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COMMUNICATIONS

Un point de vue sur l'apparition en 2001 de Myocoplasma Mycoides subsp. Mycoides Biotype LC en Nouvelle-Zélande

Introduction

La relation phylogénétique entre Mycoplasma mycoides subsp. mycoides Small Colony (MmmSC), agent responsable de la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) et les autres membres du groupe M. mycoides, en particulier Mycoplasma mycoides subsp. mycoides Large Colony (MmmLC) et M. mycoides subsp. capri (Mmc), suscite depuis toujours l'intérêt de la communauté scientifique vétérinaire. Cet intérêt s'est muté en préoccupation avec l'apparition de MmmLC chez des caprins et des veaux en Nouvelle Zélande en 2001,notifiée par une déclarationà l'OIE le 5 novembre 2001. Cette présentation duCentre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD)naît de la nécessité de fournir des données actualisées sur la question, dont les collègues de pays où la PPCB est considérée comme une maladie exotique et/ou où la production de produits laitiers caprins est peu diffuse, pourraient ne pas avoir connaissance.

Resultats sur le groupe M. mycoides

Les chercheurs G. Cottew et F. Yeats (1978) ont établi une distinction entre les deux types M. mycoides, sur la base des caractéristiques de croissance (beaucoup plus rapide pour MmmLC); la survie à 45 degrés centigrade (beaucoup plus élevée pour MmmLC) ou la digestion de la caséine (beaucoup plus élevée pour MmmLC).

Une autre classification du groupe M. mycoides a été présentée en 1987 (Cottewet al., 1987). Deux sous-groupes ont été clairement identifiés: capricolum (consistant en M. capricolum type F38 et le sérogroupe 7 de Leach) et mycoides (MmmSC, MmmLC et Mmc). Depuis 1987, des techniques de laboratoire plus modernes comme laréaction en chaîne de la polymérase (PCR), en facilitant l'identification spécifique de MmmSC, ont permis une distinction plus nette entre MmmSC et MmmLC (Dedieu et al., 1994; Bashiruddin et al., 1994).Pour approfondir l'examen du groupe M. mycoides, une étude phylogénétique a été élaborée par le séquençage systématique d'une séquence intergénique d'ADN (Thiaucourt et al., 2000). Les résultats étaient en accord avec la classification classique utilisée pour le groupe M. mycoides en deux sous-groupes. De surcroît, ils ont montré que MmmLC et Mmc devraient être considérés comme une seule entité.

Sur le plan pratique, ceci signifie que l'isolement des souches MmmLC dans un pays indemne de PPCB, comme dans le cas de la Nouvelle-Zélande, ne devrait pas être considéré comme un péril majeur pour le bétail. Pourtant, à plus longue échéance, l'analyse des relations phylogénétiques de plusieurs souches de MmmLC recueillies dans le monde entier pourrait s'avérer très intéressante, car de nombreux auteurs ont montré que le groupe des mycoïdes est hétérogène. Par exemple, l'origine del'élément d'insertion spécifique de MmSc (IS 1634) mérite incontestablement une attention afin de comprendre comment les souches MmmSC l'ont acquis. Il pourrait dériver d'un groupe particulier de souches non encore identifiées MmmLC ou d'un échange latéral d'ADN avec une bactérie phylogénétiquement plus éloignée.

Les chèvres, hotes du groupe M. mycoides

Les chèvres semblent être les hôtes naturels des mycoplasmesdu groupe M. mycoides. Divers auteurs (Cottew & Yeats, 1978; DaMassa & Brooks, 1991) ont montré que ces bactéries pouvaient être isolées du canal de l'oreille des chèvres ne présentant aucun symptôme d'infection ou de parasites colonisantle canal. Ces souches de mycoplasmessont indifférenciables de celles qui sont isolées de manifestations pathogènes dans les troupeaux caprins, laissant entendre l'éventuelle existence d'une sorte de niche écologique où elles survivent. Cela suggère également que des facteurs additionnels pourraient expliquer pourquoi elles deviennent pathogènes à un certain stade.

Les souches de mycoplasmes du groupe M. mycoides causent des symptômes évocateurs d'"agalactie contagieuse", dont les principales caractéristiques sont la mammite, l'arthrite et la kératite chez les adultes atteints de pneumonie et la septicémie courante chez les chevreaux.(Thiaucourt et al. 1996).Cette ressemblance au syndrome de l'agalactie contagieusecausé par M. agalactiae est certainement due à une convergence évolutive et non pas à une proximité phylogénétique, étant donné que M. agalactiae est très différent des membres du groupe M. mycoides.

Indications pour les etudes futures

Sur le plan pratique, les outils sérologiques ou génétiques servant à identifier M. agalactiae sont très spécifiques et ne devraient pas entraîner de réactions croisées avec les membres du groupe M. mycoides. Ceci devrait constituer un point de réflexion intéressant qui pourrait porter à la reconnaissance/identification de M. agalactiae comme seul agent étiologique de l'agalactie contagieuse. En conclusion, il est fort probable qu'une recherche systématique de mycoplasmes chez les chèvres se traduise par de nombreuses isolations partout dans le monde, même en l'absence de la maladie. La présence de mycoplasmes en tant qu'hôtes normaux du canal de l'oreille sans aucune séroconversion décelable pourrait causer des problèmes de définition de moyens de mettre en oe;uvre des stratégies de lutte sérieuses.

Mycoplasma mycoides subsp. mycoides en Nouvelle- Zelande

Un foyer de polyarthrite dû à Mycoplasma mycoides subsp. mycoides biotype LC (MmmLC) a été signalé en 2001 chez des chèvres et de très jeunes veaux. Suite à des circonstances inhabituelles, des veaux ont été nourris avec du lait provenant de chèvres infectées. Par mesure de précaution, tous les veaux nourris au lait contaminé ont été abattus et confinés à des fins de recherche, notamment dans le but de mettre en évidence une transmission horizontale éventuelle entre bovins. Les recherches effectuées dans le contexte de l'épizootie ont révélé que MmmLC était déjà présent chez les chèvres laitières de la Nouvelle-Zélande depuis plusieurs années, sans pour autant être à l'origine d'un nombre important de foyers de la maladie. M. agalactiae n'a jamais été isolé en Nouvelle-Zélande. (Source: Informations sanitaires OIE, 17 mai 2002, Vol. 15, No. 20, disponible sur www.oie.int, publications en ligne.)

REFERENCES

Bashiruddin, J.B., Taylor, T.K. & Gould, A.R. 1994. A PCR-based test for the specific identification of Mycoplasma mycoides subespèces mycoides SC. J. Vet. Diag. Inv., 6(4): 428-434.

Cottew, G.S. & Yeats, F.R. 1978. Sub-division of Mycoplasma mycoides subsp. mycoides from cattle and goats in two types. Aust. Vet. J., 54: 293-296.

Cottew, G.S., Breard, A., Da Massa, A.J., Erno, H., Leach R.H., Lefevre, P.C., Rodwell, A.W. & Smith, G.R. 1987. Taxonomy of the Mycoides cluster. Isr. J. Med. Sci., 23: 623-625.

DaMassa, A.J. & Brooks, D.L. 1991. The external ear canal of goats and other animals as a mycoplasma habitat. Small Ruminant Research, 4, 85-93.

Dedieu, L., Mady, V. & Lefevre, P.C. 1994. Development of a selective polymerase chain reaction assay for the detection of Mycoplasma mycoides subsp. mycoides S.C. (Contagious bovine pleuropneumonia agent.) Vet. Micro., 42: 327-339.

Thiaucourt, F., Bolske, G., Leneguersh, B., Smith, D. & Wesonga, H. 1996. Diagnosis and control of contagious caprine pleuropneumonia. Rev. Sci. Tech. (O.I.E.), 15(4): 1415-1429.

Thiaucourt, F., Lorenzon, S., David, A. & Breard, A. 2000. Phylogeny of the Mycoplasma mycoides cluster as shown by sequencing of a putative membrane protein gene. Vet. Microbiol., 72 (3-4): 251-268.

Contribution du centre collaborateur de la FAO, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement - Département d'élevage et de médecine vétérinaire (CIRAD-EMVT)



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