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DOCUMENT DE TRAVAIL SUR LA BASE D'ÉTUDES DE CAS RELATIVES AU BÉNIN, BURKINA FASO, MALI ET SÉNÉGAL

Préparé par S. Rouchiche

INTRODUCTION

Afin d'assurer la participation responsable des populations au processus de développement durable, les pays de la sous-région sahélienne ont, depuis une vingtaine d'années, élaboré et mis en œuvre des réformes politiques, institutionnelles et juridiques. Cependant, la participation des populations requiert également une méthode et des techniques pour être mise en place. Ceci correspond en partie au rôle et à la fonction de la vulgarisation/animation (V/A). Celle-ci a évolué de manière significative ces dernières années, eu égard notamment aux changements affectant la société et l'environnement, aux tendances à la décentralisation et à la libéralisation de l'économie, à l'accent mis sur la durabilité du développement, etc. Cette dynamique fait que de nouvelles approches sont mises en œuvre par divers pays désireux de repenser, réformer et réorganiser leurs systèmes de V/A.

Cependant, la dynamique affectant la V/A est également liée aux bouleversements touchant les Techniques de communication et d'information (TCI), à la suite du développement fulgurant des technologies informatiques, notamment. Il est donc important que cette étude puisse s'interroger sur la place que détiennent les TCI dans les systèmes de V/A et sur le rôle qu'elles pourraient jouer dans leur réorganisation. Dans le but d'harmoniser et faciliter cette partie de l'étude, des informations et matériels d'enquête ont été fournis aux investigateurs. Cependant, le nombre d'institutions ciblées en vue de remplir le questionnaire varie 1 selon les pays. Le déroulement de cette partie de l'étude a connu quelques difficultés2 au Burkina Faso, privant l'étude de données fiables et actuelles sur l'évaluation des TCI dans ce pays.

Commanditée par le Département des forêts3 de la FAO, l'étude a concerné quatre pays de l'Afrique de l'Ouest, à savoir: le Bénin, Burkina Faso, Mali et Sénégal. Son objectif global est de décrire et analyser la situation et l'évolution des systèmes de V/A forestière. Il consiste également à passer en revue les contraintes, défis et perspectives de la V/A rurale et à formuler des conclusions et recommandations pertinentes relatives à son évolution future, en accordant une place particulière aux aspects relatifs à l'exploitation et la gestion durables des ressources forestières. Le présent document constitue une synthèse des investigations entreprises à cet effet en Afrique subsaharienne sahélienne.

I. PRÉSENTATION DU CONTEXTE DE L'ÉTUDE

Le milieu naturel

Les quatre pays objets de l'étude appartiennent à la zone tropicale sèche dont les caractéristiques, pluviométriques notamment, sont sujettes à de fortes irrégularités interannuelles. On y distingue principalement trois zones climatiques. La zone sahélienne, aux précipitations moyennes annuelles très irrégulières, inférieures à 600 mm et réparties sur 3 mois environ. La zone soudanienne à pluviométrie moyenne annuelle de l'ordre de 600-900 mm, étalée sur 4-5 mois. La zone sud-soudanienne, mieux arrosée, avec une pluviométrie moyenne annuelle de l'ordre de 900 mm, répartie sur 6-7 mois. Le Bénin se distingue cependant par son climat relativement moins aride et moins affecté par les sécheresses, récurrentes. De son côté, le Mali est traversé par une zone désertique marquée par la rareté des précipitations et de couvert végétal.

 Les formations végétales naturelles appartiennent essentiellement aux domaines phytogéographiques sahélien 4 et soudanien5. Ces dernières décennies, la succession d'années de sécheresse ainsi que la croissance de la population, ont complètement bouleversé les écosystèmes. Les formations boisées déjà surexploitées, se régénèrent difficilement, le surpâturage se développe, les défrichements pour l'agriculture s'accélèrent et les sols s'épuisent et deviennent improductifs.

Situations démographiques

Les sociétés de la sous-région sont caractérisées par leur multiplicité ethnique, la jeunesse et la croissance rapide de leurs populations 6 inégalement réparties à travers le pays. Elles se distinguent également par leur urbanisation en constante progression ainsi que par les migrations internes et externes.

Importance économique des secteurs agricoles nationaux

Les conditions de vie dans cette région sont souvent précaires. L'économie nationale repose quasi essentiellement sur le secteur de l'économie rurale qui fournit, selon les pays, 35-42,5 pour cent du PIB et 30-75 pour cent des recettes d'exportation. Les secteurs agricoles qui occupent 60 à 80 pour cent des habitants, constituent les principales sources d'emplois et de revenus. Peu moderne et fortement soumise aux aléas climatiques, l'agriculture de la sous-région connaît depuis une vingtaine d'années, une tendance marquée à la baisse de productivité, qui s'accompagne de pressions accrues sur les ressources naturelles.

Les secteurs forestiers occupent une place sans cesse grandissante dans l'économie de la sous-région. Ainsi, selon la FAO, les recettes du secteur forestier burkinabé en 1987, étaient égales à 66 milliards de FCFA. Elles contribuaient au PIB à raison de 9,4 pour cent pour le bois, 2,5 pour cent pour le fourrage ligneux, 1 pour cent pour les fruits du karité et 0,9 pour cent pour la pharmacopée.

II. ÉVOLUTION DES SYSTÈMES DE V/A RURALE

L'histoire de la V/A dans la sous-région est marquée par quatre articulations majeures sensiblement identiques, qui sont:

La période précoloniale

II n'existait pas de structures ou de systèmes formels de vulgarisation. Par contre, chaque ethnie avait ses systèmes d'organisation propres, et ses méthodes de gestion de la production agricole et d'utilisation des ressources naturelles. Hormis la «Dina »7, il n'y avait vraisemblablement aucune autre assise juridique écrite. Cependant, des mécanismes de surveillance, destinés à faire régner l'ordre et à régler les différents, permettaient de protéger efficacement les ressources naturelles, dont les formations forestières. Le transfert des responsabilités d'une génération à l'autre, allait de pair avec la transmission des connaissances. Par delà cette diffusion des connaissances en direction des membres non initiés de la communauté, les canaux traditionnels de communication interpersonnelle, de village en village, fonctionnaient pour permettre la propagation de pratiques ayant donné des résultats probants.

La période coloniale

C'est au cours de la période coloniale que la vulgarisation a été introduite en Afrique de l'Ouest. Les premières interventions des autorités du Soudan français en matière de vulgarisation des techniques agricoles et de formation des agriculteurs, ont eu lieu vers 1928. Mais c'est à la fin de la Seconde Guerre mondiale que les services de l'agriculture ont été étoffés et qu'une tentative timide a été amorcée pour améliorer le sort des paysans. Le système de transmission des messages techniques aux producteurs se souciait moins de l'adhésion que de la production. La satisfaction des besoins de la métropole justifiait en effet de manière exclusive la politique agricole coloniale. Au Sénégal, ce n'est qu'à partir de 1957 que des mesures hardies ont été prises avec la création de structures de mobilisation et d'éducation8, mais aussi d'assistance au développement9.

Dans le domaine forestier, la vulgarisation coloniale a été menée d'une manière contraignante et directive. En effet, en dépit de la formation dispensée et des rencontres et débats organisés, le principal outil de gestion demeurait la législation forestière, à travers la police forestière. La vulgarisation transmettait des connaissances anciennes ou récentes, exclusivement au profit de l'Etat.

La période postcoloniale

La période postcoloniale comprise entre 1960 et 1980, se subdivise en deux phases principales. La première entre 1960 et 1971, que l'on pourrait désigner sous le vocable de «période de l'encadrement du monde rural» a généralement été consacrée à la mise au point de politiques agricoles nationales. Cette période a permis de tester diverses approches d'appui et de quadrillage10 du monde rural. L'encadrement était dépourvu de systèmes unifiés de V/A agricole. La vulgarisation était souvent basée sur une approche par produits/spéculations. Elle était marquée par de nombreuses insuffisances au niveau des choix des thèmes de vulgarisation, de la sélection des bénéficiaires, de l'organisation et de la maîtrise des systèmes de V/A, etc. Vers la fin de la période, les systèmes de vulgarisation innovent en accordant plus de place à l'amélioration des conditions de vie des populations. Plus qu'un simple transfert de technologie, la vulgarisation cherche à englober des actions d'éducation, de formation, d'incitation, de motivation et d'organisation. La V/A forestière est encore le plus souvent menée dans le cadre des journées de l'arbre.

La seconde période entre 1972 et 1980, a été celle des réformes administratives, visant entre autres le renforcement des systèmes de V/A rurale. Elle a constitué le point de départ du concept de responsabilisation des populations. C'est à ce stade qu'a été introduite en Afrique, l'approche du «Training and Visit System » qui a permis, comme au Burkina Faso, d'inclure une composante V/A au niveau des projets de développement agricole. Cette phase a constitué le point de départ de la mise en œuvre de systèmes unifiés de vulgarisation11 et du recours accru aux outils de communication, notamment les radios rurales émettant en langues nationales.

La période récente (à partir de 1980)

A partir de 1980, s'ouvre une aire nouvelle pour le développement rural, donc pour la vulgarisation et l'animation. Le niveau discours préconise l'augmentation de la responsabilisation des ruraux, par la dispense de conseils de gestion aux producteurs, associée à leur formation technique et à leur alphabétisation. Le concept de l'approche participative s'affirme et les tentatives de son application se multiplient, dans le but de soutenir une utilisation durable des ressources agro-sylvo-pastorales. Les diverses formules de l'approche sont développées à travers les nombreux projets/programmes de développement (intégré, local, etc.), initiés durant la période.

Au cours de la même phase, l'on assiste au renforcement des ONG et à l'émergence d'organisations paysannes structurées et organisées autour d'objectifs clairs, qui traduisent la volonté des populations de prendre en charge leur développement. Des programmes nationaux de vulgarisation (PNVA) sont mis en œuvre (Mali en 1988/89, Sénégal en 1990) avec comme objectifs, l'amélioration des conditions de production et de revenus des paysans. Cependant, les PNVA sont confrontés à des difficultés, dont l'insuffisance de cadres à la base, l'absence de ligne de crédit pour les producteurs, etc.

Les objectifs visés par les programmes de V/A, introduisent des concepts nouveaux, à l'image du renforcement du pouvoir des collectivités et institutions locales, de la diversification des sources de revenus des paysans et de la vision plus intégrée de l'aménagement. Des mécanismes de concertation entre partenaires du développement voient le jour et se multiplient à divers niveaux. Le rôle des ONG auprès des ruraux se renforce. Cependant, en dépit de la consolidation des systèmes de V/A, l'existence d'institutions de recherche performantes et d'un stock minimal d'innovations techniques, comme préalables à toute méthode de vulgarisation, sont difficiles à réunir dans les pays sahéliens. Néanmoins, les liens de la recherche-développement avec les producteurs s'améliorent et se consolident.

Avec la libéralisation des espaces audiovisuels, dans le cadre des processus de démocratisation et de décentralisation mis en œuvre, les radios rurales connaissent un essor remarquable. Les autres technologies de communication et d'information (TCI), bien que moins développées, font cependant la preuve de leur potentiel. Les moyens de communication et d'information traditionnels sont cependant toujours marginalisés en dépit d'une prise de conscience accrue de leur importance/utilité dans toute approche de développement rural.

III. ÉVOLUTION DE LA VULGARISATION FORESTIÈRE

La perception de la sylviculture comme source de revenus en est encore aujourd'hui à ses débuts, de sorte que les axes majeurs de la vulgarisation forestière ont été marqués par des repères autres que ceux de la vulgarisation agricole.

A l'indépendance, les services forestiers étaient restés dans la logique coloniale qui mettait la priorité sur la surveillance des domaines forestiers nationaux. Des travaux de reboisement d'envergure modeste étaient menés en régie. Au début des années 70, la sécheresse, la désertification et l'accentuation de l'effritement du patrimoine «surveillé» marquent le début de la crise environnementale, mettant en évidence la question forestière, son importance et sa problématique. Des projets de plantations massives voient le jour. En dépit des efforts consentis pour venir à bout des sécheresses et combattre la désertification, le secteur a souffert de sa structure pyramidale, qui a constitué le contexte d'application et de mise en œuvre de la V/A. La stratégie a montré ses limites en terme de durabilité et à partir des années 80, la participation des populations devenait incontournable, marquant un tournant décisif pour la vulgarisation forestière.

La stimulation de la participation a d'abord été dirigiste. Le recours aux mesures d'incitation n'a eu que des effets immédiats et éphémères, tandis que les législations forestières n'offraient aucune garantie de propriété aux populations. L'évolution des projets de foresterie communautaire rurale ou villageoise, a permis de mûrir et d'améliorer la démarche. Elle a surtout permis d'affiner les techniques de V/A visant la participation effective des populations aux programmes. Elle a également rendu possible la mise en place progressive de réformes législatives, institutionnelles et juridiques indispensables.

Cette dynamique a donc abouti à la révision des législations forestières nationales12. Elle s'est de même traduite par l'élaboration de Plans directeurs de développement forestier et de Plans d'action de lutte contre la sécheresse et la désertification ainsi que par l'émergence de nombreux projets et programmes forestiers. Des structures chargées de piloter l'harmonisation des approches et d'assurer la cohérence des appareils de vulgarisation ont été créées. Une dynamique de concertation a vu le jour. Les organisations paysannes sont devenues des interlocuteurs valables des pouvoirs publics et des partenaires au développement. Les objectifs visés dans les programmes de V/A se sont enrichis de nouveaux concepts comme la responsabilisation des populations, le renforcement des pouvoirs de collectivités locales, la promotion des systèmes de production intégrés, etc.

L'application de l'approche participative est basée sur un processus itératif dont les phases vont de la prise de contact et la connaissance du milieu, à la prise en charge de l'action et l'auto-évaluation par l'ensemble des parties prenantes. La communication au sens large, se positionne comme la clé de voûte de toute méthode participative. L'introduction de TCI modernes offre de nouvelles alternatives de succès en communication et information, mais elle se heurte aux coûts d'acquisition élevés et au déficit en compétences à la base. Trois types de communication servant à établir le dialogue véritable et permanent entre les divers acteurs du développement sont employés. Il s'agit de la communication institutionnelle13, la communication sociale ou de masse qui englobe un large public et la communication individuelle, éducative ou de proximité, utilisée dans les relations de dialogue éducatif.

IV. UTILISATION DES TCI EN V/A RURALE

Les données relatives aux TCI ont été compilées et analysées dans trois pays (Sénégal, Mali et Bénin14), à partir des réponses faites au questionnaire par les institutions sélectionnées pour participer à l'enquête.

Missions des institutions ciblées

Les missions des institutions interrogées se résument globalement à la gestion rationnelle des ressources naturelles renouvelables, la lutte contre la désertification, la mise au point de stratégies nationales en matière de vulgarisation, ainsi qu'à la promotion de processus de développement durables avec la participation des communautés rurales et de populations riveraines. De manière plus spécifique, les missions relatives au domaine forestier portent sur l'appui institutionnel et le renforcement des capacités des services des forêts. Elles sont conçues pour une gestion globale, participative et durable des formations forestières, en partenariat avec les populations et les communautés riveraines. Les missions portent également sur la majoration de la contribution du secteur forestier à l'économie nationale, la mise au point de méthodes de gestion participative, la recherche de solutions appropriées aux problèmes définis avec les paysans, la lutte contre la pauvreté par l'amélioration de la productivité des exploitations ainsi que l'appui aux communautés rurales pour leur formation, organisation et autopromotion. Les autres missions sont relatives aux activités de recherche sur la lutte contre la désertification, l'exploitation/utilisation des produits forestiers ligneux et non-ligneux, etc.

Principaux domaines des activités de la vulgarisation

Les activités de la V/A s'inscrivent dans divers domaines, dont les principaux sont, par ordre décroissant d'importance: la foresterie, l'utilisation des eaux et des terres, l'agriculture générale, la nutrition et la sécurité alimentaire. Les activités de la V/A s'inscrivent aussi dans les domaines du crédit, du financement rural et de la mécanisation/génie agricole. D'autres activités occupant un rang plus secondaire sont également mentionnées telles que la commercialisation agricole, la commercialisation du bétail, la pêche, l'information sur les marchés, etc. D'autres domaines ont été enregistrés en complément de ceux suggérés par les fiches d'enquête. Ceux cités au niveau de deux pays au moins sont la gestion des terroirs villageois, la formation et la communication ainsi que l'élevage et le pastoralisme. Les autres domaines cités 15 sont l'organisation du monde rural, la santé et l'éducation, le désenclavement, l'hydraulique villageoise, l'aménagement des bassins versants, la valorisation des acquis de la recherche, les questions d'énergie et d'environnement, les technologies postrécolte, etc.

Principales activités de V/A

Quelles que soient leurs spécificités propres dans le cadre global du développement rural, les principales activités de la V/A se résument à l'organisation, l'information, la formation, la communication et le suivi-évaluation. De manière spécifique, et en fonction des missions attribuées aux institutions, on retrouve des activités de réflexion sur les politiques et stratégies forestières et de vulgarisation, appui à la programmation et à la mise en place de canaux de communication, confection d'outils de communication et analyse des besoins techniques et technologiques.

Les projets de terrain comportent des aspects techniques: activités rémunératrices (maraîchage, presses à karité, etc.) et activités domestiques (nutrition, foyers améliorés), élaboration et mise en œuvre de plans d'aménagement et de gestion des forêts et terroirs, information/sensibilisation des ruraux et formation opérationnelle des acteurs impliqués dans la vulgarisation, travaux techniques et de sylviculture (travail du sol, régénération assistée, etc.). Au niveau de la recherche forestière, on note des activités de formation, expérimentation en milieu paysan, organisation de conférences, séminaires, élaboration de fiches techniques et rédaction de notes techniques et scientifiques.

Les activités des ONG et des associations paysannes notées au Sénégal et Bénin reflètent des préoccupations de renforcement des capacités par l'organisation d'études diagnostics participatives, de sessions d'appui à la formulation de programmes, d'ateliers de formation et de promotion des innovations (inventaires et diffusion des connaissances acquises), de l'animation/ coordination des réseaux de TCI et des structures de vulgarisation.

Bénéficiaires des activités de V/A

Les groupes principaux de bénéficiaires visés par les activités de V/A sont constitués des: populations rurales, organisations paysannes et villageoises, producteurs et opérateurs individuels, groupes de producteurs, agents d'encadrement de base et leurs supérieurs hiérarchiques. On retrouve aussi les structures avec entre autres ONG, services techniques, structures locales de gestion et d'aménagement de forêts et d'aires protégées, centres de recherche, organisations internationales, institutions de formation, etc.

En ce qui concerne spécifiquement le secteur forestier, il convient de souligner l'expérience acquise dans la sensibilisation et l'implication des élus locaux, des autorités administratives et coutumières et du secteur privé dans les activités relatives à la gestion participative des forêts naturelles dans le cadre plus global d'aménagement des terroirs.

Principales approches de vulgarisation utilisées par les organisations/projets

Les enquêtes ont révélé que les approches participative et formation et visites, sont les plus utilisées16. Les approches de participation aux coûts et de développement des systèmes de production, sont également citées respectivement par le Mali et le Sénégal. Viennent ensuite d'autres approches 17 dont l'importance en terme d'utilisation est variable d'un pays à l'autre. Il s'agit des approches par projet, de développement par système de production, par les institutions d'éducation, généralisée de la vulgarisation agricole, spécialisée par produit.

D'autres approches ne figurant pas sur les fiches d'enquête, ont également été recensées. Il s'agit des approches: par la communication verbale, formation de personne à personne, gestion des terroirs, communautaire et globale et du développement intégré.

Utilisation des TCI pour les activités de vulgarisation

Toutes les structures interrogées affirment connaître et avoir utilisé les TCI, même si parfois et pour certaines, de façon très sommaire. L'analyse des réponses effectuées par les institutions des trois pays, fait ressortir que la publication assistée par ordinateur (PAO) et la base de données informatisées sont les mieux connues et les plus utilisées. Viennent ensuite et par ordre d'importance décroissant: les systèmes d'aide à la décision, la communication électronique et la publication électronique. Les TCI faisant l'objet d'une certaine utilisation sont: les supports écrits et audiovisuels, les publications, les rapports périodiques, documentaires, l'édition, les affiches, les diapositives, les reportages TV/radio, radios rurales, cassettes audio, réunions, ateliers, supervisions, démonstrations et échanges d'expériences, etc.

Avec les moyens ordinaires de communication, qui sont d'utilisation plus ancienne, les supports informatiques des TCI sont jugés par toutes les structures interrogées, comme très importants dans l'accomplissement des objectifs de la V/A, car ils permettent la communication verticale et horizontale ainsi qu'une meilleure couverture et un plus large accès à l'information des groupes-cible. Les TCI favorisent enfin la prise de conscience collective des enjeux du développement durable et de la gestion rationnelle des ressources naturelles ainsi que la rapidité de prise de décision et l'amélioration des travaux entrepris.

Les résultats de l'enquête font ressortir que la fréquence d'utilisation des TCI est variable selon les pays et les activités entreprises au sein des institutions/projets. Schématiquement, les TCI qui font l'objet d'une utilisation quotidienne sont: la radio cassette, les boîtes à images, les albums photos, les dossiers et livrets de vulgarisation, la communication et les courriers électroniques et l'élaboration de supports pédagogiques sur ordinateur. La PAO, les bases de données informatisées, la recherche documentaire sur le NET ainsi que l'édition, font l'objet d'une utilisation régulière. Par contre, les TCI très spécifiques ne font l'objet que d'une utilisation occasionnelle.

En ce qui concerne les raisons majeures qui justifient l'utilisation des TCI, les réponses obtenues18 sont: la mise au même niveau d'information et d'expression de toute la population rurale; une implication accrue des acteurs résultant de l'accroissement du nombre de personnes touchées par la sensibilisation19, une meilleure diffusion de l'information technique et scientifique, et le transfert de compétences aux groupes-cible; la rapidité de la délivrance de l'information qui permet de travailler en temps réel; et sa qualité, sa fidélité ainsi que son coût réduit. Le rapport du Bénin cite «le taux élevé d'analphabétisme couplé à l'insuffisance numérique de l'encadrement», comme autre raison majeure justifiant l'utilisation des TCI.

Pour ce qui est du rôle des TCI dans les activités de l'organisation/projet, elles sont perçues comme un moyen de diffusion et d'échange d'information, de connaissances et d'expériences. Elles constituent également un moyen d'accès à l'information au profit des groupes-cible et du personnel des structures, un moyen de communication avec d'autres groupes, organisations, projets, etc. ainsi qu'un moyen de communication pour le personnel des structures.

Utilité des TCI face aux contraintes majeures de la V/A

Il ressort des analyses, que les institutions/projets considèrent que les TCI contribuent dans une large mesure, à la résolution des contraintes de la vulgarisation citées par le questionnaire. Cependant, il existe une forte diversité des résultats relatifs au classement des contraintes résolues grâce à l'emploi des TCI. En effet, qu'il s'agisse du classement par ordre d'importance des cinq contraintes principales résolues ou, qu'il soit question du score attribué au niveau d'utilité des TCI dans la résolution des contraintes, il existe une forte divergence qui peut être due à la diversité des missions d'une part, et au fait que les interventions sont multisectorielles d'autre part.

Concernant les contraintes les plus importantes, seules les trois suivantes sont citées de manière systématique par tous les rapports d'enquête; il s'agit de la durabilité, le taux de couverture et la coordination/liaison. En tenant compte des scores attribués au niveau d'utilité des TCI dans la résolution des contraintes, il est possible de déduire avec beaucoup de prudence le classement suivant: les TCI sont très utiles à la résolution des contraintes du financement et de la coordination; elles sont utiles vis-à-vis du taux de couverture et de l'objectif, et neutres lorsqu'il s'agit du contrôle, de l'adéquation et de la gestion.

Evaluation de l'impact des TCI en V/A

L'évaluation du niveau d'impact des TCI utilisées, par rapport à chaque contrainte de V/A, a donné des résultats qui démontrent la complexité du problème pour les structures interrogées. La grande diversité et l'imprécision des réponses n'ont pas permis d'en faire une synthèse. Les interlocuteurs, appréciant les changements significatifs intervenus depuis le début de l'utilisation des TCI, laissent apparaître au travers de leurs réponses que l'impact de ces technologies dans la réalisation des objectifs des programmes de vulgarisation est évalué comme étant globalement positif.

Les changements positifs portent essentiellement sur la qualité et l'efficacité de la vulgarisation et de l'information, et sur l'identification et l'élargissement des groupes-cible. Ils portent cependant surtout sur la modification du comportement des populations rurales et leur conscientisation à l'égard des ressources naturelles et de la nécessité de gérer celles-ci dans un cadre de développement durable et de partenariat. Les autres aspects positifs ont trait à l'amélioration des prestations et au renforcement des capacités d'intervention des populations. Ils portent aussi sur l'appropriation des techniques et des programmes par les bénéficiaires.

Les changements négatifs découlent des erreurs liées à la maîtrise insuffisante des TCI modernes, ainsi que de la forte dépendance à leur égard, qui débouche sur le déclin et la décadence des techniques traditionnelles locales de communication et d'information. Le rapport du Bénin signale comme changement négatif, le fait que l'usage des TCI soit devenu plus difficile. Quant au rapport du Sénégal, il relève comme changements négatifs l'augmentation de la facture téléphonique difficile à honorer et la tendance de certains techniciens à se comporter en «intégristes» de l'animation rurale.

Parmi les conséquences importantes de ces changements sur les activités de la V/A. la seule unanimité porte sur la plus grande réceptivité des populations au niveau de leur implication dans la gestion des ressources forestières de leur terroir. Les autres conséquences relevées varient selon les pays, bien qu'elles soient complémentaires. Le rapport du Sénégal fait état d'un déséquilibre entre l'aspect social (animation) et technique (transfert de connaissances) de la vulgarisation ainsi que de la meilleure présentation des outils et kits techniques à vulgariser. Le rapport du Bénin cite la meilleure appropriation par les groupes-cible, des techniques et des messages vulgarisés ainsi que la transparence accrue dans les discussions et les prises de décision. Quant au rapport du Mali, il relève les conséquences suivantes: valorisation de la fonction vulgarisation, meilleur déploiement des moyens humains et matériels, amélioration des résultats en terme de satisfaction des besoins des populations ciblées, amélioration de l'état de l'environnement et suivi plus systématique des projets.

Les structures interrogées ont par ailleurs fait remarquer l'importance des TCI traditionnelles et la nécessité de consentir davantage d'efforts en vue de les réhabiliter. Elles notent également que les TCI modernes sont coûteuses et que pour y avoir accès, il est nécessaire de former du personnel et de doter les structures en matériel performant. Il est également nécessaire d'élaborer des programmes nationaux en communication.

V. ACQUIS, CONTRAINTES ET PERSPECTIVES DE LA V/A RURALE

Contexte de base et mesures

Les traits marquants de l'environnement actuel du développement forestier semblent affecter favorablement les systèmes de V/A rurale dans la sous-région.

Sur le plan des mesures politiques, il y a lieu de relever l'importance des réformes relatives aux politiques forestières nationales qui, dans l'ensemble, encouragent l'implication des populations à tous les stades du développement. Par ailleurs, les services forestiers ont évolué de façon à se positionner comme parties prenantes d'un partenariat qui vise le développement, la conservation ainsi que l'aménagement et la gestion rationnelle, participative et durable des ressources du domaine forestier.

Les mesures législatives portent sur les réformes des lois forestières nationales qui reconnaissent désormais aux populations riveraines, le droit à l'aménagement, la gestion et l'exploitation des ressources du domaine forestier, dans un cadre de développement participatif et durable et en partenariat avec l'Etat. Il y a également l'entrée en vigueur des lois sur la régionalisation qui transfèrent aux collectivités une partie des compétences de l'Etat et leur permettent de se positionner en maîtres d'œuvre de leur développement.

Sur le plan administratif, et outre la création de nombreuses communes, il y a lieu de signaler également les efforts consentis en vue d'unifier les systèmes et les approches de vulgarisation, renforçant ainsi la concertation entre partenaires du développement et notamment entre la recherche, la vulgarisation et la production. Il faut aussi relever l'émergence de mouvements associatifs et d'ONG ayant des interventions pertinentes dans le domaine du développement forestier. Le développement des télé-centres au Sénégal répond concrètement aux besoins en communication des couches les moins aisées de la population, notamment en milieu rural.

Les résultats positifs

Les quatre études de cas font état de divers résultats positifs, qui dans le contexte global d'utilisation des systèmes de vulgarisation, s'appliquent en fait à la sous-région entière. Les acquis relevés sont les suivants. En terme de vulgarisation, il y a lieu de noter la mise en œuvre d'outils de travail plus pertinents et mieux adaptés. En effet, les TCI ont fait une entrée timide, mais prometteuse dans le domaine forestier. Elles permettent aux institutions chargées de la vulgarisation, d'accéder à des banques de données spécialisées ainsi qu'à de nouvelles approches de vulgarisation. L'amélioration de la concertation recherche-vulgarisation-production, l'existence d'un seul interlocuteur face aux producteurs, les meilleures relations entre les personnels d'encadrement forestiers et les populations riveraines ainsi que la disponibilité accrue de kits technologiques que s'approprient les paysans constituent les autres acquis de la vulgarisation.

En terme d'approche, les résultats positifs portent sur l'intégration des composantes sectorielles dans les processus de développement, aménagement et gestion des ressources du domaine forestier. Il y a lieu de noter également l'amélioration du partenariat entre les divers acteurs du développement forestier, l'amélioration de l'organisation des producteurs et l'implication des ONG dans les opérations forestières.

Sur le plan du développement social, la responsabilisation accrue des populations, collectivités locales, organisations paysannes, producteurs privés et ONG dans les opérations de conservation et d'aménagement du domaine forestier constitue à n'en pas douter, un résultat extrêmement positif. Elle a permis une forte auto-promotion des populations rurales en matière de reboisement, ainsi que leur implication croissante dans l'aménagement et la gestion des forêts classées et protégées. Toujours sur le plan social, l'amélioration de la gestion des infrastructures communautaires, constitue également un acquis important.

Les contraintes

Les principales contraintes à la mise en œuvre des systèmes de V/A rurale, résident à trois niveaux.

Sur le plan politique et légal, il est important de signaler la persistance de lacunes importantes dans les législations et réglementations pour ce qui concerne, notamment, l'absence de garantie de propriété foncière et l'inexistence de statut juridique des institutions villageoises. Par ailleurs, la volonté proclamée par les Etats d'associer les populations, n'a pas fait totalement disparaître leur détermination à rester les principaux maîtres et bénéficiaires de la gestion des ressources naturelles. Finalement, il existe au niveau de chaque pays, un problème fondamental de mise en relation et d'intégration des droits coutumiers et modernes.

Sur le plan structurel et institutionnel, les limites sont liées à la faiblesse des capacités et des moyens d'action des structures et associations qui œuvrent dans le domaine de la V/A forestière. En effet, il y a lieu de noter le faible niveau de formation du personnel d'encadrement, au regard des besoins requis pour la maîtrise des TCI modernes. Il est également important de rappeler l'insuffisance et le vieillissement de ce personnel, suite aux suspensions de recrutements décrétées par la fonction publique. Le coût élevé des équipements informatiques constitue encore un obstacle au développement des TCI modernes en milieu rural. Finalement, le transfert des activités de V/A aux organisations paysannes et aux ONG demeure faible.

Les contraintes sociales: la V/A en tant qu'outil de changement qualitatif s'est heurtée à des pesanteurs socioculturelles propres au milieu rural, ainsi qu'à un taux élevé d'analphabétisme chez les paysans.

Les perspectives

La démarche méthodologique actuelle de la V/A, favorise le développement des capacités en ce qui concerne la création de structures locales pour le pilotage des activités par les populations. Elle les développe surtout au niveau des agriculteurs et de leurs organisations professionnelles qui devraient pouvoir, à l'avenir, assumer davantage de responsabilités au niveau de la vulgarisation. La formation, l'animation intensive et la mise à disposition d'outils de gestion devraient permettre de consolider les capacités de ces structures. Le contexte actuel de décentralisation doit permettre aux paysans motivés et organisés, d'assurer la gestion de leurs affaires.

Pour faire de la V/A un système et un outil efficaces de gestion durable des ressources naturelles, il est indispensable de développer un processus de capitalisation des acquis, d'élaboration de nouvelles connaissances et de conduite des opérations pratiques sur le terrain. Ceci implique qu'il faille rendre les outils de communication modernes, accessibles au plus grand nombre, et qu'il soit nécessaire de remettre en valeur les systèmes traditionnels de communication.

Sur le plan des réformes politiques, législatives et structurelles, le défi consiste à mettre en place des politiques et des réglementations qui tiennent compte des réalités des sociétés de la sous-région, et qui soient capables de générer de nouveaux comportements en matière d'utilisation, de conservation et de gestion des ressources naturelles.

Les risques

Dans le contexte actuel, la catégorie réduite d'acteurs qui a accès aux TCI et qui est en mesure de faire le lien avec les populations, revêt une importance capitale. Ces médiateurs détiennent en effet, de fait, un pouvoir, avec tous les risques d'abus que cela comporte et implique.

VI. RECOMMANDATIONS

Actions à mener au niveau des services forestiers

Afin de mieux consolider la responsabilisation des populations, il est recommandé de:

Actions à mener à un échelon supérieur

Les Etats ayant une responsabilité essentielle dans le développement des TCI, il leur revient de mettre en place les facilités d'ordre réglementaire, législatif, éthique, matériel, etc. Dans ce cadre, ils devraient tout engager pour disposer de ressources humaines formées, afin de gérer l'information et son utilisation dans le cadre de la vulgarisation forestière. Les Etats devraient aussi renforcer les ressources des services forestiers, afin qu'ils puissent prendre en charge les activités de vulgarisation à leur niveau. Finalement, il faudra veiller à consolider davantage l'option de responsabilisation des populations par une application intelligente des réformes politiques, institutionnelles et juridiques adoptées à cet effet.

VII. CONCLUSIONS20

La vulgarisation forestière a connu des mutations significatives rendues possibles par un contexte politique, économique et social qui les exigeait. Aujourd'hui, le terrain semble propice à une progression rapide de l'utilisation des TCI au bénéfice des acteurs de la vulgarisation forestière. Seulement, comme le rappellent Bauer, Hoffman et Keller, il ne faut pas oublier que «seule l'information peut être véhiculée. Tout se décide lorsqu'elle se transforme en connaissance: c'est à ce moment précis qu'elle réduira ou non l'incertitude et deviendra utile au destinataire». La plus grande vigilance doit donc être de mise pour que les acteurs de la vulgarisation puissent tirer le meilleur profit des TCI, sans devenir des consommateurs effrénés de technologies qui ne comportent pas que des avantages.


1 Les institutions destinataires sont respectivement de 3, 10 et 17 pour le Bénin, le Sénégal et le Mali.

2 Difficultés d'identification des personnes-ressource, collaboration réduite des institutions en charge de la V/A forestière et non-remplissage des fiches d'enquête par les institutions sollicitées.

3 Service de la conservation des forêts, de la recherche et de l'enseignement forestier, Division des ressources forestières.

4 Steppes et/ou savanes arbustives ou arborées.

5 Forêts denses sèches, forêts galeries, forêts claires, savanes arborées, savanes boisées.

6 A titre d'exemple, la population du Burkina Faso a doublé en 26 ans.

7 Instituée au Mali au XIXème siècle.

8 Animation rurale, Centre d'expansion rurale.

9 Centres régionaux d'assistance au développement (CRAD) et de commercialisation.

10 Sociétés de développement agricoles autonomes (Sénégal), Offices régionaux de développement, etc. (BKF), Sociétés d'intervention (Bénin), et Opérations de développement rural (ODR) au Mali.

11 Réseau national de vulgarisation (Mali), Direction de la vulgarisation et de l'appui aux organisations paysannes (Bénin) et, plus tard, la Direction de la formation opérationnelle et de la vulgarisation (Bénin), le Service national de vulgarisation (Burkina Faso, 1982).

12 A l'inverse des lois et règlements à caractère restricvtif et coercitif antérieurs, les nouvelles législations tiennent davantage compte des préoccupations des populations et des collectivités locales. Cependant, les États, en dépit de leur volonté proclamée d'associer les populations, demeurent encore les principaux responsables et bénéficiaires de la gestion des ressources naturelles.

13 Qui sert de support aux échanges de connaissances et d'expériences entre institutions partenaires du développement.

14 Au Burkina Faso, les institutions sollicitées n'ont pas rempli le questionnaire.

15 Chaque domaine étant cité au niveau d'un seul pays sur les trois ayant répondu au questionnaire.

16 Il s'agit des approches citées au niveau de tous les pays où se sont déroulées les enquêtes (Bénin, Mali, Sénégal).

17 Cinq, quatre et deux approches sont citées respectivement par le Mali, le Sénégal et le Bénin.

18 Ces réponses reprennent, et cela est normal, certaines réponses déjà fournies sur la justification de l'importance des TCI.

19 En vue d'une meilleure prise dee conscience et un meilleur engagement envers le développement durable participatif.

20 En guise de conclusion, nous reproduisons intégralemnent celle de l'étude de cas du Sénégal.

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