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MODULE 8
Utilisation de l’information


Après avoir entrepris des consultations de grande envergure avec les villageois, le défi appartient maintenant aux membres de la mission de tirer les conséquences et de les appliquer à la conception de projet, à la mise en oeuvre ou à l’évaluation. Cette section esquisse certaines des applications possibles de l’information obtenue par l’analyse des institutions locales.

Module 8 - Questionnaire 8 - Politique principale ou élaboration de projet et mise en oeuvre des questions

Secteur/sous-secteur/thème

Questions primordiales au sujet des institutions locales, des moyens d’existence et de la pauvreté

Réduction de la pauvreté

Quelles sont les causes de la pauvreté et quel est le rôle que les arrangements des institutions locales jouent en l’aggravant ou en la réduisant?
Quel est le potentiel de changements institutionnels en faveur des pauvres?

Développement mené par la communauté (DMC)

Est-ce que l’objectif de la DMC pour le développement institutionnel en faveur des pauvres ou de la réduction de la pauvreté passe par un accès accru aux infrastructures?

Quelle est la probabilité que la décentralisation de prise de décisions concernant les ressources publiques des communautés porte à une plus grande équité?

Quelle est la probabilité que le gouvernement délègue les prises de décisions aux ressources publiques?

Gestion basée sur les ressources naturelles de la communauté

Quelle est la probabilité que la gestion des ressources naturelles basée sur la communauté contribue à la réduction de la pauvreté?

  • Qui a des intérêts dans les ressources que le projet veut développer/protéger?

  • Dans quelle mesure les moyens d’existence des pauvres dépendent de leur accès aux ressources?

  • Quels sont les droits de chaque partie prenante sur les ressources?

  • Quelles sont les responsabilités de chaque partie prenante par rapport aux ressources?

  • Comment les avantages de l’utilisation des ressources sont-ils répartis parmi les différentes parties prenantes?

  • Quelles sont les relations entre les différentes parties prenantes?

  • Y a-t-il des conflits entre les usagers des ressources?

  • Dans quelle mesure le projet bénéficie ou nuit aux populations pauvres qui dépendent des ressources?

Concentration sur les besoins des clients en matière de nouvelle génération de technologie agricole et de leur propagation

Comment pourrait-on évaluer les résultats de la pauvreté? Comment pourrait-on mieux centrer la recherche agricole et les systèmes de vulgarisation sur les besoins des clients?

Comment les petits agriculteurs peuvent-ils être responsabilisés pour influencer la recherche et les priorités de vulgarisation?

Comment peut-on être sûr qu’un système mené par les clients impliquera tous les publics et que les fournisseurs de services privés accorderont une importance suffisante aux besoins des petits agriculteurs et des femmes par rapport à ceux des agriculteurs commerçants?

Diversification des moyens d’existence ruraux et développement d’entreprises

Quel rôle joue la diversification dans les systèmes relatifs aux moyens d’existence des pauvres et des non-pauvres?

Quelle est la possibilité d’encourager la diversification et le développement d’entreprises?

Quels sont les ménages pauvres qui existent actuellement et les arrangements commerciaux préférés?

Quel rôle les groupes d’entreprises jouent en renforçant l’accès au marché des petits producteurs, y compris des pauvres sur des bases plus équitables?

Secteur/sous-secteur/thème

Questions primordiales au sujet des institutions locales, des moyens d’existence et de la pauvreté


Quels sont les échanges du secteur de la micro finance entre la durabilité institutionnelle et l’assistance aux pauvres? Comment peut-on accroître l’assistance aux pauvres sur des bases durables? Comment les fournisseurs de micro-finance peuvent-ils se concentrer d’avantage sur les besoins des clients alors qu’ils luttent contre la pauvreté? Comment le MFI peut-il développer des produits financiers qui aident à la diversification des moyens d’existence et les efforts de développement des entreprises des clients?

Renforcer les fournitures des services ruraux

Quels devraient être les rôles respectifs et les responsabilités du gouvernement, des ONG, du secteur privé dans le domaine des prestations de services? Comment peut-on centrer davantage les services ruraux sur la communauté et être plus réceptifs aux requêtes des clients tout en assurant une écoute adéquate des plus pauvres? Comment pouvons-nous concilier le coût de reprise assurant la durabilité avec l’accessibilité aux pauvres? Comment peut-on assurer la couverture des femmes et des hommes dans les ménages pauvres sur des bases durables?

Evaluation de l’impact politique

Comment les changements politiques comme l’élimination progressive des aides aux intrants pour les agriculteurs et le soutien des prix ou l’abandon de la production de semences de la part du gouvernement ou de prêts agricoles influencent les pauvres et les plus pauvres?

Application des programmes de réduction de la pauvreté?

Les programmes de réduction de la pauvreté ont besoin d’identifier et de s’attaquer aux racines des causes de la pauvreté - pas seulement aux symptômes. Il est bien possible que différentes catégories de parties prenantes aient des opinions contrastées sur les origines des causes de la pauvreté et sur la façon de l’affronter. Chaque catégorie de ministère a son propre point de vue sur la pauvreté. Il est possible que l’opinion des membres de la communauté diffère de celle des différents ministères. Souvent l’opinion des ménages pauvres diffère de celle des chefs de la communauté ainsi que de celle des hommes et des femmes. La pauvreté ne peut pas être affrontée uniquement par le biais de l’amélioration de la santé, de l’instruction, des infrastructures sans faire référence à la façon dont les pauvres gagnent leur vie et les facteurs qui les rendent vulnérables aux chocs. Les efforts de réduction de la pauvreté doivent être fondés sur la compréhension des systèmes relatifs aux moyens d’existence des pauvres et des origines de leur vulnérabilité. Quand dans une communauté tous les ménages sont exposés au même choc pourquoi certains ménages sombrent dans la pauvreté et d’autres pas? Quels sont les facteurs qui permettent aux non pauvres de résister aux chocs sans sombrer dans la pauvreté? Quels types de stratégies relatives aux moyens d’existence sont utiles pour réduire l’exposition aux risques? Quels types d’avoirs sont-les plus importants pour surmonter les chocs? Comment les non pauvres ont-ils acquis ces avoirs? Qu’est-ce qui empêche les pauvres de se procurer les mêmes avoirs? Quelles sont les possibilités d’accroître l’accès des pauvres aux avoirs - qu’ils soient naturels, physiques, financiers, humains ou socio-politiques - et qui permettent aux populations de réduire leur vulnérabilité aux chocs? Quel rôle les institutions locales peuvent-elles jouer dans la réduction de la vulnérabilité? Les institutions locales au niveau de la communauté peuvent favoriser ou entraver les efforts de réduction de la pauvreté, cela dépend de la configuration du pouvoir local et du niveau de domination de l’élite.

Application au développement mené par la communauté (DMC)

Le développement est mené par la communauté quand les citoyens ordinaires sont capables d’identifier et de donner la priorité à leurs besoins personnels, de planifier ainsi que de mettre en oeuvre les initiatives locales, de façon pratiquement autonome - avec une aide extérieure minimum. Les membres de la communauté mobilisent localement les ressources disponibles afin de les assortir aux fonds du gouvernement ou des donateurs pour financer de petits projets locaux sélectionnés à partir d’un menu d’activités possibles. On dit que le développement est «complètement» mené par la communauté quand les membres choisissent les activités à mettre en oeuvre, reçoivent directement les fonds proposés, sélectionnent celui qui mettra en oeuvre le projet, suivra son évolution et évaluera les performances des entrepreneurs.

On s’attend à ce que le DMC contribue à la réduction de la pauvreté de plusieurs manières (a) en accroissant l’approvisionnement et en améliorant les conditions des infrastructures de base au niveau de la communauté comme les écoles primaires, les équipements ruraux de santé, l’eau potable, (b) en renforçant les capacités au niveau de la communauté pour identifier et mettre en oeuvre de petits projets; (c) en accroissant l’approvisionnement des fournisseurs de services - publics, les ONG et les privés - capables de répondre aux requêtes d’infrastructures de la part de la communauté et (d) indirectement en simulant les effets multiplicateurs dans l’économie locale tout en diversifiant les sources d’assistance des organisations fondées sur la communauté.

Les programmes du DMC diffèrent en matière d’importance accordée au renforcement des capacités locales au niveau de la communauté. La Banque Mondiale a tendance à se préoccuper des réunions ciblées au déboursement des fonds alors qu’elle garantit une bonne qualité des travaux, une gestion financière personnelle et le plein respect de la gestion financière bancaire ainsi que l’offre de conseils de même que la protection sociale et la sauvegarde de l’environnement. Pour le FIDA, d’une part, la principale responsabilité est le renforcement des capacités afin que les communautés le fassent elles-mêmes en dépendant au minimum du gouvernement et des donateurs des projets. La livraison des infrastructures est importante mais la base du développement institutionnel est la pierre angulaire de la stratégie du DMC.

Les donateurs diffèrent également en fonction de l’importance accordée au contexte politique, administratif et à la décentralisation fiscale du DMC. L’objectif de certains programmes est le renforcement des capacités pour la livraison d’équipements publics de base d’abord au niveau le plus bas de l’administration publique qui peut correspondre à la commune ou à la municipalité (ou à l’équivalent français de la commune). Certains projets canalisent des fonds par le biais de l’élection de citoyens représentants du conseil au niveau de la commune et d’autres par le biais de l’administration publique ou d’autres organisations fédératives des CBO ou des ONG

Le défi pour le DMC c’est de faire la distinction entre différents niveaux d’équipements publics correspondant à différents domaines. Les domaines des «districts» ou «communes» doivent être les écoles primaires, les dispensaires, les marchés et les routes d’accès servant tout le territoire du district tandis que le domaine de la communauté devrait être l’eau potable, les crèches et les exploitations agricoles et l’entretien des marchés. Bon nombre des projets des donateurs travaillent sur le renforcement des capacités pour le DMC au niveau du district ou de la municipalité ou de la «commune», qui est une unité territoriale comprenant de nombreux villages séparés et de hameaux qui constituent tous des «communautés» indépendantes. Il est également nécessaire de prendre en considération les projets au niveau des communautés les plus petites et d’éviter de mélanger les deux domaines.

On s’attend à ce que les approches du DMC contribuent davantage à la réduction de la pauvreté au niveau de la communauté que ne le font les infrastructures de haut en bas. Cependant, il y a toujours le risque que si les contrôles décentralisés sont trop laxistes, les élites locales puissent s’approprier des ressources destinées aux pauvres. L’analyse des institutions locales peut aider les planificateurs de projets à évaluer les moyens d’existence que la décentralisation des décisions concernant l’utilisation des fonds publics des ministères centraux jusqu’au niveau du district ou de la municipalité ou encore de la commune qui porteront à une plus grande équité. Elles peuvent également aider à déterminer ce que devraient être les rôles respectifs des comités de développement du village, des groupes d’intérêts communs des conseils représentatifs des citoyens élus en identifiant les priorités et en approuvant les propositions des sous projets, en mobilisant la contribution locale et en sélectionnant les entrepreneurs, en surveillant la construction et en en attestant l’achèvement et en en évaluant les résultats.

Application à la gestion communautaire des ressources naturelles

Un ensemble de questions concerne qui - riches/pauvres, hommes/femmes - a un intérêt dans les ressources que le gouvernement ou les donateurs souhaitent développer. Dans quelle mesure les moyens d’existence de certaines catégories ou de parties prenantes dépendent des ressources? Sur qui le projet aura-il probablement des conséquences - positives et négatives? Qui seront probablement les gagnants et les perdants? Quatre questions clé: Quels droits chaque partie prenante a-t-elle sur les ressources? Quelles responsabilités ont-elles - les unes envers les autres. Envers le public et les générations à venir? Quelles sont les relations entre différentes catégories de parties prenantes? Comment les avantages des ressources utilisées sont-ils répartis entre les parties prenantes. Y a-t-il des conflits entre les parties prenantes - cachés ou visibles? Que peut-on faire pour améliorer les avantages pour les pauvres?

Un autre ensemble de questions concerne les unités sociales appropriées pour gérer une ressource: quelles sont les décisions concernant la gestion des ressources qui devraient être prises au niveau de la communauté, du hameau, du village? Qui exigera une organisation fédérative qui comprenne tous les villages selon une ligne de partage ou qui comprenne les représentants des agriculteurs sédentaires et les bergers qui passent de façon saisonnière au travers du même territoire. Quelles institutions déjà existantes sont concernées par la gestion des ressources naturelles à tous les niveaux (hameau, village, ligne de partage des eaux, etc.) Comment les institutions coutumières sont-elles en relation avec l’administration publique au niveau du district ou de la municipalité ou du quartier? Quel devrait être le rôle des institutions coutumières qui dirigent la gestion des ressources naturelles au niveau du village par rapport à ceux des autorités élues au niveau du district?

Concentration sur les besoins des clients en matière de nouvelle génération de technologie agricole et de leur propagation

La plupart des pays essayent de réorienter les recherches agricoles existantes et les systèmes de vulgarisation pour devenir des clients réceptifs. Au lieu de dire aux agriculteurs ce qu’ils doivent faire, on s’attend maintenant à ce que les chercheurs et les agents de vulgarisation écoutent les agriculteurs et répondent aux nécessités de leurs clients. Cette réorientation n’est pas un processus qui a changé du jour au lendemain. Les questions des Modules 3 et 4 peuvent être utilisées pour évaluer quels niveaux de la bureaucratie ont déjà adopté une approche centrée sur le client et lesquels doivent encore changer leur façon de faire des affaires. En Indonésie, par exemple, l’analyse institutionnelle en relation avec le projet de réhabilitation de récoltes d’arbres a révélé que la philosophie de l’orientation du client est bien acceptée au niveau du district mais qu’elle n’est pas encore appliquée dans des circonstances concrètes. Les districts officiels peuvent énoncer le concept de «responsabilisation des agriculteurs» mais ils ne sont pas non plus disposés à laisser les agriculteurs décider quelles sont les cultures à réhabiliter et l’étendue de la zone à couper et à replanter. Les autorités ne veulent pas perdre le contrôle du choix des cultures, des décisions de replanter et du matériel à planter. Elles assisteront seulement les agriculteurs qui ont des arbres plantés dans les zones de bosquets contigus d’au moins 25 ha. Une fois qu’une zone est choisie pour l’assistance du projet, tous les agriculteurs avec des cultures d’arbres dans la même zone doivent couper leurs vieux arbres et éclaircir pour en planter de nouveaux qui ne seront productifs que 7 ans plus tard. Les autorités ne sont pas sensibles à la nécessité des agriculteurs d’échelonner la replantation sur plusieurs années de façon à ne pas perdre tous leurs revenus. De nombreux agriculteurs préfèrent replanter des cultures vivrières sur leurs terres et reporter la coupe des vieux arbres jusqu’à ce que les nouveaux soient productifs, mais les services de vulgarisation ne le permettent pas.

La réorientation axée sur la recherche agricole et les services de vulgarisation font d’eux des clients plus responsables et la conduite des agriculteurs représente un changement favorable. Néanmoins, l’orientation des clients introduit le risque inhérent que la recherche publique et la vulgarisation soient trop centrées sur les agriculteurs les plus riches et les plus puissants au détriment des producteurs de subsistance à moins qu’une action de rééducation ne soit entreprise pour assurer un meilleur équilibre. Les agriculteurs commerciaux ont un avantage considérable parce qu’ils sont plus à même de s’exprimer, mieux organisés pour exercer des pressions en faveur de leurs intérêt personnels et mieux placés pour accéder aux décisions en ce qui concerne les problèmes relatifs à certaines cultures et aux technologies intéressantes pour les influencer. Le risque c’est que les priorités de la grande majorité des agriculteurs qui produisent pour assurer leur subsistance soient négligées et que les femmes agricultrices ne soient pas capables d’influencer la répartition des priorités.

Il y a eu une innovation récente (en Ouganda et en Indonésie) concernant la vulgarisation de projets c’est la canalisation directe des fonds vers les «communautés» pour leur permettre de s’engager avec les fournisseurs de services publics, les ONG, afin qu’ils les conseillent sur les cultures et les entreprises de leur choix. Qui sont les gagnants et les perdants quand, en Ouganda, les forums d’agriculteurs au niveau sous régional, prennent le contrôle des fonds afin de contacter les services de vulgarisation parmi différentes catégories de fournisseurs? Quelle a été l’expérience avec la participation des agriculteurs dans l’établissement des calendriers des instituts de recherche et en entreprenant la gestion de l’exploitation sur les exploitations tests et les démonstrations? Comment les générations technologiques et les systèmes de vulgarisation centrés sur les clients peuvent-ils devenir plus sensibles à la parité hommes -femmes? Comment pouvons-nous nous assurer que les priorités pour la subsistance des producteurs ne sont pas éclipsées par celles des agriculteurs commercialement orientés?

Application à la diversification des moyens d’existence et au développement d’entreprises

Les efforts pour réduire la pauvreté et la vulnérabilité par le biais de la diversification des moyens d’existence doit débuter par la compréhension des stratégies relatives aux moyens d’existence qui existent. La plupart des ménages tirent leurs moyens d’existence d’une combinaison de sources de revenus comme les cultures vivrières, les cultures commerciales, les animaux d’élevage, le travail à l’extérieur de l’exploitation et les remises de fonds. En outre, bon nombre de ménages dépend pour une partie de sa subsistance des ressources de propriété commune comme les forêts, les pâturages, la pêche. La contribution relative de chaque source de revenu relative aux moyens d’existence diffère entre les régions agro-écologiques, les systèmes de production et les groupes ethniques. Elle diffère également au sein des communautés entre les riches et les pauvres. Les ménages aisés ont la possibilité de vendre leurs récoltes et leurs animaux au moment de l’année où les prix sont les plus élevés et les pauvres quand les prix sont les plus bas. Les riches peuvent en augmenter la valeur en transformant les produits et en les transportant sur des marchés distants, à la recherche des prix les plus élevés, tandis que les plus pauvres ont peu de choix pour en augmenter la valeur par le biais de la transformation et pour la vente à l’extérieur de leur village.

Les groupes d’entreprises peuvent représenter une façon de renforcer le pouvoir de marchandage des producteurs pauvres et leur accès aux marchés des intrants et de la production. Cependant, la création de groupes d’entreprises de petits agriculteurs doit être fondé sur une bonne compréhension des institutions existantes au niveau local. Quelles sont les relations entre les producteurs pauvres et les commerçants locaux, les transporteurs et les commerçants extérieurs? Quels sont les canaux de commercialisation que les ménages pauvres préfèrent? Dans quels intermédiaires ont-ils confiance? Quelles sont les attitudes locales envers la formation de groupes pour le développement des entreprises et la commercialisation? Les organisations - officielles et non officielles - ne sont-elles pas déjà impliquées dans la transformation et la commercialisation? Quelles sont les contraintes des agriculteurs pour augmenter la valeur de leurs produits par le biais de la transformation ou l’emmagasinage jusqu’au moment de l’année où les prix sont les plus hauts?

Dans l’élaboration de stratégies pour lier les petits agriculteurs aux marchés, des considérations attentives sont probablement nécessaires en matière de rôles assignés à chaque sexe. Quels sont les rôles des hommes et des femmes dans la production, la transformation et la commercialisation des produits? Qui - du mari ou de la femme - contrôle le revenu de la vente et comment le dépensent-ils? Est-ce que la femme peut exercer un contrôle sur le revenu des produits vendus loin de la maison? Quelles différences pourrait-il y avoir sur les moyens d’existence de la famille si les femmes perdaient leur pouvoir de décider comment dépenser l’argent? Qu’est-ce qui pourrait être fait pour empêcher l’érosion du pouvoir de décision des femmes?

Le rôle des activités à l’extérieur de l’exploitation dans les systèmes relatifs aux moyens d’existence varie également entre les classes riches, moyennes et pauvres. Les activités typiques des ruraux riches à l’extérieur de l’exploitation ont tendance à être des activités fondées sur le capital et dont les retombées sont importantes comme celles de commerçant, grossiste, prêt d’argent, services de taxis de brousse. Les activités à l’extérieur de l’exploitation pour les ruraux pauvres ont tendance à être des activités à faibles revenus comme par exemple, le travail agricole occasionnel, les travaux de construction ne nécessitant pas de qualifications professionnelles, couper du bois de chauffe et récolter des produits sauvages dans la brousse. Les riches diversifient leurs activités à l’extérieur de l’exploitation. Ils sont à la recherche de profits importants tandis que les pauvres ne sont pas attirés par la motivation du profit. Ils abandonnent les activités de l’exploitation à la recherche d’activités telles que les travaux occasionnels et la récolte du bois comme une stratégie pour s’en sortir quand les autres sources de revenus manquent. Le potentiel pour les différentes catégories de ménages pour choisir une entreprise de développement dépend de leur accès et de leur contrôle des avoirs tels que la terre, les animaux d’élevage, les biens d’équipements, le capital financier et le travail. Les avoirs humains comme le revenu provenant du savoir-faire, du savoir-faire dans les affaires et d’avoirs sociaux comme les contacts au marché qui sont également importants. L’analyse des moyens d’existence peut aider à déterminer quelles entreprises sont au sein des moyens des pauvres et celles qui sont principalement appropriées aux non pauvres.

Application au service de fournitures rurales

Au cours des années 1990, les institutions de financements internationaux ont mis une pression considérable sur les gouvernements pour se retirer de la «fourniture de biens privés» comme les semences, les engrais, la fourniture de crédits et les services de mécanisation de l’exploitation aux agriculteurs affirmant que la fourniture de biens privés devrait être laissée au secteur privé. Tandis que cela fonctionnait de façon adéquate pour certains biens et certains services qui auraient pu être facilement commercialisés, il est souvent arrivé que le secteur privé n’ait pas démontré d’intérêts dans la production de biens et de services qui n’étaient pas rentables. Par exemple, les compagnies privées de semences ont démontré seulement un intérêt dans la production et la commercialisation de semences que les agriculteurs devaient acheter chaque année. Ils ont démontré peu d’intérêt à produire et à commercialiser des semences que les agriculteurs pouvaient mettre de côté et replanter durant trois saisons consécutives et échanger avec leurs voisins. Le secteur privé était emballé à l’idée de servir les régions à haute densité de population avec un fort pouvoir d’achat et un accès aux biens du marché mais étaient lents pour offrir des services dans les régions marginales et lointaines. La répartition géographique inégale des services a porté à la reconnaissance du fait que l’état devait continuer, dans l’intérêt du public, à jouer un rôle en affrontant les échecs du marché et en assurant la disponibilité des semences d’espèces et de variétés qui n’intéressaient pas, du point de vue commercial, les compagnies de semences privées, mais bien adaptées aux goûts locaux et aux conditions agro-écologiques. La solution pour le gouvernement a été de sous traiter la production à des groupes de petits agriculteurs multiplicateurs de semences.

L’analyse institutionnelle peut être utilisée pour développer des plans pour réélaborer les services ruraux afin de mieux cibler les clients et de répondre à la demande locale. Elle peut être utilisée pour analyser l’impact possible des réformes sur les différentes catégories de ménages. Par exemple, elle peut aider à analyser qui seront probablement les gagnants et les perdants en cas de privatisation des services vétérinaires, ou de production de semences ou de renoncement du gouvernement pour l’approvisionnement des semences ou des services de machines agricoles et pour atténuer les effets négatifs possibles. Quel est le potentiel pour les coopératives agricoles et les groupes de producteurs non officiels de fournir des services à leurs membres en faisant compétition au secteur privé? Quelle possibilité y a-t-il d’engager les ONG et les CSO en tant que fournisseurs de services? Comment les projets de développement peuvent-ils stimuler le marché pour les fournisseurs de services privés? Qu’arriverait-il si les fonds étaient canalisés directement vers les communautés pour leur permettre d’engager des fournisseurs de services?

Les questions principales comprennent ce que devraient être les rôles respectifs et les responsabilités du gouvernement, des ONG et du secteur privé dans la fourniture de services? Comment peut-on davantage centrer les services ruraux et les rendre réceptifs aux demandes des clients tout en assurant une voix adéquate aux plus pauvres? Comment pouvons-nous concilier les coûts de relance des services avec les possibilités des pauvres? Comment pouvons-nous assurer un approvisionnement adéquat des services pour les producteurs de subsistance et les régions éloignées sur des bases durables.

Influence de l’évaluation politique

Comment le commerce mondial a-t-il influencé le marché des petits commerçants comme celui du café? Quelles sont les implications pour la monoculture vers la diversification des moyens d’existence des petits agriculteurs qui font pousser des plantations d’arbres? Comment les changements politiques dans le domaine agricole et le secteur rural ont-ils influencé, durant les dernières décennies, différentes catégories de ménages? Par exemple, qui étaient les gagnants et les perdants quand les produits de base para-étatiques comme le coton, le café et le riz des corporations de développement ont été démantelés? Qui, - s’il y a quelqu’un - s’est déplacé pour fournir des services - comme l’approvisionnement d’intrants, le coût des crédits, le contrôle des nuisibles, la transformation et la commercialisation - qui étaient autrefois fournis par les para-étatiques? Quel a été le rôle des institutions locales - traditionnelles et modernes - pour assurer l’approvisionnement d’intrants, de financement des récoltes et les fonctions de l’achat de récoltes? Le démantèlement du soutien de l’industrie du sucre en Amérique latine et aux Caraïbes est actuellement en discussion. On s’attend à ce qu’il y ait des conséquences sur les moyens d’existence de dizaine de milliers de petits agriculteurs et de travailleurs agricoles. A qui les changements politiques sont-ils susceptibles de profiter ou de nuire? Quel est l’impact probable du genre?

Qui ont été les gagnants et les perdants quand les gouvernements ont abandonné la production de semences, les subventions aux engrais, les achats de récoltes et l’industrie de transformation agro-alimentaire dans les années 1990? Dans quelle mesure les fournisseurs de services du secteur public se sont-ils mobilisés pour combler le fossé? Pourquoi ne se sont-ils pas mobilisés? S’agit-il d’un cas d’«échec de marché»? S’il en est ainsi, quel rôle les organisations agricoles et les institutions communautaires pourraient jouer pour surmonter les échecs du marché? Dans quelle mesure est-il réaliste de s’attendre à ce que les groupes d’agriculteurs locaux assurent les fonctions que le gouvernement a abandonné et pour lequel le secteur privé démontre une certaine prudence dans la reprise?


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