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Commission I. Sylviculteurs


Note du secrétariat
Documents présentés à la commission I
Rapport


Président:

M E. CLICHEROUX (Belgique)

Vice-présidents:

O. MBURU (Kenya)
W.G. BARRET (Argentine)
P. HARDJOSENTONO (Indonésie)

Rapporteur:

W. KAUMAN (Australie)

Note du secrétariat


1. Incidences sylvicoles du rôle nouveau de la forêt et de la foresterie
2. Amélioration du rendement des forêts artificielles à croissance rapide
3. Tendances et progrès des nouvelles techniques sylvicoles et d'aménagement
4. Le présent et l'avenir des forêts de pluie tropicales
5. Les effets des pratiques sylvicoles sur l'environnement
Conclusions


Modérateur:

R. CATINOT (France)

Secrétaires techniques:

O. FUGALLI (FAO)
A.E. ALONZO (Argentine)

Les temps sont révolus où les forestiers pouvaient, à juste titre, se plaindre d'être ignorés du public. Par un retour des choses assez normal finalement, l'homme moderne dont les besoins et les moyens d'évasion sont considérables, s'est tourné vers la forêt qu'il considère de plus en plus comme son domaine, son parc d'agrément et de détente, et la même hâte qui caractérise sa vie lui en a fait prendre possession avec les idées enthousiastes et préconçues du néophyte. Pour la première fois dans l'histoire, le forestier est fortement confronté avec le public, à certains points de vue son nouveau maître, souvent ignare et parfois agressif; et s'il ne prend pas à temps ses dispositions, c'est à lui bientôt qu'on expliquera ce qu'est une forêt et son aménagement. Car le public ignore encore en général ce qu'est un domaine forestier de production alors que pour lui la forêt n'est surtout qu'un parc de loisir; il ignore que l'Etat propriétaire impose de plus aux forestiers des sujétions de rendement économique et financier sans cesse accru qui les placent devant un dilemme: que choisir la production ou l'agrément?

Ce dilemme nous le retrouvons plus ou moins clairement énoncé derrière toutes les communications de notre commission. C'est l'aveu de l'homme discret et modeste qu'a toujours été le forestier qui se retrouve subitement en vedette avec des responsabilités amplifiées, mais d'autant plus délicates qu'elles semblent à première vue inconciliables. N'est-ce pas d'un seul coup trop d'honneur et trop de malchance? Pourra-t-il très vite s'imposer avant que des personnalités, voire des services nouveaux le coiffent ou lui retirent une partie de ses prérogatives, à lui qui en général n'ignore rien des problèmes qui apparaissent et des solutions envisageables?

Voilà la question primordiale qui se pose et qui devrait de son emprise marquer bien des débats de ce congrès: s'affirmer ou disparaître.

La commission I a cherché, contrairement aux précédents congrès, à rassembler dans une synthèse unique tous les problèmes qui se posent actuellement à propos de la culture et de l'aménagement de la forêt. Cette formule a priori séduisante entraîne certaines contraintes d'organisation, tellement à ce titre les questions sont nombreuses et variées au niveau du monde. Dans cette note de synthèse nous avons dû faire notamment certains sacrifices de présentation et nous nous en excusons bien vivement auprès des auteurs.

1. Incidences sylvicoles du rôle nouveau de la forêt et de la foresterie

Aux yeux du monde extérieur, les forestiers ont été trop souvent considérés comme des gens hors du temps dont ils n'appréciaient pas le déroulement comme une fuite, tellement ils étaient obligés de considérer que l'avenir qui verra se concrétiser leurs projets n'était pas tellement éloigné du présent; ce comportement était en réalité celui des dernières décennies, mais depuis quelques années il a été profondément modifié, et à la conception traditionnelle qui incitait à produire des choix de bois de très haute qualité sans trop se soucier des prix de revient ni du temps nécessaire, s'est substituée de plus en plus la notion de rentabilité qui a pour conséquence immédiate l'obligation de suivre les changements de la demande: devant d'abord vendre sa production à un prix rémunérateur, le forestier aura désormais parmi ses objectifs le souci de pouvoir répondre aux tendances de la consommation et même, si possible, de les prévenir. Il a dû prendre en effet conscience de ce que, en se figeant dans les qualités traditionnelles qui avaient fait le renom du bois, il risquait de lui faire perdre progressivement au profit d'autres matériaux la place acquise depuis des siècles. Et c'est ainsi que depuis les dernières décennies le forestier essaie de faire pousser au meilleur prix des espèces à croissance rapide dont le bois léger s'accommode bien des exigences des industries forestières modernes qui l'utilisent surtout sous forme de copeaux ou de fibres (pâte à papier, panneaux). Les programmes de plantation des Etats sont là pour montrer l'importance grandissante que prend cette discipline dans leur planification forestière, du fait que les besoins de la société de consommation qui est la nôtre exigent de plus en plus des matériaux d'emploi relativement fugace mais à bas prix.

D'autre part, la vie trépidante en vase clos qu'impose notre société moderne entraîne de plus en plus l'homme à chercher à s'évader et à retrouver du côté de la nature et des grands espaces l'équilibre de vie qui semble lui échapper; en dehors de la mer et de la montagne, la forêt exerce sur lui une attraction particulièrement forte par ses paysages reposants, son air pur, son gibier. Et d'un seul coup le forestier qui était un des rares privilégiés à avoir pu jusqu'alors apprécier ces merveilles se retrouve placé sur le podium, bien à la vue du public autant critique qu'admirateur, investi de responsabilités importantes et nouvelles dans ce nouveau mythe: l'environnement.

Ce sont ces deux tendances nouvelles de la demande qui sont analysées par divers auteurs sous l'angle de leurs conséquences sur la sylviculture. Kühl passe une revue très complète des implications sylvicoles relevant de l'augmentation de la demande de bois et spécialement de la demande de l'industrie de la cellulose: planification au niveau régional, choix de bonnes terres, mécanisation, liaison avec la recherche, formation du personnel, financement spécial, tels sont les domaines où le forestier public ou privé doit faire porter son effort.

Carneiro dresse de son côté une fresque très complète des implications au niveau mondial des sollicitations nouvelles auxquelles doit faire face le sylviculteur: ses estimations permettent des approches quantitatives de domaines nouveaux, tels que la lutte contre le bruit et les superficies minimales d'espace vert en zones urbaines. Il conseille d'adopter une position énergique contre la tendance insidieuse mais permanente de suppression progressive des massifs forestiers sous les prétextes les plus variés.

Pour Zobel, les grands pays producteurs traditionnels ne verront leur production augmenter que très peu désormais, du fait des contraintes imposées par les distances de transport et l'environnement, et l'ère des pays tropicaux arrive, car ces derniers peuvent produire très vite les bois de trituration dont la demande va aller en s'amplifiant très fortement; mais il ne faudra pas se laisser glisser à la facilité en produisant des bois trop jeunes d'un mauvais rendement technologique, en négligeant les recherches écologiques précédant l'introduction, en établissant des projets trop restreints.

A partir d'observations faites en France et en Europe, Croisé estime que devant la demande accrue des bois d'industrie et la raréfaction de la main-d'oeuvre forestière, la sylviculture doit améliorer ses rendements et créer de nouvelles forêts, mécaniser à outrance au niveau des pépinières, des plantations et de l'exploitation (dont le coût pourrait être singulièrement diminué si l'on découpait au préalable la forêt par des layons permettant le passage des engins), enfin, ne réserver les passages en éclaircie qu'aux peuplements destinés à produire des bois de haute qualité. La théorie du cloisonnement, intéressante, mériterait quelques précisions, car elle semble actuellement relever autant de la recherche que de l'utilisation opérationnelle.

Abordant les problèmes posés par la demande relevant de l'environnement, de la récréation et de la chasse, Pruvost examine les contraintes qu'ils font peser sur la sylviculture qui, par ailleurs, est sollicitée en vue d'une production de bois accrue; passant en revue les principales situations qui peuvent se présenter, il propose des solutions qui constituent en général un compromis entre les différentes tendances antagonistes et montre que, à partir des méthodes de sylviculture traditionnelle, on peut répondre à ces impératifs contradictoires dont le sylviculteur était déjà conscient même s'il n'avait pas à en tenir le même compte qu'aujourd'hui: il ne saurait donc être question de remettre en cause ses attributions et ses responsabilités nouvelles.

C'est à la même conclusion qu'arrivait Sir Henry Beresford-Peirse qui estimait que, malgré les contraintes de l'utilisation multiforme de la forêt, le potentiel forestier mondial pouvait facilement faire face à la demande accrue de bois, et que sous réserve de s'entourer d'autres spécialistes le sylviculteur devrait occuper, plus que jamais, une place de premier plan.

Enfin, Akiyama étudie les implications que va poser au Japon l'utilisation multiple de la forêt à propos de laquelle il rappelle la fameuse définition «the best gift to the mankind». Il semble bien en effet que ce soit un des seuls points sur lequel les hommes - surtout les citadins - puissent se mettre d'accord.

Que les forestiers fassent preuve de l'imagination nécessaire pour tirer de cette formule tout le parti dont ils auront besoin.

2. Amélioration du rendement des forêts artificielles à croissance rapide

La création de forêts artificielles à croissance rapide répond à un triple objectif: satisfaire les besoins croissants en bois d'industrie, déjà longuement commentés, fabriquer du bois d'œuvre ou de service dans des zones où la régénération naturelle des espèces locales est difficile, reboiser des stations dénudées ou convenant mal à la forêt comme c'est le cas sous les climats arides. Les problèmes qui se posent à leur propos peuvent être regroupés sous deux rubriques:

LE CHOIX DES ESPÈCES ET DES STATIONS

Il se fait dorénavant à partir de connaissances qui se précisent de plus en plus et dont la gamme est décrite par Karschon: recherches écophysiologiques réalisées tant en phytotron que par des tests de transpiration, résistance au froid et à la sécheresse, etc., réalisés in situ, essais en arboretum, essais répétitifs d'élimination d'espèces et de provenances, essais de croissance, plantations pilotes. Pour les zones arides, qu'il connaît spécialement, il recommande de baser le choix des stations sur des études préalables de la teneur en eau du sol qui iront peut-être un jour jusqu'à l'utilisation de photographies aériennes aux infrarouges et pour le moment doivent surtout tenir compte de la végétation naturelle, et insiste sur le caractère indispensable d'un travail du sol profond et régulier durant et après la plantation.

Nous pénétrons avec Iyamabo dans des zones écologiques moins humides, celles de la zone soudanienne et guinéenne d'Afrique: si le souci de baser le choix des espèces sur des études écologiques reste le même, l'étude préliminaire des stations y est moins poussée du fait que l'eau y intervient beaucoup moins comme facteur limitant; mais le souci de ne pas commettre d'erreur sur le plan de l'intérêt économique des espèces introduites y est rappelé avec juste raison.

Lamb et Laffitte nous font profiter de leur grande expérience sur l'introduction des espèces exotiques à croissance rapide sous les tropiques d'Afrique et d'Amérique. L'extension de ce type de plantation est rapide, et actuellement plusieurs dizaines de milliers d'hectares sont plantés annuellement avec des pins (P. caribaea, oocarpa, patula, elliottii) et plusieurs centaines de milliers d'hectares avec des eucalyptus (E. saligna, grandis, citriodora, camaldulensis, etc.); un gros effort d'études écologiques et d'amélioration génétique est en cours depuis 10 ans et certains pays, comme le Brésil, le Chili. Cuba, l'Uruguay, la Zambie, ont basé une partie de leur politique forestière sur ces introductions sur lesquelles des informations très précises sont données dans les mémoires spéciaux, notamment celui de Golfari sur le comportement écologique des espèces introduites au Brésil.

L'AMÉLIORATION DES TECHNIQUES SYLVICOLES

De très gros progrès ont été réalisés dans ce domaine et l'on peut affirmer que d'une façon très générale ils résultent d'une intensification des interventions culturales liée à une amélioration du matériel végétal, et à toute une batterie de méthodes permettant d'installer l'arbre dans les meilleures conditions de nutrition et de croissance (fertilisation, cultures associées, éclaircies appropriées, élagage, etc.): Morandini et Poduje nous en donnent d'excellents exemples alors que Mehdizadeh nous informe d'essais de blocage de l'eau du sol par pulvérisation de pétrole. On ne peut pas dire que l'intensification des travaux du sol soit recommandable seulement dans les zones arides, car l'expérience montre qu'en zone équatoriale humide de basse altitude et sous climat méditerranéen ils sont tout aussi efficaces. On pourrait toutefois faire une exception pour certains pays tropicaux d'altitude (Madagascar, Océanie) où le travail manuel superficiel semble suffire: les besoins en eau de l'arbre liés à l'évapotranspiration sont sans doute en cause. De son côté, Leonardis, faisant part de l'expérience argentine, insiste sur l'obligation d'associer à l'amélioration des techniques sylvicoles l'apport de la génétique et de la fertilisation.

Mais on ne saurait traiter valablement de sylviculture artificielle sans aborder le domaine des éclaircies: restant à un niveau général, Volkart propose d'essayer d'uniformiser les critères caractérisant les différentes opérations (nombre de pieds, surface terrière, hauteur dominante, etc.) si l'on veut pouvoir comparer valablement les différentes méthodes et les résultats correspondants. Le problème des éclaircies en liaison avec les élagages doit de son côté être résolu par des essais in situ; mais toutefois des règles générales et une méthodologie des recherches se dégagent, dont on peut citer parmi les plus remarquables la méthode des parcelles C.C.T. 1, établie en Afrique du Sud pour les pins, et dont Marsh et Burgers font le point. Cette technique de recherche étendue à d'autres espèces (eucalyptus, teck) permet non seulement de fixer le rythme optimal des éclaircies, mais aussi de prévoir le volume de bois à attendre de tel ou te! type d'éclaircie obtenu. Poussant plus loin leurs investigations, les forestiers d'Afrique du Sud ont construit à partir de ces résultats un modèle de croissance mis sur ordinateur qui a permis de définir pour trois espèces de pins et trois stations différentes les paramètres optimaux de conduite des peuplements: voilà un beau résultat, décrit par Cawse, Du Toit, et Willcock, qui mérite certainement une mention spéciale. De son côté, Carretero nous fait part d'un intéressant dispositif d'éclaircies sur Populus en Argentine.

1 CCT = (Correlated curve trend) Méthode de corrélation entre l'espacement (éclaircies) et le rendement.

Toute une série d'informations précises, contenues dans des rapports trop nombreux pour être cités, nous sont données sur les résultats obtenus avec des pins, eucalyptus, peupliers, araucarias sur le plan de la productivité; ils confirment le grand intérêt de ces espèces: les pins présentent des accroissements moyens de 12 à 20 m3/ha/an avec certains accroissements courants atteignant 30 mètres cubes, les eucalyptus peuvent atteindre des niveaux deux fois plus élevés. La régénération de ces plantations suscite des recherches nouvelles (Morandini, Riedacker et Karschon) sur la longévité des souches d'eucalyptus et la meilleure période de recépage permettant d'obtenir une productivité optimale associée à une longévité maximale: dans les conditions actuelles, les eucalyptus doivent être remplacés à la fin de la troisième ou de la quatrième rotation de taillis.

Ainsi donc nos connaissances s'affinent dans le domaine des plantations forestières à croissance rapide et semblent nous placer en bonne position pour relever le défi de la demande sans cesse croissante de bois défini par Sir Henry Beresford-Peirse. Mais il y a un danger qui a été signalé par Iyamabo: celui de se laisser tenter de faire de l'arbre pour l'arbre, de créer par exemple des plantations d'eucalyptus dont on ne saura jamais localement utiliser le bois: de bonnes études technologiques et économiques doivent toujours précéder une décision de plantations sur grande échelle.

3. Tendances et progrès des nouvelles techniques sylvicoles et d'aménagement

On a traditionnellement distingué deux tendances dans la conception de la sylviculture: l'une, qui se veut précise, rigoureuse, analysant les faits à travers les chiffres, prend l'allure d'une science; l'autre, faite d'observations biologiques, collant beaucoup mieux aux mille nuances suggérées par l'écologie, plus intuitive, se définit davantage comme un art. Cette distinction reste toujours ancrée dans les esprits et les communications reçues à ce congrès continuent de le montrer.

Mais est-ce pour longtemps? Sous l'effet des tendances modernes d'utilisation multiforme de la forêt, l'aménagiste et le sylviculteur doivent prendre en considération l'ensemble des productions forestières au sens le plus large du terme et bientôt peut-être ne raisonneront plus qu'a partir des écosystèmes forestiers, lorsque la connaissance biologique de ces derniers sera beaucoup plus avancée: autrement dit, si à partir des écosystèmes les résultats des observations du sylviculteur-artiste peuvent être expliqués, disséqués, quantifiés, l'explication scientifique de son art devrait en résulter. C'est par l'amélioration de nos connaissances biologiques que cette distinction risque de perdre son sens. Mais la route sera encore longue avant que la physiologie végétale et animale nous ait livré tous ses secrets.

Quelle que soit la rapidité de cette évolution, on ne peut qu'être frappé par la tendance des sylviculteurs modernes de tenter de résoudre leurs nouveaux problèmes en s'appuyant de plus en plus sur des données scientifiques.

LES SYSTÈMES FORESTIERS

C'est précisément pour tenir compte des exigences nouvelles et impérieuses de l'opinion publique que Buckman et Newton conseillent d'améliorer à partir de recherches nouvelles les méthodes de régénération qui ne choqueraient pas le public autant que la coupe à blanc et prendraient davantage en considération l'aspect esthétique de la forêt. En effet, l'activité des forestiers des Etats-Unis subit actuellement de la part du public une pression très forte avec laquelle il faudra composer en prouvant les fondements scientifiques des méthodes sylvicoles appliquées: de là, à raisonner prochainement en écosystème il n'y a qu'un pas; et en rappelant le Scio me nihil scire de Socrate, Vyskot souligne tout l'intérêt du programme Unesco «L'homme et la biosphère» (MAB), qui devrait nous permettre d'analyser tous les problèmes complexes liés à la structure et au fonctionnement des écosystèmes forestiers. Chez certains aménagistes, nous recueillons le même écho: tandis que Vorobiov nous fait part des préoccupations des forestiers de l'U.R.S.S. de continuer à développer la production en bois, tout en conservant à leurs forêts tout leur potentiel esthétique et de protection du milieu, Kairiukstis décrit les premiers résultats de ses recherches sur l'amélioration de la production à partir d'éclaircies spécialement marquées pour permettre aux épicéas de capter l'énergie solaire maximale. Nedialkov nous propose de son côté une méthode d'aménagement écologique des forêts, estimant que les facteurs principaux dont dépend la productivité des peuplements sont le type de station écologique et le type de forêt, mais leur étude n'est-elle pas la base de celle d'un écosystème? Même écho au Maroc où Destremeau et Lepoutre, estimant que la définition écologique des stations s'est faite trop souvent à partir de critères choisis a priori, cherchent à déterminer ces derniers en fonction d'études de croissance en corrélation avec les données climatiques afin de définir les «facteurs blocants» (photopériode, radiations, degré hygrométrique, etc.). Mais n'est-ce pas de la physiologie végétale et ne se dirige-t-on pas finalement vers la même voie? Des études semblables sont en cours en Afrique tropicale et en Argentine (Ledesma et Boletta), alors que pour résoudre d'importants problèmes d'aménagement en U.R.S.S. Atrokhin nous propose de raisonner en écosystèmes pour les peuplements en équilibre et d'utiliser conjointement écologie et mécanisation pour résoudre les problèmes spéciaux qui se posent à l'aménagiste. Enfin Mikhailov nous donne avec une très importante étude sur Populus tremula en Russie centrale un excellent exemple des contributions pratiques apportées par l'écologie.

Lorsque la production exclusive du bois est prise en considération, on a de plus en plus tendance à raisonner en termes économiques et financiers pour répondre à la demande croissante: en Nouvelle-Zélande, la sylviculture des résineux (P. radiata) adopte comme nouvelle approche une technique voisine de la populiculture du fait que la valeur optimale de l'arbre se situe dans la bille de pied (Fenton); de leur côté, Haig et Scott décrivent l'extension considérable au Canada de la mécanisation en plantation forestière qui diminue fortement les prix de revient, alors que la plantation en pots y acquiert ses titres de noblesse pour la même raison (Cayford).

Reste pour l'aménagiste à intégrer toutes ces données tant biologiques que techniques, les secondes étant souvent les conséquences des premières. Fraser s'est attaqué au problème et a conçu un modèle destiné à étudier la stimulation possible de la croissance; les solutions ne peuvent être encore que partielles du fait qu'un nombre important de données biologiques font défaut; toutefois, des résultats ont déjà été acquis dans le domaine de la fertilisation et de l'installation des plantations. Est-ce la formule de l'avenir?

En attendant sa mise au point, des solutions plus traditionnelles doivent être données aux problèmes d'aménagement qui font une place de plus en plus grande aux sujétions de l'environnement et de la pression de l'opinion publique. Les forestiers de Nouvelle-Zélande n'ont pas encore pu persuader le public que l'aménagement des vastes peuplements de Nothofagus passe par la conversion partielle en plantations d'exotiques (Thomson, Kirkland et Miers), tandis que les forestiers canadiens cherchent actuellement, dans l'Ontario, à définir une formule tenant compte des contraintes de l'environnement, et que les forestiers bulgares doivent faire face au difficile problème technique de l'amélioration de la production de leurs forêts feuillues (Grouev, Marinov, Sirskov). Pour de tels problèmes, les solutions sont certainement complexes et ne se dégageront qu'avec le temps et une longue patience vis-à-vis du public. A noter une initiative aussi originale qu'opportune: la création de zones forestières près de gros centres urbains destinées à absorber eaux usées, ordures, etc. (Evans et Sopper).

En forêt tropicale, les systèmes sylvicoles et d'aménagement sont beaucoup moins élaborés; la complexité floristique de la forêt est en cause, entraînant notamment une grande variation dans le tempérament des espèces qui a été maintes fois rappelée. Des progrès notables ont-ils été réalisés depuis le Congrès de Madrid? Oui certes, mais plutôt dans la précision d'exécution apportée aux techniques que dans la conception de techniques nouvelles: dans le Sud-Est asiatique (Forestry Department of West Malaysia), la régénération naturelle conserve sa primauté dans les forêts à diptérocarpacées de Malaisie, où la coupe d'exploitation, accompagnée de l'empoisonnement des espèces dominantes indésirables, suffit dans les riches forêts de plaine à donner leur chance au sous-étage naturel (Malaysian Uniform System), alors que les zones plus pauvres doivent supporter des plantations d'enrichissement. En Afrique, seuls le Ghana (Baidoe) et très partiellement le Nigeria ont recours à la régénération naturelle (Selection System: jardinage pied à pied), alors que tous les pays francophones adoptent les plantations en plein d'espèces locales de lumière (okoumé, limba, triplochiton) ou d'exotiques (teck). L'aménagement de ces forêts est encore à l'étude, car des données de base font toujours défaut: plus qu'ailleurs, dans cette zone climatique, les recherches biologiques et forestières sont à amplifier d'urgence.

En Amérique tropicale, les essais en cours, dont Posse nous fait rapport pour la province de Tucumán (Argentine), indiquent que la régénération naturelle n'est obtenue que dans des proportions très limitées et que l'on doit avoir recours à des plantations d'appoint avec des plants en mottes dont les résultats sont encore mal assurés: les caractéristiques sylvicoles de ce continent se rapprocheraient donc de celles des forêts d'Afrique.

L'AMÉLIORATION GÉNÉTIQUE

L'apport biologique de l'amélioration génétique a permis à la foresterie mondiale de réaliser des progrès particulièrement remarquables, et les forestiers comptent de plus en plus sur elle (parfois exagérément) pour aider à relever le défi de la demande croissante de bois.

Si l'on peut déplorer la faible contribution des généticiens à ce congrès, personne n'ignore l'œuvre considérable qu'ils ont entreprise en vue d'augmenter la productivité des forêts; la plupart des pays disposent maintenant d'un service de génétique forestière et certains leur ont conféré d'excellents moyens de travail: Cuba, qui dispose actuellement de 1000 hectares de peuplements porte-graines de Pinus caribaea, a sélectionné parmi ces pins un grand nombre de phénotypes et classé les zones de production de graines en fonction des facteurs écologiques (Betancourt et Gonzales). Cet exemple nous semble particulièrement typique de l'effort fait par les pays tropicaux dans un domaine où ils étaient notablement en retard il y a dix ans. Ils ont été aidés certes par les organismes internationaux et les initiatives bilatérales: la FAO, l'Australie, le Danemark, la France, le Mexique et le Royaume-Uni ont organisé des campagnes systématiques de ramassage de graines d'origine authentique pour permettre des essais comparatifs de provenances à partir des espèces tropicales ou méditerranéennes actuellement les plus prometteuses (pins, eucalyptus, teck. Terminalia, okoumé, etc.). La solidarité internationale présente désormais dans ce domaine des actions d'une efficacité louable, qui permet d'asseoir les recherches d'amélioration génétique sur des bases satisfaisantes, sans erreurs dues à la précipitation: il faut avoir la patience de passer par tous les stades obligatoires désormais bien définis par la technique de l'amélioration génétique, et Mendonza développe effectivement cette idée dans son mémoire général sur l'urgence de l'amélioration génétique en Amérique latine dont il fixe les objectifs et les stimulations. De leur côté, Nikles et Reilly nous donnent de précieuses informations sur les travaux effectués sur Araucaria cunninghamii au Queensland (Australie) et sur les résultats obtenus, tandis que Peter et Squillace, étudiant les «foxtail» sur Pinus elliottii, arrivent à la conclusion que d'autres recherches seront nécessaires si l'on veut éliminer ce phénomène tout en maintenant les autres données intéressantes du patrimoine génétique. On trouvera enfin dans les mémoires spéciaux de précieuses informations sur des recherches en cours en Inde, au Congo, à Cuba, etc., qui montrent l'essor actuellement pris par l'amélioration génétique en zone tropicale.

A propos des pays dont les recherches génétiques sont beaucoup plus avancées, Grosse s'interroge sur la meilleure façon de les rendre très efficaces. Il estime que trop souvent un décalage existe entre leur niveau et celui des techniques de traitement des plantations qui devraient pourtant leur permettre d'optimiser leur rendement: ces deux axes de recherche se développent trop souvent sans la liaison étroite qui permettrait d'étudier leurs corrélations qui sont évidentes pour le bien de la productivité des plantations: la centralisation des services de recherche constitue, lorsque besoin est, la meilleure parade à un tel état de faits.

LA FERTILISATION FORESTIÈRE

Accueillie d'abord avec scepticisme par les forestiers, la fertilisation a désormais acquis chez eux droit de cité. C'est elle qui donne aux plantes le dynamisme qui leur fait défaut sur les terrains pauvres baptisés par réflexe «terrains forestiers», qui leur permet de mieux se défendre au moment de la transplantation contre les parasites et les herbes qui leur font concurrence. Chez tous les agronomes, la détection des carences du sol suscite des points de vue divergents entre les tenants des analyses de feuilles ou de sève et les partisans des «vases de végétation»; les méthodes de correction et les réactions entre les éléments constituent un autre sujet de discussion: la technique de la fertilisation est jeune.

Pour les forestiers, un autre sujet mérite réflexion, c'est la détermination des périodes de la vie de l'arbre où l'apport d'engrais présente le maximum d'efficacité; l'«effet-starter» a eu longtemps la préférence, mais on s'est vite aperçu que la rémanence était faible et on a étudié des apports plus tardifs; actuellement, on essaie de les combiner avec les coupes d'éclaircie pour assurer la dominance de certains sujets (Rennie), mais il est évident que si les formes et techniques de fertilisation peuvent donner libre cours à l'imagination des chercheurs, les expérimentations doivent être effectuées in situ avec beaucoup de moyens (dispositifs statistiques, répétitions nombreuses), tels que nous les décrit Bonneau à propos d'essais sur Douglas (Pseudotsuga menziesii) en France. Walker nous tient informés de l'extension des opérations de fertilisation forestière qui se développent de plus en plus en Amérique du Nord, surtout dans les plantations de bois à pâte où l'azote marque très fort plus ou moins associé à P et K, et nous fait part de recherches récentes qui démontrent que les coupes à blanc déclenchent un lessivage important du sol en azote et cations; pour Szujecki, ces coupes auraient de plus une action destructive particulièrement néfaste sur la faune entomologique des sols. Il est certain que toute transformation profonde de la couverture forestière, due soit à la suppression soit à la substitution d'espèces, entraîne des perturbations considérables sur tous les paramètres du sol (Velasco de Pedro), qu'ils soient physiques, chimiques ou biologiques. Le milieu tropical enfin, qui dispose avec Acacia albida d'une remarquable espèce forestière fertilisante (Giffard), présente par contre des sols souvent très carencés en P2O5 qui répondent très fort à l'action des engrais; Awan et al, nous donnent de leur côté de bons exemples de relations sol-végétation à Cuba.

Dans un document qui fait pratiquement la synthèse de tous ces sujets. Maki tente de définir l'impact optimal des fertilisants aussi bien dans le temps que dans l'espace et ceci dans le cadre des grandes perspectives économiques et sociales des futures décennies: la fertilisation est un problème autant technique qu'économique et financier. L'auteur souligne le rôle déterminant que la fertilisation pourrait jouer dans le défi que devra soutenir de plus en plus le forestier: augmenter sans cesse la production forestière à partir de surfaces forestières de plus en plus réduites, ce qui ne peut être envisagé qu'à partir d'une augmentation sensible des rendements unitaires qui impliquera notamment un appel constant à la fertilisation.

LES INVENTAIRES FORESTIERS

Purs produits du calcul statistique, les inventaires forestiers constituent désormais un des outils de base de l'aménagiste, soit qu'il les utilise pour décrire une forêt inconnue, soit qu'il s'en serve pour ausculter sans arrêt la vitalité des massifs aménagés. La photographie aérienne et, quand on le peut, la photointerprétation sont utilisées pour débrouiller les données de base; les émulsions en couleur et les photo-radar rendent désormais des services. Mais les travaux au sol restent indispensables, spécialement en zone tropicale, et Marmol nous décrit l'inventaire réalisé récemment dans le nord-ouest de l'Argentine. Le satellite de contrôle de la Terre sera-t-il le précurseur d'un autre niveau de notre technique?

Au sol, l'aménagiste utilise des tarifs de cubage et des coefficients de forme dont des formules nouvelles nous sont données, mais aussi des appareils de dendrométrie qui se perfectionnent sans cesse, tel le télérelascope de Bitterlich, qu'il nous sera peut-être permis de voir fonctionner à Buenos Aires.

4. Le présent et l'avenir des forêts de pluie tropicales

Les forêts tropicales représentent plus de 60 pour cent des forêts du monde et celles qui poussent sous les tropiques humides couvrent 750 millions d'hectares: c'est dire leur place dans les réserves mondiales de bois. L'intérêt qu'on leur attache depuis quelques années au niveau du grand public provient du développement rapide de la production de bois tropicaux qui en 1971 représentait environ 2 milliards de dollars, et également du caractère un peu mystérieux qui les entoure encore; au niveau des techniciens et hommes de science cet attrait se double de l'énorme intérêt qu'elles présentent pour le maintien de la fertilité des sols et comme sujet d'études du fait que tous les phénomènes biologiques s'y déroulent plus intensément et surtout plus vite qu'ailleurs. Enfin, comme partout dans le monde, elles représentent sur le plan de l'environnement une valeur considérable.

Dans le mémoire général qu'il présente, Veruete Fuentes rappelle les chiffres essentiels caractérisant le potentiel biologique, économique, financier et humain présenté par les forêts tropicales du monde. Il analyse les principales difficultés auxquelles se heurte leur mise en valeur: accessibilité souvent médiocre, agriculture nomade qui les grignote, exploitation souvent peu ou mal contrôlée, danger des incendies, attaques parasitaires. Il ne peut pas toujours donner de solutions appropriées mais insiste sur les gros efforts à envisager dans le domaine de leur sylviculture.

Abordant le problème sous un autre angle, celui des écosystèmes tropicaux et des limites de leur transformation, Catinot constate d'abord qu'au fur et à mesure que l'on avance dans leur connaissance une certaine déception se fait jour tellement leur étude est complexe et leur productivité en bois modeste: 400 m3/ha en production primaire et 5 à 50 m3/ha en production commerciale. Mais il insiste à ce sujet sur le fait qu'ils ne sont en général ni aménagés ni améliorés par l'homme, et estime que lorsque cela sera fait leur productivité sera non seulement comparable à celle des autres zones du monde mais qu'elle atteindra beaucoup plus vite son maximum. Malheureusement, leur manipulation s'avère complexe, et à ce jour les résultats ne sont obtenus facilement qu'après leur destruction complète (plantations de pins, eucalyptus, Gmelina, teck); les plantations d'autres espèces sont beaucoup plus difficiles et exigent également la destruction progressive de l'écosystème primitif, alors que la régénération naturelle ne donne de bons résultats que dans le Sud-Est asiatique grâce au tempérament plastique du groupe des diptérocarpacées (Malaysian Uniform System ou simplement parfois dégagement des espèces dans le recrû); la conversion en systèmes agricoles pose également de graves problèmes du fait de la stérilisation rapide des sols sous cultures sarclées et incite les agriculteurs à pratiquer une culture itinérante dévastatrice.

Etudiant l'écosystème forestier tropical sous l'angle de l'environnement, Lamprecht arrive aux mêmes conclusions: entre la shifting cultivation et la non-régénération des forêts considérées comme des ressources minières, la forêt tropicale court un risque rapide et mortel alors que son utilité est tellement primordiale pour le maintien des réserves en eau, en sol et en vie. Il choisit pour illustrer ses affirmations un certain nombre d'études chiffrées particulièrement probantes qui montrent l'effet indiscutable de la protection des formations forestières tropicales au profit des sols et conclut par un cri d'alarme: dans de nombreuses régions tropicales, les terres boisées sont encore considérées comme des obstacles qui freinent l'expansion de la civilisation moderne, et économiquement plus nuisibles qu'utiles; si on ne lutte pas avec une grande énergie contre cette tendance, nous allons assister à leur destruction progressive mais inéluctable pour le plus grand péril de l'avenir de l'homme sous les tropiques.

Mais comment utiliser au mieux cet écosystème sur le plan économique, se demandent Kauman et Kloot. Aucune règle générale, sinon s'appuyer dans chaque cas sur des recherches et études bien adaptées aux problèmes tropicaux des pays en développement, rechercher comme en politique simplement l'art du possible, mais appliquer tous les moyens nécessaires (produits de bonne qualité, groupage d'espèces à la vente).

Si les forestiers et les biologistes peuvent espérer disposer de gros moyens de recherche dans la décennie qui vient, avant que la destruction actuelle des forêts tropicales soit devenue irréversible, on devrait pouvoir utiliser à plein dans les siècles à venir le potentiel énergétique remarquable de ces écosystèmes. Une course mortelle est engagée: saura-t-on freiner la destruction des forêts tropicales humides avant que l'homme ait appris à les manipuler et à les aménager?

5. Les effets des pratiques sylvicoles sur l'environnement

Brusquement mis en présence de nouvelles responsabilités du fait de l'appel de l'environnement, le sylviculteur doit réagir. Sa technique forgée par des générations d'anciens - son art, disent certains - pourra s'adapter aux demandes nouvelles d'autant plus pressantes qu'elles sont reprises et amplifiées par toutes les formes modernes d'expression de l'opinion publique: le forestier sort enfin de son oubli, mais pour s'entendre trop souvent critiqué de ne pas suivre les lignes de conduite de ses prédécesseurs, lui à qui on faisait par principe grief d'être trop traditionaliste. Attaqué en effet sur deux fronts, celui de l'augmentation rapide de la productivité et celui du maintien d'une ambiance forestière de distraction, de détente et de beauté, il se trouve placé devant un dilemme dont la solution ne peut être trouvée, comme certains esprits superficiels le croient, à partir de quelques formules générales et simplistes. Le public ne retient pour le moment que les paysages forestiers qui le séduisent, oubliant trop souvent que ceux qui les ont créés étaient des forestiers amoureux de la nature que tout le monde ignorait alors; il fait fi par contre des contraintes économiques auxquelles le forestier doit en même temps faire face et qui lui sont imposées de la même façon par le souci du bien public et par la planification économique de son gouvernement. Tout arrive à la fois, et il faut faire vite. Grâce aux techniques dont elle dispose, la sylviculture peut-elle faire front?

Dans son étude particulièrement fouillée du problème aigu qui se pose à ce titre aux Etats-Unis. Farnsworth analyse les impacts de la forêt sur l'homme tant sur le plan matériel et économique que sur le plan émotionnel; il montre que pour le moment le public a des œillères en ne réagissant que lorsque la forêt est détruite ou présente un sujet de vision ou de distraction trop monotone, alors qu'il dispose a priori d'un grand nombre d'éléments pour juger: mais ces éléments devraient lui être commentés, ne serait-ce que pour lui faire admettre, comme le suggère Samuelson, que même dans les zones exploitées à blanc, il existe des changements continuels qui accompagnent le retour progressif vers la jeune forêt et qui sont fort attractifs pour qui aime la nature; faut-il rappeler, avec Bourgenot, que certaines forêts qui sont actuellement un régal pour le touriste ont été entièrement créées à partir de coupes rases et, avec Giordano, que l'on est souvent très heureux de disposer d'exotiques pour défendre les écosystèmes forestiers naturels? Il serait incohérent d'abandonner brutalement des règles sylvicoles éprouvées: une attitude dynamique consiste pour le sylviculteur à tirer profit de l'intérêt croissant du public envers l'environnement forestier et de l'éduquer pour l'imprégner de son point de vue, sinon de sa tradition, et lui faire comprendre par exemple que la régénération naturelle ne résoud pas tous les problèmes.

L'aspect positif dont peut déjà se prévaloir le sylviculteur est d'ailleurs mis en vedette par Orrom et Mitchell qui, après nous avoir rappelé l'aspect esthétique de beaucoup de forêts anciennement aménagées, nous font part de leurs suggestions en vue d'améliorer la «vision» des forêts, notamment sur les lisières et à partir de points de vue repérés: toujours le même souci de ne pas tellement déroger aux techniques sylvicoles classiques mais d'étudier spécialement la transformation de petits sites, de points de détail qui avec peu de moyens peuvent faire beaucoup. A un autre niveau si l'on peut dire, Aulitzky nous entraîne vers le reboisement des zones d'altitude qui, dans les Alpes, prennent un intérêt touristique considérable: ces opérations ne sont devenues possibles que grâce à la méthode de l'«écogramme», issue de recherches interdisciplinaires complexes relevant tant de l'écologie que de la physiologie.

L'ACTION DE L'HOMME SUR LA FORÊT

Le feu a été utilisé depuis les premiers âges, car il a longtemps constitué le seul moyen d'envergure dont disposait l'homme vis-à-vis de la forêt. Les forestiers, tout en ne pouvant nier dans leur ensemble son aspect négatif et destructeur, nuancent de plus en plus leur point de vue et commencent à essayer de l'associer timidement à leurs règles d'aménagement. Si Gaillard étudie plutôt l'organisation rationnelle de moyens de lutte allant jusqu'à une organisation internationale, Mac Arthur attire notre attention sur le fait qu'il est une composante naturelle de nombreux écosystèmes forestiers et que sa disparition de ces forêts risque de rompre l'équilibre écologique dans la mesure où il n'est pas une contrainte trop forte pour l'environnement humain. De Rada et avec lui d'autres auteurs retiennent surtout son aspect négatif ne serait-ce que dans l'ambiance actuelle de la forêt-récréation où l'éducation du public est primordiale; reprenant l'idée de Gaillard, Mac Leod estime que la gravité du phénomène devrait entraîner une possibilité de coopération internationale. En réalité, notre comportement devrait être beaucoup plus nuancé: alors que dans certaines zones écologiques les feux précoces sont admissibles sinon utiles, dans la plupart des forêts méditerranéennes et résineuses, le feu reste un fléau avec lequel on ne peut composer et contre lequel il faut lutter avec des moyens puissants.

L'ACTION DES ANIMAUX SUR LA FORÊT

Les attaques parasitaires constituent un danger tout aussi grave pour leur production et leur avenir et probablement aussi difficile à combattre que le feu car, comme le remarque Grison, l'éradication d'une seule espèce par voie chimique est illusoire: il n'y a pas de synthèse écologique au niveau de l'espèce mais seulement au niveau de la biocénose, et seule la lutte intégrée peut être vraiment efficace. En effet, dit-il, «en un point donné la densité des populations d'un phytophage résulte de l'action antagoniste de deux groupes de facteurs: le potentiel de multiplication de l'espèce auquel s'oppose la résistance du milieu». Il faut donc jouer simultanément sur les deux, ce qui met en cause notamment les «manipulations de l'environnement» c'est-à-dire l'action du sylviculteur qui doit associer ses efforts à ceux du zoologiste. Une application de ces principes nous est donnée par Koehler à propos des attaques parasitaires des plantations de pins où l'on va jusqu'à nourrir artificiellement les entomophages, et dans son projet de centres polyvalents de lutte. Ce principe de lutte, très complexe, pourrait être la formule de l'avenir bien qu'il ne puisse être question d'abandonner de sitôt l'arme chimique qui, comme nous le font remarquer Tarrant, Waters et Gratkowski, saura s'adapter aux nouvelles techniques et aux impératifs écologiques. Fettes et Buckner le confirment à partir de l'étude qu'ils donnent de la lutte contre le Choristoneura du spruce au Canada: bien qu'on ait été amené à abandonner le DDT, nuisible pour l'environnement, on utilise un autre produit chimique moins agressif; mais on essaie de plus en plus de coupler lutte chimique et contrôle biologique en vue de protéger au maximum l'environnement.

En conclusion, comment ne pas espérer qu'avec un peu d'habileté et beaucoup de savoir le sylviculteur puisse faire admettre par le public ses règles traditionnelles, aménagées en conséquence, pour tenir compte des sujétions que posent en même temps la production et l'agrément?

L'imagination et le dynamisme devraient pouvoir répondre à la nouveauté de la demande.

Conclusions

Les communications des sylviculteurs qui ont porté leur généreuse contribution à ce congrès nous renforcent de plus en plus dans l'idée que leur heure est venue: tout y concourt, la frénésie de l'environnement, les pessimistes sur l'avenir mondial des ressources non renouvelables, leur grande et ancienne connaissance d'un écosystème dont ils ignoraient surtout le nom et le concept synthétique moderne. A quel titre pourrait-on prétendre les écarter d'un domaine où ils se sentent en général aussi à l'aise que les scientifiques dont ne les sépare souvent qu'une question de vocabulaire et d'orientation de pensée?

Mais ils doivent se défier de deux tentations de facilité: négliger les problèmes soulevés par l'opinion publique, car ils peuvent soit en dénoncer discrètement l'inanité, soit s'attaquer à les résoudre; négliger les possibilités en perpétuelle évolution que leur offre la recherche scientifique tant biologique que mathématique: c'est à partir de la recherche qu'ils amélioreront leurs techniques et bâtiront leurs explications qui, si elles sont clairement exposées, doivent persuader l'opinion publique. Ils doivent dépasser maintenant le stade de l'observation minutieuse et de l'intuition où ils ont excellé durant des siècles, pour prendre conscience que leur devoir et leur intérêt sont de voir maintenant les phénomènes de l'intérieur à partir des connaissances pragmatiques considérables qu'ils ont accumulées, qu'ils s'associent aux chercheurs ou qu'ils spécialisent certains des leurs, peu importe, mais il est primordial qu'ils puissent se faire valablement entendre à tous les niveaux des discussions et des polémiques, sinon ils seront débordés par un mouvement en tenailles, pris entre l'opinion publique et l'opinion scientifique. Leur objectif essentiel devrait être de dégager des règles pratiques d'action, solidement étayées sur des résultats irréfutables au plan scientifique, laissant éventuellement à d'autres la joie de manier le concept intellectuel pur générateur des grandes découvertes scientifiques.

Au fur et à mesure que les besoins se développeront tant sur le plan des ressources mondiales renouvelables que sur celui des ressources d'équilibre de la vie que l'homme recherchera de plus en plus, la place des sylviculteurs devrait se dégager de l'ombre où elle était traditionnellement placée pour se hisser au niveau des spécialistes les plus en vogue.

Mais cela ne se fera pas sans effort d'imagination, de volonté et d'amélioration des connaissances en les situant souvent sur un plan nouveau, qui ne devrait pas manquer de séduire les jeunes générations et susciter ainsi de nouvelles vocations pour un des métiers les mieux équilibrés du monde.

Documents présentés à la commission I

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Forestry Department, West Malaysia Trends in the controversy of shelter wood systems, with particular reference to West Malaysia

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Rapport

Incidences sylvicoles du rôle nouveau de la forêt et de la foresterie

1. La sylviculture actuelle doit tenir compte de deux exigences contradictoires: a) produire plus de bois, en particulier à des fins industrielles, et b) réserver davantage de terres forestières pour la conservation du milieu et à des fins récréatives. Bien qu'elles aient été reconnues par le cinquième Congrès forestier mondial de Seattle, ces exigences ne se sont précisées que récemment, à partir du sixième congrès de Madrid. La préoccupation à l'égard du milieu, en particulier, s'est accrue au cours des six dernières années et constitue un des principaux soucis des sylviculteurs dans certains pays densément peuplés.

2. Les forêts artificielles à haut rendement, peuplées d'espèces à croissance rapide, peuvent répondre promptement à la demande grandissante de bois industriel. Cependant, pour produire du bois de cette sorte à des prix compétitifs, il faut planter l'espèce appropriée dans le milieu qui lui convient. La mise en place et les traitements sylvicoles doivent être rationalisés et mécanisés dans la mesure où le permet le milieu social et économique. Les nécessités de l'exploitation et de la commercialisation doivent entrer en considération dès l'établissement. Il ne faut pas non plus oublier le rôle que peuvent jouer les forêts xérophytiques des régions tempérées et les forêts claires des zones tropicales, afin de faire face à la demande locale croissante.

3. Toutes les mesures possibles doivent être prises afin d'utiliser au maximum la matière première forestière, pour éviter des pénuries de bois dans l'avenir.

4. Dans l'intérêt du milieu, il faut réviser les pratiques sylvicoles d'une manière pragmatique et, notamment, délimiter les zones de forêt qui devront être aménagées et équipées de façon à mieux répondre aux besoins de récréation. Il ne faut pas permettre que des considérations économiques à court terme passent avant les considérations sociales et biologiques à long terme.

5. Quels que soient les objectifs de l'aménagement, y inclus la protection de la nature et du milieu la forêt doit être soignée pour pouvoir survivre. Le forestier et, en particulier, le sylviculteur, a le devoir et le privilège de veiller sur les forêts et devra donc jouer un rôle prédominant dans la prise des décisions et dans la pratique de la foresterie, en se servant quand il le faut des conseils et de l'aide des autres spécialistes.

6. La «préservation de l'état naturel» pose un problème. Dans ce cas, aucune sorte d'intervention n'est permise, il s'agit de sauvegarder les ressources génétiques et les fonctions autres que la production ligneuse. Dans de nombreux pays, il n'y a pas suffisamment de terres forestières pour que l'on puisse isoler complètement de grandes zones sans procéder à leur aménagement. L'utilisation rurale doit avoir le pas sur la conservation intégrale; cependant, avec un aménagement rationnel on doit pouvoir conserver les ressources génétiques sans qu'il y ait conflit d'intérêt.

Amélioration du rendement des forêts artificielles à croissance rapide

7. Si les forêts artificielles à croissance rapide peuvent contribuer dans une large mesure à la production de bois industriel dans des zones humides, les plantations sont très souvent l'unique source indigène de bois de construction et de bois rond dans les zones arides, outre qu'elles sont très utiles contre l'érosion du sol et pour la protection de terres cultivées. Le rythme de croissance des plantations irriguées dans de telles zones peut être également très élevé mais leur aménagement à long terme présente encore plusieurs sérieux problèmes qui réclament des études suivies.

8. Le choix des espèces et des stations est important du point de vue technique, financier et humain. Il faut prendre grand soin de ne pas se laisser abuser par une espèce qui donne au début une production élevée mais qui, finalement, ne convient pas tout à fait à la station.

9. La recherche d'une combinaison optimale entre l'espèce et la station ne finit jamais. L'amélioration des arbres forestiers peut rendre des services précieux à cet égard et, dans ce domaine, l'assistance internationale est particulièrement recommandable. Néanmoins, il vaudrait mieux normaliser la méthodologie employée pour l'élimination des espèces et pour les épreuves d'origine; l'IUFRO pourrait jouer un rôle important à cet égard.

10. Le choix final de la station dépend autant des facteurs économiques que des facteurs écologiques, et parmi les premiers la commercialisation est d'importance fondamentale. L'expérience nous apprend que, trop souvent, on n'a pas accordé une attention suffisante à ce point dans le passé, aussi bien dans les pays développés que dans ceux en développement. Il devrait exister une meilleure coordination entre les autorités forestières et les industries afin de planifier la situation géographique des forêts et des usines de telle sorte que celles-ci puissent être assurées d'un approvisionnement constant.

11. Les résultats remarquables obtenus jusqu'à présent grâce aux forêts artificielles sont dus principalement à l'intensification des façons culturales (établissement et entretien), en même temps qu'à l'amélioration des arbres et à la fertilisation. Le progrès futur dépend de l'acquisition de meilleures connaissances sur les effets de l'espacement à tous les âges, sur l'équilibre biologique de la plantation et sur la quantité et la qualité du rendement total. L'étude des parcelles C.C.T. (corrélation entre l'espacement [éclaircies] et le rendement) dans certains pays a déjà donné de précieux résultats dans ce sens, mais il y a un grand besoin de perfectionner la méthodologie, et la standardisation des paramètres d'éclaircie faciliterait beaucoup l'interprétation des résultats obtenus par divers chercheurs.

12. Les effets préjudiciables des éclaircies mal conduites doivent être soigneusement pris en considération, et surtout les risques d'aggravation des maladies et infestations. Ce danger ne doit jamais être sous-estimé, surtout lorsque la diversité génétique n'est pas grande à l'intérieur de la plantation.

13. Si les taux de croissance des forêts artificielles sont tels que leur contribution peut être très importante pour faire face à la demande croissante de bois à des fins industrielles et domestiques, il ne semble pas que les techniques actuelles permettent aux forêts artificielles de satisfaire au même degré la demande de bois de grande dimension. C'est dans ce domaine qu'il faut accomplir des efforts encore plus grands.

14. La création et l'aménagement de forêts artificielles comportent également des avantages sociaux dont il faut tenir compte pour justifier le coût initial, relativement élevé. Il faut donc s'attacher davantage à évaluer quantitativement ces avantages.

Tendances et progrès des nouvelles techniques sylvicoles et d'aménagement

15. La sylviculture a toujours eu tendance à suivre deux voies divergentes. D'une part, la stricte analyse des faits par le calcul est presque devenue une science; d'autre part, les pratiques basées sur les observations biologiques qui ont pour objet de comprendre des situations complexes sont plus intuitives et ressemblent quelque peu à un art. On ne peut plus se permettre cette prodigalité idéologique. Tout le cycle de la production forestière doit être considéré aujourd'hui dans son sens le plus large, et les tendances modernes à l'utilisation multiple de la forêt doivent amener forcément l'aménagiste des forêts et le sylviculteur à ne penser qu'en termes d'écosystèmes forestiers. Néanmoins, la distinction entre «art» et «science» ne disparaîtra que si l'on comprend beaucoup mieux la biologie des écosystèmes des forêts. Tout cela demandera du temps.

16. La foresterie artificielle comme la foresterie naturelle contribuent à satisfaire la demande croissante de biens et services forestiers plus diversifiés. Les deux sont nécessaires et ne sont pas incompatibles. Pourtant, toutes deux doivent s'ajouter, spécialement dans les pays densément peuplés, pour tenir compte du souci de l'environnement qui nous donne une conscience plus aiguë de certaines règles auxquelles l'exploitation forestière devrait se conformer depuis longtemps. Les ajustements nécessaires vont de l'intensification des activités sylvicoles (émondages, éclaircies) jusqu'au remplacement - dans des conditions écologiques favorables - du système de la coupe rase par d'autres systèmes qui rendent un peu moins mais qui sont toutefois compatibles avec les exigences sylvicoles des espèces exploitées. En même temps, on doit encourager la création de ceintures vertes entretenues et aménagées dans la proximité des grands centres de population, afin qu'elles servent de lieu de repos et de promenade à ceux qui vivent enfermés dans les villes. D'autres essais, dignes d'être mentionnés, comprennent l'utilisation des éléments nutritifs contenus dans les déchets urbains, agricoles et industriels, pour la création de zones forestières proches des grands centres. Naturellement, il faut éviter que les forêts existantes ne soient submergées par ces décharges.

17. L'aménagement des ressources forestières continue d'être un problème fondamentalement technique, en dépit des répercussions passionnelles qu'il peut provoquer et des pressions politiques qui en sont la conséquence. Si les passions prévalent, la forêt est condamnée.

18. La mécanisation se répand également, aussi bien en pépinière qu'en forêt, mais il faut se plier aux conditions du terrain et prendre garde à ne pas endommager le milieu.

19. Il y a lieu de noter que le forestier dépend toujours plus des données écologiques et scientifiques, qui vont du modèle mathématique de stimulation de la croissance aux activités sylvicoles ayant pour but la capture optimale de l'énergie solaire.

20. En ce qui concerne la régénération naturelle des forêts tropicales, les résultats ont été jusqu'ici raisonnablement satisfaisants, par exemple dans les forêts luxuriantes des plaines de l'Asie du Sud-Est, mais d'autres types forestiers sont encore récalcitrants et ce problème exige beaucoup d'efforts.

21. Comme il a été dit plus haut, l'amélioration des arbres contribue à créer une plus grande disponibilité de bois meilleur à des prix plus bas. Pour que l'amélioration des arbres donne tous ses résultats, il est indispensable de conserver l'actuelle diversité génétique des espèces et de fournir aux forestiers la plus grande quantité possible de matériel génétique. Ceci leur permettra de découvrir quels sont les gènes qui s'adaptent le mieux aux stations dont ils ont la charge. Les moyens de recueillir les semences et de les distribuer ou de les commercialiser sans perdre de vue leur origine ont été étudiés aussi bien par l'OCDE que par la FAO, dans des buts commerciaux et de recherche respectivement. Leurs efforts sont dignes d'éloge mais le problème ne sera pas résolu à moins que davantage de pays n'adhèrent au plan de l'OCDE pour la certification des semences forestières faisant l'objet d'un commerce international, et à moins qu'on ne complète les autres ressources financières dont la FAO a disposé jusqu'à présent pour l'obtention de semences d'importantes essences aptes à la plantation.

22. A l'avenir, la fertilisation peut devenir une des armes principales du forestier, aussi bien dans la pépinière que sur le terrain. Cependant, elle pose des problèmes techniques aussi bien qu'économiques et financiers. Il manque encore une grande quantité de données essentielles pour optimiser son impact sur la productivité forestière, et tout effort qui se fera pour stimuler les recherches ou l'échange d'informations dans ce domaine sera hautement recommandable. Il convient spécialement de mentionner les hausses de rendement dues à de meilleures formulations.

Le présent et l'avenir des forêts de pluie tropicales

23. Plus de 60 pour cent des forêts mondiales sont tropicales, et les peuplements ombrophiles tropicaux occupent 750 millions d'hectares. Leur importance mondiale et locale du point de vue économique et social est indiscutable. Depuis longtemps, on dit que leur potentiel est énorme, mais les problèmes qu'ils posent sont encore sérieux: il s'agit de leur accessibilité, de leur hétérogénéité et de leur protection.

24. Les exportations forestières des pays en développement ont triplé au cours de ces dernières années et elles s'élèvent actuellement à près de 2 milliards de dollars. Souvent, cela semble plus que ce que peuvent fournir régulièrement les forêts tropicales car le gros de cette production provient des zones les plus riches qui occupent une part réduite de la superficie totale. Mais les forêts tropicales peuvent jouer un rôle d'extrême importance pour la conservation des sols et de l'eau, c'est-à-dire la protection de la vie même.

25. Quoique sous-utilisées en général, les forêts tropicales, si l'on ne met pas un terme à la mauvaise exploitation dont elles sont l'objet dans certaines zones, risquent d'être rapidement épuisées. Tout en reconnaissant qu'il manque encore certaines bases techniques, les principaux obstacles sont le manque de fonds et les dépenses relativement élevées qu'entraîne l'établissement d'une forêt, et les institutions financières internationales se montrent peu enclines à accueillir des demandes de financement destiné à la régénération forestière. Il faut donc étudier la possibilité de réduire la pression à laquelle sont exposées les forêts de pluie tropicales en centrant la recherche sur les modes rationnels d'utilisation et en créant des forêts artificielles dans des régions plus ouvertes, hors de la zone tropicale humide. Cela protégerait l'existence des forêts naturelles menacées et de leurs caractéristiques mésologiques, bien que les monocultures puissent faire naître des risques d'instabilité biologique.

26. La connaissance écologique de l'écosystème complexe des forêts tropicales n'est pas adéquate, la sylviculture ne s'est pas développée comme il convient et la technologie de la transformation locale des produits forestiers est déficiente. En Afrique, la production actuelle de bois est de 5 à 50 m3/ha, contre une production biologique pouvant atteindre 400 m3/ha. Néanmoins, ces faibles chiffres de production concernent des peuplements naturels, et lorsque ces forêts seront converties en forêts mixtes ou remplacées par des plantations, la production économique sera non seulement comparable à celle des écosystèmes forestiers d'autres régions du monde, mais elle atteindra les plus hauts records en très peu de temps.

27. On ne connaît pas encore assez les propriétés technologiques de nombreux bois tropicaux et, par conséquent, les marchés possibles sont rares. De ce fait, les instituts de recherche devraient poursuivre activement leurs études, en étroite collaboration avec les industriels appelés à utiliser le bois en dernière instance. Le grand potentiel énergétique des écosystèmes forestiers tropicaux ne doit pas non plus être négligé.

Les effets des pratiques sylvicoles sur l'environnement

28. Par définition, le travail du forestier, et plus spécialement celui du sylviculteur, influe sur l'environnement. Dès les débuts de cette profession, le sylviculteur s'est efforcé d'assurer l'existence des forêts sur la terre en affrontant généralement l'indifférence complète ou l'opposition des autorités et de l'opinion publique. L'indifférence a fait place maintenant au sentimentalisme et à l'enthousiasme, mais le devoir du forestier demeure, dans la plupart des cas, ce qu'il a été depuis des siècles: soigner la forêt pour qu'elle ne meure pas. Les techniques sylvicoles devront s'adapter afin d'atteindre l'objectif final le plus important, sans affecter trop l'environnement et sans que l'exercice de la foresterie devienne économiquement improductif. Il faut de la finesse, aussi bien dans les critères que dans l'exécution, et non pas des changements radicaux.

29. Même si la foresterie et l'embellissement du paysage peuvent sembler étroitement liés, il y a entre eux certaines différences considérables qu'il importe de ne pas sous-estimer. Pour contribuer dans une grande mesure à atténuer le conflit, il faudrait déterminer clairement ce qui rehausse le paysage et ce qui lui porte préjudice, et classer la terre selon un critère de paysagiste de façon que les zones sensibles - par exemple les orées de la forêt - puissent être identifiées et soumises à un traitement soigneux. Pour tranquilliser l'opinion publique et la persuader qu'une foresterie bien conçue est compatible avec l'embellissement du paysage, il serait également utile d'établir des zones témoins dans des forêts publiques et privées, facilement accessibles au grand public, où l'on fournirait des renseignements sur les activités forestières réalisées auparavant dans des parcelles de démonstration. Il convient de signaler que certaines forêts aujourd'hui très appréciées par les passionnés de la nature et par le public en général sont en réalité artificielles. La régénération naturelle n'est pas une panacée et ne saurait résoudre tous les problèmes; dans certaines conditions de dégradation accélérée, seules les espèces exotiques peuvent aider à protéger l'écosystème naturel.

30. Bon ou mauvais, le feu a toujours été le compagnon de l'homme. Une minorité toujours plus nombreuse de forestiers est disposée à considérer que le feu fait partie intégrante de l'écosystème forestier et qu'il constitue un moyen d'aménagement, Cependant, les dommages qu'il cause sont incontestables et la lutte contre le feu reste indispensable dans de nombreuses zones. Il faut espérer que dans un très proche avenir on mettra à la disposition de la FAO les fonds nécessaires pour l'établissement d'une unité chargée d'étudier la technologie de la lutte contre les incendies de forêt, conformément à la recommandation adoptée par la Conférence des Nations Unies sur l'environnement (Stockholm, 1972). En même temps, tous les organismes intéressés doivent étudier la possibilité d'établir une commission internationale chargée de la lutte contre les incendies de forêt.

31. Les ravageurs et les maladies se combinent avec les incendies pour compléter la destruction. Dans le passé, les moyens employés pour les combattre consistaient principalement dans l'attaque directe par des moyens chimiques. Aujourd'hui, il est devenu évident que ce système comporte des risques et qu'il peut parfois être dangereux pour l'écosystème. Pour être couronnée de succès, toute stratégie doit être basée sur une profonde étude préliminaire des relations entre le parasite et son milieu, lequel a généralement une certaine résistance acquise. Il semblerait que, pour l'avenir, la solution consisterait en une attaque combinée du parasite par tous les moyens (chimiques, biologiques, mécaniques), ce qui permettrait de mieux le combattre et réduirait en même temps au minimum les dommages causés à l'écosystème. Il est également nécessaire de perfectionner considérablement les moyens chimiques par la recherche afin de les rendre moins dangereux pour le milieu tout en maintenant un degré acceptable d'efficacité.

Conclusions

32. Les sylviculteurs sont responsables, en tant qu'aménagistes, d'une richesse dont le caractère indéfiniment renouvelable constitue pour l'avenir du monde une des valeurs les plus sûres. Ils ont également la charge de la protection des terrains en montagne et des bassins de réception et se trouvent sollicités d'intervenir dans l'utilisation intégrale des terres, alors qu'ils doivent continuer à faire face à une demande croissante et importante de bois et de produits forestiers. Ils se trouvent aussi confrontés avec l'homme des sociétés industrielles qui ressent pour la forêt un nouvel attrait, celui de la détente, de la récréation et de la contemplation, qui l'incite à réclamer la conservation de l'environnement naturel. Les sylviculteurs entendent bien faire face à toutes ces sollicitations et rappellent que leur compétence traditionnelle reste valable pour l'aménagement polyvalent des forêts et terrains à vocation forestière, avec l'aide de spécialistes d'autres disciplines si besoin est. Ils sont convaincus que leur métier, complété par une large formation en biologie, économie et mathématiques, constitue la meilleure sauvegarde de l'aménagement et de la protection des ressources naturelles en général, et estiment indispensable leur participation dans des équipes pluridisciplinaires chargées de l'exploitation rationnelle des ressources renouvelables et de la conservation de l'environnement. Les sylviculteurs font confiance aux gouvernements pour qu'ils tiennent compte de cette prise de position unanime et qu'ils leur donnent des responsabilités correspondantes dans la haute direction de l'aménagement du territoire et dans les mesures d'exécution. Entre-temps, tous les forestiers devraient intensifier leurs efforts pour utiliser pleinement les moyens dont ils disposent déjà dans le cadre des responsabilités qui leur sont dévolues.

Recommandations

33. Le boisement des zones arides pose un problème persistant aux forestiers, tant dans l'hémisphère nord que dans l'hémisphère sud. La pression de la population dans les pays arides est forte et la détérioration des écosystèmes naturels avance avec rapidité. Comme les pratiques d'aménagement forestier et les techniques de boisement sont particulièrement difficiles à élaborer et à appliquer d'une manière correcte, les organismes internationaux doivent accorder plus d'attention à l'investigation dans ce domaine et davantage d'appui financier. La FAO OU autre organisation internationale intéressée devra convoquer sans délai une réunion mondiale sur la foresterie des zones arides, y compris l'étude des problèmes concernant les plantations irriguées et la sylviculture des forêts naturelles.

34. Etant donné la perte de temps et la dispersion des efforts qu'entraîne la pratique non orthodoxe des essais d'espèces et de provenances, l'IUFRO devra prêter une attention particulière à ce problème et établir des normes afin d'uniformiser la réalisation de ces expériences. Il en est de même pour l'unification des paramètres d'éclaircie.

35. Les institutions de recherche forestière nationales et internationales doivent bien comprendre qu'il faut réunir les connaissances de base nécessaires pour que les forêts artificielles puissent contribuer à l'avenir à satisfaire la demande de bois de grande dimension, ainsi qu'elles le font déjà très largement en ce qui concerne le bois d'œuvre et le bois rond à usage domestique.

36. Les institutions de recherche et autres organismes compétents doivent accomplir l'effort nécessaire pour que les avantages sociaux des forêts artificielles puissent être quantifiés avec plus de précision.

37. Il faut intensifier considérablement la recherche pour acquérir une meilleure compréhension des problèmes concernant la régénération naturelle des forêts tropicales. Une réunion mondiale devrait examiner en profondeur les sérieux et multiples problèmes de l'utilisation des forêts tropicales, et la FAO doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour organiser cette réunion dans l'avenir le plus proche.

38. Les progrès récents dans l'identification et le contrôle d'origine des semences forestières se sont traduits par l'établissement de plans d'homologation et de contrôle des semences, notamment celui de l'OCDE. On recommande que les pays, y compris les pays extra-européens, étudient la possibilité d'adhérer à ce plan car cela augmenterait la valeur des semences qui font l'objet d'un commerce international et sont utilisées pour le boisement, et améliorerait ainsi la productivité des forêts artificielles.

39. La sélection des espèces prometteuses et, ensuite, des provenances les mieux adaptées, constitue une condition indispensable pour l'exécution d'un programme rationnel de boisement. On recommande que le PNUD examine soigneusement la demande concernant le projet mondial sur l'exploration, la récolte, l'évaluation et la conservation des ressources génétiques forestières.

40. Il faut vaincre la réticence des organisations financières internationales à prendre en considération les demandes concernant la régénération forestière.

41. Les instituts de recherche doivent œuvrer, en étroite collaboration avec les industries utilisatrices du bois, afin d'améliorer la connaissance des propriétés technologiques des bois tropicaux et élargir ainsi les possibilités de commercialisation.

42. Lorsque les écosystèmes naturels sont l'objet d'une érosion accélérée, les contre-mesures ne peuvent contribuer à être passives et doivent se faire dynamiques, recourant même aux espèces exotiques si cela est nécessaire. En termes plus généraux, il faut adopter une politique de boisement bien définie, non seulement aux fins de la production forestière, mais également pour transmettre aux futures générations le milieu convenant aux besoins de l'homme.

43. Le feu ne connaît pas de frontières et étend ses ravages sans faire de distinctions géographiques. La lutte contre le feu est souvent une affaire internationale. Il faut octroyer à la FAO les subsides nécessaires pour que soit rapidement établie une section chargée de la technologie de la lutte contre les incendies de forêt, et il conviendrait de créer, de concert avec tous les organismes intéressés, une commission de lutte contre les incendies de forêt.


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