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X. DEMANDE ET APPROVISIONNEMENT EN COMBUSTIBLES DOMESTIQUES

Le bois, le charbon de bois, le gaz butane, le pétrole et l'électricité constituent les principaux combustibles domestiques utilisés en Mauritanie. Au niveau des ménages, les combustibles ligneux et le gaz butane sont exclusivement les plus utilisés pour la cuisson des aliments, alors que le pétrole lampant est utilisé pour l'éclairage, et l'électricité pour l'éclairage, l'audio visuel, la réfrigération et la climatisation etc.

Le bois est de loin l'énergie la plus consommée par la majorité de la population. En milieu rural l'exploitation du bois mort est libre et autorisée pour les communautés rurales.

En milieu urbain le bois énergie passe par un circuit commercial bien organisé de distribution (charbon de bois), parce que devenu denrée rare. Une telle situation a engendré une forte pression sur le bois vert dont l'exploitation reste interdite.

10.1. Approvisionnement

10.1.1. Auto-approvisionnement rural en combustibles ligneux

Les bouleversements socio-économiques intervenus à la suite des dernières années de sécheresse, ont eu des conséquences néfastes sur les modes traditionnels d'organisations socio-économiques et sur les ressources naturelles.

Le mouvement de sédentarisation a occasionné certaines formes d'occupations de l'espace dont notamment :

l'urbanisation des villes existantes ;

l'extension ou la création de nombreux villages le long des axes routiers du pays.

En 1988, la population rurale était estimée à 1.026.00 habitants soit 56 % de l’effectif national du pays, alors qu'en 1996, elle ne représentait plus que 49%.

Dans la zone aride, la densité de la population considérée comme étant faible (environ 0,5 hbts/ Km²), est concentrée plus particulièrement dans les oasis.

Dans la zone Saharo-sahérienne, la densité des habitants avoisine 4,5 hbts / Km². Cette population s’adonne en majorité à l’élevage et l’agriculture (pluviale et de décrue).

La zone du fleuve (Sud Trarza, Sud Brkana, Gorgol, Guidimakha) ne couvre que 2% de la superficie du pays avec une densité moyenne de 20 à 40 hbts/km². C'est la zone où sont concentrées principalement les ressources ligneuses. La population rurale à majorité sédentaire pratique principalement l'élevage et l'agriculture irriguée.

Compte tenu de la classification zonale citée haut, les modes d'utilisation et d'approvisionnement en ressources ligneuses comme combustibles domestiques varient selon les systèmes de production et peuvent être repartis en deux composantes essentielles :

composantes nomades

composantes sédentaires.

 

10.1.1.1. Composantes nomades

Les campements nomades s'approvisionnent directement à partir des ressources disponibles généralement par ramassage du bois mort de manière diffuse et repartie sur de grandes surfaces.

Pour les campements ou villages dont la concentration humaine est faible (200-1000 individus) le ramassage du bois mort s'effectue dans les formations végétales par les jeunes et/ou les femmes et ne nécessite pas une mobilisation importante des usagers et généralement le bois mort ne fait pas l'objet d'un stockage important tant que la ressource est disponible et à proximité.

Le bois mort ne fait pas l'objet de mode particulier d'approvisionnement en raison de la mobilité de cette population. Il convient de noter que ce mode d'approvisionnement est qualifié de moins dévastateur.

 

10.1.1.2. Composantes sédentaires

Les longues années de sécheresse ont contribué à accélérer la sédentarisation des populations nomades. C'est ainsi que les villages et campements ruraux se sont multipliés et dans certains cas ont connu des extensions. Ce phénomène de sédentarisation s'est accompagné d'une adaptation au milieu et d'un changement dans l'occupation de l'espace.

Dans les agglomérations rurales plus importantes, le bois mort devient de plus en plus rare et les zones d'approvisionnement s'éloignent d’une façon vertigineuse en raison de l'exploitation diffuse des ressources ligneuses.

Les agglomérations rurales situées le long de la route de l'espoir ont elles aussi connu à leur tour des difficultés d'approvisionnement en bois dans les environs immédiats.

L'approvisionnement de ces agglomérations en bois est généralement assuré par tas sur dos d'ânes et charrettes si la distance à parcourir dépasse plus de 15 Km. Dans les cas où les zones d’approvisionnement en bois sont moins fournies en essences forestières, toutes les espèces ligneuses même de faible qualité calorifique (Calotropis procera, Combretum sp etc.) sont collectées pour être commercialisées.

Le bois est vendu par fagot, par tas, et par charge de charrette selon la localité et les revenus des ménages. Le prix moyen d'un fagot de bois est de 200 UM au niveau de la vallée, par contre il est de 400 UM dans la zone pluviale.

La vente du bois et dans une moindre mesure du charbon, procure des revenus et implique de plus en plus un nombre important d’acteurs (bûcherons-charbonniers).

 

10.2. Circuit de l’approvisionnement

 

Le circuit d’approvisionnement du bois et son dérivé charbon de bois est structuré ainsi qu’il suit :

(i) les exploitants charbonniers sont chargés au niveau des zones ouvertes à l’exploitation de la collecte et/ou coupe du bois destiné à la carbonisation, de la confection des meules (fours de carbonisation) et de la vente sur place du produit fini (bois ou charbon de bois). Ils sont payés au sac de charbon fourni ;

(ii) les intermédiaires se chargent de la collecte des sacs produits auprès des exploitants charbonniers pour les mettre à la disposition du patron charbonnier. Cette opération se déroule dans les zones d’exploitation ;

(iii) les patrons charbonniers constituent les professionnels permanents du secteur. Ils achètent auprès des intermédiaires et/ou exploitants charbonniers les stocks de bois ou de charbon de bois déjà en leur possession et disponibles à la vente ;

(iv) les transporteurs se chargent de véhiculer le produit (bois ou charbon de bois) vers les centres de distributions ;

(v) les commerçants grossistes achètent les chargements destinés aux centres de distribution ; et

(vi) les détaillants reçoivent les quantités distribuées par les grossistes pour être vendues aux consommateurs.

10.3. Exemples d’approvisionnements en milieu urbain et semi-urbain

10.3.1. Milieu urbain : cas de Kiffa

La ville de Kiffa est la capitale régionale de l'Assaba. Elle est située dans la zone sylvo-pastorale et compte près de 48.000 habitants. L'activité économique est principalement dominée par l'élevage et l'agriculture. Kiffa est également un important centre commercial et artisanal. Elle a été électrifiée le milieu des années 90.

 

10.3.1.1. Filière charbon de bois

La consommation de charbon de bois dans la ville de Kiffa est estimée à 1860 tonnes en 1998. L'ouverture récente de zones d'exploitation forestière dans le département de Kiffa a complément modifié le schéma d'approvisionnement de cette ville en charbon de bois.

La commercialisation de charbon de bois au détail et par sac se fait essentiellement dans les boutiques et dans des mini-dépôts et par des marchands ambulants. Les ventes moyennes mensuelles des mini-dépôts et boutiques sont respectivement de 20 et 15 sacs.

Les prix d'achat moyens de gros auprès des exploitants forestiers ou des grossistes varient entre 400 et 450 UM le sac de 30 kg. Les prix de vente par sac et au détail sont respectivement de 600 UM et de 30 UM le Kg.

Les revenus moyens générés par l'activité sont de 9.000 UM pour les gérants des dépôts et de 6750 UM pour les boutiquiers.

 

10.3.1.2. Filière bois

La consommation de bois de la ville de Kiffa est estimée à près de 3950 tonnes de bois. L'approvisionnement en bois est assuré par des grossistes disposant de leurs propres camions ou achetant des chargements de camions d'environ 2 tonnes. Le prix d'achat d'un chargement est de 7000 UM. Ces chargements sont ensuite répartis en 40 tas d'une cinquantaine de kg chacun. Le prix de vente d'un tas aux détaillants est de 200 UM.

Chaque tas est réparti par les détaillants en 10 petits fagots de 5 kg qui est vendu à 40 UM soit un prix moyen de vente de 8 UM/kg. Le bois est vendu en détail dans les marchés, les concessions ou par des vendeurs ambulants.

Les informations recueillies ne permettent pas malheureusement d'apprécier l'importance du volume d'activité des diverses catégories d'intervenants.

10.3.2. Milieu sémi-urbain : cas de Sélibaby

La ville de Sélibaby est la capitale régionale du Guidimakha. Sa population est estimée à près de 18.000 habitants. Le département de Sélibaby est situé dans la zone soudano-sahélienne avec un niveau pluviométrique moyen de 400 mm. L'activité économique est principalement dominée par l'élevage et l'agriculture sous pluie (céréales et arachides). L'agriculture irriguée est également pratiquée le long du fleuve dans le secteur de Gouraye situé au sud ouest de Sélibaby. La ville de Sélibaby a été électrifiée au milieu des années 90.

Le département est, depuis quelques années, le siège d'une intense activité de carbonisation et participe pour près de 63% à l'approvisionnement en charbon de Nouakchott et des villes du Nord. Cette activité génère des revenus de près de 166,5 millions d'UM dont une partie est dépensée localement par les charbonniers professionnels.

 

10.3.2.1. Filière charbon de bois

La filière charbon de bois a pris un essor phénoménal depuis l'ouverture récente de chantiers de carbonisation dans le département. L'approvisionnement de la ville qui était assuré par des artisans charbonniers est à présent contrôlé par des petits exploitants forestiers locaux. Les ventes mensuelles de charbon semblent être importantes (85 tonnes), mais il est probable qu'une partie de ces ventes soit acheminée sur Nouakchott. Le taux d'utilisation du charbon comme combustible principal de cuisson affleure les 50%.

 

10.3.2.2. Commerce de gros

Le commerce de gros est contrôlé par les petits exploitants forestiers qui ne produisent pas suffisamment pour acheminer leur production sur Nouakchott depuis les chantiers de carbonisation. Les dépôts de gros sont généralement installés dans les concessions et gérés en grande partie par des femmes, probablement celles des exploitants forestiers.

Le prix de vente moyen en gros est de 300 UM/ sac pour les mini-dépôts et de 350UM/ sac pour les boutiques.

 

10.3.2.3. Commerce au détail

Le commerce au détail est tenu par les gérants de mini-dépôts et par les boutiquiers. Les boutiques vendent généralement par sac, tandis que la vente au kg est prédominante dans les mini-dépôts.

Les volumes de vente moyens mensuels sont de 21 sacs pour les mini-dépôts et 40 sacs en moyenne par boutique. Le sac est vendu à 450 UM et le kg de charbon à 20 UM. Les revenus moyens mensuels des dépôts et Boutiques sont respectivement de 6.300 UM et 4.000 UM.

 

10.3.2.4. Filière bois

Le bois est approvisionné par de nombreux résidents disposant de charrettes et qui le commercialisent directement leur bois à domicile. Les chargements moyens des charrettes sont environ de 200 kg répartis en 40 petits tas de 5 kg chacun.

L'unité de volume est vendue à 20 UM. Les volumes mensuels de vente de ces occasionnels sont en moyenne de 400 unités. Les revenus tirés de cette activité approchent 8.000 UM.

10.3.3. Milieu semi-urbain : cas de Maghama

La ville de Maghama est le chef lieu du département et compte environ 7.200 habitants. L'activité économique est dominée par l'élevage et l'agriculture pluviale, de décrue ou irriguée.

Le département est depuis fin 1997, le siège d'une activité non négligeable de carbonisation et contribue pour près 6,2% à la satisfaction des besoins de Nouakchott et des villes du nord.

 

10.3.3.1. Filière charbon de bois

La filière charbon de bois est très faiblement développée dans la ville de Maghama bien que le département soit producteur de charbon. La quasi-totalité du charbon produit est acheminée sur Nouakchott.

L'approvisionnement de la ville est assuré par les particuliers à partir des chantiers de carbonisation ou à l'occasion du passage d'un camion de charbon. Le sac de charbon est vendu à 300 UM rendu Maghama, ce qui équivaut en moyenne à 10 UM le kg.

 

10.3.3.2. Filière bois

Le bois est le combustible le plus consommé à Maghama compte tenu de la disponibilité du produit et des habitudes ancestrales de cuisine.

L'approvisionnement en bois est assuré pour l'essentiel par des résidents disposant de charrettes tirées soit par ânes soit par chevaux et qui commercialisent le bois à domicile.

Pendant les périodes creuses, les exploitants occasionnels font le ramassage de bois en moyenne un jour sur deux. Les chargements sont répartis en tas d'environ 5kg et vendus à 20 UM.

Les volumes de vente et revenus mensuels moyens par exploitant sont de 600 unités correspondant à 12.000 UM.

 

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