XIV. ANALYSE DES TENDANCES PASSEES ET PRESENTES

L’énergie domestique revêt une importance capitale en Mauritanie dans la mesure où elle représente plus de 65 % dans le bilan énergétique national. Environs 85 % de cette énergie résulte de la biomasse comme combustible pour la cuisson des aliments, le chauffage et l’éclairage.

L’estimation de la consommation des combustibles ligneux, basée officiellement sur un chiffre de 0,6m3/habitant/an, donnerait une consommation nationale de 1.410.546 m3. En rapprochant cette estimation de la production totale ou offre nationale des capacités actuelles des formations forestières en bois (560.000 m3/an), il ressort nettement qu’elle est 2,5 fois supérieure à l’offre totale et 9,4 fois supérieure à la productivité des zones accessibles (150.000 tonnes/an).

En l’absence de statistiques fiables, la consultation de la documentation compilée à la DEAR en matière d’approvisionnement de la filière bois et son déviré charbon de bois, fait ressortir 5 Wilayas principales d’approvisionnement (Trarza, Brakna, Gorgol, Guidimakha et Assaba) qui sont à l’origine du ravitaillement des populations des grands centres urbains en énergies traditionnelles.

Les quantités prélevées de charbon de bois entre 1983 et 1986 variaient entre 11.000 à 16.000 tonnes/an. Le niveau moyen des rentrées contrôlées à Nouakchott en provenance de tous centres d’approvisionnement (Rosso, Boghé et Kaédi) se situaient aux environs de 12.500 tonnes/an, soit une rentrée journalière de 34 tonnes/jour (source FAO 1985).

Les prélèvements contrôlés des années 1993 à 1997, oscillent entre 38.720 à 103.400 tonnes (chiffres compilés à la DEAR). Une telle tendance montre grandement l’évolution rapide de la demande d’approvisionnement de la ville de Nouakchott en combustible ligneux compte tenu de sa taille démographique qui s’accentue de jour en jour.

Tableau : portant sur l’approvisionnement des 5 dernières années

Sur la base de 0,6m3/habitant/an (source DEAR) l’approvisionnement actuel de Nouakchott avoisine 480000 m3/an pour une population estimée à 800.000 habitants.

L'espèce exploitée pour la carbonisation du bois en charbon de bois est par excellence l’Acacia nilotica, secondée par le Piliostigma sp. A défaut de ces espèces, l’exploitant charbonnier, sans avoir le choix, utilise les premières essences qui se présenteraient à lui.

La population de la Mauritanie progresse actuellement selon un taux annuel d’environ 2,9%. L’une des conséquences immédiates de cette croissance démographique est l’accroissement sans cesse de la demande en produits énergétiques.

La pression, exercée sur les forêts mauritaniennes pour la satisfaction des besoins énergétiques, a eu des conséquences manifestes sur le milieu naturel ; notamment :

économique : baisse de la production du bois et de charbon de bois, diminution des revenus des exploitants, réduction de la productivité agricole, dépendance alimentaire et financière externes ;

écologique : érosion éolienne et hydrique, accélération du processus de la désertification, perte et disparition des espèces animales et végétales suite aux déséquilibres des écosystèmes naturels ;

sociale : exode rural avec ses effets sur l’urbanisation, dépeuplement des zones dégradées.

Le rythme, actuel de consommation de bois et de charbon de bois, très accentué dans les centres urbains et plus particulièrement à Nouakchott, risquerait, sans mesures urgentes de gestion soutenue, de compromettre l’avenir des maigres potentialités nationales en voie de régénération suite à la stabilisation de la pluviométrie les (5) cinq dernières années.

En ce qui concerne le gaz butane, la tendance évolutive considérée ici sera approximativement celle prévue dans le cadre du plan de développement de la SOMAGAZ de décembre 1989.

La demande de butane passerait ainsi de 15.680 TM en 1996 et à 18.820 TM en 1999 suivant un taux moyen de croissance 5% par an.

Source : SOMAGAZ