L'Institut pour les Médias et la Société (IMS) au Nigeria

Par Akin Akingbulu - Directeur Général de l'IMS

Biographie

Diplômé en Education, en anglais et en Communication, Akin Akingbulu a exercé les fonctions suivantes.

1984-1992	Responsable du programme de communication, Service national de la jeunesse Chargé de la conception de projets de communication pour l'orientation et les programmes de développement communautaires
1992-1995	Début de consultations dans le domaine de la communication et membre du comité éditorial de The News et Tempo, deux magazines jumeaux mais indépendants, publiés au Nigeria
1995-2000	Directeur du centre indépendant de journalisme (IJC), une ONG de formation au journalisme, basée à Lagos, Nigeria
Depuis 2000	Premier directeur exécutif de l'Institut pour les Médias et la Société (IMS)

Akin Akingbulu a participé à des conférences stratégiques sur les médias et la communication, comme les Conférences internationales sur la libre expression, à Lima (1997), Paris (1998) et au Cap (1999); la Conférence sur le pluralisme des médias en Afrique de l'Ouest, à Dakar (1998); le Séminaire sur la promotion des médias communautaires en Afrique, en Ouganda (1999).

Akin Akingbulu est également membre de l'Union des journalistes du Nigeria (NUJ), de l'Institut Nigérian des affaires internationales (NIIA) et du Conseil africain sur l'éducation par la communication (ACCE). Il est marié et père de trois enfants.

Résumé de la communication

L'Institut pour les Médias et la Société (IMS) est une organisation non gouvernementale indépendante basée au Nigeria.

Il a été créé en août 1999 dans la première période de transition vers la démocratie, par un groupe de citoyens provenant de plusieurs disciplines, mais avec un engagement commun en faveur de la communication, la démocratie et le développement au Nigeria.

L'Institut a un triple mandat :

• soutenir les médias pour leur permettre de jouer un rôle dans la démocratie et le développement ;
• faciliter le processus de développement des infrastructures et moyens de communication dans les zones marginalisées du pays ;
• encourager la société civile et les institutions gouvernementales à utiliser les ressources disponibles en matière de communication.

Les principales activités de l'Institut se situent dans les domaines de la recherche, de la documentation, de la formation, de l'édition et de la mise en réseau.

L'IMS a quatre organes d'administration : l'assemblée générale, le comité exécutif, le bureau des conseillers et le conseil d'administration.

L'Institut exécute quatre programmes en appui à la radio agricole.

• Le programme de consultation et de documentation dialogue avec les organisations de base de la société civile, identifie leurs profils et analyse les besoins et les demandes des communautés.
• Une série de six ateliers de sensibilisation est prévue afin de promouvoir et mettre en œuvre une radio communautaire agricole au Nigeria.
• Publications et lancement d'un site Internet complètent le dispositif. Deux lettres d'information sont éditées: une lettre électronique hebdomadaire et un trimestriel sur papier; toutes deux sont axées sur les radios communautaires.
• Enfin, en matière de mise en réseau, l'IMS crée un réseau qui regroupe des acteurs des radios rurales communautaires au Nigeria.

Présentation de l'Institut pour les Médias et la Société (Nigeria)

1^ère PARTIE - DESCRIPTION DE L'INSTITUT POUR LES MEDIAS ET LA SOCIETE (NIGERIA)

DEUXIEME PARTIE: PROGRAMMES D'APPUI AUX RADIOS AGRICOLES

CONCLUSION

PRÉSENTATION DE L'INSTITUT POUR LES MÉDIAS ET LA SOCIÉTÉ (NIGERIA)

Communication de Akin Akingbulu, Directeur Exécutif d'IMS,

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

J'ai l'honneur et le plaisir de faire cette courte communication sur l'Institut pour les Médias et la Société (Nigeria) et ses programmes en appui de la radio agricole.

1^ÈRE PARTIE - DESCRIPTION DE L'INSTITUT POUR LES MEDIAS ET LA SOCIETE (NIGERIA)

INTRODUCTION

L'Institut pour les Médias et la Société (IMS) est une organisation non gouvernementale, indépendante, sans but lucratif, établie au Nigeria. Son parcours a commencé en Mai 1999, au moment où le Nigeria s'engageait dans une transition entre un régime militaire et civil.

Douze citoyens de divers milieux se sont réunis dans la ville de Lagos pour faire le bilan du paysage nigérian de la communication et mettre au point un plan d'action susceptible de consolider le nouveau processus qui s'était engagé dans le pays.

Parmi ces personnalités, on trouve des professionnels de différents domaines: journalisme, radiodiffusion, art et culture, communication pour le développement, vulgarisation agricole, travail socio-éducatif, technologies de l'information et de la communication, et développement communautaire.

La réflexion entreprise par ce groupe était parvenue alors à des conclusions importantes.

• Le professionnalisme des nouveaux médias a décliné dans des proportions inquiétantes. La culture d'investigation et d'interprétation a considérablement régressé. Le journalisme est devenu seulement réactif et la censure est à l'ordre du jour dans la plupart des rédactions. Le pluralisme des médias se réduit au pluralisme des titres. Il n'existe pas de pluralisme en matière de contenu ou d'accès à l'information.
• Après respectivement 140 et 67 ans d'existence, la presse et la radiotélévision sont restés des médias principalement centrés sur les intérêts des élites gouvernementales et commerciales. Les zones rurales du pays sont maintenues dans la marginalité en ce qui concerne la distribution et l'accès aux ressources de la communication.
• Beaucoup d'entreprises de communication sont repliées sur elles-mêmes, quelques-unes unes réussissent à vivoter par intermittence et peu d'entre elles tirent leur épingle du jeu sur le marché.
• La société civile a perdu une grande partie de sa capacité à communiquer. La militarisation de la psychologie sociale, la faiblesse des institutions de socialisation (comme le foyer ou l'école), le découragement de la culture du dialogue, la pression et le harcèlement sur le tissu associatif ont notamment créé les conditions de l'éruption et de l'explosion de conflits dans de nombreuses parties du pays.
• Dans une atmosphère où les gouvernements successifs n'avaient que peu de foi dans le peuple, le développement restait un mirage pour le pays.

QUE PEUT-ON FAIRE?

Nous avons estimé (et nous estimons encore) que le besoin de développement au Nigeria est de l'ordre de l'urgence. La consolidation du processus démocratique et la communication doivent jouer un rôle majeur pour changer l'ordre des choses.

Nous sommes convaincus que :

• la population joue un rôle central dans la démocratie et le développement;
• la population peut construire la démocratie et le développement si les moyens lui en sont donnés;
• cette capacité passe par l'acquisition et la communication du savoir;
• pour aider à renforcer le pouvoir de la population au Nigeria, la communication doit être démocratisée;
• le développement d'une société nigériane équitable et démocratique implique des structures de communication équitables et démocratiques;
• toute initiative de communication qui associe la population dans un esprit de démocratie et de développement doit prendre en compte, en paroles et en actes, la participation et le pluralisme;
• Tout programme cohérent de développement, y compris sa composante communication, doit trouver sa source dans la communauté, à la base.

Nous avons jugé que le temps était venu de prendre une initiative concrète pour faire face à ces défis de communication. C'est ainsi que l'Institut pour les Médias et la Société a vu le jour en août 1999 avec un triple mandat dans le domaine de la communication pour le développement au Nigeria.

1. Construire la capacité des médias existants à devenir des institutions rigoureuses, innovantes, compétitives, plurielles et créatrices de savoir afin de pouvoir jouer un rôle crucial dans plusieurs domaines :
   • démilitariser la psychologie sociale et la réorienter vers les préoccupations de la vie civile;
   • assurer une médiation en faveur de la diversité du pays et promouvoir la bonne entente, la paix, l'unité et l'intégration nationale;
   • promouvoir une culture du dialogue et du débat, une gouvernance responsable et transparente dans la vie nationale et un pluralisme démocratique.
2. Faciliter le processus de développement des infrastructures de communication dans les zones jusqu'ici marginalisées et notamment les régions rurales du Nigeria.
3. Construire la capacité des groupes, institutions et communautés à utiliser les infrastructures de communication et autres ressources disponibles.

D'où la mission de l'Institut pour les Médias et la Société (Nigeria) :

concevoir et mettre en œuvre des initiatives de communication qui renforcent la capacité des médias, des individus, des groupes, des institutions et des communautés à participer à la démocratie et au développement du Nigeria.

PROGRAMMES

Le programme de travail de l'Institut comprend quatre grands domaines.

1. Recherche et documentation. Ce secteur suit les questions liées aux médias et à la communication, ainsi que les tendances actuelles. Il identifie les sources, collecte les données sur différents sujets et les archive, pour une diffusion appropriée aux professionnels et/ou organisations au niveau local et international.
2. Formation. Mise en place des programmes de formation, ateliers, séminaires, conférences etc. sur divers sujets au bénéfice de publics de diverses origines.
3. Publication d'ouvrages, de monographies, journaux et bulletins (imprimés et électroniques) sur divers sujets de communication pour une diffusion mondiale.
4. Mise en réseau d'individus, de groupes et d'institutions de gouvernance pour canaliser les énergies des initiatives collectives.

ADHESION ET GOUVERNANCE

L'adhésion à l'Institut est ouverte à tous les Nigérians, quelles que soient leur origine ethnique, nationale, et leur appartenance religieuse ou politique. Notons que des non Nigérians peuvent être membres de son bureau de conseillers ou de comités spécifiques ou en tout état de cause invités à participer à ses programmes.

Les adhérents proviennent de secteurs comme le journalisme, la radio et la télévision, l'art et la culture, la communication pour le développement, la vulgarisation agricole, les technologies de l'information et de la communication, le travail socio-éducatif ou encore le développement communautaire.

L'Institut a quatre structures de gestion.

• L'Assemblée générale constitue le forum de tous les membres. Elle traite de toutes les questions qui concernent l'organisation et prend les décisions qui sont mises en œuvre par le Comité exécutif. Elle compte actuellement 20 membres.
• Le Comité exécutif assure le fonctionnement quotidien de l'Institut. Il est composé de quatre personnes et dirigé par le Directeur exécutif.
• Le Bureau des conseillers a la responsabilité de conseiller l'organisation sur son programme et ses ressources de développement et de faciliter la mobilisation des appuis au niveau national et international. Il est par nature international puisque ses six membres proviennent de différents pays.
• Le Conseil d'administration est l'organe dirigeant de l'Institut. Composé de six personnes, il assure la responsabilité de tous les biens et propriétés de l'organisation. Toutes les questions politiques font l'objet de ses délibérations avant leur mise en œuvre.

DEUXIEME PARTIE: PROGRAMMES D'APPUI AUX RADIOS AGRICOLES

Aujourd'hui, alors que la radiodiffusion au Nigeria a 69 ans et que la dérégulation existe depuis 9 ans, il existe 53 stations de radio dont 45 publiques et 8 privées toutes commerciales et urbaines. Mais, il n'existe AUCUNE station de radio communautaire rurale. C'est inquiétant pour un pays de 120 millions d'habitants dont 75% sont des ruraux.

L'Institut pour les Médias et la Société (IMS) s'est donné pour objectif de mettre en œuvre un programme de lutte contre la léthargie de la société civile pour abolir un certain nombre de barrières afin de favoriser l'émergence de nombreuses stations de radio rurales au Nigeria.

Ce programme d'appui à la radio rurale comporte quatre volets.

1. Consultations et documentation - En septembre 2000, nous avons démarré un programme de consultation et de documentation dans les communautés rurales du Nigeria. L'objectif de ce programme était de rencontrer de réelles organisations communautaires de terrain et des organisations non gouvernementales, y compris les associations paysannes, afin d'identifier leur profil et leurs activités ainsi que les besoins et attentes des communautés qu'elles représentent en matière de communication. Ce travail est toujours en cours dans les six zones que nous avons arrêtées pour ce projet.



2. Ateliers - L'Institut a convenu d'animer une série de 6 ateliers de sensibilisation pour promouvoir et mettre en œuvre des radios rurales communautaires au Nigeria. Ces ateliers ont pour objectif d'informer et de sensibiliser les organisations de la société civile, notamment à la base, sur l'énorme potentiel des radios rurales communautaires, de les aider à créer des radios communautaires, à utiliser ces mêmes radios comme un outil de développement. Le premier atelier est programmé du 20 au 22 mars 2001 à Ibadan dans le Sud-ouest du Nigeria. Les autres auront lieu en mai 2001 (Bauchi, Nord-est), juillet (Owerri, Sud-est), septembre (Sokoto, Nord-est), octobre (Port Harcourt, Sud) et novembre (Lokoja, Centre Nord). Les participants proviendront des organisations communautaires, y compris les organisations paysannes. Une série d'ateliers similaires sur les télécentres communautaires ruraux et les théâtres ruraux communautaires sont également au programme.



3. Publications - Nous démarrons un programme de publications sur la radio rurale communautaire avec trois importantes composantes : (a) un site web, (b) un bulletin électronique et (c) un bulletin imprimé.
   1. Site Web : nous sommes en train de développer un site Internet qui sera lancé en avril de cette année. Ce site va gérer des informations et des analyses sur le développement de la radio communautaire en milieu rural et dans les autres secteurs du Nigeria. Nous attendons de ce site qu'ils permette un repositionnement stratégique de l'information, des idées et du dialogue.
   2. Le bulletin électronique qui contiendra un résumé des informations dans le secteur des radios rurales communautaires sera produit à un rythme hebdomadaire et diffusé par e-mail aux radios communautaires rurales et autres groupes similaires au Nigeria et dans d'autres parties du monde. Il diffusera de l'information, proposera des analyses et des interviews et sera également disponible sur le site Internet. Les numéros pilote ont démarré depuis deux semaines, les premiers numéros seront lancés et diffusés au cours de la semaine suivant le premier atelier en mars 2001.
   3. Le bulletin imprimé sera produit et diffusé sur une base trimestrielle. Il proposera des reportages et des analyses sur les initiatives des radios rurales communautaires ; il examinera les tendances dans ce domaine. Il visera les radios communautaires au Nigeria et à l'extérieur, particulièrement celles qui n'ont pas accès ou ont un accès limité à Internet. Ses contenus seront aussi disponibles sur le site Internet.
   
   
   
4. 4 Réseaux - Le programme de consultation et de documentation que nous avons lancé l'an dernier constitue pour nous le point de départ d'un processus approfondi de mise en place d'un réseau dans le domaine de la radio rurale communautaire. Au fur et à mesure que les ateliers et le programme de publications progresseront, nous lancerons un réseau des acteurs des radios communautaires qui devra, entre autres choses, susciter des initiatives collectives pour introduire la mise en place de stations de radio à la base et soutenir cette initiative dans tous les recoins du Nigeria.

CONCLUSION

Mesdames et Messieurs, au nom d'au moins 90 millions de Nigérians, pour la plupart agriculteurs, qui sont les principaux bénéficiaires des radios rurales communautaires, l'Institut pour les Médias et la Société a le plaisir de vous informer que vous faites partie du mouvement de soutien de bonne volonté qui nous permettra de faire de la radio rurale communautaire une réalité vivante et durable de notre pays.

Nous remercions la FAO qui sait reconnaître les enjeux auxquels est confronté le Nigeria et qui nous a donné l'opportunité de participer à cet atelier historique.

Merci de votre attention.

Akin Akingbulu
Directeur Exécutif de l'Institut pour les Médias et la Société (Nigeria)