FLORAISON ET FRUCTIFICATION DE PINUS CARIBAEA VAR HONDURENSIS

(RESULTATS PRELIMINARES D'UNE ENQUETE MONDIALE)¹

par

Carl M. Gallegos
Senior Research Forester
Central & South American Species
International Paper Company
Mobile, Alabama, U.S.A.

¹ Texte reçu en février 1980. L'auteur exprime sa gratitude à MM. D.G. Nikles et J.M. Fielding du Département des forêts du Queensland et à MM. B.J. Zobel et W.D. Miller de l'Université de la Caroline du Nord qui l'ont aidé à mettre au point un questionnaire et lui ont donné les noms et adresses de beaucoup des personnes qui ont fourni les informations sur lesquelles repose la présente analyse.

SOMMAIRE

Les premiers résultats d'une enquête mondiale sur la floraison et la fructification de Pinus Caribaea var. hondurensis révèlent que les conditions de milieu les plus favorables à la croissance reproductive de cet arbre se rencontrent entre 9 – 27 degrés Nord et 9 – 27 degrés Sud. Font exception apparemment les hautes terres situées entre 18 et 27 degrés Nord d'une part et 18 et 27 degrés Sud d'autre part, où la floraison est réduite et la production de graines faible ou nulle. D'autre part, les hautes terres situées entre 9 degrés Nord et 9 degrés Sud semblent avoir un climat favorable à la production de graines viables. Au-delà de 27 degrés Nord et de 27 degrés Sud, la croissance reproductive est très réduite, sans doute à cause des variations brutales de température et des gelées hivernales. On analysera de plus près les données pour vérifier ces suppositions et les résultats seront publiés à une date ultérieure.

INTRODUCTION

Au cours de la réunion que le Groupe de travail S2.02.1 de l'Union internationale des instituts de recherche forestière (IUFRO) a tenue à Brisbane (Australie) en avril 1977, les participants ont longuement discuté du rôle de Pinus caribaea var. hondurensis dans les plantations de la zone tropicale et subtropicale. En parlant de l'utilisation accrue de cette essence, on a évoqué la difficulté d'acquérir les quantités de graines nécessaires pour établir des plantations et noté l'absence de floraison et de fructification qui paraît être habituelle quand cette variété est plantée comme exotique, en particulier dans les régions tropicales de faible altitude (Slee, 1978a et 1978b). Pour ces raisons, il a été convenu lors de la réunion que l'auteur adresserait un questionnaire à divers planteurs de pins des Caraïbes du monde entier pour déterminer les milieux les plus favorables à la production de cônes et de graines. Les autres variétés de cet arbre (c'est-à-dire Pinus caribaea var. bahamensis et Pinus caribaea var. caribaea) n'ont pas été retenues dans l'étude parce qu'elles ont relativement moins d'importance pour les boisements artificiels.

En février 1978 et en juillet 1978, le questionnaire sur la floraison et la fructification de Pinus caribaea var. hondurensis a été adressé à 75 destinataires situés dans 34 pays de diverses régions du monde. En fin de compte, 68 réponses (88 pour cent) sont parvenues de 32 pays (94 pour cent). 35 réponses (47 pour cent) ont apporté des informations utilisables sur 56 plantations et 5 vergers à graines (tableaux 1–3).

Distribution naturelle du pin des Caraïbes

En latitude, le domaine naturel de la variété hondurensis va de 18°04'N, dans la partie septentrionale du Belize, à 12°13'N, à Bluefields, Nicaragua (Lamb, 1973). En longitude, il va de 80°25' Ouest à Poptun (Guatemala) à 89°25' Ouest, près de Puerto Cabezas (Nicaragua). En altitude, il va du niveau de la mer à 1 000 mètres dans le Belize et à des altitudes légèrement plus faibles au Honduras et au Nicaragua. La limite septentrionale de P. caribaea se situe dans les îles de Grand Bahama et de Great Abaco, où l'on rencontre la variété bahamensis à 27°25'N.

L'aire naturelle du pin des Caraïbes présente une variation physiographique importante et le climat est tantôt le climat tropical et subtropical ordinaire tantôt celui des hautes terres des tropiques, en raison de la diversité topographique. Il semble donc que l'étude de la distribution naturelle de l'essence et de la variation des caractéristiques mésologiques de la région devrait apporter des indications sur les facteurs climatiques qui conditionnent la production de cônes et de graines.

RESULTATS

D'un premier examen des données il apparaît que, dans les cas où P. caribaea var. hondurensis est cultivé en exotique, il a une floraison mais ne produit généralement pas de graines viables aux basses latitudes (c'est-à-dire entre 9°N et 9°S). C'est le cas en Côte-d'Ivoire (tableau 1), en Indonésie et en Malaisie (tableau 2), au Suriname, en Guyane et au Brésil du Nord (tableau 3). L'examen initial des données communiquées par la République démocratique du Congo, le Kenya et la Tanzanie (tableau 1) montrent que ces trois pays pourraient faire exception à la règle postulée; néanmoins en évaluant de plus près les informations, on constate que bien que la germination ait lieu, la production de graines viables est extrêmement faible dans les plantations concernées.

Les données montrent également que les arbres plantés en altitude dans les zones voisines de l'Equateur produisent de bonnes quantités de graines viables, contrairement à ce qui a été postulé plus haut. Il faut noter que les localités de l'Ouganda (tableau 1) et de la Nouvelle-Guinée (tableau 2) où se produit ce phénomène jouissent du climat des hautes terres tropicales. Il semble donc que, dans les tropiques, l'altitude produit sur le climat (et notamment la température) des effets qui favorisent la floraison et la fructification de la variété hondurensis.

Les latitudes les plus propices à la croissance reproductive de la variété hondurensis se situent apparemment entre 9°N et 27'N et 9°S et 27°S. Cette théorie semble confirmée par les données provenant de l'Australie (tableau 2), du Brésil et du Venezuela (tableau 3). En outre, l'aire naturelle de la variété bahamensis s'étend jusqu'à 27°25'N ce qui ferait penser qu'au-delà de cette limite la reproduction du pin des Caraïbes dans l'hémisphère Nord est contrariée par les conditions climatiques.

Apparemment, les régions d'altitude situées entre 18 et 27°S et entre 18 et 27°N ne constituent pas des milieux propices à la production de graines. Les plantations et les vergers à graines du Zimbabwe (tableau 1), de la Thaïlande (tableau 2) et du Brésil (tableau 3) présentent une floraison mais la production de graines viables est faible ou nulle dans ces stations relativement élevées. Il est intéressant de noter que dans son aire naturelle, la variété hondurensis ne dépasse pas, dans la direction septentrionale 18°04'N, ce qui pourrait vouloir dire que le relief donne des conditions mésologiques qui limitent la reproduction et, par voie de conséquence, la diffusion de cette variété vers le Nord.

Entre 27°N et 27°S, la floraison de la variété hondurensis est réduite ou nulle (par exemple, en Inde, en Nouvelle-Zélande, dans la République d'Afrique du Sud et en Argentine), et la production de graines viables est apparemment inexistante. Ce phénomène est comparable à celui que l'on observe à la limite septentrionale de l'aire naturelle (27°25'N) de la variété bahamensis à la Grande Bahama, où la diffusion vers le Nord paraît être limitée non seulement par des barrières physiques (la mer des Caraïbes) mais peut être aussi par des conditions climatiques. En outre, les introductions expérimentales de Pinus caribaea var. hondurensis et var. bahamensis dans le voisinage de Punta Gorda (Floride) (27°55'N), 82°02' Ouest) ont montré que les variations soudaines de température et les gelées hivernales occasionnelles limitent sévèrement la floraison et la fructification de ces essences (Nikles, 1966; Squillace, Nikles et Saylor, 1977).

CONCLUSIONS

Les opinions exprimées plus haut reposent sur un premier examen des réponses au questionnaire. On les analysera de plus près pour vérifier les hypothèses. Les résultats finals de l'évaluation seront présentés à la session d'étude et de travail sur les améliorations génétiques que l'IUFRO doit tenir au Brésil en août 1980 ¹.

¹ Note de l'éditeur: La communication présentée par M. Gallegos au Colloque de l'IUFRO, sous le titre “Flowering and seed production of Pinus caribaea var. hondurensis: results of a worldwide survey”, sera publiée dans le compte rendu de ladite réunion. Pour plus d'informations, veuillez vous adresser à l'auteur ou à l'établissement chargé de la publication du compte rendu: Instituto de Pesquisas e Estudios Florestais (IPEF), Caixa Postal 9, 13 400 Piracicaba S.P., Brésil.

BIBLIOGRAPHIE

Lamb, A.F.A. 1973 Pinus Caribaea. Volume 1, Fast Growing Timber Trees of the Lowland Tropics, No.6. Unit of Tropical Silviculture, University of Oxford, Angleterre, 254 p.

Nikles, D.G. 1966 Comparative variability and relationship of Caribbean pine (Pinus caribaea Mor.) and slash pine (Pinus elliottii Engelm.). Ph.D. thesis, N.C. State University, 201 p.

Slee, M.U. 1978a Breeding Pinus caribaea for the Central Lowland Tropics. In Progress and Problems of Genetic Improvement of Tropical Forest Trees. Vol. I (D.G. Nikles, J. Burley and R.D. Barnes, eds.). Dept. of Forestry, University of Oxford, Angleterre pp. 515–19.

Slee, M.U. 1978b Day length and temperature and performance of Pinus caribaea. In Problems of Genetic Improvement of Tropical Forest Trees. Vol. I. (D.G. Nikles, J. Burley and R.D. Barnes, eds.). Dept. of Forestry, University of Oxford, Angleterre. pp. 520–30.

Squillace, A.E., Nikles, D.G. and Saylor, L.C. 1978 Monoterpene composition in cortical deoresin of Pinus caribaea and relation to P. elliottii of Florida. In Proceedings Third World Consultation on Forest Tree Breeding. Volume 1. CSIRO, Canberra, Australie, pp. 241–258.

Tableau 1 - Floraison et fructification de Pinus caribaea var. hondurensis dans divers pays d'Afrique

*  S.O. = Seed Orchard (verger à graines)
** D'après Koppen

Tableau 2 - Floraison et frutification de Pinus caribaea var. hondurensis dans divers pays d'Australie/Océanie et d'Asie

*  S.O. = Seed Orchard (verger à graines).
** D'après Koppen.

Tableau 3 - Floraison et frutification de Pinus caribaea var. hondurensis dans divers pays d'AMERIQUE LATINE