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TENDANCES PASSEES ACTUELLES ET FUTURES DE LA CONSOMMATION, DE LA COMMERCIALISATION ET DE L'EXPORTATION DES PFNL

Dans le passé, les PFNL ne faisaient pas l'objet de transactions commerciales. Toutefois, le troc était de pratique courante dans la société traditionnelle africaine.

Le caractère commercial de l'exploitation des PFNL commence avec la colonisation. Pendant cette période, l'une des premières ressources naturelles génératrices de devises découvertes en Guinée française fut le caoutchouc. L'administrateur NOIROT fonda en 1897 la ferme de Timbo (Mamou) où "on cherche le meilleur mode de propagation forestière des lianes à caoutchouc et c'est de Timbo que partirent les récoltes et coagulations convenables du caoutchouc".

Cette exploitation eut très rapidement un grand essor dans l'ensemble du territoire et singulièrement au Fouta et dans la région de Kissi. Des "Ecoles de caoutchouc" furent créées pour la reconnaissance des essences à latex, la saignée méthodique, la préparation des plaquettes et la multiplication des essences intéressantes.

L'essor de la traite du caoutchouc (avant la première guerre mondiale) s'est fait au détriment du développement de l'agriculture. Les mesures de protection circonstancielles édictées par l'administration coloniale pour éviter la destruction du caoutchouc conduisirent implicitement à limiter la déforestation.

A noter que la fourniture du caoutchouc pendant la deuxième guerre mondiale était obligatoire pour les populations autochtones et rentrait dans le cadre des efforts de guerre. En outre, selon les renseignements disponibles, la faune de l'Afrique Occidentale Française (AOF) a été exploitée de manière abusive.

Le piégeage, la chasse de nuit à la lampe avec les armes perfectionnées et de traite ont mis en péril des espèces particulièrement intéressantes. Le rapport officiel du bureau des affaires politiques de 1953 signale l'existence en AOF de 228 000 armes à feu, sur lesquelles il faut compter au minimum 30 000 armes perfectionnées et un bon millier d'armes rayées dont certaines à grande puissance. Les grands animaux ont presque' entièrement disparu sauf en quelques endroits rarement parcourus où ils étaient particulièrement abondants et où ils ont été protégés par leur habitat. Concernant les autres utilisations des PFNL, aucune donnée n'est disponible. Cependant, il ne fait pas de doute que les populations guinéennes ont toujours exploité ces produits pour la satisfaction des besoins les plus divers : alimentation, médicaments, fourrages, articles à usage domestique, etc.

La faible densité de la population et le niveau relativement bas des échanges à caractère commercial ont fortement influencé en ces temps, la préservation des ressources forestières. Dans un tel contexte, les prélèvements étaient sans doute destinés à autoconsommation et l'offre ne devrait pas être inférieure à la demande.

Actuellement, la situation se présente de manière différente. Les ressources forestières existantes sont mal connues : les données existantes sont anciennes, partielles et en général de fiabilité moyenne. Elles résultent d’extrapolations qui ne reflètent pas nécessairement la réalité.

Ces données, qu’elles soient historiques ou géographiques, qu’elles résultent d’estimations fondées sur des interprétations de photographies aériennes ou d’imageries satellites, confirment une diminution sensible des forêts depuis le débat du siècle et un état de dégradation généralisée des superficies boisées.

Plusieurs facteurs, dont la plupart lié à la croissance démographique, sont responsables de cette dégradation. On peut citer notamment l’agriculture itinérante et de rente, le surpâturage, les feux de brousse, l’exploitation commerciale du bois d’œuvre, d’énergie et de certains PFNL, l’exploitation minière, le développement des infrastructures (urbanisation, routes, barrages,...) et les migrations provoquées surtout par les guerres dans les pays voisins.

Ainsi, on assiste à :

Une diminution sensible des forêts denses humides au sud du pays, qui sont passées d’environ 800.000 ha en 1981, à moins de 700.000 ha en 1987, soit un recul de 132,5% ;

Une régression de la superficie des mangroves de 260.000 ha en 1981 à moins de 250.000 ha en 1990, soit une baisse de 3,8%, dont 120.000 ha seulement sont susceptibles d’une gestion forestière efficiente ;

Une réduction de l’étendue des forêts denses sèches de plus de 1.800.000 ha en 1979, à 1.600.000 ha en 1987, soit une diminution de 11,1 % ;

Une diminution de la durée des jachères qui sont passées de 15 ans à 5 ans dans certaines régions ;

L’éloignement généralisé des zones d’approvisionnement. En Guinée, 36.000 -40 000 ha de formations forestières disparaissent chaque année, ce qui touche directement le potentiel en PFNL.

En effet, les PFNL sont exploités aussi bien dans les forêts que sur les arbres hors forêt. Les quantités extraites actuellement de chaque type de formation ne sont pas connues.

Cependant, on estime que la physionomie forestière de la Guinée, n'a pas atteint un seuil de dégradation critique. La satisfaction des besoins en PFNL peut être assurée par le potentiel ligneux existant dans les forêts et sur les arbres hors forêts. Cependant, en raison de l'augmentation sans cesse croissante de la pression sur les ressources existantes, certains PFNL sont récoltés à des distances de plus en plus éloignées des habitations tandis que d'autres sont devenus extrêmement rares. Le tableau ci-après fournit la liste de quelques espèces végétales menacées de disparition :

Liste de quelques espèces végétales menacées de disparition

Espèces,

familles

Utilisations

Parties utilisées

Observations

Aframomum escapum

Zingiberacées

Toux

condiments, Feuilles

rare

Aframomum melegueta

Zingiberacées

adjuvant, palpitation cardiaque

graines

en voie d’extinction

Cassia sieberiana

Caesalpiniacées

Paludisme, fièvre, constipation, œdèmes

Racines, écorces de tige, feuilles

rare et en voie d’extinction par endroit

Cassia alata

Caesalpiniacées

Constipation, lèpre, blennorragie

datre, racines, feuilles

rare

Cochlospermum tincturium

Cochlosper macées

Accès fébrile, jaunisse

Racines

très récoltée au Fouta

Conyza aegyptiaca

Asteracées

Accès fébrile

Plantes entière

rare

Annona senegalensis

Annonacées

Accès fébrile fortifiant, fécondité

Résine

rare

Combretum micrathum

Combretacées

oedèmes, fièvre, indigestion, rhumatisme

Feuilles, fruits secs

Très récoltée au Fouta et rare en Guinée forestière

Erythrophleum guineensis

Caesalpiniacées

Tannerie

Ecorces

Très utilisée par les cordonniers peulhs

Nauclea latifolia

Rubiacée

gastro-entérites, parasitoses intestinales fièvres

Feuilles, fruits, racines, écorces de tige

en voie d’extinction

Source : rapport DNMT (2000)

La menace de disparition du rônier (une essence qui fournit plusieurs PFNL) dans la sous-région ouest africaine, a également fait l'objet d'un séminaire international à Conakry en novembre 1998. Concernant les tendances futures, on peut noter que faute de données fiables, une analyse du diagnostic global en termes de demande et d’offre en PFNL pour les années à venir pourrait se présenter ainsi qu’il suit :

Projection de la demande : les besoins en PFNL risquent de croître assez fortement en raison notamment :

Du croît démographique

De l’accroissement des échanges aux plans intérieur et extérieur dû à l’amélioration des infrastructures de communication ;

au développement progressif des petites entreprises,...

Projection de l’offre : les espoirs, quant à la couverture des besoins en PFNL, sont permis dans les 5 à 10 prochaines années malgré les menaces qui pèsent sur le potentiel existant. Cette hypothèse repose sur les principaux éléments suivants : .

Les conditions édapho-climatiques favorables ; .

La création et l’aménagement des parcs et réserves ; .

Le développement de la foresterie privée et communautaire ; .

Les résultats encourageants obtenus dans la lutte contre les facteurs de dégradation des ressources naturelles ; .

La prise de conscience de plus en plus notable de l’importance des PFNL dans l’économie nationale ; .

l’existence d’une politique et d’une législation forestière nationale,...

Au regard de ce qui précède, il est temps de prendre conscience des menaces qui pèsent sur les écosystèmes forestiers. Ainsi, chaque citoyen ne doit-il pas s’engager dans la voie d’une gestion durable des peuplements existants et contribuer à la reforestation.

 

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