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TRAVAIL PREPARATIF A LA CONSULTATION TECHNIQUE SUR LES MESURES D'AMENAGEMENT DES LACS MOBUTU ET IDI AMIN

d'après

Bete Da Sembali, Chef du Centre de pêche - lac Mobutu

1. GENERALITES

Le lac Mobutu est situé à 618 m et a une superficie voisine de 5.400 km2 dont 2.400 km2 sont zaïroises. Le lac mesure au maximum 160 km de long sur 45 km de large. Un peu au large de Zega dans la zone de Djugu, la profondeur peut atteindre 150 m, autrement elle varie entre 25 et 45 m du centre du lac vers les rives.

1.1. L'administration des pêches

L'administration en charge des pêches et de la surveillance se nomme l'Office des pêches, et ses tâches sont les suivantes:

L'Office des pêches, chargé du contrôle des activités de pêche sur le lac Mobutu n'arrive pas à évaluer l'effort et les unités de pêche vu le manque de moyens humains et matériels. En vue d'assurer le bon fonctionnement de ce service, il serait souhaitable de le doter d'équipements et de personnels par une affectation de 10 gardes-pêche pour la surveillance et de 7 enquêteurs pour le relevé des statistiques.

Actuellement le personnel en activité est seulement de 4 personnes dont un officier de pêche et trois sous-officiers de pêche, soit un par zone lacustre.

1.2. L'effort de pêche et le potentiel exploitable

Le potentiel exploitable pour la partie zaïroise du lac est estimé entre 9.700 et 13.300 tonnes par an. Les captures sont entièrement réalisées au moyen de barques et de pirogues. Cependant, l'effort de pêche est inéquitablement réparti vu la concentration des pêcheurs, seulement dans certains grands centres tels que Kasenyi, Tchomia, Gobu, Mokambo et Mahagi-port.

En 1983, la capture était de 3.800 tonnes par an soit une production de 15 kg par hectare, le taux d'exploitation du lac était donc de 28,5 % et le nombre de pêcheurs de 6.500. Chaque pêcheur exploitait environ 0,58 tonnes de poissons.

Depuis l'installation du projet pêche au lac Mobutu en 1985, les statistiques officielles des trois zones lacustres (Irumu, Djugu et Mahagi) nous montrent un accroissement constant de la production. On est passé de 3.800 tonnes en 1985 à 9.200 tonnes en 1986, 8.400 tonnes en 1987, 12.000 tonnes en 1988 pour enfin arriver à 25.940 tonnes en 1989.

En 1989, les captures ont presque doublé, le potentiel d'exploitation estimé était de 25.940 tonnes. Cette augmentation de la production est due au fait qu'une partie de la production ougandaise est commercialisée au Zaïre, en effet pratiquement tous les poissons salés produits en Ouganda sont débarqués au Zaïre. La production exacte venant du Zaïre est impossible à évaluer car le gouvernement zaïrois est incapable de distinguer le poisson en provenance de l'Ouganda et d'estimer la quantité de poisson en provenance de l'Ouganda débarqué frauduleusement par les pêcheurs ou les commerçants zaïrois afin d'échapper aux taxes douanières et autres (OZAC). Ce qui entraîne des difficultés quant à l'estimation des captures.

1.3. Types de poissons pêchés

Les espèces pêchées sont nombreuses, mais seules quelques unes d'entre-elles sont commercialisées:

1.4. Techniques de pêche et engins utilisés

Les engins de pêche utilisés sont les mêmes sur tout le lac et sont principalement les filets maillants de surface (556.289 m au total), les filets maillants de fond (619.529 m au total), les sennes de plage (112), les lignes ou hameçons (105.720) et les pièges (non dénombrés). Le nombre d'engins de pêche recensés en 1989 est repris entre parenthèses.

Le nombre d'embarcations recensées en 1989 se chiffrait à 345 pirogues, 1.084 barques et 156 moteurs.

1.5. Organisation des pêcheurs

Les pêcheurs sont regroupés dans des campements, au total, 94 campements sont répartis sur trois zones lacustres;

En 1989, le nombre de pêcheurs reconnus était de 1.615 mais ce chiffre est sous évalué et ne représente qu'une partie des pêcheurs du lac Mobutu.

1.6. Rappel des objectifs du Centre de pêche/lac Mobutu

Les objectifs prioritaires du Centre sont les suivants:

Cependant, au courant du 3ème trimestre 1989, le Conseil exécutif a rompu avec la Coopération française dans le domaine de la pêche et devait donc prendre en charge tous les frais relatifs au fonctionnement du projet. Il a été décidé que le projet pêche/lac Mobutu devait plutôt se réorienter dans l'étude de l'hydrobiologie du lac, la relance de la pêche au large et l'amélioration des techniques de traitement par salage et fumage.

2. AMENAGEMENT DE LA PECHE

2.1. Recherche de l'équilibre d'exploitation - approche globale

Où en est-on du diagnostic de sous-exploitation qui a motivé la mise en place du projet?

A la suite de certaines études, il a été établi que le potentiel de production du lac se situait entre 9.700 et 13.300 tonnes par an. Actuellement tous les observateurs s'accordent à constater une nette progression de l'effort de pêche durant ces dernières années, et on peut supposer que le projet y soit pour une bonne part. En effet, les statistiques du rapport annuel de 1987 faisaient état de 8.400 tonnes de poissons éviscérés, soit environ 10.000 tonnes de poissons entiers. En réalité, ce chiffre doit être considéré avec une grande prudence car, les relevés des statistiques ne sont pas sans erreurs, celles-ci pouvant être de 3 types:

Toutes ces données manquantes faussent le tonnage réel de capture en le sous-évaluant. Une évidence s'impose donc: il n'est pas exclu que la production actuelle atteigne et même dépasse la potentialité estimée et se trouve entre 10.000 et 13.000 tonnes ou plus.

Inversement, il faudra accorder une crédibilité limitée quant à l'estimation du potentiel, si aucun signe de sur-exploitation ne se manifeste dans ces conditions. Il conviendra d'être particulièrement vigilant pour discerner et prévenir toute sur-exploitation. Il serait donc nécessaire d'actualiser les données officielles qui aboutissaient à un constat de sous exploitation globale. Pour ce faire, deux types de démarches peuvent être mises en oeuvre:

- L'approche quantitative afin de comparer la production constatée et la potentialité calculée (9.700 à 13.300 tonnes par an). Cette démarche suppose que l'on dispose de statistiques de production globale suffisamment fiables. Là encore, on peut avoir recours à deux méthodes possibles:

  1. La méthode dite par “interception intégrale” qui consiste à établir un décompte de tous les poissons débarqués, à un stade choisi de la chaîne commerciale. Pour les produits préparés, on ramène le poids à l'équivalent frais. C'est la technique qui a été retenue jusqu'à présent, mais cette méthode est difficile à appliquer au lac Mobutu et dans les eaux continentales en général; et

  2. la méthode par “échantillonnage stratifié” qui consiste à procéder par sondage. L'exemple suivant permet de mieux expliquer cette méthode. Soit un échantillonnage de 10 pêcheurs de “capitaines” bien représentatif de cette catégorie de pêche, pendant un cycle annuel on les suit et on obtient les résultats suivants:
    Nombre moyen de sorties mensuelles: 20,4
    Prise moyenne par sortie: 54 kg
    On en déduit alors la production annuelle d'un pêcheur par:
    P = 54 kg × 20,4 × 12 mois = 13.219 kg

Si, par ailleurs, on a également recensé l'ensemble des pêcheurs de “capitaines”, la production totale pour la partie zaïroise du lac sera de: P = production individuelle moyenne × nombre de pêcheurs.

Cette démarche doit être appliquée à l'ensemble des groupes et sous-groupes de façon à intégrer toutes les facteurs possibles de variation: différents engins, différentes espèces, différentes saisons, différentes zones etc…

Cette méthode fournit de nombreux renseignements, mais en revanche sa mise en application nécessite de gros moyens: une petite armée d'enquêteurs formés et équipés et une cellule centrale dotée de l'outil informatique et dirigée par un bio-statisticien. Vu l'état actuel de nos moyens, cette approche est impossible.

- L'approche qualitative qui a pour but de recueillir des indices susceptibles d'orienter le type d'aménagement à mettre en place. Les indices utiles peuvent être les suivants:

  1. La taille moyenne des captures d'une espèce donnée est une indication précieuse car le développement de l'effort de pêche s'accompagne toujours d'une diminution de la taille;

  2. l'observation de la tendance évolutive de la taille des maillages utilisés qui diminue souvent s'il y a sur-exploitation. Ainsi, en 1985, les maillages de 2 cm ont été interdits. Cette mesure semble respectée, car beaucoup de pêcheurs se rendent compte des dangers d'une sur-exploitation; et

  3. l'appréciation, même approximative, des différents efforts de pêche entre les zones qui permettrait d'identifier les endroits peu exploités ainsi que les niveaux d'exploitation sur le rivage et au large afin de poursuivre la politique de motorisation des embarcations actuellement en cours et qui s'appuie sur cette connaissance.

Cette approche qualitative est de moindre coût que la première et serait donc plus adaptée.

2.2. Recherche de l'équilibre d'exploitation - approche particulière

2.2.1. Exploitation des “capitaines”

La majorité des “capitaines” est capturée à l'aide de filets ayant des mailles de 2 ½ inches (16 cm) ou de 3 inches (20 cm); les poissons ainsi capturés atteignent à peine 150–300 g, ce qui peut paraître invraisemblable pour le plus prestigieux poisson africain.

Il se pourrait qu'il existe dans le lac Mobutu non pas une mais deux espèces de “capitaines”, le premier, le plus connu serait le Lates niloticus albertinus, qui peut atteindre et dépasser une centaine de kilos et le deuxième, plus petit, faisant un kilo maximum serait le Lates niloticus macrophtalmus. Le problème est donc de confirmer la présence de ces deux espèces dans le lac et si oui dans quelle proportion. Actuellement, rien n'a pu être déterminé vu les faibles différences anatomiques entre les deux espèces. Le gouvernement zaïrois compte poursuivre les études déjà amorcées dans ce domaine.

2.2.2. Protection des zones écologiquement vulnérables

Il existe des réglementations visant à limiter l'effort de pêche (i) le long des rivages et (ii) aux débouchés des rivières qui sont considérés comme des réserves de pêche et ce par une limitation du maillage et de la taille des sennes et par une interdiction de pratiquer la pêche avec des filets maillants à moins de 1.000 m du bord.

Cette réglementation très contraignante demande un effort de contrôle et de répression important, et donc de gros moyens.

Certaines études biologiques, telles que la reconnaissance des frayères, devraient permettre d'apprécier d'avantage l'effort à consacrer dans la mise en application de ces mesures.

2.3. Amélioration des techniques de capture et des embarcations

2.3.1. Introduction de nouveaux engins de pêche

Il serait techniquement possible d'introduire sur le lac Mobutu des outils de travail “modernes”, tels que les treuils de relevage, les palangres automatiques, voire des sennes tournantes et des chaluts semi-pélagiques et ceci sans porter gravement atteinte à l'environnement. Il n'est pas exclu que de telles techniques pourraient faire baisser les coûts de production moyennant un important effort de formation/crédit/suivi.

Une telle évolution aurait cependant, deux effets néfastes:

L'intensification et la modernisation de la pêche peut être séduisante mais, il ne nous semble pas, que cela doive être un objectif à retenir vu les problèmes que cette intensification occasionnerait.

L'introduction de nouveaux engins ne pourrait se justifier que s'il était établi qu'une partie de la ressource piscicole serait inexploitée faute d'engins de pêche adéquats, un exemple serait peut être l'exploitation de la population de gros “capitaine”. Si cette population est réellement abondante, et si elle peut se renouveler au même rythme que les captures, elle justifierait en effet un effort de pêche spécialement dirigé vers elle. Mais en réalité, il nous semble, sous réserve d'analyse plus approfondie, que cette déficience n'est pas due à une insuffisance technologique, ni même financière, mais bien au contexte social. En effet, il n'y a, à priori, aucune difficulté à capturer les gros “capitaines” à l'aide de filets dormants ayant de grandes mailles, le réel problème est le coût élevé de ce genre de filet et le grand risque de vol, un tel investissement apparaît alors très risqué.

2.3.2. Amélioration des engins de pêche

Une des améliorations possibles serait l'utilisation de flotteurs en matière synthétique. Actuellement, les filets maillants sont gréés avec des flotteurs en bois léger et poreux. Ce matériau présente plusieurs inconvénients: il semble de plus en plus rare, sa durée d'utilisation est brève et les filets de surface, après que les flotteurs se soient gorgés d'eau, coulent, et peuvent venir s'emmêler avec les filets de fond. Certains pêcheurs considèrent ce phénomène comme intéressant, car le filet après avoir pêché les poissons de surface, va capturer des espèces différentes dans le fond.

Un flotteur en matière synthétique permettrait de résoudre ce problème, le seul inconvénient étant le délaissement d'un flotteur fabriqué localement et de moindre coût. Par contre, le pêcheur pourra constituter la flottaison de son filet par un assemblage de flotteurs de différentes couleurs qui permettra ainsi l'identification de son filet en cas de vol.

Des démarches sont en cours pour aider un plasturgiste de Goma à fabriquer des flotteurs en polystyrène.

L'augmentation du calibre des fils utilisés dans la fabrication des filets est une autre amélioration possible. Les fils utilisés sont extrêmement fins en général et sont de 210/2 pour tous les maillages inférieurs ou égaux à 3 inches (20 cm) inclus, les nappes doivent donc être ramendées et renouvelées souvent. Il serait donc nécessaire de voir ce qui est économiquement le plus rentable pour le pêcheur, sans oublier que les pêcheurs préfèrent consentir à un investissement le plus faible possible, pour limiter la perte en cas de vol.

2.3.3. Amélioration des embarcations

Il existe trois types d'embarcations artisanales:

  1. Les pirogues monoxyles des pêcheurs coutumiers;
  2. les barques, de conception rudimentaire en planches clouées, utilisées par les pêcheurs professionnels; et
  3. les SKOOLS, nettement plus sophistiqués et utilisés pour les transports de marchandises ou de personnes.

La mise en place de moteurs hors-bord sur les embarcations actuellement utilisées, ne poserait pas de problème technique particulier, ce type de promotion doit être pris en compte dans le cadre d'une exploitation équilibrée de toutes les zones du lac. Il ne semble pas utile d'apporter d'autres modifications fondamentales à l'architecture de ces embarcations, du moins, tant que l'on n'entreprendra pas la promotion de moteur diésel in-bord.

Une déficience fondamentale apparaît cependant dans la protection du bois car seule la peinture est utilisée. L'utilisation du brai et du coaltar permettrait sûrement de retarder le pourrissement. Pour identifier les améliorations mineures à apporter, l'intervention d'un spécialiste serait nécessaire.

2.4. Structuration de la profession

Les pêcheurs du lac Mobutu appartenant à diverses ethnies exploitent tous les mêmes stocks de poissons, rencontrent les mêmes difficultés d'approvisionnement, partagent les mêmes circuits d'écoulement des produits, rencontrent les mêmes problèmes dans la vie courante, vivent les mêmes dangers etc…

Ils constituent donc un échelon socio-économique bien individualisé qui devrait posséder ses structures propres pouvant ainsi (i) offrir un cadre de concertation interne et de circulation de l'information; (ii) être l'interlocuteur privilégié de l'administration et des instances politiques; (iii) régler les différends à l'intérieur de la profession; (iv) défendre les intérêts de la profession face aux autres catégories socio-professionnelles; et (v) participer à l'élaboration et au respect de la réglementation. Cette fonction est particulièrement importante vu les dimensions du lac et les moyens limités de l'administration locale des pêches.

Cette structure politico-administrative et syndicale existe pour les 5 propêches et les 84 camps mais il manque l'organe central. Malgré le problème de commercialisation existant dans les propêches, il est très important que la fonction socio-politique de celles-ci existe, puisse demeurer et se développer.

3. VALORISATION ET COMMERCIALISATION DES PRODUITS DE LA PECHE

Cet aspect du développement de la pêche sur le lac Mobutu a été laissé de côté jusqu'à présent, et nous ne prétendrons pas discerner dès maintenant tous les éléments du problème. Nous nous limiterons à deux séries de remarques.

3.1. La qualité du produit

Le type de traitement de loin le plus usité est le salage-séchage. Cette technique permet, si elle est convenablement appliquée, une bonne stabilisation physico-chimique du produit. En réalité, on constate que le poisson ainsi préparé est d'une qualité très médiocre et souvent même impropre à la consommation. Cet état de fait peut s'expliquer par plusieurs facteurs:

Les actions pouvant être envisagées pour améliorer cette situation seraient les suivantes:

Mais ces mesures sont trop contraignantes, et vu le maigre bénéfice que peut tirer le pêcheur d'une meilleure qualité du produit, nous savons déjà que ceux-ci ne les appliqueront pas.

La négociation du poisson séché sur la base de son poids est une aberration. Il faudrait convaincre (contraindre ?) les vendeurs et les acheteurs de fixer les prix à vue et non plus par pesée. Nous avons initié une petite campagne de sensibilisation dans ce but. Rien ne s'opposerait d'ailleurs à ce qu'ensuite, le poisson soit pesé afin de fixer le montant des taxes et le prix du transport, le produit gagnerait alors à être le plus léger possible.

On peut, sans grand risque d'erreur, affirmer qu'il serait aussi rentable d'assurer un meilleur traitement des poissons que de développer la pêche.

3.2. L'approvisionnement de Bunia en poissons de bonne qualité

A part les poissons salés-séchés ou fumés, la ville de Bunia reçoit trois types de produits de la pêche:

On constate donc que Bunia, capitale de la sous-région, distante de moins de 3 heures du lac, n'est pratiquement pas approvisionnée en poisson frais ou réfrigéré. Il serait pourtant assez facile d'acheminer sur Bunia du poisson congelé ou mieux du poisson glacé, à un prix tel qu'il soit accessible à une large partie de la population.

Le projet pourrait aider à la mise en place d'un système simple et économique selon le principe suivant: le poisson débarqué est mélangé à la glace puis placé dans une ou plusieurs glacières de 80 à 100 litres de capacité. La (ou les) glacière(s) est (sont) prise(s) en charge par un taxi pick-up indépendant. Arrivé à Bunia, le chauffeur livre la (ou les) glacière(s) à une vendeuse de détail bien identifiée ayant des frigos. Cette organisation pourrait être jumelée avec le transport de boissons se pratiquant dans le sens inverse. Il y aurait ainsi équilibre entre les emballages pleins et les emballages vides dans les pick-up: glacières pleines et casiers vides dans le sens Tchomia-Bunia, et l'inverse dans l'autre sens. Nous nous proposons d'amorcer une telle opération dès que nous aurons trouvé le moyen de nous procurer de la glace à Kasenyi-Tchomia.

4. LEGISLATION

En ce qui concerne la législation, le secteur des pêches est encore régi par le Décret du 21 avril 1937 sur la chasse et la pêche. Depuis, le texte a subi beaucoup d'amendements notamment pour le lac Mobutu et ce par les Arrêtés du Commissaire sous-régional de l'Ituri du 22/02/1988. Il s'agit de:

  1. Arrêté No 320/006/BUR/PSR/MPR/CSRI/88 portant mesure sur la saisie judiciaire de matériel, produit et sous-produit de pêche.

  2. Arrêté No 320/007/BUR/PSR/MPR/CSRI/88 portant mesure sur les modalités de pêche sur le lac Mobutu.

  3. Arrêté No 320/008/BUR/PSR/MPR/CSRI/88 portant réglementation de la pêche au lac Mobutu.

  4. Arrêté No 320/009/BUR/PSR/MPR/CSRI/88 portant mesure sur les zones de frayères ou réserve de pêche.

  5. Arrêté No 320/010/BUR/PSR/MPR/CSRI/88 modifiant et complétant les décisions No 320/034/E.41/70 du 23 juin 1970 et No 320/018/BUR/PSR/MPR/CSRI/86 du 12 mai 1986 portant respectivement mesures contre le vol des filets et sur la création des comités de camps de pêche au lac Mobutu.

  6. Arrêté No 320/011/BUR/PSR/MPR/CSRI/88 portant mesures sur les coupures de filets et ramassage de matériel de pêche.

4.1. Réglementation de la pêche

Le maillage autorisé par chaque type de filet étant:

-Filet de surface ou à sardines
 Dimension minimum: 2,5 cm
 Longueur maximum: 2.000 m (2 km)
   
-Filet dormant (Guba)
 Dimension minimum: 3,5 cm
 Longueur maximum: 2.000 m (2 km)
   
-Senne de plage (Ndia)
 Longueur: 220 m
 Partie centrale: maillage minimum : 3,5 cm
 Ailes: maillage maximum: 5 cm

N.B.: L'emploi de la senne de plage est interdit dans certains endroits tels que les frayères, le long des rives et également à certaines époques en vue de protéger les géniteurs venant près des rives pour se reproduire dans les eaux basses. Son utilisation peut également être interdite, si nécessaire, dans des endroits tels que les estuaires des rivières ou les baies quelconques où se trouvent des frayères.

4.2. Maillage prohibé

Tous les filets à maillage inférieur à 2,5 cm sont strictement prohibés sur la partie zaïroise du lac Mobutu et ce depuis 1985 par décision du Commissaire sous-régional de l'Ituri, le contrôle devant se faire d'une façon permanente chez les fournisseurs et aux campements par les agents de pêche.

4.3. Système de contrôle pour la répression

On devait procéder à l'affectation de gardes pêche aux centres de pêche importants et aux zones de frayères afin qu'ils fassent des contrôles périodiques ou improvisés chez les pêcheurs pour surveiller leurs matériels de pêche et les zones de frayères. Mais de nombreuses difficultés ont été rencontrées tant à cause du manque de moyens humains (gardes-pêche) que par le peu de moyens de transport rapide nécessaires pour empêcher la pêche dans les réserves de pêche.

De ces difficultés découlent les conséquences suivantes: les réserves de pêche sont violées et les pêcheurs utilisent des filets prohibés. Il serait donc nécessaire de (i) prévoir l'élaboration d'une nouvelle législation sur la pêche car l'ancienne est presque caduque; (ii) proposer une législation commune entre les deux pays pour le lac Mobutu et (iii) recruter des gardes-pêche pour la surveillance.

4.4. Vol de filets

C'est un grand fléau pour les pêcheurs du lac Mobutu, il est l'un des principales obstacles au développement de la pêche dans cette région bien que, souvent ce sont les pêcheurs eux-mêmes qui volent et ce principalement la nuit. De ce fait, on observe (i) une diminution du nombre de pêcheurs vu l'hésitation de ceux-ci à investir dans les filets de meilleure qualité et (ii) une sur-exploitation de certaines zones du lac, les pêcheurs ne voulant pas trop s'éloigner de leurs campements.

Pour les voleurs habitant au Zaïre, le gouvernement zaïrois peut les appréhender grâce à l'Art. 69 du décret du 21 avril 1937 sur la chasse et la pêche et par l'Arrêté du Commissaire sous-régional de l'Ituri No 320/010/BUR/PSR/MPR/CSRI/88 du 22 février. Le gouvernement zaïrois devrait donc en vue d'appliquer la loi:

Par contre, il n'est rare que les pêcheurs ougandais ou zaïrois résidant en Ouganda volent des filets du côté zaïrois, ces voleurs opèrent souvent en pleine journée et en utilisant des armes. Le gouvernement zaïrois n'ayant aucun droit sur ces pêcheurs, il faudrait pour résoudre le problème des vols de filets entre pêcheurs des différents pays, envisager une pêche libre entre les deux pays concernés. Cette liberté de pêche entre le Zaïre et l'Ouganda apporterait certains avantages, on pourra alors proposer:

5. SUGGESTIONS EN MATIERE DE COLLABORATION ENTRE LE ZAIRE ET L'OUGANDA DANS LE DOMAINE DES PECHES (LAC MOBUTU)

  1. Evaluation du niveau actuel des stocks de populations exploités en établissant un programme de recherche scientifique pour déterminer le potentiel du lac;

  2. renforcement de la surveillance du lac et de ses zones de fraie par recrutement de gardes-pêche et par mise à leur disposition de moyens matériels adaptés (moteurs hors-bord, embarcation, etc);

  3. adoption d'une législation de pêche commune valable aussi bien pour l'Ouganda que pour le Zaïre;

  4. accroissement des moyens pour la protection des ressources halieutiques et de leur exploitation rationnelle;

  5. introduction de licence de pêche avec des quotas par espèce;

  6. adoption des mêmes méthodes de relevé des données statistiques qu'en Ouganda et échanges des informations;

  7. libre exploitation des eaux du lac afin de diminuer les vols;

  8. réunion périodique entre les experts ougandais et les experts zaïrois;

  9. création d'un comité permanent pour la coordination des mesures à envisager pour les pêcheries de ce lac.


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