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V OSTREICULTURE.

A) Situation actuelle.

Des essais d'élevage d'huîtres creuses (Crassostrea gigas) ont été tentés dans le lac Melah (2 tonnes environ ont été commercialisées en I98I.). Cependant la majeure partie de la production a dû être detruite en raison d'un chambrage très important de la coquille, les huîtres étaient de ce fait invendables. Cet essai a été réalisé à partir de 3 tonnes de naissain importé du Japon en I980 (naissain fixé sur coquilles Saint Jacques).

Cette opération s'est soldée par un echec pour diverses raisons: Reception du naissain en trop grande quantité à la fois, ne permettant pas sa mise à l'eau rapidement et dans de bonnes conditions d'où une mortalité relativement élevée. Il semble également que le detroquage ait été trop tardif, les huïtres mises en poches n'ont pas été suffisamment néttoyées. Les poches étaient également trop chargées et trop rapprochées les unes des autres (densité trop élevée). Certaines poches n'ont pas été nettoyées pendant plus d'un an.

Il semble donc que cet essai se soit soldé par un echec à la suite d'une mauvaise organisation du travail. Le milieu ne semble pas être défavorable. Les coquilles examinées présentaient une bonne pousse.

En accord avec l'équipe E.N.A.P. Lac il a été décidé de tenter un nouvel e essai, à partir d'une quantité de naissain moins importante, qui permettra de suivre plus facilement le travail et d'adapter une methode donnant de bons résultats. Trois solutions peuvent être envisagées.

a) Naissain I8 mois un àn “x un.”

Il a été décidé d'importer à la fin de l'année I982 I tonne d'huîtres type I8 mois “un à un”. Ces huîtres seront placées en poches d'élevage (à raison de 3 à 4 kg par poche) et régulièrement nettoyées (tous les mois). En raison des salissures très nombreuses, il est absolument indispensable de surveiller et de nettoyer très souvent les poches et les huîtres. La densité des huîtres en élevage devra être également allégée (I poche au m2).

Au cours de la mission, un echantillon d'huîtres a été mis en élevage; une partie en poches ostreïcoles et une partie colléc sur barres. D'ici quatre à cinq mois, cet essai permettra de comparer les résultats de ces deux essais. Vraissemblablement la technique d'élevage en poche sera la mieux adaptée (facilité de tri, de nettoyage). Il sera peut-être nécessaire de faire s stabuler les huîtres périodiquement en cou propre afin de permettre l'élimination des particules vaseuses.

De méme que pour les moules, l'implantation de zones d'élevage en zone plus profonde serait souhaitable (turbidité moines élevée).

b) Naissain “tête d'épingle.”

Un essai est également prévu à partir de naissain fixé sur coquille. Une quantité de 500 kg serait suffisante pour un essai. Il serait préférable de réceptionner le naissain en automne (octobre – novembre I982) ou en dóbut d'année (janvier).

Les huîtres pourraient étre detroquées après quatre ou cinq mois d'élevage (avril – mai) et placées en poche d'élevage. Il serait nécessaire de disposer de poches d'un maillage différent, adapté à la taille des huîtres. Au fur et à mesure de leur croissance les huîtres sont triées et róparties dans des poches présentant des mailles de plus en plus grandes permettant une meilleure croissance.

Un nettoyage fréquent est nécessaire afin d'éviter le colmatage du grillage par des salissures.

Le naissain importé en I980 provenait du Japon. Il serait peut-être interessant d'envisager un approvisionnement à partir d'un pays producteur plus proche (France, Italie): La durée du transport étant plus courte, les communications et les transactions commerciales plus faciles, cela permettrait une réception de la marchandise dans de meilleures conditions.

c) naissain artificiel.

L'approvisionnement peut être également réalisé à partir de naissain artificiel produite en ecloserie.

Ce naissain est pratiquement disponible en toute saison. Il peut être expédié par petites quantités (quelques kilogrammes). En choisissent des huîtres ayant I,5 à 2 cm de long, on peut des la réception le placer en poches d'élevage. Les opérations de detroquage sont supprimées. Ce produit peut paraître un peu plus cher à l'achat de prime abord, mais compte tenu des pertes, de la main d'oeuvre, du prix du transport pour les deux autres types decrits précédemment, la différence de prix de revient est peu sensible. Cependant les résultats peuvent être irréguliers: le choix du fournisseur doit être réalisé avec prudence.

En résumé, une nouvelle tentative d'ostrëïculture doit être réalisée à une petite echelle, permettant de mettre au point une methode de travail efficace qui permettra par la suite d'augmenter la production suivant les besoins.

B) Commercialisation.

Ce point a été évoqué avec les responsables. La production sera commercialisée dans les grandes villes (Annaba et Alger). L'éloignement du Lac Melah de ces centres (600 km pour Alger) pose le problème du transport et du stockage au point de vente.

a) Transport.

Il peut être effectué par camion isotherme. Dans le cas d'expéditions vers le centre d'Alger, un transport par fret aérien pourrait être envisagé au départ d'Annaba ce qui permettrait de raccourcir la durée du transport, en particulier pendant la saison chaude.

b) Points de vente.

Le stockage en bassin alimenté en eau de mer a été envisagé, bassin situé à proximité d'une grande ville. Ce type d'installation existe déjà: Au cours d'une prospection dans la région d'Annaba, nous avons pu en visiter une. Ce bassin servait il y a quelques années au commerce des coquillages; il est actuellement désaffectéet pourrait être remis facilement en service après quelques réparations d'entretien (curage, réfection des tuyauteries, remplacement des pompes). D'après les responsables de l'équipe Lac E.N.A.P. des installations similaires éxisteraient dans la région d'Alger.

Il est souhaitable que les expéditions du centre producteur vers le point de vente soient réalisées dans la mesure du possible en fonction des besoins afin d'éviter un stockage prolongéde la marchandise entraînant de la perte, en particulier pour les moules. Les transports devront être réalisés en évitant au maximum les chocs thermiques. (Transport de nuit, mise à l'eau à la “fraîche” du matin).

c) Salubrité.

Les aspects sanitaires concernant les eaux du bassin de vente ont été évoqués. Dans le cas d'une production régulière, le problème de la salubrité des eaux et des coquillages risque de se poser, les points de vente étant implantés à proximité de centres urbains importants, c'est à dire de zones à haut risque de pollution. L'installation d'une station d'épuration n'est pas à exclure.


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