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L'expérience de la FAO dans le domaine de la radio rurale - Les nouvelles technologies de l'information et de la communication au service de la radio rurale : nouveaux contenus, nouveaux partenariats

Par Jean-Pierre Ilboudo - Spécialiste de la Communication pour le développement, Service de la Vulgarisation, de l'Education et de la Communication (SDRE) de la FAO

Biographie

Docteur en Sciences de l'Information et de la Communication, Jean-Pierre Ilboudo est journaliste radio de formation. Il a enseigné les techniques radiophoniques en Allemagne et au Burkina Faso, ainsi que les Sciences de la Communication. Il a été également Chef de service des études au Centre Interafricain d'Etudes en Radio Rurale de Ouagadougou (CIERRO).

Jean-Pierre Ilboudo est actuellement Spécialiste de la Communication pour le Développement au Service de la Vulgarisation, de l'Education et de la Communication, de la FAO, à Rome. Pour les pays d'Afrique francophone ou lusophone, il couvre les activités suivantes :

Jean-Pierre Ilboudo a publié de nombreux articles, études, et ouvrages dans le domaine de la communication pour le développement et de la radio rurale, dont : Méthodologie participative et interactive de la Radio rurale (Rome 2000), Strategies to Relate Audience Research to the Participatory Production of Radio Programme (Londres 1999), Politiques et Stratégies de communication pour le développement : sept années d'expériences de la FAO en Afrique francophone et lusophone (Rome 2000), Comment concevoir et produire les supports de communication de proximité (co-auteur : J-Y Clavreul, Rome 1998), Contribution sur la radio rurale (Rome 1998), Communication et Développement (Cologne, 1995) et La radio locale de type communautaire, le cas de la zone Mali-Sud (publication en cours).

Résumé de la communication

Depuis 1966, la FAO est engagée dans le développement de la radio rurale particulièrement en Afrique. Les réunions de Giseiny et de Moshi avaient permis d'institutionnaliser les radios forums en Afrique Francophone et Anglophone, et ce, en collaboration avec l'UNESCO.

Depuis 35 ans, l'appui de notre organisation a couvert plusieurs domaines : formation, mise en œuvre de stations de radio rurale, développement de méthodologies et de stratégies d'utilisation de la radio pour le développement.

La communication fait ressortir dans un premier temps les jalons qui ont marqué d'un point de vue historique les grands moments de l'intervention de la FAO, ainsi que les expériences menées sur le terrain : Congo Brazzaville, Mauritanie, Guinée, Guinée Bissau, Centrafrique, Tchad, Burkina Faso, Mali, Niger, Cap-Vert, République Démocratique du Congo.

Elle indique la philosophie et les méthodologies d'intervention de la FAO en ce qui concerne l'utilisation de cet outil de communication interactive, d'enquête sociale, qu'est l'approche participative.

L'organisation de l'atelier international sur la radio rurale au siège de la FAO, à Rome, nous donne l'occasion de porter la réflexion sur les potentialités qu'offrent aujourd'hui les nouvelles technologies de l'information et de la communication à la radio rurale.

L'occasion également de jeter un regard sur des thèmes vitaux pour les communautés rurales, qui sont pourtant peu représentés dans la grille de programme des radios rurales africaines.

Ce sont autant de thèmes que l'Atelier abordera sous les auspices du Centre mondial d'information agricole (WAICENT) qui fournit des systèmes d'information hypermédia sur les sujets-clés tels l'agriculture, la nutrition, la pêche, la foresterie ou le développement durable.

Le WAICENT offre également des systèmes d'information spécialisés sur des sujets d'importance globale, tels que la désertification, le genre et le développement durable, les normes alimentaires, les ressources génétiques animales, les opérations après-récolte, la diversité biologique agricole et les systèmes d'alimentation dans les centres urbains.

La communication indique par ailleurs l'expérience naissante que la FAO appuie au Mali dans le domaine de l'application des nouvelles technologies de l'information et de la communication au développement rural : relier la radio à l'Internet et connaître les besoins des populations afin d'y répondre par la mise à disposition de contenus adéquats dans le cadre du télécentre communautaire polyvalent de Tombouctou.


Introduction

A) LES EXPERIENCES DE LA FAO DANS LE DOMAINE DE LA RADIO RURALE

B) LES EXPERIENCES DE LA FAO POUR L'APPLICATION DES NTIC A LA RADIO RURALE ET AUX TELECENTRES COMMUNAUTAIRES POLYVALENTS.


INTRODUCTION

Le service de la vulgarisation, de l'éducation et de la communication de la FAO a considéré très tôt la radio rurale, notamment en Afrique, comme le moyen privilégié aux mains des communautés rurales pour disposer d'instruments appropriés qui leur permettent d'accéder aux informations et aux savoirs utiles, d'entretenir un dialogue et un débat entre elles et avec leurs partenaires, d'échanger leurs expériences, leurs savoirs et leurs techniques.

La radio rurale est un véritable outil de communication dans les pays d'Afrique.

Mise en place depuis environ trois décennies, cette radio est de plus en plus connue, aimée et appropriée par les populations. A vrai dire, cette radio n'est plus étrangère au vécu quotidien des ruraux. Elle favorise l'échange et les rapprochements, stimule l'information et valorise le savoir-faire local.

Grâce à la radio rurale, les populations se familiarisent avec leur environnement et les programmes socio-économiques et sociosanitaires qui y évoluent. Elle leur permet de mieux s'informer et de mieux comprendre. Ainsi en arrivent-elles à participer aux différents programmes de développement et à s'engager dans les actions qui leur permettent de devenir créatives.

De nos jours, la radio rurale ne se contente plus de sensibiliser les populations mais les aide à libérer leur expression, à faire émerger leur vécu et à partager leurs valeurs socioculturelles. Après l'expérience des radios clubs et des radios agricoles qui ont connu des fortunes variables et celles des radios rurales (1ère génération) dont les résultats ont été mitigés, les pays d'Afrique, grâce notamment à la coopération internationale se sont engagés dans les expériences plus vigoureuses en matière de radio rurale. Ces expériences ont renouvelé la méthodologie d'approche et la pratique de la communication.

Désormais l'accent sur l'aspect éducatif cède la place à la dimension interactive et à l'apport mutuel. C'est le processus de communication qui est valorisé ainsi que les actions en présence. Alors que l'ancien système était basé sur l'approche thématique, la nouvelle formule de la radio rurale obéit au principe de l'intégration et de la globalité.

Grâce à la coopération de la FAO avec ses partenaires - en l'occurrence le CIERRO, l'UNESCO, la GTZ, l'UNICEF, le CTA, la fondation FORD, le CRDI, la coopération néerlandaise, suisse, française etc. - la radio rurale a pris un nouvel essor en se localisant, en adoptant des dispositions réglementaires, juridiques et institutionnelles novatrices. Ces dispositions tendent de plus en plus à lui conférer la personnalité juridique et l'autonomie financière, conduisant les radios rurales à générer leurs propres ressources et à se gérer de façon autonome. C'est vers ce caractère de durabilité que la FAO et ses partenaires cherchent à orienter la radio rurale afin qu'elle trouve un accès facile aux sources d'informations scientifiques et techniques qu'offrent les potentialités des nouvelles technologies de l'information et de la communication.

Le Centre mondial de la FAO ainsi que plusieurs services techniques sont dépositaires de nombreuses bases et banques de données d'information sur le développement agricole et rural durable, des contenus dont ont besoin les auditeurs et auditrices pour mieux maîtriser leur environnement, mais des contenus qui doivent être en relation directe, en adéquation avec leurs besoins en information et en communication qu'il faudrait préalablement identifier, quels que soient les voies et moyens pour accéder à ces contenus.

A) LES EXPERIENCES DE LA FAO DANS LE DOMAINE DE LA RADIO RURALE

I- Quelques repères historiques

En promouvant la radio en milieu rural, la FAO, à travers le service de la vulgarisation, de l'éducation et de la communication, a aidé à :

La FAO a fait œuvre de pionnière aux côtés de l'UNESCO, en organisant en 1966 la réunion qui a généralisé le modèle des tribunes radiophoniques et abouti immédiatement à l'émergence des radios clubs et des radios agricoles en Afrique (réunion de Giseyni au Rwanda pour l'Afrique francophone et de Moshi en Tanzanie pour l'Afrique Anglophone).

II- Notre vision : philosophie et stratégies d'utilisation de la radio rurale

En Afrique la radio est toujours considérée comme le moyen de communication le plus approprié pour appuyer et promouvoir le développement rural à cause de son faible coût, son accessibilité et son adaptation à une gamme variée de situations et d'auditoires.

La radio rurale en Afrique est un moyen de communication proche de la majorité des populations vivant dans les communautés rurales ; la radio rurale s'offre à eux comme une tribune de dialogue démocratique sur les problèmes économiques sociaux et culturels en relation au développement dans les milieux ruraux, périurbains et urbains.

Aujourd'hui, la radio en Afrique connaît des transformations majeures. Il y a l'émergence des stations de radio indépendantes. Se développent également de nouveaux rôles pour la radio, particulièrement pour satisfaire les besoins du secteur privé, des organisations non-gouvernementales, des communautés rurales, des associations et organisations paysannes, des groupes de femmes et jeunes.

Cette expérience a été possible grâce à l'expertise que la FAO a acquise à travers les sessions de formation, les séminaires de réflexion et les activités de recherche.

Forte de cette expérience, la FAO s'est engagée depuis plus d'une vingtaine d'années à susciter et à soutenir le développement de la radio rurale en Afrique.

Pendant plus de 25ans, la FAO a accompagné les évolutions des radios rurales. Dans son accompagnement, elle a permis aux ressources humaines locales d'acquérir des aptitudes et compétences techniques indispensables à l'organisation de la production, de la diffusion et à la gestion des radios rurales ainsi qu'à leur maintenance.

Pour la FAO, le programme d'appui aux radios rurales, situe la communication rurale à trois niveaux :

Trois types de radio, trois systèmes dont l'harmonieuse articulation permet une vraie communication rurale radiophonique même si aujourd'hui se confirme l'évolution des radios rurales vers la localisation en termes de radios rurales locales de type communautaire, dites par ailleurs radios de proximité. On assiste à la disparition, à l'abandon des radios rurales classiques (nationales et/ou régionales) en faveur des radios locales, communautaires pour lesquelles notre organisation a fait depuis déjà quelques années, une option claire, un choix pour ses présents et futurs appuis.

L'objectif principal de notre stratégie est de rendre les activités de la radio rurale permanentes, autonomes et de les mettre au service des différentes actions de développement.

Pour ce faire, nos actions sont axées autour de quatre principes méthodologiques.

- Principe d'intégration : il est essentiel que les radios rurales intègrent convenablement l'ensemble des préoccupations et des thèmes du développement rural. Il y avait donc lieu de susciter la mise en place de structures intersectorielles de concertation et d'orientation des programmes comprenant les départements ministériels impliqués dans le développement, les ONG, les bailleurs de fonds, les associations ou groupements représentatifs du monde rural.

- Principe d'interdisciplinarité : il est essentiel que les équipes de production et d'animation de la radio rurale soient elles-mêmes interdisciplinaires. Il y avait donc lieu d'y associer des cadres et des techniciens provenant des principales structures intervenant dans le développement rural, de leur dispenser une formation homogène et technique de production de radio rurale et de susciter la création, au sein de ces structures de cellules de suivi des activités de la radio rurale.

- Principe d'interactivité : les activités de production et d'animation de la radio rurale doivent être basées sur les préoccupations réelles du monde rural et prendre la forme d'un dialogue permanent avec les communautés. Ainsi priorité est donnée aux dispositifs mobiles de production de façon à assurer une présence de l'équipe de la radio rurale au moins 10 jours par mois sur le terrain. La priorité doit être accordée aux informations provenant du terrain. Les programmes doivent être adaptés aux caractéristiques culturelles et aux circuits de communication propres au monde rural. Ils doivent, par ailleurs, intégrer les valeurs du patrimoine des terroirs.

- Principe de durabilité : il est essentiel, pour garantir la durabilité des activités de la radio rurale, d'étudier et d'adapter les dispositions juridiques, institutionnelles et administratives nécessaires pour permettre aux radios rurales de bénéficier des ressources propres et de gérer de façon autonome.

Ces principes méthodologiques ont été choisis de préférence à d'autres stratégies ou modalités d'exécution possibles parce que les réponses que nous apportions à ces demandes doivent couvrir simultanément et de façon complémentaire trois domaines.

- Celui des ressources humaines : le processus de formation de nouvelles équipes des radios rurales doit être accéléré ; le CIERRO doit également être soutenu et renforcé car son rôle est déterminant en matière de formation.

- Celui des ressources de fonctionnement et du statut juridico-administratif des radios rurales : les problèmes doivent être traités de façon énergétique et volontariste au niveau des gouvernements et des ONG. Il est en effet essentiel que les radios actuelles ou futures - au niveau national, régional ou local - soient dotées d'un statut et de modalité de gestion qui leur permettent de mobiliser les ressources financières existantes pour assurer leur fonctionnement et leur développement, sans qu'il leur soit nécessaire de solliciter leurs partenaires au coup par coup.

- Celui des infrastructures : un investissement considérable doit être entrepris dans le domaine, s'agissant notamment de l'équipement des stations régionales et locales en moyens de production et de diffusion et d'outils de suivi et d'évaluation de l'impact des émissions diffusées.

Méthodologie participative et interactive de la radio rurale ou la radio rurale en tant qu'outil d'enquête sociale.

Jusqu'à une époque très récente, la radio intervenait dans le milieu rural comme un prolongement de l'agent de la vulgarisation agricole. Si dans les années 80, plusieurs chercheurs en communication et plusieurs praticiens ont réfléchi sur le caractère participatif et interactif de la radio rurale, ce ne fut pas un fait du hasard.

En effet, cette remise en cause de l'utilisation de la radio rurale a coïncidé avec le développement de la MARP et les deux outils se sont développés parallèlement, en puisant souvent aux mêmes sources disciplinaires et en s'empruntant mutuellement certaines techniques.

Avant de revenir sur cet aspect des choses, il est utile d'indiquer que la radio rurale est utilisée par plusieurs projets appuyés par la FAO et utilisant l'approche participative comme méthodologie contribuant à la mise en œuvre de deux étapes cette approche :

  1. le diagnostic (information/connaissance/ étude du milieu)
  2. l'évaluation des activités et action de mise en œuvre.

A travers les techniques de production radiophoniques telles que l'émission publique, l'interview communautaire, la causerie-débat, la radio rurale est utilisée comme outil d'investigation du milieu mais aussi comme outil d'évaluation et d'auto-évaluation.

Car en donnant la parole aux villageois, et ce, en utilisant la plus participative de ses émissions, en l'occurrence l'émission publique, la radio rurale permet d'opérer une sorte de triangulation en recueillant diverses opinions liées à l'âge, au sexe, à la localisation géographique, aux conditions sociales des populations sur un thème donné ; tant il est vrai qu'à l'émission publique, participent spontanément toutes les catégories sociales du village ou de la communauté rurale.

Ainsi, arrive-t-on à faire un diagnostic ou une évaluation.

L'utilisation dynamique de la causerie-débat et des techniques de l'interview directif, non directif et semi-directif permet de diagnostiquer et d'évaluer.

L'utilisation de la radio en tant qu'outil d'enquête sociale requiert un certain nombre de conditions préalables sans lesquelles l'on ne peut atteindre l'objectif visé.

Cela nous amène à aborder la manière dont la radio rurale est utilisée de nos jours sur le terrain pour la collecte et le traitement de l'information recueillie : préparation du matériel technique, nécessaire prospection de deux à trois jours que peu d'équipes font.

Les sorties sur le terrain sont organisées sous forme de razzia pendant laquelle seul le producteur de la radio rurale joue le rôle central, décide des thèmes, produit des émissions dirigées, passe accidentellement une nuit dans le village et n'évalue jamais ce qu'il a diffusé.

Cette utilisation de la radio rurale est loin d'être participative et ne permet pas à la radio rurale d'être un outil d'enquête sociale.

L'essentiel dans les activités de la radio rurale c'est de faire en sorte qu'une appropriation de l'outil soit opérée par les populations qui le transforme en une tribune d'expression sur les questions de développement, un instrument de dialogue social, de concertation.

Pour ce faire, seule la participation des communautés donnerait à l'outil toutes ces dimensions. Rapprocher l'outil des auditeurs et auditrices permet leur implication à la conception, l'élaboration et la production des émissions. Pour cela, il faut se rendre sur place dans les villages et utiliser les techniques de l'approche participative et les genres radiophoniques les plus appropriés en ce qui concerne l'implication des populations.

III- Les axes d'intervention de la FAO dans le domaine de la radio rurale.

  1. La formation des ressources humaines.
  2. L'appui en matière de mise en place d'un dispositif de radio rurale.
  3. L'assistance en matière de définition d'une stratégie de communication pour le développement incluant la radio et les autres médias.
  4. L'appui à la production d'émissions basée sur méthodologie participative (voir méthodologie plus haut).
  5. Définition des normes techniques des équipements et matériel radio.
  6. La réflexion et la concertation sur la radio rurale.
  7. La recherche dans le domaine de la radio rurale.

B) LES EXPERIENCES DE LA FAO POUR L'APPLICATION DES NTIC A LA RADIO RURALE ET AUX TELECENTRES COMMUNAUTAIRES POLYVALENTS.

IV- Les nouvelles technologies de l'information et de la communication au service de la radio rurale : l'expérience naissante du Mali.

Les zones rurales et isolées des pays en développement sont caractérisées par une faible densité de la population et l'inexistence quasi totale d'infrastructures des télécommunications. L'accès aux services des télécommunications de base et à l'information sont pourtant une nécessité essentielle pour lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie des populations.

La communauté internationale se mobilise pour la promotion des "Autoroutes de l'Information" et des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Mais dans les pays en développement, en dehors des centres urbains, les conditions d'accès à l'information constituent parfois des obstacles insurmontables. Le fossé se creuse donc non seulement entre le Nord et le Sud, mais aussi à l'intérieur du Sud, entre notamment les élites et les classes moyennes des villes et les populations les plus défavorisées vivant dans les zones rurales.

Ces populations n'ont pas accès aux informations et aux ressources éducatives nécessaires à l'expansion des connaissances et à la participation, au processus de prise de décision, pas plus qu'elles n'ont accès aux mécanismes qui permettent de communiquer avec les principaux acteurs d'un processus de développement. Par ailleurs, les connaissances et les qualifications disponibles dans les communautés rurales sont souvent négligées.

Les NTIC se présentent de plus en plus comme solution pour faciliter l'intégration accélérée des zones rurales et permettent ainsi un meilleur développement de plusieurs secteurs tels que l'enseignement, la santé, les petites entreprises, l'agriculture etc. Mais ce développement ne peut être considéré comme durable que si les NTIC constituent des réseaux ruraux, reliés entre eux et avec les autres médias de communication nationaux et internationaux. Or, les principaux acteurs intéressés par cette acquisition de connaissances n'ont pas un accès direct à ces NTIC. D'où la nécessité d'élaborer une stratégie de communication qui privilégie une approche intégrée centrée sur le rôle des moyens de communication "classiques", en particulier de la radio rurale, comme interface entre les NTIC et les communautés rurales.

La FAO est déjà impliquée avec plusieurs autres agences de la coopération bi- et multilatérale1 dans la mise en œuvre d'un projet de télécentre communautaire polyvalent (TCP) à Tombouctou ; cette initiative a pour objet le développement des modèles d'exploitations de NTIC dans cinq pays africains.

Dans le cadre de cette initiative la FAO a commandité en 1999 une étude sur les besoins en information des communautés rurales de la région de Tombouctou. Cette étude a révélé un fort besoin d'information sur la production alimentaire, la commercialisation des produits agricoles, les opportunités de partenariat et la santé. L'étude a aussi montré que parmi les moyens de communication, la radio est le plus privilégié mais qu'elle nécessite des animateurs plus qualifiés et une programmation adaptée aux réalités locales.

La FAO soutient depuis plusieurs années le développement rural du Mali notamment à travers la relance de la radio rurale. Les pouvoirs publics, avec l'appui du PNUD et de la FAO, ont travaillé en 1993-1994, à la définition d'une politique nationale de communication pour le développement.

C'est dans ce contexte, que la FAO a appuyé le projet de relier la radio à Internet, du Ministère de la Communication en collaboration avec les communautés rurales de Bougouni, Bla, Kolondièba et Koutiala.

Objectifs

L'objectif global de cette proposition de projet est de promouvoir l'échange d'informations scientifiques et techniques parmi les agriculteurs et les agents de développement par la mise en place d'un système intégré d'information rurale. Ce système utilisera la radio rurale comme intermédiaire entre les communautés rurales et l'Internet.

La proposition vise aussi à la création d'un milieu qui favorise une meilleure compréhension de l'importance de l'information et de la communication dans le processus de développement agricole et rural. En particulier le développement d'une certaine sécurité alimentaire, le développement de l'élevage et de la pêche, le relèvement du statut social des femmes, et la réinsertion des jeunes par la création d'emplois. En outre, les équipements télématiques installés dans chaque station radio peuvent faciliter l'accès aux services des télécommunications et multimédia et promouvoir une nouvelle culture des TIC.

La méthodologie de la communication pour le développement

La corrélation entre la productivité agricole et les moyens de communication a été établie par la recherche. La méthodologie utilisée dans le cadre de cette proposition favorise une démarche participative tenant compte des besoins et attentes des populations rurales. Le rôle de la communication est donc décisif pour promouvoir un développement à dimension humaine dans le climat de changement social qui caractérise la période actuelle.

La FAO s'est engagée depuis 1996 à la recherche et au développement d'une approche intégrée d'Internet en milieu rural, qui part des besoins des communautés agricoles et rurales. Cette approche s'appuie sur une méthodologie de "communication pour le développement" qui repose sur l'établissement de partenariats avec les populations et les organisations locales pour les aider à développer leurs propres modes de communication à l'aide d'outils tels que les radios communautaires et la vidéo ; en d'autres mots, qui s'appuie sur la méthodologie de l'approche participative.

Les médias et leurs audiences

Les médias qui seront utilisés dans le cadre de cet appui sont principalement de deux types :

Les types d'audiences concernés par les activités de communication sont : a) les partenaires locaux du développement (ONG) et les services techniques centraux et décentralisés du gouvernement qui peuvent être considérés comme des intermédiaires ; b) les populations rurales et les organisations paysannes.

La Stratégie

Les NTIC constituent aujourd'hui un formidable outil d'échange et d'information. D'une part, elles permettent la diffusion de l'information, d'autre part, elles facilitent la recherche et la réception de l'information. Face aux deux contraintes majeures qui se posent (éloignement des communautés rurales des centres urbains et analphabétisme des populations quant aux langues de disponibilité de ces informations), la radio rurale est le seul outil capable de relayer les informations disponibles sur Internet et provenants des autres radios du système d'information proposé, aux populations rurales. De plus, les équipements mobiles permettent de faire remonter le feed-back des populations locales vers la radio et le WEB.

Il s'agit donc de relier les radios rurales, d'une part entre elles, à Internet d'autre part. La mise en place d'un réseau (Intranet) sera gérée par une équipe formée à l'utilisation et à la recherche de l'information pertinente sur Internet. L'équipe sera aussi chargée du traitement de cette information selon le contexte local et les techniques d'écriture et de mise en forme radiophonique. Elle devra être capable d'utiliser les outils de l'étude de l'auditoire et de l'audience en vue de mieux connaître les publics auxquels elle adresse les messages et surtout de pouvoir susciter une interactivité à travers un feed-back permanent. Cela permettra aux publics de produire en retour de l'information pour la radio et pour Internet, à travers la création d'un site.

L'équipe sera ainsi composée :

Le projet s'appuiera sur un serveur basé à Bamako qui initialement fera le lien entre les sites Web dédiées au développement rural et agricole (notamment les services de WAICENT - Centre Mondial d'Informations Agricoles de la FAO) et les radios rurales du projet Mali Sud (GCP/MLI/020/NET) dans les villes de Bla, Koutiala, Kolondieba et Bougouni. Dans un second temps, la liaison sera étendue aux services virtuels du Télécentre Communautaire Polyvalent de Tombouctou avec les radios installées dans cette zone.

Le schéma ci-après est révélateur des différentes liaisons et mécanismes à mettre en place dans le cadre de cette stratégie d'utilisation des NTIC au sein du projet radio rurale.

L'expérience de la FAO en matière de développement participatif peut être mise en pratique afin de définir et de développer avec les différents partenaires concernés des activités telles que l'identification, l'organisation et la compilation des informations et des bases de données existantes dans WAICENT afin de répondre aux besoins spécifiques du développement agricole et rural par l'intermédiaire du télécentre. Le projet pourrait également assurer la formation d'organismes nationaux associés de sorte qu'ils puissent produire en format électronique leurs propres informations pour diffusion par l'Internet et la radio rurale.

Durée du projet.

36 mois

Calendrier d'Exécution

Année I

Année II

Année III

Recrutement du personnel

Création du site Web

Formation des utilisateurs des TIC

Achat et installation des équipements

Création des bases des données

 

Formation des "facilitateurs"/producteurs radio

Étude auditoire

Elargissement du réseau au Télécentre Polyvalent de Tombouctou et aux radios du Nord.

Atelier de sensibilisation

Evaluation

Evaluation

Résultats Attendus

Les objectifs du projet seront atteints avec les résultats concrets suivants :

Nous organiserons en 2001 au Mali un atelier sur « Relier la Radio à Internet », avec les quatre stations de la zone Mali-Sud.

V- Les avantages comparatifs de la FAO dans le domaine des nouvelles technologies de l'information: des contenus variés, scientifiques et techniques pour une agriculture et un développement rural durables.

WAICENT / Ressources WEB de la FAO

La FAO est en mesure d'aider techniquement à la planification, au développement, à l'adaptation, à la mise en place et à l'évaluation des applications et du contenu du système d'information rurale (SIR). Il y a une grande richesse d'information agricole et de développement rural disponible au Centre Mondial d'Information Agricole (WAICENT) de la FAO, qui peut être organisée, intégrée et diffusée par des télécentres.

Par WAICENT, la FAO peut fournir des informations techniques et de hypermédia sur des sujets couvrant l'agriculture, la sylviculture, la pêche, la sécurité alimentaire, de même que le développement durable ; les données statistiques sur la production et le commerce des produits agricoles ; les systèmes d'information spécialisés traitant les situations d'urgence et l'alerte rapide. Cette bibliothèque virtuelle de référence est disponible à quiconque dispose d'une connexion à l'Internet.

L'expérience de la FAO en matière de développement participatif pourrait être appliquée en vue de définir et élaborer en commun les types d'activités suivants :

Une attention particulière doit être accordée à la participation des femmes et des organisations féminines au service des communautés rurales.

Une approche de la communication pour le développement de la FAO serait cruciale dans la formation, la mise à disposition des informations et services de communications, le contenu des informations sur le développement agricole et rural.

Une attention particulière sera accordée à la liaison des télécentres aux médias locaux en vue de réaliser un "effet multiplicateur" et rendre ainsi l'information plus accessible à de plus vastes audiences et élargir l'accès local aux télécentres.

La FAO pourrait aider les partenaires nationaux et internationaux dans le suivi et l'évaluation des services, technologies, applications et contenu des télécentres en termes de résultats économiques, sociaux, institutionnels, d'informationnels, communicationnels et d'apprentissage et aussi en termes de performance, de rentabilité et de durabilité du projet pilote.

La communication pour le développement est une composante essentielle d'une approche intégrée qui réunit les différents acteurs ou partenaires dans le développement agricole et rural.

La FAO est partisan de l'approche de communication pour le développement depuis plus de vingt cinq ans. A travers des projets dans plusieurs pays, la FAO exécute des activités de communication pour le développement en se servant de médias tels que la radio rurale et la vidéo pour la formation paysanne dans les campagnes multimédias ; pour comprendre les réseaux de communication des paysans ; pour établir les liens entre les systèmes de connaissances agricoles, et en matière de vulgarisation participative des paysans.

L'EXPERIENCE DE LA FAO DANS LE CADRE DU TELECENTRE POLYVALENT COMMUNAUTAIRE DE TOMBOUCTOU

La région de Tombouctou est située dans la partie septentrionale du Mali. Les ruptures sont importantes entre les ressources naturelles disponibles limitées (eaux, terre, pâturages, forêts) et les utilisateurs : 461.956 habitants ainsi que 331.500 bovins. 2100.000 ovins/caprins,137.000 asins et 107 000 camelins.

La région compte six (6) cercles et occupe une superficie totale de 504.776 km2, soit 40% du territoire national.

Dans la région de Tombouctou, il n'existe aucun journal (quotidien, hebdomadaire ou mensuel), ni aucune publication spécialisée éditée et distribuée dans la région ; aucune chaîne de télévision ne produit et diffuse ses programmes dans la région de Tombouctou. Les publications et chaînes de télévision diffusées à Tombouctou sont donc conçues en dehors de cette région et ne tiennent pas compte des réalités de la région.

La mise en œuvre d'un projet pilote de télécentre communautaire polyvalent à Tombouctou vise cet objectif qu'est l'acquisition par les communautés locales résidentes de connaissances informationnelles et d'un système de communication efficace susceptibles de les aider à résoudre les problèmes de développement divers et spécifiques auxquels ils feraient face.

Le projet pilote de télécentre au Mali permettra à la FAO, en collaboration avec des organismes partenaires nationaux et internationaux, d'atteindre une plus grande audience d'utilisateurs, depuis les décideurs jusqu'aux vulgarisateurs et aux paysans, avec des informations actualisées sur la production agricole et le développement rural ; ces informations seront spécifiques au pays, pertinentes par rapport aux réalités locales et liées aux sources d'information générales. Ceci est conforme avec la mission de la FAO de renforcer et d'amplifier les circuits de l'information à destination ou à partir des pays membres.

Il s'agit désormais par l'opérationnalité du TCP (voire d'autres moyens de communication) de doter les communautés rurales et urbaines de Tombouctou de moyens/capacité de rechercher et trouver l'information (juridique, technique, économique, etc.) là où elle se trouve (niveau local, régional, national, international), de la traiter en fonction de leurs objectifs et projets propres, et de les diffuser entre les différents utilisateurs du milieu.

Les nouvelles technologies de l'information au service de la radio rurale

a) nouveaux contenus

Les thèmes et sujets qui feront l'objet de nos réflexions pendant 4 jours, tels que la sécurité alimentaire, l'information globale et l'alerte rapide, les informations agrométéorologiques, les prix de marché et les opérations après récoltes, pour ne citer que ceux là, ne sont vraiment pas si nouveaux que ça.

Je ne prendrai que deux exemples pour étayer ce constat : en 1992, le CTA et l'OMM ont organisé un atelier sur la radio rurale et la diffusion des informations agrométéorologiques

En 1996, grâce au sommet mondial sur l'alimentation, le thème de la sécurité alimentaire était sur les ondes des radios tant urbaines et rurales.

Mais aujourd'hui, combien de vos radios accordent un pourcentage important dans la grille des programmes à ces thèmes vitaux pour le développement agricole et rural durables ?

Pourtant dans l'évaluation des besoins en information et communication des populations, des communautés, ces thèmes sont notamment apparus comme importants, comme utiles.

C'est pourquoi, nous pouvons les considérer comme des nouveaux thèmes, pas tant à cause de leur caractère récent mais parce que nous envisageons de les mieux considérer, d'y réfléchir afin de nous engager à leur accorder un traitement conséquent en temps, en volume et en qualité, dû aux enjeux qu'ils contiennent pour la survie des communautés rurales.

b) nouveaux partenariats

De nos jours, de plus en plus de réseaux se créent entre les radios rurales dans le cadre de partenariats multiples.

Cette nécessaire concertation pour échanger des programmes, des idée, des méthodes, pour créer des centrales d'achat de pièces de rechange, montrent le besoin de rationaliser et de rentabiliser au mieux les initiatives et actions dans le domaines de la radio rurale ; il faudrait respecter les dynamiques et processus de collaboration en cours tout en opérant des ouvertures vers d'autres qui ont vécu les expériences de radio rurale qui sont menées ailleurs, par exemple en Afrique.

En ouvrant la coopération et la collaboration avec les radiodiffuseurs agricoles d'Amérique du Nord, l'occasion est offerte aux participants à l'atelier d'échanger sur les expériences tant du Sud que du Nord; de réfléchir sur les effets et conséquences de la mondialisation sur les radios rurales, sur l'impact de l'Internet sur la radio rurale et / ou agricole car les agriculteurs du monde entier sont demandeurs d'informations provenant de l'ensemble de la planète sur les grandes questions du moment et relatives au développement agricole et rural durables.

Il a été également et enfin noté le souhait de plusieurs radiodiffuseurs agricoles américains, de collaborer avec d'autres radiodiffuseurs ruraux ou non, d'Afrique.

VI- Conclusions

En conclusion, il faudrait se tourner résolument vers la recherche vigoureuse et concertée de solutions aux problèmes que rencontre la radio rurale ; ces problèmes restent encore ceux de la formation, des infrastructures et équipements, des statuts juridiques et des cahiers de charge des stations des radios rurales, de la recherche notamment sur les auditoires et sur l'impact des émissions, de la propriété de ces radios par les communautés, il faudrait privilégier l'option des radios locales de type communautaire, comme alternative démocratique dans le cadre du processus de décentralisation et du renforcement des capacités de contrôle et de gestion des populations.

Notre expérience mettra l'accent sur comment donner la voix aux auditeurs et auditrices, afin qu'ils expriment leurs besoins tout d'abord et leurs opinions et points de vues sur des thèmes qui correspondent aux besoins exprimés et recensés.

La question de l'accès aux sources d'information, que ce soit par des moyens classiques et traditionnels en termes de supports ou par des moyens modernes tels que les NTIC, ne devrait pas faire perdre de vue que l`utilisation effective d'une communication radiophonique visant à améliorer la sécurité alimentaire, demande tout d'abord une compréhension des connaissances et des besoins des paysans et des populations rurales, et ensuite l'application des messages et stratégies de communication appropriés.

L'accès aux sources nous semble aujourd'hui moins important que les contenus accessibles, et l'offre dans ce domaine que nous vous proposons à travers notamment le WAICENT, particulièrement sur les informations scientifiques et techniques, est importante.

Les programmes des radios rurales devraient donner plus d'importance aux thèmes et sujets relatifs au développement agricole et rural durable et à la sécurité alimentaire ; les sources d'information locales combinées avec les paquets scientifiques et techniques sur ces mêmes thèmes que nous offrent les potentialités des nouvelles techniques de l'information de la communication, permettraient de mieux disséminer l'information et les savoirs sur le développement agricole et rural durable.

 


1 CRDI, OMS, UNESCO, UIT

 

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