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3. SITUATION ACTUELLE DE LA STATION

3.1 Ressources

3.1.1 Infrastructures

Les installations de la station comprennent outre les étangs mentionnés, un ensemble de 7 bâtiments initiaux comprenant un bureau, un logement pour le chef de station, 2 magasins, trois logements. Un petit hangar de 21 m × 4,4 m contruit récemment près des étangs abrite le broyeur. Un autre bâtiment près de la série d'étangs sert de case pour le gardien et de magasin.

Faute d'un entretien suffisant, l'érosion affecte à différents degrés les berges des étangs. Les petits étangs de la série R gardent mal l'eau et pour éviter les pertes devraient être bétonnés.

Quant aux bâtiments construits en 1954 et 1955, ils souffrent éqalement d'un manque d'entretien. Seul le bureau a pu être visité au cours de la mission. La structure est encore solide mais l'aménagement intérieur a besoin d'être remis à neuf. Des travaux d'urgence s'imposent surtout pour réparer une toiture qui laisse passer l'eau. Les huit loges de porcs construites en dur sont en bon état. Les loges construites en bois sont également dans un état satisfaisant, mais posent des problèmes de salubrité, à cause de la difficulté de nettoyer un plancher non dallé.

3.1.2 Equipement et matériel

L'équipement de la station comprend une camionnette Peugot 404, un tracteur Ford 4 000, une moto-pompe, une pompe, une charrue Bourguignon et une pompe pour l'huile (STAM). L'équipement n'a pas été vérifié dans son ensemble mais au moment de la mission, la camionnette était hors d'usage, son carburateur devant être remplacé. Le tracteur fonctionne normalement à l'exception du système électrique. Doté d'un moteur diésel, il peut tourner sans électricité mais doit être poussé pour démarrer. Ces deux véhicules ont de toute façon été acquis dans le cadre de projets précédents de développement des pêches continentales et de l'agriculture et ont plus de dix ans d'usage.

Le matériel piscicole inclut filet maillant, filet pour alevins et tétards, pesons, balances, coffrage métallique pour buse et moine, pétromax, épuisettes et brouette.

La station est également dotée de matériel optique et topographique ainsi que de matériel de bureau dont la liste apparaît en annexe.

3.1.3 Personnel

Les effectifs présents de la station comprennent un chef de station, 2 employés permanents (employés de longue durée), 4 employés de courte durée affectés à la station, 2 employés de courte durée affectés à l'exploitation du périmètre d'Ambohimandroso ainsi que 10 employés temporaires. Le gardiennage est assuré par deux des employés temporaires, en attendant qu'un gardien permanent soit recruté. Les employés temporaires qui sont payés au mois ne doivent pas être confondus avec les employés occasionnels recrutés à la journée pour les travaux agricoles. Le personnel est affecté à toutes les activités de la station soit la pisciculture, la rizipisciculture, l'agriculture, l'élevage, la foresterie et les différents travaux d'entretien.

3.2 Activités de la station

3.2.1 Pisciculture

Les activités piscicoles sont concentrées sur la production d'alevins cessibles de carpes royales, destinées à la mise en charge de rizières. La production d'alevins débute avec la mise en pose des géniteurs, avec ou sans injection d'hypophyse prélevées sur d'autres poissons adultes et destinées à augmenter la production d'oeufs. Le ratio mâle-femelle est de 2 mâles pour une femelle. Le mâle doit être âgé de plus de deux ans et les femelles de plus de 3 ans. On peut compter une ponte de 100 000 oeufs par kilo de femelle mature. Aussi les meilleures années de fertilité pour la carpe femelle sont à l'âge de 5, 6, 7 ans alors qu'elle a atteint sa taille maximum.

La méthode est celle des kakabans, constitués de deux planches de 1 mètre serrant une touffe de piassava. On pose 6 kakabans par femelle, immergés dans les étangs de ponte. Les oeufs sont posés et fécondés en moins de 30 heures après la mise en pose. Après quoi les kakabans sont posés dans des étangs d'alevinage, d'abord dans les cages d'incubation pour environ une semaine. Au bout de quatre jours ils peuvent être nourris de plancton additionné de jaune d'oeuf séché et mélangé à de la poudre de lait, sang séché, farine de soja et farine de poisson. Après une semaine, les alevins peuvent être mis en étang, d'alevinage; la densité n'est pas une question d'espace mais de quantité de nourriture. Elle peut aller jusqu'à 30 000/are selon Collart(1).

La densité prescrite à la station même au moment de la mission était de 2 000 alevins à l'are du moment de la mise en charge afin d'obtenir 1 000 alevins à la vidange. Cette norme est toutefois conservatrice et s'applique à des étangs pauvres en éléments nutritifs. Or, les rendements peuvent être de beaucoup supérieurs. Au moment de la mission, un étang engraissé au fumier de porc de 25 ares a donné un total de 120 000 alevins cessibles, soit 4 800 alevins par are.

La période d'alevinage dure 4 semaines, au terme desquelles les alevins ateignent une taille cessible 2,5–3 ans, correspondant à un poids de 1 gramme.

À condition que la saison de reproduction ne devance pas trop la période de mise en charge des rizières, il est possible de ne pratiquer qu'un seul alevinage de quatre semaines, le second alevinage ne servant qu'à entreposer les alevins ayant atteint la taille cessible avant cette période. À l'heure actuelle, le second alevinage n'est pas pratiqué à la station.

La production d'alevins y est limitée non par des contraintes au niveau de la production mais par des contraintes de marché. Au cours de la saison 1984–1985, seulement 10 000 alevins ont pu effectivement être vendus, la sécheresse ayant limité les possiblités de mise en charge des rizières. Les alevins non cédés peuvent être mis en charge dans les rizières de la station, ou dans les étangs pour la production de poisson de consommation ou l'élevage de pré-géniteurs.

Après la période de mise en charge des rizières qui se termine en janvier, tous les étangs peuvent être utilisés pour la production de poisson de consommation. Toutefois, ils ne sont pas utilisés à cette fin présentement et la seule production de poisson de consommation est celle des rizières. Les vidanges de 11 des 14 parcelles rizicoles effectués en juillet 1985 ont donné une production piscicole de 74,7 kg dont 64,6 kg de carpes et 10,1 kg d'autres espèces. Les carpes ont été transférées dans les étangs C1 et A2 tandis que les autres espèces (Tilapia, Ophiocéphalus, Carassius) ont été distribués aux ouvriers de la station.

La mise ne charge des rizières se fait en début d'année, environ une semaine après le repiquage. La densité est de 25 alevins à l'are.

1) Collart, A., Guide élémentaire pour la gestion des centres piscicoles producteurs d'alevins de carpe, F.A.O., Tanavarive, 1978

3.2.2 Production rizicole

La station exploite présentement 2,6 Ha de rizières mais cette exploitation ne couvre qu'une partie du potentiel de la station, les paysans des communautés environnantes ayant depuis plusieurs années pris l'initiative d'utiliser à leur compte les surfaces à potentiel rizicole. La production pour 1985 a atteint 1,309 kg, soit un rendement de 509 kg à l'hectare. La faiblesse des rendements est attribuable à une difficulté d'approvisionnement en semences et en engrais qui a retardé le repiquage.

3.2.3 Cultures sèches

La station d'Ambatolampy dispose d'une surface d'environ cent hectares pour les cultures sèches, en plus des 30 ha dont elle a hérité avec la zone agricole d'Ambohimandroso. Toutefois, la faiblesse des moyens en personnel et en matériel a limité la production à quelques tonnes de maïs. Les rendements ne sont pas significatifs à cause de l'importance des vols.

3.2.4 Élevage-associé

L'élevage associé n'a pas donné lieu à des ventes au cours de l'exercice 1985. On peut compter que 9 porcs pourront être bientôt commercialisés. Ce sont ces porcs par ailleurs, placés dans les loges 6, 7 et 8, gui ont permis de tirer de l'étang A des rendements élevés en alevins. Au moment de la mission, la station comptait 4 truies non saillies et une truie saillie ainsi qu'un verrat. Les jeunes porcelets présentaient à divers degrés des signes d'amaigrissement et d'affaiblissement. Cet état dépendait de parasitisme et possiblement de malnutrition. Cela aurait causé la mort de plusieurs porcs et enlevé leur valeur commerciale aux survivants.

Les lourdeurs du système administratif rendaient difficile une intervention rapide par des traitements médicaux (vaccins, vermifugation). 11 a été recommandé d'avoir recours au poste vétérinaire d'Ambatolampy mais celui-ci manquait également de moyens pour intervenir.

3.3 Comptes d'exploitation

Il n'existe pas de comptes d'exploitation permettant de mesurer la performance économique d'une station. La Direction des Pêches et de l'Aquaculture tient une comptabilité-matière de ce qui est produit et consommé pour l'ensemble des stations. Par contre les états comptables ne permettent pas de distinquer pour chaque station ce qui a été produit et ce qui est consommé, encore moins la valeur de ce qui est produit et la valeur de ce qui est consommé.

3.4 Contraintes liées à la gestion

3.4.1 Système de gestion

Chaque station piscicole est gérée à la manière d'un atelier d'usine qui commanderait des pièces et fabriquerait un produit sans avoir à payer pour les pièces et percevoir les recettes de la vente du produit. Elle ne fait par conséquent qu'une qestion technique de ses ressources, guidée par des objectifs de production, mais sans pouvoir réaliser une gestion économique. La station n'a jamais à faire de transactions. Les recettes de vente des produits (alevins et autres) vont directement à la Direction des Pêches et de l'Aquaculture. Par ailleurs tous les intrants nécessaires à l'exploitation de la station doivent faire l'objet d'une commande qui doit être approuvée par la Direction des Pêches et de l'Aquaculture avant d'être exécutée par le fournisseur et payée.

Chaque commande doit suivre le circuit suivant:

-   Chef de station

-   Chef de division de l'aquaculture

-   Chef de service de l'aquaculture

-   Direction des Pêches et de l'Aquaculture

-   Service et contrôle financier

-   Ordonnancement.

La durée du circuit complet varie de 2 à 3 mois. C'est donc le temps requis pour l'exécution d'une commande. A cause de ces délais, il arrive qu'entre la commande et la livraison, les prix aient changé et que le fournisseur refuse de livrer toute la quantié prévue selon les termes de la commande. Or, une bonne partie des intrants utilisés dans une station sont périssables et ne peuvent être stockés pour des périodes prolongées. C'est le cas notamment des aliments pour bétail (dépréciés après un mois) et de nombreux médicaments.

Outre le problème des changements de prix et de la conservation des aliments, la station doit faire face au problème des fournisseurs qui refusent les bons de commande. Au moment de la mission, seul un fournisseur de provendes d'Ambatolampy acceptait les bons de commande du gouvernement. Il est impossible par exemple d'acheter le fumier aux paysans avec des bons de commande. En pratique donc, la station est très difficile à gérer et on ne peut arriver à la faire tourner qu'en contournant le système, c'est-à-dire en pratiquant des ventes qui permettent de constituer une petite caisse destinée à l'achat d'intrants.

Les problèmes causés par le système de gestion centralisé ont déjà été identifiés lors du précédent projet MAG/76/002 Projet de développement des Pêches et de l'Aquaculture, et exposés dans le Guide élémentaire pour la gestion de centres piscicoles producteurs d'alevins de carpes de A. Collart. Outre l'impossibilité de faire face à certaines situations demandant une intervention rapide (achats d'aliments, de médicaments, carburant), ce rapport souligne l'importance des coûts de gestion qu'entraîne un système aussi centralisé que celui en vigueur.

3.4.1.1 Achat de carburant

L'approvisionnement en carburant pose des difficultés plus sérieuses, car il doit être obtenu d'un garage administratif situé à Tananarive. Comme il arrive que le garage soit à court de carburant, un approvisionnement peut impliquer deux et même trois aller-retour Ambatolampy-Tananarive. Ainsi, l'approvisionnement en carburant même constitue une part importante des besoins en carburant de la station.

3.4.1.2 Personnel

Tous les effectifs de la station sont directement payés par la Direction des Pêches et de l'Aquaculture. Leur rémunération est indépendante de la performance de la station.

3.4.2 Système de contrôle en vigueur

Jusqu'à la fin 1984, les archives de la station indiquent un suivi irréqulier de l'exploitation des ressources. Le système comprenait deux cahiers d'exploitation, soit un pour les rizières et l'autre pour les étangs. Le cahier rizières indiquait la provenance et l'espèce des poissons mis en charge ainsi que la nature des tâches exécutées (vidanges, pêche, fumure, etc.). Le cahier étang était plus complet, portant sur le nombre de poisson et leur poids total indiquant les entrées et les sorties de poisson pour chaque étang, les mortalités et autres observations. Cependant ce cahier d'exploitation n'a été rempli que pour la période 1974–1976 et par la suite à partir de la fin 1984. On ne peut par conséquent établir un bilan de l'exploitation de la station sur une longue période.

Toutefois le démarrage du projet PNU0/FA0/MAG/82/014 Vulgarisation de la pisciculture et développement de la pêche continentale a mis à la disposition de la station un cadre associé qui, au moment de la mission, terminait la préparation d'un système de contrôle comportant les fiches suivantes:

1) Pisciculture

Fiche d'étang

№ d'étang - superficie

EmpoissonnementVidange/pêcheAlimentation/fertilisation
DateDatePériode
EspèceVidange/pêcheNombre de jours
Né leEspèceType d'alimentation/engrais
NombreNombreRation/jour
Poids total (kg)Poids total (kg)Ration totale
Poids moyen (kg)Poids moyen (kg) 
Densité/areTaux de survie 
OrigineDestination (étang, cession) 

2) Riziculture - rizipisciculture

Fiche de parcelle

Parcelle №Superficie 
Activité agricoleEmpoissonnementVidange/pêche
DateDateDate
ActivitéEspèceEspèce
- labourNé leNé le
- semisNombreNombre
- repiquagePoids total (kg)Poids total
- sarclagePoids moyen (kg)Poids moyen
 Densité (are)Densité
 OrigineTaux de survie
  Destination

3) Registre de stock

DateQuantité 
EntréeSortieStockOrigine/destination

4) Registre de ventes

DateNatureQuantitéValeurDestination

5) Régistre des achats

DateNatureQuantitéValeurOrigine

6) Fiches d'animaux

Le format des fiches d'animaux était en voie de finalisation au moment de la mission.

La fiche d'animaux doit inscrire les éléments suivants:

-   date de naissance

-   géniteurs

-   date et nature des traitements.

Il n'y a pas encore de journal de caisse mais cela deviendra nécessaire au moment où la station sera dotée du statut d'autonomie financière.

3.4.3 Sécurité

La sécurité constitue un problème aussi important que celui de la gestion. Faute de protection adéquate contre les vols, toute la production d'alevins d'une année peut être compromise en une nuit par un vol de géniteurs. Cette situation est d'autant plus capitale qu'il faut au moins trois ans pour reconstituer un cheptel de géniteurs. Or, il y a déjà eu des vols de géniteurs à la station d'Ambatolampy et présentement, on ne dispose, sur 50 femelles que de 4 individus considérés comme bonnes (peu d'écailles et rapport hauteur/longueur élevé). Il faut par conséquent reconstituer le cheptel et les efforts en ce sens ne valent la peine que si le système de sécurité est suffisant.


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