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Introduction

Depuis déjà plusieurs années, la FAO comme d'autres organismes concernés par le développement de la commercialisation agricole soutiennent que la création de Services d'information sur les marchés (SIM) est un moyen valable d'améliorer l'efficacité des systèmes de commercialisation et d'assurer une plus grande stabilité des cours. Il est dit qu'une meilleure information devrait permettre aux agriculteurs de mieux planifier leur production en fonction de la demande des marchés, d'organiser leurs récoltes de façon à coïncider avec les époques les plus favorables, de choisir les marchés auxquels ils veulent destiner leurs produits et de négocier avec les intermédiaires en meilleure connaissance de cause. Les négociants en tireraient profit également. Une meilleure information leur permettrait de gagner plus en plaçant les produits de surplus sur des marchés déficitaires et de mieux évaluer la viabilité des stockages, quand ceux-ci sont techniquement faisables. A l'exception de quelques dissensions (Bowbrick, 1988), ces arguments sont en général acceptés par tous et un grand nombre de pays en développement ainsi qu'un nombre croissant de pays d'Europe orientale et de l'ex-Union Soviétique ont établi ou sont en train de créer des SIM.

Malheureusement, les résultats obtenus par ces SIM dans le monde sont loin d'être satisfaisants. Avant la publication de ce bulletin, la FAO avait eu l'occasion de conduire une enquête dans tous les Etats-membres à ce sujet. Le résultat de cette enquête a montré que si de nombreux pays disposent d'un SIM quelconque, la plupart des services fournis par ces SIM ne peuvent être considérés comme capables de donner aux agriculteurs et aux négociants des informations commercialement valables. La plupart des SIM se contentent de collecter les informations, et même cette collecte présente des lacunes. Ces SIM souffrent également souvent du fait d'avoir été mis en place par des services publics qui n'ont qu'une connaissance insuffisante des aspects commerciaux. Plus grave encore, la plupart des SIM existants souffrent d'une pénurie de ressources. Ils ont souvent été mis en place par des bailleurs de fonds et, une fois ces derniers partis, ils sont devenus impossibles à gérer. Ceux qui veulent créer un SIM ont souvent tendance à prévoir des services trop importants, en oubliant de tenir compte que les organismes doivent ensuite pouvoir continuer à les gérer.

Il apparaît donc nécessaire de réévaluer les SIM. Ce n'est pas leur utilité qui est mise en doute, mais la manière dont ils ont été organisés et gérés par le passé doit être revue. Quand on conçoit un SIM, il est indispensable de considérer en premier lieu son utilité commerciale et sa viabilité. Il faut donc procéder à une recherche détaillée des besoins de tous ceux qui participent au système de commercialisation. Il faut également adapter le SIM aux ressources disponibles et n'envisager son agrandissement que lorsqu'on est sûr de disposer des fonds supplémentaires nécessaires, et à long terme.

La suite de cette introduction présente la manière dont la FAO définit un SIM. Le chapitre 1 analyse, de façon suffisamment détaillée, les différents avantages théoriques de ce genre de service. Le chapitre 2 décrit les différents SIM existant actuellement dans le monde (sur la base d'une enquête menée par la FAO dans tous ses Etats-membres). Le chapitre 3 prend en considération les points concernant la mise en place d'un SIM viable, valable et efficace. Le chapitre 4 présente quelques conclusions.

Ce bulletin privilégie les informations sur les marchés de céréales et sur les marchés de fruits et légumes (Holtzman, 1996). Il se veut essentiellement un document susceptible de servir de base de discussion. Bien qu'il contienne quelques suggestions techniques sur la manière de recueillir les informations nécessaires, ainsi que sur la manière de les traiter et de les diffuser, il ne s'agit nullement d'un manuel sur la façon dont les SIM doivent être organisés. Ce thème a été traité, dans une certaine mesure, par des documents précédents, publiés par la GTZ (Schubert, et al, 1988) et par la FAO (Schubert, et al, 1983). Par ailleurs, un mode opératoire détaillé sur la manière de collecter et d'utiliser les informations afin d'anticiper les tendances des marchés de céréales a été proposé dans un manuel présenté lors d'un séminaire de travail SADC par deux projets FAO effectués sur le terrain (Helder & Nyhoff, 1994).

Lors d'une publication de 1995 concernant le SIM indonésien (Shepherd & Schalke, 1995), la FAO a développé une première définition de ce que doit être un SIM. Cette définition, légèrement revue, est reproduite ci-dessous:

Un service, généralement public, qui se charge de collecter périodiquement, auprès des marchés de groupage ruraux, des marchés de gros et des marchés de détail, toutes les informations nécessaires relatives aux cours et aux prix pratiqués, et éventuellement aux quantités des denrées agricoles les plus couramment commercialisées afin de les porter, régulièrement et en temps utile, à la connaissance des agriculteurs, des négociants, des responsables de l'Administration, des gouvernants et autres, y compris les consommateurs, en les diffusant par l'intermédiaire des différents médias disponibles.
L'activité qui répond plus ou moins à cette définition porte différents noms. La FAO a consacré le nom de Services d'information sur les marchés (SIM) pour bien distinguer l'information sur les «marchés» de l'information sur les circuits de «commercialisation». L'information sur la commercialisation est en effet beaucoup plus vaste et peut inclure des détails sur les débouchés potentiels des produits, les modalités de paiement, les normes de conditionnement, la qualité requise et bien d'autres renseignements dont les producteurs ont besoin pour pouvoir vendre leurs produits avec succès. L'information sur les marchés n'est qu'un volet de l'information sur la commercialisation. Nous avons également évité d'utiliser le mot «système» car ce mot évoque plutôt le fait de réunir des données parfois assez abstraites, et non obligatoirement le fait de fournir un «service» destiné aux agriculteurs et aux négociants.

On s'attend donc d'un SIM qu'il soit «transparent», qu'il offre à tous une bonne vision des principales tendances des cours et des prix, et qu'il fournisse un certain nombre d'autres renseignements utiles. Tout ceci peut servir à «l'arbitrage», c'est-à-dire au fait d'acheter à bas prix et de revendre quand le cours est au plus haut. En théorie, quand un système de commercialisation fonctionne bien, les prix des différents marchés dépendent des tractations entre négociants. On parle alors «d'arbitrage spatial» des cours, les négociants faisant leurs affaires sur les écarts de prix jusqu'au moment où cet écart atteint le niveau qu'ils jugent correct pour passer à la transaction. On parle par contre «d'arbitrage temporel» quand il y a stockage des produits pour pouvoir profiter, plus tard dans la saison, voire même l'année suivante, de cours ou de prix plus rémunérateurs.

Comme on le verra au chapitre 1, en plus de faciliter ce mécanisme, les SIM peuvent avoir les impacts suivants:


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