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PROPOSITIONS POUR UN PROGRAMME MONDIAL DESTINE A ASSURER UNE MEILLEURE UTILISATION DES RESSOURCES GENETIQUES FORESTIERES

RESUME

Le document expose dans ses grandes lignes le rôle des ressources génétiques forestières dans le développement des forêts dans le monde, souligne l'importance que peut avoir la coordination et le financement à l'échelle internationale, et passe en revue les progrès réalisés. Il illustre les corrélations entre les diverses opérations sur le terrain : exploration, collecte, évaluation, conservation et utilisation, ainsi que l'importance que revêt chacune de ces opérations dans un programme équilibré. Le document contient une proposition d'un programme mondial ayant pour but d'assurer une meilleure utilisation des ressources génétiques forestières, avec une estimation des fonds nécessaires pour couvrir le programme quinquennal 1975–1979. Les propositions contenues dans le document couvrent toutes les opérations mentionnées ci-devant, de même que les services connexes nécessaires à ces opérations : diffusion des informations, formation, recherche, coordination, certification des semences, et offrent également des suggestions sur les sources potentielles de financement.

SIGLES

AGPEGroupe de l'écologie des cultures et des ressources génétiques (Division de la production végétale et de la protection des plantes, FAO)
CCMFRComité pour la coordination de la recherche forestière méditerranéenne
CFIInstitut forestier du Commonwealth (Oxford)
GCRAIGroupe consultatif de la recherche agricole internationale
CTFTCentre technique forestier tropical (France)
DANIDAOrganisme danois pour le développement international
CEECommunauté économique européenne
FAOOrganisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture
FDFRDépartement fédéral de la recherche forestière (Nigéria)
IRGFInformation sur les ressources génétiques forestières
FRIInstitut de recherches forestières (Canberra)
IBDFInstitut brésilien pour le développement forestier
IBPGRComité international pour les ressources génétiques forestières
IBRDBanque internationale pour la reconstruction et le développement
INIFInstitut national de recherches forestières (Mexique)
ISSInstitut de sylviculture expérimentale (Florence)
UICNUnion internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources
IUFROUnion internationale des instituts de recherches forestières
MABl'homme et la biosphère (Programme de l'Unesco)
OCDEOrganisation de coopération et de développement économiques
TACComité technique consultatif
PNUDProgramme des Nations Unies pour le développement
PNUEProgramme des Nations Unies pour l'environnement
UNESCOOrganisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture.

I. INTRODUCTION

1. Les bases de ces propositions sont contenues dans la note du secrétariat de la FAO intitulée “Proposals for an International Programme for Improved Use of Forest Genetic Resources” (FO: FGR/3/4) (Propositions pour un programme mondial destiné à assurer une meilleure utilisation des ressources génétiques forestières) présentée à la troisième session du Groupe FAO d'experts des ressources génétiques forestières (Rome, mai 1974). Le Groupe a approuvé ces propositions quant au fond, mais il a suggéré que le texte soit en quelque sorte condensé et révisé. Il a accepté les chiffres du coût des opérations qu'il considère être une estimation réaliste des ressources financières nécessaires pour la mise en oeuvre du Programme; il a cependant fait remarquer que certains chiffres détaillant les contributions par pays ne doivent être considérés qu'à titre indicatif. Le Groupe a également fait observer qu'il n'a été tenu compte d'aucune marge pour couvrir l'inflation. Il a recommandé que le document fasse l'objet d'une révision après réceptions des estimations révisées des divers pays.

2. Le document actuel a été révisé à la lumière des observations formulées par le Groupe et des derniers renseignements disponibles, mais les contributions de certains pays ne sont toujours données qu'à titre indicatif. Une marge de 15 pour cent par an a été incorporée au financement pour couvrir l'inflation. Les propositions couvrent le quinquennium 1975–1979, mais elles doivent être considérées comme une première étape seulement d'un programme à long terme qui devra être poursuivi et étendu sur plusieurs dizaines d'années. Elles ne concernent que les aspects internationaux du problème et ne font aucune part aux initiatives exclusivement nationales, telles que la collecte et le transfert de matériels de reproduction à l'intérieur d'un même pays.

3. Le programme présenté est considéré comme facile à mettre en oeuvre du point de vue pratique et on y trouve un équilibre raisonnable entre les diverses opérations qu'il comporte. Il est aussi d'une flexibilité considérable. Par exemple, une réduction des fonds disponibles pendant une période déterminée lors d'une tournée d'exploration/collecte se traduirait par une réduction du nombre total des espèces, sans que soit affectée la valeur des travaux en ce qui concerne les espèces effectivement récoltées, tandis qu'une augmentation des fonds permettrait de faire avancer plus rapidement les travaux sur les espèces des classes de priorité 2 et 3. Dans un autre domaine, celui de la conservation, l'affectation d'une parcelle unique de 10 ha dans une station (coût évalué en 1975 à 400 $), pour la conservation et la sélection ex situ, est considérée comme une opération valable et viable, indépendamment de l'installation ou non d'autres provenances ou d'autres espèces en même temps.

4. Pour le proche avenir, on attache la plus grande importance à l'installation d'un certain nombre de prototypes de peuplements pour la conservation/sélection ex situ, à la poursuite et au renforcement des moyens déployés pour l'exploration et la collecte, ainsi qu'à la mise en oeuvre de projets réalisables en vue de rechercher les meilleurs moyens de conserver in situ les systèmes écologiques.

II. GENERALITES

5. Un des traits frappants de la scène sylvicole mondiale est l'augmentation constante de l'importance qu'on accorde aux plantations forestières établies par les hommes, en particulier d'essences exotiques. En 1965, la superficie totale des forêts plantées par les hommes dans le monde était estimée à 80 millions d'hectares environ; elle était supposée doubler en 20 ans (FAO, 1967). Un accroissement des plantations forestières de cet ordre est le résultat de la demande croissante de bois à un moment où des régions forestières sont affectées à des exploitations agricoles et à d'autres usages. Il y a, par conséquent, un réel besoin d'accroître les plantations pour la production de bois dans l'aire forestière réduite qui reste disponible. Quelques-unes peuvent être établies dans les forêts naturelles, mais leur rentabilité notamment dans les tropiques, est d'ordinaire assez faible. En combinant le choix d'espèces et de provenances à croissance rapide et adaptées aux conditions locales, avec une juste évaluation de la station et une gestion intensive, le forestier peut obtenir, à partir des plantations à croissance rapide, une production pouvant aller jusqu'à dix fois celle de la forêt naturelle.

6. La plantation d'arbres peut avoir d'autres objectifs que la production de bois. Les techniques modernes de l'architecture paysagiste forestière et l'emploi judicieux d'espèces diverses offrent des possibilités de combiner rendement et agrément en sylviculture, tandis que, dans certaines régions, le caractère d'élément de protection que revêtent les plantations - rideaux protecteurs contre le vent, protecteurs de bassins versants - l'emporte sur le rendement. Dans de bonnes conditions, la méthode de valorisation du sol par plantation d'arbres permet au forestier d'accroître la valeur d'une forêt naturelle tout en évitant que le sol ne soit exposé à un ensoleillement excessif ou assujetti à un tassement mécanique trop fort. Là où elle est utilisée, la régénération artificielle offre une occasion de contrôler la source des semences et influe, par conséquent, sur la qualité génétique de la récolte à venir, occasion très rarement mise à profit cependant.

7. Les différentes phases ou opérations reconnues ordinairement comme constituant les étapes essentielles pour l'utilisation à fond des ressources génétiques existantes sont :

  1. la prospection
  2. la collecte (de semences ou de matériels de reproduction)
  3. l'évaluation
  4. la conservation
  5. l'exploitation.

Ce sont des opérations qu'on applique communément, qu'il s'agisse de production agricole ou forestière, mais l'importance accordée à chacune d'elles varie considérablement d'une espèce à l'autre. Contrairement à ce qui se passe dans le domaine de l'élevage ou de l'agronomie, on s'intéresse avant tout, pour le boisement, aux espèces “sauvages”. Ainsi, la prospection, suivie de l'identification et de l'exploitation de la source de semences la plus productive d'une espèce donnée, constitue la première étape indispensable de l'ensemble des opérations concernant la domestication et l'amélioration des arbres. En même temps, toutes les phases préliminaires sont axées sur l'exploitation comme objectif final.

Essences exotiques

8. Dans un grand nombre de pays, les essences exotiques occupent une place importante dans les plantations forestières. Pinus radiata en Nouvelle-Zélande, en Australie et au Chili, Pinus patula en Afrique, Pinus elliottii en Amérique du Sud, en Australie et en Afrique, Picea sitchensis en Europe, et les espèces d'Eucalyptus dans de nombreux pays tropicaux et sub-tropicaux ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres. Ces essences sont exotiques non seulement au sens écologique du terme, à savoir qu'elles ne poussaient pas naturellement dans les stations où elles ont été introduites, mais aussi du point de vue national, c'est-à-dire qu'on a dû se procurer en pays étrangers les semences qui ont servi à leur introduction initiale.

9. La plupart des introductions d'essences exotiques dans le passé ne représentaient qu'une fraction mineure de l'ensemble des variétés génétiques existant dans l'aire naturelle de l'espèce. C'est surtout la disponibilité en semences qui déterminait le choix de la source plutôt que la faculté d'adaptation des semences à leur nouvel habitat. Dans de nombreux pays, non seulement il était impossible de déterminer les provenances qui convenaient le mieux à des plantations de grande envergure, mais l'approvisionnement en semences était trop aléatoire dans le passé, même pour les espèces les plus importantes, pour permettre d'effectuer sur place des essais comparatifs sur la gamme de provenances estimées utiles. Dans certains cas, on doute de l'existence même de provenances pouvant avoir une valeur potentielle.

Aspects internationaux

10. Le transfert de semences d'arbres (ou de tout autre matériel de reproduction) d'un pays à un autre, que ce soit dans le but d'effectuer des tests à l'échelle réduite dans des essais de provenances, ou pour des distributions massives destinées à des plantations à grande échelle, introduit un élément d'internationalité dans l'approvisionnement en semences, élément qui se retrouve chaque fois qu'une espèce se rencontre naturellement dans un certain nombre de pays-sources et fait l'objet de demandes d'introduction par d'autres pays. On peut se faire une idée de la portée de cet élément d'internationalité en consultant le résumé des activités récentes contenu dans l'Annexe l du présent bulletin.

11. Comme l'ont indiqué Kemp et al. (1972), certaines espèces sont devenues plus importantes dans les pays où elles ont été introduites que dans leur pays d'origine. Il arrive très fréquemment que les fonds et le personnel fassent défaut pour permettre la prospection et la collecte, tant dans les pays représentant la source des semences que dans ceux où elles ont été introduites. Cette situation se rencontre particulièrement dans les pays tropicaux ou sub-tropicaux en voie de développement qui ont besoin d'amorcer le plus rapidement possible de vastes projets de boisement. Ce n'est qu'à la faveur d'une intervention internationale coordonnée permettant de reconnaître les sources de semences les mieux appropriées que de tels projets peuvent être efficacement menés à bien.

12. Une autre cause d'urgence est le danger de perdre des populations entières par suite de la pression actuelle visant à utiliser des terres portant des peuplements naturels pour d'autres exploitations (Kemp et al. 1972). Bien que le risque d'extinction de toute une espèce de grande importance forestière soit faible, il existe un réel danger de voir certaines populations disparaître au cours de la décennie. Les populations situées à la limite de l'aire de répartition de l'espèce ou dans des parcelles isolées sont particulièrement vulnérables, alors qu'elles peuvent faire l'objet de très fréquentes productions de gènes, par exemple des gènes résistant à la sécheresse qui seraient d'un certain intérêt pour des stations marginales dans les pays d'introduction.

13. Des introductions du genre de celles décrites ci-dessus ont pour but la sélection de sources considérées comme “supérieures” en fonction d'un but bien déterminé ou pour être cultivées dans des stations d'une nature particulière. A long terme, la situation nécessite davantage de souplesse dans les opérations. Le sylviculteur ne peut pas prévoir avec certitude le genre d'arbres qu'il conviendra de planter dans une cinquantaine d'années. Aussi, doit-il réserver ses options, tout en recherchant et en conservant, non seulement un assortiment limité de ressources génétiques qu'il considère supérieures, pour des objectifs à court terme, mais également la variation la plus étendue de ressources susceptibles d'être utilisées aux fins de satisfaire des besoins actuellement imprévisibles. Ceux qui se préoccupent de l'amélioration des arbres ont de la chance en ce sens que beaucoup d'essences sur lesquelles ils travaillent sont essentiellement “sauveges”, hétérozygotes, et résultent de croisements entre sujets non étroitement apparentés. La stratégie à long terme se doit donc de conserver le plus possible de cette diversité génétique; cela, bien entendu, en plus de l'amélioration du matériel génétique limité destiné à des objectifs spéciaux.

14. La prospection et la collecte qui ont fait récemment l'objet de beaucoup de recommandations, sont des opérations qui méritent bien un soutien international et le nécessitent. Cela dit, on sait maintenant que les autres opérations indispensables au développement intégré des espèces forestières - évaluation, conservation et exploitation - exigeront à l'avenir que l'on s'en occupe de plus en plus.

15. Le progrès dans le développement des ressources génétiques améliorées continuera à dépendre largement des efforts que consentiront les différents pays ou les instituts de recherche, mais ces efforts ne seront pleinement efficaces que dans un cadre international. Les mesures mises en oeuvre jusqu'ici n'ont eu que des résultats bien en deçà des besoins. Les propositions présentement formulées ne sont qu'une tentative d'ébauche d'un programme réaliste pour l'avenir et d'une évaluation des ressources qu'il faut pour le mettre en oeuvre. On doit bien tenir compte que cela ne couvre que les aspects internationaux du problème, qui ne représentent que bien peu en comparaison avec l'ensemble des efforts déployés sur le plan national par les divers pays pour l'amélioration des arbres, mais c'est une question vitale.

III. ACTIVITES ANTERIEURES

III. A. COORDINATION INTERNATIONALE

Groupe consultatif de la recherche agricole international (GCRAI)
Groupe international des ressources génétiques végétales (GIRGV)

16. Le GCRAI a pour objectif principal la mobilisation de l'aide financière à long terme susceptible d'être trouvée auprès des organismes internationaux, des gouvernements et des sources privées pour combler le manque de fonds nécessaires à la recherche agricole dans les pays en voie de développement. Ce Groupe a été institué en janvier 1971 sous les auspices communs de la BIRD, la FAO et le PNUD. Le GIRGV, un des groupes subsidiaires du GCRAI, a été créé en février 1974 pour assurer la coordination des activités internationales dans le domaine des ressources génétiques forestières, et recommander des projets au GCRAI aux fins de financement. En 1974, la première année (partielle) de son activité, les dépenses du GIRGV étaient de 40 000 dollars des Etats-Unis. Les dépenses prévues pour 1975 sont de l'ordre de 0,6 millions de dollars et les estimations budgétaires pour 1976 s'élèvent à 1,3 million de dollars. Le GIRGV compte parmi ses membres un technicien forestier (M. P. Bouvarel, France).

Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO)

17. Bien que la Division des forêts et des industries forestières d'alors ait commencé depuis déjà un an ou deux à contribuer au financement des prospections et des collectes, il y a lieu de considérer la Conférence technique FAO/FBI sur la prospection, l'exploitation et la conservation du patrimoine héréditaire des végétaux (Rome, septembre 1967) comme le point de départ de l'activité récente de la FAO dans le domaine des ressources génétiques forestières. Les forestiers ont apporté une contribution importante tant à la conférence qu'à l'ouvrage paru par la suite “Genetic Resources in Plants, their Exploration et Conservation” (Ressources génétiques végétales du monde, leur prospection et leur conservation) (Frankel et Bennett, 1970). La Conférence a eu le mérite d'attirer l'attention sur l'urgence qu'il y avait à prendre une initiative au sujet des ressources génétiques et à identifier les diverses opérations ou phases dont on devrait s'occuper. Elle a abouti, d'une part, à la formation de deux groupes d'experts, l'un pour les ressources génétiques forestières et l'autre pour la prospection et l'introduction et, d'autre part, à l'octroi d'une modeste augmentation des fonds du programme courant de la FAO afin de financer ces nouvelles activités.

18. Le Groupe d'experts des ressources génétiques forestières s'est réuni en 1968, 1971 et 1974. Il a, au cours de sa première session (FAO, 1969) :

  1. décidé de concentrer l'emploi des fonds, tout modestes qu'ils fussent, dont la FAO pouvait disposer, sur les opérations de prospection et de collecte;

  2. décidé d'utiliser ces fonds pour aider les instituts travaillant déjà activement et de façon compétente dans ces domaines, plutôt que d'essayer de mettre sur pied un nouvel organisme de novo;

  3. dressé une liste des espèces par région, réparties en trois classes de priorité;

  4. établi un programme d'action assorti d'un calendrier des expéditions de prospection et de collecte à effectuer pendant la décennie courante;

  5. proposé qu'une somme de 140 000 dollars des Etats-Unis par exercice biennal, avec effet à partir de 1970/71, soit considérée comme le minimum nécessaire pour la mise en oeuvre de ce programme d'action.

La deuxième session du Groupe a confirmé et mis à jour ledit programme d'action (FAO, 1972).

19. Les sommes qui ont été effectivement allouées pour les prospections et les collectes en vertu du programme courant de la FAO, de 1966 à 1975, figurent à l'Annexe 2. On remarque aisément que les allocations récentes sont de loin inférieures à celles que le Groupe avait recommandées.

20. A sa troisième session, le Groupe a souscrit aux propositions concernant un Programme mondial très élargi pour les ressources génétiques forestières, dont on trouvera la description dans la Section IV (FAO, 1974 b).

21. Une nouvelle contribution récente en vertu du Programme courant de la FAO est la publication du bulletin “Information sur les ressources génétiques forestières”, organe de diffusion en trois langues, à large audience, des renseignements concernant les diverses activités dans le domaine des ressources génétiques forestières (FAO, 1973 a, 1973 b, 1974 a). On trouvera au paragraphe 28 une description de la contribution du personnel de la FAO travaillant sur des projets de terrain au titre du Programme des Nations Unies pour le développement.

Programme biologique international (PBI)

22. Le Programme biologique international a prêté son concours à la Conférence technique mixte FAO/PBI de 1967. Il a également assumé la charge de la préparation du manuel No 11 intitulé “Ressources génétiques végétales : leur prospection et leur conservation”, édité par O.H. Frankel et E. Bennett (1970). En plus de sa contribution toute spéciale dans le domaine des ressources génétiques végétales, le PBI s'est intéressé, par l'intermédiaire de sa section CT (Conservation des communautés terrestres) à la conservation, en général. Le but des opérations de cette section était “l'établissement de la base scientifique nécessaire à l'élaboration d'un programme mondial complet destiné à protéger les zones d'importance biologique ou physiographique pour les scientifiques de demain”. Une partie importante de ce travail a été le recensement PBI/CT des zones faisant déjà l'objet de mesures de conservation ou considérées comme méritant d'être conservées. Toutefois, le travail en question ne visait directement que la conservation de types de végétation ou de systèmes écologiques, et non pas spécifiquement les banques de matériel génétique de diverses espèces végétales.

Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN)

23. L'UICN a publié le volume 5 sur les angiospermes dans sa série de livres à feuilles volantes (Data books) sur les espèces rares et menacées (UICN 1970/71). A la date de septembre 1971, ce volume citait 12 espèces classées comme arbres de grande taille (15 m ou plus de hauteur) et 29 espèces classées comme petits arbres (moins de 15 m ou plus de hauteur). En dehors de ses travaux sur les espèces menacées, l'UICN joue un rôle important dans le domaine de la conservation écologique en général : elle est chargée de la compilation des listes de parcs nationaux, de réserves naturelles, etc. et élabore des critères pour en évaluer la nature et pour les classifier. Elle a depuis peu, dans son sein, un nouveau comité sur les plantes menacées qu'elle a créé en vue d'intensifier l'activité en matière de conservation.

Union internationale des instituts de recherches forestières (IUFRO)

24. L'IUFRO a axé ses efforts principalement sur la recherche en matière d'évaluation (essais de provenances). Elle s'est chargée de l'organisation des premiers essais de provenances internationaux en 1907 et d'autres essais qui comprenaient des répétitions et des dispositions choisies au hasard, en 1938 et 1944. Une liste compilée par l'IUFRO en 1969 signalait l'existence d'essais de provenances internationaux couvrant 22 espèces; le nombre de pays ayant participé à ces essais variait entre 2 et 17 pour une espèce. Il y a lien de noter, toutefois, que jusqu'au milieu des années 60, les essais de provenances de l'IUFRO se bornaient presque entièrement aux espèces des régions tempérées. Ce n'est qu'au cours des dix dernières années que l'attention a été portée sur les espèces tropicales et sub-tropicales qui sont censées devoir donner des résultats beaucoup plus rapidement.

25. Depuis les années 60, l'IUFRO s'est beaucoup préoccupée des problèmes de prospection et d'obtention de semences, deux opérations indispensables pour mener à bien les essais de provenances. Depuis le début de son activité en 1966, le Groupe de travail sur l'obtention de semences est parvenu à d'excellents résultats dans la collecte de semences de résineux importants de l'Amérique du Nord, comme le sapin Douglas, l'épicéa de Sitka et le pin lodgepole. Des semences de ces essences ont été largement distribuées dans les zones tempérées. Suivant la nature de leur répartition géographique, les pays qui ont bénéficié de cette opération comprenaient plus de pays développés que de pays en voie de développement.

26. A la suite de la récente réorganisation de l'IUFRO, un groupe spécial a été constitué au sein de la Division 2 pour les sujets suivants : espèces, provenances et ressources génétiques. Ce groupe comprend une équipe qui s'occupe spécialement de la conservation des ressources génétiques forestières.

Organisation de coopération et de développement économique (OCDE)

27. Des propositions concernant “le système de l'OCDE pour le contrôle des matériels forestiers de reproduction destinés au commerce international” font l'objet de discussions depuis plusieurs années. La dernière version de ces propositions constitue une série de directives utiles concernant la certification des semences et d'autres sujets connexes; mais il y a peu de pays, même parmi les Etats Membres de l'OCDE, qui ont déjà donné suite à ces directives.

Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)

28. L'administration du PNUD a exprimé son soutien à la Conférence technique FAO/FBI, 1967, sur les ressources génétiques végétales. De par leur large distribution à travers les pays en voie de développement, les projets PNUD sont particulièrement bien placés en ce qui concerne l'aide pour l'obtention de semences à l'échelon international. La collecte de provenances d'Araucaria angustifolia effectuée au Brésil est un bon exemple d'une recente contribution apportée par un projet PNUD exécuté par la FAO. Ce travail a été effectué par du personnel FAO et sa contrepartie brésilienne, et subventionné par la FAO au titre de son programme courant.

29. Conformément aux recommandations du 15ème Congrès de l'IUFRO et du 7ème Congrès mondial de la foresterie, des propositions pour un projet mondial de recherche PNUD en matière de ressources génétiques forestières ont été soumises par la FAO en 1972, mais le PNUD a décidé qu'un programme englobant les ressources génétiques forestières et les ressources génétiques végétales aurait davantage la faveur du GIRGV pour un financement éventuel par le Groupe consultatif et d'autres organisations (voir para. 16).

Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE)

30. Le PNUE a déjà manifesté son intérêt en matière de ressources génétiques forestières en consentant à financer en 1974 un projet à court terme intitulé “Méthodologie de la conservation des ressources génétiques forestières”. Un travail complémentaire à ce projet, sous forme de demande d'un projet d'une durée de deux ans, intitulé “Conservation des ressources génétiques forestières” a été soumis au PNUE aux fins de financement. Le domaine primordial auquel s'intéresse le PNUE est celui de la conservation génétique.

Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO)

31. L'UNESCO a récemment inclus le projet 8 dans son programme sur l'homme et la biosphère (MAB). Le projet MAB 8 est intitulé “La conservation des zones naturelles et du matériel génétique qu'elles contiennent”. Il y a lieu de noter que ce projet peut constituer l'idée directrice dans la conservation des ressources génétiques forestières in situ, mais il ne traite pas de la conservation ex situ. Une section du rapport sur une récente réunion tenue en vertu de ce projet était consacrée à la “Conservation de la diversité génétique” (UNESCO, 1973).

Assistance bilatérale aux entreprises internationales

32. Il y a eu, au cours des cinq dernières années, des contributions considérables faites sous forme d'aide bilatérale aux travaux de prospection et de collection des ressources génétiques forestières. Les gouvernements du Danemark, de la France et du Royaume-Uni ont des programmes bien intégrés dans ce domaine, tandis que d'autres gouvernements apportent une contribution indirecte du fait de l'exécution de certains travaux par des personnels dont les salaires sont entièrement payés par eux (par exemple, l'Australie, le Mexique). Il n'est pas facile de faire une évaluation monétaire exacte de ces contributions, mais on peut dire qu'elles coûtent certainement plus de 80 000 dollars par an, ce qui représente trois à quatre fois la contribution annuelle moyenne de la FAO aux travaux de prospection et de collecte de semences. Il y a lieu de souligner en même temps qu'il n'y a actuellement, parmi les pays donneurs, que quelques-uns qui soient directement engagés dans ce genre d'activités si nécessaires.

III. B. AVANCEMENT RECENT DANS LES OPERATIONS SUR LE TERRAIN

33. On trouvera à la section IV. A. des notes succinctes sur les besoins et les incidences des diverses opérations sur le terrain. La section qui suit se borne aux activités récentes dans ce domaine.

Prospection/collecte

34. Ainsi qu'il a été mentionné ci-dessus (para.18), le Groupe d'experts des ressources génétiques forestières a décidé, à sa première session en 1968, que les fonds limités qui seraient mis à la disposition de la FAO seraient entièrement consacrés à la prospection et à la collecte de semences. En prenant cette décision, le Groupe d'experts a fondé son postulat sur l'idée que l'on pourra, lorsque la prospection aura parfait nos connaissances sur la variation naturelle et sur les populations menacées et lorsqu'on aura pu évaluer comparativement les performances des espèces dans de nouveaux environnements, établir une plantification des mesures nécessaires en matière de conservation et d'exploitation sur une base solide.

35. On trouvera à l'Annexe l un résumé des collectes les plus importantes effectuées récemment, et des détails plus complets dans le rapport de la troisième session du Groupe (FAO 1974 b). Bien qu'il n'ait pas été possible d'achever complètement le programme d'action prévu, la politique qui consiste à axer l'emploi des fonds sur la prospection et la collecte d'un nombre restreint d'essences importantes a abouti à de sérieuses réalisations. Il est important de noter que dans les essais de provenances de Tectona, un certain nombre de sources de semences provenant d'espèces introduites ont été utilisées. On s'attend à ce que les plantations d'essences exotiques acquièrent rapidement de plus en plus d'importance, de même que l'on pourra avoir de plus en plus facilement accès à des sources de semences localement adaptées (“land-races”). Parmi les travaux récents sur Eucalyptus camaldulensis, figure une nouvelle collecte de provenances, telles que Petford et Lake Albacutya qui avaient manifesté une supériorité évidente dans certaines stations au cours d'essais précédents.

36. Pour un petit nombre d'espèces, la phase initiale de prospection et de collecte en vue d'une évaluation future est déjà achevée. On peut dorénavant se pencher davantage sur la conservation et sur les travaux de sélection et d'amélioration en ce qui concerne ces essences.

Evaluation

37. Une grande partie des collections cataloguées dans l'Annexe l ont déjà été distribuées aux pays intéressés pour être essayées. Dans un grand nombre de cas, les instituts chargés de la distribution de semences pour les essais de provenances ont recommandé aux pays coopérants l'emploi de certaines méthodes (Lacaze 1970, Burley et Turnbull 1970, Keiding 1972). La responsabilité de la conduite des essais, ainsi que leur financement incombent aux pays dans lesquels ils sont effectués.

38. La plupart des essais de provenances effectués à la suite de collectes récentes de semences sont encore de trop fraîche date pour qu'on puisse en tirer d'utiles renseignements. Une exception remarquable à cela est la série d'essais dont la coordination était assurée par le Comité FAO de recherches forestières méditerranéennes; il s'agissait d'Eucalyptus camaldulensis, essence à croissance rapide, dont les semences avaient été récoltées en 1965. Ces essais ont démontré qu'il n'y avait pas seulement des différences notables dans la performance des diverses provenances de cette espèce, mais qu'il se produisait une action réciproque certaine entre la provenance et le genre de station écologique, ce qui confirme que la recherche en matière de provenance revêt autant d'importance pour les essences tropicales que pour celles des climats tempérés.

Conservation

39. Aucune allocation de fonds pour la conservation n'était prévue dans le programme d'action de la FAO, et il y a peu d'activité à signaler dans ce domaine. A l'IUFRO, le Groupe de travail récemment constitué pour la conservation des ressources génétiques forestières a déjà achevé la préparation d'un certain nombre de fiches de renseignements sur des essences forestières rares ou menacées d'extinction; on possède ainsi une documentation de base, indispensable pour les travaux en matière de conservation et qui permettra de rendre celle-ci efficace. D'autre part, l'UICN a continué à enrichir le No 5 de sa série de livres rouges (Red Data Book No. 5) de nouvelles fiches.

Exploitation

40. Aucune allocation de fonds pour l'exploitation n'était prévue dans le programme d'action de la FAO, et il y a peu d'activité à signaler dans ce domaine à l'échelon international. Toutefois, un certain nombre de pays ont pris de meilleures dispositions pour la fourniture de semences en grosses quantités, et ont sensiblement avancé dans leur programme national de sélection et d'amélioration des arbres.

41. Une proposition détaillée concernant l'échange, à l'échelon international, de matériel amélioré provenant de vergers à graines d'une essence importante, Pinus caribaea, a été récemment publiée (Nikles 1973); autrefois, l'échange entre pays se faisait sur une base ad hoc.

III. C. AVANCEMENT DANS LES ACTIVITES AUXILIAIRES

Renseignements

42. A sa deuxième session, en 1971, le Groupe FAO d'experts des ressources génétiques forestières a noté que les travaux couronnés de succès dans le domaine de la prospection et de la collecte n'ont pas pu porter tous leurs fruits parce que les renseignements concernant les résultats et les projets n'ont pas atteint en temps utile ceux à qui ils auraient pu servir. Il a, par conséquent, invité le Département des forêts de la FAO à publier une lettre d'information périodique. Avec le présent numéro, il y aura eu, à cette date, quatre bulletins “Information sur les ressources génétiques forestières” parus. L'intention est de publier les renseignements au moment où ils sont obtenus, sans chercher à réaliser un nombre déterminé de publications par an.

Enregistrement et récupération des données.

43. A sa deuxième session, le Groupe FAO d'experts des ressources génétiques forestières a considéré qu'il était prématuré de chercher à établir un système normalisé d'enregistrement des données pour les ressources génétiques forestières tant que les méthodes applicables aux données agricoles ou forestières en général n'auront pas été définies plus clairement.

44. La masse de données actuellement recueillies des essais de provenances et d'autres expériences génétiques que l'on met sur pied tous les ans, nécessite bien plus qu'auparavant l'élaboration de systèmes d'enregistrement sur ordinateur des données sur une base internationale. Les réalisations récentes susceptibles de stimuler un progrès plus rapide dans l'avenir sont : a) le renforcement du Groupe FAO de l'écologie des cultures et des ressources génétiques forestières, en particulier en ce qui concerne le système TAXIR pour les renseignements dans le domaine végétal et leur récupération; b) l'élaboration, au Commonwealth Forestry Institute (CFI) de propositions relatives aux INTFORPROV - banques de données établies sur ordinateur pour les essais internationaux de provenances tropicales (Burley, Andrew et Templeman 1973).

Formation professionnelle

45. Des cours de formation professionnelle en matière d'amélioration des arbres ont été organisés à Raleigh, Caroline du Nord, Etats-Unis (financés par le PNUD) en 1969, à Sopron, Hongrie (financés par le PNUD) en 1971, et à Limuru, Kenya (financés par le DANIDA) en 1973. En outre, des cours de formation en matière de collecte de semences forestières et de manutention (financés par DANIDA) ont été organisés à Chiang Mai, Thaïlande, en 1975. Il y a lieu de signaler, dans un domaine connexe, que le Département de la botanique de l'Université de Birmingham, Angleterre, offre actuellement un cours d'une durée d'un an en matière de conservation et d'exploitation des ressources génétiques forestières aboutissant à la maîtrise (M. Sc.).

IV. PROGRAMME MONDIAL POUR LES RESSOURCES GENETIQUES FORESTIERES

IV. A. NOTES SUR LE PROGRAMME

Ordonnance des travaux

46. En établissant le Programme quinquennal d'action qui figure à la section IV. B. (pages 20 – 59), on a suivi l'ordre indiqué ci-dessous:

  1. Spécifier les essences et les opérations sur le terrain qui nécessitent des mesures à prendre au cours des deux prochaines décennies.

  2. Attribuer les priorités relatives aux diverses combinaisons essences/opérations sur le terrain, lorsque cela est possible. Voir le tableau 6.

  3. Incorporer les combinaisons de haute priorité essences/opérations sur le terrain dans le programme quinquennal d'action (1975–1979).

  4. Inclure dans le programme les activités d'ordre général (formation, renseignements, etc.).

  5. Faire une estimation du coût de chaque projet séparément.

  6. Identifier les instituts capables d'assumer la responsabilité opérationnelle pour les différents projets.

  7. Identifier les projets susceptibles d'être financés en vertu de programmes existants ou mis en route.

  8. Suggérer des sources de financement susceptibles d'être sollicitées pour la mise en oeuvre de projets non couverts par des programmes existants ou en fonctionnement.

Essences

47. Une liste à jour des essences appelant des mesures figure au tableau 6. Elle est basée sur des listes précédentes établies par le Groupe FAO d'experts des ressources génétiques forestières, lors de ses première et deuxième sessions, et mises à jour à la troisième session du Groupe en mai 1974 (FAO, 1974 b).

Opérations sur le terrain

48. A ses deux premières sessions, le Groupe d'experts n'a pris en considération, dans l'établissement des priorités qu'il a accordées aux essences, que les opérations de prospection et de collecte. En raison des progrès réalisés dans ces opérations, le Groupe a pu, à sa troisième session, examiner la priorité relative, pour chaque espèce, en fonction d'un certain nombre d'autres opérations susceptibles d'être effectuées sur le terrain; cela, en plus de son étude sur l'importance économique à long terme de ces espèces. On trouvera le détail de ces priorités au tableau 6, tableau établi d'après le modèle illustré dans la publication de Fowler et Yeatman (1973). Dans de nombreux cas, on n'a pas pu insérer dans ce tableau la priorité relative en fonction de certaines opérations particulières, les renseignements dont on disposait s'étant avérés insuffisants, ceux-ci étant tributaires d'une opération précédente non encore achevée. Par exemple, les mesures à prendre pour la conservation de populations menacées dépendent des renseignements sur la situation en matière de conservation qu'on aura recueillis lors de prospections antérieures.

49. Les opérations sur le terrain sont détaillées ci-après :

1. Prospection botanique

50. Cette opération devra comprendre une identification taxonomique exacte des essences et le repérage des limites de leur aire de distribution, particulièrement en ce qui concerne les peuplements isolés. Pour certaines espèces, on possédait des renseignements de cet ordre bien avant l'initiation des prospections génécologiques, tandis que pour d'autres, il pourrait être utile de combiner les deux opérations. Dans le passé, la prospection botanique a fréquemment conduit à entreprendre des essais sur les espèces, tout comme la prospection génécologique ouvre aujourd'hui la voie à des essais de provenance.

2. Prospection génécologique

51. Cette opération est supposée comprendre une étude de l'échantillonnage de la variabilité écologique et phénotypique dans l'habitat naturel. Elle conduit directement à l'entreprise de collectes de semences de provenances.

3. Collectes en vue de l'évaluation

52. Ces collectes sont effectuées à la suite des prospections génécologiques et peuvent, dans une certaine mesure, se faire en même temps que celles-ci. Il s'agit de recueillir, aux fins d'évaluation, des échantillons relativement petits de chacune d'un nombre relativement grand de sources semencières couvrant l'aire entière de distribution naturelle. Dans une première étape, on procède à un échantillonnage englobant toute l'étendue de l'habitat, sur un treillis grossièrement tracé. Dans certains cas, il peut s'avérer nécessaire de procéder à une seconde étape consistant à effectuer l'échantillonnage sur une superficie limitée de l'habitat, mais sur un treillis plus fin. Cette seconde opération se fait alors quelque 10 ou 15 ans plus tard, lorsque les résultats des essais de provenance du premier échantillonnage sont connus.

4. Evaluation (essais de provenance)

53. Il est de règle que la collecte d'échantillons couvrant toute l'étendue de l'habitat d'une essence en vue d'effectuer des essais de provenance soit immédiatement suivie par la réalisation de ces essais. Dans certains cas, lorsque le pays ne dispose pas du personnel qualifié nécessaire pour la mise en oeuvre des essais dans l'immédiat, on est tenu de garder les semences recueillies en réserve jusqu'à ce que la conduite de ces essais puisse être assurée d'une façon méticuleuse.

54. On a omis de faire figurer au programme proposé dans la section IV. B. le financement des essais de provenance, la raison étant qu'il doit faire intégralement partie du programme de boisement de chaque pays. La charge en incombe donc aux gouvernements nationaux et ne représente pas une responsabilité internationale. Comme tel, il pourrait bénéficier, dans un pays en développement, d'une aide technique bilatérale ou multilatérale.

55. Il est souhaitable qu'une assistance à l'échelon international soit accordée sous forme d'une mise au courant des procédés normalisés concernant la planification et la conduite des essais, ainsi que l'évaluation et l'analyse des résultats. Le recours à des programmes agréés au niveau international en matière de stockage et de récupération de l'information sur ordinateurs deviendra impérieux dès que le volume des renseignements qu'auront fournis les essais de provenance aura commencé à prendre de l'importance.

5. Conservation in situ

56. La conservation in situ, considérée comme faisant partie d'un système écologique naturel viable, représente la méthode de conservation des ressources génétiques forestières la plus souhaitable, à condition que la zone puisse être parfaitement protégée et que la collecte et l'utilisation des ressources génétiques soient accessibles tant au pays d'origine qu'aux autres pays. Lorsque la phase prospective indiquera que la conservation in situ est souhaitable et peut être mise en pratique, il faudra sans tarder entreprendre l'action nécessaire pour la mettre à exécution. Cette action comporte l'adoption d'une législation en la matière, la délimitation de la zone et des mesures efficaces de protection. De même, une certaine initiative doit être prise dans les domaines de l'éducation et des relations publiques. C'est au gouvernement même du pays intéressé qu'incombe la majeure partie de ces mesures en général, mais il peut s'avérer nécessaire de recourir à une aide à l'échelon international, particulièrement en ce qui concerne la formation professionnelle. Il faut probablement beaucoup plus de temps pour la mise en oeuvre d'une conservation efficace in situ que pour la collecte de quantités massives de semences qu'exige la conservation ex situ.

57. Le moyen le plus logique d'aborder la conservation in situ consiste à combiner la conservation du système écologique avec celle de ses ressources génétiques. Des difficultés peuvent surgir dans le cas où la réserve naturelle est strictement “inviolable” et que même la collecte de semences se trouve interdite; mais on trouve ordinairement un compromis en utilisant des zones où la gestion varie d'intensité.

58. On ne possède que peu d'éléments pour estimer la superficie minimale nécessaire pour constituer une zone viable, que ce soit pour la conservation du système écologique ou pour celle des ressources génétiques, et il faudra encore beaucoup de recherches avant d'y parvenir. En ce qui concerne la conservation génétique, il est essentiel de conserver toute une gamme de provenances diverses. Une seule réserve très étendue au milieu de l'aire naturelle d'une espèce offre moins de possibilités de conservation efficace que plusieurs réserves de moindre dimension couvrant la majeure partie de la variabilité parmi les diverses provenances.

6. Collecte en vue de la conservation/sélection ex situ

59. Lorsque la phase prospective indique que certaines populations sont menacées, mais que les possibilités de conservation in situ sont improbables, on doit immédiatement prendre des mesures pour la conservation ex situ. Dans ce cas, il est nécessaire de procéder au plus tôt à la collecte d'importantes quantités de semences de la provenance menacée, qu'on pourrait soit emmagasiner provisoirement telles quelles, soit utiliser immédiatement pour l'établissement de peuplements artificiels dans de nouvelles stations. On appliquera les mêmes procédés et on aura besoin d'aussi grandes quantités de semences lorsque l'objectif primordial des peuplements ex situ ne sera pas la conservation, mais plutôt la sélection et l'amélioration. (Pour des renseignements sur la sélection et l'amélioration individuelles, voir section 10).

7. Emmagasinage des semences. Recherches sur les semences et sur la biologie florale

60. Le stockage des matériels forestiers de reproduction - le plus couramment des semences - est non seulement un important moyen de conservation des ressources génétiques forestières, mais on y a également souvent recours momentanément avant l'évaluation et l'exploitation. S'il a été inclus ici parmi les opérations sur le terrain, c'est qu'il constitue un maillon entre la collecte et les opérations ultérieures qu'on effectue sur le terrain. L'approvisionnement en semences de source identifiée et dont la faculté d'adaptation dans des emplacements nouveaux est en même temps connue est une opération coûteuse; mais la majeure partie du profit qu'on peut en tirer se trouvera perdue si le stockage et la manutention de ces semences ne font pas l'objet de soins méticuleux. Pour un grand nombre d'espèces, en particulier les essences tropicales, les connaissances qu'on possède à ce sujet sont insuffisantes. Il est donc nécessaire de développer au plus tôt la recherche dans ce domaine, recherche qui exigera des fonds supplémentaires. On possède encore moins de connaissances sur les essences tropicales en ce qui concerne les domaines étroitement liés de la biologie florale, de la pollinisation et de la fécondation, et il est impératif que des recherches soient immédiatement entreprises pour combler cette lacune.

8. Conservation ex situ

61. L'établissement de peuplements artificiels en dehors de l'habitat naturel, mais avec la perspective d'une conservation à long terme, est un procédé de conservation d'un patrimoine génétique qui s'avère plein de promesses. Cela exige un choix judicieux des stations et l'application de normes bien précises dans la préparation du terrain, la plantation et les soins culturaux. Le coût de revient d'un tel procédé, par unité de surface, doit donc être notablement supérieur à l'établissement d'une plantation normale. L'opération devient ainsi très coûteuse, vu que la superficie de chaque peuplement doit être d'au moins 10 hectares. Il se peut que certains pays en voie de développement ne soient pas à même de financer un tel procédé par leurs propres moyens; aussi, des fonds sous forme d'aide bilatérale ou internationale devraient-ils être aisément disponibles à cet effet. Il faut environ cinq ans pour l'établissement de ces peuplements artificiels, après quoi, il suffira d'un entretien normal que le service forestier local pourra assurer par ses propres moyens. Il est possible de passer un compromis suivant lequel les pays où ces plantations sont effectuées s'engagent à s'acquitter de l'aide financière accordée au cours de la période d'installation des peuplements en mettant 50 pour cent de la récolte éventuelle de semences à la disposition d'autres pays intéressés. Les peuplements peuvent fréquemment servir non seulement à la conservation, mais aussi pour la sélection et pour des travaux futurs d'amélioration.

62. Pour certaines essences, la protection combinée in situ et ex situ pourrait constituer une bonne solution, certaines provenances se prêtant à une conservation permanente dans leur système écologique naturel, tandis que d'autres ne peuvent survivre que si elles sont transférées dans de nouvelles localités.

9. Utilisation de quantités massives de semences

63. Au fur et à mesure que l'on aura davantage de renseignements provenant d'essais de provenance sur les sources de semences qui conviennent le mieux à certaines stations de plantation, l'attention sera aiguillée sur l'utilisation de quantités massives de semences des provenances ayant fait preuve de la meilleure adaptation locale, en vue de l'installation de plantations à grande échelle. C'est aux services forestiers gouvernementaux ou aux négociants en graines qu'incombera essentiellement la fourniture de ces grandes quantités de semences, mais une intervention au niveau international est indispensable pour assurer l'application de normes communes en ce qui concerne la qualité et le contrôle en vertu de systèmes régionaux de certification. Les plantations artificielles des “land races” adaptées localement tiendront dans l'avenir une place de plus en plus importante dans la fourniture de quantités massives de semences. Le contrôle de la qualité des semences qu'elles fourniront sera également plus facile que dans le cas des peuplements naturels.

10. Sélection et amélioration individuelles

64. En pratiquant la sélection et l'amélioration individuelles à des provenances adaptées localement, on peut arriver à en accroître la productivité. Dans le cas d'essences exotiques, lorsque les essais de provenances ont fourni de bons résultats, et avant de pratiquer le boisement à grande échelle avec les provenances le mieux adaptées à la localité, il serait utile d'installer une ou plusieurs plantations de grande dimension (superficie d'au moins 10 ha chacune) de ces provenances qui serviraient de vergers à graines et où l'on pourrait aussi pratiquer des travaux de sélection et d'amélioration locales. Cela constituerait une sorte d'étape intermédiaire, et les peuplements en question serviraient deux fins : conservation ex situ et sélection. Pour certaines provenances, les difficultés rencontrées pour l'obtention de semences résultent parfois de l'inaccessibilité des peuplements naturels et du surplus de la demande par rapport à l'offre, plutôt que du fait de l'érosion génétique. Bien que l'on puisse assurer une conservation efficace in situ de la provenance, dans de pareils cas, il n'en demeure pas moins important d'installer dans le pays où l'essence est introduite, des peuplements qui serviront à la sélection. Pour les pays en voie de développement, cette opération mérite l'attribution d'une aide financière équivalente à celle mentionnée ci-dessus pour les peuplements de conservation ex situ. Dans l'estimation du financement nécessaire (Tableau 4 figurant dans la section IV. B), on a groupé les peuplements installés pour la sélection et ceux pour la conservation ex situ.

65. Bien que les programmes pour l'amélioration des arbres soient bien avancés en ce qui concerne quelques essences, par exemple les peupliers et les pins du sud des Etats-Unis, pour beaucoup d'autres essences à grand potentiel, les travaux ont à peine commencé. Tout comme pour les essais de provenance, ce sont les pays eux-mêmes qui doivent assumer la responsabilité de la recherche et de la reproduction, mais une coopération à l'échelon international sera toujours nécessaire pour stimuler et coordonner les échanges, entre pays, de matériels de reproduction provenant de génotypes supérieurs et évalués par rapport à une norme commune. S'il est vrai que la plupart des pays feront le plus grand usage possible de leur propre matériel génétique de qualité supérieure, il est vraisemblable que 25 à 30 pour cent du matériel génétique de bonne qualité proviendra de l'extérieur afin de maintenir, dans le programme à long terme, une base génétique suffisamment étendue.

66. Pour l'installation, dans les pays en voie de développement, de vergers à graines destinés à satisfaire les besoins régionaux, on propose d'aborder le problème de la même façon que celui de la conservation en peuplements ex situ (voir paragraphe 61). Cela comporte un soutien financier important par des sources internationales ou bilatérales pour couvrir les dépenses pendant la période d'installation, soutien qui sera compensé par la mise à la disposition d'autres pays de 50 pour cent de la récolte en semences que produiront les vergers.

Priorités

67. Trois classes de priorités figurent au tableau 6. Bien que les distinctions établies entre elles soient quelque peu arbitraires, chronologiquement, elles peuvent être approximativement définies comme suit :

Classe de priorité 1
(priorité absolue)
:Les travaux devraient commencer (ou être poursuivis) au plus tard pendant la période 1975–79
Classe de priorité 2:Les travaux devraient commencer au plus tard pendant la période 1980–84
Classe de priorité 3:Les travaux devraient commencer au plus tard pendant la période 1985–89.

Programmes régionaux continus

68. L'expérience récemment acquise met en évidence les avantages que présente un programme régional continu de prospection et de collecte par rapport à l'entreprise d'expéditions individuelles. Ce genre de programme est très important lorsqu'il s'agit d'espèces dont l'aire naturelle est très étendue; il permet d'en assurer la couverture d'une manière satisfaisante. De même, un programme régional continu permet une très grande souplesse dans les diverses opérations : on peut, par exemple, passer de la collecte aux fins d'évaluation à une collecte aux fins de conservation, ou d'une espèce à une autre, lorsque cela s'avère souhaitable du fait de l'achèvement d'une étape du programme ou de l'inscontance des années de semences. Un programme régional bien établi pourrait justifier la prospection et la collecte de semences d'une essence de la classe de priorité 2 dans la région en question avant une autre espèce de la classe de priorité 1 dans une autre région qui ne bénéficie pas d'un programme continu.

Echelle chronologique des opérations sur le terrain

69. Le temps nécessaire pour l'achèvement de chaque opération sur le terrain varie considérablement d'une essence à l'autre. On trouvera à l'Annexe 3 une estimation de l'échelle chronologique pour un pin tropical type, comme Pinus caribaea. On remarquera particulièrement le temps que nécessitent les premières opérations de prospection génécologique et de collecte aux fins d'évaluation : 3 ans. Cette durée s'est avérée nécessaire, non seulement en ce qui concerne les pins tropicaux d'Amérique Centrale, mais aussi le sapin Douglas dans l'ouest de l'Amérique du Nord. Là où la collecte pour la conservation ex situ est indiquée comme une opération nécessaire, on devra compter deux années supplémentaires.

Activités auxiliaires

70. Les opérations sur le terrain dont il a été question ci-dessus s'appliquent directement aux essences elles-mêmes. Il y a d'autres activités d'ordre général dont un programme bien équilibré sur les ressources génétiques doit nécessairement tenir compte. Elles figurent au programme proposé dans la section IV. B. et comprennent, entre autres :

  1. Les services concernant l'information
  2. L'enregistrement et la récupération des données
  3. La formation professionnelle
  4. L'établissement de systèmes régionaux pour la certification des semences
  5. La coordination générale

Responsabilité opérationnelle

71. Il est indispensable que la conduite des opérations sur le terrain soit entre les mains de personnes compétentes. Dans certains cas, la responsabilité de ces opérations peut être confiée sans crainte à des instituts forestiers déjà engagés dans un programme en cours. On trouvera dans les tableaux des indications sur ce sujet. Il se peut qu'on ait des difficultés, dans certaines régions, pour trouver un institut qualifié pour l'exécution de ces opérations. Dans de pareils cas, on devra juger s'il convient d'établir de nouveaux centres régionaux de gènes forestiers, ceuxci pouvant être rattachés à des centres de recherche agricole ou forestière déjà existants. On trouvera aux tableaux la et lb du programme mondial mention des fonds que nécessite cette évaluation de la situation.

Sources de financement

72. Les sources qui assurent actuellement le fonctionnement du programme actuel en matière de ressources génétiques forestières et qu'on a ferme espoir de voir poursuivre leur financement pendant la période 1975–79 sont indiquées dans les tableaux, marquées d'un astérisque. D'autres sources prévisibles ont été suggérées en rapport avec des sphères d'activités connues : il est probable, par exemple, que le PNUE s'intéresse particulièrement aux aspects touchant la conservation, et que le GCRAI mette l'accent sur la recherche.

Prévisions budgétaires incomplètes

73. Certaines prévisions budgétaires sont incomplètes ou sujettes à révision.

Résumé des tableaux de la section IV. B.

74. Le tableau la indique le coût du programme mondial détaillé par opération, avec mention des fractions de ces dépenses imputables (1) aux programmes dont on espère la poursuite, et (2) à des sources de financement nouvelles. Le tableau lb donne une estimation budgétaire du programme et fournit des suggestions sur des sources de financement; l'estimation est détaillée par opération pour chaque source contribuante proposée. Les tableaux 2 et 3 donnent une répartition régionale des deux opérations - prospection et collecte - en vue de l'évaluation (tableau 2) et de la collecte en vue de la conservation ex situ (tableau 3). Le tableau 4 fournit des renseignements complémentaires sur cette opération, relatifs à l'établissement de peuplements pour la conservation/sélection ex situ, et le tableau 5 donne un résumé des mesures à prendre pour l'établissement et l'entretien de réserves strictement naturelles pour la protection in situ. Le tableau 6, enfin, est une liste complète des classes de priorité que comporte le programme, par région, essence et opération.

Inflation

75. Il a été tenu compte, dans les prévisions budgétaires, d'un taux d'inflation de 15 pour cent.

IV. B. PROGRAMME PROPOSE POUR 1975–79

Tableau 1a
RESUME DES OPERATIONS DU PROGRAMME MONDIAL

Note : 1 = Fonds prévus en vertu de la poursuite de programmes existants.
2 = Financement complémentaire à obtenir de sources nouvelles.

Opération 197519761977–79Total 1975–79
Prospection/collecte de semences aux fins d'évaluation1 205   232   9291366
2 36   49   223  308
Total241   281   11521674
Collecte de semences pour la conservation 1 25.529.5120  175
2 (33)   (62)   (358)  (453)
Total(58.5)(91.5)(478)  (628)
Conservation ex situ 1 -   -   -    -
2 90   156   290  536
Total90   156   290  536
Conservation in situ 1 -   -   -    -
2 40   120   460  620
Total40   120   460  620
Formation professionnelle1 68   9   117  194
2 8   9   37    54
Total76   18   154  248
Enregistrement et récupération des données 1 -   -   -    -
2 30   70   150  250
Total30   70   150  250
Recherches sur la floraison/la formation des semences 1 5   6   24    35
2 25   60   165  250
Total30   66   189  285
Vergers à graines internationaux 1 -   -   -    -
2 40   70   140  250
Total40   70   140  250
Certification des semences1 -   -   -    -
2 -   5   18    23
Total-   5   18    23
Evaluation des besoins de création de centres régionaux
1 -   -   -    -
2 -   50   -       50
Total-   50   -       50
Services d'information1 8   9   37    54
2 -   25   35    60
Total8   34   72  114
Coordination (y compris les réunions de groupes)1 25   30   139  194
2 -   36   145  181
Total25   66   284  375
Total1 336.5315.513662018
2 302   712   20213035
Total638.51027.533875053

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