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III. CHAMPS ECOLES PAYSANS (CEP)


La prochaine étape dans le processus de formation est l’organisation d’un Champ Ecole Paysans (CEP) visant la formation des formateurs sur les nouvelles alternatives et sur GID.

L’approche conventionnelle de formation de paysans a été jusqu’à récemment l’organisation des journées de visites au champ pendant lesquelles les paysans sont mis en contact avec les démonstrations de nouvelles technologies. Le problème avec ce type de formation est que les paysans sont des participants passifs. Ils écoutent les conseils donnés par les agents de vulgarisation et les agents des usines de produits chimiques, mais ne participent pas au processus d’adaptation de la technologie. Le résultat est que, les paysans continuent d’utiliser les méthodes traditionnelles, et ne sont pas encouragés à essayer les nouvelles technologies.

Le CEP fournit aux paysans l’opportunité de tester les alternatives et de les améliorer par l’introduction de nouveaux éléments. Un lopin de terre divisé entre plusieurs paysans est utilisé pour tester les alternatives. Le résultat principal de la formation est que les paysans adoptent volontairement les nouvelles alternatives et les réalisent sur leurs parcelles au champ.

Le formateur qui guide et facilite les CEP devrait être un vulgarisateur, un agent de protection des végétaux ou autres techniciens préalablement formés à des séances de FDF, tandis que les participants sont des producteurs appartenant à des groupes organisés existants ou sélectionnés par le formateur en consultation discrète avec le leader de la communauté.

Fermiers installant une pépinière dans un champ école paysan

FAO/19881

Le CEP est habituellement un exercice à moyen terme qui peut durer tout le cycle de la culture. Lorsque le MeBr est appliqué au sol pour la production de jeunes plants pour repiquage, la durée du CEP devrait être celle de la pépinière. Un CEP comporte trois phases principales: planification, réalisation et évaluation.

1. Planification

La planification d’un CEP implique la préparation de la formation, et celle-ci devrait prendre en compte les différents aspects de la communauté agricole à former. Ces éléments peuvent être:

Estimation de l’usage et de la consommation du MeBr qui servirait de point de départ pour l’analyse. Les données principales à collecter seraient:

(a) nombre de fermiers utilisant couramment le MeBr comme un fumigant du sol pour les cultures et les doses d’application. Le tableau ci-dessous illustre les données initiales requises.

(b) Méthodes d’application de MeBr: Il est important de savoir si seulement les paysans utilisent le fumigant, ou s’ils payent les services d’une compagnie de fumigation.

Cultures traitées au MeBr

Paysans

Surface cultivée (ha)

Consommation de Bromure de méthane (kg)

Piment vert

30

0,2

160

Melon

100

0,5

400

Tomates

200

1,0

800

Statut socio-économique des paysans: le niveau d’éducation des paysans et leur statut économique

· Connaissance et conscience des paysans:

(a) Conscience à propos des problèmes environnementaux posés par l’usage, par la résistance du consommateur au MeBr et le besoin de le remplacer.

(b) La connaissance et la conscience à propos du développement des nouvelles alternatives et leur efficacité etc.

Il y a d’autres étapes dans la préparation du CEP telles que l’identification de leader(s) de la communauté, l’identification des paysans à former et les alternatives à enseigner.

2. Réalisation

Pour la réalisation du CEP, les paysans auront à:

1. Sélectionner un site commun, qui est normalement situé dans la communauté où les producteurs vivent. Sa taille dépendra de la culture et de son stade phénologique. Les pépinières peuvent avoir une aire plus petite que celle des cultures en champ. Certains villages ont des terrains communaux qui peuvent être gratuitement utilisés. D’autres ont besoin de contribution ou de compensation au cas où les rendements des expérimentations sont bas, etc... Il est important de noter que le terrain doit être entretenu par le groupe de paysans.

2. Sélectionner les cultures sur lesquelles les exercices seront faits. Les cultures traitées avec le MeBr seraient évidemment sélectionnées.

3. Réaliser l’alternative. Les technologies à tester par les paysans devraient être sélectionnées par le formateur et discuter avec les paysans. Une fois que les alternatives sont choisies, les paysans seront responsables du démarrage des activités aux champs en examinant et en prenant des décisions sur comment appliquer la technique proposée.

Une comparaison sera faite entre les traitements d’alternatives ayant été testées et le traitement conventionnel avec le MeBr. Le formateur devrait avertir le paysan que dans certains cas, le traitement au MeBr peut être techniquement plus efficace mais depuis que sa suppression et imminente, il est nécessaire de trouver des alternatives efficaces.

L’acceptation des alternatives dépendra du succès de leur réalisation et adaptation aux besoins locaux. Ainsi, l’évaluation positive des résultats des alternatives proposées est l’élément clef pour la prise de décisions.

Les autres activités et exercices nécessaires pour résoudre les problèmes de la GID peuvent requérir des périodes plus longues que celles de l’apprentissage à la réalisation de nouvelles alternatives.

A travers ces activités, les paysans seraient capables de contrôler les parasites et les ennemis naturels, et connaître leur cycle de vie. Si les exercices proposés sont adaptés aux conditions locales, ils peuvent offrir d’expérience pratique sur les interactions existant entre les composants d’un agro-écoystème spécifique.

Des essais et des exercices offriraient une bonne compréhension des principes de base d’une GID afin de les appliquer aux aires cultivées. Les principes essentiels de GID qui devraient toujours être observés sont: (1) une culture saine et le besoin d’un environnement sain; (2) la protection des ennemis naturels et la compréhension d’écosystème; et (3) faire régulièrement des observations au champ et le suivi des organismes nuisibles.

3. Evaluation

Le CEP comme la FDF inclurait l’évaluation des participants au début et à la fin du cours. A ce propos, un test sera fait pour évaluer le niveau de connaissance des participants sur la suppression progressive de MeBr et des techniques alternatives disponibles.

Le premier test contiendra plus d’éléments pour la préparation du programme de CEP tandis que le test final montrera le niveau de compréhension atteint par les paysans pendant la formation.

Paysans formés en champ école paysan évaluant un essai

FAO/18359/P. Cenini

Les tests comporteraient quelques questions de base telles que:

L’évaluation finale est une occasion pour les paysans formés de prôner l’information sur les alternatives, adaptations et autres détails. Un moment peut-être réservé pour cet exercice durant un jour particulier, et les paysans devraient être capables de décrire:

Après le CEP, les vulgarisateurs, sous la supervision du formateur de la formation des formateurs suivra l’application des alternatives dans les champs des paysans, afin de s’assurer de leur adoption et de leur utilisation continuelle.

Pour s’assurer d’une application réussie, le suivi consisterait à la visite mensuelle des champs afin de s’assurer de la bonne application des nouvelles alternatives et rectifier les insuffisances possibles.

Les formateurs aussi bénéficieront de telles visites. Les expériences des paysans offriraient d’utiles feed back pour les recherches ultérieures et les activités de formation en alternatives au MeBr dans le pays.

Les bons résultats obtenus avec les nouvelles alternatives pourraient être étendus à d’autres paysans qui utilisent encore le MeBr. Dans la plupart des cas, les paysans expérimentés peuvent servir de facilitateurs pour les nouveaux CEP.


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