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V. LES EFFETS DE LA CRISE SUR LES ECOSYSTEMES FORESTIERS

5.1. Les écosystèmes forestiers naturels

Jusqu’en 1988, 5% de la superficie du pays était recouvert par des étendues encore vierges de l’exploitation anthropique (J. Verschuren in J.B. MANIRAKIZA).

A la veille de la crise de 1993, les formations forestières naturelles subissaient déjà des défrichements à la recherche de nouvelles terres de culture et des prélèvements de bois de chauffe, de service et d’œuvre. Les essences précieuses recherchées sont notamment Entandrophragma excelsum, Podocarpus milanjianus, Hagenia abyssinica, Prinus africana, qui fournissent du bois d’œuvre. Aussi, les bambous continuent d’être coupé illicitement pour la confection des produits artisanaux. Le Brachystegia fournit du charbon de bois de bonne capacité calorifique.

Le phénomène de destruction des forêts naturelles a été amplifié par la crise : les éléments moteurs de cette destruction est la criminalité ainsi que l’absence des agents des services techniques forestiers sur terrain.

Par ailleurs, ces forêts sont détruites (spécialement par les feux) pour éviter que l’ennemi ne s’y cache. Jusqu’en 1997, les superficies détruites sont estimées à 2 400 ha.

5.2. Les écosystèmes forestiers artificiels

Longtemps avant la crise socio-politique d’octobre 1993 intervenue au BURUNDI, des problèmes de gestion des écosystèmes forestiers artificiels se posaient déjà.

Ces problèmes étaient spécialement liés à la faiblesse des ressources humaines forestières capables de permettre le développement et la gestion durable des ressources forestières, la faible participation des populations à la réalisation de ce genre d’activité.

Depuis 1992, l’on enregistrait déjà dans certaines régions du pays des pertes de grande envergure en terme de superficies boisées avec un caractère particulier en province de BURURI où en Commune de VYANDA 2485 ha sont détruits par les feux de brousse (en 1992) alors que 8 ans avant (en 1984) seuls 292 ha avaient été dévastés par les feux (NDIKUMAGENGE, 1997).

En 1993 la crise est venue exacerber une situation qui était déjà critique. En effet, malgré les efforts consentis par le gouvernement de 1978 à 1992 pour développer le patrimoine forestier et qui venait d’atteindre près de 8% par rapport au territoire national en 1992, la crise aura emporté plus de 30.000 ha de forêts artificielles jusqu’à présent.

Les dégâts s’accentuent avec l’arrivée massive des réfugiées Ruandais en 1994 dans les provinces du Nord : MUYINGA- KIRUNDO et NGOZI – KAYANZA ; ainsi que les milliers de déplacés intérieurs dans presque tout le pays et qui sont installés dans des camps.

Or, les seuls espaces encore disponibles pour l’aménagement de ces camps de déplacés et réfugiés n’étaient pratiquement que les sites boisés.

Ces populations sinistrées s’en sont pris à ces boisements afin de satisfaire leurs besoins urgents en bois de feu et de construction de leurs abris (Tableau n° 19).

Tableau n° 19 : DESTRUCTION DES BOISEMENTS ARTIFICIELS 1992 à 1998

PROVINCE

SUPERFICIE EN HA

92-96

98

BUBANZA

BUJUMBURA

BURURI

CANKUZO

CIBITOKE

GITEGA

KAYANZA

KARUZI

KIRUNDO

MAKAMBA

MURAMVYA

MUYINGA

NGOZI

RUTANA

RUYIGI

1 130

90

2 320

320

-

2 520

320

2 891

3 892

606

361

3 000

1 932

670

5 000

1120

-

-

637

280

271

52

64

288

-

13

230

77

370

780

 

30 641

4 164

Source : MINATE – Département des Forêts

Les feux de brousse viennent de dévaster plus de 4 000 ha de boisements pendant l’année 1998.

Pour l’année antérieure 1997, les superficies emportées par les feux ne sont pas exactement connues.

Toutefois, l’on sait qu’à BUBANZA et BUJUMBURA-RURAL les superficies brûlées étaient respectivement de 569 ha et 186 ha en 1997.

Au total, les superficies brûlées peuvent être estimées à plus de 2 000 ha.

De 1990 à 1995, le taux de déboisement a évolué de manière croissante de 0,50 % à 2,10 % (Tableau n° 20).

Tableau n° 20 : TAUX DE DEBOISEMENT EN 1990-1998

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Taux de déboisement

0,50

0,75

2,50

6,90

1,24

2,10

0,12

0,60

0,13

Superficie boisée en % de la superficie émergée

8,3

8,19

8,29

7,81

7,20

7,69

7,76

7,9

8,02

SOURCE : PNUD – Ministère de la Planification du Développement et de la Reconstruction

( Développement humain durable ).

Quelque temps après, c’était la reconstruction des infrastructures démolies pendant la crise à savoir les écoles, les dispensaires, les hôpitaux, les ponts, les maisons etc. et il a fallu recourir aux boisements encore en place pour avoir des perches, des planches et des madriers.

Les besoins en reconstruction sont estimés à 5 840 ha de boisements pour les besoins en perches et 42 000 m3 de bois d’œuvre pour les planches et les madriers.

Même si la crise n’est pas encore terminée, il est opportun de signaler que depuis 1995, des actions visant la réhabilitation du couvert forestier détruit pendant la crise sont entreprises, notamment par le HCL. Dans ce cadre, 2 300 ha ont été installés dans les provinces du Nord à savoir MUYINGA – KIRUNDO et KAYANZA – NGOZI entre 1995-1997 ( J.P. KOYO, 1999).

Tous les sites de campement des réfugiés Ruandais sont reboisés.

Actuellement ces actions ont été reprises avec l’appui d’un Projet financé par le PNUD et exécuté par la FAO, le Projet BDI/96/001 chargé de la gestion et de la restauration de l’environnement et qui a démarré en 1998. Le projet appuie le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement à travers le Département des forêts à restaurer le couvert forestier national.

Le Rapport annuel du Département des forêts indique qu’en 1998, 3,2 millions de plants forestiers et agroforestiers ont été produits et plantés avec l’appui de ce projet, soit environ 2 100 ha à raison de (1 500 plants/ha).

 

 

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