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Dialogue sur les questions commerciales


Au niveau international, de nombreuses sociétés se sentent menacées par le commerce mondial dès lors que les négociations commerciales en cours sont loin d’être un dialogue entre égaux. Les agriculteurs démunis ne peuvent pas avoir accès au marché international si les pays riches leur ferment leurs frontières, alors que la production agricole subventionnée des pays industrialisés est vendue au coût de production, voir à un coût inférieur, aux pays défavorisés. De nombreux pays en développement pourraient développer leurs cultures d’exportation et en tirer des bénéfices pour leur croissance si le dialogue entre nations parvenait à instaurer un système commercial plus équitable.

La chèvre: passeport pour un monde plus vaste

La domestication de la chèvre sauvage, sans doute le premier animal jamais élevé, dans l’Asie du Sud-Ouest préhistorique a eu un impact culturel profond. Les chèvres fournissaient du lait et, puisqu’elles se reproduisaient vite et se déplaçaient facilement, une source commode de viande. De ce fait, l’obligation de chasser n’était plus aussi pressante. Ces animaux fournissaient également des fibres à tisser et des peaux pour se vêtir, des récipients légers et étanches et des offrandes aux dieux.

Les chèvres ont permis à des groupes humains de migrer, dans la mesure où leur source de nourriture pouvait se déplacer avec eux - elle n’avait pas à être transportée. De fait, parce que les chèvres prospèrent dans des endroits difficiles, des confins du Sahara aux chaînes de montagne glaciales de l’Asie, et se contentent de végétaux amers dédaignés par d’autres espèces, elles ont permis à la race humaine de vivre pratiquement n’importe où. Une telle mobilité a facilité les contacts et le dialogue entre différentes populations.

La ‘mondialisation’ se traduit par la mobilité croissante des biens, des services, de la main-d’œuvre, de l’information, des technologies et des capitaux à travers le monde. Son impact sur l’agriculture - systèmes vivriers, régimes alimentaires et commerce alimentaire de détail - est profond.

L’intégration et l’urbanisation croissantes du monde favorisées par le développement des transports entraînent la concentration du secteur agro-alimentaire. Ainsi, les 30 plus importantes chaînes de supermarchés assurent désormais un tiers environ des ventes de produits alimentaires dans le monde. De nombreuses chaînes nationales concluent des contrats avec un nombre de plus en plus limité de fournisseurs. Les courtiers internationaux exigent une gamme réduite de produits agricoles susceptibles d’être transportés sur de longues distances et d’être conservés longtemps. De telles conditions excluent les petits agriculteurs du marché international.

La mondialisation a un impact accéléré sur le régime alimentaire qui s’uniformise et se caractérise par la consommation d’un nombre limité de céréales de base telles que le blé et le riz et celle accrue de viande, de produits laitiers, d’huiles comestibles, de sel et de sucre, au détriment des fibres alimentaires. Le nouveau mode de vie urbain fait le succès d’aliments vendus sur la voie publique comme celui des aliments industriels de grande distribution.

Il ne fait pas de doute qu’un dialogue interculturel s’impose pour contrebalancer l’impact négatif de la mondialisation.

Riziculture en terrasses dans la province d’Ifugao: un modèle de système agricole intégré

Lorsque la pluie tombe dans la région rizicole de la province d’Ifugao aux Philippines, elle abreuve un système agricole ingénieux vieux de 2 000 ans. Les forêts communautaires qui coiffent des collines escarpées procurent à la population de la nourriture, des médicaments, du bois de feu, du bois d’oeuvre et du bois à sculpter. Parce qu’ils sont gérés de manière durable, les sommets absorbent l’eau de pluie et la répartissent dans les terrasses aménagées à flanc de coteaux. Les terrasses permettent une bonne répartition de l’eau de pluie, qui sinon risquerait de causer des inondations et une érosion grave. Les rizières fonctionnent comme un système de filtration de l’eau et alimentent en eau potable les communautés vivant dans les vallées.

Le système repose sur la technique du «biorythme», dans laquelle les activités sociales, culturelles et économiques, les périodes de récolte du riz ou de production du vin et les rituels religieux sont en harmonie avec les rythmes climatiques - pluies, températures et humidité relative - et l’hydrologie. Et pourtant à Ifugao, la culture n’est pas figée dans le passé. À la recherche de revenus supplémentaires, les habitants d’Ifugao ont intercalé dans leurs parcelles boisées des cultures à valeur commerciale élevée, telles que la banane, le café et les agrumes - autant de changements raisonnés qui ne portent pas atteinte au système hydraulique unique de la région.

Qu’a-t-on à apprendre du dialogue avec les habitants d’Ifugao? Pour les décideurs en matière d’agriculture, leur technologie, leur culture et leurs traditions peuvent servir de repères pour la formulation de politiques. Le système est un exemple et une inspiration pour l’agriculture durable dans le reste du pays et dans le monde entier.

Le programme FAO des «systèmes ingénieux du patrimoine agricole d’importance mondiale» travaille avec les habitants d’Ifugao pour les aider à préserver et à promouvoir leur système d’exploitation. Le programme vise à établir la base de la reconnaissance, de la conservation et de la gestion durable à l’échelle mondiale de tels systèmes ainsi que des paysages, de la biodiversité, des systèmes de connaissances et des cultures qui y sont associés, en commençant par des projets pilotes réalisés dans cinq à dix systèmes d’exploitation agricole faisant partie du patrimoine mondial.


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