Previous PageTable Of ContentsNext Page

XI. CONSOMMATION ET COMMERCIALISATION DU BOIS ET CHARBON DE BOIS

11.1. Consommation

11.1.1. Bois de feu

Le Programme Multisectoriel de Lutte Contre la Désertification (PMLCD) avait évalué la consommation urbaine de Nouakchott (800.000 hts/1988) à 51.400 TM en charbon et 442.000 TM de bois de feu.

Le bois de feu était avant les années de sécheresse, le combustible principal de cuisson pour la population mauritanienne. En réponse aux bouleversements sans précédents intervenus depuis les années 70 (sécheresse et désertification) et les mutations rapides qui les ont succédées, les habitants des centres urbains non familiarisés aux énergies de substitution (gaz butane, solaire, éolien, tourbe, pétrole lampant, etc.) se sont orientés vers la consommation du charbon de bois plus commode à transporter, à stocker et dont l'usage ne présente pas les inconvénients du bois (fumées, odeurs, lenteur d'allumage, risques et dangers dus aux étincelles, etc.).

La consommation de bois devrait baisser encore plus sensiblement sous l'effet conjugué d'une butanisation plus soutenue en milieu périurbain et rural, de l'utilisation du kérosène comme combustible de cuisson et de la promotion de foyers améliorés à bois. Le nombre de ménages utilisateurs de bois passerait de 186.000 TM (48 %) en 1990 à 120.000 TM (24 %) en 2000. La proportion de ces ménages se servant de foyers améliorés passerait de 0 en 1989 à 50 % en 2000.

La consommation de bois en tonne métrique pour les cinq dernières années s'établirait comme suit :

Année

Consommation totale

1995

348800

1996

340000

1997

326000

1998

312000

1999

396800

Source : (cf. Rapport National portant sur le Secteur des Energies domestiques en Mauritanie dans le cadre du Programme RPTES/ Dieng Mika Yéro et Cheikhna M’baré/ juin 1998).

11.1.2. Charbon de bois

La fabrication traditionnelle du charbon de bois en Mauritanie remonte à plusieurs siècles. Elle consistait à creuser une grande fosse où l'on enfouissait des morceaux de bois allumés pour entamer la carbonisation. Jadis, ce charbon servait pour les nomades à faire essentiellement le thé, et divers chauffages.

Les techniques modernes de carbonisation du bois en charbon de bois ont été introduites par les Français dès 1936-1938. Ainsi furent construits les premiers fours à meule traditionnelle française.

Une décennie plus tard, le fourneau malgache fut sa première apparition. En 1965 déjà, 100 exploitants spécialisés dans la fabrication du charbon ont été recensés dans la wilaya du Trarza (Keur-mour et Gani).

Le processus de la fabrication du charbon de bois suit plusieurs étapes dont notamment : coupe, récolte du bois mort, carbonisation, transport, stockage et vente. La capacité d’un four de carbonisation de charbon de bois peut aller jusqu'à 390 sacs de charbon.

Le charbon de bois constitue à nos jours la source d'énergie traditionnelle utilisée par la grande majorité des populations des centres urbains.

Hormis les consommations de Nouakchott, les études effectuées par le Projet Gestion Rationnelle des Ressources Forestières (PGRRF) au niveau de Rosso et Kaédi, font ressortir, sur la base de 0,33 kg/personne/jour pour le charbon de bois et 1kg/personne/jour pour le bois, les consommations annuelles suivantes, en considérant que la taille de la famille est de 9 personnes.

 

 

Localité

Population

Consommation en tonne

Bois

Charbon de bois

Kaédi

50.000

9.000

2.300

Rosso

40.000

2.400

3.500

Source : Estimation équipe Projet PGRRF

 

Les taux d'utilisation du charbon de bois devrait par conséquent décroître lentement à Nouakchott, mais par contre, croître légèrement dans les centres urbains et ruraux en raison notamment de l'éloignement progressif des zones de collecte de bois.

Le tableau ci-dessous donne l'évolution prévisible de la demande de charbon de bois en l'absence d'efforts accrus sur le plan de la butanisation, de la promotion du kérosène comme combustible de cuisson et de programme d'appui pour l'utilisation des foyers améliorés, pour les cinq dernières années.

 

Tableau : Consommation de charbon de bois en TM

Année

Consommation Totale

1995

72544

1996

74910

1997

78810

1998

82412

1999

86030

11.1.3.Gaz Butane

La consommation du gaz butane a connu dans la décennie 80, un développement spectaculaire s'imposant comme combustible principal de substitution au charbon de bois notamment à Nouakchott, Nouadhibou, Zoueratt, Atar, Akjoujt, Rosso et Boutilimit.

Entre 1981 et 1996, la consommation de butane a été multipliée par 16,42 passant de 900 à 15.676 TM. La disponibilité du gaz et des emballages, depuis le démarrage des activités de la SOMAGAZ a permis de soutenir vigoureusement jusqu'aux mi 90, la demande de butane malgré la suppression de la subvention butane en 1989.

Les enquêtes effectuées dans le cadre des études ESMAP ont permis d'estimer en moyenne à 125 Kg/mén/an les besoins en butane pour la cuisson.

Les mêmes enquêtes ont révélé que les ménages utilisant le butane comme combustible de cuisson (pas exclusivement) représentaient 27 % à Nouakchott, 73 % à Nouadhibou, 13 % dans les autres centres urbains et seulement 4 % dans les centres ruraux.

Le butane est utilisé comme combustible unique de cuisson par 13 % des ménages à Nouakchott, 37 % à Nouadhibou, 7 % dans les autres centres urbains et 2 % dans les centres ruraux.

On estime par ailleurs à 500 TM les besoins de réfrigération et d'éclairage couverts par le gaz butane. Ces besoins resteront à ce niveau jusqu'en 1993, date prévue pour l'achèvement du projet d'électrification des 13 villes, et seront marginaux par la suite.

Le tassement, de la demande de butane observé depuis juillet 1990, laisse présager des difficultés certaines à butaniser les ménages des autres centres urbains et surtout des zones rurales en l'absence de mesures qui pourraient inciter l'acquisition du premier équipement, voire sur les tarifs.

Depuis 1993, on note une baisse de croissance annuelle. Elle se maintient autour de 8% en zone nord, tandis qu’elle s’effondre en zone sud, atteignant 3,37% entre 1994 et 1995(tableau ci-dessous). (cf. Rapport National portant sur le Secteur des Energies domestiques en Mauritanie dans le cadre du Programme RPTES/ Dieng Mika Yéro et Cheikhna M’baré/ juin 1998).

Tableau : Evolution de la croissance annuelle des ventes de la SOMAGAZ

 

1992-1996

92

93

94

95

96

ZONE SUD

 

8.791

10.170

10.860

11.248

12.873

Croiss/an

Cs = 10%

 

16%

7%

4%

14%

ZONE NORD

 

2.100

2.349

2.547

2.740

3.006

Croiss/an

Cs = 9%

11%

8%

8%

10%

TOTAL

 

10.901

12.519

13.407

13.988

15.676

     

15%

7%

4%

12%

11.1.4. Kérosène

Le Kérosène est utilisé principalement pour les besoins d'éclairage dans les zones rurales, urbaines non électrifiées ou périurbaines. Bien que le kérosène ait été fortement concurrencé depuis peu par le butane sur le plan de la réfrigération dans les centres non électrifiés, la consommation de ce combustible estimée à 2466 TM en 1989, est restée à son niveau de 1980.

Les utilisateurs de pétrole pour les besoins de réfrigération et de cuisson resteront négligeables si aucune mesure politique n’est envisagée dans ce cadre.

L'évolution de la consommation (4,75 %/an) du pétrole est donnée au tableau ci-dessous

Tableau : Evolution Consommation Pétrole lampant

Années

NB, Ménages non Electrifiés

Consommation en TM

1998

424 483

1 393,52

1999

432 973

1 459,71

2000

441 632

1 529,04

Source : (cf. Rapport National portant sur le Secteur des Energies domestiques en Mauritanie dans le cadre du Programme RPTES/ Dieng Mika Yéro et Cheikhna M’baré/ juin 1998).

11.2. Commercialisation

La commercialisation de charbon de bois exige la localisation d’une zone à potentiel exploitable et la détention d'un permis de coupe qui autorise la fabrication et un permis de circulation pour faciliter la circulation du produit des zones d’exploitation aux points de distributions. Elle passe par un circuit commercial très complexe (grossistes, semi-grossistes, détaillants et autres acteurs).

11.2.1. Organisation de la filière

L'organisation de la filière de commercialisation de bois et son dérivé charbon de bois n'a pas fait l'objet d'études systématiques, cependant, elle a subi trois niveaux d’évolution :

1°/ une structure organisationnelle, mais timide, sous forme de pré-coopérative a pu voir le jour de 1981 à 1993. Cette structure avait pour but de préparer les charbonniers à une meilleure collaboration et entraide en vue de mieux profiter des zones ouvertes à l’exploitation du charbon et assurer une parfaite couverture des marchés urbains ;

2°/ en 1996 une tentative de création d’une structure organisationnelle chargée de gérer les intérêts des commerçants-charbonniers a échoué et ce particulièrement au niveau de la wilaya du Gorgol. L’objectif de cette organisation était de renforcer la pré-coopérative et lui donner plus de compétence.

3°/ Tout dernièrement (1997–1998) à Nouakchott, un secteur qualifié d'informel non structuré, s’est formé tacitement en dehors de toutes tentatives de création d’organisation des charbonniers. Ce secteur assez puissant s’est imposé dans le circ uit malgré l'absence de relations formelles et soutenues avec les entités officielles.

Les principaux acteurs de la filière bois et son dérivé charbon de bois restent les exploitants, commerçants, intermédiaires (grossistes, semi-grossistes, détaillants et bûcherons-charbonniers).

11.2.2. Gaz Butane

La filière de commercialisation du gaz butane est dominée par la Société Mauritanienne de Gaz (SOMAGAZ) qui stocke, conditionne et commercialise le gaz à travers tout le pays, exception faite pour Zouératt où un privé mauritanien a mis en service en 1977 un mini-centre d’emplissage.

Les principaux acteurs de la filière gaz butane sont les transporteurs enfuteurs, les commerçants grossistes et les détaillants.

Previous PageTop Of PageNext Page