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Chapitre 3: SYNTHÈSE


3.1 - Le ravitaillement alimentaire comme acteur du développement régional et de l’aménagement urbain

3.1 - Le ravitaillement alimentaire comme acteur du développement régional et de l’aménagement urbain

Nés de la croissance démographique des villes, les problèmes que présentent l’approvisionnement et la distribution alimentaires ne sauraient être considérés seulement en eux-mêmes, mais doivent être replacés dans le cadre de l’espace régional comme de l’espace urbain. L’espace régional doit être un espace aménagé en vue de son développement, lequel ne peut être conçu qu’en relation avec la ville qui le polarise et dans le cadre d’un tissu urbain existant ou à promouvoir. La ville n’existe pas seulement en elle-même, mais dans l’ensemble régional auquel elle appartient, et un environnement rural trop peu développé ou trop délaissé ne peut assurer à son centre régional une offre alimentaire à des prix acceptables.

De ce point de vue, la théorie géographique rappelle le rôle des réseaux de transport et de communication et celui des petites villes dans la structuration régionale et le fonctionnement correct des SADA. L’approvisionnement urbain n’est pas seulement affaire de production agroalimentaire ni d’offre alimentaire en quantités suffisantes. Il doit être considéré comme l’un des éléments permettant la confortation de l’espace régional et de l’espace urbain.

L’évolution des SADA en Afrique de l’Ouest comme ailleurs, présente un double aspect:

Ces évolutions seraient inquiétantes si elles signifiaient la marginalisation, voire la destruction des espaces d’approvisionnement “naturels”, c’est-à-dire les plus proches de la ville, rendus incapables de résister à la concurrence d’autres espaces, plus lointains, mais dont la commercialisation de la production est plus facile ou mieux organisée, ou encore subventionnée. Le problème posé ressemble fort à celui de la désindustrialisation des pays du tiers monde. Le risque n’est-il pas que la ville se transforme en une sorte de kyste, organisme sans relations utiles avec son environnement immédiat, voire avec le territoire national, en ce sens que son approvisionnement alimentaire serait majoritairement constitué de produits d’origine étrangère (y compris de dons alimentaires), élaborés par l’agro-industrie transnationale, ou même de consommation directe?

Dans une approche géographique des SADA, la ville possède un rôle historique de centre d’animation et de pôle de développement de sa région, quel qu’imparfait que soit souvent celui-ci en Afrique. S’il est vrai que les villes africaines ont rarement, et sauf exceptions, été l’émanation d’une région à la façon de celles de l’ancien monde, elles n’en ont pas moins réussi peu à peu à se construire leur propre région au sens géographique du terme, c’est-à-dire un ensemble de relations et de flux multiples d’hommes, de marchandises et de capitaux. Parmi ces échanges, ceux qui concernent les denrées alimentaires assurant l’approvisionnement urbain tiennent une place essentielle, tant par leur volume dans l’activité commerciale générale et l’importance des populations impliquées, que par la stimulation de la production agricole qu’ils induisent.

Le sens et l’objectif des interventions souhaitables quant à l’approvisionnement alimentaire des villes africaines est donc d’éviter une débilitation du tissu économique régional et, en particulier, un effacement du rôle qui devrait être celui des petites villes. La ville n’est pas seulement un marché de consommation alimentaire qu’il s’agirait de ravitailler le mieux possible et au plus bas prix possible en quantité et qualité. Elle est aussi un pôle de développement qu’il s’agit de confirmer et de renforcer dans son rôle de construction et d’animation de l’économie régionale et, pour certaines d’entre elles, nationale, dont l’une des composantes essentielles est précisément l’approvisionnement alimentaire des citadins.

Quant à la distribution intra-urbaine, elle doit demeurer aussi multiple que possible de façon à permettre l’accès à une alimentation correcte pour tous les citadins quelles que soient leurs ressources, et les interventions souhaitables doivent aller dans le sens d’une amélioration des qualités nutritives et des conditions de salubrité de l’offre alimentaire du circuit populaire.


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