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CHINCHARDS


4.1 Identité du stock
4.2 Les pêcheries
4.3 Données de capture et d’effort
4.4 Données biologiques
4.5 Indices d’abondance
4.6 Évaluation
4.7 Recommandations de gestion
4.8 Recherche future

Nous traiterons dans cette partie uniquement deux espèces de chinchards Trachurus trachurus et Trachurus trecae. L'importance du chinchard jaune (Caranx rhonchus) dans la pêche commerciale est devenue négligeable ces dernières années au niveau de la sous région.

4.1 Identité du stock

Le chinchard d’Europe (Trachurus trachurus)

C'est une espèce qui préfère les eaux tempérées. Elle est répandue au large des côtes de l’Atlantique jusqu'en Norvège. On la rencontre également en Méditerranée mais rarement en Mer Noire. En Afrique sa distribution va du détroit de Gibraltar au Sénégal. Cette espèce se répartit de la côte à plus de 300 m. Elle occupe de préférence les secteurs les plus profonds du plateau continental (fonds de 100 m et davantage). En Mauritanie, les concentrations les plus importantes se rencontrent généralement entre 18° et 20°N.

Pour la zone nord COPACE, deux stocks (Trachurus trachurus) peuvent être identifiés (Tableau 4.1.1):

Le chinchard du Cunène (Trachurus trecae)

Espèce tropicale, le chinchard du Cunène se rencontre dans tout l'Atlantique Est du Cap Bojador (26°N) au sud de l'Angola. Il est présent toute l'année dans toute la zone, mais c'est entre Saint Louis (16°N) et Nouakchott (18°N) que les concentrations sont généralement les plus importantes. Le chinchard du Cunène a une répartition plus côtière que le chinchard d’Europe. L'essentiel de sa concentration est localisé sur des fonds de moins de 100 mètres. Les déplacements de cette espèce dans la zone se font en fonction du mouvement du front intertropical. Au cours de la saison froide, il est surtout présent au sud. Il remonte au nord pendant la saison chaude en suivant la progression des eaux chaudes.

4.2 Les pêcheries


4.2.1 Les chalutiers est-européens
4.2.2 Les chalutiers de l'Union européenne

L'exploitation des chinchards dans la Zone Nord du COPACE est assurée par plusieurs flottilles de nationalités différentes. En Mauritanie, en plus de quelques navires nationaux, on dénombre jusqu'à 23 nationalités étrangères qui ont opéré dans cette zone au cours de la dernière décennie. Il s'agit notamment des flottilles issues de l'Ex-Union soviétique (Russie, Ukraine, Lituanie, Lettonie et Estonie) de l'Europe (Hollande, France, Grande Bretagne, Malte, Suède, Pologne et Chypre) et d'une multitude d'autres pays: Panama, Ghana, Iles Marshall, Saint Vincent et Grenadine, etc.).

Au Sénégal, les chinchards ne font pas l’objet de captures significatives. Au cours des dernières années, des captures importantes ont été réalisées par les navires russes qui opèrent au large.

Dans la zone nord-marocaine, le chinchard d’Europe (Trachurus trachurus) est exploité par une flotte nationale composée de senneurs et de chalutiers côtiers. Les senneurs ciblent la sardine et les chalutiers principalement les céphalopodes et les espèces démersales.

Caractéristique générale des flottilles de petits pélagiques en activité dans la Zone nord du COPACE

Les flottilles sont constituées par des chalutiers à grande autonomie suivant les concentrations de poissons et assurent en mer la transformation du poisson pêché (congélation, conserve, farine). Ces flottilles sont composées de navires de l'Europe de l’Est présents dans la zone depuis quatre décennies, et plus récemment des navires de l'Union européenne. Les navires industriels nationaux sont peu développés.

Suivant la classification de la FAO basée sur le Tonnage Brut, les bateaux en activité en Mauritanie peuvent être classés en 12 catégories. Les classes 10 (2000 à 3999,9 TB) et 11 (4000 à 9999,9 TB) sont les plus représentées (Ould Beye, 1998)

4.2.1 Les chalutiers est-européens

Le Tableau 4.2.1 indique les caractéristiques générales des chalutiers pélagiques est-européens opérant dans les eaux mauritaniennes. Ces navires sont regroupés en différentes «catégories» en fonction de leur taille et de leur équipement. Certains sont conçus pour l'Atlantique tropical: BMRT, RTMA et RTMS. D'autres comme les BKRT et RKTS ont été construits pour les mers froides. Certains sont même conçus pour la capture et le traitement à bord de la crevette arctique. Les plus récents sont les BATM et les RTMKS. Ces dernières années, on a observé un accroissement du pourcentage des navires les plus neufs, les plus puissants et polyvalents (congélation, conserve, farine). Ainsi les navires ayant une puissance motrice supérieure à 7000 CV, absents en 1991 dans cette zone, représentaient 54 % des navires en 1996 (Sepia, 1997).

Pour atteindre les bancs profonds de maquereaux et de chinchards, les chaluts pélagiques utilisés par les bateaux de l'est européen ont une chute de 72-80m. Ils opèrent donc à une certaine profondeur, et de ce fait ramènent en même temps des espèces démersales et autres espèces néritiques qui se trouvent dans les couches d'eau intermédiaires balayées par les chaluts.

Le poisson est directement transbordé sur des cargos qui l'acheminent vers les marchés de destination.

4.2.2 Les chalutiers de l'Union européenne

Les chalutiers de l’Union européenne sont pour la plupart des navires originaires des Pays-Bas. Ils sont relativement récents et se trouvent essentiellement dans la Zone Mauritanie et parfois en Zone Marocaine. Ces navires ont des caractéristiques homogènes (Tableau 4.2.2). Ils utilisent de grands chaluts pélagiques, avec une ouverture verticale de 30-40 m, et une ouverture horizontale de 60-95 m. En eaux peu profondes, l'ouverture verticale est réduite à 20m. Les bancs de sardinelles qui se trouvent près de la surface, constituent la cible principale tandis que les chinchards plus profonds sont des cibles secondaires. Ces bateaux rentrent en Europe, au début octobre, pour pêcher leurs quotas de hareng dans les eaux de l'Union européenne (Corten, 1999).

Les captures sont aspirées à bord à l'aide d'une pompe attachée au sac du filet. Ces unités ont une grande capacité de traitement journalière jusqu'à 300 tonnes (Anonyme, 2000).

4.3 Données de capture et d’effort

Les donnés de capture de la sous région pour chacune des trois espèces de chinchard sont présentées par pays aux Tableaux 4.3.1 a,b,c pour la période 1990-1999. Des séries historiques couvrant 1979-1989 pour les Trachurus sp. sont aussi disponibles (Tableau 4.3.2 a,b). L’effort de pêche standardisé (calculé sur la base des critères développés dans la Section 4.5.1) est aussi disponible de 1979 à 1999 (Tableau 4.3.3).

Pour la zone mauritanienne, les données de captures et d'effort sont disponibles pour le chinchard de 1979 à 1999

Pour le Sénégal des captures mensuelles et annuelles sont disponibles pour la pêche artisanale de 1974 à 1999 et pour la pêche industrielle de 1966 à 1999.

Pour la zone nord-marocaine, les débarquements de chinchards sont accidentels et faibles. La capture en chinchard s’elevait à 10 940 tonnes en 1999.

Les données collectées à bord des navires industriels correspondent à un mélange de trois espèces (Trachurus trachurus, Trachurus trecae et Caranx rhonchus). Les échantillons biologiques russes et européens ont été utilisés pour chacune des trois espèces en vue d’obtenir les captures dans la zone mauritanienne. Pour la zone sénégalaise la ventilation a été effectuée suivant les proportions de ces espèces obtenues lors des traits de chalut effectués pendant les campagnes du N/R Dr Fridtjof Nansen.

4.4 Données biologiques

Pour le stock de Trachurus trachurus entre 26oN et 10oN et le stock de Trachurus trecae entre 9oN à 23oN on dispose des données suivantes: composition en âge de 1979 à 1999 (Tableaux 4.4.1 et 4.4.2); composition en taille de 1992 à 1999; poids moyen relatif à l’âge pour Trachurus trecae; mortalité naturelle; mortalité par pêche; paramètres de croissance; ogives de maturité et clés taille-âge.

Pour plus de détails voir l’Annexe II - Données russes.

4.5 Indices d’abondance


4.5.1 Capture par unité d’effort
4.5.2 Campagnes acoustiques

4.5.1 Capture par unité d’effort

Sur la base des données du journal de pêche, on a essayé de standardiser l'effort de pêche. Cet effort de pêche porte sur plusieurs espèces.

On considère que les flottilles issues de l'Union européenne et de certains autres pays (Norvège, Malte, etc.) ont des caractéristiques comparables et des stratégies similaires orientées davantage vers les sardinelles. Le reste des flottilles, qui ciblent en général les chinchards, est originaire des pays de l'Est européen et sont aussi comparables (Ould Taleb Ould Sidi, 2000).

Pour le choix du type de bateau standard, plusieurs facteurs ont été pris en considération: présence de ce type de bateau pendant le plus grand nombre d'années possible, nombre de bateaux en opération et degré de présence des chinchards dans les captures. Pour cela nous avons sélectionné les bateaux de type 10 de nationalité russe dont le pourcentage moyen annuel de chinchards est supérieur ou égal à 30 %. Cet effort est considéré comme un effort standardisé sur la base duquel est calculé la CPUE. Cette approche a permis de constituer la série de 1991 à 1999.

Pour avoir la série la plus longue possible nous avons utilisé les données de CPUE communiquées par des chercheurs russes au groupe de travail organisé par le CNROP en 1993 (FAO, 1995). Cette série se base sur un pourcentage de 50% de chinchard dans les captures.

Les CPUE des Trachurus sp montrent sur la période 1991-1999 de grandes variations (Figure 4.5.1) sous l'effet d'un changement de stratégie et des variations naturelles des stocks telles que celles qui ont été mises en évidence pour les campagnes acoustiques. Il semble qu’il y a une baisse consistante dans les séries CPUE de 1994-1996, avec des niveaux plus bas les années 1996-1998, suivies d'une augmentation en 1999.

L'amélioration des CPUE n'est pas traduite dans les indices d'abondances de 1999 pour les deux bateaux de recherche. Toutefois il faut noter qu'en 2000 le N/O Fridtjof Nansen détecte de très grosses quantités ds chinchards.

4.5.2 Campagnes acoustiques

La série chronologique des évaluations acoustiques d'abondance des chinchards du N/R Dr. Fridtjof Nansen s'étend de 1992 à 2000 (Tableaux 4.5.1 et 4.5.2 et Figure 4.5.2). Le chinchard du Cunène (T. trecae) est une espèce d’eau chaude qui atteint de hautes quantités près des zones frontales océanographiques. Le chinchard d’Europe (T. trachurus) est une espèce d'eau froide. Le modèle général en Novembre-Décembre, au cours des enquêtes 1995-2000 du Nansen, a été une concentration du chinchard du Cunène au Cap Jubi - zone du Cap Blanc, et en Mauritanie. Le chinchard de l’Atlantique a principalement été trouvé au Cap Jubi - zone du Cap Blanc seulement.

Les navires de recherche russes ont travaillé au large du Maroc et de la Mauritanie pendant de nombreuses années En 1995 et 1998, deux études ont été réalisées, une en Février-Mars et l'autre en Juin-Septembre. En 1994, 1996 et 1999 des enquêtes d'été ont été effectuées, alors qu'en 1997 une enquête d'hiver a été réalisée. Les résultats des études sont présentés au Tableau 4.5.3 et à la Figure 4.5.2.

4.6 Évaluation

BIODYN

Une série de captures et d'effort pour les chinchards a été constituée de 1991 à 1999. Il y en a déjà une de disponible de 1979 à 1990 dans le rapport du groupe de travail de 1993 à Nouadhibou, Mauritanie. Sur la base de ces données, le logiciel BIODYN a été utilisé (Punt & Hillborn, 1996).

Plusieurs combinaisons ont été essayées: sur la base des efforts de pêche standardisés pour les deux chinchards pendant la période 1979-1999, et sur le Trachurus trecae seulement en se basant sur la période récente de 1991 à 1999. Dans les deux cas, la même procédure a été appliquée.

Les résultats de toutes ces tentatives n'étaient pas concluants, probablement en raison des incohérences dans les données de base. Un exemple des divers rendements au cours des différentes phases est donné aux Figures 4.6.1 et 4.6.2.

VPA

Les données de composition en âge et en poids des captures, utilisées lors du groupe de travail de 1998 ont été complétées pour les dernières années. La série disponible couvre la période de 1979 à 1999.

Les paramètres suivants ont été utilisés pour les calculs:

Une première analyse VPA simple est utilisée pour T. trecae.

D’autres analyses VPA ont été mises au point avec les indices de biomasse acoustique - âge et de CPUE pour le chinchard au cours des années les plus récentes

Les résultats mettent en évidence des incohérences énormes pour les deux espèces à la fois par le modèle global et le modèle analytique (VPA) de biomasse. Aussi il ne sera pas possible pour le groupe de travail de déterminer le niveau moyen de biomasse pour les deux espèces en appliquant les méthodes habituelles d’évaluation du stock.

Pour le stock de chinchard européen au large du nord du Maroc le groupe de travail n'a pas fait d'évaluation en raison de l’absence de données et des captures limitées effectuées dans la région.

Les pêcheries de chinchards ont connu au cours des dernières années des changements très rapides: changements fréquents dans les stratégies de pêche. Le changement du régime d'exploitation qui a suivi est l'une des raisons principales des difficultés actuelles rencontrées dans l’évaluation des stocks. La fiabilité des données statistiques et biologiques et la grande variabilité des données de sources différentes constituent de vraies limites.

4.7 Recommandations de gestion

L'évaluation actuelle n'est pas fiable, probablement en raison des incohérences dans les données de base. En outre les séries CPUE et les enquêtes acoustiques ne montrent pas la même tendance.

Par conséquent le Groupe de Travail a recommandé de rester prudent en évitant tout accroissement de l'effort de pêche.

4.8 Recherche future

Le Groupe de Travail recommande l'amélioration des données statistiques et biologiques de pêche, ce qui devrait être l’une des priorités. De plus, les points suivants méritent une attention particulière:

1. Echantillonnage mensuel sur les bateaux industriels pour le suivi de la composition spécifique, composition par taille et âge etc.

2. Evaluation de la taille (lecture d'âge)

3. Une meilleure exploitation des séries historiques pour les captures, l’effort et les paramètres biologiques

4. L’établissement d’une série d’effort reste l'une des priorités majeures. La difficulté essentielle à ce niveau est la présence souvent très irrégulière de navires industriels étrangers aux caractéristiques physiques et aux stratégies de pêche qui évoluent rapidement en fonction des opportunités offertes par les ressources.

5. Les campagnes scientifiques devraient être poursuivies et les évaluations acoustiques devraient être découpées en catégories d'âge.

Enfin, avant chaque groupe de travail une préparation minutieuse est nécessaire. Elle permet surtout de procéder à des analyses préliminaires.


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