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ANNEXE 5

ALLOCUTION D'OUVERTURE
Docteur Chris Ngenda Mwikisa
Directeur dela Division Environnement sain et développement durable au
Bureau régional de l'OMS de l'Afrique

Excellence, Monsieur le Président de la République du Zimbabwe,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Sous-Directeur général de la FAO,
Excellences, Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique accrédités au Zimbabwe,
Mesdames et Messieurs les invités,
Mesdames et Messieurs les participants,
Chers collègues de la FAO et de l'OMS,
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais d'abord souhaiter, au nom du Directeur général de l'Organisationmondiale de la Santé, le docteur Lee Jong-wook, et du Directeur régional, le docteur Luis Gomez Sambo, la bienvenue à tous les participants à la première Conférence sur la sécurité sanitaire des aliments en Afrique, organisée conjointement par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et l'Organisationmondiale de la Santé.

Je profite ensuite de cette occasion pour remercier votre Excellence, le Gouvernement et le peuple zimbabwéen d'avoir bien voulu accueillir la première Conférence sur la sécurité sanitaire des aliments en Afrique. Monsieur le Président, sachez que nous vous sommes très reconnaissants. Puis-je également saluer, au nom de l'OMS, de la FAO et de tous les participants à cette tribune, l'excellence des préparatifs réalisés par le Zimbabwe.

Excellences
Mesdames, Messieurs,

Les aliments sont une source d'énergie et de nutrition qui contribuent au bien-être général.Malgré leurs bienfaits, ils sont aussi des vecteurs d'agents pathogènes aussi divers que les bactéries, les parasites, les virus, les toxines fongiques et les pesticides. Difficile à évaluer, la charge imputable à toutes les maladies d'origine alimentaire semble néanmoins très importante. L'incidence des maladies diarrhéiques causées par la consommation d'aliments et d'eau contaminés, de l'ordre de 3,3 à 4,1 épisodes par enfant et par an, montre bien l'ampleur du problème. En Afrique, la mortalité totale due aux maladies diarrhéiques s'élève à près de 700000 personnes appartenant à tous les groupes d'âge. Plusieurs poussées épidémiques graves de maladies d'origine alimentaire comme le choléra, la salmonellose, l'infection entérohémorragique à Escherichia coli, l'hépatite A et l'aflatoxicose aiguë se sont produites dernièrement dans plusieurs pays africains. En 2004, par exemple, on a dénombré 85807 cas de choléra dans 28 pays, dont 2221 cas mortels. En 2005, on recense déjà 33934 cas dans 30 pays, dont 1161 cas mortels. En 2004, suite à une poussée épidémique, 317 cas d'aflaxitose aiguë ont été enregistrés au Kenya, dont 125 casmortels. En 2005, une autre poussée épidémique aurait provoqué l'apparition de 74 autres cas, dont 28 cas mortels. Et il ne faut pas oublier que les poussées épidémiques ne sont que la partie émergée de l'iceberg, car beaucoup de cas sporadiques ne sont pas enregistrés.

N'oublions pas non plus que, outre les cas infectieux et les décès, les maladies d'origine alimentaire ont de profondes répercussions sur l'économie. Le coût économique du remplacement des denrées alimentaires pendant l'épidémie d'aflatoxicose aigüe de 2004 au Kenya s'est élevé à 166000tonnes métriques pour une population de 1,8 million de personnes sur une durée de six mois. En 1990, l'Administration des aliments et des médicaments du Nigéria a détruit des denrées alimentaires contaminées par l'aflatoxicose d'une valeur de plus de 200 000 dollars EU. En 1997, l'interdiction qui a frappé les exportations ougandaises de poissons vers les marchés de l'Union européenne s'est traduite par des pertes d'un montant de 36,9 millions de dollars EU. En 1998, une épidémie de choléra en Tanzanie a entraîné une perte de revenus d'environ 36 millions de dollars EU.

Si certains États Membres disposent d'infrastructures adaptées aux activités propres à la sécurité sanitaire des aliments, la plupart des pays sont moins bien lotis et présentent des caractéristiques communes en matière sanitaire, à savoir une pauvreté excessive, une hygiène insuffisante et un assainissement médiocre dumilieu, un financement déficient des services de santé publique et une surveillance inappropriée des maladies. Les troubles civils, les conflits frontaliers, les déplacements de population, les sécheresses, les inondations et la médiocrité des systèmes d'information et de communication viennent s'ajouter au problème. Les ÉtatsMembres sont donc instamment priés d'améliorer ces facteurs et de concevoir des systèmes intégrés de sécurité sanitaire des aliments intervenant efficacement tout au long de la chaîne alimentaire. Ces systèmes doivent être mis au point en collaboration étroite avec les secteurs de l'agriculture et de la production alimentaire.

Les consommateurs africains constatent depuis plusieurs années les changements que les nouvelles façons de produire et de transformer les aliments apportent en matière de sécurité sanitaire. Il est clair, par exemple, que la consommation d'aliments préparés à domicile est délaissée au profit d'aliments prêts à consommer, qui sont souvent vendus sur la voie publique dans de nombreux pays. Les vendeurs d'aliments sur la voie publique fournissent des services essentiels aux travailleurs, aux personnes qui font leurs courses, aux voyageurs, aux écoliers et aux personnes à faible revenu. L'hygiène des activités de vente sur la voie publique est une source de préoccupation importante pour les agents de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments, car les aliments vendus sur la voie publique sont souvent associés aux empoisonnements alimentaires fréquents.

L'insécurité alimentaire est également un problème généralisé, au point qu'il est essentiel que nous utilisions de manière efficace et efficiente les ressources à notre disposition. Les aliments sont une ressource rare qui exige une attention spéciale afin que le peu qui soit disponible soit propre à la consommation humaine. Dans de nombreux pays africains, la production alimentaire continue d'être basée sur la subsistance. L'Afrique est donc contrainte d'importer près de 60 pour cent de son approvisionnement alimentaire, ce qui pose de nombreux problèmes, car il est particulièrement difficile de contrôler la sécurité sanitaire d'aliments qui ne sont pas produits et transformés localement.

On assiste donc à un changement demodèle au niveau mondial. L'alimentation n'est plus uniquement une question d'échange et de disponibilité de produits agricoles de base, mais également un problème de santé publique. Au niveau international, la Conférence internationale sur la nutrition organisée par la FAO et l'OMS en 1992 a reconnu « le droit de chaque être humain d'avoir accès à une nourriture saine et nutritive, conformément au droit fondamental de l'homme d'être libéré de la faim ». En tant que droit fondamental de l'être humain, le principe de la sécurité sanitaire des aliments a été approuvé par l'Assemblée mondiale de la Santé en mai 2000, et accepté par tous les ministres de la santé comme un élément essentiel de la santé publique. L'OMS, en consultation avec ses États Membres, a élaboré une stratégie mondiale en faveur de la sécurité sanitaire des aliments, qui oriente ses activités et celles des pays dans ce domaine. Au niveau régional, la résolution AFR/RC53/R5, approuvée en 2003 par le Comité régional de l'OMS pour l'Afrique, a exhorté le Directeur régional et les États Membres à faire tout leur possible pour améliorer les programmes de sécurité sanitaire des aliments afin d'assurer une nourriture saine et nutritive aux populations de la région.

Malgré ces efforts et les mutations considérables du contexte commercial, les outils réglementaires dont peuvent disposer les États Membres pour empêcher les empoisonnements alimentaires ont peu changé. L'un des domaines qui doit être amélioré est celui de la surveillance des maladies d'origine alimentaire et le contrôle des aliments. L'OMS aide les États Membres en matière de surveillance des maladies d'origine alimentaire par le biais du programme mondial de surveillance de la salmonelle. L'OMS continuera de renforcer les capacités et d'améliorer les laboratoires de santé publique afin qu'ils puissent conduire ces activités avec efficacité et efficience dans le cadre du système de surveillance intégrée des maladies au niveau national et régional. Les États Membres sont incités à tenir un inventaire complet et actualisé des tendances des maladies d'origine alimentaire, notamment des poussés épidémiques, afin d'améliorer la prise de décisions et la gestion des risques.

L'OMS continuera d'apporter son soutien à la révision des textes de lois enmatière d'alimentation, à la mise en œuvre des normes Codex, à la participation effective aux travaux du Codex Alimentarius et à la préparation des plans d'action nationaux. Nos programmes, qui porteront notamment sur l'éducation du consommateur, auront pour cible les écoles, les hôpitaux et les marchés, et s'efforceront d'impliquer la société civile le plus étroitement possible.

Rendre les aliments plus sains protégera la santé du consommateur, améliorera la condition physique des travailleurs et augmentera les exportations alimentaires, ce qui exercera une influence positive sur les activités consacrées à l'atténuation de la pauvreté (OMD 1) et à la réduction de lamortalité infantile (OMD 4). Nous travaillerons avec les États Membres et nos partenaires sur des microprojets visant à améliorer la sécurité sanitaire des aliments provenant de l'ensemble des producteurs et des transformateurs, en espérant que ces efforts amélioreront la situation économique des populations et contribueront de ce fait à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment l'OMD 8, « mettre en place un partenariat mondial pour le développement », qui devra compter sur une augmentation des exportations alimentaires de nos pays vers les régions les plus riches du monde.

Excellences,
Mesdames et Messieurs les participants,
Mesdames et Messieurs les invités,

Pour conclure, je tiens à réaffirmer notre optimisme, malgré les nombreux problèmes posés par la sécurité sanitaire des aliments en Afrique. À l`OMS, nous restons convaincus qu'en nous appuyant sur un dialogue renforcé, la canalisation des énergies des divers acteurs, la coopération, le ciblage des efforts à tous les niveaux et des ressources accrues, nous pourrons améliorer collectivement la sécurité sanitaire des aliments des populations d'Afrique. Notre vision est très claire et nous croyons fermement que nous avons la discipline pour y parvenir.

Je vous remercie de votre attention.


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