vise également à concevoir un nouveau modèle de recherche et de formation conjointe, qui engage les radios rurales et les centres du CGIAR à partager leurs données et leurs compétences. Cette phase préliminaire du projet devrait jeter les bases d'une initiative plus vaste avec des objectifs à plus long terme. Notre but est de renforcer les liens entre la recherche agricole et les médias au bénéfice des paysans pauvres.

CONCLUSIONS

En conclusion, nous espérons que cette opportunité de participation au premier atelier international de radio rurale aidera l'ISNAR et ses partenaires à en savoir plus sur les potentialités de la radio rurale, notamment en Afrique sub-saharienne.

Nous espérons pouvoir réinvestir cette expérience dans notre projet et dans nos réflexions sur nos activités futures.

Nous remercions le département de la FAO pour le développement durable et la vulgarisation, pour les efforts qu'il a déployés et nous espérons pouvoir bientôt échanger les résultats de notre projet avec les participants à cet atelier.

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Références

Balit, S. 1999. Des voix pour le changement : femmes rurales et communication. Groupe de Communication pour le développement, Service de la vulgarisation, la formation et la communication, FAO , Rome, Italie. Actes de la consultation d'experts sur les femmes rurales et l'information, 4 au 6 Octobre 1999, Rome, Italie.

 

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