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4. DONNEES BIOLOGIQUES

4.1 Généralités

Une masse importante de données sur la distribution, la biologie de la sardine, les stocks, les paramétres démographiques et sur la disponibilité de la ressource en fonction des facteurs de l'environnement a été acquise depuis le précédent Groupe de travail et permis d'améliorer la qualité des évaluations.

4.2 Standardisation des techniques d'échantillonnage et de lecture d'âge

Aucun progrés n'a été constaté dans ce domaine depuis la tenue du Groupe de travail sur la standardisation des techniques de lecture d'âge sur la sardine (Santa Cruz de Tenerife, 15–20 Octobre 1979).

Le Groupe, aprés avoir constaté l'hétérogénéité des paramétres de croissance obtenus sur la sardine durant la période 1978–1984, insiste sur la necessité de mettre en place un programme effectif d'échanges d'otolithes et d'écailles suivi d'une réunion afin d'évaluer les résultats de ce programme.

En ce qui concerne l'échantillonnage, le Groupe a rappelé l'importance de la réalisation d'une évaluation des méthodes d'échantillonnages biologiques actuellement utilisées afin d'établir un programme de collecte de données applicables à chaque pays impliqué dans la pêcherie sardiniére.

4.3 Compostion des captures en âge et en taille

4.3.1 Composition en taille des captures

La composition par classe de taille de captures, dans la zone A, des trois ports de Safi, Essaouira et Agadir depuis 1973 est présentée dans le Tableau 18 et la Figure 4.

La Figure 5 montre que la distribution annuelle de fréquences de tailles des sardines capturées, exprimées en pourcentage pour l'ensemble des trois ports, est unimodale pour les années impaires (1979, 1981, 1983) et bimodale pour les années paires (1980, 1982). Le mode dominant pendant une année correspond au creux entre les modes de la distribution de l'année précédente.

Tableau 18: Captures annuelles par classes de taille en milliers de sardines et en pourcentages dans la zone A Source : Belvéze, 1984
Cm1973197419751976197719781979198019811982
7    14   16           
7,5  625 2   0           
8  552 0 -16     30 101    
8.5  1 440 -1 77 75     109  147  
910 2 210.11 0 315      246426   
9.513953730.130 111 319 131 203 746 1 446  48 
10109 6 2030.14 1050.1169 500 327 611 916 2 162 72 
10.541 19 4370.49 4990.35 2170.23 0200.23 4390.21 6640.21 800 3 5670.1400 
11207 17 8730.47 5530.27 4980.25 8070.46 2700.4 2 7630.15 5860.1744   
11.564 29 2120.69 6900.318 6590.69 1330.611 5420.75 1290.13 3350.110 3080.21 4000.1
1224540 7470.914 5050.526 6960,814 0190,930 1101.98 1720.223 4640.514 9480.33 0900.1 
12.5479 80 5151.724 5670.839 5561.221 4981.354 7643.513 7790.481 5661.831 7220.719 6770.9
131 418 132 8122.942 7241.454 0691.637 8422.474 4534.729 9290.8190 2724.366 3091.571 9743.2
13.54 5600.1204 9924.5101 2713.364 1341.953 8773.499 2146.352 355 1.4304 6026.9119 7202.8147 5006.5
1433 5170.6270 7725.9166 7045.462 9461.973 4364.6137 7668.894 8812.6495 50011.2165 9673.0215 1449.5
14.5113 922109301 1037.8187 8806.071 0332.18 9104.9132 5755.9199 5595.5423 2329.5207 5784.6269 57611,9
15269 6324.6336 7907.3146 9954.758 1301.789 4755.692 1755.9199 5595.5423 2329.5207 6784.8206 8089.1
15.5362 9016.2279 6396.1166 0145.384 2052.591 4285.747 1463.0262 7697.2288 9286.5291 073140 4526.2 
16419 6107.2198 4634.3188 9956.1111 2153.3102 4026.422 1471.4347 3689.6212 5835.2384 1038.2100 3594.4
16.5433 5137.4183 8144.0247 4457.9160 3274.797 2046.017 8431.1458 74512.2180 6894.1479 09911.087 8803.9
17576 1219.8208 0074.5236 6377.6 237 7797.0109 9816.820 9831.3593 14416.4193 0284.3531 11212.2100 0464.4
17.5695 48611.9257 7615.6251 5258.1329 1629.7125 1957.832 5402.1519 17114.3248 5035.6543 75212.5114 2045.0
18882 52615.0302 4906.6263 4398.5415 60112.3167 86810.454 4433.5396 55510.9347 5837.8472 36710.0161 8697.1
18.5740 19312.6394 3738.6334 98310.8466 00513.8171 46110.771 1434.5208 3625.7303 1748.2371 9538.6182 8408.1
19599 01910.2387 4498.4281 8249.0407 71212.0141 3088.882 2295.287 7732.4257 5865.8220 2335.1168 3567.4
19.5378 2436.4384 9148.4210 0486.7332 6779.895 1185.988 8835.748 2731.3136 7803.1125 6582.9125 3785.5
20224 1433.8261 2485.6123 5624,0218 7256,564 8114,097 3616,217 7361,065 5281,540 6421,182 1893,6
20.588 2831,5151 4413,363 7862,0118 2393,531 7622,0119 8247,638 4101,136 9230,823 7830,541 7771,8
2131 9490,555 1701,222 9110,759 5281,812 4090,8121 4687,731 2610,921 3010,57 9840,419 9890,9
21.56 8890.118 8950,45 6830,223 2540,74 1940,384 7585,424 8490,712 0450,35 5310,16 3240.3
222 045 4 8610,1932 12 0100,41 6300,143 9682,814 9820,45 9630,11 556 1 3090,1
22.5688 1 476 117 3 3820,1596 16 3171,08 4170,21 002 1 648 568 
23227 89 44 445 347 4 8080,31 9820,1256 126 47 
23.5109 74    434 1 2410,1614 39 59   
24  78     343 690     6   
24.5 62     298   91   68    
 5 866 368 4 601 176 3 115 504 3 389 106 1 607 047 1 570 558 3 625 384 4 440 286 4 346 438 2 270 021 
Figure 4

Figure 4 : Distribution relative (en pourcentages) des captures de sardines par classes de taille de 1/2 centimètres dans la zone A (Safi, Essaouira et Agadir) de 1973 à 1982

Figure 5

Figure 5 : Variation de la distribution des fréquences des tailles de la capture totale de la sardine (Safi, Essauira et Agadir) entre 1980 et 1983

La présence de sardine de petite taille, dans les captures de la la zone A, se manifeste en moyenne une année sur deux et particuliérement dans les années impaires.

4.3.2 Composition en âge des captures

Tableau 19 : Groupes d'âge dominats dans les captures
AnnéMaroc (zone A, A et en 1983)
Espagne(zone B)
Roumanie (zone C)
URSS (zoneC)
Pologne (zone )
RDA (zone C)
1972   II IIIII IIII
1973I II III III IVII IIIII IIIII
1974I II III III IVII IIIII IIIIII
1975II III III IVIII IVIII IVIII
1976I IIII III IVIII IV VIII IVIII IV 
19770 I IIII IIIIII IVIII IVIII IV 
19780 II IIII II IIIIII IV V   
1979I III II III-III IV  
19800 I III II-III IV  
19810 I III III-III IV  
19820 I III II IV-III IV  
1983I III IV VIII IV  

La composition en âge des captures est nettement différente dans les trois zones de pêche A, B et C. Dans la zone C les groupes d'âge III et IV prédominent dans les captures. Par contre dans les zones A et B oú sont exploités des poissons relativement plus jeunes, la composition par âge varie selon les années. Les prises de la zone A montrent les plus jeunes poissons (groupe 0).

Par ailleurs, une trés faible représentation de la classe d'âge zéro a été enregistrée dans les captures marocaines en 1983. Comme on ne connait pas l'importance de cette classe d'âge dans les captures espagnoles, on peut supposer que le recrutement a été trés faible cette année-lá. En effet, les captures marocaines effectuées dans la zone B et destinées á alimenter les usines de farine d'Agadir comportent également une trés faible part de sardine de classe zéro. Il semblerait donc qu'il ne s'agisse pas d'un phénoméne de disponibilité mais plutôt d'un manque de recrutement. Si on se référe aux années antérieures, on constate depuis 1977 une alternance d'années de fort et de faible recrutement dans le stock (voir paragraphe 4.10.3).

4.4 Paramétres de croissance (L, K et t0)

Le modéle de von Bertalanffy a été utilisé pour décrire la croissance de la sardine des zones de pêche A, B et C. Dans l'ensemble (Tableau 20), les résultats obtenus sont hétérogènes et traduisent la diversité des données de base et des méthodes de calcul qui ont servi à étudier la croissance. En effet, le modéle a été ajusté soit à des cohortes individuelles et moyennes (Belvéze, 1984), soit à des longueurs moyennes par âge observés dans les captures (Belvèze, 1984/zone A) ou dans les échantillons (zone B: Zouiri, sous presse; Delgado et al., 1980; zone C: Barkova et al., Annexe 3). On peut remarquer que la croissance dans la zone C est la plus forte (22,21 t<L∞ <25,6).

Tableau 20 : Paramètres de croissance (L, K et t0) par zone de pêche
Zone A 0,441<K<0,82820,02<L∞ cm<21,82-1,33<t0 année<-0,38
(1973-1982)  
(Belvèze, 1984)  
(Belvèze et Rami, 1978)  
Zone B 0,370<K<0,9319,44<L∞ <22,65-1,68<t0 année<-0,35
(1979-1983)  
(Zouiri)  
(Delgado et al., 1980)  
Zone C0,274<K<1,08022,16<L∞ <25,6-3,03<t0 année<-0,205
(1979-1983)  
(Zouiri)  
(Barkova, et al., Annexe 3)  
(Staicu et Maxim, Annexe 4)  

Le Groupe a surtout retenu que la comparaison des paramètres de von Bertalanffy n'avait pas une grande signification biologique : toutefois les données issues du modèle c'est à dire les longueurs moyennes estimées par âge devraient être comparées entre elles car à des valeurs de L∞ , K et t0 différentes, peuvent correspondre des tailles moyennes par âge semblables.

4.5 Taux de mortalité (Z et M)

La mortalité totale a été estimée (Z = 0,80) pour le stock central (zone A + B) à l'aide de modéle de Chapman et Robson (1960) appliqué aux captures dez zones A + B, ventilées par âge (Rami, 1984). Par analyse de la courbe de capture, Belvèze (1984) a obtenu Z = 0,85.

Deux estimations indépendantes de la mortalité naturelle M ont été données par Belvèze (1984). La première, M = 0,65 a été obtenue à l'aide de la relation qui lie la mortalité naturelle à l'âge maximum (Beverton et Holt, 1959). La seconde, M = 0,56 a été obtenue selon une équation développée par Pauly (1980). Rami (1984) a estimé M = 0,60 à partir des résultats des campagnes acoustiques de l'ISPM et des taux de mortalité totale Z présentés ci-dessus. Cet auteur a également obtenu M = 0,63 en appliquant la technique de Paloheimo (1961, 1980) à la classe d'âge 1976, la seule qui ait permis de suivre une cohorte compléte dans les captures durant la période d'étude. Il est à noter que cette estimation basée principalement sur les données de CPUE en nombre par âge est d'une part comparable à toutes les valeurs présentées ci-dessus et d'autre part proche de M = 0,59 obtenu à l' aide d'expériences de marquage réalisées sur la sardine du Sud-Ouest africain (Newman, In Crawford, 1979).

En conclusion, on adoptera M = 0,6 d'autant plus que cette valeur a étéutilisée dans les analyses de cohortes effectuées par les chercheurs de la RDA, de l'URSS et d'Espagne.

4.6 Relation taille-poids

Une compilation des données nouvelles (Staicu et Maxim, Annexe 4, Belvèze 1984, Delgado et Fernandez 1983, Zouiri, sous presse) est présentée au Tableau 21. Les exposants de la taille dans la relation sont régulièrement supérieurs à 3 (compris entre 3,2 et 3,4) sauf en ce qui concerne les sardines échantillonnées au cours des campagnes de prospection acoustique et pour lesquelles l'exposant est inférieur ou égal à 3. Ces derniers échantillons ont été congelés à bord ; la taille et le poids des individus ont été mesurés au laboratoire après décongélation; il est probable que cette différence avec les échantillons mesurés à l' état frais soit liés à une perte de poids à la décongélation. Le Groupe de travail a convenu de ne prendre comme relation taille-poids que celles issues des mesures sur le poisson frais. Le fait que l'exposant de la longueur soit supérieur à 3 indique une allométrie de croissance. L'emploi du modéle analytique de Beverton et Holt qui présuppose une croissance isométrique (exposant = 3) n'est donc pas souhaitable pour la sardine marocaine.

Tableau 21 : Paramètres de la relation taille-poids, W = a . Lb
Zone A  
Belvèze, 84  
Résultats globaux 76-820,0030663,353
(ler tr.0,002953,19
(2ème tr.0,002263,25
Rami, 1980  
(3ème tr.0,0008983,24
données 78  
(4 ème tr.0,001033,40
Rami, 84,  
1976–820,0034773,33
Zone B  
Zouiri, sous presse :  
Acoustique, Mai 830,00972,9205
Acoustique, Octobre 830,00763,0158
Delgado-Fernandez  
1976–19820,003573,20506
Zone C  
Acoustique, Mai 830,01322,8492
Staicu et Maxim 19730,0552,536
(Annexe 4) 19740,0182,824
19750,0093,098
19760,0212,827
19770,0093,106
19780,0093,114
19830,0162,910

4.7 Périodes et zones de reproduction

La sardine a développé une stratégie de reproduction assurant les meilleurs chances de survie des larves pendant leurs premières semaines d'existence. Des études comme celles de Lasker (1978), Parrish et al., (1981) ont analysé les conditions d'environnement assurant la survie ou la perte des larves des petits pélagiques dans les zones d'upwelling côtier.

La localisation géographique et les époques où se produisent la majeure partie de la ponte assurent un minimum de perte des larves par dérive vers le large et par famine lorsque le brassage d'eau disperse les micro-strates de particules alimentaires.

Dans les zones A et B, la période de reproduction est essentiellement l'hiver (Belvèze 1984 ; Delgado et Fernandez 1983) c'est à dire l'époque où les alizé s sont les plus faibles et l'upwelling est minimum. Dans la zone C, la ponte de la sardine s'effectue à deux périodes : principalement Octobre-Décembre et secondairement Avril-Mai, coindidant avec deux périodes d'affaiblissement de l'upwelling (Barkova et Domanevsky, Annexe 3).

Les zones de reproduction (Figure 1) sont localisées aux endroits où la côte prend une orientation vers l'Ouest et où le plateau continental est large.

Les larves de sardine ont le temps d'effectuer leur développement et leur métamorphose avant d'être rejetées hors du plateau continental par la dérive des eaux superficielles qui est orientée approximativement à 45° par rapport à la côte dans ces zones-là.

On peut trouver des oeufs et des larves de sardine toute l'année et tout au long de la côte entre 35° et 20°N mais les concentrations maximales se trouvent en hiver dans trois zones définies : entre Casablanca et Rabat, entre Agadir et Cap Juby et entre le Cap Bojador et le Cap Barbas.

4.8 Distributions et migrations

Quatre principales aires de distribution de la sardine ont été identifiées et localisées lors de douze campagnes de prospection acoustique effectuées dans la période 1979–1984. Les limites de séparation de ces aires de distribution coincident avec les zones où le plateau continental est le plus étroit.

Trois zones de concentration sont permanentes : la zone Nord entre Casablanca et Larache, la zone B entre 26° et 30°N et la zone C entre 23° et 25°N. La quatrième zone (A), située entre 30° et 32°N n'est pas observée en hiver et correspond à une migration vers le Nord d'une partie de la B au printemps (Figures 1 et 2).

Des échanges entre le stock C (maximum d'abondance en hiver et au printemps) et le stock B (maximum d'abondance en été et en automne) ont été également décrits (Ikzarn, 1984).

En résumé, les aires de distribution s'étendent vers le Nord en été/automne et vers le Sud en hiver et au printemps. Ces mouvements plus ou moins saisonniers sont en accordance avec le déplacement des flottilles de pêche polonaises et soviétiques qui suivent les concentrations de poisson dans la zone C (Barkova et al., 1981 ; Krzeptowski 1978).

On peut dire que 80% des concentrations se situent entre les isobathes 20 et 50 m en toutes saisons. En automne, on observe un large déplacement vers la côte et vers le large en été.

Le niveau moyen d'immersion de la sardine en bancs le jour est situé à une profondeur plus grande que celui des poissons dispersés de nuit. L'amplitude verticale des concentrations des poissons est plus faible le jour que la nuit (Ikzarn, 1984).

Le Groupe a rappelé que les chercheurs soviétiques ont commencé à étudier systématiquement les ressources de la région Nord du COPACE dès 1957 et que les travaux menés sur une base annuelle à partir de 1960 entre Dakar et Tan-Tan ont pu montrer que les concentrations de sardine étaient absentes au Sud de la région Cap Juby-Cap Bojador. Ce n'est que vers 1967 qu'apparurent les premiers indices de migration de la sardine vers le Sud en liaison avec l'apparition de conditions hydroclimatiques et trophiques favorables au large des côtes du Sahara.

4.9 Conclusions sur la séparation des stocks

Trois zones de reproduction sont définies entre Gibraltar et le Cap Blanc (Figure 1). Les zones de concentration et de pêche sont au nombre de quatre : zone Nord (entre Casablanca et Larache), Zone A, Zne B et zone C. La zone A est en grande partie désertée par les sardines en hiver. L'importance des captures qui sont réalisées en été laisse penser que les sardines proviennent de la zone B où l'essentiel de la biomasse se concentre en hiver.

Un certain nombre de critères ont été présentés par Belvèze (1984) concenrnant l'identification des populations. Si aucun ne peut séparement apporter de preuve définitive, l'ensemble permet néanmoins de tirer des conclusions acceptables.

Les observations, basées sur la biométrie ou sur des données biologiques peuvent se ré sumer dans un tableau :

Figure 6

Figure 6 : Répartition de la biomase de sardine en fonction de la latitude

Tableau 22 : Séparation des stocks de la sardine
CritèresZONES
NordABC
ReproduPêcheXXXX
Moyennes vertébrales==
Indice céphalique===
Longueur prédorsale==
Longueur préanale===
ParasitismeX000
(Peroderma cylindrium)    
Croisance ==

X : présence
O : absence

L'examen de ce tableau montre qu'il n'y a pas de différence ( = ) pour chaque paramètre observé entre les sardines capturées dans les zones A et B.

Par contre, des différences significatives (≠) existent avec les sardines capturées dans la zone Nord et dans la zone C.

En conclusion, trois unités de stock, correspondent aux trois aires de reproduction : une petite population au Nord de Casablanca, une population qui se reproduit dans la zone B et qui alimente en été la pêcherie A, et une population dans la zone C, appelée population “saharienne” par Barkova et Domanevsky. D'après une communication de M. Koukhorenkho au Groupe de travail, cette dernière population n'existait pas en 1960. La colonisation de la zone C par la sardine aurait débuté en 1967, et se serait fortement développé au cours des années 1968–1972.

4.10 Abondance et capturabilité. Analyse en liaison avec l'étendue et l'intensité de l'upwelling

4.10.1 Evolution de l'abondance dans le stock central (zones A et B)

Les CPUE tendent à diminuer dans la zone A et à augmenter dans la zone B. Le manque de standardisation entre les puissances de pêche des bateaux constituant les différentes flottes ne permet pas l'expression d'un effort de pêche global pour l'ensemble des pêcheries.

Deux analyses de cohorte ont été présentées basées sur les captures par classes d'âge marocaines et espagnoles additionnées et extrapolées aux captures totales pour la période 1976–1982 (Belvèze, 1984 ; Rami, 1984).

La première utilise la méthode de Gulland (1965) avec M = 0,6 et Ft = 0,3 pour les cohortes entièrement pêchées. La biomasse moyenne au cours de l'année est calculée en multipliant les abondances de chaque classe d'âge par les poids moyens obtenus dans l'échantillonnage des captures à Agadir.

La seconde utilise la méthode de Doubleday (1976) basée sur une régression non linéaire des prises par âge. La biomasse au début de l'année est calculée en multipliant les abondances par un poids moyen théorique pour chaque classe d'âge issues de la courbe de croissance moyenne et de la relation taille-poids moyenne.

Les résultats (Tableau 23) montrent une variation identique des biomasses annuelles sauf pour les deux dernières années.

La biomasse est en diminution à partir de 1976. Elle commence à réaugmenter dès 1979, mais si cette augmentation se poursuit jusqu'en 1982 avec la méthode de calcul de Doubleday, par contre la méthode de Gulland met en évidence un tassement de la ressource dès 1980.

Tableau 23 : Estimations de la biomasse de sardine dans les zones A et B pour M = 0,6 (103 tonnes)
AnnéeMéthode de Gulland Biomasse moyenne au cours de l'annéeMéthode de Doubleday Biomasse exploitable au début de l'année
19769791450
19777051131
1978788948
197912821159
198011591379
198111581602
19829511750

Les différences observées dans l'évaluation de la biomasse par ces deux méthodes semblent principalement provenir de l'estimation des poids moyens attribués aux sardines d'âge O recrutées à la pêcherie. La biomasse totale au début de l'année calculée par la méthode de Doubleday montre cependant une tendance à la diminution en 1982 ce qui semble, avec un certain décalage en accord avec la méthode de Gulland.

Figure 7

La comparaison de ces biomasses avec les CPUE enregistrées dans la zone A (Figure 7) met en évidence le parallèlisme des évolutions. Néanmoins les CPUE dans la zone A diminuent en 1982 comme la biomasse estimée par la méthode de Gulland.

Une relation étroite a étémise en évidence par Belvèze (1984) entre le coefficient de condition moyen annuel des sardines capturées dans la zone A et la biomasse moyenne annuelle de l'ensemble de la population. Une relation identique avait été mise en évidence par Mac Grégor (1959) sur la sardine de Californie. Cette relation :

permet de calculer une estimation de biomasse pour les années antérieures à l'analyse de cohorte. Les données sont disponibles de 1971 à 1982, excepté pour l'année 1975 (Figure 8a).

L'évaluation de biomasse par la méthode de Gulland suit très étroitement les coefficients de condition moyens observés en 1976 à 1982 (Figure 8a).

La biomasse du stock central (A + B) a décliné fortement de 1971 à 1977, s'est accrue rapidement de 1977 à 1979 et redécline à nouveau jusqu'en 1982.

Les variations du coefficient de capturabilité q de la relation F = qf ont été établies sur la base des taux de mortalité par pêche dues à la seule flotte marocaine et l'effort effectif dans la zone A (Belvèze, 1984).

Tableau 24 : Effort, taux moyen de mortalité par pêche et coefficient de capturabilité dans la pêcherie marocaine (zone A)
AnnéeEffort effectif“f”
Mortalité par pêche “F”
19761429.80,1591,112
19771306.00,0750,574
19781324.80,1070,808
19791456.70,1180,810
19801515.80,1200,792
19811576.60,1040,660

Le coefficient de capturabilité q est loin d'être constant. Le diagramme d'exploitation de cette pêcherie n'a pas évolué au cours de cette période, par contre la tendance qui se dégage est une diminution de q de 1976 à 1981. Cet affaiblissement du coefficient de capturabilité peut être la conséquence d'une diminution de la disponibilité en sardine dans la zone A.

L'étude des variations mensuelles du carré de la vitesse moyenne des vents alizés qui engendrent l'upwelling au centre de la zone A met en évidence la relation étroite entre le phénomène et la disponibilité locale en sardine (Figure 8b).

Figure 8a: Biomasse moyenne estimée par l'analyse de cohorte pour M = 0,6 et Ft = 0,3 en milliers de tonnes (trait tireté) et biomasse “prédite” par la relation entre le coefficient de condition moyen et la biomasse moyenne au cours de l'année (trait plein) (Belvèze, 1984)

Figure 8a

Figure 8b: Carré des vitesses moyennes mensuelles des vente de Nord et de Nord-Est à Essaouira et CPUE locales moyennes dans la zone Safi-Essaouira de 1968 à 1982 (Belvèze, 1984)

Figure 8b

Les études réalisées au cours du programme CINECA (Grall et al., 1982) montrent que l'énergie transmise à l'océan et provoquant la remontée des eaux profondes provient essentiellement des vents du Nord-Nord/Est (alizés). Les enregistrements anémométriques effectués à Essaouira, c'est à dire au cours de l'upwelling de la zone A, de 1945 à 1980 montrent un affaiblissement progressif de la vitesse moyenne des vents alizés depuis 1959 (Figure 9), ainsi qu'une tendance à une orientation vers l'Est de la direction moyenne d'où soufflent ces vents. L'upwelling résultant tend donc à diminuer d'intensité depuis cette date et plus particulièrement depuis 1975.

La diminution de la disponibilité en sardine dans la zone A marquée par la baisse du coefficient de capturabilité est liée en grande partie à cet affaiblissement de l'intensité de l'upwelling estival, dans cette zone.

Inversement dans la zone B, les CPUE espagnoles augmentent depuis 1970. Les enregistrements des vitesses des vents ne sont pas disponibles et il a été nécessaire de calculer un indice d'upwelling mensuel basé sur une estimation des vents géostrophiques engendrés par les gradients de pression athmosphérique, selon la méthode mise au point par Bakun (1973). Les résultats exprimés en tonnes déplacées par seconde et par 100 mètres de littoral mettent en évidence une augmentation de cet indice d'upwelling de 1950 à 1980 et plus particulièrement depuis 1970, (Figure 10).

Il apparait donc que les variations observées de la disponibilité en sardine dans les zones A et B soient liées à des évolutions différentes de l'intensité de l'upwelling dans ces deux zones : affaiblissement au Nord et renforcement au Sud.

Dans la zone C, les fluctuations d'abondance de la population de sardine sont d'une très grande amplitude. Les données disponibles sont:

  1. les captures de 1969 à 1983 ;

  2. une évaluation de la biomasse par analyse de cohorte présentée au Groupe de travail par Barkova et Domanevsky de 1972 à 1983 ;

  3. un indice annuel d'upwelling en tonnes/seconde pour 100 mètres de côte publié par Sedykh et al., (1979);

  4. les anomalies de température de surface calculées par Belvèze (1984).

La preprésentation graphique de l'évolution de ces différents paramètres (Figure 11) montre un accroissement important de l'upwelling de 1969 à 1973.

Figure 9 : Vitesse et directions moyennes annuelles du vent à Essaouira de 1945 à 1980 (Belvèze, 1984

Figure 9

Figure 10 : Moyennes annuelles de l;indice d'upwelling de 1946 à 1981, par 28°N et 13°W et tonne/seconde pour 100 mètres de cote calculées d'après les données mensuelles de Bakun (Belvèze, 1984)

Figure 10

Figure 11: Anomalies des temperaturos de surface

Figure 11

Il y a une bonne concordance entre les indices d'upwelling et les anomalies de température de surface pendant la période de recouvrement de ces deux séries d'observations (1971–1977).

La biomasse du stock évolue parallèlement à l'intensité de l'upwelling mais avec un décalage d'un an ce qui est normal si on fait l'hypothèse que l'upwelling a une action sur le recrutement. Les captures s'accroissent également mais avec un décalage de deux ans par rapport à la biomasse, les classes d'âge principalement exploitées étant celles de III et IV ans.

L'affaiblissement de l'upwelling s'amorce en 1974 et se prolonge jusqu'en 1980 d'après les anomalies de températures de surface. La biomasse chute dès 1975, et les captures qui atteignent leur maximum en 1976 chutent à leur tour pour se stabiliser en dessous de 200 000 tonnes de 1979 à 1983.

En 1981, un refroidissement se manifeste dans les températures de surface, signe d'une reprise de l'upwelling et en 1983, la biomasse qui s'était stabilisée aux alentours de 1,2 millions de tonnes depuis 1978, augmente brusquement à nouveau à la suite d'un fort recrutement. Les évaluations acoustiques réalisées dans cette zone enregistrent cet accroissement qui semble se poursuivre en 1984.

4.10.2 Evolution à court terme de l'upwelling et des débarquements

Une analyse de l'évolution de l'upwelling côtier semaine par semaine au moyen de thermographie satellitaires (Meteosat II et NOAA-7) dans la zone atlantique marocaine, pendant la période 28 Juin-8 Août 1984 a été effectuée (Refk, sous presse).

Les résultats de cette analyse correspondent aux diverses descriptions du phénomène, trouvé dans la littérature concernant la région.

Simultanément aux observations par télédétection les débarquements hebdomadaires de sardine et de maquereau ont été suivis au cours de la période d'étude pour la zone de pêche traditionnelle. Dans la zone d'Agadir l'évolution de l'upwelling, du rendement, pour la sardine et pour le maquereau vont en parallèle mais, avec respectivement une semaine de décalage. Dans la zone Safi-Essaouira où l'upwelling et le dévelopement de la production primaire sont considérablement influencés par les vents locaux, on a constaté que le rendement pour la sardine diminue pendant que l'upwelling s'intensifie, progresse et regresse; les forts vents ont bien provoqué des remontées d'eaux froides mais ont empêché en même temps le développement de la production primaire en créant un vigoureux brassage.

Les thermographies satellitaires ne sont pas les seuls produits pouvant déterminer l'existence de zone potentiellement favorables à la pêche. La recherche des zones productives à l'aide de mesures par télédétection de la teneur de la mer en chlorophyle devait donner des résultats aussi satisfaisants et complèterait les renseignements des thermographies.

4.10.3 Evolution du recrutement

Les recrutements obtenus par l'analyse de cohorte de 1976 à 1982 fluctuent de façon considérable d'une année à l'autre. La régression non linéaire (méthode de Doubleday) fournit une évaluation plus précise que la méthode de Gulland en ce qui concerne les années les plus récentes.

Après deux faibles recrutements en 1976 et 197è succède une alternance de forts et faibles recrutements jusqu'en 1982 (Figure 12).

Une comparaison entre ces valeurs et les captures par unité d'effort des classes d'âge O et I additionnées sur une même cohorte (en millions de sardines) montre une concordance étroite entre les deux séries de données de 1976 à 1982. Les CPUE des classes O + I peuvent donc servir d'indice de recrutement pour les années antérieures à 1976.

Aux recrutements moyens de 1968 à 1969 succède un très fort recrutement en 1970 qui dominera la pêcherie jusqu'en 1974 et procurera les très fortes captures de 1973. A partir de 1971 les recrutements sont en déclin progressif jusqu'à la nouvelle augmentation de 1978–1982.

Des variations d'une telle amplitude ne peuvent être mises en relation avec les biomasses du stock reproducteur. La relation stockrecrue, en ce qui concerne les petits pélagiques, apparait donc comme complètement masquée par l'action de l'environnement qui agissent sur les conditions de survie des larves, assure le succès ou l'échec du recrutement.

4.11 Sélectivité des engins de pêche utilisés

Une estimation des coefficients de sélectivité vis à vis de l'âge des captures a été réalisée par Rami (1984) notamment pour les classes 0 et I qui sont incomplètement recrutées. L'âge de sélection traduit dans ce cas le recrutement partiel des classes d'âge dans la pêcherie et la sélectivité de l'engin de pêche. Les coefficients So = 0,14 et S1 = 0,55 donnent les proportions respectives des classes O et I pleinement vulnérables aux engins de pêche. Le modèle de Doubleday (1976) a été appliqué à cet effet aux données de captures par âge en nombre des pêcheries A et B combinées.

Figure 12

Figure 12 : Comparaison du recrutement à la CPUE des classes 0 + 1 appartenant à une même cohorte

Rami a également calculé ces coefficients respectivement pour la flottille marocaine en zone A et la flottille espagnole en zone B et constaté que les valeurs obtenues dans le premier cas sont beaucoup plus fortes que dans le second. Ceci est également montré par la composition en âge des captures marocaines où l'importance des classes O et I est plus forte que dans les captures espagnoles. La faiblesse des groupes O et I dans les captures espagnoles est due à des impératifs commerciaux et non à des différences dans la représentation des classes d'âge dans la zone B (Belvèze, 1984). En effet, les échantillonnages biologiques lors des campagnes acoustiques de l'ISPM montrent bien l'importance des classes O et I dans la zone B.

Par ailleurs, le Groupe a souligné que compte tenu du taux élevé de mortalité naturelle des petits pélagiques, toute tentative d'augmentation productivité n'est à attendre d'une capture de sardines plus âgées. Les simulations effectuées par Belvèze (1984) sur les effets attendus des changements de la taille à la première capture appuient ce point de vue.

Ceci n'exclut pas la réalisation d'expériences de sélectivité sur les engins utilisés et notamment sur les chaluts pélagiques.


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