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4.  L'AMENAGEMENT FACE AUX INTERACTIONS ENTRE PECHERIES ET AUX CONFLITS ENTRE PECHERIES ET GROUPES D'INTERET

Les renseignements fournis précédemment concernant l'aménagement des pêcheries de capture dans les lagunes et les estuaires traitaient presque exclusivement de la pêche et des ressources halieutiques dans le contexte des lagunes ou des estuaires, indépendamment des systèmes biologiques et économiques. L'intérêt portait sur l'aménagement des ressources elles-mêmes. Ce n'est qu'accessoirement qu'on a prêté attention aux conflits réels ou potentiels que l'aménagment pouvait susciter entre différents types de pêcheries ou groupes d'intérêt à l'intérieur de ces eaux et aux interactions entre les pêcheries de lagunes et d'estuaires et les pêcheries maritimes, littorales et hauturières. C'est pourquoi nous allons examiner, dans la présente section, plusieurs types de conflits concernant les lagunes - concurrence entre groupes économiques et ethniques utilisant différents types d'engins de pêche; conflits entre pêche commerciale et pêche sportive; conflits potentiels entre pêche de capture et aquaculture. On examinera enfin les interactions entre les pêcheries de capture dans les lagunes et les estuaires et les pêcheries maritimes du large et du littoral.

Fig. 13

Figure 13   Ouvrages artificiels utilisés pour attirer le poisson; structures simples et complexes (d' après Honma, 1980)

4.1  Conflits entre pêcheurs artisanaux appartenant à des groupes ethniques et économiques différents

Un des facteurs susceptibles d'entraîner une forte pression sur les ressources halieutiques des lagunes et des estuaires et de provoquer en outre des conflits entre les divers groupes de pêcheurs exploitant ces ressources est lié bien sûr, à l'accroissement général des populations du littoral, donc à une augmentation de la demande de poisson pour la consommation locale et pour la transport vers les centres urbains voisins. L'augmentation générale de la population s'accompagne d'une augmentation du nombre des pêcheurs. Au Mexique, par exemple, Acosta Ruíz et Alvarez Borrego (1974) signalent que, alors que les ressources halieutiques côtières de la Basse-Californie sont en train de diminuer progressivement sous l'effet de l'exploitation commerciale, le nombre des pêcheurs inscrits dans les coopératives augmente par suite de l'accroissement démographique enregistré dans la péninsule. Castro Ortiz et Sánchez Rojas (1976) ont établi un graphique montrant que, dans trois grands systèmes lagunaires situés sur la côte Sinaloa (Pacifique) le nombre des pêcheurs a augmenté au rythme de dix pour cent par an entre 1940 et 1976, données accompagnées des tendances relatives à la production par pêcheur pour les années les plus récentes. Dans deux de ces trois systèmes lagunaires, les rendements par pêcheur suivent une tendance décroissante. Barrera Huerta (1976) rapporte qu'une coopérative de pêche lagunaire d'Oaxaça (côte pacifique) est passée de 270 membres en 1973 à 355 membres entre 1974 et 1975. D'après des renseignements fournis par Hernandez Carvallo (1976) concernant les pêcheries de crevettes de Sinaloa, il semble que la pression démographique ait entraîné de tels problèmes d'aménagement des ressources que les coopératives devront peut-être se réorganiser et geler les adhésions au nombre actuel ou du moins les limiter aux personnes possédant des terres jouxtant des eaux saumâtres. McGoodwin (1979), qui a étudié l'évolution socioéconomique des pêcheries de crevettes de cette région, rapporte que la croissance démographique rapide qui s'est produite sur la côte sud de Sinaloa(où la population est passée de 8 000 environ en 1935 à 35 000 en 1973) s'est accompagnée d'une intensification de la concurrence à l'égard des ressources maritimes de la région. Les coopératives de pêche existantes sont devenues des organes économiques privilégiés, tandis que les pêcheurs de subsistance, les “pescadores libres”, ont été asservis à toutes sortes de réglementations leur interdisant toute activité dans les zones exclusivement réservées aux coopératives. En même temps, les coopératives ont subi elles-mêmes, de l'intérieur, les effets de la croissance démographique au point qu'elles sont aujourd'hui surchargées et que les revenus par pêcheur se retrécissent.

McGoodwin (1979) déclare que l'introduction du moteur hors-bord et des filets en nylon a agravé la situation d'un système qui était déjà en crise. Les crevettes et les huîtres étaient déjà fortement exploitées pour l'exportation, aussi s'est-on tourné vers les poissons pour satisfaire la demande intérieure. Mais les innovations technologiques et la forte pression de la pêche ont rapidement appauvri les stocks de poissons les plus appréciés. Les pêcheurs exploitent désormais des espèces d'importance économique secondaire.

L'évolution de la pêcherie de la lagune Ebrié (Côte-d'Ivoire), retracée par Verdeaux (1979) et Verdeaux, Gerlotto et Stéquert (1980), est un bon exemple de ces interactions de facteurs socio-économiques complexes dont il faut tenir compte quand on met au point des stratégies nationales ou locales d'aménagement des pêcheries lagunaires traditionnelles.

La lagune Ebrié est un complexe de 56 600 hm², pourvu de deux communications naturelles avec la mer et d'un raccordement artificiel. Verdeaux (1979) distingue trois périodes dans l'évolution de la pêcherie, la période pré-coloniale, la période coloniale et la période actuelle ou période d'expansion économique rapide. Pendant la période précoloniale qui va jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, deux principaux types de pêche co-existaient, dont l'une était une pêche “communautaire” utilisant de grands pièges permanents construits en bois et en palmes et des sennes en fibres naturelles. La construction et le fonctionnement de chacun de ces engins exigeaient la participation d'un certain nombre de personnes, famille ou village, suivant la taille. L'autre type de pêche utilisait des engins individuels, tels que petits pièges, éperviers et palangres. La capture assurée par les engins individuels servait à la consommation journalière, celle des pièges était destinée à la conservation et à la vente. Il n'existait pas de véritables marchés à poisson à l'époque et la vente du poisson était confiée à des membres de la famille.

Pendant la période coloniale, c'est-à-dire à peu près de 1910 à 1958–1960, des étrangers se sont emparés des méthodes traditionnelles et familiales de commercialisation du poisson. Dépossédés des structures de commercialisation, les pêcheurs ont rapidement abandonné leurs sennes et les grands pièges en bois ont progressivement disparu de la pêcherie. Le passage à la pêche individuelle a également été favorisé par l'arrivée de la fibre de coton, innovation introduite par les Européens, qui permettait de construire diverses sortes de filets en maillage susceptible d'être utilisé par une seule personne. Deux autres facteurs ont favorisé cette évolution: le déboisement, à la suite duquel il a été moins facile (ou plus coûteux) de trouver du bois pour confectionner les pièges, et l'ouverture d'un chenal artificiel, le canal de Vidri, de la mer à la lagune, en vue de la construction d'un port à Abidjan. Cette dernière intervention a modifié les conditions de salinité dans la lagune et a exposé les pièges à poisson en bois aux effets destructeurs des teredos.

La troisième période, celle de l'expansion économique rapide de la pêcherie, a commencé au début des années soixante et s'est caractérisée par une réapparition des grands engins de pêche - sennes de plage et sennes coulissantes - dont le fonctionnement nécessite un certain nombre de personnes; à cette différence toutefois que ces engins étaient désormais la propriété de non locaux et que la main-d'oeuvre utilisée pour ces engins était une maind'oeuvre salariée. Dans la période qui va de 1964 à 1975, le nombre d'engins de pêche utilisés par des non Ivoiriens a été multiplié par un coefficient de 3,6 tandis que les maillages diminuaient sensiblement. En revanche, pratiquement tous les pêcheurs ivoiriens utilisent des méthodes de pêche individuelles à petite échelle sur des emplacements fixes, et sélectives à l'égard de certaines espèces. Les grands engins de pêche actifs et non sélectifs sont possédés et exploités par des non locaux, principalement des Ghanéens mais aussi des originaires du Sahel.

Le conflit social et économique entre ces deux groupes, parfois violent, a été aggravé par le fait que les engins de pêche non locaux capturent environ 45 fois plus de poisson que la moyenne des engins ivoiriens utilisés individuellement, soit 4,5 fois autant de poisson sur la base des captures par pêcheur. Bien que les pêcheurs ivoiriens soient beaucoup plus nombreux que les pêcheurs non locaux (3 contre 1), la grande masse de la production de la lagune va au second groupe. Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est l'envahissement, par les pêcheurs non locaux utilisant des sennes de plage et des sennes coulissantes, de zones de la lagune traditionnellement réservées aux pêcheurs ivoiriens individuels.

Les pêcheurs ivoiriens individuels se retrouvent donc pris dans un piège économique en ce sens que la pêche ne leur donne plus des moyens de subsistance suffisants pour leur permettre d'investir dans des engins compétitifs. Par ailleurs, les pêcheurs non locaux sont à même d'accroître leur puissance en investissant leurs profits dans des biens diversifiés, par exemple dans dès exploitations agricoles, ou en les réinvestissant dans des engins de pêche.

L'aménagement de la pêcherie de la lagune Ebrié doit être replacé dans son contexte sociologique et économique. L'un et l'autre groupes voient dans les ressources halieutiques de la lagune un moyen de se procurer des capitaux à investir ailleurs. Pour le pêcheur individuel, la pêche lagunaire est une étape obligatoire pour réunir des fonds suffisants pour acheter une petite exploitation. Pour le propriétaire d'une senne de plage ou d'une senne coulissante, les ressources sont un moyen d'accumuler rapidement de l'argent en vue d'autres investissements profitables. Pour les deux groupes, donc, la pêcherie de la lagune représente la possibilité d'accumuler provisoirement de l'argent qui sera utilisé ailleurs, sans égard pour la conservation à long terme des. ressources halieutiques. C'est ce que Verdeaux (1979) appelle une “dynamique de pillage” qui est à l'origine d'une surexploitation des ressources halieutiques, comme le montrent les tendances récentes de captures. Berron (1977) fournit des détails socio-économiques supplémentaires sur la situation ivoirienne, mais en mettant davantage l'accent sur la pêche maritime artisanale et sur les conflits ethniques.

Un autre exemple qui montre la nécessité de procéder à une enquête socio-économique attentive pour pouvoir appliquer avec succès des programmes d'aménagement ou de développement des pêcheries est celui du quasi-écroulement de la pêche traditionnelle à la pirogue dans le delta de Valenca, dans l'Etat de Bahía au Brésil, décrit par Cordell (1974, 1978 et 1978a). Comme il a été dit précédemment (section 2.3.3), l'exploitation traditionnelle de cette ressource était soumise à une organisation sociale, laquelle détenait les connaissances détaillées nécessaires pour prédire les courants et marées et donc assurer le succès de la pêche d'un nombre relativement limité de patrons-pêcheurs à la dévolution de droits de pêche en propriété sur certains fonds de pêche et à la pression sociale de la collectivité.

La destruction de la pêcherie traditionnelle a coíncidé avec l'introduction systématique des filets en nylon, considérés comme un moyen d'accroître la production de la pêcherie afin d'approvisionner les zones urbaines. Il était prévu que l'introduction des filets de nylon profiterait aussi aux pêcheurs traditionnels. Toutefois, en raison du coût élevé de ces nouveaux engins, les pêcheurs traditionnels n'ont pas été en mesure de se les procurer et ceux-ci ont été achetés par des hommes d'affaires qui ont employé les pêcheurs contre salaire. L'arrivée des nouveaux engins a donné lieu à une lutte pour s'assurer le contrôle des fonds de pêche existants, ce qui a entraîné des dégâts aux filets et aux bateaux. Autre conséquence: les droits territoriaux de pêche ont été perdus et la ressource halieutique est devenue propriété commune. Il y a eu d'autres conséquences encore: la production de la pêcherie a augmenté pendant une brève période, après quoi les captures ont diminué; cette régression a touché aussi bien les pêcheurs utilisant des filets de nylon que les pêcheurs traditionnels. Ces derniers ont alors commencé à utiliser des engins individuels et à étendre leur activité aux mollusques tout en portant leurs opérations de pêche jusqu'aux marais à mangroves voisins, au grand détriment de leur situation sociale et économique.

Le fait est que, ici, l'introduction d'une nouvelle technique de pêche plus efficace n'était pas mauvaise en soi, mais ses effets potentiels n'ont pas été correctement évalués auparavant. Elle a entraîné un conflit social et l'effondrement économique de la collectivité de pêche traditionnelle, ainsi qu'une probable surexploitation de la ressource.

4.2  Conflits entre pêche commerciale et pêche de loisir

A l'heure actuelle, les conflits sérieux entre pêche commerciale et pêche sportive dans les lagunes côtières et les estuaires des pays en développement sont sans doute à peu près inexistants. Certains renseignements laissent toutefois à penser que dans certaines régions, la pêche de loisir gagne du terrain. On pense par exemple, que dix pour cent environ du rendement tiré des 274 000 hm² des eaux brésiliennes de la Lagoa Mirim sont pris par des pêcheurs amateurs (Machado, 1976). C'est pourquoi la question se pose comme pouvant devenir à l'avenir un problème d'aménagement, si l'on en juge par le déroulement des événements dans des pays plus développés où l'abondance des loisirs et d'autres facteurs économiques se sont combinés pour faire de la pêche sportive un élément appréciable de l'exploitation des eaux intérieures, saumâtres et des eaux marines du littoral. Ainsi, en ce qui concerne les poissons, les captures de la pêche de loisir ont tendance à dépasser les prises commerciales dans cinq des sept principales baies situées le long de la côte du Texas (Etats-Unis) (Hefferman et al., 1979). Dans le cas des baies du Texas, l'aménagement a pour objectif d'assurer des prises équitables et équilibrées aux deux groupes d'utilisateurs et toute une série de contrôles sont mis en oeuvre à cette fin, notamment le contingentement des captures commerciales et des captures de loisir, l'interdiction de certains engins à certaines époques (par exemple pendant le week-end), ainsi que l'octroi de licences à chacun des deux groupes (Hefferman et Kemp, 1980). Le programme d'aménagement se fonde sur les données de la recherche biologique appliquée, mais c'est la surveillance directe ou indirecte des activités des pêcheurs tant commerciaux que sportifs qui contribue le plus à l'élaboration des mesures de contrôle. La pêche de loisir occupe également une place importante dans l'aménagement des ressources halieutiques des estuaires et lagunes de l'Australie. Les objectifs d'aménagement de l'Etat de Victoria sont d'assurer à la collectivité la possibilité d'accéder aux ressources et de faire en sorte que ces ressources soient conservées pour le bénéfice durable de la communauté. Ce système reconnaît à la pêche commerciale son importance en tant que pourvoyeur de poissons frais pour la collectivité et l'aménagement a entre autres pour objet, face à la pression croissante de la pêche de loisir, d'essayer de maintenir les prises et l'effort de la pêche commerciale à peu près aux niveaux actuels. La pêche commerciale est réglementée suivant deux principes. L'un est de conserver les ressources en réglementant la pêche commerciale là où les prises sportives et commerciales conjugées risquent de devenir excessives ou potentiellement trop fortes; pour cela, on institue des zones de fermeture, on limite les conditions d'entrée et on impose des restrictions sur les types d'engins. Dans une autre direction, l'aménagement cherche à atténuer les conflits ou les affrontements entre pêcheurs commerciaux et sportifs, par exemple en restreignant la pêche commerciale au filet dans les estuaires pendant les week-ends et en interdisant toute pêche commerciale dans certaines zones pendant des périodes prolongées (Winstanley, 1981).

4.3  Aquaculture et pêcheries de capture - quelques conflits potentiels

Nombre des auteurs cités dans les précédentes sections concernant l'aménagement, recommandent l'aquaculture, la considérant comme un des moyens d'augmenter les rendements des pêcheries de lagunes et d'estuaires grâce à une utilisation plus efficace du plan d'eau disponible et à l'extension du plan d'eau dans des zones de bordure appropriées, ou comme une panacée permettant d'éviter la nécessité d'aménager les pêcheries de capture dans les lagunes et les estuaires, avec toutes les difficultés que cela comporte.

On entrevoit plusieurs types d'interactions entre l'aquaculture et les pêcheries de capture. Parmi les interactions de caractère biologique/chimique/écologique, qui seront développées un peu plus loin, on peut citer des modifications de la qualité de l'eau et la perte d'un substrat productif naturel au profit des installations aquacoles, implantées soit dans le système lui-même soit sur le rivage. D'autres effets sont peut-être plus évidents, par exemple l'interférence entre les installations d'aquaculture et les pêcheries de capture d'autres encore, de caractère socio-économique, sont plus épineux. Dans cette dernière catégorie, on peut citer le détournement de la main-d'oeuvre et des moyens de subsistance de la pêche de capture par l'aquaculture, si les pêcheurs ne peuvent pas être employés par l'industrie aquacole ou s'ils ne peuvent pas tirer profit de quelque manière, en tant que propriétaires/exploitants, du type d'élevage entrepris. Pourtant, les responsables de l'aménagement des pêcheries, tenants de l'aquaculture, et les socio-économistes n'ont apparemment guère prêté attention à la façon dont les pêcheries de capture et de culture peuvent se compléter heureusement, se concurrencer ou se heurter réciproquement dans les lagunes côtières et les estuaires, sinon du point de vue de l'environnement.

4.3.1  Incidences de l'aquaculture sur le milieu

Odum (1974) traite des incidences de l'aquaculture en les classant dans un certain nombre de grandes catégories, notamment l'aquaculture en tant que source de pollution, les problèmes particuliers de la culture sur radeaux, les altérations physiques de l'environnement et l'introduction d'organismes exotiques.

Parmi les conséquences nuisibles de l'aquaculture qui relèvent de la pollution, citons les modifications de la composition de la faune et de la flore naturelles dues à une production aquatique accrue ou diminuée, des modifications de pH et une diminution de la concentration en oxygène dissous. Quand des produits chimiques exotiques sont utilisés pour lutter contre des maladies ou contre des prédateurs, ils peuvent avoir également un effet nuisible sur les collectivités naturelles voisines.

Considérant la culture sur radeaux comme un cas spécial susceptible d'avoir des effets négatifs en raison de la forte densité des mollusques en conditions d'élevage, Odum (1974) appelle l'attention sur l'abaissement des concentrations en oxygène dissous et des densités de phytoplancton qui peut en résulter en aval du courant; les organismes cultivés sur radeaux pourraient donc concurrencer les mollusques et crustacés existant à l'état naturel et créer des conditions défavorables pour d'autres organismes. La présence des radeaux, en ralentissant la circulation de l'eau, peut aussi accroître les taux de sédimentation.

Chesney et Iglesias (1979) ont étudié les effets d'un élevage de moules sur radeaux sur la distribution et l'abondance des poissons démersaux dans la partie supérieure de l'estuaire du Río de Arosa (Espagne) en procédant à des chalutages dans différents secteurs de l'estuaire, avec et sans radeaux. Bien que les auteurs n'indiquent pas la superficie de l'intérieur de l'estuaire, il semble que les 80 hm² de radeaux qui produisent environ 2 000 tonnes hm-2 par an, occupent moins de 10 pour cent de la partie supérieure semifermée du Río.

Chesney et Iglesias (1979) n'ont pas trouvé de différences notables entre les biomasses de poissons démersaux dans les zones avec et sans radeaux, mais la diversité, la richesse des espèces et les indices d'homogénéité étaient généralement supérieur dans la zone des radeaux. Les raisons données pour expliquer ces résultats sont que les poissons démersaux ne sont pas capables d'utiliser la vaste épifaune associée au radeau, car le nombre d'organismes de cette épifaune ne leur convient pas comme alimentation. D'autre part, la faune benthique située au-dessous des radeaux se ressent des fèces et pseudofèces des moules et l'on peut donc présumer que les poissons démersaux y trouvent, par unité de superficie, une faune moins abondante que dans les zones sans radeaux.

D'autres formes d'aquaculture, non précisément mentionnées par Odum (1974), peuvent dans certaines circonstances endommager les systèmes aquatiques dans lesquels elles se pratiquent, ce sont l'élevage en nasses et l'élevage en viviers. Leopold et Bnińska (1981) et Korycka et Zdawowsky (1981) appellent l'attention sur les incidences négatives de l'élevage en nasses dans les eaux douces de Pologne. Il s'agit notamment de la charge minérale et organique qui entraine l'eutrophisation, la prolifération d'algues, ainsi que des modifications permanentes de la distribution de l'oxygène dissous.

Il semble par contre que si l'on prend le soin de faire correspondre la “charge” liée à l'élevage en nasses ou en viviers avec la capacité du système dans lequel ces nasses ou viviers sont installés, il est possible de faire produite aux lagunes et estuaires oligotrophes davantage de poissons intéressants à capturer, dans l'intérêt réciproque des pêcheries de capture et d'élevage. On devrait pouvoir trouver, dans la volumineuse littérature consacrée aux effets de la pollution sur les systèmes aquatiques, énormément de renseignements susceptibles d'être utilisés comme cadre de référence et point de départ pour la mise au point de critères à suivre pour établir ce genre de correspondance.

Quand on altère physiquement l'environnement pour installer des parcs à poissons, en construisant des étangs, des digues, et en fermant des portions de lagunes, on risque de créer des problèmes du fait que l'on restreint ou modifie les modes de circulation, provoque une augmentation de la sédimentation par les dragages et remblayages, qu'on interfère sur l'alimentation en eaux douces et détruit des systèmes productifs (herbes de marécages, mangroves, herbiers) situés à la limite ou à l'intérieur de l'estuaire ou de la lagune. Ce problème peut devenir particulièrement grave dans les cas d'organismes tributaires de l'estuaire, et pour les pêcheries qu'ils alimentent, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des systèmes touchés. La visible dépendance des rendements en crevettes à l'égard des zones de balancement des marées a été démontrée par Martosobroto et Naamin pour l'Indonésie (1977) et à l'échelle mondiale par Turner (1977) qui fait observer que la destruction de ces zones, quel que soit le moyen employé, est extrêmement grave.

A titre de solution d'aménagement, Odum (1974) suggère que l'élevage aquacole relâche une quantité de juvéniles équivalant à celle qui aurait été produite naturellement si l'estuaire n'avait pas été fermé. Il signale toutefois que le lâcher d'un nombre équivalent de juvénile n'implique pas nécessairement une survie équivalente à celle du stock naturel.

C'est là un point qui reste à démontrer et, non seulement cela, mais c'est aussi une solution impraticable car il est probable que l'aquaculture porte sur une seule espèce ou sur un petit nombre d'espèces d'intérêt économique élevé. Même si on lâche un nombre suffisant de sujets de cette espèce, ceux-ci n'appartiendront pas nécessairement aux espèces qu'exploite la pêcherie de la lagune, de l'estuaire ou du large. I1 faut en outre tenir compte de l'espace perdu pour d'autres organismes non commerciaux, poissons, invertébrés et flore, qui jouent un rôle important dans l'entretien de la capacité de production de ces eaux.

Odum (1974) passe ensuite à l'examen des effets éventuels de remontées artificielles utilisées pour l'aquaculture (probablement négligeables s'il s'agit de petits projets) et du danger de fuite accidentelle dans le milieu naturel d'organismes exotiques utilisés pour la pisciculture. Le second problème pourrait être assez sérieux, non seulement en raison des dommages que pourraient provoquer ces organismes eux-mêmes, mais aussi des agents pathologiques qui pourraient être introduits en même temps par inadvertance. Enfin, Odum (1974) appelle l'attention sur une éventuelle prolifération d'organismes pathologiques et leur introduction dans des eaux naturelles, la forte densité des élevages favorisant une plus grande propagation des maladies que ce n'est normalement le cas dans les systèmes naturels.

4.3.2  Autres incidences de l'aquaculture sur les pêcheries de capture

Une interaction négative possible entre l'aquaculture et les pêcheries de capture concerne l'utilisation de vastes étendues d'eau saumâtre pour la collecte du naissain naturel. En 'Inde, des travaux de recherche concertés ont été faits pour déterminer la distribution temporelle et spatiale, dans les eaux naturelles, des larves de crevettes et des poissons juvéniles destinés à être utilisés comme naissain pour la pisciculture (Shetty et al., 1971; Bhanot, 1971; Thakur, 1975, par exemple). Aux Philippines, de vastes pêcheries s'appuient sur la capture d'alevins de Chanos pour l'élevage. Dans ce cas, les capttures secondaires, qui peuvent comprendre des larves de Penaeus monodon, espèce intéressante, sont rejetées. On ne sait pas dans quelle mesure le ramassage du naissain influe sur la productivité naturelle et sur les pêcheries de capture mais c'est là, quand il se pratique de façon intensive, une question qui mérite considération et qui appelle d'éventuelles mesures d'aménagement en attendant que l'on perfectionne et généralise les techniques de reproduction artificielle.

Une autre source de conflit possible concerne l'espace. Cela ne signifie pas nécessairement que les installations d'aquaculture doivent proliférer au point d'éliminer complètement les pêcheries de capture. Disons plutôt que si, par exemple, on installe d'importants viviers de pisciculture sur des fonds de pêche traditionnellement exploités par une famille ou par une petite coopérative, cela peut perturber le mode d'attribution de la pêche de capture entre les membres de la collectivité. Il est possible aussi que ces installations interfèrent directement avec certaines opérations de la pêche de capture, par exemple dans le cas de l'élevage de moules sur radeaux. De même, Owen (1981) observe que les activités des pêcheurs utilisant des filets sont fortement gênées par l'ostréiculture dans de nombreux estuaires de la Nouvelle Galles du Sud (Australie). Dans ce cas, le problème vient en partie de ce que certains parcs à huîtres sont médiocrement aménagés et insuffisamment balisés.

Sur le plan positif il se peut que certains types d'opérations piscicoles exercent une influence bénéfique sur les pêcheries de capture, u peu comme pour l'aquaculture traditionnelle avec enceintes de branchage (voir section 3.5). Par exemple, il est possible que des viviers attirent à leur périphérie des poissons sauvages qui profitent ainsi d'un abri, se nourrissent des aliments qui s'échappent du vivier, ainsi que des organismes qui vivent en association avec le vivier. L'ingestion par les poissons sauvages des aliments s'échappant des nasses résout le problème que pose la décomposition des aliments non utilisés pour la qualité de l'eau. La concentration de poissons sauvages au voisinage des installations aquacoles peut être un avantage pour les pêcheurs de capture, qui amélioreront localement leurs captures par rapport à l'effort dépensé. Néanmoins, il arrive souvent que pêcheurs et pisciculteurs éprouvent une certaine suspicion et antipathie à l'égard l'un de l'autre. Intégrer socialement et/ou économiquement ces deux activités est donc une condition préalable si l'on veut en conjuguer les bénéfices.

En Australie, d'une manière générale, les décisions concernant l'opportunité de développer l'aquaculture dans les baies et dans les estuaires sont prises après avoir consulté de nombreux organismes et institutions, afin d'assurer un développement rationnel des ressources du littoral. En Tasmanie, par exemple, les concessions sont accordées par le Département des terres, avec la participation toutefois de la Tasmanian Fisheries Development Authority, de l'association des pêcheurs professionnels et d'un certain nombre d'organismes gouvernementaux s'occupant des questions de santé, de navigation, d'environnement, des parcs nationaux et de la vie sauvage, ainsi que des propriétaires mitoyens, des organisations de navigation de plaisance et de l'ensemble du public (Dix, 1981).

4.4  Interactions avec les pêcheries maritimes du littoral et du large

La concurrence entre les pêcheries de lagunes et d'estuaires et les pêcheries maritimes du littoral et du large, quand la pêche porte sur la même espèce, au même stade biologique ou à des stades différents, existe déjà pour certaines espèces de crevettes. García (1978), par exemple, a posé le problème à propos de la pêcherie lagunalre/hauturière de Penaeus duorarum notialis en Côte-d'Ivoire; García, Boely et Domain (1979) l'ont également traité dans le contexte des pêcheries d'Afrique occidentale. Marcille (1978) mentionne un problème analogue dans les pêcheries de crevettes de Madagascar, concernant P. indicus, et McGoodwin (1979) fait un tableau d'ensemble des conflits traditionnels à l'encontre des pêcheries maritimes de crevettes sur la côte pacifique du Mexique. Sans aucun doute, il existe des cas de conflits analogues pour les poissons. A mesure que les pêcheries de lagunes et d'estuaires s'intensifient, ces conflits se multiplient. En revanche, on peut imaginer que, en raison de l'effort intensif exercé sur les stocks du littoral et du large, les pêcheries d'estuaires et de lagunes pourraient se trouver toujours plus compromises dans la mesure où elles sont tributaires de l'entrée d'espèces exploitées au large et sur le littoral. Jhingran et Natarajan (1973) se sont par exemple inquiétés de ce que les pêcheries littorales qui se développent rapidement dans le golfe du Bengale menacent les poissons du lac (lagune) Chilka.

Le fondement biologique de ces conflits vient de ce que certains organismes sont tributaires de l'estuaire, c'est-à-dire qu'ils doivent obligatoirement passer une partie de leur cycle biologique dans un environnement d'estuaire ou de lagune. Le cas des crevettes est particulièrement bien documenté (figures 14 et 15). Les espèces anodromes peuvent aussi être à l'origine de conflits, par exemple l'alose indienne, Hilsa ilisha, qui traverse les lagunes et les estuaires quand elle remonte les cours d'eau pour frayer. Gopalakrishnan (1971) a appelé l'attention sur ce problème car nombre des espèces les plus importantes pour la pêcherie de l'estuaire de Hooghly-Matlah sont anadromes et sont aussi exploitées dans une certaine mesure par la pêcherie maritime du golfe du Bengale. Les espèces marines, qui fréquentent saisonnièrement les estuaires et les lagunes pour des raisons purement trophiques, peuvent aussi être motifs de conflits. On peut également envisager des interactions négatives entre les pêcheries de lagunes et d'estuaires et les pêcheries continentales, à propos d'espèces catadromes telles que Macrobrachium (figure 14).

Fig. 14

Figure 14   Répartition des crevettes commercials dans différents environnements en Inde (d' après Mohamed et Rao, 1971)

Fig. 15

Figure 15   Degré escompté d'occupation des environnements estuariens par les crevettes pénéides commerciales pendant leur développement ontogénétique (d' après Kutkuhn, 1966).

On trouve rarement, dans la littérature consacrée aux régions tropicales et sub-tropicales, des exemples d'interactions entre pêcheries de lagunes/estuaires et pêcheries maritimes, dont les effets soient suffisamment quantifiables pour que l'on puisse évaluer différentes solutions d'aménagement. Lhomme (1979) a étudié l'effet de pêcheries de Penaeus duorarum notialis opérant à l'échelon artisanal dans les estuaires sur les pêcheries du large exploitant la même espèce, dans quatre estuaires d'Afrique de l'Ouest - Sénégal, Sine Saloum, Gambie et Casamance - mais n'a guère trouvé d'éléments indiquant une interaction négative entre la pêche en estuaire et la pêche en haute mer.

García (1977 et 1978) a cependant étudié le problème de plus près en ce qui concerne les interactions entre la pêche industrielle au large et la pêche en lagune de Penaeus duorarum notialis en Côte-d'Ivoire.

Pour des raisons d'ordre pratique, la pêche industrielle au large de Penaeus duorarum notialis commencé en Côte-d'Ivoire en 1969. Les principaux fonds de pêche ivoiriens couvrent environ 1 000 km².

Penaeus duorarum notialis quitte les lagunes et les estuaires à l'âge de trois à quatre mois, après avoir passé 2,5 à 3 mois dans des eaux saumâtres. La migration atteint son maximum quand les cours d'eau sont en crue et que les concentrations salines des lagunes et des estuaires diminuent. La taille des sujets au moment de la migration varie entre les divers secteurs d'une lagune, ainsi qu'entre les lagunes, au cours de l'année et d'une année sur l'autre, en fonction de la salinité (García, 1977; García et Lhomme, 1979).

La Côte-d'Ivoire possède quelque 1 800 km² de lagunes côtières et de mangroves qui servent de zones d'alevinage pour les P. duorarum notialis post-larvaires. Les pêcheries de crevettes en lagune opèrent avec des filets calés de façon regroupée dans le courant descendant, pour pêcher les juvéniles en train d'émigrer, et avec une sorte de filet ciseaux qui est poussé et fonctionne comme un chalut. Ce dernier attrape des crevettes qui n'ont pas encore terminé leur croissance dans les eaux saumâtres. La pêche artisanale de la crevette dans les lagunes assure généralement aux pêcheurs un revenu plus élevé que les autres types de pêche (García et Lhomme, 1979). En 1973, 55 pour cent des recrues potentielles de la pêcherie maritime ont été capturés par la pêcherie lagunaire artisanale.

García (1978), utilisant les données disponibles concernant la production des eaux marines et lagunaires et divers paramètres halieutiques combinés avec des données biologiques sur P. duorarum notialis a étudié les interactions de pêcheries artisanales lagunaires/ industrielles en simulant des variations des taux d'exploitation exprimés du point de vue du rendement au large et dans la lagune et de leur valeur relative (figure 16).

En généralisant les résultats de cette étude, on constate que des variations des taux d'exploitation dans les lagunes (0–50 pour cent) n' auront qu'un effet minime sur le rendement total (lagune plus eaux du large) quand l'exploitation des adultes en mer est au voisinage du rendement maximum équilibré (RME) mais que la valeur globale des captures peut augmenter de 12 à 40 pour cent si, dans les prises industrielles en mer, le nombre de sujets plus gros et de plus grande valeur augmente.

García (1978) constate que ni l'une ni l'autre des mesures extrémistes d'aménagement des ressources - suppression de la pêche lagunaire artisanale ou suppression de la pêche industrielle - ne serait viable. La suppression de la pêche lagunaire causerait, cela est certain, des ravages socio-économiques, pour ne pas dire politiques. La suppression de la pêcherie maritime industrielle, tous les efforts se concentrant à l'avenir sur les lagunes, pourrait entraîner pour le moins, la disparition économique, sinon l'extinction biologique de l'espèce par surexploitation des lagunes si le stock reproducteur ne conservait pas une abondance minimum. García (1978) propose quatre mesures générales d'aménagement des pêcheries lagunaires qui permettraient d'augmenter le recrutement des crevettes pour la pêcherie industrielle du large: 1) contrôle des maillages des engins de pêche fixes (filets calés); 2) stricte limitation ou interdiction des engins qui attrapent les crevettes juvéniles avant leur migration; 3) réglementation des emplacements des filets posés sur les routes de migration des crevettes dans les chenaux; et 4) institution d'une période de fermeture, tant en mer que dans les lagunes, à l'époque du gros de la migration vers les lagunes et pendant la période de croissance post-larvaire maximum.

Fig. 16

Figure 16  Effet du taux d'exploitation de la pêcherie artisanale et de l'effort exercé par la pêcherie maritime industrielle de la crevette sur le rendement total et sur la valeur totale de la pêcherie de crevette en côte-d' Ivoire. Situation réelle en 1973 et situations diverses obtainues par simulation (d'après García, 1978).

Les interactions entre pêcheries de crevettes, artisanales et industrielles, ont été étudiées par Marcille (1978) sur la côte nord-ouest de Madagascar. La pêche artisanale opère au moyen de pièges-bordigues construits en bois naturel et installés en V dans les zones de balancement des marées, près de l'embouchure de cours d'eau proches des zones d'alevinage de la crevette, principalement P. indicus. Etant donné leur emplacement et les caractéristiques des pièges eux-mêmes, nombre de crevettes n'ayant pas la taille commerciale y restent prises. L'emploi de ces pièges a augmenté ces dernières années dans la baie d'Ambaro, sous l'effet de la constitution de sociétés d'exportation de crevettes qui envoient des camions réfrigérés dans les villages de la côte pour ramasser les captures. Les pêcheurs utilisent aussi, jusqu'à un certain point, des sennes de plage.

Utilisant des données et des techniques d'analyse très semblables à celles de García (1977) (voir ci-dessus), Marcille (1978) est parvenu à démontrer que la suppression de la pêche artisanale dans la baie d'Ambaro pourrait augmenter de 8 à 30 pour cent des captures industrielles, compte tenu de différentes hypothèses concernant le taux de mortalité naturelle, ce qui donnerait une augmentation de 15–45 pour cent des profits suivant la taille des crevettes.

Parmi les solutions d'aménagement retenues par Marcille (1978) pour les pêcheries artisanales citons: 1) des zones de fermeture; 2) une période de fermeture, commençant dès qu'un rendement déterminé est obtenu; 3) une période de fermeture à époque fixe; et 4) la protection des jeunes crevettes. Les trois premières solutions ont été rejetées car impraticables vu l'impossibilité d'identifier les zones d'alevinage correspondant aux différentes espèces (la pêche hauturière porte sur trois espèces) avec les fonds où elles sont pêchées, et vu les décalages enregistrés entre les cycles biologiques des différents stocks et, par conséquent, entre les époques où ils peuvent être exploités.

On a jugé que le contrôle de la sélectivité des pièges-bordigues constituait une solution d'aménagement viable. Les données indiquent que 1'écartement moyen entre les “mailles” du piège n'était que de 7,5 mm et devrait être porté à 11 mm environ ce qui pouvait être facilement obtenu en modifiant les matériaux utilisés. L'adoption d'une telle réglementation profiterait aux pêcheurs exploitant les bordigues en ce sens que la dimension moyenne des crevettes figurant dans les captures augmenterait, ainsi que leur valeur unitaire tandis que parallèlement le recrutement de la pêcherie industrielle s'améliorerait. La limitation du nombre des bordigues en exploitation n'a pas été jugée opportune, car les bordigues servent aussi à prendre du poisson, ce qui est important pour les villages. Néanmoins, on a préconisé un passage progressif aux sennes de plage compte tenu de ce qu'il est plus facile de contrôler leur maillage que celui des bordigues.


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