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EXPLOITATION ET UTILISATION DES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX

Mode d'approvisionnement

En Guinée, les populations récoltent gratuitement les PFNL dans les forêts et sur les arbres hors forêts pour la satisfaction de divers besoins.

Le ramassage ou la récolte de ces produits aussi bien pour l’autoconsommation que pour le commerce constitue pour elles une activité assez importante.

Ces activités sont génératrices de revenus pour plusieurs ménages. Elles se présentent sous deux formes :

Le produit est récolté et utilisé directement dans les transactions commerciales sans au préalable subir aucune transformation (fruits, miel, cure-dents,...).

Le produit est transformé après récolte avant d'être mis sur le marché (nattes, vans, mortiers,...).

Le circuit commercial peut être "court" ou "long". Dans le premier cas, le produit récolté et/ou transformé est vendu au village ou dans les marchés forains du terroir. L'activité est pratiquée par les villageois eux-mêmes le plus souvent pendant le creux de la saison agricole pour fournir un complément alimentaire ou de revenu familial.

Toutes les couches sociales des deux sexes et de tous les âges (plus de 7 ans) sont concernés par cette filière : enfants, femmes et hommes. Le transport se fait généralement à tête d'homme.

Dans le cas de la filière longue, interviennent principalement en plus des producteurs, les transporteurs et les commerçants ou distributeurs. Le produit est transporté des zones rurales vers les centres urbains.

L'étude du circuit d'approvisionnement entièrement géré par le secteur informel permet de distinguer deux catégories de vendeurs :

Ceux qui achètent et vendent les PFNL sans aller en dehors de leur lieu habituel de résidence ;

Ceux qui se déplacent pour s'auto-approvisionner directement en forêt ou pour acheter les PFNL dans les marchés hebdomadaires.

Ces derniers utilisent plusieurs types de véhicules : bâchées Peugeot, minibus Hiace, camions usagés...

Selon les informations recueillies à Conakry, plusieurs vendeurs de plantes médicinales peuvent s'associer pour louer les services d'un transporteur. Dans ce cas, le transport des PFNL est exclusif des autres produits.

Généralement, les PFNL sont transportés dans des véhicules du trafic commun de personnes et de marchandises diverses.

Le commerce de la plupart des PFNL n'est pas exclusif d'autres marchandises : le beurre de karité est souvent vendu avec l'igname.

Utilisation des PFNL

Les forêts et les arbres hors forêt contribuent à la sécurité alimentaire et à l'amélioration des revenus des ménages dans les villes et les campagnes. Ils fournissent de multiples produits qui connaissent les utilisations les plus diverses : nourriture, médicament, matières premières pour l'artisanat, fourrage, et autres (colorants, gommes,...).

 

Nourriture

Plusieurs espèces "sauvages" jouent un rôle essentiel dans l'alimentation des ménages surtout pendant la période de soudure (juillet, août). Leur utilisation varie d'une zone à une autre. Des études doivent être entreprises pour connaître le nombre d'espèces des écosystèmes forestiers utilisées dans l'alimentation en Guinée, les différents organes consommés par espèce et sous quelles formes.

 

Miel

Le miel est très apprécié pour l'alimentation. Sa production, en nette progression, se modernise et le circuit commercial s'organise.

En Guinée, le miel est un produit qui remplace le sucre. Il est très utilisé au mois de carême musulman en milieu rural et rentre dans la fabrication de plusieurs médicaments traditionnels.

Le miel est récolté dans les villages par des jeunes assez courageux qui supportent les piqûres des abeilles. Les récolteurs utilisent le feu et peuvent provoquer accidentellement des incendies aux conséquences désastreuses pour les forêts.

La production traditionnelle de miel s'améliore progressivement avec l'introduction des ruches kenyanes dans le cadre de la mise en œuvre de plusieurs programmes et projets de développement rural.

De plus, la diffusion des techniques de l'apiculture sans feu contribue à réduire les risques de feu de brousse. L'excédent de miel produit dans les villages est vendu à des commerçants provenant généralement des centres urbains. La filière d'approvisionnement comprend principalement les producteurs, les transporteurs et les distributeurs. A noter que le transport et le commerce du miel ne sont pas exclusifs des autres produits.

Sur les marchés, on distingue le miel pur et le miel dit brûlé.

Le miel "brûlé", une fois récolté à l'aide du feu est mélangé avec un peu d'eau, bouilli et décanté pour enlever les impuretés.

Le miel pur obtenu de l'apiculture sans feu coûte à Conakry 2500-3000 FG le litre contre 2000-2500 FG pour le miel "brûlé".

Le miel est vendu dans des emballages de différentes capacités : 250 ml, 500 ml, 1 l, 2 l, 2,5 l, etc.

 

Vin de palme, de raphia et de rônier

Le vin est consommé dans toutes les régions naturelles de Guinée. Il est obtenu à partir de la saignée du palmier (Elais guineensis), du rônier (Borassus aethiopum) et du raphia (Raphia sudanica et R. nilotica). Le vin de palme est récolté en Basse Guinée et en Guinée Forestière, le vin de rônier au nord de la Moyenne Guinée et le vin de raphia en Guinée forestière.

T.O. DIALLO et Col. (1998) rapportent que la récolte du vin de rônier en pays Koniagui au nord de la Guinée se fait en toute saison pour des raisons économiques. Chaque récolteur travaille avec un transporteur chargé d'acheminer le vin à une vendeuse identifiée d'avance.

Si le transporteur a un vélo personnel, il a droit à deux jours de récolte sur cinq. S'il le loue, le propriétaire du vélo bénéficie d'un jour de récolte sur ses deux jours.

En Guinée forestière, B. H. Onivogui rapporte dans le cas du transport à tête d’homme que la production de vin de palme ou de raphia est équitablement repartie entre le récolteur et la vendeuse : un jour de récolte pour l’un et un jour pour l’autre. La vendeuse achète sous le pied à la moitié du prix pratiqué dans les centres de consommation.

Quand le vin est transporté dans de vieux camions, des taxis, des bâchés ou dans tous autres véhicules disponibles, le récolteur et le vendeur s’associent à part égale pour payer les frais de transport. Selon la distance à parcourir, le coût de transport d’un bidon de 20 litres varie entre 100 à 500 FG.

Le contrat liant la vendeuse au récolteur a l’avantage d’assurer à ce dernier l’écoulement de la totalité de sa production. En outre, la récolte du vin est une activité secondaire : le vin récolté est déposé dans un lieu connu de la vendeuse, ce qui permet au récolteur de vaquer à ses occupations.

La commercialisation du vin est l’activité principale de la vendeuse. Celle-ci est exposée à la concurrence de ses pairs et peut parfois se retrouver avec des quantités invendues.

Dans les plantations privées existantes de Raphia nilotica, le pied est vendu à 5 000 FG quand il atteint la maturité à l’âge de 7 ans c’est-à-dire à mesure de produire du vin. Ce qui se confirme par l’apparition de 3, 4 ou plus de bourgeons.

A noter que le raphia est saigné à mort pour produire du vin pendant 2 à 4 mois et ce, avant l’apparition des fleurs.

Raphia nilotica est cultivé non seulement pour produire du vin mais aussi pour ses multiples usages : plafonds, corbeilles, sacs, nattes, parasols, paniers, etc.

Par ailleurs, le rapport annuel d’activités du poste de contrôle situé au Km 36 de Conakry note que pour la période allant du 1er janvier au 30 septembre 1999 un volume total de 688 000 litres de vin de palme repartis entre les axes de Coyah (270800 l) et de Dubréka (417 200 l) a été transporté à Conakry pour consommation. Pour la période allant du 1er janvier au 30 juin 2000, cette quantité est de 287700 litres dont 75700 litres pour l’axe Coyah et 212000 litres pour l’axe Dubréka.

KARITE (Vitellaria parkii)

Comme il n'existe pas de plantations de karité en Guinée, c'est dans des formations naturelles que les noix à maturité sont ramassées ou cueillies en secouant l'arbre. Elles sont mises en terre selon A. K. KEITA pendant au moins une semaine pour faciliter le dépulpage. Les noix dépulpées sont lavées, séchées (au soleil) 24 heures durant et concassées pour en extraire les amandes. Celles-ci sont broyées et exposées au soleil. Après, elles sont pilées, frites et pétries sur des pierres plates avec des cornes de bœuf ou du bois confectionné à cet effet.

La pâte résultant de ce traitement est bouillie et remuée de temps en temps pour permettre la remontée à la surface du beurre qui est recueilli et versé dans des récipients. Une fois refroidie, elle est agitée de manière continue jusqu'à ce qu'elle acquière une coloration blanchâtre avant d'être mis dans des récipients de forme spécifique contenant un peu d'eau pour solidification complète. Finalement, on obtient des boules appelées léfa (en malinké) pesant 4 ou 5 kg prêtes à être emballées dans des feuilles de Cordia cordifolia pour la conservation ou pour la vente.

La principale région productrice de karité en Guinée est la Haute Guinée d'où il est acheminé vers les centres de consommation.

Un sac de 50 kgs est transporté sur le trajet Kankan-Conakry à 1000 FG (700 km environ). A Kankan, 1kg de beurre coûte 1000 à 1500 FG le kg.

A Conakry, le beurre est généralement soumis par les commerçants à un traitement destiné à éliminer les impuretés avant d'être mis sur le marché. Il se vend surtout en saison sèche quand souffle l'harmattan en Haute Guinée et en Moyenne Guinée et le prix du kg varie de 1700 à 2000 FG.

Le commerce est tenu à la fois par les hommes et les femmes dont l'âge moyen est supérieur à 30 ans.

Le beurre de karité est la principale ressource lipidique dans les zones sahéliennes. Il est la matière grasse pour la cuisson, la fabrication de produits cosmétiques, du savon,... Il est utilisé comme onguent médicinal et de moins en moins pour l'éclairage.

Le beurre est commercialisé avec d'autres produits tels que l’igname, la gomme arabique, etc.

L'exportation du karité vers la Sierra Leone a fortement été perturbée ces dernières années avec l'éclatement de la guerre dans ce pays voisin en 1991.

Le PAFT (1988) fournit pour le beurre de karité les valeurs suivantes :

consommation : 150 millions de FG (dont 100 millions en autoconsommation) ;

production : 120 millions de FG

 

Noix de Cola (Cola nitida)

L'arbre de la cola appelé colatier produit des cabosses qui s’entrouvrent généralement à maturité pour laisser apparaître les noix.

Les cabosses sont le plus souvent cueillies à l'aide d'une gaule ou ramassées dans de rares cas. Après extraction des noix, celles-ci sont trempées dans l’eau pendant au moins une journée pour faciliter leur dépulpage.

Les noix sont exposées dans un lieu aéré avant d'être triées et emballées généralement dans des feuilles de Mitragina stipulosa placées à l'intérieur de paniers artisanaux spécialement confectionnés à propos. Ces emballages sont connus en malinké sous le nom de "pagna". Dans le commerce, les sacs vides de riz sont de plus en plus recyclés pour le transport des noix de cola.

Le circuit commercial comprend au niveau des villages des acheteurs ou collecteurs qui, après avoir réuni des quantités importantes, peuvent soit attendre les périodes de soudure pour les vendre soit les rétrocéder aux commerçants des marchés forains ou directement à ceux des centres urbains.

A Conakry, les noix de cola coûtent entre 50-250 FG selon la qualité. Certains sacrifices exigent des noix aux caractéristiques spécifiques et peuvent alors être vendues jusqu’à 1000 FG l'unité.

Le commerce des noix de cola constitue une activité principale pour un nombre non négligeable de petits détaillants et de grossistes installés dans les marchés urbains. Il est généralement tenu par des hommes. Dans l'un des secteurs du marché de Madina, dix (10) marchands ont été dénombrés.

La Guinée importe la cola de la Sierra Leone et en exporte vers le Sénégal et le Mali.

Aucun chiffre concernant le volume de ces transactions n'est disponible.

Faute de données, le PAFT (1987) a estimé :

qu’un peu moins de ½ de la population consomme 1 noix par semaine, ce qui parait en dessous des pratiques habituelles, et

que la quantité exportée vers le Mali et le Sénégal était de même ordre de grandeur.

Quantités en milliers de noix

Consommation

nationale Exportation

150.000 à 200.000

200.000

Source : PAFT - Guinée (1988)

Par ailleurs, les utilisations de la cola sont nombreuses et variées.

Au plan socioculturel, les noix de cola sont un signe d'amitié, et d'hospitalité. Elles sont offertes à l'étranger par son hôte pour renforcer leurs relations.

A l'occasion des cérémonies de baptême, de mariage ainsi que lors des sacrifices rituels, des bénédictions sont dites autour de quelques noix de cola.

De plus, quand deux personnes ou plus doivent sceller un pacte, elles croquent la cola en jurant de rester fidèles aux engagements pris.

Dans les familles, une querelle finit autour de la cola.

Pour le voyageur, une noix de cola dans un verre d'eau accompagnée de quelques versets du Coran est un sacrifice rassurant qui apporte la chance et le bonheur.

La cola est un stimulant dont la consommation n'est pas i nterdite par la religion musulmane. Ce qui fait que les consommateurs sont nombreux. Leur nombre est important en milieu rural et pourrait concerner plus de 50% de la population.

Malgré son importance, les plantations pures de cola sont rares et ne couvrent que de très petites superficies en Guinée Forestière. Pour l'ensemble du pays, les colatiers sont mélangés aux caféiers auxquels ils procurent de l'ombrage. Ces kolatiers appartiennent à des familles qui, généralement se contentent de récolter et d'entretenir les plantules qui apparaissent ici et là en forêt.

Cependant, dans certaines zones, de nouvelles plantations voient le jour.

 

Fruits sauvages, graines, feuilles et fleurs

Xylopia aethiopiea fournit des graines fortement poivrées qui sont utilisées comme épices. L'amande de la graine de Vitellaria paradoxa permet de produire le beurre de karité qui est la principale ressource lipidique dans les zones soudaniennes.

Les graines de Pterocarpus santaliniodes, Sterculia setigera, Borassus aethiopum, Parinari curatellifolia, Piliostigma thonningii, .... sont comestibles. Il en est de même des noix d'Anacardium occidentale et de Cola nitida.

Les fruits de Parinari excelsa ont un goût sucré et sont prisés par la population. Ils sont ramassés au sol pour l'autoconsommation et pour la commercialisation. Il en est de même du Dialium senegalense dont les fruits sont très riches en vitamines. Anisophylla laurina produit des amandes acidulées beaucoup consommées en Basse Guinée où elles sont parfois mises en conserves. Le péricarpe et l'exocarpe des fruits de Raphia soudanica sont comestibles. Plusieurs essences comme Adansonia digitata, Annona senegalensis, Anogeissus leiocarpus, Artocarpus altilis, Blighia sapida, Borassus aethiopum, Bridelia ferruginea, Bridelia mierantha, Cajanus cajan, Grevia mollis, Moringa oleifera, Piliostigma thonningii...., sont appréciées pour leurs graines comestibles. Elaeis guineensis est beaucoup sollicité par la population pour ses huiles (de pulpe et d'amande).

Les jeunes feuilles de Moringa oleifera sont utilisées pour cuisiner des sauces et mangées crues comme salade. Elles contiennent de 5 à 10% de protéine et sont très riches en vitamines A et C, en sels minéraux tels que le calcium et le fer. Comme autres essences dont les feuilles sont comestibles, on peut citer : Adansonia digitata, Albizia zygia, Alchornea cordifolia, Ceiba pentandra, Daniellia oliveri, Pterocarpus santalinoides, etc. Les fleurs de Moringa oleifera sont utilisées pour cuisiner des sauces.

En Guinée, l'infusion des feuilles de Combretum micranthum (quinquéliba) sous forme de tisane est couramment utilisée pour le petit déjeuner après addition de quelques morceaux de sucre.

 

Viande de gibier

Quoiqu'il soit difficile de trouver des données chiffrées sur l'exploitation de la faune sauvage en Guinée, il est indéniable que la viande de gibier contribue pour une part importante à l'apport protéique chez la plupart des guinéens, notamment, en milieu rural. La viande de gibier est non seulement utilisée pour l'autoconsommation familiale, mais aussi, elle est de plus en plus fréquente sur les marchés des grands centres urbains où des filières bien organisées voient le jour.

L'approvisionnement de la ville de Conakry en viande boucanée est généralement assuré par des femmes qui se déplacent vers les zones giboyeuses, notamment Koundara, Gaoual, Boké, Télimélé, Tougué, Dinguiraye et Mali pour s'en procurer.

La presque totalité des habitants de ces préfectures ne consomment pas la viande de primates et de suidées. Ce qui a largement contribué dans le passé à l'augmentation des populations de ces espèces dans la région.

Il s'agit des cercopithèques, des cynocéphales, des patasses, des hylochères, des potamochères, des phacochères qui sont actuellement les plus chassés en raison du développement de la chasse commerciale.

La saison sèche est la période la plus favorable pour ces groupes de braconniers de camper pendant 4 à 6 mois en forêt. Ils abattent toutes les espèces de suidées et de primates rencontrées (y compris les chimpanzés pourtant intégralement protégés par le code guinéen de la faune).

Pour la commercialisation, les chasseurs établissent des contrats d'approvisionnement avec des acheteurs dans la ville la plus proche ou avec des femmes en provenance principalement de Conakry ou de N'Zérékoré. Ces dernières peuvent fournir des munitions dont la valeur est déduite du prix de cession de la viande boucanée.

D'autres espèces comme le guib harnaché, le céphalophe à flanc roux, les rongeurs (porcs-épics, aulacodes,...) font également l'objet d'un commerce actif. Leur viande est prisée et souvent réservée à une clientèle sélecte.

Il n'est pas rare de rencontrer le long des routes nationales du gibier à poils ou à plumes (francolin surtout) suspendu pour la vente.

Aucune donnée fiable n'est disponible au niveau national sur les quantités commercialisées et les apports financiers de ces transactions.

Entre 1994-1998, le Parc National du Haut Niger a mené des enquêtes sur la commercialisation de la viande dans les préfectures de Faranah, Kouroussa et Dabola. Ces données n’ont pu être incorporées dans le présent rapport. L’oisellerie est une activité bien structurée et réglementée qui procure des revenus substantiels aussi bien à de nombreuses familles qu'à l'Etat qui perçoit des taxes et redevances.

Le tourisme de vision et l'écotourisme sont en état de balbutiement.

 

Autres

Diverses variétés de champignons destinées à l'alimentation humaine sont récoltées en forêt ainsi que certaines espèces animales qui ne sont pas considérées comme gibiers tels que les escargots, les chenilles, etc.

 

Médicaments

La pharmacopée traditionnelle s’exerce sous deux formes principales :

la forme non lucrative qui concerne les prélèvements directs et gratuits effectués par les ruraux pour la satisfaction de leurs besoins personnels : il existe plusieurs espèces d’herbes et d’arbres médicinaux connus de tous que chacun peut aller récolter directement et gratuitement dans la forêt en cas de nécessité ;

la forme professionnelle et lucrative, que l’on peut qualifier de forme moderne de la médecine traditionnelle est surtout développée dans les centres urbains. La récolte porte sur les différents organes (écorces, racines, feuilles, fleurs, fruits, fruits, graines) des plantes «sauvages »

Le matériel utilisé pour la récolte est identique à celui employé pour les travaux champêtres ou ménagers : couteau, coupe-coupe, hache, daba (pour déterrer les tubercules ou les grosses racines), les gaules, etc.

Les récolteurs agissent sur les organes végétatifs (racines, tiges et feuilles) et reproducteurs (fleurs, fruits, graines) qui sont prélevés tous les jours sans aucun souci de remplacement et de règle adéquate d'accès pour une gestion durable.

Les techniques de cueillette pratiquées exposent les plantes aux maladies et attaques d'insectes ravageurs (criquets, termites, chenilles, etc.), provoquent parfois la destruction de leurs organes ou même de la plante entière

Les vendeurs de plantes médicinales installés dans les marchés de Conakry sont de véritables professionnels. Une majorité parmi eux exerce depuis plus de dix (10) ans. Toutefois, ces vendeurs ne sont pas toujours des guérisseurs. Leur âge moyen se situe entre 30 et 70 ans.

La plupart des vendeurs de plantes médicinales pratiquent l’auto-approvisionnement dans les formations naturelles sans aucune obligation pour eux de payer une redevance forestière. La zone de récolte pour ceux résidant à Conakry se situe principalement dans un rayon de 50 km bien que la distance à parcourir puisse parfois atteindre 300 km ou plus. Pour les espèces végétales endémiques des zones écologiques éloignées de la capitale, l’approvisionnement se fait généralement à l’achat.

Les produits sont transportés dans des véhicules du trafic commun des personnes et de marchandises diverses. Selon les informations recueillies à Conakry, plusieurs vendeurs de plantes médicinales peuvent s’associer pour louer les services d’un transporteur. Dans ce cas, le transport des PFNL est exclusif des autres produits. Les vendeurs les plus âgés ne font pas le déplacement. Ils s’approvisionnent à l’achat auprès des grossistes à des prix fort intéressants. Par exemple, trois attaches de feuilles de 300 g environ leur sont cédées à 100 FG alors qu’ils revendent une attache à 100 FG.

A noter que les racines coûtent plus chères que les autres organes des arbres, les récoltes demandant plus de travail. En général, 300 g de racine coûte 200 FG.

Les différents organes (écorces, racines, feuilles, fleurs, graines,....) des plantes "sauvages" sont utilisés dans la pharmacopée. L'écorce du tronc et des racines de Lophira lanceolata est employée pour soigner la toux et les maladies pulmonaires, gastro-intestinales et contre le paludisme. L'infusion de l'écorce est une lotion de la bouche contre les maux de dents, elle est d'usage interne contre la lèpre ; sa décoction est utilisée contre la jaunisse.

Pour ses propriétés diurétiques, la tisane de quinquéliba est utilisée contre la fièvre bilieuse accompagnée de vomissement et contre les troubles de foie. La décoction froide de ses racines sert de vermifuge et de lotion pour les plaies. La décoction des racines de Entada africana est un stimulant et un fortifiant.

Les graines de Terminalia macroptera sont utilisées contre la migraine. Les graines de Uvaria chamae broyées avec celles de Piper guineense sont frictionnées sur le corps contre les rhumatismes. Le miel rentre dans la préparation de plusieurs médicaments chez les tradithérapeutes. La liste est longue et pratiquement toutes les plantes rencontrées et autres produits non ligneux de la forêt ont un usage dans la pharmacopée sous une forme ou une autre.

Des informations en la matière sont données dans le tableau en annexe extrait du rapport intitulé «Classification traditeurapeutique des plantes rencontrées dans la forêt classée de Bambaya (Kissidougou) » préparé par M. O. Traoré (1999).

 

Cure – dents

Les jeunes rejets de Lophira lanceolata sont largement utilisés comme brosses à dents dans les villes et dans les campagnes.

Ils sont récoltés directement en forêt pour autoconsommation par les populations rurales. Dans les centres urbains, c'est le système d'approvisionnement à l'achat qui prévaut.

A Conakry, la filière comprend les grossistes qui se rendent dans les préfectures proches de la capitale dans un rayon ne dépassant généralement pas les 300 km pour s'auto-approvisionner directement dans les formations forestières. Ils ne sont soumis au payement d'aucune redevance forestière. Un fagot de cure-dents d'environ 400 bâtons est transporté à 1000 FG sur le trajet Maférinya-Conakry (75km). Il est cédé en gros à raison de 5 bâtons à 100 FG.

Les détaillants revendent le bâton à 50 FG/l'unité. Parmi eux, certains sont ambulants et parcourent quotidiennement les quartiers pour écouler leurs produits.

D'autres préfèrent se fixer aux abords des marchés ou au niveau des carrefours très fréquentés. Les quantités commercialisées sont importantes. Le PAFT (1987) admettait les niveaux de consommation suivante :

adultes urbains (800 000), 75% des personnes en utilisent un bâton par semaine, soit 31,2 millions de bâtons par an ;

adultes ruraux (3000 000) 50% des personnes en utilisent un bâton par semaine, soit 78 millions de bâton par an.

Ces hypothèses paraissent pour le moins contradictoires en ce sens que le pourcentage des populations rurales utilisant les bâtons masticatoires est nettement plus élevé que celui des centres urbains et pourrait même dépasser les 80%.

 

Matières premières pour l'artisanat

Les articles utilitaires à usage domestique sont les plus divers et nombreux : lits, nattes, vans, balais, paniers, pilons, mortiers, louches, manches d'outils, contre-fauteuils, sacs, hamacs, meubles divers, instruments de musique, instruments de décoration et de culte, etc.

Ces produits sont récoltés et/ou fabriqués aussi bien pour l'auto-usage que pour le commerce, tant en milieu rural que dans les centres urbains. Entre autres essences utilisées, peuvent être citées : Raphia sudanica, Raphia nobilis, Bombax costatum, Borassus aethiopum, Rauvolfia vomitoria, Ceiba pentandra, Hexalobus monopetalus, ... Le bois de Prosopis africana est recherché par les artisans d'art pour la fabrication de sculptures, de touches de balafrons, de masques, etc.).

Les pagnes teints en Guinée avec de la matière colorante obtenue de Indigofera sp. sont très réputés sur le marché ouest africain.

 

Rotin

Le rotin, un palmier à épines grimpant ou rampant, est exploité en Guinée pour la subsistance et le commerce à des fins multiples : meubles, médicaments, aliments ; articles domestiques à usage divers, flûtes,...

Selon les informations recueillies à Conakry auprès des artisans et des exploitants, le circuit commercial se présente comme suit : L’approvisionnement en matière première des artisans est assuré par des exploitants résidant dans des villages sur la base de contrats préalablement établis entre les deux parties.

On distingue deux cas de figure :

La coupe et le transport jusqu’au lieu de transformation sont entièrement à la charge de l’exploitant (ou fournisseur) ;

Le fournisseur est chargé uniquement de la coupe et du stockage au bord d’une route carrossable, le transport étant assuré par l’artisan. Ce cas est surtout spécifique au Centre Artisanal de Bambou et de Rotin (CABR) de Conakry qui dispose d’un véhicule.

Dans les villages riverains des zones riches en rotin, l’exploitant négocie directement avec la notabilité à qui il remet une somme forfaitaire appelée ‘’prix de la cola’’ dont le montant varie de 5 000 à 15 000 FG en fonction de l’importance de la ressource.

Il recrute de jeunes villageois qu’il paye à la tâche à raison de 250 à 300 FG la tige de 2,5-3,5 m de long. Les tiges de 3-4 m sont par contre achetées à 300-400 FG par le CABR.

Le contrat avec les tacherons inclut le transport du rotin de la forêt au lieu de stockage bord route. Les tiges sont attachées en fagots de 20 à 30 unités. Les frais de transport sont fixés par fagot en fonction de la distance à parcourir. Sur le trajet Tanènè/Dubréka-Conakry (75km), le fagot revient à 1 500 FG tandis que sur le tronçon Macenta-Conakry, le fagot est transporté à 3 000-4 000 FG. Conformément à la législation en vigueur, le montant de la taxe forestière sur le rotin est fixé 100 FG/tige.

Les artisans de Conakry achètent la tige de 2,5 à 3,5 m de long à 400 - 700 FG alors que les tiges de 3 ou 4 m sont fournies au CABR à un prix qui varie entre 800 et 1 000 FG. Il faut 50 tiges de rotin pour fabriquer un salon composé d’un divan, de 4 fauteuils et d’une table e.

Les artisans de Conakry achètent la tige de 2,5 à 3,5 m de long à 400 - 700 FG alors que les tiges de 3 ou 4 m sont fournies au CABR à un prix qui varie entre 800 et 1 000 FG. Il faut 50 tiges de rotin pour fabriquer un salon composé d’un divan, de 4 fauteuils et d’une table d'apéritif pendant une durée estimée à 12 - 15 h/j.

 

Bambou

Le bambou est une graminée à tige ligneuse qui a l’apparence d’un arbre. Au CABR de Conakry, les activités de transformation portent principalement sur quatre (4) types de bambou : Bambusa aurea (plus petit), B. nigra (petit diamètre), B. mitis (moyen ), B. vulgaris (gros diamètre). La coupe des petits et moyens bambous est effectuée par une équipe du CABR dans la préfecture de Coyah où les plantations privées existantes ont été réalisées pour délimiter les domaines agricoles.

Pour ce faire, l’équipe du CABR négocie avec les différents propriétaires ou leurs représentants qui lui cèdent le chargement à 50 000 - 60 000 FG

On dénombre par chargement 600 tiges pour les bambous de plus petits diamètres et 300 à 400 tiges pour les diamètres moyens.

Les bambous de gros diamètre sont récoltés dans la forêt classée de Saraboli (Forécariah) sur autorisation préalable du service forestier préfectoral. Le chargement qui compte environ 200 tiges est livré à 80 000 FG.

Il n’y a aucune différence de prix entre les meubles en rotin et en bambou.

Nombreux sont les artisans guinéens qui utilisent le bambou pour fabriquer divers articles destinés soit à la consommation soit au commerce : lits, escabeaux, nattes, paniers, charpentes, plafonds,...

 

Fourrage

Les espèces forestières principalement consommées par le bétail sont : Vitex domiana, Vitellaria parkii, Uvaria chamae, Terminalia glaucescens, Sterculia tragacantha, Spondias mobin, Securidaca longepedunculata, Samanea saman, Rauvolfia vomitoria, Pycnanthus angolensis, Pterocarpus santalinoides, Pterocarpus erinaceus, Psendospondias microcarpa, Phyllanthus discoideus, Newbouldia Laevis, Khaya senegalensis, Gliricidia sepium, Dichrostachys glomerata, Daniella oliveri, etc.

 

Divers

Les extractions rentrent dans la gamme des PFNL et sont obtenues à partir de plusieurs espèces ligneuses. L'écorce de Syzigium guineense est riche en tannin, la mutilation de l'écorce de Sterculia setigera entraîne l’exsudation d'une gomme très utilisée dans la cuisine, les racines de Piliostigma thonningii pilées fournissent des colorants, etc. L'hévéa est largement cultivé pour son latex. La superficie des plantations industrielles d’hévéas réalisées par la société guinéenne de palmiers à huile et d’hévéas (SOGUIPAH) est de 4.577 ha.

Les essences qui produisent en abondance un nectar de haute qualité contribuent à l'augmentation de la production de miel. A Labé, dans la région de la Moyenne Guinée, le Carcarundé est cultivé pour son parfum. Le quinquina est planté à Macenta en Guinée forestière, pour son écorce dont l'extrait (sels de quinine) est utilisé dans l’industrie pharmaceutique.

Les arbres donnent de l'ombrage. Associés aux cultures, ils élèvent la productivité des terres. C'est le cas de Parkia biglobosa qui fixe l'azote. Ils permettent de lutter contre l'érosion et assurent la protection des sols (exemple Nauclea latifolia). Les clôtures, les haies de délimitation, les brise-vent se font avec des espèces "sauvages" comme le Pycnanthus angolensis.

Le bois de Prosopis africana est planté au milieu de la cour dans les concessions pour désigner un point sacré ou pour signifier la baraka.

 

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