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Résumé

Les terres d'Afrique - superficies cultivées, savanes, zones de brousse et forêts - se dégradent rapidement. Cela se manifeste par la perte massive de sols, la chute des rendements, le déboisement, la perturbation de l'approvisionnement en eau et la destruction des pâturages naturels, tous imputables à une mauvaise gestion. Cette dernière - qu'il s'agisse des terres arables, des parcours ou des zones boisées - consiste habituellement à prélever trop, rendre trop peu et cultiver, mettre en pâture ou opérer des coupes trop fréquemment.

La dégradation des terres est devenue si rapide que peu de pays africains peuvent espérer mettre en place une agriculture viable dans un avenir proche. Sous le double effet des sécheresses et de la baisse de la productivité, de vastes zones vivent sous la menace de pénuries alimentaires et de famines. Les moyens d'existence de millions de personnes travaillant dans le secteur agricole sont mis en danger par les chutes des rendements, le manque d'eau, les inondations fréquentes et la raréfaction de ressources naturelles telles que le bois de combustible et le fourrage.

Pourtant, il est possible de prévenir la dégradation des terres et même d'y remédier. L'état des sols peut être amélioré et leur productivité restaurée. Les terres d'Afrique pourraient être rendues aptes à subvenir aux besoins d'une population beaucoup plus nombreuse et l'avenir des ruraux pourrait être assuré.

Le plan proposé ici, à savoir le Programme international de conservation et de restauration des terres en Afrique, vise à mobiliser les ressources locales, nationales et internationales pour s'attaquer au problème de la dégradation des terres. Il suggère une nouvelle approche conçue pour retenir l'intérêt et stimuler l'imagination des ruraux dans l'ensemble du continent.

La première partie de la présente publication donne une idée de l'ampleur du danger. Elle montre que la plupart des systèmes traditionnels africains d'utilisation des terres causaient peu de préjudices à l'environnement, mais qu'il n'y en a pas beaucoup qui ont résisté à la pression démographique croissante et à l'intensification de la production. Les tentatives pour résoudre ce problème ont fait appel à des mesures physiques, telles que la création d'obstacles mécaniques aux déplacements de sol. Elles étaient coûteuses, et les utilisateurs eux-mêmes n'en ont tiré que peu d'avantages. Elles s'attaquaient aux symptômes et non aux causes. En conséquence, la majorité de ces structures ont été mal entretenues et se sont délabrées.

Le programme international préconisé ici vise fondamentalement à promouvoir des systèmes d'utilisation des terres qui, en permettant d'accroître les rendements et les bénéfices, en l'espace d'une ou deux campagnes, attireront une large participation. Des mesures physiques de conservation resteront nécessaires, mais une place beaucoup plus importante sera faite à l'extension et au maintien de la couverture végétale grâce à des techniques agronomiques et forestières appropriées, et à la mise en œuvre de méthodes rationnelles d'aménagement. Semblable approche permet de protéger la surface du sol de l'érosion éolienne et hydrique, et d'améliorer la terre en accroissant sa fertilité et sa teneur en matières organiques. A mesure que les sols s'améliorent, la productivité augmente, les profits également, et le risque de mauvaise récolte diminue.

La deuxième partie de la présente publication décrit le cadre dans lequel insérer l'action nationale, régionale et internationale pour faire face à la dégradation des terres.

En Afrique, peu d'agriculteurs ont eu le temps ou les moyens d'adapter leurs méthodes à la situation actuelle de pénurie de terres. La mauvaise gestion est maintenant très fréquente. Une action à l'échelle nationale s'impose pour en identifier les causes et suggérer des solutions à partir de techniques propres à accroître les rendements et prévenir la dégradation. Les ressources nationales devront ensuite être utilisées pour assurer la plus large participation possible à ces programmes et pour mettre sur pied, au niveau gouvernemental et non gouvernemental, des instituts chargés de la conservation, qui auront pour fonction d'accélérer la mise en œuvre des plans nationaux dans ce domaine.

Parmi les multiples exigences du nouveau programme figurent l'intensification de la recherche et l'organisation d'activités de formation de haut niveau. Ces questions gagnent souvent à être envisagées sur une base régionale et on peut citer un certain nombre d'exemples de succès correspondants.

La dégradation terres, dont on voit ici les pires ravages sur les hauts plateaux éthiopiens, est une cause de souffrance et de misère humaines. Non seulement des terres de grande valeur sontperdues pour la culture, mais aussi la couche arable du sol va envaser les cours d'eau et les réservoirs, provoquant des inondations, endommageant les installations hydro-électriques et bloquant les voies d'eau navigables.

Cette publication décrit un mécanisme permettant aux pays, aux ONG, aux donateurs et aux institutions financières de coopérer pour formuler des politiques et concevoir des programmes susceptibles de bien fonctionner et de donner des résultats valables. L'expérience a montré que les activités de ce genre, entreprises sous le contrôle des gouvernements mais faisant appel à une participation extérieure à un stade très précoce, sont celles qui ont le plus de chances de donner de bons résultats.


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