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2. DONNEES SUR LES PECHERIES

L'exploitation des stocks de petits pélagiques côtiers le long des côtes atlantiques marocaines est relativement récente. Les pêcheries de sardine se sont développées progressivement du Nord au Sud depuis une cinquantaine d'années.

De manière générale, la saison de pêche est décalée du Nord au Sud; la zone traditionnelle A est exploitée en été par des senneurs, la zone B en automne et enfin la zone C en hiver. Ces dernières sont exploitées par des chalutiers pélagiques et des senneurs.

2.1 Pêcherie marocaine

En raison de sa faible importance, peu de progrès ont été réalisés dans la connaissance du stock Nord (El Jadida-Casablanca) sauf dans le cadre de deux campagnes de prospection acoustique.

Jusqu'en 1981, l'activité des sardiniers de Safi, Essaouira et Agadir est cantonnée à la zone de pêche traditionnelle, le faible rayon d'action des bateaux ne leur permet pas de suivre le poisson dans ses déplacements vers le Sud. La pêcherie est fortement tributaire de la disponibilité du poisson dans sa zone d'activité.

L'ouverture à la pêche du nouveau port de Tan Tan en fin 1981 a permis à une partie de la flottille marocaine d'aller exploiter la zone B dès l'automne. En 1983, 8% de l'effort de pêche a été tranféré vers le Sud.

L'évolution de la flotte (Tableaux 1 et 2) se caractérise par une stabilisation relative du nombre d'unités et une augmentation progressive de leur taille par remplacement des plus petits bateaux par de nouveaux plus importants.

Cependant, à partir de 1979 les plus grands sardiniers (plus de 200 tx) sont en diminution, leur rentabilité financière n'étant plus assurée dans cette pêcherie.

Tableau 1 : Evolution de la flotte sardinière en activité dans les ports de Safi, Essaouira et Agadir de 1973 à 1983
AnnéeNombreJ.B.Ecart-typeJ.B. MaxJ.B. Min.
197320838.9417.6132.0811.76
197420436.8615.2132.0811.00
197520241.1516.8122.5213.56
197620643.4518.6122.5213.56
197721546.6321.3150.0015.36
197822049.5623.9137.8011.92
197922851.6525.3137.8011.92
198022052.5125.2137.8011.92
198121251.7623.1137.8015.36
198222051.25-128.2615.36
198322352.31-131.5415.36


Tableau 2 : Répartition des sardiniers en classes de jauge brute de 20 tonneaux montrant l'augmentation de la taille moyenne des
bateaux
Annéemoinsde 20de 40de 60de 80de 100plus de
de 20à 40à 60à 80à 100à 120120
1973151225016131
1974191204815101
197571155322221
197651125524541
1977310661271233
197849665291475
1979595653016116
1980488633216125
1981284673016103
198228869341692
1983184743516103

Actuellement, les petits pélagiques sont exploités par les pêcheurs marocains à l'aide sennes tournantes et coulissantes qui présentent des caractéristiques différents suivant les pêcheries et suivant la taille du bateau. Ces différences concernent spécialement les dimensions externes (longueur et chute) et le taux d'armement. En général, la longueur varie entre 350 et 700 m et la chute étirée entre 40 et 164 m selon les régions où l'engin est utilisé. En Atlantique, la chute est plus importante dans le Nord que dans les Sud, mais reste toutefois plus faible qu'en Méditerranée. Le maillage dans le corps de chaque senne est relativement homogéne ; il varie entre 16 et 18 mm, en maille étirée. Le fil constituant la poche de la senne est généralement robuste.

2.2 La pêcherie espagnole

Le stock B est exploité par des bateaux basés aux Iles Canaries, et à Agadir et par quelques unités remontant de la zone C. Le nombre de navires n'a pas chagé de manière importante ; en revanche leur taille (notamment celle des unités espagnoles) montre une évolution sensible au cours de ces dernières années.

La description suivant est principalement basée sur les informations fournies par Delgado et Fernandez (1983). La flottille espagnole pêchant la sardine est entièrement composée de senneurs, qui sont en grande majorité basés aux Iles Canaries. Leur nombre a peu évolué depuis 1976, avec une légére tendance à la baisse (19%), jusqu'en 1982. Bien que leurs caractéristiques générales n'aient pas beaucop varié, les plus petits senneurs ont été régulièrement rermplacés par de plus grands, menant à une augmentation considérable des jauges brutes (64%), de la puissance motrice (87%) et de la longueur des bateaux (32%) (Tableau 3).

Tableau 3 : Evolution des caractéristiques de la flottille espagnole (1976–1982)
AnnéeMoyenne TJBMoyenne cv. (m)Longueur moyenneNombre
1976140.6360.524.343
1977155.0404.025.639
1978172.0478.027.338
1979190.0568.031.136
1980193.0606.531.231
1981205.9638.031.532
1982216.2673.432.135

Selon les accords de pêche entre le Maroc et l'Espagne les activités de la flottille sardinière espagnole diminueront de 1983 à 1986 de la facon suivante :

Tableau 4 : Evolution de la flottille des senneurs espagnols (1983-1986)
AnnéeNombre de bateauxTOTAL TJB
1983326994
1984275747
1985x4774
1986x4092

La zone de pêche se situe traditionnellement entre Cap Juby et Cap Bojador, plus particulièrement entre 27° et 28°30'N. Cette zone varie en fonction des principaux mouvements de l'espèce cible, la sardine. Néanmoins, des senneurs espagnols ont été régulièrement observés en pêche entre le Cap Draa et le Cap Juby par le bateau de recherches de l'ISPM lors des campagnes de prospection. Habituellement, entre Février et Mai, la capturabilitè de la sardine diminue tellement que peu de senneurs continuent à pêche. Depuis 1981, quelques bateaux se déplacement vers le Sud (stock C), où de bons résultats sont obtenus pendant cette période. La pêche dans la zone B reprend en Juin au niveau de El Ayun et en Juillet entre le Nord du Cap Bojador et le Nord du Cap Juby, surtout entre 27 et 28°N. En Août-Novembre la période des plus grandes captures, les activités sont le plus souvent limitées à la zone de 27°30' à 28°30'N. Entre Décembre et Janvier la flottille pêche de nouveau entre 27 et 28°N.

L'augmentation systématique de la taille moyenne des bateaux observée entre 1976–1982 entraine une croissance de la puissance de pêche et une diminution de la durée moyenne des marées de 4,7 à 3, 6 jours.

Tableau 5 : Evolution du nombre et de la durée moyenne des ées
 1976197719781979198019811982
Nombre total de marées155215551016745754640865
Durée moyenne (jours)4.74.0-4.13.63.63.6

On observe également que le nombre total de marées diminue de 44% en 1976–1982. Ce phénomène s'explique d'un cêté par la plus grande capacité des cales (2952 caisses en 1976 contre 5414 caisses en 1982) ainsi que par la fixation d'un quota de 80,000 tonnes selon l'accord de pêche de 1978 entre le Maroc et l'Espagne.

Sur la moyenne de 3,6 jours que dure la marée en 1982 environ 2,5 jours sont utilisés pour pêcher, tandis que le temps de recherche du poisson varie entre 2 à 9 heures (en moyenne 3-4 heures).

L'introduction depuis 1982 de la pompe aspirante dans la pêcherie espagnole a considérablement accéléré les opérations de transfert des captures du filet dans la cale, ce qui explique la réduction de la durée des marées qui sont passées de 4,7 pour 1976 à 3,6 jours en 1982, malgré une augmentation considérable de la capacité de charge des bateaux (140 à 216 tonnes de jauge brute).

Les dimensions des sennes utilisées ont évolué en relation avec les tailles des bateaux. Elles varient en longueur entre 750 et 1000 m et en chute de 50 à 95 m (chute théorique de travail).

Les ports de débarquement sont principalement situés aux Iles Canaries, notamment Arrecife (Lanzarote), Las Palmas (Gran Canaria) et Puerto del Rosario (Fuerteventura). Sur la péninsule ibérique des débarquements moins importants sont réalisés au port de Isla Cristina (Huelva). Il est probable que les débarquements effectués dans le Sud de l'Espagne continentale proviennent des captures réalisées dans la zone Nord du Maroc entre Larache et Tanger.

Les pourcentages des captures débarquées par port furent en 1982 : Arrecife 71.5%, Las Palmas 15.6%, Puerto del Rosario 8.7%, Sud de la Péninsule 4.2%.

La consommation de sardine fraiche est presque nulle. Elle est en totalité destinée à la transformation, pour laquelle l'infrastructure suivant existe :

 Usine de conservesUsine de farine
Arrecife43
Las Palmas61
Fuerteventura11

La capacité de production des 4 usines d'Arrecife est presque le double des 6 conserveries de Las Palmas.

Jusqu'en 1980, environ 90% des sardines débarquées furent destinés à la transformation en conserves et 10% en farine. Depuis, un changement est intervenu : à Arrecife, 60% des débarquements furent transformés en farine en 1981 et 79% en 1982.

2.3 Autres pêcheries

La flottille soviétique a continué l'exploitation de la zone 34.1.3 avec des chalutiers du type RTM-S (102 m, 3800 cv.), RTM-A (82 m, 2350 cv.), BMRT (85 m, 2000 cv.) et avec des senneurs SRTR (54 m, 800 cv.). La capacité de pêche des chalutiers est nettement supérieure à celle des senneurs. Les engins de pêche utilisés sont les chaluts pélagiques et des sennes tournantes.

La saison de pêche s'étend principalement de Novembre à Mai dans une sous-zone représentant 20–30% de l'aire de répartition du stock C dans la partie la plus au Sud. Néanmoins les rendements de ces bateaux atteignent le maximum pendant les deux pics correspondants aux deux périodes de ponte situées en Décembre-Février et Avril-Mai, pendant lesquelles les concentrations de sardine sont plus denses et plus stables.

Cette pêcherie est toujours multispécifique mais la sardine constitue l'espèce prédominante pendant les périodes de pic de production. Celle-ci représente 40–60% des captures des chalutiers et 95–100% des senneurs.

La pêcherie de la République Démocratique d'Allemagne, qui a commencé en 1974, s'est arrêtée en 1980. Cette pêche s'effectuait á l'aide de bateaux de type Tropik (1340 cv.), FVS Ib (2300 cv.) et FVS III (3880 cv.). Après cette année, la flottille de ce pays a pêché dans les eaux mauritaniennes essentiellement de chinchards et les maquereaux, la sardine étant espèce accessoire (by-catch).

La flottille polonaise a repris son activité en 1981 après l'avoir suspendue en Février 1978. La Bulgarie a poursuivi sa pêche jusqu'en 1981. Les bateaux roumains pêchent depuis 1967 dans la zone comprise entre 20° et 26°N (voir Annexe 4). En 1967–1969, 2 chalutiers de fond de 3800 TJB ont pêché avec un maillage étiré de 110 mm, la sardine étant espèce accessoire dans cette pêcherie aux chinchards et maquereaux. A partir de 1973, année de l'introduction du chalut pélagique (mailles 40 mm), la sardine devient l'espèce cible des navires de 2156–3800 TJB. Depuis 1980, la pêche roumaine est limitée aux eaux mauritaniennes où la sardine constitue une espèce accessoire. Des navires de 3917 cv. dominent et le maillage est de 60 mm, la profondeur de pêche étant de 70–90 m.

En Mauritanie, la pêche pélagique est. pratiquée par des flottilles étrangères appartenant à l'URSS, la Roumanie, la RDA, Cuba et l'Irak. Actuellement, on dénombre au total 70 unités environ parmi lesquelles 30 à 40 sont soviétiques.

Toutes ces flottilles pêchent au chalut pélagique. Les espèces cibles sont les chinchards, le maquereau, la sardinelle. Les captures de sardine sont très faibles pour les 9 premiers mois de l'année 1984 Environ 1000 tonnes seulement ont été capturées.

La flottille soviétique a commencé sa pêche à partir du mois de Mai 1984. Sur les 1000 tonnes de sardines capturées, 940 tonnes ont été capturées à partir du mois de Mai. Il est probable que ces captures aient été effectuées entre le Cap Blanc et la zone de Dakhla (plus au Nord) ce qui nous laisse penser que cette espèce ne descend pas actuellement au Sud du cap Blanc.

La pêche à la senne n'est plus pratiquée en Mauritanie.

Tableau 6 : Captures de Sardina pilchardus officiellement déclarées par pays dans la zone 34.1.1 (Bulletin Statistique COPACE No. 4)
 BulgarieFranceMarocEspagnePologneURSSTOTAL
1962       
1963       
1964       
1965 55311503549069  164954
1966 440024462716479  265506
1967 1158920349017030  232109
1968 831216256623980  194858
1969 1035216837325646  204371
1970 1158316302831119  205730
1971 1130017329632683  217279
1972 45741715003591352232212271
1973 5310338100233395901228368567
1974 44862098553389439231826253984
1975 539315716760425709657481287562
1976 9322094281124515689938330157
1977719674110412103059 1084215229
1978  13316989520 35663258352
1979  18568085090 2042272812
1980  20247884979  287457
1981  23714987510  324659
1982  17317495047  268221
1983  24794754401 *  302348

* 6 mois.

Tableau 7 : Captures de Sardina pilchardus ofificiellement déclarées par pays dans la zone 34.1.2 (Bulletin Statistique COPACE No. 4)
 RDAPortugalRoumanieEspagneURSSTOTAL
1962      
1963      
1964      
1965   2300 * 2300 *
1966   2500 * 2500 *
1967   2500 * 2500 *
1968   2500 * 2500 *
1969   2500 * 2500 *
1970   2500 * 2500 *
1971   2500 * 2500 *
1972 4 2500 *732577 *
1973 2 16049220218253
1974   38991431618215
1975   2240102250
1976    298298
1977  9 217226
1978    319319
1979   2901 2901
198028  4901 4929
1981   660 660

* Estimation

Tableau 8: Captures de Sardina pilchardus officiellement déclarées par pays dans la zone 34.1.3 (Bulletin Statistique COPACE No. 4)
 BulgarieRDANorvègePologneRoumanièEspagneURSSBermudesTOTAL
1962         
1963         
1964         
1965         
1966         
1967         
1968         
1969      80100 80100
1970   5  88700 88705
1971   315  123600 123915
19721215  3068  60251 64534
19731862  147631002115019051115788244174
1974441715611090619762212752934832317125795436235
1975198691913105869624349222315298994182428877
1976131297410 10031117641 508399270647160
19773010513159 13611326771 31665447279570081
197822124196 263310377 13997847000E222308E
1979 2709  599376110365 114049
19802478310377  4131 168174 207465
19818458  1542  185850 195850
1982      164223 164223
1983      173715 173715


Tableau 9: Captures de Sardina pilchardus officiellement déclarées par pays dans la zone 34.3.1 (Bulletin Statistique COPACE No. 4)
 RDANorvègePologneRoumanieEspagneURSSTOTAL
1962       
1963       
1964       
1965       
1966       
1967       
1968       
1969       
1970       
1971       
1972     7459274592
1973     1086410864
1974 563   28893452
1975 7 17 693717
1976  119  51335252
1977   188 451639
1978   189 11501339
1979   79  79
198043  410  453
1981    1 1
1982       
1983       


Tableau 10: Captures de Scomber spp. officiellement déclarées par pays dans la zone 34.1.1 (Bulletin Statistique COPACE No.4)
 BulgarieMarocPologneEspagneURSSJaponTOTAL
1962       
1963       
1964       
1965       
1966       
1967 9268   1639431
1968 7287147  2957729
1969 1371952  9013861
1970 2919355   29248
1971 825964  18324
1972 50131784417544000 54972
1973 8700368270032595 44363
1974 158341417326528065 48581
1975 12225413330456803 72745
197615215866174522816649 38069
1977 40122  2374 42496
1978 453551184653388 57219
1979 14399 83509492 32241
1980 24087 543  24630
1981 20873 68  20941
1982 56923    56923
1983 55669    55669


Tableau 11: Captures de Scomber spp. officiellement déclarées par pays dans la zone 34.1.3 (Bulletin Statistique COPACE No. 4)
 BulgarRDAJaponNorvègePologneRoumanieEspagneURSSTOTAL
1962         
1963         
1964         
1965         
1966         
1967227457851550 6177   15786
196827218491757 7623   12950
1969904921991288 5531   18067
197026519314198146217441400  40383
197152191855387766523613900  37985
19723160193335277119926147 111765127803
19731323 3737911896187 7311082225
19741046 72 7494986 7242979285***
19753204 18 12648908 6668980083
1976489 5 12532144 99768103659
19771660 8 11955682 9008998834*
1978148456932  2593 1821122889
1979 70861  1515106007368952**
19803516331  1861092395176656930
1981307425  852513 8258885918
1982390869   2264 8391787440
1983 240     7006070300

* y compris 200 t (Cuba)
** y compris 267 t (France)
*** y compris 3 t (Portugal).

Tableau 12: Captures de Scomber spp. par pays dans les zones 34.1.1 + 34.1.3 + 34.3.1 (non déclarées par zone)
 GrècePortugalURSSTOTAL
1962    
1963    
1964    
1965    
1966    
1967255164003220048855
1968636102008580096636
196922421400141300162924
197035339300139900179553
197116820400130700151268
1972174  174
1973174  174
197478  78
1975201356 557
1976168410 578
1977168657 825
1978    
1979    
1980    
1981    


Tableau 13: Captures de sardine par zone de pêche
 D'après A Belvèze (84)B1 C1A+B+C
1965148.45714.600-163.057
1966237.65720.879-258.536
1967196.59728.619-225.216
1968155.39732.292-187.689
1969157.16835.99880.100273.266
1970150.23342.70288.705281.640
1971172.67643.983123.915340.574
1972159.21140.77164.534264.516
1973326.26130.467244.174600.902
1974204.23144.129436.235684.595
1975146.614130.395428.877705.886
1976176.162120.010647.160943.332
1977101.877105.536570.081777.494
197891.141125.183222.308438.632
1979163.44287.132114.049364.623
1980181.20084.979207.465473.644
1981200.39593.933195.850490.178
1982104.738145.479164.223414.440
1983115.700223.696173.715513.111

1 Source officielle - Billetin Statistique COPACE No. 4Ces chiffres n'ont pas été utilisés hors du Groupe de travail


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