DÉCLARATION LIMINAIRE
Hartwig de Haen,
Sous-Directeur général (Département économique et social)
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Son Excellence, Monsieur Mugabe,
Président de la République du Zimbabwe,
Leurs Excellences Monsieur Parirenyatwa, Ministre de la santé et de la protection
de l'enfance du Zimbabwe, et Monsieur
Made, Ministre de l'agriculture et du développement rural du Zimbabwe,
Leurs Excellences, Ministres de divers pays d'Afrique,
Distingués Ambassadeurs et représentants du corps diplomatique,
Chers collègues de l'OMS et d'autres organismes des Nations Unies;
Distingués délégués, Mesdames et Messieurs,
J'ai le plaisir de vous souhaiter la bienvenue, au nom de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, à la Conférence régionale FAO/OMS pour l'Afrique sur la sécurité sanitaire des aliments. Cette réunion s'inscrit dans le cadre d'une série de conférences régionales organisées par la FAO et l'OMS afin de fournir aux responsables de la sécurité sanitaire de la région une instance dans laquelle se réunir et mettre en commun les connaissances et les expériences relatives à l'amélioration de la sécurité sanitaire des aliments. La FAO est reconnaissante au Gouvernement du Zimbabwe d'accueillir cette conférence et je tiens à remercier le comité d'organisation pour les efforts accomplis en vue de son bon déroulement.
Importance de la sécurité sanitaire des aliments
La question pour laquelle nous sommes ici réunis, la sécurité sanitaire des aliments, revêt une importance capitale pour l'Afrique, notamment pour quatre raisonsque j'aimerais mentionner:
Premièrement, la sécurité sanitaire des aliments est un élément essentiel de la sécurité alimentaire. Plus d'un tiers de la population souffre de malnutrition chronique en Afrique. En outre, le dernier rapport de la FAO sur l'Afrique fait état de 24pays subsahariens dans lesquels les populations sont confrontées à des urgences alimentaires. Pour grand nombre de ces populations le problème ne tient pas seulement aux pénuries, mais aussi au fait que la nourriture et l'eau ne sont pas contrôlées d'unpoint de vue sanitaire.
Deuxièmement, l'absence de contrôle sanitaire des aliments comporte un coût élevé. Chaque flambée de maladies dues à l'alimentation provoque des souffrances humaines mais aussi des coûts directs et indirects. Dans les pays développés, ces coûts se montent en moyenne à environ 100 dollars EU par personne et par an. Dans les pays en développement, il se pourrait bien qu'ils soient encore plus élevés et en outre il convient de tenir compte des pertes en vies humaines. On estime qu'en Afrique 800 000 enfants meurent chaque année de diarrhée et de déshydratation. Dans 70 pour cent des cas cela est dû, selon toutes probabilités, à des denrées alimentairesmalsaines.
Troisièmement, l'amélioration de la sécurité sanitaire des aliments peut en outre permettre de réduire les pertes de denrées alimentaires ou même de les éviter. En bref, une meilleure sécurité sanitaire des aliments peut contribuer à accroître l'offre de denrées.
Enfin, le renforcement de la sécurité sanitaire des aliments est important à la fois pour les exportations et les importations. Le Kenya, par exemple, a pu multiplier par cinq ses exportations de perches du Nil vers l'UE en mettant en place un système d'Analyse des risques et maîtrise des points critiquespour améliorer l'hygiène de la transformation du poisson. Il convient aussi d'instaurer des inspections adéquates des importations pour éviter que des aliments contaminés parviennent aux consommateurs dans les pays africains importateurs.
Défis à relever pour améliorer la sécurité sanitaire des aliments
Malgré de nouveaux instruments et de nouvelles démarches toujours plus sophistiqués, de nombreux défis restent encore à relever si l'on veut améliorer la sécurité sanitaire des aliments dans la région. Citons notamment:
La capacité de nombreux pays de surveiller l'évolution des maladies transmises par les aliments et de mettre en place des mesures de sécurité sanitaire des aliments est inadaptée. Un certain nombre de pays ne disposent même pas des services de base (fourniture régulière d'énergie électrique, approvisionnement en eau potable, moyens de transport et de stockage). Ils ont besoin de renforcer leurs capacités en matière de sécurité sanitaire des aliments.
Il n'en reste pas moins que, dans la région, les efforts de renforcement des capacités font souvent défaut ou sont éparpillés. Lorsque des donateurs fournissent une assistance technique, leurs interventions ne sont pas toujours bien coordonnées.
Les denrées qui traversent les frontières nationales, souvent très longues, ne sont pas en général contrôlées. Il arrive ainsi que des denrées ne correspondant pas aux normes traversent les frontières. L'objectif est donc d'améliorer la coopération sous-régionale pour pouvoir assurer la sécurité sanitaire des aliments en transit.
L'offre de produits alimentaires constitue une charge de plus en plus lourde là où la densité démographique est élevée. Cette tendance est toujours plus marquée du fait de l'urbanisation rapide et en raison parfois d'importants déplacements de populations dûs à des situations d'urgence. Des mesures spéciales doivent être prises pour assurer la sécurité sanitaire des aliments dans ces endroits. Il est par exemple nécessaire d'améliorer la sécurité sanitaire des aliments vendus sur la voie publique.
Les conditions météorologiques extrêmes qui sévissent souvent dans la région mettent à rude épreuve les systèmes de contrôle des aliments. Les cultures produites et les récoltes stockées dans ces conditions sont beaucoup plus soumises aux risques de contamination due aux mycotoxines. On signale dans un pays le décès de plus de 100 personnes qui avaient consommé du maïs contenant des quantités élevées d'aflatoxines.
Mesures stratégiques nécessaires pour assurer la sécurité sanitaire des aliments
À la lumière des nombreux problèmes liés à l'amélioration de la sécurité sanitaire des aliments, il est nécessaire d'établir un plan d'action stratégique pour l'Afrique. À cet effet, un projet de plan d'action sera examiné - et espérons-le adopté - au cours de la présente conférence. Il faut ensuite espérer que les donateurs suivront.
Ce projet de plan d'action prévoit de prendre des mesures dans tous les domaines (législation, services d'inspection, surveillance et communication). La responsabilité de ces mesures relève principalement des gouvernements, de la société civile et du secteur privé au plan national mais dans certains cas des actions au plan sous-régional et régional sont préférables.
Le plan a pour but d'améliorer la sécurité sanitaire des aliments consommés par les Africains mais de permettre aussi aux exportateurs africains de mieux se conformer aux normes existant dans les pays auxquels les denrées sont destinées.
Pour parvenir à la sécurité sanitaire des aliments, la FAO encourage l'adoption de l'approche de la chaîne alimentaire. L'application de bonnes pratiques agricoles dans le secteur primaire puis tout au long de la chaîne, devrait améliorer la sécurité sanitaire des aliments.
Mesures pratiques prises par la FAO et ses partenaires pour encourager la sécurité sanitaire des aliments
En collaboration avec d'autres partenaires, la FAO œuvre déjà à la mise en place de mesures visant à encourager la sécurité sanitaire dans la région mais aussi dans le monde entier. On peut citer les actions suivantes:
Renforcement des capacités et assistance technique. En s'appuyant sur un travail préalable, la FAO soutient actuellement trois projets régionaux et 14projets nationaux (plusieurs autres sont en préparation).
La FAO travaille de concert avec l'OMS, l'OIE et la Banque mondiale au sein du Fonds pour l'application des normes et le développement du commerce, hébergé par l'OMC, et visant à mobiliser et coordonner le soutien pour le renforcement des capacités dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments et de la santé des plantes et des animaux
La FAO et l'OMS gèrent aussi un Fonds fiduciaire pour améliorer la participation au Codex.
La FAO, conjointement à l'OMS, fournit des expertises scientifiques sur les risques liés à la sécurité sanitaire des aliments aux membres de la Commission du Codex Alimentarius.
La FAO a aussi mis en place le Portail international pour la sécurité sanitaire des aliments et la santé des animaux et des plantes, qui offre aux gouvernements des pays et aux partenaires commerciaux la possibilité d'avoir accès aux informations officielles.
Conclusion
En Afrique, de nombreux pays ont réalisé des progrès importants pour améliorer leurs systèmes de sécurité sanitaire des aliments et pour renforcer la compétitivité de leurs produits alimentaires sur le marché international. Ces efforts doivent être renforcés et amplifiés.
La région dispose d'un potentiel élevé pour la production de denrées de qualité supérieure tant pour sa consommation propre que pour l'exportation dans le monde entier. Les pays doivent toutefois accorder une place plus importante à la sécurité sanitaire des aliments, non seulement pour permettre à la région de trouver de nouveaux débouchés commerciaux, mais aussi pour protéger la santé de ses propres consommateurs.
À tous les niveaux la coopération régionale et les échanges d'information peuvent permettre d'avancer dans cette direction. La FAO et l'OMS ont organisé ensemble la présente Conférence régionale pour l'Afrique sur la sécurité sanitaire des aliments exactement dans cette optique.
À la FAO, nous sommes prêts à aider les pays qui tentent de renforcer les capacités nécessaires pour adopter une meilleure réglementation en matière de sécurité sanitaire des aliments et pour en faire bénéficier l'ensemble des citoyens.