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Semences d'eucalyptus

Eucalyptus seed, par D.J. Boland, M.I.H. Brooker et J.W. Turnbull, avec des photographies de D.A. Kleinig prises au rnicroscope électronique à balayage, Division of Forest Research, Commonwealth Scientific and Industrial Research Organization (CSIRO), Canberra, 1980. xii + 191 p. 72 figures. Prix $A 18.

Avec plus de 4 millions d'ha de plantations réparties à travers le monde, le genre Eucalyptus est le groupe d'essences feuillues de reboisement le plus répandu. La plupart de ces plantations servent à produire du bois de feu ou du bois à pâte, mais aussi à d'autres usages allant du bois d'œuvre aux arbres d'abri, d'ombrage et d'ornement, aux huiles essentielles et à l'apiculture. Cet ouvrage rapporte qu'en 1869 des semences d'E. globulus furent envoyées par l'archevêque Gould, de Melbourne, aux moines trappistes de l'abbaye Tre Fontane près de Rome, dans le but d'assécher les marais entourant leur abbaye et d'éliminer ainsi le paludisme. Bien que marais et paludisme aient disparu depuis longtemps, l'encalyptus contribue encore aujourd'hui à l'économie des trappistes, étant le principal ingrédient d'une liqueur vendue par les moines sous le nom d'«Eucalittino».

Presque toutes les plantations d'eucalyptus sont établies à partir de semences, et l'un des facteurs qui ont favorisé la diffusion internationale des eucalyptus a été l'empressement des autorités australiennes à permettre l'exportation sans restriction des semences - exemple que tous les autres pays devraient bien suivre. Depuis 1962, la création d'une section spéciale pour les semences a beaucoup amplifié les services rendus par l'Australie à la communauté internationale, grâce à la récolte et à la distribution de petits échantillons de semences certifiées aux fins de recherche. En 1978, par exemple, cette section a traité un total de 332 commandes portant sur quelque 3 000 lots de semences, et émanant de 90 pays étrangers. La FAO a contribué financièrement à cet intéressant programme. Du fait de leur expérience des vingt dernières années, les membres des sections des semences et de la botanique de la Division de la recherche forestière de la CSIRO étaient on ne peut mieux qualifiés pour écrire cet ouvrage sur les semences d'eucalyptus.

L'ouvrage renferme une introduction et six chapitres: 1. Développement des graines, 2. Morphologie des graines, 3. Production dirigée de semences, 4. Récolte, extraction et conservation des semences, 5. Essais de semences, 6. Elevage des plants d'eucalyptus en serre. Il comporte également trois annexes. La première renseigne sur l'origine des semences utilisées pour les microphotographies du chapitre 2. La seconde fournit sous forme de tableaux des informations sur les époques de floraison et de récolte des graines en Australie, et sur les coûts comparés de la récolte. La troisième annexe donne pour 415 espèces des informations sur le nombre de semences viables par unité de poids et de semences avec balle, avec des prescriptions pour les tests de viabilité. On trouve enfin un glossaire bien fait, une bibliographie complète, et un index par sujets.

Le chapitre 1 - Développement des graines - commence par l'inflorescence des eucalyptus et suit le développement du bouton floral, de la fleur et du fruit jusqu'au moment de la libération des graines. Vient ensuite une discussion sur les modes de reproduction et sur le degré d'autofécondation constaté dans les différentes espèces étudiées.

Le chapitre 2 - Morphologie des graines - comprend un exposé précis sur l'origine de la «balle» d'eucalyptus, que complète la section du chapitre 4 expliquant la difficulté de séparer les graines de la balle. Cette balle est pour l'utilisateur des semences un sérieux inconvénient, dont les principales essences de reboisement appartenant à d'autres genres sont exemptes, mais il est bon de savoir d'où elle provient, et pourquoi il est si difficile ou si coûteux de s'en débarrasser. Ce chapitre se termine par une remarquable série de photographies au microscope électronique à balayage du relief du tégument de 149 espèces de graines, à des grossissements allant jusqu'à x 150.

Le chapitre 3 - Production dirigée de semences - traite des sources de semences améliorées, y compris l'utilisation des provenances les plus appropriées et la conduite des vergers à graines. On y donne des conseils pratiques, en ce qui concerne par exemple la distance d'isolement recommandée (1-2 km pour protéger un verger à graines de la contamination par un pollen étranger, et une indication des rendements de semences obtenus (plus de 10 kg/ha/an dans le verger à graines d'E. grandis, à Champion, Brésil).

Le chapitre 4 traite de la récolte, de l'extraction et de la conservation des semences. Rien que dans les Etats de Victoria et de Tasmanie, les besoins annuels s'élèvent à plus de 10 000 kg de graines, destinées pour une large part au semis par avion sur des superficies exploitées à blanc. Une comparaison instructive est faite entre les quantités de graines d'E. delegatensis requises à l'hectare pour le semis par avion: 900 g, et pour produire des plants de pépinière: 20 g. Des recommandations sont énoncées concernant l'échantillonnage, tant au niveau de la provenance que de l'arbre individuel, et l'époque de récolte des graines; ce chapitre contient aussi des directives claires d'ordre pratique pour la récolte, l'extraction, le séchage et l'entreposage. La semence d'eucalyptus n'est pas difficile à conserver. Selon l'expérience de la Division de la recherche forestière, les graines mûres d'eucalyptus peuvent maintenir leur pouvoir germinatif de 5 à 20 ans si on les entrepose à un faible degré d'humidité (48 pour cent) dans des récipients scellés à 3-5°C, ce qui devrait être amplement suffisant pour les besoins du reboisement, tandis que pour la conservation des ressources génétiques on pourrait assurer une période de viabilité encore plus longue par des températures inférieures à 0°C. On souligne à juste titre la nécessité de disposer de récipients hermétiquement fermés, afin de ne pas perdre l'avantage du faible taux d'humidité initial.

Le chapitre 5 - Essais de semences - décrit les méthodes utilisées à la Division de la recherche forestière pour les tests de germination. Vu les difficultés qu'il y a à séparer les graines d'eucalyptus de la balle, l'Association internationale d'essais de semences (ISTA) a approuvé le recours à des tests de germination portant sur des échantillons de poids égal plutôt que de nombre égal de graines. Les auteurs indiquent les conditions optimales d'humidité, de température et d'éclairement pour certaines espèces. Un prétraitement destiné à rompre la dormance des semences est inutile avec la plupart des eucalyptus; cependant, pour certaines espèces alpines on a avantage à pratiquer un entreposage humide à 3-5°C pendant une durée variable.

Le chapitre 6 traite de l'élevage de plants d'eucalyptus en vue d'authentifier l'espèce. Bien que ne mettant en jeu qu'un petit nombre de plants (on recommande cinq plants pour une espèce présumée pure, 20 si l'on suspecte une hybridation), une grande partie des directives techniques mentionnées vaudrait également pour une pépinière de reboisement. Ainsi il est encore plus important d'éviter un excès d'arrosage, pouvant entraîner les graines dans un angle ou endommager les pousses tendres des semis, dans une grande pépinière de reboisement que dans une serre expérimentale.

Cet ouvrage se signale par la très haute qualité des illustrations. Du fait de la petite taille des graines d'eucalyptus, et souvent des fleurs et des fruits, un agrandissement est indispensable pour en présenter clairement la morphologie et le développement. Aussi bien les dessins au trait que les microphotographies réalisées selon la technique d'avant-garde du microscope électronique remplissent remarquablement leur rôle, complétant et illustrant les explications du texte sur la morphologie des graines et sur les processus de reproduction et de germination.

Toutefois, elles seront surtout utiles au chercheur et à l'eucalyptologiste. Pour le forestier praticien, qui ne dispose pas d'un microscope électronique, les parties de l'ouvrage les plus importantes seront celles traitant de production dirigée des semences, de récolte, de conservation et d'essais, ainsi que d'élevage des plants. Les tableaux des annexes 2 et 3 contenant des données sur la floraison, la viabilité et les essais de graines sont en eux-mêmes une mine de faits et de chiffres jamais auparavant rassemblés sous cette forme. Eucalyptus seed, dans son domaine spécialisé, complète remarquablement les études générales sur les eucalyptus publiées récemment: celles de Hillis et Brown pour l'Australie, de la Lama pour l'Espagne, Goes pour le Portugal, Poynton pour l'Afrique australe, et enfin celle de la FAO qui s'étend au monde entier. Cet ouvrage restera sans doute pendant de nombreuses années le document de référence fondamental sur ce sujet.

RICHARD WILLAN, Oxford


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