La prochaine étape dans le processus de formation est lorganisation dun Champ Ecole Paysans (CEP) visant la formation des formateurs sur les nouvelles alternatives et sur GID.
Lapproche conventionnelle de formation de paysans a été jusquà récemment lorganisation des journées de visites au champ pendant lesquelles les paysans sont mis en contact avec les démonstrations de nouvelles technologies. Le problème avec ce type de formation est que les paysans sont des participants passifs. Ils écoutent les conseils donnés par les agents de vulgarisation et les agents des usines de produits chimiques, mais ne participent pas au processus dadaptation de la technologie. Le résultat est que, les paysans continuent dutiliser les méthodes traditionnelles, et ne sont pas encouragés à essayer les nouvelles technologies.
Le CEP fournit aux paysans lopportunité de tester les alternatives et de les améliorer par lintroduction de nouveaux éléments. Un lopin de terre divisé entre plusieurs paysans est utilisé pour tester les alternatives. Le résultat principal de la formation est que les paysans adoptent volontairement les nouvelles alternatives et les réalisent sur leurs parcelles au champ.
Le formateur qui guide et facilite les CEP devrait être un vulgarisateur, un agent de protection des végétaux ou autres techniciens préalablement formés à des séances de FDF, tandis que les participants sont des producteurs appartenant à des groupes organisés existants ou sélectionnés par le formateur en consultation discrète avec le leader de la communauté.
Fermiers installant une pépinière dans un champ école paysan
FAO/19881
Le CEP est habituellement un exercice à moyen terme qui peut durer tout le cycle de la culture. Lorsque le MeBr est appliqué au sol pour la production de jeunes plants pour repiquage, la durée du CEP devrait être celle de la pépinière. Un CEP comporte trois phases principales: planification, réalisation et évaluation.
La planification dun CEP implique la préparation de la formation, et celle-ci devrait prendre en compte les différents aspects de la communauté agricole à former. Ces éléments peuvent être:
Estimation de lusage et de la consommation du MeBr qui servirait de point de départ pour lanalyse. Les données principales à collecter seraient:
(a) nombre de fermiers utilisant couramment le MeBr comme un fumigant du sol pour les cultures et les doses dapplication. Le tableau ci-dessous illustre les données initiales requises.
(b) Méthodes dapplication de MeBr: Il est important de savoir si seulement les paysans utilisent le fumigant, ou sils payent les services dune compagnie de fumigation.
Cultures traitées au MeBr |
Paysans |
Surface cultivée (ha) |
Consommation de Bromure de méthane (kg) |
Piment vert |
30 |
0,2 |
160 |
Melon |
100 |
0,5 |
400 |
Tomates |
200 |
1,0 |
800 |
Statut socio-économique des paysans: le niveau déducation des paysans et leur statut économique
· Connaissance et conscience des paysans:
(a) Conscience à propos des problèmes environnementaux posés par lusage, par la résistance du consommateur au MeBr et le besoin de le remplacer.
(b) La connaissance et la conscience à propos du développement des nouvelles alternatives et leur efficacité etc.
Il y a dautres étapes dans la préparation du CEP telles que lidentification de leader(s) de la communauté, lidentification des paysans à former et les alternatives à enseigner.
Lidentification du leader de la communauté est vitale pour faciliter le rôle, lintérêt et la participation des producteurs. Linteraction avec le leader aide à identifier et à organiser les producteurs et à établir et à diriger le CEP, et à réaliser le suivi des actions.
Lidentification des paysans à former a lieu à la réunion initiée par le facilitateur avec le leader et les producteurs. A cette réunion, le processus du CEP est expliqué avec détails aux futurs participants.
Alternatives à enseigner
Le formateur ou le faciliateur qui connaît la culture traitée et les principaux parasites devrait être capable de sélectionner les alternatives les plus prometteuses à tester par les paysans pendant le CEP. Le formateur devrait évidemment avoir une connaissance préalable des alternatives déjà étudiées et validées dans les pays.
Une autre première étape dans lorganisation des CEP est linstallation dun groupe de paysans. Habituellement le groupe se compose de 25 à 30 producteurs ayant des intérêts communs par exemple cultivant le même produit et rencontrant les mêmes problèmes de parasites. La taille du groupe dépend du nombre de paysans qui peuvent confortablement travailler ensemble avec un facilitateur. Les participants sont divisés en groupes de 5 ou 6 personnes pour que tous les membres de la communauté agricole puissent mieux participer aux observations en champ, aux analyses, aux discussions et aux présentations.
La durée des CEP devrait en général être celle du cycle de la culture. Un CEP peut sétendre au delà dune saison sil est nécessaire, mais peut rarement être efficace si elle est plus courte que le cycle de la culture. Ceci dépend de la culture et des problèmes qui sont traités dans le CEP.
Le rééchelonnement de la formation est basé sur la phénologie de la culture; par exemple les problèmes de semis sont traités dans le CEP. Les leçons ou les exercices sont habituellement dune durée de 4 ou 5 heures et ont lieu hebdomadairement.
Les activités de CEP ont principalement lieu sur des lopins cultivés. Toutefois, il est important davoir une aire ombragée proche de la parcelle cultivée pour organiser les discussions et autres activités.
Pour la réalisation du CEP, les paysans auront à:
1. Sélectionner un site commun, qui est normalement situé dans la communauté où les producteurs vivent. Sa taille dépendra de la culture et de son stade phénologique. Les pépinières peuvent avoir une aire plus petite que celle des cultures en champ. Certains villages ont des terrains communaux qui peuvent être gratuitement utilisés. Dautres ont besoin de contribution ou de compensation au cas où les rendements des expérimentations sont bas, etc... Il est important de noter que le terrain doit être entretenu par le groupe de paysans.
2. Sélectionner les cultures sur lesquelles les exercices seront faits. Les cultures traitées avec le MeBr seraient évidemment sélectionnées.
3. Réaliser lalternative. Les technologies à tester par les paysans devraient être sélectionnées par le formateur et discuter avec les paysans. Une fois que les alternatives sont choisies, les paysans seront responsables du démarrage des activités aux champs en examinant et en prenant des décisions sur comment appliquer la technique proposée.
Une comparaison sera faite entre les traitements dalternatives ayant été testées et le traitement conventionnel avec le MeBr. Le formateur devrait avertir le paysan que dans certains cas, le traitement au MeBr peut être techniquement plus efficace mais depuis que sa suppression et imminente, il est nécessaire de trouver des alternatives efficaces.
Lacceptation des alternatives dépendra du succès de leur réalisation et adaptation aux besoins locaux. Ainsi, lévaluation positive des résultats des alternatives proposées est lélément clef pour la prise de décisions.
Les autres activités et exercices nécessaires pour résoudre les problèmes de la GID peuvent requérir des périodes plus longues que celles de lapprentissage à la réalisation de nouvelles alternatives.
A travers ces activités, les paysans seraient capables de contrôler les parasites et les ennemis naturels, et connaître leur cycle de vie. Si les exercices proposés sont adaptés aux conditions locales, ils peuvent offrir dexpérience pratique sur les interactions existant entre les composants dun agro-écoystème spécifique.
Des essais et des exercices offriraient une bonne compréhension des principes de base dune GID afin de les appliquer aux aires cultivées. Les principes essentiels de GID qui devraient toujours être observés sont: (1) une culture saine et le besoin dun environnement sain; (2) la protection des ennemis naturels et la compréhension décosystème; et (3) faire régulièrement des observations au champ et le suivi des organismes nuisibles.
Le CEP comme la FDF inclurait lévaluation des participants au début et à la fin du cours. A ce propos, un test sera fait pour évaluer le niveau de connaissance des participants sur la suppression progressive de MeBr et des techniques alternatives disponibles.
Le premier test contiendra plus déléments pour la préparation du programme de CEP tandis que le test final montrera le niveau de compréhension atteint par les paysans pendant la formation.
Paysans formés en champ école paysan évaluant un essai
FAO/18359/P. Cenini
Les tests comporteraient quelques questions de base telles que:
identification des arthropodes et nématodes du sol, les symptômes des maladies, et ceux qui sont liés à la présence des mauvaises herbes
types de pesticides couramment utilisés pour le contrôle des sols infestés et connaissance des problèmes de MeBr
les nouvelles méthodes de contrôle possibles ou réelles de sols parasités
autres techniques de GID.
Lévaluation finale est une occasion pour les paysans formés de prôner linformation sur les alternatives, adaptations et autres détails. Un moment peut-être réservé pour cet exercice durant un jour particulier, et les paysans devraient être capables de décrire:
lefficacité de nouvelles alternatives;
comment les utiliser;
la différence entre les alternatives nouvelles et le traitement au MeBr en mettant laccent sur les avantages techniques et économiques possibles;
les caractéristiques des parasites principaux et les pertes causées par eux sur les cultures;
les principes de GID.
Après le CEP, les vulgarisateurs, sous la supervision du formateur de la formation des formateurs suivra lapplication des alternatives dans les champs des paysans, afin de sassurer de leur adoption et de leur utilisation continuelle.
Pour sassurer dune application réussie, le suivi consisterait à la visite mensuelle des champs afin de sassurer de la bonne application des nouvelles alternatives et rectifier les insuffisances possibles.
Les formateurs aussi bénéficieront de telles visites. Les expériences des paysans offriraient dutiles feed back pour les recherches ultérieures et les activités de formation en alternatives au MeBr dans le pays.
Les bons résultats obtenus avec les nouvelles alternatives pourraient être étendus à dautres paysans qui utilisent encore le MeBr. Dans la plupart des cas, les paysans expérimentés peuvent servir de facilitateurs pour les nouveaux CEP.