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Au niveau régional


Catalyser les programmes régionaux


Catalyser les programmes régionaux

LES PROGRAMMES RÉGIONAUX ET SOUS-RÉGIONAUX CONSTITUENT LE MEILLEUR SUPPORT POUR LA FORMATION À LONG TERME, L'ÉCHANGE DE DONNÉES ET LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Les programmes régionaux et sous-régionaux offrent aux pays africains la possibilité de profiter de leur expérience mutuelle en matière de conservation des terres. Fort heureusement, il existe déjà plusieurs organisations régionales chevronnées comme le CILSS la SADCC et AFRENA, avec lesquelles la FAO se propose de collaborer pour mettre au point des programmes régionaux de conservation et de régénération des terres. A cet égard, deux domaines sont prioritaires: la formation et la recherche.

Formation en matière de conservation

Il existe plusieurs types de formation en matière de conservation pour lesquels un besoin urgent se fait sentir, mais que la plupart des pays africains n'ont pas les moyens de dispenser. Parmi eux, il faut citer notamment la formation à long terme de personnel technique spécialisé et la formation à court terme de cadres moyens ou supérieurs dans des disciplines spécifiques.

Encore maintenant, les Africains qui veulent se spécialiser en conservation des sols doivent aller à l'étranger, généralement en Europe ou en Amérique du Nord. Mais cela coûte cher et les effectifs ainsi formés sont bien inférieurs aux besoins réels du continent africain. En outre, ce type de formation est généralement sans rapport avec les problèmes et l'environnement de la plupart des pays d'Afrique.

En 1987, le Département du génie agricole de l'Université de Nairobi a créé, avec l'aide des gouvernements suédois et hollandais, un cours de deux ans aboutissant à l'obtention d'une maîtrise en matière de conservation des sols et des eaux. Si ce cours était élargi, il pourrait répondre aux besoins d'un grand nombre de pays anglophones d'Afrique. Toutefois, il est nécessaire d'évaluer les besoins de formation à ce niveau et d'envisager éventuellement la possibilité d'instituer un cours analogue dans d'autres universités. A l'heure actuelle, l'équivalent n'existe pas en Afrique francophone, bien que la nécessité s'en fasse fortement sentir.

Programme de conservation des sols de la SADCC

L'érosion des sols est l'un des grands problèmes que doivent résoudre les neuf pays membres de la SADCC.

Pour ce faire, la SADCC a créé en 1985 une unité chargée de coordonner le Programme de conservation des sols et des eaux et d'utilisation des terres, dont le siège se trouve à Maseru (Lesotho). Cette unité a pour but de promouvoir et de coordonner les activités de conservation au sein du groupe SADCC. Elle reçoit une aide financière et technique de l'organisation suédoise ASDI.

L'unité a mené des activités dans de nombreux domaines. Elle a organisé des stages et des cours de formation sur des sujets tels que: études coûts-avantages pour des projets de conservation des sols et des eaux; lutte contre la dégradation des terres et la désertification; conception des projets de conservation; historique de la conservation des sols dans les pays de la SADCC; établissement de cartes indiquant les risques d'érosion; formation et développement des ressources en main-d'oeuvre; systèmes de suivi pour le contrôle de l'environnement.

Des études sont effectuées sur l'ampleur et la gravité de l'érosion, tandis que des recherches sont en cours au Botswana, au Lesotho, au Mozambique et en Tanzanie pour évaluer les effets de l'érosion sur la productivité des sols.

Les spécialistes de la conservation des sols dans les pays de la SADCC restent en contact grâce au bulletin Splash qui parait trois fois par an. Ce bulletin permet aux lecteurs de se tenir au courant des innovations les plus récentes en matière de conservation des sols et des eaux et leur offre une tribune pour échanger leurs points de vue.

L'unité créée par la SADCC représente un exemple de coopération régionale qui pourrait être suivi par d'autres groupes de pays en Afrique.

Il faudrait également des services régionaux et sous-régionaux de formation chargés d'organiser des stages de brève durée et des cours de niveau intermédiaire. Le programme SADCC répond en partie à ces besoins et un cours de brève durée est dispensé, au Malawi, par la Division de l'aménagement des terres du Ministère de l'agriculture. En outre, des institutions comme la FAO et l'USAID ont contribué à organiser des cours de formation spécialisés dans plusieurs domaines. La FAO a également donné son appui à un réseau sur les zones arides dans les pays du CILSS, qui dispense une formation sur la stabilisation des dunes et le reboisement des terres arides.

Ces efforts sont certes utiles, mais ils ne permettent de couvrir qu'une infime partie des besoins. Initialement au moins, il faudrait créer deux centres - l'un pour l'Afrique francophone et l'autre pour l'Afrique anglophone - capables de fournir régulièrement une formation à court et à moyen terme sur les différents aspects de la conservation.

Recherche sur la dégradation des terres

Très peu de recherches ont été effectuées récemment sur la dégradation des terres et les méthodes de conservation en Afrique. En conséquence, la plupart des méthodes et des techniques préconisées à l'heure actuelle ont été mises au point ailleurs.

Certaines d'entre elles ont été judicieusement adaptées aux conditions locales. Par exemple, la construction de banquettes selon les courbes de niveau a été appliquée au Kenya, où l'on a construit la terrasse Fanya Juu édifiée à partir du bas et colmatée au fur et à mesure. Toutefois, les tentatives faites pour adapter d'autres techniques, comme les banquettes en pente et les voies d'eau artificielles, se sont soldées par un échec dans les petites exploitations situées sur des terrains abrupts.

De meilleurs systèmes de culture et d'agroforesterie pourraient être appliqués sur les terrains en pente cultivés de façon intensive en Afrique de l'Est. Des recherches intéressantes ont été entreprises à ce sujet par le CIRAF et l'IITA, mais il reste encore beaucoup à faire, notamment sur le plan des applications concrètes à partir des résultats d'études théoriques.

Très souvent, la recherche coûte cher et prend du temps. Heureusement, les pays qui se trouvent dans les mêmes conditions et partagent les mêmes problèmes peuvent unir leurs efforts et diffuser les résultats obtenus par le biais de réseaux simples.

Par exemple, on connaît mal pour l'instant les effets quantitatifs de l'érosion du sol sur la productivité. La FAO et l'Agence suédoise d'aide au développement international (ASDI) aident actuellement plusieurs pays d'Afrique à effectuer des essais systématiques dans ce domaine. Des réseaux d'information adressent des bulletins aux chercheurs de différents pays afin de leur permettre de rester en contact, et des donateurs accordent un financement pour aider les pays participants. Il faudrait maintenant établir d'autres priorités de la recherche et mettre en place des réseaux analogues afin de réduire les coûts et diffuser largement les résultats.

Organisée de la sorte, la recherche porte rapidement ses fruits et peut avoir une portée considérable. En appuyant de tels efforts, les donateurs ont le sentiment de faire œuvre véritablement utile.

Régénération des sols dans le «château d'eau» de l'Afrique occidentale

Le massif montagneux du Fauta Djallon - le «château d'eau» de l'Afrique occidentale - est entièrement situé en Guinée, mais les fleuves qui y prennent naissance arrosent de nombreux pays d'Afrique occidentale. La dégradation des terres et la destruction des forêts de la région compromettent, depuis de nombreuses années déjà, l'approvisionnement en eau des pays voisins.

En raison de l'importance de l'aménagement de cette zone, plusieurs projets régionaux ont été formulés pour protéger les terres et les cours d'eau. Des cartes détaillées du Fouta Djallon ont été établies afin d'évaluer les contraintes et le potentiel de la région - climat, utilisation des terres, risques d'érosion, démographie, élevage, etc.

Lors des récentes périodes de sécheresse, les autorités guinéennes ont lancé des projets pour la remise en état des bassins versants et la plantation d'arbres pour protéger la région du Fouta Djallon. Ces projets ont reçu un accueil favorable de la part des agriculteurs, qui sont pleinement conscients de la nécessité de sauvegarder les ressources en eau. Grâce aux plantations fourragères, les éleveurs peuvent nourrir leur bétail pendant la saison sèche.

La population du Fouta Djallon compte environ 1 million de personnes, soit plus d'un quart des habitants de la Guinée. Pour que les projets entrepris dans la région soient couronnés de succès et que les ressources hydriques des pays voisins soient sauvegardées, il est essentiel de gagner la confiance de la population locale et d'encourager sa participation.

Au niveau international


Coordonner l'action internationale


Coordonner l'action internationale

LORSQUE LA COMMUNAUTÉ DES DONATEURS ET LES GOUVERNEMENTS CONJUGUENT LEURS EFFORTS POUR FORMULER DES POLITIQUES ET ÉLABORER DES PROJETS, ON ABOUTIT A UN PROGRAMME INTÉGRÉ CAPABLE D'OBTENIR UN FINANCEMENT À LONG TERME

Rares sont les pays africains qui sont en mesure de freiner ou d'empêcher la dégradation des terres sans l'aide d'organisations non gouvernementales, d'institutions d'assistance technique ou d'organismes internationaux de financement. Heureusement, il existe des précédents en ce qui concerne la gestion de ce type de projet international.

La première condition est que les gouvernements s'engagent, politiquement et financièrement, dans des actions à long terme susceptibles de promouvoir des formes viables d'utilisation des terres et d'agriculture, dont les pays d'Afrique ont tant besoin.

En second lieu, les gouvernements doivent rencontrer les donateurs, les ONG et les organismes d'assistance technique afin d'élaborer des plans, des programmes et des projets. Les organismes de financement, les donateurs, les institutions d'assistance technique et les ONG sont prêts à apporter leur concours si on le leur demande. Le mieux est que les gouvernements et les organismes d'aide œuvrent de concert pour formuler un programme à long terme. Si le pays fait connaître dès le début ses idées et ses desiderata, il a plus de chances d'obtenir ce dont il a réellement besoin - matériel, formation, crédits, etc. - pendant une période prolongée et de façon régulière.

De leur côté, les organismes d'assistance technique et de financement ne demandent pas mieux que de contribuer à la formulation de programmes d'ensemble. Ce faisant, ils peuvent contrôler l'utilisation de leurs apports et choisir des projets pouvant s'intégrer aisément dans un vaste programme national.

La façon dont le projet se déroule est illustrée dans la page ci-contre. Pour commencer, le gouvernement sollicite l'aide de la FAO pour adhérer au projet. On établit un rapport où sont analysés les principaux problèmes et formulées des recommandations sur l'envoi d'une mission d'étude composée d'experts nationaux ainsi que de représentants de la communauté des donateurs, des organisations non gouvernementales et d'autres institutions.

Ces missions comprennent généralement de 6 à 12 personnes et elles durent parfois jusqu'à six mois. On communique à l'avance aux participants des renseignements généraux sur les ressources en terre du pays, ainsi qu'une documentation de base sur différentes questions comme les répercussions de la législation en vigueur et des régimes fonciers sur l'utilisation des terres. A partir de ces renseignements et des recherches menées sur place, la mission établit un rapport d'évaluation proposant une série de mesures ainsi que des stratégies et des projets pour la conservation et la régénération des sols, en s'efforçant de les harmoniser avec les programmes déjà en cours dans le pays - plan national de développement économique, plan national de lutte contre la désertification (s'il en existe), stratégie nationale en matière de conservation, plan d'action forestier tropical, profils nationaux de la Banque mondiale, programmes d'action spéciaux de la FAO et projets de conservation des terres.

Les gouvernements se servent de cette évaluation pour formuler leur plan d'action national. Ce plan est généralement lancé à l'occasion d'un séminaire organisé au niveau ministériel et il est soumis à l'approbation personnelle du chef de l'Etat.

Le gouvernement convoque alors une table ronde réunissant les donateurs et les organismes d'assistance technique. Il s'agit d'une étape décisive, car c'est à ce moment là que les projets identifiés par la mission d'étude sont présentés à la communauté d'aide internationale. Un grand nombre d'entre eux peuvent bénéficier dès ce stade d'un financement. D'après l'expérience acquise par la FAO à l'occasion de ces tables rondes, il apparaît qu'environ 50 pour cent des projets présentés obtiennent les crédits nécessaires. Les autres sont généralement financés lors de réunions successives, après qu'un complément de détails a été fourni. Il est parfois nécessaire de demander l'aide du Centre d'investissement de la FAO à ce stade, afin de préparer des études de viabilité à soumettre aux organismes de financement qui se sont engagés à fournir des crédits au programme national.

Le graphique illustre les principales étapes nécessaires pour qu'un pays puisse entreprendre un programme de conservation des terres. Après quoi, on peut élaborer et financer les différents projets qui constitueront l'ensemble du programme.

Liste de projets à l'appui du Plan d'action pour la conservation des terres 1991-1996

AMÉLIORER L'UTILISATION DES TERRES

$1000

ENCOURAGER LA PARTICIPATION

$1 000

DÉVELOPPER LES INSTITUTIONS NATIONALES

$1 000

évaluation du potentiel agricole des zones dégradées

400

besoins de formation pour les services de vulgarisation en matière d'utilisation des terres

85

créer un office consultatif national sur l'utilisation des terres

165

étude des causes de la dégradation des terres dans la région de Mkowo

180

développement des cultures de remplacement dans la zone de Bweze

180

examiner la législation en matière d'utilisation des terres

45

création d'une base nationale de données sur les ressources en terres

175

développement des techniques rizicoles appropriées dans la région de Moinze

135

renforcer l'unité responsable de l'utilisation des terres au sein du Ministère de l'agriculture

85

étude de la possibilité d'améliorer l'utilisation des terres grace à la réforme agraire

65

aide accordée aux organisations au nivau des districts pour la création d'associations d'utilisateurs

65

créer un centre de formation sur l'utilisation des terres

85

reboisement des pentes supérieures du bassin versant de Briwana

135

renforcement des services de vulgarisation fournissant des conseils en matière d'utilisation des terres

85



Avantages procurés par l'adhésion au programme international

Elaborer et mettre en œuvre une politique de conservation des terres conçue de cette façon peut procurer de grands avantages. Tous les partenaires sont présents dès le début et, par conséquent, connaissent parfaitement la façon dont les politiques et les projets se développent. Les nations qui y participent peuvent en retirer de nombreux avantages. L'objectif principal est naturellement d'empêcher ou de freiner la dégradation des sols, afin que l'agriculture viable devienne une réalité. Mais au cours de ce processus, de nombreux autres objectifs sociaux et économiques deviennent également plus faciles à atteindre:

• les risques agricoles diminuent tandis que les revenus ruraux augmentent;
• la sécurité alimentaire s'améliore;
• les disponibilités en bois de feu sont plus abondantes;
• l'exode rural se ralentit;

• l'approvisionnement en eau s'améliore, en quantité et en qualité;
• l'inondation des vallées et des zones côtières est moindre;
• la durée de vie des ouvrages d'irrigation et des barrages est plus longue;
• l'amélioration de l'environnement dans son ensemble a pour résultat une meilleure qualité de vie.

Dans un environnement ainsi modifié, les gouvernements s'apercevront qu'ils peuvent utiliser de façon plus judicieuse et plus efficace leurs ressources humaines et financières limitées. Ils pourront également tirer un meilleur parti de l'aide extérieure et la coordonner de façon plus rationnelle. Le Programme international de conservation et de restauration des terres en Afrique est l'aboutissement naturel de la crise qui a secoué l'Afrique ces 10 dernières années. Il constitue pour les nations africaines un instrument utile qui leur permettra d'investir dans l'avenir de ce qui représente leur ressource la plus précieuse: la terre. De plus, il offre à la communauté internationale des donateurs la possibilité d'apporter son concours à des programmes à long terme soigneusement planifiés, dont l'impact sera durable.

Les partenaires... ... les gains

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE

ARC/90/4


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