Page précédente Table des matières Page suivante


1. INTRODUCTION ET RESUME


1.1 Objets de l’étude
1.2 Résumé
1.3 Caractéristiques physiques et socio-économiques de la région

1.1 Objets de l’étude

La présente étude se propose de contribuer à la réalisation de l’un des objectifs du projet COPACE qui consiste à “renforcer la capacité des pays participants en ce qui concerne l’aménagement des ressources et la planification coordonnée du développement”. L’étude ne vise pas à décrire tous les aspects du développement des pêches dans la région, ni à donner le même poids à tous les secteurs qui influent nécessairement sur l’aménagement optimal des ressources ou la meilleure planification possible du développement. On se propose néanmoins d’y mettre en évidence certaines caractéristiques importantes, qui se répercutent ou pourraient se répercuter ultérieurement sur le développement et la planification halieutiques dans la région.

On espère que l’étude revêtira une utilité particulière utile pour les autorités chargées du développement des pêches dans chacun des pays de la zone COPACE. Certaines situations, de même que certains problèmes décrits et analysés sont communs à plusieurs pays et les conclusions et opinions exprimées devraient, selon nos intentions, stimuler des analyses et discussions plus approfondies au cours du projet COPACE. De nombreuses données, importantes pour l’analyse des stratégies de développement sont actuellement insuffisantes voire inexistantes et il s’est souvent révélé nécessaire de trancher, lorsque les informations sont contradictoires ou pour définir un certain nombre d’hypothèses fondamentales. Certaines décisions apparaîtront erronées; on espère cependant que l’étude qui suit est assez clairement structurée pour permettre de poursuivre l’analyse et la planification qui devront être constamment remises en question et améliorées.

1.2 Résumé

Par rapport à d’autres parties du monde, la zone COPACE est peuplée de façon assez peu dense, par 145 millions d’habitants éparpillés sur un territoire immense, à raison de 18 personnes par kilomètre carré. Cependant, la superficie et la population sont très variables d’un pays à l’autre; ainsi, la population du Nigeria est la plus forte de la région et représente plus de 40 pour cent du total. On note également d’importantes différences entre les pays quant à la structure de leur économie, au degré d’industrialisation atteint et à l’abondance des ressources naturelles. En dépit de ces disparités les pays, à quelques exceptions près, sont caractérisés par un faible revenu individuel, une faible consommation personnelle, un faible niveau d’instruction et d’hygiène et, dans l’ensemble, un faible niveau de vie.

Sur l’ensemble des captures actuelles de la zone soit 3,5 millions de tonnes, environ 2 millions de tonnes sont réalisées par des navires battant pavillon étranger et ne sont jamais débarquées dans les ports riverains avant d’être expédiées vers d’autres marchés. Plus de la moitié des captures de ces navires étrangers revient aux navires soviétiques.

Les ressources de poisson les plus abondantes de la région sont concentrées au large d’une côte relativement peu peuplée, s’étendant depuis le sud du Maroc jusqu’à la Sierra Leone et les principales espèces capturées sont la sardinelle et le chinchard. A proximité de la côte, on trouve certains stocks localisés d’espèces très prisées: crevettes, céphalopodes, etc., qui sont capturées en petites quantités, mais sont cependant à la base d’opérations de pêche importantes pour les navires ayant leur port d’attache dans la région. Les mises à terre ne proviennent que pour une faible part des pêcheries en eau saumâtre ou de l’aquaculture. Il n’est pas prévu que les captures totales de la région continuent à augmenter aussi rapidement que dans le passé récent car pour nombre de stocks importants on a maintenant atteint le plafond d’exploitation. Pour maintenir des captures élevées, il faut améliorer d’urgence le rassemblement des données biologiques destinées à faciliter l’évaluation des stocks et l’aménagement des ressources.

Le nombre de pirogues semble en augmentation dans la plupart des pays, de même que leurs captures; néanmoins en pourcentage des captures totales, la pêcherie artisanale produit moins maintenant qu’au milieu des années soixante. Le nombre de bateaux armés pour la pêche littorale ou au large devrait, croit - on, augmenter, et les captures de ces navires continueront sans doute à s’accroître plus rapidement que les captures artisanales (pirogues).

Le Maroc et la Mauritanie sont actuellement les principaux exportateurs; ils n’exportent, cependant, qu’une faible part de leurs produits vers le reste de l’Afrique. Le Sénégal exporte de petites quantités, sans cesse croissantes, de sardinelles congelées vers les pays du golfe de Guinée et la Gambie collabore avec l’industrie ghanéenne et expédie du poisson congelé au Ghana. La plus grosse part du poisson importé dans la région, surtout sous forme congelée, est débarquée par les navires de l’Union soviétique et de l’Europe orientale, qui le capturent dans les eaux des zones du COPACE et de la CIPASE. Les principaux pays importateurs sont la Sierra Leone, le Liberia, la Côte-d’Ivoire, le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, le Congo et le Zaïre car ils ne disposent eux-mêmes que de faibles ressources halieutiques.

La consommation individuelle de poisson dans la région est généralement inférieure dans les zones rurales à ce qu’elle est en ville; cela se conçoit car la distribution et la commercialisation du poisson est plus facile dans les villes grandes et moyennes. Les dépenses pour l’achat de poisson, en pourcentage des dépenses alimentaires, sont plus élevées parmi les groupes à faible revenu que pour les groupes à revenu important; cela montre bien l’importance du poisson dans l’alimentation des couches les plus défavorisées. La consommation individuelle de poisson, en pourcentage d’ingestion de protéines animales, est élevés par rapport à la moyenne mondiale et, la région consomme individuellement davantage de poisson par rapport à l’ensemble des protéines animales consommées, que l’Asie du Sud-Est.

La structure des institutions gouvernementales varie d’un pays à l’autre mais dans l’ensemble, il existe dans chaque pays un “service” ou un “département” chargé de la planification et de la formulation des objectifs halieutiques du gouvernement, des stratégies du développement, des recherches halieutiques et de la mise en oeuvre des programmes et règlements. Dans certains pays, on a créé des firmes nationales directement intéressées à la pêche et à la commercialisation de poisson. La plupart des pays ont, par l’intermédiaire d’organismes gouvernementaux, bénéficié d’une aide multilatérale et bilatérale destinée au développement halieutique et l’on prévoit que l’aide et la coopération se poursuivront à cette fin.

L’emprise accrue des pays riverains sur les eaux adjacentes, par l’extension des limites de pêche, est un facteur particulièrement important du développement et de la planification halieutiques ultérieurs de la région. Cette extension des limites de la juridiction nationale pourrait bien n’entraîner qu’un déclin marginal des opérations de pêches mais il pourrait aussi accélérer la tendance à élaborer des accords particuliers (systèmes de licences, etc.) entre pays riverains et flottilles étrangères, de plus en plus fréquemment assortis de l’obligation pour les navires étrangers d’accroître leurs mises à terre dans les ports des pays riverains, ainsi que le développement d’un plus grand nombre d’industries locales de transformation et d’exportation et de toutes les autres formes d’entreprises susceptibles d’apporter une “valeur ajoutée” aux pays riverains.

Il serait hasardeux de conclure de manière définitive sur la base des données éparses dont on dispose sur le prix du poisson; dans l’ensemble les prix ex-navire et ex-pirogue n’ont cependant pas augmenté plus rapidement que l’indice des prix à la consommation et le revenu des pêcheurs ne leur assure qu’un pouvoir d’achat déclinant. L’augmentation des importations de poisson congelé dans un certain nombre de pays semble avoir déprimé les prix, au détriment des artisans-pêcheurs ruraux. Toutefois, il faudrait vérifier et examiner ce phénomène de manière plus approfondie avant d’en tirer des conclusions absolues. Les prix de certains poissons et produits de la mer n’ont cessé d’augmenter sur les marchés internationaux et les pêcheurs de crevettes et de céphalopodes en particulier en ont tiré des profits croissants. La récente baisse du prix de la farine de poisson a cependant eu une influence négative sur les opérations des usines de transformation du Maroc et de la Mauritanie. Il faudrait recueillir de nouvelles données concernant l’influence des prix sur le revenu des pêcheurs, le rapport des investissements dans le secteur halieutique et les mesures que l’on pourrait prendre pour encourager l’emploi dans le secteur des pêches.

Les disponibilités locales de poisson, nécessaires pour faire face à la demande, sont actuellement de l’ordre de 1,5 millions de tonnes et, d’ici 1990, les besoins sont estimés en termes prudents, à 3 millions de tonnes. Si l’on considère que les captures maximums possibles, compte tenu des ressources de la région, sont de l’ordre de 4,2 millions de tonnes et que la demande européenne de poisson ne cesse de croître, il apparaît probable que les besoins locaux ne pourront être entièrement satisfaits par les disponibilités intérieures. Si l’on suppose qu’en 1990 les exportations auront atteint environ 1 084 600 tonnes et que 395 500 tonnes seulement seront expédiées vers d’autres pays du COPACE. Il apparaît à l’évidence que les pays de COPACE devront importer de la zone de la CIPASE et d’autres fonds de pêche la majeure partie des 655 100 tonnes dont ils auront besoin. En supposant que les exportations de la zone COPACE rapporteront davantage que le prix de revient du poisson et des produits de la pêche importés, la balance des échanges de poisson pourra se révéler favorable en 1990. Néanmoins, la valeur du poisson importé au Zaïre, au Nigeria, au Cameroun, en Côte-d’Ivoire et dans certains autres pays riverains sera considérable.

La stratégie des différents pays en matière de planification est variable. Dans certains pays, le plan national constitue à peine plus qu’un cadre général des objectifs de développement du gouvernement. Dans d’autres le plan est un document assez détaillé et contient les objectifs, les stratégies et les dépenses en capital prévus par le gouvernement. On ne rencontre dans la région aucune économie centralement planifiée rigide, et tous les plans ont en commun leur extrême souplesse.

Les objectifs de tout plan halieutique national incluent, dans une mesure variable suivant le pays en cause: (1) l’aménagement des ressources halieutiques; (2) la nécessité de disposer des quantités de poisson suffisantes pour répondre à la demande; (3) un développement socio-économique équilibré dans le secteur des pêches, pour faire face aux besoins socio-économiques de chaque pays. Afin de déterminer les objectifs prioritaires et de formuler les stratégies de développement qui en constituent la base, il importe de recueillir et d’analyser des données appropriées.

Actuellement, les gouvernements ne contrôlent la pêche que dans une mesure tout à fait négligeable et dans l’ensemble l’aménagement des ressources brillerait plutôt par son absence. Rares sont les pays qui ont analysé les objectifs de production qu’ils pourraient atteindre, soit sur la base de leurs propres ressources soit avec un apport étranger ou encore la demande locale de poisson d’ici, mettons 1990. Nombre de pays encouragent les investissements dans le secteur halieutique mais peu d’entre eux ont analysé les effets que de tels investissements pourraient avoir sur les revenus ruraux et urbains, sur l’emploi, sur l’aspect coût/bénéfice du commerce extérieur, sur la richesse nationale, voire sur leurs besoins d’aménagement ultérieur des ressources ou leurs objectifs de production. L’analyse tout compte fait assez subjective, contenue dans la présente étude, permet de conclure que les stratégies de développement intéressant principalement le secteur “pêche” dans la région sont assez variables suivant le pays; la nécessité d’étoffer les flottilles de pêche ayant leur port d’attache dans le pays en leur adjoignant des navires pouvant atteindre 40 m de longueur, d’accroître les activités de pêche artisanale et d’améliorer les facilités de transformation (congélation et entreposage réfrigéré compris), est souvent liée à l’essor envisagé pour l’exportation.

1.3 Caractéristiques physiques et socio-économiques de la région

La région de l’Atlantique Centre-Est s’étend depuis le détroit de Gibraltar jusqu’au fleuve Congo et ses côtes ont près de 10 000 km de long. Le climat côtier se caractérise en général par des conditions sub-tropicales d’upwelling au nord (brume et température douce le long de la cote, eaux froides et riches en nutriments), des déserts et des savanes plus au sud et des conditions tropicales à proximité de l’Equateur. La ceinture côtière est en général basse et l’on trouve de nombreuses lagunes derrière une barre sableuse étroits le long du golfe de Guinée.

La région se compose de 20 pays indépendants, et de deux archipels (Madère et les Canaries), respectivement portugais et espagnol. Le Zaïre est, de loin, le plus étendu de ces pays (2,3 millions de km). La Mauritanie est également très vaste (1 million de km2 de terres). Après le Nigeria (933 000 km) viennent le Cameroun et le Maroc, avec plus de 500 000 km2 chacun. La plupart des autres pays de la zone COPACE couvrent moins de 300 000 km2.

En dehors du Nigeria, dont la population est voisine de 62 millions, du Zaïre (20 millions) et du Maroc (15 millions), aucun pays n’est habité par plus de 10 millions de personnes et la région se caractérise de nombreux pays faiblement peuplés.

La faible densité de la population dans la plupart des pays, et en particulier dans les zones rurales, accroît le coût de la fourniture des services publics minimums à la population. Cependant, la zone côtière de la plupart des pays est assez peuplée par rapport aux zones intérieures. C’est aussi sur la côte que sont situées toutes les capitales, à l’exception de Yaoundé, Brazzaville et Kinshasa, ainsi que les principales villes. Du fait que les centres urbains sont situés sur la côte le poisson de mer joue un rôle particulièrement important dans l’alimentation. En outre, le taux de croissance démographique est de l’ordre de 2,6 pour cent par an dans tous les pays et notamment en ville.

On trouvera au tableau 1.1 des indicateurs généraux sur la situation économique de certains pays. Il en ressort que les exportations et les importations sont bien équilibrées en Mauritanie, au Liberia, en Côte-d’Ivoire, au Togo, au Cameroun et au Congo et que la balance des paiements est excédentaire dans les pays gros producteurs de pétrole comme le Nigeria et le Gabon. On constate de faibles déficits dans les paiements extérieurs du Maroc et de la Gambie et déficits plus importants au Sénégal, en Sierra Leone et au Ghana.

Le PNB individuel est un signe parfois trompeur de la richesse d’un pays, car il n’établit aucune distinction entre distribution des revenus et avantages vitaux non quantifiables, toutefois, il donne une idée des différences de niveau entre les pays. Sur cette base du PNB individuel, il apparaît que le Gabon est, de loin, le pays le plus riche de la région, avec un PNB individuel de 1 310 dollars, tandis que le Bénin et la Guinée sont les plus pauvres, avec un PNB individuel de 110 dollars.


Page précédente Début de page Page suivante