Dossier sur la situation mondiale de l'offre et de la demande de céréales

Les perspectives concernant les disponibilités de céréales pour 2008/09 s'améliorent

Alors que la récolte céréalière mondiale de 2008 atteint un nouveau record, on s’attend à une amélioration considérable de la situation de l'offre et de la demande de céréales pendant la campagne 2008/09. Même en supposant que l'utilisation croisse de 3,4 pour cent, ce qui est supérieur aux estimations faites pour la campagne précédente, les stocks céréaliers mondiaux pourraient désormais gagner 10 pour cent. Le gros de cette progression devrait concerner les stocks de blé des grands pays exportateurs, qui pourraient doubler par rapport au bas niveau de l’an dernier, tandis que l'on prévoit aussi une augmentation notable des réserves de riz pour la deuxième année consécutive, là encore parmi les principaux pays exportateurs. Les dernières prévisions font en outre état d'une légère augmentation des stocks mondiaux de céréales secondaires, qui serait bien moindre cependant que dans le cas du blé ou du riz. Par ailleurs, en ce qui concerne les principaux exportateurs, un recul est envisagé et leurs réserves retomberont pratiquement à leur niveau relativement faible de 2006/07. Dans ce contexte d'amélioration globale des perspectives concernant les disponibilités, et aussi en raison du repli des cours du pétrole brut et de la crise économique mondiale qui sévit actuellement, les cours céréaliers mondiaux ont considérablement fléchi par rapport aux sommets enregistrés au début de l'année, ce qui soulève la question des profits éventuels lors de la prochaine campagne 2009/10. Les agriculteurs qui pâtissent déjà de la cherté persistante des intrants pourraient être moins enclins à accroître leur production, voire à la maintenir au même niveau l'an prochain. D'ores et déjà, les premières indications concernant les cultures de 2009 qui viennent tout juste d'être mises en terre dans certains grands pays producteurs et exportateurs font état d'une diminution des superficies ensemencées, par exemple pour les céréales d'hiver (blé principalement) en Europe et aux États-Unis et pour le maïs de la campagne principale en Afrique du Sud et en Amérique du Sud. En revanche, dans les principaux pays producteurs du groupe des PFRDV, la superficie consacrée au blé devrait se maintenir ou augmenter: les Gouvernements indien et pakistanais soutiennent les prix pour encourager les semis, tandis qu'en Chine, les premières indications laissent penser que la superficie est aussi vaste que l'année précédente, et les conditions sont propices.

 

PRODUCTION

La production céréalière totale de 2008 atteint un niveau record

Alors que le gros des récoltes céréalières de 2008 sont achevées ou sur le point de l'être, les dernières données confirment une hausse significative - à savoir 5,4 pour cent - de la production mondiale, qui passe au niveau record de 2 245 millions de tonnes (y compris le riz en équivalent usiné). S'agissant des différentes céréales, l'essentiel de l'augmentation est de loin le fait du blé, même si les récoltes de céréales secondaires et de riz connaissent aussi une progression considérable de par le monde (figure 2). En ce qui concerne la répartition de cette augmentation par région, la production est en hausse ou devrait l'être dans la plupart des endroits de la planète, à l'exception du Proche-Orient et des pays de la CEI voisins en Asie, où la campagne a souffert de la sécheresse, ainsi que de l'Amérique du Nord, où la production de maïs des États-Unis est en repli par rapport aux résultats exceptionnels de 2007. Bien que la production soit en augmentation dans la plupart des endroits, la hausse est pour l'essentiel le fait des pays développés, avec une reprise particulièrement importante de la production de blé (tableau 1 et figure 3). Alors que dans les pays développés, la production céréalière de 2008 est estimée en hausse de 11 pour cent par rapport à l'an dernier, elle progresse de 1 pour cent seulement dans les pays en développement. Cette situation s'explique principalement par la faible réaction de l'offre en Asie, qui assure les trois-quarts de la production des pays en développement et où le volume céréalier total reste pratiquement inchangé. La croissance modeste enregistrée dans les principaux pays producteurs d'Extrême-Orient, où les résultats ont atteint de nouveaux sommets, a été neutralisée par des réductions au Proche-Orient.

La production de blé enregistre une forte progression en 2008

Alors que les récoltes de blé de 2008 sont pour l'essentiel déjà rentrées ou touchent à leur fin dans le monde entier, les prévisions établissent la production mondiale de blé de 2008 à 682 millions de tonnes, soit une augmentation considérable (11,7 pour cent) par rapport à l'année précédente. Cette progression est attribuable en grande partie aux principaux pays producteurs d'Europe, où les dernières estimations laissent désormais entrevoir une progression considérable (26,1 pour cent) de la production en 2008, suite à l'augmentation des semis et aux rendements généralement supérieurs à la moyenne. Ces gains de production par rapport à l'année précédente sont particulièrement marqués dans l'est après les récoltes de 2007 réduites par la sécheresse. Toutefois, en Amérique du Nord, également, les rendements ont bénéficié d'un temps propice au Canada et aux États-Unis, et selon les estimations, la production devrait nettement progresser dans les deux pays. En revanche, en Asie, la production totale de blé de 2008 pourrait quelque peu fléchir par rapport au record de l'an dernier car le temps sec persistant a réduit les rendements, en particulier dans la sous-région du Proche-Orient. Ailleurs dans l'hémisphère Nord, la production totale de l'Afrique du Nord a bien repris par rapport au niveau réduit par la sécheresse de l'an dernier, tout en restant bien inférieure à la moyenne.

Dans l'hémisphère Sud, certaines des grandes récoltes de blé de 2008 sont encore en cours. En Amérique du Sud, la réduction des semis et des rendements constatée en Argentine du fait de la sécheresse neutralisera largement la bonne récolte qui s'annonce au Brésil et, dans l'ensemble, la production de la sous-région devrait être en nette baisse par rapport à l'an dernier. En Océanie, les perspectives concernant la récolte de blé de l'Australie se sont encore dégradées ces deux dernières semaines, en raison de la persistance du temps sec, mais on s'attend cependant toujours à une forte reprise de la production par rapport au niveau très réduit par la sécheresse enregistré l'an dernier.

Les conditions sont propices pour le blé de 2009 mais les superficies ensemencées diminuent dans les principaux pays producteurs

Dans de nombreux endroits de l'hémisphère Nord, le blé d'hiver à récolter en 2009, est déjà mis en terre ou les semis sont en cours. Bien que les semis se soient en général déroulés dans de bonnes conditions, les premières indications font état d'une réduction des superficies consacrées au blé dans plusieurs grands pays producteurs, du fait des moindres attentes concernant les prix et de la cherté persistante des intrants. Aux États-Unis, les semis ont pris fin à la fin novembre dans des conditions généralement bonnes, mais la superficie ensemencée en définitive est estimée provisoirement en baisse d'environ 3 à 4 pour cent. En Europe, les premières prévisions indiquent un fléchissement d'environ 2 pour cent de la superficie sous blé de l'Union européenne, bien que la mise en jachère obligatoire (fixée à 10 pour cent avant sa suppression pour la campagne 2007/08) n'ait pas été réintroduite pour 2008/09; une diminution des emblavures est également signalée en Fédération de Russie et en Ukraine, qui sont les principaux pays producteurs de l'est de la région. Toutefois, les superficies consacrées au blé d'hiver se sont maintenues, voire ont quelque peu augmenté, dans les principaux pays producteurs d'Asie, qui ont bénéficié de conditions météorologiques propices, tandis que les Gouvernements indien et pakistanais ont mis en place des politiques de soutien pour encourager les semis.

La production de céréales secondaires atteint un niveau record en dépit de la récolte réduite aux États-Unis

Les dernières estimations de la FAO établissent désormais la production mondiale de céréales secondaires de 2008 à 1 112 millions de tonnes, niveau sans précédent qui marque une augmentation de 3,1 pour cent par rapport au record de l'an dernier. Cette augmentation provient pour l'essentiel de la forte reprise de la production en Europe après la sécheresse de 2007 dans les régions orientales. Toutefois, les principales récoltes de céréales secondaires ont aussi été bonnes en 2008 dans l'hémisphère Sud. Des récoltes record ont été rentrées en Amérique du Sud, où les superficies ensemencées ont encore progressé et où les conditions météorologiques idéales ont favorisé des rendements supérieurs à la moyenne. En Afrique australe, la production totale de la sous-région a là aussi atteint un nouveau record. Toutefois, ce niveau élevé provient en majeure partie de la récolte abondante rentrée en Afrique du Sud, qui est le plus grand pays producteur, tandis que les résultats des autres pays de la sous-région sont globalement en recul. En Océanie, le volume de céréales secondaires récolté en Australie devrait se redresser par rapport au niveau réduit par la sécheresse de l'année précédente. Ailleurs, en Amérique du Nord, la production de céréales secondaires (maïs principalement) a chuté aux États-Unis, où les emblavures ont fortement diminué par rapport au niveau exceptionnel de l'an dernier, et elle a quelque peu baissé au Canada. En Asie, la production de céréales secondaires est elle aussi estimée en légère baisse, principalement dans la région du Proche-Orient, où la sécheresse a sévi. Selon les estimations, la production de l'Amérique centrale serait identique au bon niveau de l'an dernier.

Les récoltes de riz de la campagne principale de 2008 s'annoncent bonnes

La récolte de riz de la campagne principale de 2008 est en cours et les perspectives sont favorables, du fait des conditions météorologiques en général propices qui ont régné tout au long de la campagne dans la plupart des grandes régions productrices. Selon les prévisions actuelles, la production mondiale de paddy de 2008 devrait dépasser 675 millions de tonnes (451 millions de tonnes en équivalent usiné), soit 2,5 pour cent (16,5 millions de tonnes) de plus que la production déjà excellente de 2007. À l'exception de l'Océanie et de l'Europe, toutes les autres régions devraient rentrer des récoltes plus abondantes en 2008, cette augmentation étant attribuable en partie à l'amélioration de l'accès aux semences et aux engrais. En règle générale, toutefois, les producteurs ont été encouragés à étendre les superficies consacrées au riz du fait des prix exceptionnellement élevés enregistrés au premier semestre. Globalement, l'accroissement de la production mondiale s'expliquerait par une progression de 1,6 pour cent de la superficie rizicole, qui passerait à 158 millions d'hectares, et une productivité de 4,3 tonnes par hectare, soit un gain de 1 pour cent.

En 2008, la production de l'Asie devrait gagner 2 pour cent, passant à 612 millions de tonnes. Dans cette région, l'augmentation devrait être principalement le fait des plus grands pays producteurs, en particulier la Chine continentale, l'Inde, l'Indonésie, le Bangladesh et le Viet Nam, qui ont tous pris des mesures pour dynamiser la riziculture suite à la flambée des prix constatée au premier semestre. Des gains de production importants sont aussi escomptés au Pakistan, à Sri Lanka et en Thaïlande, qui ont bénéficié d'excellentes conditions de végétation pendant la campagne en cours. En revanche, au Myanmar, la production devrait perdre 8 pour cent, du fait des dommages causés à l'infrastructure par le cyclone Nargis au début de l'année. On prévoit également un fléchissement en Afghanistan, en Iraq et en République islamique d’Iran, qui ont souffert d'une sécheresse prolongée, et en République démocratique de Corée, où en dépit d'un temps propice, les graves pénuries d'intrants ont abouti à de mauvais rendements. Les attentes concernant des récoltes record en Afrique ont aussi été largement confirmées ces derniers mois. Selon les prévisions, la production de la région augmenterait de près de 8 pour cent, passant au niveau record de 24,7 millions de tonnes, soutenue par des récoltes plus abondantes en Égypte, à Madagascar, au Nigéria et au Sénégal. La hausse des prix attendue, les précipitations abondantes et bien réparties dans les principales zones rizicoles et le meilleur accès aux engrais sont en grande partie à l'origine de l'expansion des semis et des rendements. En Amérique latine et aux Caraïbes, la plupart des grands pays producteurs situés dans le sud du continent ont bouclé une campagne 2008 très positive au premier semestre et procèdent actuellement aux semis du paddy de la campagne principale de 2009. Ces pays sont les principalement responsables de l'augmentation de la production de la région en 2008, estimée à 7 pour cent, tandis que les résultats ont stagné en Amérique centrale et dans les Caraïbes, en partie du fait des ouragans mais aussi de l'extrême cherté des intrants cette année. Dans le reste du monde, la production aurait gagné 3 pour cent aux États-Unis, en dépit du passage des cyclones Gustav et Ike, ainsi qu'en Fédération de Russie, où le soutien du gouvernement et les bonnes conditions météorologiques ont entraîné une hausse de 6 pour cent de la production.

PRIX

Les cours céréaliers mondiaux continuent de baisser

Les cours du blé sur les marchés internationaux ont encore baissé ces derniers mois. Le principal motif à l'origine du fléchissement des prix depuis mars est le niveau record de la production mondiale de blé enregistré cette année, mais il convient aussi de tenir compte de l'augmentation considérable des disponibilités exportables, éléments qui se sont confirmés à mesure que l'année avançait et que de nouvelles récoltes importantes étaient rentrées de par le monde. Toutefois, le raffermissement du dollar États-Unis., la chute des cours du pétrole brut et la crise financière mondiale ont aussi pesé sur les prix. Le blé américain (blé dur roux d'hiver No.2, f.o.b. Golfe) avoisinait 227 USD la tonne la première quinzaine de décembre, soit près de 20 USD de moins que le prix moyen de novembre et une baisse de 40 pour cent par rapport à la moyenne relevée en décembre de l’an dernier.

Les cours mondiaux du maïs ont aussi marqué un repli ces derniers mois, la baisse étant amorcée depuis juin, lorsque les perspectives de récolte favorables au niveau mondial et une abondance probable de blé fourrager sur les marchés internationaux ont commencé à peser sur les marchés. Comme dans le cas du blé, à part la pression exercée par l'offre, les marchés ont été influencés par le raffermissement du dollar États-Unis ces derniers mois, la chute constante des cours du pétrole brut et les répercussions probables d'une récession mondiale, une baisse significative de la demande de fourrage par exemple. Le maïs américain (No. 2 jaune, Golfe) était coté en moyenne 143 USD la tonne au cours de la première quinzaine de décembre, soit 23 USD la tonne de moins que la moyenne de novembre et environ 20 pour cent de mois que la moyenne enregistrée en décembre l'année dernière.

Des récoltes record de paddy sont attendues dans l'hémisphère Nord pour 2008 et la demande mondiale est atone, ce qui maintient une pression à la baisse sur les prix à l'exportation du riz. Le prix du riz blanc thaïlandais 100% B, considéré comme représentatif, cotait en moyenne 580 USD la tonne la première quinzaine de décembre, soit 11 USD de moins que la moyenne de novembre, mais toujours bien plus (54 pour cent) que le prix pratiqué à la même époque l’an dernier. Toutefois, en Thaïlande, la baisse des prix à l'exportation du riz aurait pu être plus marquée sans le soutien du Programme d'achat du gouvernement de ce pays, auquel les producteurs vendent de grandes quantités, étant donné que les prix pratiqués au titre dudit programme sont actuellement supérieurs à ceux pratiqués sur le marché. Le maintien des restrictions à l'exportation dans certains grands pays exportateurs, en particulier l'Égypte et l'Inde, a aussi empêché les prix de chuter davantage. Dans tous les autres pays producteurs, en particulier le Viet Nam, le Pakistan et les États-Unis, les prix à l'exportation ont subi une plus forte pression à la baisse, et certains avoisinent désormais les niveaux constatés en décembre 2007.