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I N F O R M A T I O N   S U R   L A   T E C H N I Q U E   D E   P E C H E   L A N G O U S T I E R E   A U X   C A S I E R S   A   M A D A G A S C A R

A. R. Rabesalama - DPA

I. Introduction

La technique de pêche à la langouste malgache n'a pas beaucoup évolué depuis sa première exploitation commerciale, vers 1948 (Giudicelli, 1984). Il existe deux modes de captures : la pêche aux casiers qui est la plus pratiquée et la pêche par plongée en apnée au moyen d'un harpon.

Malgré les caractères rudimentaires des moyens de production des pêcheurs (pirogue monoxyle lourde à faible rayon d'action et très instable, casier traditionnel très peu resistant), cette pêcherie procure au pays une entrée annuelle de devises non négligeable. Ainsi si l'évaluation des stocks de langoustes nécessite une étude sur plusieurs années, des solutions aux problèmes relatifs aux modes et moyens d'exploitation revêtiraient une importance capitale à court et à moyen termes.

La présente note essaie de :

II. Ressources

Cinq espèces de langouste appartenant à la famille des Palinuridés et au genre Panulirus ont été observées dans les débarquements le long des côtes malgaches. Elles sont concentrées essentiellement sur les zones Sud et Sud-Est de l'île. Ce sont par ordre d'importance quantitative :

Jusqu'à maintenant, aucune étude précise n'a été publiée sur l'ecobiologie de ces espèces des côtes malgaches. Cependant, au même titre que les espèces tropicales; certains auteurs émettent quelques informations qui seront completées par des observations.

1. Habitat

Leurs aires de prédilection sont les zones de récifs présentant des cavités profondes des massifs de porites ou coralliens abrités de l'influence directe des houles. Il est rare qu'on en trouve sur des fonds sableux. Une profondeur optimale de concentration allant de 1 à 17 m a été déterminé (Pichon, 1962 et Berry 1971) mais on en observe jusqu'à 60 m.

2. Conditions physico-chimiques optimales

La température optimale des fonds de pêche se situe entre 17 et 24°C. La turbidité varie suivant l'espèce :

3. Comportement

Toutes ces espèces ont une activité essentiellement nocturne. Pendant le jour, elles restent cachées dans des trous ou fissures, leurs pattes sont généralement très robustes et adaptées aux accrochages sur des parois rocheuses en eau turbulente. Elles ont un caractère sédentaire et grégaire. Elles effectuent beaucoup plus de déplacement pendant les périodes de nouvelle lune où elles se capturent le plus. Une cohabitation de plusieurs classes d'âge s'observe chez l'espèce Panulirus longipes.

4. Reproduction

Il n'existe pas de période précise de reproduction chez la langouste tropicale (Berry 1971). Des femelles ovées sont observées presque pendant toute la durée de la campagne de pêche actuelle (Mai à Décembre) avec une concentration maximale au mois d'octobre.

III. Les moyens de production

La technique de pêche au casier présente une particularité par rapport à d'autres types de pêche utilisant des engins passifs tels que filets maillants, nasse, barrage … En effet, l'appâtage constitue l'un des principaux facteurs déterminant son efficacité.

La méthode de pêche au casier nécessite un minimum de moyens d'exploitation correspondant aux différentes étapes de travail suivantes :

1. Les embarcations

A part la pêche en plongée sur des petits fonds à partir de la terre ferme ou des presqu'îles rocheuses, la pirogue reste le principal moyen de navigation le plus pratiqué. L'utilisation d'une vedette permet de prospecter des profondeurs plus importantes mais sa rentabilité économique reste à définir.

2. Le casier

L'unique type utilisé par les pêcheurs nationaux est un casier en forme de “V” confectionné avec des fibres de Vahimpiky (Hypocratea sp. Bien que ce casier type traditionnel ait une bonne efficacité, sa durée d'usage est très limitée et les matières premières nécessaires à sa confection (vahimpiky) poussent généralement un peu plus loin de la côte, à l'arrière pays et connaissent actuellement un début de surexploitation.

3. L'orin

Généralement une corde de liane est utilisée comme orin reliant le casier à un flotteur. Elle permet le relevage du casier lors d'une opération de visite. L'utilisation d'une corde nylon est plus indiquée pour éviter la perte de casier par rupture de l'orin.

4. Le flotteur

Pour pouvoir repérer le casier au moment de sa visite, un flotteur en polystirène ou en bois tendre et léger genre Andrarezona (Trema orientalis) est solidement noué à l'extrémité supérieure de l'orin.

5. Le lest

A défaut de matières très denses, des pierres relativement plates, (6 kg/ casier) délicatement ficelées sur le fond sont nécessaires pour maintenir la stabilité du casier lors de son mouillage.

6. Les équipements accessoires

Quelques petits matériels et équipements complémentaires doivent être prévus. Ce sont :

IV. La technique de pêche

Comme il a été cité plus haut, le déroulement normal de la pêche au casier comporte plusieurs étapes logiques :

1. La récolte d'appât

L'appât couramment utilisé étant la moule (Mytilus edulis), elle se développe généralement sur l'étage médio-littoral inférieur à mode très battu des récifs rocheux.

Les bancs de moules sont décollés de leur support et ramassés pendant un temps relativement court entre deux déferlements des vagues successifs qui viennent périodiquement s'effondrer sur le récif rocheux.

2. L'appâtage

Cette opération consiste à étaler au fond de chaque casier environ 2 kg de moules en grappe ou dispersées dont une partie est légèrement écrasée pour augmenter le pouvoir attractif.

3. La recherche de fond

Cette opération consiste à repérer de la surface un fond rocheux, habitat des langoustes côtières. Outre les petits profondeurs (1 à 3 m) où l'on peut observer la structure du fond à partir de la surface, cette opération s'effectue de façon raisonnée et quelquefois empirique. En plus des récifs émergeants, il existe un certain nombre de récifs rocheux immergeants qui méritent d'être repérés. Les aires favorables se situent généralement autour de ces récifs, de préférence du côté abrité.

4. Le mouillage

Cette opération consiste à filer soigneusement le casier, préalablement appâté, sur un fond choisi de façon à le coller dans une anfractuosité des rochers. Si la profondeur est assez importante (plus de 4 m), le casier sera lancé à partir d'une pirogue ou d'une vedette. Par contre, sur des petits fonds (1 à 3 m) le mouillage se fait en plongée en apnée. La longueur de la corde du flotteur sera ajustée de façon à ce qu'une partie ne se trouve accrochée au fond.

5. Le relevage

Cette opération s'effectue généralement après une nuit de mouillage. Le flotteur est repéré et hissé à l'aide d'un crochet en bois puis le casier est relevé très soigneusement au début car il se peut qu'une partie de la corde soit accrochée sur les rochers. A part la récupération des captures, cette opération consiste essentiellement à vérifier l'état général des casiers et de les reparer, le cas échéant, si possible à bord.

V. Conclusion - recommandations

Trois principaux paramètres permettent d'analyser la technique de pêche au casier :

1. L'éfficacité

L'un des principaux facteurs, sinon le premier qui détermine l'efficacité d'un casier à langouste est sa stabilité en mer qui, elle-même, est liée étroitement au taux de lestage. Ainsi, une proportion en poids de casier/lest de 1/6 a été recommandée. La largeur du champ de capture correspondant au bord interne du “V” caractérise le casier type traditionnel. Plus cette largeur est grande, plus le casier sera efficace et ce jusqu'à une certaine limite liée à la resistance des matériaux.

2. La selectivité

Un casier performant doit avoir un maillage du fond plus fin ayant une plus grande largeur de 2,5 cm qui retient efficacement les moules. Pour les autres parois, un maillage de 5 cm de diamètre permet de minimiser la résistance du casier face aux mouvements des courants marins et de sélectionner les individus de taille réglementaire. Il est à noter que la taille minimale autorisée est de 20 cm de longueur totale ou 61 mm de longueur céphalothoracique mesurées respectivement à partir de la pointe du plateau anténnulaire au bord postérieur du telson ou depuis l'encoche entre les cornes supra-orbitales au bord postérieur du céphalothorax.

3. La durée d'usage

La durée de vie d'un casier est très limitée, en moyenne 15 jours. L'utilisation d'une corde de liane comme orin pourrait aggraver la perte de casier par rupture fréquente.

Enfin, pour améliorer la technique de pêche au casier, et partant, le système d'exploitation de la pêcherie langoustière, nombreuses contraintes méritent d'être considérées. Ce sont essentiellement :

Toutes ces contraintes influent inévitablement sur le développement de ce type de pêche et par conséquent sur l'économie nationale. Des solutions à court ou moyen terme pourraient être envisagées pour améliorer les moyens de production des pêcheurs et le système d'exploitation des ressources.

  1. Amélioration des moyens de production :

    Toutefois des considérations économiques sont jugées nécessaires pour une étude de rentabilité.

  2. Amélioration du système d'exploitation :


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