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III. LES RESSOURCES FORESTIERES

3.1. Composition

Au BURUNDI, les ressources forestières sont formées de boisements artificiels appartenant à l’Etat, aux communes et aux privés ; elles sont également composées de forêt naturelle (la KIBIRA), de réserves naturelles et autres aires protégées, des arbres hors forêt (zones diffuses boisées). L’agroforesterie représente environ 60.000 ha. Installés depuis 1978, les boisements artificiels ont été réalisés dans le cadre d’un vaste programme de reboisement entrepris par le gouvernement avec l’appui des bailleurs de fonds étrangers.

3.2. Les ressources forestières naturelles

Les formations forestières naturelles couvrent 127.600 ha. Leur répartition est en fonction des zones écologiques du pays :

A l’Ouest du pays, région de l’IMBO, on trouve quelques vestiges de forêt naturelle sclérophylle à Strychnos potatorum, Tamarindus indica, Euphorbia dawei ; des lambeaux de forêts subsistent, particulièrement l’association à Hyphaena ventricosa dans le parc de la RUZIZI, la partie sud comprend une forêt mésophyle périguinéenne de Kigwena le long du lac Tanganyika et sur les pentes surplombant la plaine on y retrouve des associations naturelles tropophiles à Brachystegia spp et Brachystegia spiciformis. Cette zone est actuellement érigée en aire protégée sous dénomination de réserve naturelle de KIGWENA, de grands arbres isolés sont encore visibles dans cette réserve à savoir Albizzia zygia, Albizzia gummifera et Anthocleista schweinnfuriithii (consultation FAO, 1999)

Sur les sommets des Crêtes du Mumirwa, une forêt ombrophyle (la KIBIRA), des galeries forestières submontagnardes, quelques restes de savane arbustive à Acacia et de forêt claire à Albizzia, Entada abyssinica, Protea madiensis subsistent sur une altitude comprise entre 1 100 et 1 600 m.

Au niveau des hautes collines du versant ouest de la Crête s’étend la forêt ombrophile afromontagnarde du Mugamba entre 1 600 et 2 000 m d’altitude.

Le versant Est de la crête (dans la région naturelle du Mugamba) est couvert par la KIBIRA. Elle fait partiellement la place aux Bambousaies dominées par l’Arundinaria alpina ; le long de la crête montre des vestiges de forêt naturelle afromontagnarde dominée par l’Entandrophragma excelsum, le Prunus africana, Parinari excelsa etc., le sommet de la crête est couvert par une végétation xérophile à Phillipia erica, Vaccinium, Agauria et Struthiola (consultation FAO, 1997).

Sur les plateaux centraux subsistent des vestiges de savane herbeuse et arbustive à éragrostis et des lambeaux de papyraies dans les marais.

A l’Est, des savanes arbustives et des forêts claires à Brachystegia couvrent les régions naturelles du Moso et du BURAGANE ; des savanes arborées du domaine interlacustre couvrent les régions naturelles de BWERU et du BUGESERA.

A l’Est comme au Sud du pays, les savanes renferment des arbustes tel que Albizzia antunesiana, Parinari curatefolia, Pericorpis angolensis, Hymenocardia acida etc. (NDABIRORERE, consultation FAO,1999).

3.3. Les formations forestières artificielles

3.3.1. Evolution des boisements publics

L’historique des formations forestières artificielles remonte au début du vingtième siècle. Les besoins en bois de feu se font sentir déjà en 1919 quand les paysans commencent à utiliser comme combustibles les déchets végétaux et la bouse de vache séchée.

A l’époque coloniale les premières plantations permettaient de protéger la forêt naturelle en fournissant du bois de chauffe qui antérieurement provenait de cette forêt, elles servaient également à protéger les terres agricoles contre l’érosion.

Les plantations étaient constituées d’arbres d’alignement plantés le long des axes routiers et quelques boisements communautaires dont la superficie dépendait du nombre de contribuables et la création des boisements communaux est obligatoire depuis 1931.

Dès 1948 la diminution des ressources forestières naturelles pousse les pouvoirs publics à mettre en place un service forestier chargé principalement de préserver les forêts naturelles et d’aménager les boisements économiques.

Ces boisements mis en place sous le joug colonial connaissaient des problèmes de gestion dès l’époque de l’indépendance. Chaque paysan cherche à s’approprier la part voulue et l’Etat n’est pas prêt pour imposer la loi afin d’en assurer la protection.

Quinze ans après l’indépendance, le développement du secteur forestier burundais atteint une étape importante. En effet, les superficies boisées avoisinent 90.000 ha soit près de 3 % du territoire national. La forêt tropicale de montagne représente 40.000 ha, les savanes arborées et les galeries, 25.000 ha ; les boisements artificiels : 20.000 ha ; les arbres hors forêt : 5.000 ha (Tableau n° 4).

Tableau N° 4 : PLANTATIONS FORESTIERES EN 1978

FORMATION

SUPERFICIE (HA)

Forêt tropicale de montagne

40.000

Boisements artificiels

20.000

Savanes arborées et galeries

25.000

Arbres hors forêt

5.000

TOTAL

90.000

Source : VAURON P. 1990

En 1989, la superficie des formations forestières artificielles est estimée à 52.000 ha composés de 16.000 ha de Pins, 17.000 ha d’Eucalyptus spp (dont 10.000 ha de boisements domaniaux) et 19.000 ha de Callitris et autres.

Ces réalisations rentrent dans le cadre du vaste programme de reboisement entrepris depuis 1978 par le gouvernement du BURUNDI avec l’appui des bailleurs de fonds étrangers (Tableau n° 5).

Tableau n° 5 : FINANCEMENT PAR BAILLEUR DE FONDS DANS LE SECTEUR FORESTIER (1976 –1995)

Bailleur de fonds

Total en Millions de F BU

Total en Millions de dollars

Type de financement

BM

2.586

17,9

Prêt

Burundi (actualisé)

1.060

10,2

Contrepartie

FED

776

6,0

Don

PSTP

765

5,5

Don

FAC

620

4,9

Don

Belgique

438

3,2

Don

FSD

231

2,2

Prêt

DIVERS

170

1,7

Don

BAD

260

0,9

Prêt

FIDA

150

0,5

Prêt

Source : NDIKUMAGENGE, 1997

L’objectif visé était de reboiser le pays jusqu’à 20 % du territoire national.

Les pouvoirs publics venaient de prendre conscience et faire face à la demande en perpétuelle croissance suite au développement démographique. En effet, le Symposium forestier de 1982, le deuxième du genre après celui de 1973 définit comme objectif la plantation privée de 300 arbres par foyer soit environ 200.000 ha de boisements familiaux 300.000 ha de boisements artificiels, 41.000 ha de forêts humides d’altitude et 15.000 ha de savanes boisées à protéger, soit environ 580.000 ha (20 % du territoire national, Tableau n° 6).

Tableau N° 6 : OBJECTIF APPROUVE PAR LE SYMPOSIUM FORESTIER DE 1982.

FORMATION

SUPERFICIE (HA)

Forêt humide d’altitude à protéger

41.000

Boisements artificiels : domaniaux et

communaux

300.000

Boisements privés et Agroforesterie

200.000

Savanes boisées à protéger

15.000

TOTAL

556.000

Source : Département des Forêts.

Près de 30 % des boisements serviraient de protection des eaux et des sols et 70 % de production du bois d’œuvre, de chauffe et de service.

A la fin des années 1980, le secteur forestier avait une avancée assez importante en impliquant les populations dans les activités de développement de ce secteur. L’approche participative était retenue comme modèle incitatif qui permet aux populations de participer activement sur le terrain et répondre à leurs besoins alimentaires, énergétiques et autres.

En 1992, les boisements artificiels domaniaux et communaux couvrent environ 95.000 ha et la couverture forestière totale atteint environ 210.000 ha soit près de 8 % du territoire national (Tableau n°7).

Tableau N° 7 : SUPERFICIES BOISEES EN 1992

FORMATION

SUPERFICIE (HA)

Forêts naturelles

56.000

Boisements domaniaux

84.000

Boisements communaux

11.000

Agroforesterie

60.000

TOTAL

211.000

Ces données sont proches de celles évoquées en 1996 par le PNUD (SNEB 1997). Il précise qu’avant le déclenchement de la crise d’octobre 1993 les boisements artificiels couvraient une superficie d’environ 150.000 ha et la filière bois occupait près de 19.000 personnes (Tableau n° 8).

Tableau N° 8 : PLANTATIONS FORESTIERES EN 1993

FORMATION

SUPERFICIE EN 1993 (HA)

Boisements domaniaux

80.000

Boisements communaux

11.000

Agroforesterie,

microboisements privés

60.000

TOTAL

151.000

La production annuelle des boisements domaniaux est estimée à 15 m3/ha/an alors que les boisements communaux sont moins productifs et surexploités (3 m3 /ha/an) et les produits forestiers récoltés sont les perches pour la construction, les tuteurs (pour le haricot volubile) le bois de feu et de carbonisation. Par rapport à la superficie boisée avant la crise, celle de 1998– 1999 est nettement inférieure (Tableau n° 9).

Tableau n° 9 : SUPERFICIES BOISEES EN 1998.

Formation

Superficie

en 1993

Superficie

en 1997

Superficie

en 1998

Forêt naturelle

55.000

50.000

55.000

Boisements domaniaux

80.000

56.000

61.300

Boisements communaux

11.000

7.000

7.400

Agroforesterie et microboisements privés< /TD>

60.000

60.000

64.000

TOTAL

207.000

173.000

187.700

Les superficies boisées de 1993 et 1997 sont celles de la SNEB (1997) citant NDIKUMAGENGE, auxquelles s’ajoute l’estimation de l’agroforesterie. Pour l’année 1998, les estimations sont faites par l’auteur.

 

3.3.2. Le caractère évolutif de l'agroforesterie

Selon NDIKUMAGENGE (1997) les premières associations délibérées des arbres aux cultures dateraient des années 1950, mais la vulgarisation proprement dite de l’arbre agroforestier débute vers les années 1980. A cette époque, la plupart des projets forestiers qui étaient en activité disposaient d’un volet chargé de l’agroforesterie.

A partir des plants agroforestiers distribués gratuitement (le plus souvent), les paysans augmentent le nombre d’arbres associés aux cultures et installent également de micro-boisements d’Eucalyptus spp. Aujourd’hui ces micro-boisements représentent avec de l’agroforesterie plus de 60.000 ha, estimation faite à partir du nombre de plants distribués chaque année.

Les produits de l’agroforesterie sont très diversifiés, les paysans en retirent du bois-énergie, du bois de service et d’œuvre mais également du fourrage pour le bétail, des éléments de compostage, de l’ombrage, de la protection des eaux et des sols et de l’amélioration de la fertilité des sols.

Jusqu’à présent le Grévilléa robusta est la première essence utilisée en agroforesterie suivie du Calliandra, Leucaena, Cedrella, (pour les essences exotiques) le Markhamia, les ficus etc. (comme essences autochtones).

 

3.3.3. Les arbres hors forêts

Deux types d’arbres hors forêt existent au BURUNDI à savoir les arbres autochtones et les arbres exotiques. Sur le plan économique, les arbres hors forêt occupent une place de choix dans la mesure où la grande part des bois de feu et de service proviennent de ces arbres.

L’étude récente sur les «arbres hors forêt » indique que les microboisements privés, l’agroforesterie, les arbres isolés dans les pâturages constituent l’ensemble des arbres hors forêt.

N.B. : Nos estimations sur les ressources forestières faites ci-avant tiennent compte de tous les arbres associés aux cultures y compris les microboisements. Cela reviendrait à dire que nous avons considéré comme «arbres hors forêt » les arbres isolés dans les pâturages et les arbres d’alignement, les arbres se trouvant autour des maisons d’habitation et autres infrastructures socio-économiques.

Selon NZOJIBWAMI C. (consultation FAO, Rapport provisoire, 1999) la région du Mumirwa, spécialement la crête Congo-Nil se classe en premier lieu avec une moyenne de 300 arbres par ménage, suivi de la région des plateaux centraux. L’écarpement occidental occupe la dernière place avec une moyenne de 80 arbres hors forêt par ménage. Les arbres hors forêt représentent en terme de superficie 114.400 ha.

Mais, dans cette étude nous considérons que les microboisements et l’agroforesterie occupe 62.400 ha. Ainsi les arbres hors forêt ne représenteraient que 52.000 ha, une superficie non négligeable par rapport à la forêt naturelle 55.000 ha, au boisement domaniaux 61.300 ha et aux boisements communaux 7.400 ha.

Les arbres hors forêt représentent également un grand intérêt pour les populations rurales qui en retirent le bois de feu, de service et d’œuvre.

Toutefois, une enquête spécifique permettrait de préciser le nombre moyen des arbres hors forêt par région naturelle, par zone écologique ou par zone physique, plus restreinte et circonscrite afin d’éviter des extrapolations souvent peu réalistes.

L’étude récente estime le nombre total d’arbres hors forêt dans une région quelconque, en se référant au nombre de ménages. Ainsi la région de Mumirwa (crête Congo-Nil) qui représente une moyenne de 300 arbres par ménage ne figure pas pour autant au premier plan en terme de superficie équivalente d’arbres hors forêt. En effet, la région des plateaux centraux compte cinq fois plus de ménages et par conséquent près de 3 fois la superficie représentant les arbres hors forêt.

Une série de 27 espèces constituant l’essentiel des arbres hors forêt au BURUNDI sont représentés dans le tableau qui suit (Tableau N°10).

 

Tableau. n° 10 : LES PRINCIPALES ESSENCES CONSTITUANT LES ARBRES HORS FORET.

Famille

Nom scientifique

Nom vernaculaire

Moraceae

1. Ficus spp.

Umumanda

Umuhororo

Umuvumuvumu

Fabaceae

2. Erythrina abyssinica

Umurinzi

Euphorbiaceae

3. Dracaena steundrneri

Igitongati

Euphorbiaceae

4. Euphorbia candelabrum

Igihahe

Meliaceae

5. Chlorophora exelsa

Umukamba

Umukashu

Mimosaceae

6. Acacia gerardii

Umugenga

umugunga

Mimosaceae

7. Acacia sieberana

Umunyinya

Rhamnaceae

8. Maesopsis eminii

Umuhumuza

Umwamvya

Araliaceae

9. Polysias fulva

Umwungo

Bignoniaceae

10. Markhamia lutea

Umusave

Cesalpiaceae

11. Brachystgia sp

Ingongo

Fabaceae

12. Pericopsis angolensis

Umukambati

Poaceae

13. Arundinaria alpina

Umugano

Sterculiaceae

14. Sterculia quinqueloba

Imbonekerakure

Myrthaceae

15. Eucalyptus spp

Umukaratusi

Proteaceae

16. Grevillea robusta

Igereveriyo

Cesalpiniaceae

17. Cassia sp

Umutarabanyi

Mimosaceae

18.Acacia decurens

Umuka

Cupressaceae

19. Callitris calcarata

Ikaritrisi

Meliaceae

20. Cedrella odorata

Icedrela

Cupressaceae

21. Cuppressus sp

Akajwari

Bignoniaceae

22. Jacaranda mimosifolia

Jakaranda

Cupressaceae

23. Casuarina equisetifolia

Akajwari

Anacardiaceae

24. Mangifera indica

Umwembe

Lauraceae

25. Persea americana

Ivoka

Palmaceae

26. Elaïs guineensis

Ikigazi

Caricaceae

27. Carica papaya

Ipapayo

 

Source : NZOJIBWAMI C., consultation FAO, Rapport provisoire, 1999.

3.3.4. La production et commercialisation

 

3.3.4.1. Production

Sachant que toutes les superficies boisées ne sont pas productives, le Département des forêts estime en 1991 que les boisements domaniaux et communaux produisent près de 200.000 m3 de bois d’œuvre et 400.000 m3 de bois de feu et de service par année(Tableau n° 11).

(Tableau. n° 11) : ESTIMATION DE LA PRODUCTION ANNUELLE DES BOISEMENTS PUBLICS (1991).

FORMATION

SUPERFICIE (HA)

BOIS D'ŒUVRE

BOIS DE FEU ET DE SERVICE

Boisements domaniaux et communaux

80.000

200.000

400.000

Agroforesterie et microboisements privés

60.000

60.000

600.000

TOTAL

140.000

260.000

1.000.000

Source : Département des forêts.

L’estimation de la production des boisements domaniaux et communaux tiendrait compte de la répartition des essences.

Pour les microboisements privés et l’agroforesterie, l’estimation a porté sur 1m3/ha/an pour le bois d’œuvre et 10 m3/ha/an pour le bois de feu et de service.

Les différents ratios de production pour les boisements artificiels publics sont présentés dans le tableau qui suit (Tableau n° 12). La répartition selon les espèces dans les boisements en blocs industriels sont dans l’annexe 2.

Tableau n °12. : RATIOS DE PRODUCTION POUR LES BOISEMENTS ARTIFICIELS PUBLICS.

ESSENCE

BOIS D’ŒUVRE

BOIS DE FEU ET DE SERVICE

TOTAL

Eucalyptus

2 m/ha/an

10 m3 /ha :an

12 m3 /ha/an 

Grévilléa

2 m3 /ha/an

8 m3 /ha/an

10 m3 /ha/an

Callitris

0,4 m3 /ha/an

1,6 m3 /ha/an

2 m3 /ha/an

Autres résineux

6 m3 /ha/an

4 m3 /ha/an

10 m3 /ha/an

Source : Département des Forêts.

 

Les estimations sur la production annuelle des boisements publics et privés sont indicatives parce que les superficies boisées sont aussi approximatives, la production moyenne/ha/an qui tient compte de la répartition des essences pour les boisements publics n’est pas non plus précise ; aussi l’agroforesterie et les microboisements privés nécessitent d’être inventoriés en terme de superficie et de production (Tableau n° 13).

 

Tableau n° 13 : ESTIMATION DE LA PRODUCTION ANNUELLE DES BOISEMENTS PUBLICS ET PRIVES EN 1998.

TYPE DE BOISEMENTS

SUPERFICIE (HA)

BOIS D’ŒUVRE

BOIS DE FEU ET DE SERVICE

Boisements domaniaux et communaux

68.700

175.000

460.000

Agroforesterie et microboisements privés

64.000

64.000

520.000600.000

Arbres hors forêts

52.000

52.000

 

TOTAL

184.700

291.000

1.510.000

 

3.3.4.2. Consommation et commerce du bois et de ses dérivés

***Selon les études disponibles, 95 % du bois est du bois-énergie consommé par les ménages ruraux.

Mais ce bois n’est pas connu dans les circuits normaux de commercialisation du bois ; la nature, le volume et même l’origine de ces produits sont très mal connus. Le bois, les brindilles et les résidus agricoles, constituent l’essentiel de cette consommation rurale en bois.

La quantité consommée par ménage varie avec les régions. Cela est lié à la disponibilité relative du bois, à la densité démographique de la région...

L’on a déjà proposé de mettre en place une cellule chargée de suivre l’évolution des besoins des familles rurales et celle de la ressource-bois au niveau de chaque région (Besse et Guizol, 1991).

***Le bois commercialisé à Bujumbura en 1994 représente 6,5 % du bois énergie consommé dans tout le pays soit 317.000 tonnes de bois selon le Ministère de l’Energie et des mines (MEM). La même source indique que le charbon de bois représentait 97 % du bois-énergie consommé à Bujumbura soit 306.000 tonnes de bois. La ville de BUJUMBURA consommait 30.600 tonnes de charbon de bois.

Concernant le bois d’œuvre, il est concurrencé par le fer qui domine largement le marché, au niveau des produits sciés il y a apparition de nouvelles espèces telles que les Pins, les Eucalyptus à la place du Cyprès disparu suite aux maladies. Les tableaux suivants montrent les quantités de bois exporté et importé en 1997 et 1998 (Tableau n° 14 et 15).

 

Tableau n° 14 : QUANTITES DE BOIS IMPORTE

 

1997

1998

NATURE DU PRODUIT

TONNES

MILLIONS DE BIFTECK

TONNES

MILLIONS DE BIF

1.Bois et ouvrages en bois

250

64,5

480

202,6

2. Allumettes

71

39,2

39

29

3. Papiers, cartons

1359

1103,8

2364

2677,2

4. Balais et brosses

21

22,8

27

33,2

5. Articles de librairie

30

99,4

53

227,2

6. Crayons

2

2,5

2

77,9

Source : Banque de la République du BURUNDI (B.R.B).

Tableau n° 15 : QUANTITE DE BOIS EXPORTE.

 

1997

1998

NATURE DU PRODUIT

TONNES

MILLIONS DE BIF

TONNES

MILLIONS DE BIF

Bois et ouvrages en bois

10

5,6

-

-

Ecorce de quinquina

51

21,6

100

38,3

Source : B.R.B.

Ces quantités contiennent des produits dérivés du bois et de l’écorce de quinquina pour l’exportation.

 

3.3.4.3. L’achat du bois et les différentes taxes

La coupe du bois dans les boisements domaniaux et communaux requiert l’acquisition d’un permis de coupe délivré respectivement par le département des forêts et l’autorité communale.

Jusqu’en 1991 le bois était vendu à l’hectare en raison de 27.000 F/ha au niveau du département des forêts.

Aujourd’hui, la vente du bois se base sur le volume de bois de feu (1650 F/m3), de bois de service (2950 F/ m3) ou de bois d’œuvre (3900 FBU/m3).

Une opération de balivage est nécessaire pour déterminer le volume du bois à vendre. Elle est menée par le service forestier en place (Inspecteur des Forêts ou Forestier provincial) ou un technicien dépêché à partir de BUJUMBURA.

Le transport des produits forestiers nécessite une autorisation quel que soit l’origine des produits : privée, communale ou domaniale.

L’exploitant transporteur paie d’abord la taxe à la B.R.B. (5 % de la valeur du produit) et présente les justificatifs de paiement auprès du département des forêts qui lui octroie ensuite l’autorisation de transport.

L’autorisation de transport est contrôlée par les agents du département des forêts à plusieurs points de contrôle à l’entrée de la ville de BUJUMBURA et d’autres centres urbains.

D’autres taxes sont payées au profit des communes et de la municipalité de BUJUMBURA.

 

3.3.4.4. L’estimation des besoins en bois.

Besoins en bois de service.

Nous retiendrons sous la rubrique du bois de service la consommation des poteaux et des perches, utilisés pour les clôtures, les échafaudages, les toitures et à la REGIDESO pour les poteaux de transport du courant à basse tension. Pour ce type de bois nous nous référons aux ratios du Schéma Directeur : 0,085 m3/hab/an soit 544.000 m3 en 1999 pour une population qui atteint 6,4 millions d’habitants. Les projections faites par Besse et Guizol en 1991 étaient de 605.000 m3 à l’horizon 2.000.

Besoins en bois de feu et charbon de bois

Les besoins en bois de feu et charbon de bois sont estimés à 1,5 stères à 2 stères par personne/an. En 1999, les besoins en bois de feu et charbon de bois peuvent être estimés à 9.600.000 stères à 12,8 millions de stères soit 5.760.000 m3 à 7.680.000 m3. Ces estimations sont proches des projections à l’an 2.000 de l’étude du MEM sur la consommation en bois-énergie au BURUNDI à savoir 6.944 tonnes soit 7.716.000 m3. Besse & Guizol projetaient à l’horizon 2.000 les besoins en bois de feu à 8.165.000 m3.

Besoins en bois d’œuvre

En 1991, les besoins en bois de service étaient estimés à 179.900 m3 (Besse F. et Guizol Ph., 1991). Ils se décomposent comme suit : pour la ville de BUJUMBURA : les besoins pour l’artisanat, l’industrie en meuble, les importations. Les besoins pour GITEGA, 2ème ville et le reste du pays. A l’horizon 2.000, ces besoins étaient de 313.000 m3 . Une enquête urgente permettrait de recenser au moins les sciages consommées par les menuiseries de la capitale et des autres centres urbains.

Toutefois nous pouvons estimer les besoins en bois d’œuvre à 305.600 m3, si nous considérons que les besoins des populations rurales s’élèvent à 128.000 m3 à raison de 0,02 m3/hab/an et les besoins de la capitale estimés à 77.600 m3 (projections à l’an 2.000 faites GUY PUECH CTFT 1983).

Ces estimations se rapprochent de celles faites par Besse et Guizol en 1991.

Les besoins totaux s’élèvent à 544.000 m3 de bois de service, 7.680.000 m3 de bois de feu et charbon de bois 305.600 m3 de bois d’œuvre ; alors que la ressource ne représente que 291.000 m3 de bois d’œuvre et 1.510.000 m3 de bois d’industrie. Le tableau suivant montre le déficit entre l’offre et la demande (Tableau n° 16).

 

Tableau n° 16 : SYNTHESE DE LA RESSOURCE ET DE LA DEMANDE

 

RESSOURCE (m3)

DEMANDE (m3)

Bois d’œuvre

291.000

305.600

Bois d’industrie

1.510.000

8.224.000

Le déficit que nous observons au niveau du bois d’industrie (bois de feu et de service) est pratiquement comblé par les déchets des produits agricoles (tiges de maïs et de manioc) la bouse de vache séchée et les coupes illicites dans les aires protégées.

3.4. Les produits forestiers non ligneux

La forêt présente de multiples avantages vis à vis des populations riveraines et même de tout le pays. En effet, les produits forestiers les plus connus concernent la biomasse ligneuse, la protection et la conservation des eaux et des sols. Mais, la forêt offre également des produits forestiers non ligneux d’une grande valeur socio-économique pour les populations. Il s'agit principalement des produits de la cueillette, de la chasse et de la pêche.

3.4.1. La cueillette

La cueillette permet aux populations surtout riveraines de nos forêts de récolter les fruits, les feuilles, les champignons, le miel, le fourrage pour le bétail et d’autres produits utilisés dans la pharmacopée. En plus de tous ces produits, la forêt fournit des matériaux de construction : chaumes pour les toitures des maisons, phragmites pour les clôtures, les fibres etc.

. les champignons

Selon les études récentes, 109 espèces de champignons dont 38 espèces comestibles (Tableau n° 17) réparties dans 24 genres et 10 familles sont connues au BURUNDI.

 

Tableau n° 17 : LES CHAMPIGNONS LES PLUS CONNUS AU BURUNDI

Famille

Genres

Nombre d’espèces

Cantharellaeae

Cantharellus

10

Aminataceae

Aminata

14

 

Termitomyces

5

Cortinariaceae

Cortinarius

1

 

Indybe

1

Agaricaceae

Pleurotus

1

 

Collibia

1

Tricholoma

1

Lentinus

2

Gyrodontaceae

Phlebopus

3

Rubonobolatus

3

Xerocomaceae

Gyrodon

1

Phylloporus

3

 

Tuboseata

2

Xerocomus

2

Boletaceae

Boletus

1

 

Leccinum

1

Porphyrellus

1

Pulveroboletus

1

Strobilomycetaceae

Afroboletus

1

Russulaceae

Strobilomyces

1

Russula

42

Hymnogastraceae

Lacterius

10

Dendrogaster

1

TOTAL 10

24

109

Source : NDABIRORERE S., consultation FAO, rapport provisoire, 1999.

Les champignons les plus connus sont ceux des forêts claires de RUMONGE, MAKAMBA et CANKUZO, et plus de 50 espèces de champignons inventoriés dans le pays sont comestibles (Tableau 18).

En 1995, une tonne de chanterelles de RUMONGE a été exportée vers l’Europe.

. Les fruits et les feuilles de certains végétaux participent à l’alimentation humaine et animale. En plus de l'autoconsommation, certains fruits comestibles procurent des revenus aux récolteurs : Myrianthus holstii, Parinari curtefollia, Carcinia huillensis, Anisophyllea bochmie à CANKUZO, MAKAMBA, et BUGARAMA.

Les arbres hors forêt et l’agroforesterie fournissent également des fruits et des feuilles comestibles : les avocatiers, les agrumes, les goyaviers, les pruniers du Japon etc.

Les rapports de l’Institut des Statistiques et d’Etudes Economiques (ISTEEBU) montrent que la production fruitière dans certaines régions du pays a atteint plus de 9 tonnes en 1992.

Au BURUNDI, la pharmacopée touche une grande partie de la population et la plupart des médicaments traditionnels sont d’origine végétale avec plus de 70 % de feuilles, les fruits étant faiblement représentés.

Tableau n° 18 : LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES AU BURUNDI

ESPECE

MODE DE VIE

MILIEU DE VIE

Cantharellus congolensis

Ectomycorrhizique

Forêt claire

C. cibarius

«  

« 

C. Cyanoxanthus

« 

« 

C. densifolius

« 

« 

C. Rufopunctatus

« 

« 

C. cynescens

« 

« 

C. splendens

« 

« 

C. Symoensii

« 

« 

C. pseudocibarius

« 

« 

C. ruber

« 

« 

Tricholoma spectabilis

« 

« 

Collybia aurea

Saprophyte

Forêt de montagne

Lentinus tuberregium

« 

Bauhinia

Suillus lateus

Ectomycorrhizique

Forêt claire

S. granulatus

« 

« 

Aminata loosii

« 

« 

Aminata rubescens

« 

« 

A. pudica

« 

« 

A. robusta

« 

« 

A. spec. Nov

« 

« 

Termitomyces robustus

Termitières

Partout au BURUNDI

T. letestui

« 

« 

T. titanicus

« 

« 

T. microcarpus

« 

« 

Russula cellulata

« 

« 

R. Phacocephala

Ectomycorrhizique

Forêt claire

R. pataullardii

« 

« 

R. senjucta

« 

« 

R. vscidula

« 

« 

Lactarius edulis

«

« 

L. inversus

« 

« 

L. kabansu

« 

« 

L. angustus

« 

« 

Rubinoboletus balloni

« 

« 

Strobilomyces echinatus

« 

« 

Afroboletus luteolus

« 

« 

Xerocomus subspinulosis

« 

« 

Source : NDABIRORERE S., consultation FAO, rapport provisoire, 1999.

 

. les arbres et arbustes fourragères naturels

Depuis 1984 à 1986 les institutions chargées de la recherche dans les pays de la sous-région (BURUNDI, RWANDA, RDC) à savoir ISABU, ISAR, IRAZ ont répertorié 135 espèces fourragères dont 62 espèces retenues pour le BURUNDI (Annexe 3).

 

3.4.2. La chasse

La chasse des mammifères et reptiles vise des fins alimentaires et médicinales, alors que les peaux, les dents d’hippopotames, les grenouilles, les perroquets vivants sont recherchés pour être vendus. Plus de 15 espèces animales sont consommées dans le pays.

Le rôle curatif des animaux sauvages en médecine traditionnelle est très important, les peaux des mammifères, les cornes de diverses espèces d’antilopes, de têtes et de corps complets d’oiseaux se retrouvent sur la plupart des marchés du pays.

Concernant le commerce des reptiles, les données récentes renseignent qu’en 1991 et 1992 plus de 30.000 reptiles ont fait l’objet d’exportation, le chamaeleo johnstoni est le plus exporté avec 10.858 unités, suivi du chameoleo delepis 6.038 pièces.

 

N.B. : 19 python sebae ont été exportés en 1991.

 

Le commerce des oiseaux concerne spécialement la famille des Psittacidae dont les Perroquets et Agapornis pullaria. Pendant les années 91-92, 143 oiseaux ont été exportés.

Au niveau des mammifères, les individus sont vendus vivants mais des organes détachés sont également commercialisés.

Selon BIGENDAKO M.J (1997) 7511 kg de dents d’hippopotames (Hyppotamus amphibius) ont été vendues, cela prouve à suffisance que beaucoup d’hyppopotames ont été tués.

Quelques cas de Panthera pardus (2 unités en 1991) de rongeurs non déterminés (448 unités en 1992), 100 Insectivores et 14 Chéroptères non déterminés ont fait objet d’exportation.

3.5. La biodiversité et la durabilité des écosystèmes forestiers

Selon les données récentes (SNEB, 1997) la biodiversité burundaise comprendrait 3.000 espèces de plantes supérieures, 56 amphibiens, 716 oiseaux et 163 mammifères parmi lesquels l’on dénombre beaucoup d’espèces endémiques.

La biodiversité burundaise demeure donc importante malgré la mauvaise main humaine. Cette dernière s’en prend principalement aux formations forestières, principal habitat de cette biodiversité. La régression actuelle des écosystèmes forestiers entraîne malheureusement celle de la biodiversité biologique.

Les forêts sont exploitées anarchiquement et certains arbres à bois précieux sont abattus de manière sélective ou dévastés par les feux de brousse qui ravagent tout à leur passage ainsi que les défrichements pour extension des superficies cultivables.

Les arbres à bois précieux qui sont le plus souvent recherchés sont l’Entandrophragma excelsum, Podocarpus milanjianus, Podocarpus usambarensis, Prunus africana, Symphonia globulifera et Pericorpis angolensis.

Ces essences se situent aujourd’hui dans les aires protégées (Annexe 1) au niveau des forêts ombrophiles de montagnes. Ces forêts occupent près de 50.000 ha actuellement et elles constituent un grenier faunistique important.

Concernant la faune, NDABIRORERE (1999) signale que la réserve naturelle de BURURI abriterait à elle seule 22 espèces faunistiques parmi lesquelles l’on dénombre 5 primates, 6 espèces carnivores et des ongulés.

Dix-sept espèces de mammifères endémiques répartis en 5 familles et 15 genres dont deux familles qui comptent beaucoup d’espèces endémiques : les Soridae et les Muridae (Annexe n° 3).

Le parc de la Rusizi abriterait 200 individus de mammifères regroupés en 4 familles dont le Sitatunga (Tragelaphus spekei) antilope des marais, de plus en plus rare en Afrique.

Le parc national de la Ruvubu abrite de nombreux hippopotames, les autres espèces de grands mammifères sont : le Cobe defassa, le buffle, le Guib harnaché, le Sitatunga, le Céphalophe de Grimm, le rédunca, le phacochère, l’hylochère, la panthère, le serval et lycaon.

L’on dénombre en tout 44 espèces de mammifères dont 4 en voie de régression à savoir :

- Le phacochère : Phacochoerus aethiopicus,

- L’oreotrague : Oreotragus oreotragus,

- L’hyène tachetée : Crocuta crocuta,

- La panthère : Panthera pardus.

(Kabayanda et Vande Weghe, 1992).

Plus d’une dizaine de mammifères disparus ou en voie d’extinction sont repris dans la SNEB (1997) dont Acinonyx jubatus, Lycaon pictus, Zebra burchelli, Diceros bicornis, Hippotragus equinus, Ourebia ourebia etc.

Le parc national de la KIBIRA abrite une grande diversité biologique : Dix espèces de primates dont le singe argenté (le Cercopithèque à diadème) est le plus abondant. Les autres singes sont le Cercopithèque de Hoest, le Cercopithèque ascagne, le colobe blanc et noir d’angola. L’espèce de primate la plus intéressante du parc est probablement le Chimpanzé.

Malgré l’absence d’inventaire sur les reptiles MADODO G. (1979) écrit qu’il y aurait plus de 9 espèces d’ophidiens parmi lesquels on rencontre Boaedon sp et Dasypetis scabra.

Selon BIGENDAKO M.J. (1997) deux reptiles sont en voie d’extinction à savoir : Python Sabae et Mehelya Capensis unicolor.

Dans les rivières Ruvubu et Rusizi, des crocodiles (Crocodylus niloticus) sont abondants.

L’inventaire des oiseaux a abouti en 1992 à 117 espèces d’oiseaux dans les forêts ombrophiles de montagnes, 350 espèces d’oiseaux résidents et migrateurs dans les forêts de basse et moyenne altitude et 412 espèces d’oiseaux dans les savanes du parc national de la Ruvubu et dans la KIBIRA.

Selon KABAYANDA (1992) il faut distinguer trois types d’avifaune forestière, également riche et variée et l’avifaune de savanes dont le Souimanga améthyste, Nectarinia améthystina et le monticole d’Angola (Monticola angolensis). Une espèce endémique caractérise la région interlacustre (Lybius rubrifacies) : le barbican à face rouge.

Certains sont en voie de disparition : la grue couronnée (Balearica regulorum), les vautours et autres rapaces tendent à disparaître suite au braconnage (SNEB, 1997).

Pour assurer la durabilité de ces écosystèmes, des mesures de protection effective doivent être prises et mises en vigueur : toutes les activités incompatibles avec la survie de ces écosystèmes sont à prohiber. Ces activités sont notamment la recherche de l’or, la coupe du bois et des bambous, le défrichement et les feux de forêts.

Actuellement les services nationaux chargés de la conservation de la biodiversité et de sa gestion durable sont confrontés à d’énormes difficultés liées notamment à l’insécurité, aux mouvements des populations, à la rareté des ressources financières et arrêt des programmes de coopération.

Les coûts économiques, écologiques et sociaux dus à l’importante dégradation sont très importants. Toutefois, le pays continue à faire des efforts louables pour gérer durablement les écosystèmes forestiers nationaux, abris de cette importante diversité biologique.

 

 

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